WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Solidarité, famille et développement socio-économique en ville de Butembo

( Télécharger le fichier original )
par Muyisa LUSENGE
Université catholique du Graben - Licence 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.1.2. Solidarité et commerce en ville de Butembo.

Donner à la famille un rôle dans le commerce a de quoi surprendre, cependant cette dernière joue un rôle très important dans le commerce à Butembo.

Nous avons pu demander à nos enquêtés (100 commerçants), quel était le rôle de la famille dans leur commerce. Ainsi, nous avons obtenu les résultats suivants :

Tableau 15 : Rôle de la famille dans le commerce

Votre famille

Effectifs

Pourcentages

Vous a encouragé

30

30

Vous a été indifférente

10

10

Vous a aidé

40

40

Vous a déconseillé

10

10

Sans réponse

10

10

TOTAL

100

100

Source : Nos enquêtes.

Les encouragements des membres de la famille représentent 30 % des commerçants de Butembo pour le démarrage de leurs activités commerciales. La proportion de l'indifférence présente 10 % alors que les aides représentent 40 % et que 10 % sont les familles qui ont déconseillé leurs membres à ne pas entreprendre une activité personnelle (10 % sans réponses).

L'environnement affectif du créateur est donc important et le suivi de ses préoccupations aussi. Le créateur est de moins en moins isolé seul face à son projet.

Les commerçants ou les entrepreneurs donnent de l'importance à leur famille et aspirent à la réussite dans les affaires car ils ont à côté d'eux des gens qui peuvent les aider, les stimuler ainsi les relations sociales constituent une source exploitable par les entrepreneurs. Pour améliorer et accroître leur avoir économique, les entrepreneurs (riches) soignent bien leurs relations sociales qui sont à la fois considérées comme un bien individuel et collectif.

Dire « Bonjour » à son voisin ou prochain, tous les jours, est un bon moyen d'enrichir son capital social car, en cas de difficultés, ce dernier pourra apporter de l'aide et intervenir efficacement.

Les propriétés du capital social ou des relations interindividuelles sont les mêmes que celles du capital physique.

Le commerçant ou l'entrepreneur fait tout son mieux pour concilier ces deux types de capitaux.

Des liens très subtils sont aussi tissés entre le capital social et le capital humain. Etre dans un réseau de relations sociales est donc primordial (associations, mutuelles).

La famille apporte la main-d'oeuvre, les capitaux, le marché et les conseils à l'entrepreneur. Or le commerçant est propriétaire de son entreprise, laquelle se confond d'une manière générale avec son patrimoine privé, familial.

Bien avant, le commerce de Butembo était intégré dans la famille ? L'entreprise était tenue par les membres de famille et sa gestion totale pour l'avantage de ces membres.

Les familles avaient une décision à prendre concernant l'entreprise. Actuellement, la donne a changé. Par crainte de faillite, les commerçants ont pris les choses au sérieux. Ils ont mis la famille d'un côté et le commerce d'un autre. Ils ont ainsi respecté le premier principe de la comptabilité générale stipulant que : « L'entreprise est une personne distincte de l'entrepreneur »75(*).

Toutefois, ils engagent les membres de leur famille et ces derniers doivent travailler comme des salariés ; ils ne doivent pas confondre la famille et l'entreprise. Une fois s'ils travaillent très mal, ils sont révoqués, licenciés ou affectés à des petits postes. Ils quittent la fonction de commandement et de décision pour celle d'exécution.

Les commerçants nous ont révélé, dans un entretien, qu'en débutant leurs activités commerciales, ils ont commencé grâce aux aides de la famille, et surtout à l'agriculture dans les concessions familiales ou faire paître leurs bêtes dans les pâturages de la famille76(*).

La plupart cultivait le café et des produits maraîchers ; ils ont évolué grâce au Kihingirane. Comme récolter le café était un lourd travail, on recourait à la main d'oeuvre familiale. Après la récolte, on était chercher un marché qui est bien rentable. Comme dans l'ancien temps c'est l'Etat qui faisait la commercialisation du café, ils pratiquaient la fraude (aller chercher les marchés en Ouganda en faisant la traversée de la SEMULIKI appelée Kalemba, rivière qui se trouve dans le Rift Vally d'Irungu).

Ils transportaient le café sur la tête pour sa commercialisation en Ouganda ; après vente on revenait avec du sel, des étoffes, des tôles et d'autres produits de première nécessité pour les revendre à Butembo.

Voilà comment nos grands commerçants ont évolué grâce à la solidarité familiale. C'est cette raison qu'ils étaient obligés de prendre soins des membres de leurs familles et contribuaient ainsi au développement socio-économique.

« Quand on donne à nos frères, cousins, cousines ou membres de la famille de petites sommes qu'on a cotisées, eux aussi font directement le commerce des produits que nous vendons nous-mêmes et nous aident à évacuer nos dépôts en vendant les résignols. On leur cède la marchandise à moindre coût puis ils la revendent à un prix plus élevé, comme lieu de vente ils utilisent le devant des portes de nos magasins. C'est une façon de les aider77(*) ».

Bien avant l'organisation des réunions familiales des problèmes cruciaux surgissaient entre les petits frères et les aînés, des grands commerçants. Les premiers réclamaient des seconds une portion des biens ; et quand on la leur octroyait, ils étaient souvent incompétents et faisaient faillite puis ils recouraient encore aux aînés. Les réunions familiales sont venues mettre fin à cette situation.

La richesse de Butembo est basée d'abord sur l'union familiale car le plus souvent quand on se départage, il y a toujours des faillites. C'est ainsi que la plupart des entreprises sont familiales ainsi que des sociétés à responsabilité limitée dont les membres de la famille sont des associés (enfants du patron, frères, soeurs, ...).

Quant aux commerçants qui refusent leurs frères et soeurs, mère et père (bref, les membres de sa famille), ils n'évoluent pas normalement.

* 75 Entretien du 14 juin 2009 à Butembo avec un des grands commerçants de Butembo.

* 76 Ibidem..

* 77 Entretien à Butembo avec Mzee TSONGO.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld