EPIGRAPHE
« Il est donc difficile de s'imaginer un solitaire
heureux car l'homme est un être inachevé. Il est contraint
à s'associer aux autres pour sa pleine
réalisation ».
ARISTOTE
« L'individu est au service non seulement de la
communauté parentale, mais aussi au service de la communauté
toute entière ».
KAKULE MUWIRI et KAMBALUME KAHINDO
DEDICACE
A mes parents, Papa LUSENGE KALWAHALI Gaudens et Maman MUGHOLE
ATOSHA pour la vie qu'ils nous ont donnée et qui, depuis ma naissance,
ne cessent de s'acquitter de leurs responsabilités familiales et
parentales.
A mes Frères et Soeurs, ceux qui partagent mon
affection.
A MASIKA KASIKA Rite pour toute son affection.
A tous mes cousins et cousines, neveux et nièces,
oncles et tantes.
A tous mes amis qui savent que le combat le plus noble, le
plus indiscutable, le plus difficile est la lutte contre la solitude.
A tous les regrettés frères, soeurs, grands
parents de la grande famille LUSENGE.
A tous ceux qui m'aiment et à vous tous qui me
souhaitez un avenir meilleur.
SIGLES ET
ABREVIATIONS
O.N.G.
|
:
|
Organisation Non Gouvernementale
|
I.D.H.
|
:
|
Indicateur de développement humain
|
U.C.G.
|
:
|
Université Catholique du Graben
|
R.D.C.
|
:
|
République Démocratique du Congo
|
M.G.L.
|
:
|
Minière des Grands Lacs
|
SOMINKI
|
:
|
Société Minière du Nord-Kivu
|
N°
|
:
|
Numéro
|
RC.D.D./K.-M.L.
|
:
|
Rassemblement Congolais pour la Démocratie / Mouvement
de libération
|
GAJ
|
:
|
Groupe d'Action de la Jeunesse
|
M.J.R.
|
:
|
Mouvement des Jeunes pour la Révolution
|
M.S.F.
|
:
|
Mouvement Solidarité Français
|
Op. cit.
|
:
|
Oeuvre déjà citée
|
Ibidem
|
:
|
De même auteur
|
I.P.D.
|
:
|
Institut Panafricain du Développement
|
U.C.I.
|
:
|
Université Coopérative Internationale
|
U.C.L.
|
:
|
Université Catholique de Liège
|
U.S.A.
|
:
|
United States of America
|
O.U.A.
|
:
|
Organisation de l'Union Africaine
|
C.C.T.
|
:
|
Congo-Chine Télécom
|
COBKI
|
:
|
Compagnie des Boissons Sucrées du Kivu
|
SAIBU
|
:
|
Savonnerie Industrielle de Butembo
|
MENUIBO
|
:
|
Menuiserie Industrielle de Butembo
|
EAD
|
:
|
Entité Administrative Décentralisée
|
INSEE
|
:
|
Institut National de Statistique et des études
économiques
|
P.D.G.
|
:
|
Président Directeur Général
|
PNUD
|
:
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PIB
|
:
|
Produit Intérieur Brut
|
EPSP
|
:
|
Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel
|
REMERCIEMENTS
Gloire & louange soient rendues au Bon Dieu qui est source
de toute vie, de toute sagesse, de toute intelligence, qui nous a assuré
la Bonne santé tout au long de ces cinq ans d'études
universitaires : il est YAHWEH.
Cette oeuvre n'est pas le fruit d'une seule personne mais
l'effort conjugué des personnes de bonne volonté. Il nous serait
ingrat de ne pas les remercier dans ce travail.
- Nos premiers remerciements vont tout droit au Directeur de
ce travail PALUKU KITAKYA Anselme, Professeur Associé et à
l'assistante KAVUGHO MASTAKI Eugénie, pour avoir accepté la
direction de ce mémoire. Leurs informations et éclaircissements,
leurs conseils pratiques ont permis la faisabilité de ce travail.
- Nous ne pouvons passer sans dire aussi merci au Recteur de
l'Université Catholique du Graben MAFIKIRI TSONGO Angelus, Professeur
Ordinaire et Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et Gestion, le
Professeur KAMBALE MIREMBE Omer et à la Vice-doyen KASWERA MULYANGOTE
Léonie, Chef de Travaux, pour nous avoir édifié
scientifiquement par leurs conseils et qualités. Que tous les
professeurs et Assistants de la Faculté de l'Economie trouvent ici le
fruit de leurs enseignements.
- Que mes remerciements parviennent aussi à mon
Père LUSENGE GAUDENS et à ma mère MUGHOLE ATOSHA, ainsi
qu'à tous mes frères et soeurs MUSONDOLYA, WASINGYA, KATEMBO,
MUHANI, VIVUYA, MUKANDIRWA, SIFA, NYAVINGI pour ce lien de filiation que nous
partageons et à tous les membres de famille.
- A la famille MANDIKI de Belgique pour les différentes
faveurs scolaires nous offertes : MANDIKI Robert, PASCALINE, BIJOU
ALINDAWA, ALAIN, ASA.
- A la famille Jérémie MUNDAMA pour les conseils
nous prodigués : Jérémie MUNDAMA, KATSONGERI,
AKENATONE, DORA, ANNE MARIE, NORA, ELIE.
- Aux familles TSONGO KASEREKA, MUKONDA KISUMBA, MULEFU,
RANGI, KATEMBO MUSAVULI pour nous avoir accueilli et facilité ainsi la
récolte des données.
- Mon amie MASIKA KASIKA RITA et toute sa famille pour
l'esprit d'attachement, l'amour, la fidélité, la confiance
qu'elle me donne.
- Nous n'oublions pas d'exprimer notre gratitude à nos
tantes, oncles, cousins et cousines et tous les autres.
- Les camarades de lutte avec qui nous venons de finir le
deuxième cycle, notamment : KASEREKA KOMBI Janvier, KAHONGYA
Justin, KIMAVU, BUNAMBO, ISMAËL, KIVERWA, KALONDERO, KALUBENGE KIBENDO,
KITAHE RUKA, MUNYAMBALU, MALONGA, TAVUGHA, MASUMBUKO, MUHAVWAMBOKO, KAKUNDIKA
KAMABU, KATYA NDOVYA, NZOVOLI, MWERO, BORA, KAKULE MUSANGA et tous les
autres
- A tous mes amis : FILANZA, AMANI, EMMANUEL MALU MALU,
KAMBAZO, KILAMBA, ... qu'ils sentent à travers cette oeuvre notre
attachement amical.
- De même, nos remerciements s'adressent à
Monsieur MALEKANI pour avoir dactylographié ce travail avec promptitude
et clarté.
- Enfin, que ceux qui n'ont pas été cité
nommément dans cette oeuvre se sentent aussi gratifiés à
travers cette dernière phrase.
INTRODUCTION
1. PROBLEMATIQUE
L'homme est un animal social, politique, un être
sociable. Pour se réaliser, il a besoin de ses semblables en vue de
constituer la société. Celle-ci étant un des moyens
offerts par la nature de l'homme pour s'harmoniser, l'individu y est un
être des relations, il ne peut subsister sans l'organisation sociale
dépassant les relations inter-individuelles.
Les hommes sont à l'égard, les uns des autres,
dans une dépendance réciproque. Ils cheminent ensemble sur le
chemin de l'harmonisation qui ne se présente pas comme une
donnée, mais comme un horizon1(*).
Nous abordons ici la question du caractère relationnel
inhérent à l'être humain ; ce caractère
préside au "vivre ensemble" des hommes au sein d'une même
société, un vivre "ensemble" qui fait problème et
pourtant, en première vue, il vise l'humanisation.
PLATON a tenu compte de ce fait de pluralité des hommes
en faisant reposer la communauté humaine sur la division du travail et
la diversité des métiers correspondant à la
multiplicité des besoins et à l'impuissance d'un homme
isolé à les satisfaire tout seul2(*).
Pour ARISTOTE, tout part du fait que l'homme est un animal
politique, caractéristique fondamentale ou mieux essentielle sans
laquelle, la question de la sociabilité ne se poserait pas3(*).
L'homme est en effet mû par des tendances profondes qui
l'incitent à vivre en société. C'est que l'homme est
naturellement un être limité. Il ne peut suppléer à
ses limites que s'il s'associe aux autres hommes pour atteindre ainsi son bien
propre.
Il est donc difficile aux yeux d'ARISTOTE de s'imaginer un
solitaire heureux car l'homme est un être inachevé. Il est
contraint à s'associer aux autres pour sa pleine
réalisation4(*).
Au Nord comme au Sud, la réussite dans la vie sociale
implique des moyens conséquents malgré la diversité des
problèmes. Cependant, la vie au nord (pays développés)
semble s'automatiser dans le sens de la prévision des familles,
c'est-à-dire les problèmes socio-économiques trouvent
préalablement des arrangements notamment, les difficultés de
l'alimentation, de l'habillement, du confort des festins, de la dot, du
mariage, etc.
Au sud (pays sous-développés) les hommes ont la
difficulté de trouver des solutions adéquates aux
différents problèmes qui se posent dans la vie
socio-économique.
Compte tenu de la situation socio-économique
défavorable de notre pays, il devient plus difficile individuellement de
faire face aux difficultés. Ainsi, les hommes se coalisent de plus en
plus dans les initiatives qui révèlent plusieurs formes. Il peut
s'agir d'organisations non gouvernementales (internationale ou locale) et des
mutualités des groupes ethniques voire dans des familles pour faire face
aux difficultés qui les préoccupent. Les réunions
familiales apparaissent comme une forme de solidarité pour la population
de Butembo.
Notre préoccupation majeure peut être
résumée par les questions suivantes :
- existe-t-il une interaction entre la solidarité
familiale et le développement à Butembo ?
- Quels sont les facteurs explicatifs de la dynamique de la
solidarité familiale en ville de Butembo ?
2. HYPOTHESES DU TRAVAIL
A titre d'hypothèses, nous pensons
- qu'il est possible que la solidarité familiale
influence positivement les activités économiques à
Butembo ;
- Que des motivations économiques et socio-culturelles
sont à la base de la dynamique de solidarité familiale en ville
de Butembo.
3. CHOIX ET INTERET DU
SUJET
Le choix de ce thème a été motivé
par le fait qu'on assiste de plus en plus à la dynamique des
réunions familiales en ville de Butembo. Cette pratique est devenue
presque une habitude et chaque dimanche, on assiste à plusieurs
réunions de différentes familles sans distinction des classes
sociales.
Notre intérêt est de déceler les
motivations d'ordre économique et socio-culturelle qui sont à la
base de la dynamique de la solidarité familiale.
La présente étude a d'une part
l'intérêt de mettre à la disposition de tout intellectuel,
désireux de faire des recherches dans l'économie sociale plus
précisément sur la solidarité, un outil de travail
judicieux. D'autre part, ce travail permet aux différents membres des
familles de comprendre mieux les avantages et les inconvénients des
réunions familiales ou de la solidarité familiale.
Nos suggestions favoriseront des décisions et des
stratégies qui sont plus efficaces.
Enfin, ce travail nous aide à approfondir certaines
théories apprises à l'école et de les confronter à
la réalité. Ainsi, il nous permet de connaître au fond le
fonctionnement de notre société sur la solidarité et le
commerce, notre économie sociale et l'anthropologie YIRA.
4. METHODE ET TECHNIQUE
UTILISEES
4.1. Méthodes
La méthode est un ensemble des voies et moyens à
suivre pour aboutir à un résultat escompté. C'est une
démarche raisonnée et ordonnée suivant certains
principes.
Ainsi, au cours de notre réflexion nous nous sommes
servi de la méthode analytique et de la méthode descriptive.
1. La méthode analytique
Cette méthode nous a permis d'analyser les
différentes informations recueillies auprès de nos
enquêtés.
2. La méthode descriptive
Cette dernière nous a été utile pour
décrire les activités économiques de la ville de Butembo
et les réunions familiales dans les familles.
4.2. Les techniques
D'après PINTO et GRAWITZ, la technique est un
instrument de travail qui sert à rendre opérationnelle la
méthode5(*).
Ainsi, tout au long de notre étude nous avons recouru
aux techniques suivantes : documentaire, Interview, questionnaire
d'enquête et la statistique.
1. La technique documentaire
Cette technique nous a permis d'explorer
systématiquement certaines bibliothèques de Butembo. Grâce
à elle, nous avons consulté des ouvrages, des revues, des
archives et divers autres écrits qui cadrent avec notre thème.
2. Technique d'interview et d'enquête
Notre descente sur terrain a été
concrétisée par l'échange d'opinions relatives à
notre thème avec les membres de certaines familles notamment les chefs
des familles. Au cours de nos entretiens nos interrogations ont davantage
dégagé une lumière qui nous a aidé à mieux
établir les éléments de notre travail.
3. La statistique
La statistique nous a été utile pour
synthétiser l'information moyennant certains indicateurs statistiques
telles que la moyenne, les proportions, ...
Ces indicateurs ont été calculés sur base
des informations obtenues auprès de 100 chefs de famille, 100 membres de
ces familles (en raison de 10 personnes par famille) et 100 commerçants
de la ville de Butembo.
Précisons que ces individus statistiques ont
été sélectionnés en fonction de leur volonté
de pouvoir nous livrer l'information.
5. DELIMITATION DU SUJET
L'étude de solidarité familiale et
développement socio-économique étant une matière
vaste, nous avons limité notre investigation à quelques familles
de Butembo, renfermant 100 commerçants et 100 membres de
différentes mutualités enquêtées.
Dans le temps, les données de cette étude ont
été récoltées pendant la première
moitié de l'an 2009 (de janvier à juillet 2009).
Néanmoins, le travail présente certaines données de l'an
2008.
6. SUBDIVISION DU
TRAVAIL
A part l'introduction et la conclusion, notre étude
comporte trois chapitres : le premier porte sur les approches
conceptuelles, le second est axé sur la présentation du milieu
d'étude et la solidarité comme mode de développement.
Enfin, le dernier analyse la solidarité familiale face au
développement socio-économique en ville de Butembo.
7. DIFFICULTES
RENCONTREES
Notre thème de recherche étant encore nouveau,
il nous a été difficile de récolter une nombreuse
documentation spécifique. Depuis un certain temps, les
commerçants et les familles de Butembo ont difficile à recevoir
des chercheurs surtout quand il s'agit de livrer des informations sur les
activités lucratives. C'est donc avec de peine que nous avons su
trouvé les quelques renseignements sur la vie sociale et
matérielle de la population. L'absence des documents écrits dans
les familles ne nous a pas permis d'approfondir certains points.
Chapitre premier :
APPROCHES CONCEPTUELLES
I.1. AUTOUR DU MOT
SOLIDARITE
La notion de solidarité renvoie au droit, et au droit
antique. Elle est toujours en honneur dans le champ politique.
La fortune de la solidarité lui vient du droit romain
des obligations. C'est la première acceptation du vocable. On la
retrouve dans le droit contemporain comme en témoigne le code civil
français (articles 1197 et s ...1200 et s). Elle désigne une
situation où plusieurs personnes s'obligent les unes pour les autres. Il
y a une unité de la dette, dont le poids est partagé entre tous,
qu'il s'agisse de l'une ou l'autre des formes de solidarité.
La solidarité est un mot d'actualité, car ici et
là des hommes, des organisations religieuses et laïques, des
Eglises institutionnalisées et des communautés religieuses
qualifiées de sectes s'emploient à la promouvoir, raison pour
laquelle son concept a fait l'objet de maintes tentatives de définitions
dans la littérature socio-économique.
1.a. Définition
La solidarité est le fait d'être solidaire. Etre
solidaire signifie être ou se sentir lié par une
responsabilité et des intérêts communs.
La solidarité est donc la relation entre personnes
conscientes d'une communauté d'intérêts et des relations
impliquant une obligation morale d'assistance mutuelle. Relation et assistance
mutuelle sont donc les principes de la solidarité.
La solidarité est un état de deux ou plusieurs
personnes dont chacune est engagée de la part des autres selon leurs
philosophies.
La solidarité est une dépendance mutuelle entre
les hommes, ce qui fait que les uns ne peuvent être heureux et se
développer que si les autres les peuvent aussi6(*).
La solidarité peut aussi se définir comme
suit : "nous dépendons les uns des autres que nous les sachions ou
non, que nous le voulions ou non". Cette interdépendance traduit
l'incomplétude, la fragilité de l'être et la prise de
conscience qui pousse tout un chacun à rechercher, à identifier
ses devoirs envers autrui et la collectivité avant ses droits, à
sacrifier par moment ses intérêts au profit de ceux d'autrui et de
la collectivité. C'est à ce prix et à ce prix seulement
qu'il peut espérer bénéficier des diverses
solidarités qu'offrent la communauté.
Ainsi, la solidarité se définit comme
l'ensemble des prestations matérielles et immatérielles,
auxquelles est soumis l'individu de par son incomplétude et son
appartenance à une communauté ; prestations
caractérisées par la participation, le partage et la
réciprocité.
Le sentiment d'incomplétude est l'expression de
l'incapacité de l'homme à se suffire à lui-même et
fonde la conviction que nul ne peut se dissocier des autres sans se
fragiliser7(*).
Le sentiment d'appartenance est la conséquence de la
naissance d'un chacun au sein d'une communauté et c'est au sein de
celle-ci qu'il est socialisé. La parenté, de part son
système d'appellations et d'attitudes, traduit le principe
d'appartenance que crée la parenté que celle-ci sert
d'idéologie de cohésion pour les groupes autres que la
famille.
Le sens de partage et de la réciprocité est au
coeur du procès de la solidarité. En effet, à l'obligation
de partager avec autrui et ou avec la collectivité fait pendant celle de
la réciprocité. Dans son essence, la solidarité est un
procès d'ouverture à autrui pour donner à autrui et
recevoir d'autrui.
Ainsi déniée et précisée, la
solidarité est comme l'écrit Mpase Mselenge Mpeti, "La conscience
du groupe c'est-à-dire l'ensemble des idées et des
intérêts qui sont communs (...). Elle doit être
considérée comme un produit naturel et nécessaire de la
résistance à l'action isolée des unités
sociales8(*).
En science sociale, la solidarité est une action
bienfaisante à la quelle des hommes se sentent tenus à l'endroit
d'autres hommes, généralement des membres d'un même groupe
liés sur une communauté de destin (famille, village, profession,
entreprise, nation, etc.). Ce terme est également employé par des
élus politiques qui mettent en oeuvre une solidarité contrainte
qui répond selon eux à des devoirs moraux de la
société qui les a élus.
Le terme solidarité est employé dans un cadre
juridique dans le cas de relations entre débiteurs.
1.b. Notion juridique du
terme
Dans le cadre juridique, on parle de solidarité chaque
fois que plusieurs personnes ont une obligation en commun, qu'il s'agisse d'une
dette contractuelle quasi-délictuelle ou liée à la
possession commune d'une chose ou d'un droit.
La notion de solidarité est donc liée à
celle de société qu'elle soit de droit ou de fait.
Selon le code civil Français, il y a solidarité
entre débiteurs s'ils ont engagé ensemble un emprunt et sont tous
responsables pour son remboursement : « il y a solidarité
de la part des débiteurs lorsqu'ils sont obligés à une
même chose, de manière que chacun puisse être contraint pour
la totalité, et que le paiement fait par un seul libère les
autres envers le créancier »9(*). Le code civil stipule également que
« la solidarité ne se présume point ; il faut
qu'elle soit expressément stipulée »10(*). C'est-à-dire qu'elle
doit résulter d'une mention explicite de la loi ou d'un contrat.
1.c. La solidarité
sociale.
Dans son expression positive, la solidarité est une
démarche humaniste de personnes qui choisissent ou ressentent une
obligation morale d'assister une autre personne. La solidarité se
distingue de l'altruisme. L'altruisme peut souhaiter aider autrui sans pour
autant se sentir concerné par ce qui lui arrive, et inversement on peut
se rendre solidaire d'autrui simplement par intérêt bien compris
(Attente d'une réciprocité) et non par altruisme, très
souvent, on présente sous cette forme positive des formes des
solidarités plus ambiguës :
- une forme d'échange mutuel ou chaque membre se rend
solidaire des autres parce que les autres se rendent solidaires de lui. C'est
donc un calcul (économique) et non une démarche
généreuse (voir opération) ;
- une forme de solidarité imposée, où
chaque membre se trouve obligé d'adhérer au groupe sous peine de
perdre certains bénéfices (Frais de
copropriété...), voire sous la naissance de sanction (partie
socialisée du salaire, impôts, conscription).
1.d. Historique de l'analyse
sociologique du terme
La notion par CHARLES GIDE à la fin du XIX è
siècle théoricien de l'école de MINES, mouvement
coopératif Français, il a développé les
idées de coopération émancipatrice à partir de
188611(*).
Puis Emile DURKHEIM dans la division du travail social (1893),
reprend et développe la notion de solidarité sociale en tant que
lien moral entre individus d'un groupe ou d'une communauté. Selon
DURKHEIM, pour qu'une société existe, il faut que ses membres
éprouvent de la solidarité les uns envers les autres. Elle est
liée également à la conscience collective qui fait que
tout manquement et crime vis-à-vis de la communauté suscite
l'indignation et la réaction de ses membres. Il développe les
concepts de « solidarité mécanique » et de
« solidarité organique »12(*).
Une société donnant lieu à la
solidarité mécanique tient sa cohésion de
l'homogénéité de ses membres qui se sentent
connectés par un travail, une éducation, une religion, un mode de
vie similaire.
La solidarité mécanique se produit normalement
dans les sociétés traditionnelles des petites tailles.
La solidarité organique provient quant à elle de
l'interdépendance qui vient de la spécialisation du travail et
des complémentarités entre les personnes que provoquent les
sociétés modernes industrielles13(*) . On peut dire encore que la solidarité
apparaît dans le vocabulaire philosophique moderne au XIX è
siècle avec PIERRE LEROUX, selon lui, la solidarité est la
nouvelle forme de lien social lié à la démocratie.
1.d.1. Utilisation politique du terme.
L'Etat pratique une redistribution des revenus et des
richesses que les hommes politiques élus justifient, selon leur tendance
politique, par un « devoir de solidarité » entre
membres d'une même société par une augmentation des
inégalités sociales menaçant la cohésion sociale,
ou par une spoliation des richesses produites par le travail au profit du
capital, nécessitant une redistribution des richesses. Selon les plus
libéraux économiquement parlant, cette pratique tend vers
l'assistanat et la population étatique.
Disons-nous encore que à partir du moment où la
démocratie est ouverte à tous, où l'on introduit la notion
d'égalité entre les citoyens, dit-il, à la charité
succède la solidarité. La charité implique en effet une
dissymétrie des rapports entre le donateur et le donataire.
L'inégalité n'est plus possible quand on est dans une
société qui dit que les hommes sont libres et égaux.
La solidarité est ce lien social qui unit des citoyens
libres et égaux. Cela n'implique pas que la charité disparaisse.
Un certain nombre de personnes qui sont dans une situation plus favorable
prennent en compte les difficultés des autres. C'est la philanthropie.
Mais, au-delà de la charité, de la philanthropie, il y a la
solidarité démocratique. Tout un ensemble de pratiques va se
développer autour de cette notion, notamment la libre association dans
les années 1830-1848, autour de l'organisation du travail..... Lorsqu'on
s'efforce de trouver une organisation sociale qui essaye de mettre en pratique
cette égalité, on se rend compte que le marché ne suffit
pas à intégrer tout le monde. L'idée centrale est donc que
la solidarité peut être un élément
intégrateur. Un lien social fondateur d'une économie
fraternelle ; solidaire.
Une autre manière d'élaborer la
solidarité apparaît à travers l'école de
solidaristes (DURKHEIM, BOURGOIS, ....). Leur propos est de dire que nous avons
une dette sociale que chacun s'engage à respecter parce qu'il est membre
de la société et qui l'amène à passer un quasi
contrat » avec ses semblables. Ce n'est pas un engagement individuel
volontaire mais un engagement vis-à-vis de la collectivité dont
l'Etat doit assurer le respect par l'obligation. La solidarité alors par
l'action redistributive de l'Etat14(*).
Mais la solidarité ne se limite pas à cette
action de l'Etat. Il convient de distinguer la solidarité horizontale et
la solidarité verticale. La première consiste en une auto
organisation des individus pour résoudre des problèmes communs
(Associations, syndicat, ...).
La solidarité verticale est constituée par
l'action correctrice de l'Etat qui permet que les inégalités ne
se perpétuent pas éternellement. La société
fonctionne sur deux piliers : le marché et l'Etat social. Ce
dernier est tout à fait nécessaire, mais un certain nombre de
problèmes ne peuvent pas être résolus par l'Etat et
nécessitent des actions communes. Ces deux conceptions restent
actuelles.
I.1.e. La solidarité africaine
En Afrique, la solidarité est un fait évident,
historique, voire légendaire. En effet, diverses organisations de
solidarité ont toujours fonctionné ici et là en Afrique
comme institution visant au moins le maintien des conditions de vie des gens et
l'assistance sociale, particulièrement au milieu rural ou dans les
sociétés coutumières. L'Afrique connaît donc, depuis
ses origines, l'importance et la pratique des actions de coopération
qualifiée le plus souvent de "solidarité traditionnelle". Qu'il
s'agisse de produire, de consommer ou de tout autre activité.
Nous les africains, nous nous associons et continuons de nous
associer dans des organisations plus ou moins spontanées de
solidarité ou de coopération regroupant des gens qui mettent
ensemble leurs efforts et leurs moyens pour faire face aux difficultés
auxquelles ils étaient et sont confrontés. Le mode de
fonctionnement de ces organisations ne diffère pas fondamentalement de
celui des coopératives.
Les traditions africaines tiennent compte de l'importance ou
de l'affermissement des relations sociales au niveau classique, ethnique, au
niveau du village et de la communauté.... Autrement dit, il existe dans
les traditions africaines, au plan social, économique et culturel, un
fond de coopération d'épargne de crédit, de production, de
consommation, fond dans lequel les individuels s'associent pour promouvoir
leurs entreprises et leurs intérêts individuels et collectifs.
Une des caractéristiques essentielles des
sociétés Africaines est, dans toutes les activités,
l'accent qu'elles mettent sur la sécurité de la survie
individuelle et collective sans se préoccuper de l'accumulation du
capital selon le modèle des sociétés capitalistes
marchandes d'occident. Déjà se pose ici la question de recherche
de la forme d'association la plus appropriée concernant les
solidarités africaines locales J.C. de WILDE15(*).
Notons que pour nombre d'africains, la sécurité
importe plus que l'espoir d'un revenu accru. En réalité, chaque
personne est tenue de s'acquitter de ses devoirs coutumiers et d'assumer sa
part de la vie communautaire pour recevoir en retour le soutien de la
collectivité, Mamadou DIA16(*) soutient que l'Afrique possède de culte de la
solidarité qui s'exprime totalement dans la forme de la vie
traditionnelle de ses habitants : la vie communautaire. Il soutient aussi
que, dans le passé, cette solidarité a permis
l'édification d'une société communautaire qui n'avait, ni
prolétaire, ni salariat.
Une réflexion d'ensemble sur les solidarités
africaines locales soulève la question de l'efficacité des
associations de solidarité africaine ou de ces solidarités dans
l'amélioration quantitative, qualitative et durable des conditions de
vie des populations. Cette question avait déjà retenu l'attention
des participants au colloque organisé conjointement par l'institut
panafricain du développement (I.P.D.) et l'Université
Coopérative Internationale (U.C.I.) à Yaoundé au Cameroun
en Janvier 1983 sur le sujet "solidarités traditionnelles et
développement".
Avant la colonisation, les pays africains avaient donc dans
leurs structures sociales traditionnelles diverses associations de
solidarité visant au moins le maintien des conditions de vie des groupes
de populations. Ces associations étaient éloignées et du
capitalisme caractérisé par un certain égoïsme et ou
certain individualisme et du socialisme totalitaire. Elles se pratiquaient au
sein des mannes populaires relativement pauvres en fonctionnant tant bien que
mal comme voie de développement communautaire. C'est donc dire que
l'Afrique a depuis ses origines, des pratiques et traditions socialistes
communistes européens, ni d'une antonymie avec le système
capitaliste occidental.
Les solidarités africaines locales furent
exploitées à l'époque coloniale dans le mouvement
coopératif. Débuté en Grande Bretagne, transitant par la
France, l'Allemagne et d'autres pays européens, ce mouvement
s'étendra après au Canada, en Amérique du Nord et en
Afrique par le biais de la colonisation, l'Afrique étant depuis devenu
appendice du système économique occidental. Aujourd'hui, la
solidarité africaine locale paraît tributaire de
l'étroitesse des liens entre individus et surtout des conditions
socio-économiques.
La solidarité africaine ne peut être
examinée dans le seul cadre des solidarités locales, on peut
étendre son examen au niveau des organisations internationales
africaines.
Au-delà des caractéristiques
générales de la définition du concept de solidarité
s'actualisant les orientations que lui imprime l'agir socioculturel des
sociétés et groupes particuliers. Ainsi parle-t-on de la
solidarité africaine de la solidarité arabe, européenne,
ouvrière, estudiantine, etc. La solidarité Africaine se
caractérise par les différentes formes de prestations
dictées par le mode des africains. Elle est comme l'écrit MWAKA
TSHOPO, "l'ensemble des prestations assistance qui caractérise le
vécu des sociétés africaines17(*).
I.1.f. Des cadres d'expression de la solidarité
Africaine
La solidarité africaine étant un
phénomène fort des sentiments et d'actions des personnes
appartenant à un même groupe, ses expressions ne peuvent
être saisies qu'à travers les cadres que sont la famille, la
tribu, l'ethnie, la nation et le continent.
I.1.f.1. La solidarité familiale
La famille est la cellule de base de la société
et c'est en son sein que l'individu apprend à vivre ensemble, à
naître, à cultiver la vertu de la solidarité. La famille
structure et résume les idées, force sur les réseaux
d'appartenance, de participation, de partage et de réciprocité
qui relient l'individu au groupe et lui fait bénéficier de
diverses solidarités.
La solidarité familiale se traduit par la
présence, l'assistance et la participation de tous les membres lors des
événements qui affectent le bien-être et la cohésion
du groupe, événements qui réclament une action
commune18(*).
I.1.f.2. La solidarité tribale
La tribu est une communauté constituée par des
gens qui admettent de vivre dans leur communauté d'origine par
descendance d'un ancêtre commun et ayant en partage la culture et la
langue.
Sans avoir l'intensité de la solidarité
familiale, la solidarité tribale qui est prise en charge par le
tribalisme fait obligation aux contribalistes à s'entraider et à
se solidariser face aux entreprises d'autres groupes qui menacent leur
identité ainsi que leurs intérêts.
I.1.f.3. La solidarité ethnique
L'ethnie est définie comme une communauté de
personnes qui partagent la même culture, la même langue et
justifient leurs origines par une souche ancestrale commune dont ils ont un
souvenir proche ou lointain.
Comme dans le cas de la tribu, l'ethnicité traduit la
conscience d'appartenance au groupe et des devoirs de solidarité qu'elle
impose aux membres à l'intérieur qu'à l'extérieur
face aux enjeux de survie du groupe.
Il faut noter que la prédominance de la
solidarité fondée sur des loyautés tribales et ethniques
dans les Etats africains est née de la décolonisation.
I.1.f.4. La solidarité africaine au sein des
néo-nations africaines
L'expression de la solidarité africaine au sein des
néo-nations africaines nées de la décolonisation est
fortement contrariée par l'intensité des antagonismes tribaux
et/ou ethniques. A ce propos, le professeur Mulumbati Ngasha fait remarquer que
« les groupes ethniques occupent, dans le fonctionnement des
systèmes politiques africains, une place importante qui se situe
à plusieurs niveaux : au niveau des dirigeants politiques, pris
isolement, au niveau du gouvernement, au niveau de la communauté
nationale, et au niveau du régime politique19(*).
Et le même auteur de poursuivre : la rigueur des
structures ethniques est telle que bien des décisions que les dirigeants
politiques africains prennent dans le domaine socio-économique
constituent à creuser les disparités entre groupes ethniques dans
la mesure où certains d'entre eux sont favorisés par rapport
à d'autres20(*).
Les observations de Mulumbati Ngasha et autres s'inscrivent
dans la coulée de nombreuses études qui ont mérité
d'étudier les pesanteurs du tribalisme et de l'ethnicité dans le
vécu politique africain ; pesanteur dont les conséquences
les plus dramatiques sont les guerres fratricides, les millions de
réfugiés, les dictatures tribales et/ou ethniques qui ont
appauvri les peuples21(*).
I.1.f.5. La solidarité africaine à
l'échelle du continent africain
Dans sa substantielle réflexion sur la notion de
solidarité africaine, MWAKA TSHOPO montre non seulement
l'évolution de cette notion à l'échelle du continent, la
volonté de vivre, la solidarité africaine qui animait les
dirigeants africains mais surtout les obstacles à la vivre
réellement22(*).
Si à ses débuts le mouvement de la
solidarité africaine englobait dans ses préoccupations la
diaspora noire des U.S.A. et des Caraïbes, avec la création de
l'O.U.A. en 1963, l'accent sera exclusivement mis sur le continent
africain.
A cet effet, la solidarité africaine chercherait
à s'exprimer sur deux volets :
- Solidarité entre Etat africain indépendant que
le président FELIX MALLOUM appelle de tous ses voeux dans son discours
lors du XV è anniversaire de l'O.U.A. "La solidarité africaine
étant, comme chacun le sait, légendaire, pourquoi certains de nos
Etats plus riches que d'autres n'aideraient-ils pas les plus démunis au
lieu de s'évertuer à dégager d'énormes sommes
d'argents pour entretenir la hausse et la lutte fratricide au nom des principes
qui n'ont de principes que le vocable ?23(*)
Cette conception de la solidarité africaine est loin de
celle qui est exemplifiée dans les sociétés africaines
traditionnelles. Aux principes de la participation du partage et de la
réciprocité est substitué celui qui maintient l'autre dans
une position de menaçant avec toutes les humiliations qu'un tel statut
entraîne.
- Solidarité entre Etats africains indépendants
et régions restées (demeurées) sous le joug colonial par
l'octroi aux mouvements de libération d'une aide substantielle.
Cependant, MWAKA TSHOPO montre la modicité de cette aide24(*). Bref, ici encore, la
solidarité africaine n'a pu s'exprimer comme on l'aurait
souhaité.
I.1.e. Notion sur le solidarisme
Le solidarisme est une philosophie de la pensée du
à Léon Bourgeois au début du XXe siècle.
Le terme est issu du mot solidarité. Le solidarisme est la
« responsabilité mutuelle qui s'établit entre deux ou
plusieurs personnes » ou encore un « lien fraternel qui
oblige tous les êtres humains les uns envers les autres nous faisant un
devoir d'assister ceux de nos semblables qui sont dans
l'infortune »25(*).
La philosophie de la solidarité selon Bourgeois peut
seule favoriser la construction d'une république de la main tendue
contre le poing fermé, de la mutualité « règle
suprême de la vie commune » contre la charité
réduite à « une petite agissante ». C'est au
nom de la solidarité qu'il défendra le principe de l'impôt
sur les successions, sur les revenus et la mise en place d'une retraite pour
les travailleurs26(*).
I.1.g. La philosophie solidariste
Le solidarisme sera la réponse à la fois :
au libéralisme et au socialisme mais une réponse aussi moderne
que le marxisme. Ces deux théories se proposent l'une comme l'autre de
penser le changement contre la tradition incarnée par la pensée
monarchique et contre cette outre transcendance qui est le libéralisme.
Ici ce n'est ni Dieu ni le roi qui organise la relation des hommes entre eux
mais cette autre force occulte qu'est la main invisible du marché. Mais
d'abord pourquoi la bourgeoisie républicaine de cette fin de XIX
è siècle a-t-elle besoin d'une doctrine ? Tout d'abord parce
que la révolution de 1848 et son effondrement dans le
présidentialisme du second Empire, met fin à la grande illusion
ouverte par la révolution de 1789. Après 1848 et plus encore
après la répression sanglante de la commune de paris, la
république ne peut plus prétendre pouvoir offrir une
réponse globale à tous les problèmes rencontrés par
la vie en société.
La génération de 1789 avait pu encore laisser
derrière elle l'illusion que toutes les virtualités ouvertes par
la liberté, l'égalité et la fraternité
républicaines avaient été entravées par la main de
l'ennemi et non par les limites propres à la république, 1848
voit mourir l'illusion selon laquelle il suffirait d'établir la
liberté par le suffrage universel masculin, pour établir
l'égalité et la fraternité entre les hommes. En 1848,
surgit, non pas un spectre qui hantera l'Europe, mais une question
laissée sans réponse par les hommes de la II è
République : la question sociale. Dès lors, l'idéal
républicain sera combattu par un autre idéal
égalitaire : l'idéal socialiste, porté par des hommes
comme Borbes, Blonqui ou Raspoil.
La question sociale, que le progrès continu des
libertés publiques ne suffira pas à éteindre, face
à la démocratie politique cette équation qu'elle n'a
toujours pas résolue aujourd'hui.
Comment la conquête de la souveraineté politique,
comment une société qui est en droit pose les hommes comme
étant égaux entre eux, peuvent-elles modifier très
concrètement les conditions de vie, réduire les écarts de
fortune ou de conditions entre les citoyens également libres ?
Autrement dit, pour les hommes de la IIIe République. Mais
ceux de la Ve semblent encore plus désarmés
théoriquement, la question encore sociale peut-elle être autre
qu'insoluble ?
1848, avec l'instauration du suffrage universel masculin, est
en effet une date charnière. Désormais, comme le note Jacques Don
Zelot dans l'invention du social : « En se rencontrant pour la
première fois, l'idéal républicain d'égalité
de liberté et de fraternité et la forme démocratique
dessinée par les contours du suffrage. Se revendiquant comme universel
conduit à l'éclatement du droit comme instrument
privilégie de l'organisation républicaine de la
société. Le droit rassemblant des citoyens égaux contre
les privilèges de quelques-uns ne rassemble plus mais divise et il
divisera sur cette question du droit ou travail ». Les hommes de la
IIIe République vont être alors confrontés
à un mauvais problème qui sera de légitimiser
l'intervention de l'Etat, comme expression de la volonté
générale dans le respect de la liberté de chacun.
I.1.h. L'impact du solidarisme sur la mutualité
La mutualité rendue à sa liberté par la
charte de 1898 et unifiée par la création de la
fédération nationale de la mutualité française en
1902, doit davantage à l'action de la gauche républicaine et
maçonne qu'à celle du mouvement ouvrier quand bien même
résonne encore dans cette mutualité l'écho des
idéaux révolutionnaires noires poursuivis par Blanqui, Proudhon
et quelques autres. Les pères fondateurs, Hippolyte Jules Arboux,
Léopold Nabilleau, Léon Bourgeois, sont tous
préoccupés de donner à cette nouvelle république
naissante les fondements théoriques qui lui permettront de s'imposer
durablement face à ses concurrents libéraux et marxistes27(*).
I.1.i. Le solidarisme d'extrême droite
Sans lien réel ni filiation avec le courant de
Léon Bourgeois, l'union solidariste est le nom pris par le groupe de
militants solidaristes rassemblés autour de Jean-Pierre Stirbous et
Michel Collinot en 1975. Ces militants venaient essentiellement du groupe
action jeunesse (GAJ), de mouvement solidariste Français (MSF) et du
mouvement jeune révolution (MJR). Leur slogan était :
« nationaux, solidaristes, unis, vaincront ». En 1977,
l'union solidariste rejoignait le front national et Jean-Pierre Stirbous en
deviendra le secrétaire général en 1981, où il
maintiendra une tendance dite « solidariste ». A partir de
1967, ces idées se forment autour d'un refus du matérialiste et
du système des blocs impérialistes américain et
soviétique, ainsi que l'adhésion à un certain proudhonisme
vigoureusement anti-marxiste, dans l'idée d'indépendance
nationale28(*).
I.2. AUTOUR DU MOT
FAMILLE
La santé de la personne et de la société
tant humaine que chrétienne est éternellement liée
à la prospérité de la communauté conjugale et
familiale. De la sorte, celle-ci joue un rôle unique et charnière
comme cellule base dans cette société. C'est ce que souligne avec
force la conférence Episcopale du Zaïre lorsqu'elle dit
« le dynamisme et l'équilibre de ces communautés et
leur solidarité reposent largement sur la vitalité et
l'équilibre de la famille, cellule base de la société
humaine »29(*).
Les évêques vont justifier cette importance en
considérant la famille comme la première école des vertus
sociales et matrices des valeurs fondamentales de chaque peuple en même
temps qu'elle signifie pour l'Eglise le lieu de la première
évangélisation et de la première initiation des enfants
à la connaissance et à l'amour de Dieu et de l'homme30(*).
L'homme congolais (Ex-zaïrois) dans son cheminement
historique culturel, social et religieux s'est formé une identité
au centre de laquelle s'est installée une conception propre de la
famille et du monde qui peut être source d'une émergence des
communautés ecclésiastiques et matrice d'une élaboration
du christianisme Africaine31(*).
L'apport du christianisme et de la colonisation a
réussi à transformer cette famille africaine qui est
passée du lignage à la conjugalité monogamique
considérée aujourd'hui comme base de l'organisation sociale. Pour
cela, combien des valeurs traditionnelles furent sacrifiées,
considérées fétichétiques et anachroniques face aux
exigences du développement économique ! Ces
dégâts causés aux valeurs traditionnelles de l'univers
culturel et religieux entraînent la désintégration des
systèmes des références et la disparition des tissus
sociaux et familiaux, laissant l'individu totalement désemparé,
lui que soutenaient encore les valeurs de solidarité
d'hospitalité et de conciliation.
Cependant, pour comprendre la famille africaine telle qu'elle
se vit chez nous, il nous faut faire une véritable inversion
épistémologique et méthodologique et abandonner les
approches évolutionnistes ou historicistes qui avaient fait de beaux
jours il y a quelques années.
Cette vision considérait en effet la famille conjugale
européenne comme le point d'aboutissement d'une longue évolution
tant d'une promiscuité sexuelle ou du mariage du groupe.
I.2.1. Sociologie de la
famille
La sociologie de la famille est une des branches de la
sociologie. Son objet d'étude concerne aussi bien les composants que les
évolutions de l'institution qui est la famille.
La famille constitue une unité
élémentaire fondamentale de la vie en société dans
le sens où elle permet une large part de la reproduction sociale. Il
s'agit souvent du premier groupe dans lequel les individus se socialisent et
apprennent à vivre en société. La famille est aussi une
unité de base dans le cadre duquel sont réalisées une
grande part de ces opérations quotidiennes essentielles des individus
que sont la nourriture, leur repos, leur loisirs et enfin leurs
activités essentielles, activités sexuelles. Dans les
siècles précédents, il s'agissait aussi de l'unité
qui permettait l'essentiel des activités des productions, qu'elles
soient agricoles, artisanales ou commerciale.
Constater que ce rôle a fortement diminué dans
les sociétés modernes montre à quel point la famille est
en constante évolution et en interaction permanente avec le mouvement
historique.
I.2.2. Définition de la
famille
Chacun de nous connaît la famille empiriquement, mais en
nous référant à notre propre expérience nous
risquons de généraliser ce qui n'est qu'une des formes possibles
de la famille.
Le mot famille renvoie d'abord aux liens du sang, ce qui n'est
pas suffisant pour comprendre ce qu'est la famille parce que la famille au sens
large peut comprendre des personnes qui n'ont aucun lien de
consanguinité, les enfants adoptés font partie de la famille.
Les domestiques dans une certaine mesure, les amis de longue
date dans certaines structures familiales étaient
considérés comme faisant partie de la famille sans oublier les
exemples qui nous paraissent étranges, des sociétés dans
lesquelles le statut de père est attribué à une personne
n'ayant aucune consanguinité avec l'enfant.
Essayons d'abord de définir la famille, non pas en
intégrant toutes les observations recueillies au sein de
différentes sociétés ni même en nous limitant
à la situation qui prédomine dans la nôtre, mais en
construisant le modèle que nous avons présent à l'esprit
quand nous utilisons le mot « famille ». Il semble que ce
terme désigne un groupe social offrant au moins trois
caractéristiques les plus fréquemment observées :
- Il a son origine dans le mariage
- Il comprend mari, femme et enfants nés de leur union
bien que l'on puisse concevoir la présence d'autres parents
agglutinés à ce noyau.
- Les membres de la famille sont unis par des liens
légaux ; par des droits et obligations de nature économique,
régulière ou autre, par un réseau précis de droits
et interdits sexuels, et un ensemble variable et diversifié de
sentiments psychologiques tels que l'amour, l'affection, le respect, la
crainte, ... 32(*).
Cette définition pourtant très large n'englobe
pas la totalité des situations. Ainsi, dans notre propre
société, un couple non marié avec les enfants constitue
une vraie famille pour de nombreux congolais ; par contre cette
définition dépasse le cadre de la famille conjugale ou
nucléaire telle que nous la connaissons qui comprend le père, la
mère et les enfants vivant dans un même foyer et qui est la forme
de famille dominante aujourd'hui. Famille étendue, souche,
élargie.
2.a. La famille étendue regroupe des gens
liés par le sang ou le mariage qui vivent ensemble et
éventuellement avec le groupe domestique.
2.b. La famille souche regroupe plusieurs
générations dans un même foyer avec un seul couple à
chaque génération.
2.c. Famille élargie le plus souvent ne
renvoie plus au lieu d'habitation mais à un ensemble de
solidarité entre un ensemble de personnes plus ou moins liées par
des relations de parenté ou d'affection...
En ce sens, on constate la persistance de la famille
élargie qui existe encore dans le tiers-monde mais aussi dans la France
actuelle en tant que lieu de solidarité.
De façon plus contemporaine, on peut définir la
famille comme l'articulation des liens d'union de parenté et de
germanité. Cette définition de la famille en tant que fonction
permet de ne pas préétablir le contenu d'une famille :
aujourd'hui une famille ne prend pas nécessairement son origine dans le
mariage (union libre), elle peut réunir des gens de même sexe ou
des recompositions de famille. La famille est à la fois un groupement et
une institution sociale (au sens de ce qui fonde le lien et des
représentations sociales préexistantes).
I.2.3. Famille comme
système
La famille est un sous-système de l'organisation
sociale sur la société par le rôle qu'y jouent les membres
de la famille (travail, participation à des associations, vie
sociale,...) et aussi distincte des autres organisations sociales par des
rôles de solidarité des fonctions spécifiques.
Définir un type donné d'une famille suppose la
mise en évidence d'un ensemble de modèles culturels de
comportement qui règlent les relations mari (s) femme (s),
père-enfant, mère-enfant, enfant-mère, enfant-père,
enfant-couple enfant, frère, soeur qui définit les rôles
masculins et féminins, les types des comportements à
l'égard du travail, des loisirs, de la sexualité, des
tâches au sein du foyer...
Le système familial est donc variable selon les
modèles culturels, le type d'économie33(*).
I.2.4. Famille et
ménage.
Une erreur à ne pas commettre est de confondre
« ménage » et « famille ». Un
« f » égale une famille ; les organismes
statistiques ont repris ce critère pour définir le ménage
même si les flammes ont disparu de la plupart des foyers.
En effet, un ménage n'est pas toujours une famille, car
selon l'INSEE ; il est constitué de l'ensemble de personnes qui
vivent dans le même foyer même si elles n'ont aucune relation de
parenté. Il peut même s'agir d'une personne seule (on parle alors
de « personne isolée »).
Si le lieu d'habitation est caractérisé le plus
souvent par une communauté de comportement à la fois sur les
plans culturel et économique.
La plupart des ressources sont regroupées partiellement
ou totalement, nombre de dépenses sont communes (loyer,
électricité, téléphone, ...). Le ménage
constitue une unité économique, culturelle, sociale, même
si la famille actuelle n'a que très rarement d'activités de
production commune.
Les démographes en définissant le ménage
ont choisi une notion opérationnelle, mais elle ne coïncide pas
avec celle de famille : un groupe de séminaristes, un
collège d'étudiantes ou un célibataire n'ont que des
rapports lointains avec l'idée de famille au sens sociologique alors
qu'ils peuvent constituer des ménages, parallèlement. Les
statisticiens utilisent le terme de famille parfois dans un sens très
restrictif. Ainsi, depuis 1962, l'INSEE appelle famille complète, celle
où l'épouse mariée avant 35 ans a atteint 45 ans sans que
ce mariage soit rompu.
I.2.5. La filiation
La filiation est la reconnaissance sociale des liens entre
individus qui descendent les uns des autres. Mais si toute
société reconnaît la filiation, certaines lui accordent
plus d'importance que d'autres et toutes ne la définissent pas de la
même manière.
En France, par exemple, trois types de filiation sont
reconnues : la filiation légitime (enfants nés des parents
mariés), naturelle (couple non marié) et adoptive. Dans les
sociétés modernes, la mémoire généalogique
(en remontant vers nos ancêtres) est relativement courte car elle
dépasse rarement les trois générations. Nous lui accordons
peu d'importance car la position sociale d'un individu dépend davantage
de son métier que de sa parenté.
2.5.a. Systèmes patrilinéaire et
matrilinéaire
Le système familiale est patrilinéaire si c'est
le père qui est à la source de la parenté, transmet son
nom, son héritage, des rites de son clan, et l'ensemble
d'éléments culturels associés à son clan.
Le système matrilinéaire voit la mère
transmettre son nom, ses rites et l'ensemble des éléments
culturels associés à son clan, elle est aussi à l'origine
de l'héritage.
Notons que dans les sociétés
matrilinéaires on voit souvent le ou les frères de la mère
assumer une bonne partie des fonctions de père dans le système
patrilinéaire. Ainsi, l'oncle maternel nourrira sa soeur et les enfant
de celle-ci.
La symétrie n'est donc pas totale entre le
système matrilinéaire et le système patrilinéaire.
Dans nos sociétés, les sociologues ont défini toute une
série de critères pour analyser les influences non
symétriques du père et de la mère dans la configuration
familiale34(*).
La filiation est aussi, selon GHASARIAN, « les
principes gouvernant la transmission de la parenté » ; la
filiation permet de donner un statut social à un individu et de classer
les hommes, ce qui est particulièrement important, par exemple pour les
règles du mariage. La filiation ne repose pas nécessairement sur
des critères biologiques et dépend plutôt de la conception
reçue du lien de parenté.
Les anthropologues distinguent trois grands types de
filiation :
- filiation unilinéaire patrilinéaire ou
matrilinéaire
- Filiation bilinéaire
- Filiation indifférenciée
Note : ces organisations sont particulièrement
complexes, et un exposé détaillé demanderait un grand
nombre de schémas pour être intelligible, nous nous en tiendrons
donc aux généralités.
2.5.b. Filiation unilinéaire
C'est l'organisation la plus répandue. La filiation est
imposée à chacun, du coté du père, de la
mère. Généralement, dans ces systèmes, on estime
l'importance du rôle physique de l'homme ou de la femme dans la
procréation d'après cette appartenance au père ou à
la mère.
Dans la plupart des filiations unilinéaires, les femmes
sont dominées par les hommes. D'après LABURTHE TOLRA, ce
système est fondé par la force physique plus grande chez l'homme,
et donc aussi par la violence, malgré la rébellion des femmes
dans beaucoup des sociétés traditionnelles.
2.5.c. Filiation bilinéaire
Cette filiation est rare : elle combine les deux
systèmes de filiation précédents. L'individu obtient des
aspects sociaux précis de chaque coté nom de famille, droits,
devoirs, statuts, biens, culte des ancêtres, etc. Exemple chez les juifs,
la parenté est bilinéaire mais la judéité se
transmet par les femmes Touareg, Hereros
2.5.d. Filiation bilatérale ou
indépendante
L'individu fait dans ce cas partie d'au moins deux groupes de
parenté, du coté de sa mère et de son père,
à partir des grand-parents. Cette organisation structure des
sociétés plus complexes. Selon GHASARIAN, ce système de
parenté concerne cinquante pourcent des sociétés
humaines
L'individu peut choisir sa filiation : en Occident le
choix n'est pas obligatoire pour avoir un statut, mais il l'est dans les
sociétés traditionnelles, ce qui fait distinguer entre droits
actuels et droits potentiels. Par ce choix, l'individu doit établir en
résidence dans `une ou l'autre parenté ou se partager entre les
deux et ses droits varient en conséquence. Ce choix laisse une grande
liberté individuelle (c'est puisque l'individu peut en outre parfois
modifier son choix de résidence.
2.5.e. Réserves sur ces divisions
Des ethnologues ont fait remarquer que ces divisions sont trop
rigides pour décrire les parentés réellement efficaces
dans les sociétés. Il y aurait dans les faits une proposition
entre patrilinéarité et matrilinéarité. Pour Rodney
Néedham (dans « la parenté en question »,
citée par GHASARIAN, il n'y a « aucun principe de filiation
unique ». La conformité d'une société à
un modèle uniforme est ainsi selon lui improbable. En
conséquence, le classement des sociétés selon ces
critères n'a rien d'évident
I.2.6. Parenté
La parenté est une relation sociale
privilégiée fondée sur l'existence réelle ou
supposée d'une filiation commune, d'une alliance ou sur une adoption
selon les sociétés, c'est le fondement des droits et des
obligations particulières.
Dans le cas de parenté d'alliance, on parle souvent
d'affinité, dans celui de parenté d'adoption, d'application.
I.2.6.a. Un lien commun
Nous pouvons considérer que chaque individu de chaque
société entretient des relations de parenté. Cependant, il
est certain que dans certaines sociétés les parents auront des
rôles différents : dans les sociétés dites
industrialisées, à côté des parents, un grand nombre
de relations s'établissent (dès le jeune âge à la
crèche et ensuite à l'école et au travail, dans un club de
sport...), ainsi la parenté a moins d'importance que dans des
sociétés claniques où la parenté règle
pratiquement toutes ses relations.
La parenté articule des fonctions intégratrices
et discriminantes qui vont au-delà des proches parents ou de la famille
que l'on donne à ce terme un sens étroit ou étendu. La
filiation par exemple, peut définir l'appartenance à des groupes
pérennes qui s'étendent sur un réseau
généalogique qui va bien au-delà des parents proches qu'un
individu est amené à connaître ou à
fréquenter au cours de sa propre existence, ses géniteurs, les
oncles, ou les neveux, etc. A ce titre, un lignage, un clan, voire une caste,
sont des extensions généralisantes du principe de filiation. Dans
une société donnée, on dira ainsi que les X sont les
descendants du castor mythique dans telle autre, qu'ils sont les descendants de
tel héros.
Enfin, dans les sociétés stratifiées, la
pérennité dans le temps des échelons qui la composent,
repose aussi sur la filiation. L'aristocratie d'ancien régime affirmait
entre autres se distinguer de la nature par le « sang
bleu », qui l'unissait de façon exclusive et l'appartenance
à l'aristocratie se transmettait par filiation. Ces exemples divers
montrent que l'étude de la parenté entendue d'une façon
générale permet de s'interroger sur des questions aussi centrales
que "qui sommes-nous » ? et « qui sont les
autres » ?
La parenté a été analysée par les
anthropologues de bien des manières et selon des optiques parfois
contradictoires. A défaut d'aborder l'histoire de cette sous-discipline
de l'anthropologie, nous examinerons quelques concepts clés des
études de parenté en nous fondant sur les sources
indiquées en bibliographie.
I.2.7 Le mariage
Le mariage dans nos sociétés prend des formes
très précises. Dans d'autres sociétés même
dans la notre, à des époques différentes, les
modalités du mariage sont variées. Mais deux critères
permettent de caractériser le mariage de façon
générale :
- Le mariage est une relation socialement reconnue
- C'est un fondement stable pour la création du groupe
conjugal (en partie du fait de sa reconnaissance socialement).
Le mariage n'implique pas nécessairement une union
hétérosexuelle : dans certaines sociétés le
mariage peut être homosexuel car c'est la fonction sociale qui est prise
en compte. Une femme stérile peut ainsi tenir le rôle d'un homme
chez les nuer.
Monogamie, polygamie ; polygynie, polyandrie. Suivant les
sociétés les nombres des partenaires mariés varient :
certaines sociétés sont monogames, d'autres sont polygames.
I.2.7.a. La monogamie
La monogamie désigne une forme familiale où les
conjoints constituent un couple formé d'un homme (époux) et d'une
femme (épouse). Les sociétés occidentales connaissent
cette forme de famille monogame.
I.2.7.b. Polygynie
L polygynie désigne une forme d'organisation familiale
où un homme peut épouser plusieurs femmes. Cette pratique est
généralement associée au statut social de l'homme, le
nombre de femmes témoigne de son importance et de sa puissance. Le
statut des femmes y est variable : les femmes peuvent être
enfermées comme des biens (signe de richesses) ou au contraire disposer
une grande liberté dans leurs activités par une
répartition des tâches entre les épouses. Cette forme de
mariage est la plus reconnue par l'Islam, la polygamie est très
répandue en particulier sur le continent Africain.
I.2.7.c. La polygamie
C'est le mariage d'un individu (homme ou femme) avec plusieurs
personnes (hommes ou femmes) donc une personne va épouser plusieurs
conjoints. La polygamie se décompose en polygynie et en polyandrie.
I.2.7.d. La polyandrie
La polyandrie est le cas symétrique de la polygynie.
C'est une forme familiale où une femme peut épouser plusieurs
hommes. Si la monogamie s'observe plus fréquemment que la polygynie, la
polyandrie est encore beaucoup plus rare. Un exemple classique de polyandrie
est celle de tibétains où une femme épouse à la
fois un homme et tous ses frères de façon indivisible.
- Lévirat : dans ce type de mariage, une femme
doit épouser le frère de son mari défunt. Le nouveau mari
a alors le devoir de poursuivre la lignée de son frère ; les
enfants issus de cette union seront socialement considérés comme
ceux de l'ancien mari.
- Sonorat : Dans ce type de mariage, l'homme se marie
à une femme puis par la suite à sa soeur, voire à
plusieurs d'entre elles. C'est cette fois la soeur d'une épouse
défunte qui assure la continuité de la lignée.
I.2.7.e. Exogamie et endogamie
Mais par delà les règles qui fixent les nombres
des conjoints, il est essentiel de distinguer les groupes au sein des quels il
est possible de choisir son conjoint.
e.a. Exogamie
Dans le cas le plus simple, la règle d'exogamie
s'applique à deux clans pratiquant un échange matrimonial. Chaque
clan est alors appelé moitié. La règle d'exogamie est
double.
Elle oblige à choisir son époux (ou
épouse) dans un autre clan. Plus généralement, la
règle d'exogamie oblige à choisir ailleurs que dans le groupe de
parenté son ou ses conjoints.
Si l'exogamie est la forme la plus courante des organisations
familiales, l'endogamie forme symétrique, existe aussi.
e.b. L'endogamie : désigne l'obligation de choisir
son époux à l'intérieur de son propre clan ; par
extension, on parle d'endogamie lorsque les membres d'un groupe se marient
souvent entre eux, ce fut le cas par exemple de l'aristocratie. Un indicateur
d'endogamie mesure la fermeture sociale d'une société, les
sociologues calculent souvent l'indicateur suivant :
Epoux d'une catégorie épousant une forme dont le
père est dans la même CSP
|
Total des hommes mariés dans la catégorie
|
Ainsi, lorsque plus de 9 sur 10 des exploitants agricoles
épousent une fille d'exploitant agricole cela indique une endogamie
très forte de cette catégorie.
Cet indicateur doit être utilisé avec
précaution. En effet, si par exemple dans la population il y a 80% de
salaries et les hommes salariés épousent dans 80 % de ces femmes
salariées, il peut sembler qu'il y ait une forte endogamie dans ce
groupe. En fait, il n'en est rien car les mariages entre les salariés
sont proportionnels à leur importance dans la population35(*).
Un indicateur d'endogamie plus précis est :
Part des mariages au sein de la CSP des hommes de la CSP
|
Part des épouses de la CSP parmi toutes les
épouses
|
Plus cet indicateur est éloigné de 1, plus il y
a endogamie ; plus il est voisin de 1, plus il y a indépendance
entre mariage et catégorie sociale. Un mot plus précis
qu'endogamie a d'ailleurs été réservé à
l'analyse de la première de ces situations : homogamie.
e.c. Homogamie : désigne une situation où
les conjoints se choisissent au sein des mêmes milieux sociaux à
l'inverse de l'homogamie, il est possible de définir
l'hétérogamie.
e.d. Hétérogamie : désigne une
situation familiale où les conjoints sont d'origine sociale
différente. Un PDG qui épouse une femme de ménage, un
universitaire qui épouse une illettrée correspondent à des
cas d'hétérogamie. Ceci est une forme d'exogamie par rapport au
milieu social, on choisit son époux au sein d'un groupe social
différent.
e.e. Nuptialité
La nuptialité désigne le passage légal
à l'état des personnes mariées. Le taux brut de
nuptialité est un indicateur du nombre de mariages au cours d'une
période rapportée à l'ensemble de la population
mesurée en milieu de période.
Mais cet indicateur est très insuffisant car il
concerne à la fois les bébés et les personnes
déjà mariées qui ne sont donc plus susceptibles de
participer au phénomène de nuptialités.
De plus, le taux de nuptialité d'un groupe
dépend de multiples variables : calcul sur la population d'une
maison de retraite, il n'a pas le même sens que calculer sur un groupe
d'étudiants.
Le quotient de nuptialité mesure la probabilité
totale de se marier à un âge donné pour un
célibataire.
e.g. Divorce
Il est important de noter la forme et la fréquence de
rupture légale du mariage civil ou d'union.
Le taux de divorces peut être mesuré par le
nombre de jugement en une année pour 1000 personnes mariées.
C'est un indicateur de rupture d'union légalement
prononcée. Il est souvent sociologiquement essentiel de le
définir pour les groupes précis, par âge pour les femmes et
les hommes....
Les classes des divorces selon le sexe du demandeur principal,
l'âge de la rupture d'union. Le C.S.P., la taille de la commune de
résidence permettent d'aborder un aspect central du mariage. Sa
longévité se différentie selon les critères
sociaux.
I.2.7.f. Les fonctions de la famille
Une analyse de type fonctionnaliste envisage la famille en
tant que fonction.
f.1. La fonction de reproduction
Cette fonction exprime l'importance de la famille dans la
procréation, mais cette fonction n'est pas exclusivement celle de la
famille comme l'atteste le membre dès conceptions prénuptiales ou
encore le nombre croissant de mères célibataires.
f.2. La fonction de socialisation
Indique la place centrale de la famille dans l'apprentissage
des langages, du comportement de l'intégration des modèles
culturels et des rôles. Cependant, cette fonction des solidarisations est
de plus en plus réalisée par des institutions telles que
l'école, des crèches, les média (TV, films, salle de
cinéma, disques, ...), le groupe des pères (enfants du même
âge joue aussi un rôle central dans la socialisation.
f.3. La fonction de production
Caractéristique de la famille regroupée autour
d'une exploitation agricole, d'une activité artisanale ou d'un commerce,
voit son rôle décroître dans une société en
majeure une partie composée des salariées.
f.4. La fonction de consommation
Cette fonction exprime l'importance du cadre familial. Pour
les dépenses, comme l'illustre la promenade du samedi en famille dans
des centres commerciaux ; .... La plupart des dépenses
importantes ; électroménagères voiture, maison,
transport, ration, soins médicaux, ...sont en fait des décisions
qui impliquent toute la famille.
f.5. La fonction de transmission du patrimoine
Cette fonction indique la place centrale de la famille dans la
transmission des biens et de la propriété. Donation, cadeaux,
héritages sont largement retransmis dans le cadre familial sans tenir
compte des services non monétaires (garder des enfants, conseils,
...)
f.6. La fonction de refuge et protection
La famille est un lieu de solidarité où
s'expriment généralement l'affectivité, le partage des
ressources disponibles, l'entraide même si dans notre
société la concurrence règne.
Ceci n'empêche nullement les notions de conflits
d'ajustement et de rupture de se développer car cette fonction de
protection implique généralement une série de
contraintes36(*).
I.3. AUTOUR DU MOT
DEVELOPPEMENT
En Afrique selon une conception dominante, il manque
d'entrepreneurs modernes. Pour le processus de développement, il faut
donc susciter ce type d'entrepreneurs notamment par des politiques des
crédits, de soutien à l'entreprenant. C'est donc dire que cette
approche ne considère pas les populations à la base comme des
acteurs. Ce sont des pauvres en attente d'être pris en charge par des
politiques de lutte contre la pauvreté ou grâce aux
retombées de la croissance capitaliste qui émergera du soutien
à l'entreprise privée moderne et de son intégration dans
le marché.
Le réalisme amène au constat que ces populations
ne sont justement pas en attente, elles se prennent en charge. A ce propos
GOUREVITCH estime qu'un système alternatif s'est installé pour
donner de la respiration à une économie à bout de souffle,
et parfois s'est complètement substitué à lui37(*).
Cette substitution est faite d'initiatives portées par
d'autres acteurs, individus et associations en réponse à leurs
démarches de développement au niveau local qui partent des
préférences collectives38(*). Ces initiatives peuvent être portées
par des acteurs influents, mais autres que l'Etat, à la fois pour des
intérêts particuliers et collectifs qui convergent39(*) un changement d'échelle
s'impose donc dans la lecture du développement, de ses acteurs, de son
rapport avec le commerce.
Le concept de « développement » a
reçu divers contenus il reste polymérique et suscite la
polémique. Il nous semble que certains acteurs lui donnent un contenu en
référence au processus en cours dans leur contexte. Il en est de
même du contenu donné au développement local. Le concept
développement local, entendu comme endogénous
développement est parti des Etats-Unis à la fin de l'année
1960. A l'opposé du développement par le haut, ce modèle
privilégie le rôle des populations et des ressources
locales40(*). Il y a
plusieurs théories du développement local. José Antonio De
Sequeira CARVALHO, parlant de développement économique, soutient
que :
« Le développement économique est
toujours le point de l'action des initiatives et des stratégies
d'individus et des groupes, lesquelles se concrétisent et se
développent dans les cadres spatiaux de mobilisations bien
localisés41(*).
Ce qui est fondamental, c'est donc la référence
aux initiatives des acteurs au sein d'un cadre spatial. Le processus de
développement local prend essentiellement en considération les
demandes locales de développement.
Dans l'optique de sens, le processus de développement
est lié à l'amélioration de la qualité de vie
(quality of will-being). Il est porté au niveau local par des
initiatives en vue de favoriser l'accès aux facilités
économiques `c'est-à-dire les opportunités offertes aux
individus d'utiliser les ressources économiques à des fins de
consommation, de production ou d'échange), l'accès aux
opportunités sociales (les dispositions prises par une
société en faveur de l'éducation, la santé, le
transport , y compris de ceux de la raison et de l'esprit aux autres postes qui
accroissent la liberté substantielle qu'ont les personnes de vivre
mieux) à la promotion des capacités42(*).
Cette conception est proche de la théorie des besoins
fondamentaux ou « humain basic needs »,
développée au courant des années 1970 et 1980. En effet,
à l'époque, la « need oriented strategy »
voulait partir d'un « Lack of basics goods services »pour
définir une liste des besoins à satisfaire pour lutter contre la
pauvreté. Ce qui est mis en avant c'est la nécessité de
faire reposer les politiques de développement sur la satisfaction des
besoins alimentaires, vestimentaires, sanitaires ou éducatifs43(*).
Selon ENGELHARD. Op. cit, par le Professeur KAMBALE MIREMBE
Omer44(*), la logique des
projets ou logique ONG servait cette stratégie ou définition et
de financement du « basket of basic needs » dans un milieu
localisé.
Philippe Engelhard résume bien cette
préoccupation : la vraie richesse affirme-t-il réside moins
dans le PIB que dans l'accès du plus grand nombre aux biens et services
de base, biens alimentaires, eau potable, assainissement, logement,
énergie, transport, éducation, santé,
communication45(*).Il ne
s'agit pas uniquement de prendre en considération le revenu comme le
fait remarquer cet auteur le fait qu'il n'y ait aucune corrélation
évidente pour l'ensemble des pays de la planète, entre le revenu
par tête et l'indicateur de développement (IDH) laisse penser que
même avec un revenu faible, il est possible d'obtenir une qualité
de vie acceptable pour tous46(*).Mais telle n'est pas la logique dominante comme note
John Kennet GALIBRAITH : « la logique de Wall Street veut que
l'on mesure la capacité de la vie au moment des revenus47(*).
Comme on le voit, cette conception de qualité de vie
est très proche de la nation de développement humain. En effet,
non satisfait de la pertinence des individus du PIB comme indicateur de
développement, le PNUD a introduit un nouvel outil : l'IDH,
l'Indice de Développement Humain ; celui-ci prend en
considération en même temps des indicateurs des revenus,
d'éducation et d'espérance de vie au niveau des pays. Pour le
PNUD, en plus d'un accroissement de revenu, l'accès aux services de base
permet un mieux-être pour les populations. Cette notion de
Développement contenue dans l'approche de l'IDH, adopter donc les
critères de qualité de vie. Le développement, c'est donc
un processus d'amélioration de la qualité de vie, comme l'entend
aussi la Banque Mondiale.
Le développement vise à améliorer la
qualité de vie des individus et accroître leurs capacités
à influer sur leur avenir.
Dans le même sens, le Développement, note Sylvie
Brunel, cité par le Professeur KAMBALE MIREMBE Omer48(*) englobe un ensemble de
services mis à la disposition d'une population et qui lui permettent de
vivre mieux, de mieux se nourrir, d'échapper au déterminisme de
la maladie et de la mort précoce, d'envoyer ses enfants à
l'école, de pouvoir le vêtir correctement, les soigner et les
vacciner, etc. Le développement est avant tout un processus qui permet
à des populations entières de passer d'un état de
précocité extrême, d'insécurité qui touche
les aspects de leur vie quotidienne (alimentaire, politique, sanitaire, ...),
à des sociétés de sécurité où les
hommes ne se demandent pas chaque jour ce qu'ils vont manger le lendemain,
peuvent surmonter les caprices de la nature, vaincre la maladie, vivre dans des
conditions décentes, avoir la possibilité d'exprimer leurs
opinions et de prendre librement des initiatives pour améliorer leur
propre sort et celui de leur famille49(*).
Le développement est un processus complexe qui a trait
tant aux aspects économiques qu'aux aspects sociologiques,
psychologiques et politiques de la vie de la société. Il est la
combinaison de changements mentaux, sociaux d'une population qui la rend apte
à faire croître simultanément et durablement son produit
réel global50(*).
Le développement est un effort de soi sur soi, l'effort
qui s'appuie sur l'environnement naturel pour couvrir les besoins essentiels au
niveau de la famille et par solidarité au niveau du groupe51(*).
La croissance économique et le développement
mènent au progrès. Le progrès est d'ordre
téléologique et téléonomique. Il indique la
finalité du développement, de la croissance et signifie la
diffusion du bien-être.
Ces définitions montrent que le développement
doit viser la satisfaction des besoins de la population.
Selon F. PERROUX : le Développement, l'ensemble de
changements dans les structures mentales et les habitudes sociales d'une
population qui la mettent en état d'augmenter de façon durable
son produit global52(*).
De part ces définitions, nous constatons que certains
auteurs attachent l'importance sur l'aspect économique du
développement, c'est-à-dire l'orientation du développement
vers la croissance économique.
Or, pour qu'il y ait développement, il faut tout
d'abord qu'il y ait progrès de toutes les activités
économiques à la fois au point de vue quantitatif et
qualitatif.
En effet, le développement est un processus continu et
cumulatif qui s'accompagne de l'amélioration du niveau de vie moyen,
ensuite il faut qu'il y ait changement de la mentalité puis une
production des biens et services en vue de l'amélioration des conditions
de vie et de travail de la majorité de la population. Cela peut
entraîner un développement à la fois économique et
social, celui qui vise le bien être de la plus grande partie de la
population.
I.3.1. Développement
économique
La notion de développement en économie implique
une augmentation de flux des revenus réels c'est-à-dire un
accroissement des qualités des biens et services disponibles par
unité de temps dans une collectivité sociale donnée.
On peut parler du développement économique d'une
région, dans une nation on parle du développement
économique d'un secteur donné dans un milieu où il est
exercé. Dans ce cas, on vise à déterminer sa part dans la
création des biens et services au sein de cette nation ou de ce
milieu.
Pour GOFFAUX, le Développement économique
nécessite certains préalables comme53(*):
- Les facteurs de production disponible
- Un gouvernement efficace pouvant assurer un cadre
idéal aux investissements ;
- Un système d'instruction, générateur de
naissance de techniques nécessaires pour la combinaison des facteurs de
production ;
- Un esprit d'entreprise favorable aux investissements et
canalisés par le gouvernement ;
- Des investissements découlant de l'esprit
d'entreprise susceptibles de procurer un revenu suffisant par l'accumulation
des capitaux utiles aux investissements ultérieurs.
I.3.2. Développement
social
Alors que le développement économique est un
angle d'augmentation du flux des revenus réels, le développement
social quant à lui, vise l'amélioration des conditions d'une vie
longue et aisée54(*).
Pour qu'il y ait développement social, il faut
que les hommes soient physiquement bien ; que leur hygiène ne soit
pas déplorable, qu'ils soient suffisamment alimentés, qu'ils
soient assurés, que les meilleures conditions d'habitats soient
créées, que tout le monde puisse avoir l'occasion de se
distraire, qu'il règne un climat d'entente idéal entre les
différentes couches de la population55(*)
I.3.3. Développement
durable
Le développement économique est un angle
d'augmentation du flux des revenus réels. Le développement
social vise l'amélioration des conditions d'une vie longue et
aisée, le développement durable quant à lui est un
développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs. (Traduction anglaise du développement :
«development is that meets the needs of the present without compromising
the ability of future generations to meet their own need» ).
Le développement durable a plusieurs définitions
parmi lesquelles nous pouvons citer quelques unes.
- Le rapport bruntland : « un processus de
changement par lequel l'exploitation des ressources, l'orientation des
investissements, des changements techniques et institutionnels se trouvent en
harmonie et renforcent le potentiel actuel et futur de satisfaction des besoins
des hommes.
- La banque Mondiale (1992), un développement
soutenable est un développement qui dure, il ne faudrait pas que ceux
qui jouissent aujourd'hui des fruits du développement économique,
par une dégradation excessive de la ressource de la terre et par la
population, le fassent aux dépens des générations
futures.
- L'idée d'équité inter et
intra-générationnelle est mise en avant explicitement par John
Pezzey (1989) en ces termes : le développement durable sera
d'utilité non décroissante par tête en raison de son
évidente affinité avec les critères d'équité
entre génération. Le même rapport met l'accent sur la
préservation de la biodiversité pour son rôle d'assurance
face à l'incertitude des conditions futures. « la perte des
espèces végétales et animales peut grandement compromettre
les avantages des générations futures, aussi le
développement soutenable nécessite la protection des
espèces animales et végétales ».
Pour qu'il y ait développement durable, R.
Lélé dans un article de synthèse (1991,611)
énumère quelques objectifs. Il s'agit :
- La reprise de la croissance ;
- La modification de la qualité de la
croissance ;
- La satisfaction des besoins essentiels en ce qui concerne
l'emploi, l'alimentation, l'énergie, l'eau, la
salubrité ;
- La maîtrise de la démographie ;
- La réservation mise en valeur de la base de
ressources ;
- La réorientation des techniques et gestion des
risques, et il ajoute un neuvième, à savoir « rendre le
développement plus participatif », considère :
« cette formulation peut dès lors être
considérée comme représentant le
« moinstream » de la pensée du développement
durable56(*).
I.3.4. Les acteurs du
développement
Pour que le développement ait lieu de façon
harmonieuse, il faut des acteurs qui sachent saisir l'opportunité des
conditions au développement et les monnayer pour provoquer ce dernier ou
le poursuivre afin de lui donner tout son visage intégraliste :
croissance économique, développement égal, changement
(égal, transformation des mentalités, des structures et
habitudes, ...) et progrès (= diffusion du bien-être) tel que
compris par F. PERROUX.
Il existe donc des acteurs des développements. Ceux-ci
peuvent être formels ou informels. Un individu dont le comportement est
de l'ordre à favoriser le développement. Qu'ils soient formels ou
informels, ces acteurs du développement peuvent se retrouver au niveau
national ou international.
Dans le premier cas, ils vont de l'Etat un appui
institutionnel du développement partenaire incontournable mais
redoutable du développement, et de secteurs publiques (ministères
entreprises) aux autres institutions (ONG, Syndicat, organisation patronale,
parti politique, groupes sociaux, ...) voire à la population et aux
personnes physiques. Dans le second cas, il s'agira dans les acteurs
internationaux et transnationaux (organisations intergouvernementales :
gouvernements étrangers et même des firmes
internationales)57(*)
Dans un article, le professeur MAFIKIRI TSONGO identifie huit
acteurs intervenant en interaction sur le marché...dans les
régions ciblées par lui à savoir : l'Etat, les ONG,
les groupements paysans, les populations locales, les pays donateurs, les
institutions internationales, les institutions régionales, les courtiers
du développement, les entreprises privées58(*).
Les acteurs de développement sont multiples et les
associations des jeunes, les mutuelles familiales de la ville de Butembo en
sont parmi.
I.4. CONCLUSION DU CHAPITRE
Ce premier chapitre a tourné autour de la
présentation des concepts de base. Il comporte trois sections dont la
première tourne autour du concept solidarité en épinglant
les différentes définitions, les différents types de
solidarité et tant d'autres notions.
La deuxième section quant à elle
présente les notions autour du mot famille en insistant sur les
définitions, la famille comme système, la nuance entre famille et
ménage, la parenté, ...
Enfin, la troisième section présente un bref
aperçu sur les notions de développement.
Chapitre
deuxième PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET LES LIENS THEORIQUES ENTRE
LA SOLIDARITE ET LE DEVELOPPEMENT
II.1. PRESENTATION DU
MILIEU D'ETUDE
II.1.1. Aperçu
historique de la ville de Butembo
Avant l'installation de la minière des grands lacs
(MGL) dans la localité, cette partie du territoire de Lubero
était une brousse parsemée de quelques cafiers et formée
des plusieurs petits villages.
Butembo est connu en ce temps sous le nom de LUSANDO petit
village où résidait l'ancien chef de YORA du groupement
BUYORA.
Le mot « BUTEMBO » ne serait venu
qu'après par altération linguistique de
« MUTEMBO » un arbre géant qui se trouvait dans la
cours de la parcelle d'un vieux papa. C'est de cet arbre que dérive le
nom de Butembo qui donnera naissance au nom de toute l'agglomération
indigène.
A l'arrivée de l'homme blanc au Congo, il sera
créé des centres dont le rôle primordial sera la gestion
des terres dites domaniales. Cette stratégie entraînera par voie
de conséquence, non seulement la désagrégation des
unités structurelles, mais aussi l'instauration de deux régimes
fonciers.
D'une part, les terres indigènes gérées
suivant : la coutume d'autre part, les terres vacantes soumises au droit
court.
L'installation, en 1928 de la MGL, actuellement SOMINKI ;
Butembo offrait l'avantage de faciliter l'approvisionnement et la distribution
du matériel dans la partie Ouest du territoire de Lubero et en
territoire de Beni.
Au demeurant, il se constituera un centre administratif et de
négoce à Butembo.
Familiarisés à l'économie du
marché, les ouvriers de la MGL, retraités ou licenciés,
éprouvent de la peine à réintégrer leur milieu
coutumier. Il en va de même des employés des colons et des
« capita-vendeurs » des commerçants grecs. A la
suite de la demande pressante de la population, l'Administrateur du territoire
de Lubero autorisera celle-ci à s'installer sur ce lieu. Il s'en suivra
la création de la cité indigène par l'arrêté
du ministère des colonies du Congo Belge et du Rwanda-Burundi
N°21/503 du 23 Septembre 1949. L'ordonnance N° /138 du 15 mai 1956
soumettra la dite cité au régime de l'urbanisation
Son premier chef est : Romain MATOKEO MUSAVULI dans le
but d'attirer plus des populations et soucieux d'ériger Butembo en une
entité autonome, distribuera gratuitement des parcelles à la
population. Cette pratique attirait la population périphérique
ainsi que les commerçants grecs installés ou chef-lieu du
territoire (45 Km).
En 1958, le centre de Butembo accède au statut de
centre extra coutumier. En 1987, Butembo est reconnue comme cité moderne
parmi les citées créées par les ordonnances
présidentielles N° 87/238 du 29 juin 1987 portant création
de 83 cités en République du Zaïre.
En 1999, la cité de Butembo se voit dotée d'un
statut d'une ville par l'arrêté N°01/001 bis/CAB/GP-MK/99 du
29 septembre 1999 portant création des villes de Beni et de Butembo en
province du Nord-Kivu, par les autorités rebelles du RCD/K-ML qui
avaient choisi Beni comme siège de leur institution politique lors de la
2ème guerre dite de libération qui a
éclaté le 2/08/1999 en RDC.
En 2001, le président du RCD/K-ML signe en date du 22
décembre le décret N°2001/038 portant création et
délimitation de la ville de Butembo et ses communes en province du
Nord-Kivu.
En 2003, le président de la République
Démocratique du Congo, le Général major Joseph KABILA
signe le Décret N°042/2003 en date du 28 mars portant
création d'une ville pour hisser Butembo en ville après la
réunification du territoire nationale.
II.1.2. Situation
géographique
Butembo est une ville localisée à l'Est du pays
en Province du Nord-Kivu à 19 Km de l'équateur vers le Nord, elle
loge sur la route Bunia-Goma, la nationale N°4 et constitue la limite
centre Nord entre le territoire de Beni et celui de Lubero.
La superficie estimée à 190 km2
englobe une population d'environ 57245459(*) soit une densité de 3070 habitants au
kilomètre carré. Butembo compte quatre communes dont les
appellations et superficies approximatives sont les suivantes :
- Bulengera : 55,18 km2
- Kimemi : 42,25 km2
- Vulamba : 52,61 km2
- Mususa : 40,30 km2
II.1.3. Situation
démographique
La démographie signifie étymologiquement la
description de la population ou du peuple. Elle étudie aussi son
état et sa variation, c'est également une étude
quantitative d'une population donnée60(*).
Une ville qui croit est une ville qui grandit, elle est
comparable à un organisme vivant, disent les sociologues. C'est le cas
de la ville de Butembo. Il est vrai que l'augmentation d'une population peut
être à la base de sa croissance économique.
Certains auteurs économistes notamment THOMAS ROBERT
MALTHOS qui préconisait la limitation des naissances afin
d'éviter l'augmentation de la population car celle-ci, disait-il,
n'évoluait pas proportionnellement à l'augmentation des
substances, d'autres auteurs prétendent le contraire.
WILLIAM PAYER, un réformateur théologien
dit : la baisse de la population est le pire des maux que puisse subir un
état et l'on doit s'efforcer, quoi qu'il arrive d'y remédier en
priorité à tout autre objectif. Petit Jeune quant à
lui, déclare qu'« il est évident qu'un individu
enrichit son pays en conservant des enfants même s'ils devenaient
miséreux ».
En général, la ville de Butembo a une population
homogène, l'ethnie YIRA communément appelée NANDE,
représente la majorité de la population qui est constituée
d'autres ethnies en provenance du Kivu même des autres provinces de la
RDC et des étrangers. Cette population connaît en
général une croissance démographique rapide ;
certaines raisons pouvant être à la base de cette augmentation
rapide sont :
- l'exode rural dû au prestige que présente la
ville
- les naissances indésirables dues à la
prostitution des jeunes filles et garçons
- la présence des rescapés de guerre ;
- la non réglementation des naissances dans les foyers,
raison pour laquelle nous présentons le tableau que voici :
II.1.3.1. Tableau récapitulatif de la population
congolaise en ville de Butembo61(*)
Tableau N° 1 :
Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en
2005
COMMUNES
|
HOMMES
|
FEMMES
|
GARCONS
|
FILLES
|
TOTAL
|
KIMEMI
|
37 944
|
40 639
|
34 456
|
36 593
|
149 632
|
MUSUSA
|
39 919
|
43 535
|
31 405
|
37 476
|
152 335
|
VUMAMBA
|
44 105
|
47 218
|
32 265
|
34 525
|
145 113
|
BULENGERA
|
22 003
|
22 631
|
11 290
|
11 680
|
67 604
|
TOTAL
|
143 971
|
154 023
|
109 416
|
120 274
|
527 684
|
Source : Rapport annuel ville de Butembo
2005
Tableau 2 : Tableau
récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en
2006
COMMUNES
|
HOMMES
|
FEMMES
|
GARCONS
|
FILLES
|
TOTAL
|
KIMEMI
|
38 960
|
41 991
|
35 902
|
38 221
|
155 074
|
MUSUSA
|
40 563
|
44 101
|
31 813
|
37 859
|
154 336
|
VUMAMBA
|
44 398
|
47 613
|
32 569
|
34 911
|
199 491
|
BULENGERA
|
22 781
|
23 377
|
11 942
|
12 276
|
70 376
|
TOTAL
|
146 702
|
157 082
|
112 226
|
132 267
|
539 277
|
Source : Rapport annuel ville de Butembo
2006
Tableau N° 3 :
Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en
2007
COMMUNES
|
HOMMES
|
FEMMES
|
GARÇONS
|
FILLES
|
TOTAL
|
Kimemi
|
40650
|
44219
|
32811
|
38781
|
156461
|
Mususa
|
44867
|
48257
|
33006
|
35331
|
161461
|
Vulamba
|
23156
|
23731
|
12433
|
12848
|
72168
|
Bulengera
|
40812
|
44092
|
38981
|
41628
|
165513
|
TOTAL
|
149485
|
160299
|
117231
|
128588
|
555603
|
Source : Rapport annuel ville de Butembo
2007
Tableau N° 4 :
Tableau récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en
2008
COMMUNES
|
HOMMES
|
FEMMES
|
GARÇONS
|
FILLES
|
TOTAL
|
Kimemi
|
41497
|
45106
|
34273
|
40107
|
160983
|
Mususa
|
46008
|
49374
|
33602
|
35805
|
164789
|
Vulamba
|
23275
|
24094
|
13330
|
13939
|
74638
|
Bulengera
|
41886
|
46354
|
40962
|
43842
|
172044
|
TOTAL
|
152666
|
163928
|
122167
|
133693
|
572454
|
Source : Rapport annuel ville de Butembo
2008.
Comme on peut le constater, les 4 tableaux ci-haut
témoignent que la population de la ville de Butembo évolue de
531233 habitants (en 2004) à 572454 habitants (en 2008), soit une
augmentation de 51221 habitants.
Tableau N° 5 :
Taux d'accroissement de la population de Butembo
Sexe
Années
|
HOMMES
|
FEMMES
|
GARÇONS
|
FILLES
|
TOTAL
|
2005
|
143971
|
154023
|
109416
|
120274
|
527684
|
2006
|
146702
|
157082
|
112226
|
132267
|
539277
|
2007
|
149485
|
160299
|
117231
|
128588
|
555603
|
2008
|
152666
|
163928
|
122167
|
133693
|
572454
|
= 0,0275x100
= 2,75%3%
Nous constatons que le taux d'accroissement de la population
de Butembo est d'environ 3 %.
II.1.4. Milieu
socio-économique
L'économie comprend trois secteurs essentiels : le
primaire, le secondaire et le tertiaire.
II.1.4.1. Le secteur primaire
Ce secteur occupe la plupart des activités de la
population de Butembo qui sont essentiellement l'agriculture et
l'élevage.
a) L'agriculture
Elle occupe une grande partie de la population de Butembo.
Elle est traditionnelle et vivrière et elle constitue une source de
revenue pour une certaine catégorie des personnes qui vivent d'une part
de la production de leur champ (haricot, maïs, pomme de terre, patate
douce, manioc, banane et toutes sortes de légumes, ....) et d'autre
part, des produits de l'industrie destinés à l'exportation
(café, thé, quinquina, ...).
Suite à l'urbanisation, les lopins de terres
cultivables sont occupés par des maisons. Alors les cultivateurs
parcourent des longues distances pour pratiquer l'agriculture. D'où la
ville est alimentée en produits agricoles venant essentiellement des
milieux ruraux périphériques (Muhangi, Mangina, Maboya,
Isale, Kalunguta, Luotu, Masereka, Kipese, Muhila,...)
b) Elevage
L'élevage de petit bétail est pratiqué au
centre de Butembo, il s'agit de l'élevage des caprins, lapins et porcs,
Elevage de gros bétail représenté par les bovins et
pratiqué en dehors du centre de Butembo par les commerçants
surtout ceux qui y ont investi. Cependant, depuis un certains temps, celui-ci
est bloqué et ralenti par la dévastation causée par la
guerre au profit des forces de résistance (rébellion).
II.1.4.2. Secteur secondaire
Ce secteur englobe les activités industrielles et
artisanales.
II.1.4.2.a. L'industrie
Cette activité est encore au stade embryonnaire dans la
ville de Butembo. Les différentes entreprises industrielles existantes
sont les suivantes :
- Compagnie des Boissons du Kivu (COBKI) : pas
fonctionnelle pour le moment.
- La Menuiserie Industrielle de Butembo (MENUIBO) : pas
fonctionnelle pour le moment.
- La Savonnerie Industrielle de Butembo (SAIBU).
- L'huilerie et l'Industrie de la Craie : pas
fonctionnelle pour le moment
- Autres industries des traitements du café,
thé, palmier à huile, vins de banane, vins Takengo
- Industrie de Matelas (Mousse de Butembo)
Il convient de signaler que l'absence du courant
électrique, l'insuffisance de la matière première au
marché constitue un obstacle au développement harmonieux.
En plus, la plupart de ces industries sont mise en veilleuse
suite à la guerre dite de libération.
II.1.4.2.b. L'artisanat
Il assure la survie d'un bon nombre de la population de
Butembo. Cette activité englobe plusieurs métiers tels que la
cordonnerie, les maisons de beauté, de diffusion musicale, de
divertissement public, des spectacles, des bijouteries, de photocopieuses, de
stencileuses, des studios photos et musicales, d'architecture, ....
II.1.4.3. Le secteur tertiaire
Les activités observées dans ce secteur sont
multiples et variées.
II.1.4.3.a. Le commerce
Depuis l'époque coloniale, Butembo a toujours
été un centre qui se veut commercial. Cette pratique a vu le jour
par le biais des employés, des colons, des capita-vendeurs, des grecs et
des ouvriers retraités ou licenciés de M.G.L. qui tous
étaient déjà familiarisés à
l'économie du marché.
Ainsi, du centre de négoce on est arrivé au
complexe économique d'aujourd'hui. Par ailleurs, sa position
géographique est tellement stratégique que l'évolution de
commerce est facile.
En effet, cet asile se situe sur la voie routière qui
lui permet d'échanger avec les pays de l'Est et qui l'ouvre à
l'océan Indien par le port maritime de Mombasa pour ainsi atteindre
l'Orient.
Par ces contacts commerciaux, Butembo s'institue en
géant économique au centre des trois provinces en
l'occurrence : Sud-Kivu, Nord-Kivu, province Orientale.
Butembo en 2006 est une ville enviée de toutes les
villes du Congo et où les activités économiques vont bon
trait par rapport aux autres villes de la RDC, en cette période de
post-conflits.
La ville de Butembo est un centre à caractère
commercial et industriel, mais le caractère industriel est le plus
dominant. Sur terrain, le commerce se manifeste par la présence des
magasins d'articles divers, les boutiques tout au long des rues, les mouvements
d'import et export ; la fréquentation quotidienne des succursales
(Banques, coopératives, micro finances, ...). Les journées de
lundi et jeudi sont caractérisées par la vente des articles. En
effet, durant ces deux jours de la semaine, Butembo accueille les gens qui
viennent de tous les coins du Congo. Mercredi et samedi sont les jours
où les habitants de la campagne viennent vendre leurs produits agricoles
et s'approvisionner à ceux des premières
nécessités. A part le marché central d'autres petits
marchés périphériques sont inondés des gens faisant
leurs transactions.
II.1.4.3.b. Les services
Butembo réunit à son sein le service essentiel
à l'administration et fonction publique, affaire foncière, mine
et énergie, hydrocarbure, le tribunal de grandes instances et autres
services délégués à la REGIDESO, SONAS, OFIDA,
à la voirie urbaine, aux institutions bancaires,..., les
secrétariats publiques, service d'Internet, ... (Sociétés
étatiques, para-étatiques...).
II.1.4.3.c. Le secteur d'enseignement
Butembo est une ville intellectuelle avec des écoles de
grande réputation (écoles primaires, secondaires,
supérieures et universitaire).
Actuellement, elle dispose d'une division et d'une sous
division pour coordonner les activités de l'EPSP. A ce propos, Butembo
regorge de plusieurs écoles primaires et secondaires reparties dans les
différentes communes de la ville.
- 13 institutions supérieures publiques et
privées
- 6 universités publiques et privées
agréées par le pouvoir public
- Plus de 110 centres de formation professionnelle et
métiers.
II.1.4.3.d. Voies de communication
Les routes sont les voies de communication les plus
utilisées à Butembo. Malheureusement, suite au manque d'entretien
et des pluies diluviennes continuelles, elles sont souvent en mauvais
état.
En plus des routes, il dispose de l'aérodrome qui
reçoit seulement des petits porteurs à Rughenda avec une piste de
880 m. Cette piste accueille des petits avions comme LET 410 qui assurent le
transport des personnes et des marchandises à destination des pays
voisins ou d'autres villes de la RDC.
Par ailleurs, les communications épistolaires et
téléphoniques sont assurées par l'office congolais de
poste et télécommunication. Les réseaux ZAIN, VODACOM, CCT
et TIGO et autant des services privés, les cybers-café
(Internet), fax, phonie, ...
Enfin, la communication auditive est assurée par les
radios locales. Ici, on a 10 stations de radio (Public & privée).
II.1.4.3.e. Secteur culturel
Dans le domaine de la culture et Art, la ville de Butembo
regorge d'une multitude des divers artistes : sculpteurs, peintres,
cachetteries, courtiers, bijouteries, menuiseries, coiffeurs,
réparateurs, mécaniciens, cordonniers, ferrailleurs, ....
Il existe des laboratoires pour nettoyage photos, des
photocopieuses, des imprimeries, des secrétariats publics, des
discothèques, vidéothèques, centre de formation, art
culinaire.
Concernant les maisons de culture, nous avons des salles de
cinéma, bibliothèques, des salles polyvalentes, stadium de
basket-ball, football, des buvettes, bars, et hôtels. Pour la culture
documentaire, il y a lieu de citer celle de l'Université Catholique du
Graben et du scolasticat assomptionniste Bulengera et bien d'autres
bibliothèques.
II.1.4.3.f. Secteur sanitaire
Le département de la santé dispose en ville de
Butembo le siège du district sanitaire de Butembo qui assure le relais
entre les zones de santé et l'inspection provinciale de la santé
publique sous la coordination du médecin chef de district sanitaire.
Sur le plan structurel, deux zones de santé
fonctionnent en ville de Butembo, il s'agit de :
- La zone de santé de Butembo supervisant les
structures sanitaires des communes de KIMEMI et VULAMBA
- La zone de santé de Katwa supervisant les structures
sanitaires des communes de BULENGERA et MUSUSA.
* La zone de santé de Butembo comprend à son
sien un hôpital général de référence à
KITATUMBA, 15 centres de santé, une cinquantaine des postes de
santé et des dispensaires, trois centres de soins ophtalmologiques, des
laboratoires d'analyses médicales et plusieurs dizaines d'officines
pharmaceutiques reparties dans les 19 aires de santé62(*).
* La zone de santé de Katwa est constituée de 36
structures sanitaires et 27 aires de santé. Elle renferme un
hôpital général de référence et 153
formations sanitaires, centres de santé, centres
médico-chirurgicaux, dispensaires, cliniques, laboratoires, ...63(*).
II.1.4.3.g. Statut juridique.
A l'instar d'autres villes de la RDC, la ville de Butembo est
une entité administrative décentralisée (EAD)
créée d'abord par arrêté 01/001/BIS/CABGP-NK/99 du
23 septembre 1999 du Gouverneur de la province du Nord-Kivu à la
personne de KAYISAVERA MBAKE puis, après réunification, par
décret présidentiel N° 042/2003 du 28 mars 2003 du
Président de la République, Son Excellence Monsieur Joseph KABILA
KABANGE.
II.2. LA SOLIDARITE COMME
MODE DE DEVELOPPEMENT
Le sujet de notre thème étant «
solidarité, famille et développement
socio-économique », nous voulons à présent voir
s'il existe une interaction et le développement à Butembo.
Instruit par l'observation et par l'histoire de notre peuple,
nous constatons que les hommes sont organisés en famille, tribus ou
ethnies, et qu'ils vivent ainsi en ville comme à la campagne,
soudés par un même principe moteur à savoir : la
solidarité.
Notre société YIRA est régie donc par
cette valeur communautaire fondamentale, la solidarité, en tant que
principe de cohésion ou mieux d'organisation sociale, comprise comme
modèle de vie, c'est-à-dire de communication et de production. La
solidarité peut alors être posée ici comme fondement
éthique à priori du comportement extracorporel. En celui qu'elle
peut vraisemblablement se refléter dans l'économie :
celle-ci étant compris comme « visualisation »
programmée au couple besoins-moyens de satisfaction ou mieux de la
double dimension affectivité et discursivité.
Les implications de la solidarité classique dans
l'économie actuelle mènent à une
réévaluation du sens et de contre sens. En allant de l'Ethique
solidaire à l'économie solidaire, la
contemporanéité de nos citoyens se retrouve
déséquilibrée. Les hommes en rupture ou plus
précisément en tension avec ce que DIDIER appelle leur
« étant central fluctuant »64(*), se surprennent finalement en
quête d'un ailleurs pouvant panser, comme dit FLEM65(*), leur indenté
meurtrie.
Comment alors concilier les exigences du développement
avec celles d'une survie culturelle authentique, c'est-à-dire pondre sur
une superficie morale
Il faut, pensons-nous, envisager un renversement de la
situation par une inversion du schéma habituel qui a conduit enfin de
compte à un désoeuvrement massif et parasitaire des ressources
humaines endogènes. En ce sens que les exigences réelles et
présentes de la vie économique concrète influent sur la
façon de comprendre et de vivre les relations sociales veut permettre
aux membres de la société YIRA de produire et de répartir
leur bien d'une manière telle que le bien ou le mieux-être soit
possible et renouvelable, souhaitable et poursuivable.
Aujourd'hui, il convient d'entasser le compte à rebours
vers le point de départ logique et chronologique, c'est-à-dire
vers la « capitalisation »de l'Astre « qui selon
Homère, vient à l'arrière-saison et dont les feux
éblouissants éclatent au milieu des étoiles sans nombres,
en plein coeur de la nuit »66(*) cet astre dont parle Homère dans le
XXIIe chant de l'Iliade, c'est bien entendu l'homme, et tout homme,
ceci pose justement comme nécessaire, la restitution de l'initiative aux
individus, seuls capables d'engendrer leur avenir.
Lorsque les individus renoncent à leurs charges
historiquement humaines, à savoir celle de cultiver la création,
plus rien ne sera à sa place. C'est ainsi que la crise (ou le chaos
souverain) vient à signifier pour un peuple, sinon l'incapacité,
tout au moins l'impossibilité de « savoir créer de
nouvelles richesses »67(*) où les gens ne sont pas à leur place.
Les besoins sont aussi déplacés et se faisant les moyens d'y
parvenir ou mieux littéralement disqualifiés.
La solidarité est sûrement distancée par
la rigueur des conditions de vie actuelles. C'est ainsi que du rôle
pacifique et intégrateur qu'elle jouait, elle est passée à
celui des déstabilisateur social des foyers : elle bloque
l'organisation rationnelle de la gestion tant publique que privée. C'est
le sens que l'on peut donner aujourd'hui à certaines pratiques sociales
encore en vigueur dans le comportement de nos citoyens : tribalisme,
régionalisme, sectarisme, etc. Ce sont là quelques exemples types
d'une solidarité, avertie, stérile et figée. En
découle le parasitisme, ou la loi du moindre effort. On en est
arrivé à une fossilisation sociale évidente que
complète qui retarde le développement. La démission la
porte ou le manque d'initiative collective et l'essoufflement de quelques
hommes et femmes jusque là producteurs, voilà la crise,
c'est-à-dire, l'anti-création ou le contre
développement.
Cette impasse fait obstacle à toute
« traversée » pourtant la solidarité a
résisté à l'usure et a survécu au modernisme
envahissant. Il se pose donc, pour notre peuple à la fois un
problème d'adaptation et de création. En d'autres termes, notre
histoire « se faisant » pour emprunter l'expression de
Raymond Aron plaide pour un dialogue des cultures d'une part entre tradition et
temps moderne et d'autre part entre authenticité et exotisme.
Dégeler l'impasse signifiera alors : compter
d'abord sur soi en tant que sujet investi de créativité et
ensuite, sur l'écoute du monde tant traditionnel que moderne, aussi bien
endogène qu'exogène.
Ce qui est mis en relief, à ce niveau, c'est l'impact
évident de la solidarité d'un côté et de l'autre la
nécessité de tenir compte de cet impact pour opérer et
expliquer aujourd'hui des changements sociaux en égard des exigences du
croisé espace-temps. Ce sont là autant d'agréments qui
militent pour une reconsidération du sens ou, pour ainsi dire, de
l'au-delà de cette solidarité dans l'intérêt de son
meilleur réinvestissement en société car tout en
étant informelle, la solidarité réside à la mise en
forme de nos besoins, dans leur effective (satisfaisante). En cela, comme
structure théorique sociale, elle est une arme pour le
Développement de notre peuple.
II.2.1. La solidarité
comme mode de communication
Autrement dit, ce que la solidarité entraîne dans
l'organisation de l'action socio-économique c'est qu'il s'agit là
d'abord d'un mode de communication ; la composition, c'est-à-dire
l'unification et la complicité qu'elle suscite dans le rassemblement des
membres, finissent par faciliter aussi l'échange d'informations et de
renseignements utiles au sein de la communauté : on échange
ainsi des rêves, des gestes, des faits, etc.
Par ailleurs, le sentiment d'appartenance qu'elle crée
avec le temps, se révèle fondationnel à la dynamique de la
vie sociale. Elle soude finalement les différentes expériences au
point de provoquer la réalisation d'une identité
référentielle commune chez les membres. En outre, sur le plan de
la socialisation des individus, elle facilite sans contrainte la canalisation
des biens privés en émoussant l'égocentrisme ou
l'individualisme.
Il n'est pas dit que la solidarité est un instrument de
communication ; elle est plutôt un mode en tant qu'espace
nécessairement et toujours déjà plural. Si on admet ici
que le langage est un produit social résultant inévitablement
d'une rencontre des consciences questionnantes. En cela aussi, la
solidarité devient une arme pour la paix ; car en tant qu'ouverture
sur « l'autre » et donc sur le monde, elle fait
disparaître ou atténue, chez les sujets invités ou
face-à-face, la violence originaire : convertissant ainsi
l'affrontement en confrontation.
II.2.2. La solidarité
comme mode de protection et de gestion
Du premier aspect découle le second que les gens aient
la même foi dans les sens de leur avenir, cela signifie qu'ils sont
ensemble. Qu'ils composent. Ils sont prédisposés en principe du
moins ; à associer leur efforts pour construire ensemble :
c'est-à-dire « pour aller au-devant de l'avenir »
68(*).
Une production collégiale implique une
répartition équitable des biens. Pour cela aussi ; la
solidarité à une vertu communautaire.
Partant, c'est justement cet aspect qui, en elle,
éclate et sait parvenir au point de rendre ce mode à la
production et à la distribution inefficace. Ce qui est
rétribué dans la vie du travailleur n'étant ni son clan,
ni sa tribu mais seulement son effort individuel, la répartition des
biens en société change dés cors de logique. La survie du
clan cesse de défendre objectivement du seul revenu de l'oncle ou du
frère commerçant, fonctionnaire etc. car, cette espèce de
vie « en remorque » ne fait que freiner la marche vers le
mieux-être. De même qu'on ne saurait superposer des navires les
cens sur les autres pour traverser avec succès l'Atlantique, il est pour
ainsi dire absurde de concevoir un développement individuel ou
communautaire dans une société ou tout un village nourrit la
prétention et des illusions de s'enrichir avec le salaire d'un seul
homme. De même, aucun oiseau ne pouvait naturellement réussir un
vol, avec toute la colonie sur son dos.
La sagesse proverbiale recommande donc une certaine
rationalisation des besoins et des moyens de les satisfaire comme repaire
indispensable d'humanité, la solidarité est à
récupérer d'abord, à purifier ensuite et à
réemployer enfin. Il faut pour cela renverser en elle ce qu'il y a de
déclin : l'attentisme, le moindre effort.
Le parasitisme, bref, le désoeuvrement collectif.
II.2.3. Comment amener un
redressement national?
La mésintelligence de la solidarité a conduit
à un mauvais usage de celle-ci. La crise économique comprise,
cette optique est en manifestation irrécusable « d'erreur de
priorités »69(*) ; due à un fondement théorique
inadapté, résiduel.
Cependant, bien qu'en bute à la vitesse de changement,
cet à priori ne cesse pas de régenter la vie communautaire des
congolais en général et des bubolais en particulier. Reste
à présent à savoir comment revaloriser cet
« incontournable » comme elle fait appel au grand nombre,
la solidarité peut être pensée comme une
« fenêtre » sur le développement.
II.2.3.1."Capitaliser" l'homme et tout homme
Le développement est une affaire publique dès
qu'il touche une population, une communauté, il intéresse tout le
monde. De même sa lutte devra être collective et concertée,
contribution des forces vives de la nation à l'effort de construction
suppose d'abord que les citoyens aient compris ce qu'ils veulent et qu'en
suite, ils préfèrent du « cru » ou
« <cuit » car, dira Finkielkraul 70(*) le don est toujours
déjà « prédateur » il aliène,
avilit, assujettit et donc, il déshumanise.
Cette entreprise exige un préalable :
réhabiliter l'homme, « la ressource la plus rare ».
D'après LINDER71(*), l'investissement humain est posé comme
préface obligée à tout progrès, le
développement doit se concevoir, pensons-nous, comme autoposition
incessamment renouvelée.
La question n'est donc pas de recourir aux
« corrigés » remède d'hier et ou d'ailleurs,
c'est-à-dire donner à chaque homme et à chaque femme la
possibilité d'une mise en oeuvre de son énergie tant physique
qu'intellectuelle.
Il s'agit au fond d'éviter deux types d'inclination
complaisante : ici le mimétisme qui se traduit facilement par un
snobisme effréné et identifiable par l'accumulation gratuite et
insensée de « prêt-à-porter », du
« prêt-à-manger » bref, du
« prêt à consommer ». On évitera
là aussi, la reproduction « intemporelle » et
« impersonnelle » des réponses naguère
performantes, mais aujourd'hui hors d'usage.
Néanmoins, le problème d'adaptation et
d'invention n'exclut nullement le maintient du traditionnel ni encore moins
l'apport de l'étranger. Le tout est bien sûr question de savoir
doser. C'est-à-dire de savoir choisir et le choix est logiquement
fonction de l'information reçue et détenue.
II. 2.3.2. Instruction ou éducation
La responsabilisation des citoyens est une condition
nécessaire. Il en faut une autre cependant, comme suffisante, afin de
rendre effective la prise en charge tant individuelle que collective de la
question du développement. Il s'agit de l'instruction. Le savoir est un
pouvoir et au fait DERIOT affirmait déjà à propos de la
puissance d'ISRAEL que « les meilleurs armes pour gagner la
guerre sont celles des prévisions et de l'information parce qu'elles
conditionnent la mise en oeuvre des autres moyens72(*). Il s'agit d'améliorer
les citoyens à penser à leur développement afin de les
aider à vivre autrement et mieux.
Instruire, c'est armer non pas contre soi, mais plutôt
contre l'ignorance, les misères, les maladies, l'esclavage et toute
sorte de bassesses et de maux. Il s'agit d'accroître en chacun la
capacité du travail et la maîtrise de soi et de son environnement
naturel et social. La nécessité d'équiper tout le monde
s'explique donc par le souci de rendre l'initiative de création à
tous les hommes et à toues les femmes valides. Car, voir et savoir par
soi-même et faciliter le choix et l'engagement. Bref, l'instruction
cherche à rendre tous les citoyens libres, maîtres
d'eux-mêmes, responsables de son devenir et de celui de la
communauté. Et cela, c'est également une preuve de respect et
d'amour envers les autres. Ce faisant, l'accumulation intellectuelle devient
aussi une condition « extra économique, nécessaire au
développement 73(*).
La valorisation du capital humain se révèle
être seul grand problème resté jusqu'alors résolu.
Valoriser et réhabiliter les ressources humaines impliquent un
remodelage des structures mentales et sociales. Ce qui est rendu possible par
l'instruction contemporaine, une véritable synthèse pouvant nous
permettre de faire sauter les blocages, tout en sauvegardant la
solidarité comme fondement éthique traditionnel.
L'éducation de la population est indispensable non
seulement pour récuser le modèle traditionnel de la
solidarité classique, mais aussi pour lui insouffler un feu d'esprit
critique, en ce sens que les idées étant un investissement, leur
bouillonnement finira par répandre au sein de la société
congolaise un état d'esprit logique, un certain rationalisme, base de
tolérance intellectuelle selon MONTENAY 74(*). Ainsi, la préparation culturelle doit
enfanter sinon le développement proprement dit, tout au moins ses
intuitions, c'est-à-dire sa préoccupation. Comme la croissance
économique a également l'éthique pour fondement, il est
clair que l'essentiel du développement est culturel, pourtant, il
convient de considérer l'éducation en tant
qu'antériorité logique de toute action dans ce domaine, comme
priorité.
II.3. CONCLUSION DU
CHAPITRE
Notre deuxième chapitre porte sur la
présentation du milieu d'étude et les liens théoriques
entre la solidarité et le développement.
Pour la présentation du milieu d'étude (la ville
de Butembo) nous esquissons d'abord un aperçu historique de la ville de
Butembo, sa situation géographique, démographique et
socio-économique.
Concernant la solidarité comme mode de
développement, nous avons examiné la solidarité comme mode
de communication, de production, de gestion et comme moyen de redressement.
Chapitre
troisième ANALYSE DE LA SOLIDARITE FAMILIALE FACE AU DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE EN VILLE DE BUTEMBO
Ce troisième chapitre est consacré à
l'analyse de la solidarité en décelant sa contribution au
développement local et surtout son impact sur l'économie.
Nous présentons successivement les points
suivants : la brève description de l'échantillon, la
contribution de la solidarité familiale au développement des
activités économiques, les formes de solidarité en ville
de Butembo et enfin les motifs de la création de différentes
mutualités. Avant d'en là arriver, présentons de prime
abord une brève description de l'échantillon.
3.1. BREVE DESCRIPTION DE
L'ECHANTILLON
Rappelons que cet échantillon est constitué de
100 familles, 100 membres de ces foyers et 100 commerçants de Butembo.
Les questions se rapportant aux familles étaient adressées aux
chefs de ces différents ménages dont les caractéristiques
sont présentées dans le tableau suivant.
Tableau N° 6 :
Profil des chefs des familles enquêtées
Modalités
|
Différentes possibilités
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Ages
|
de 50 - 60 ans
|
22
|
22
|
de 60 - 70 ans
|
59
|
59
|
de 70 - 80 ans
|
19
|
19
|
plus de 80 ans
|
-
|
-
|
Sexe
|
Masculin
|
100
|
100
|
Féminin
|
-
|
-
|
Profession
|
Agriculteurs
|
35
|
35
|
Commerçants
|
26
|
26
|
Agents de la fonction publique
|
18
|
18
|
Artisanat
|
21
|
21
|
Source : Nos enquêtes.
La majorité des chefs de famille ont l'âge
compris entre 60 et 70 ans et voici leur profil dans le tableau
ci-dessous :
Tableau 7 : Profil
des membres des familles
Modalités
|
Différentes possibilités
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Ages
|
de 20 - 30 ans
|
3
|
3
|
de 30 - 40 ans
|
10
|
10
|
de 40 - 50 ans
|
61
|
61
|
de 50 - 60 ans
|
21
|
21
|
de 60 - 70 ans
|
4
|
4
|
de 70 - 80 ans
|
1
|
1
|
80 ans et plus
|
-
|
-
|
Sexe
|
Masculin
|
100
|
100
|
Féminin
|
-
|
-
|
Profession
|
Agriculteurs
|
48
|
48
|
Commerçants
|
15
|
15
|
Agents de la fonction publique
|
13
|
13
|
Artisanat
|
22
|
22
|
Chômeurs (sans emploi)
|
2
|
2
|
Source : Nos enquêtes.
61 % des membres des familles qui ont été
enquêtés ont l'âge situé entre 40 et 50 ans sont tous
des hommes. En effet, les mutualités familiales masculines sont toujours
séparées des mutualités familiales féminines dans
plusieurs familles de Butembo. La plupart des membres sont des agriculteurs ou
des commerçants.
Tableau N° 8 :
Profil des commerçants enquêtés
Modalités
|
Différentes possibilités
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Ages
|
de 20 - 30 ans
|
21
|
21
|
de 30 - 40 ans
|
30
|
30
|
de 40 - 50 ans
|
42
|
42
|
de 50 - 60 ans
|
4
|
4
|
de 60 - 70 ans
|
2
|
2
|
de 70 - 80 ans
|
1
|
1
|
80 ans et plus
|
-
|
-
|
Sexe
|
Masculin
|
98
|
98
|
Féminin
|
2
|
2
|
Source : Nos enquêtes.
Nous avons plus rencontré les jeunes
commerçants. Dans ce travail, est appelé commerçant, toute
personne qui effectue régulièrement l'opération d'achat et
de vente de différents biens : les produits manufacturés,
les vivres, les médicaments, ...
3.2. CONTRIBUTION DE LA
SOLIDARITE FAMILIALE AU DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES
3.1.1. Fonds mobilisés
par différentes mutualités par mois
Dans notre problématique, nous avons cherché
à connaître s'il existe un lien entre solidarité familiale
et développement économique à Butembo. Nous avons d'abord
demandé à nos enquêtés s'ils trouvaient qu'il existe
un lien entre solidarité (mutuelle familiale) et commerce. Ensuite, nous
avons cherché à connaître quelle place ils accordent
à leurs familles dans l'exercice de leurs activités.
A. Sources de financement
Les sources de financement des mutualités familiales
sont les cotisations des membres et quelque fois une activité lucrative
de toute la famille.
Le tableau suivant présente les différentes
sources de revenu de ces mutualités
Tableau N° 9 :
Sources principales des fonds des mutuelles familiales
Différentes sources
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Cotisation des membres
|
80
|
80
|
Activité Autofinance
|
5
|
5
|
Autres sources
|
15
|
15
|
Source : Nos enquêtes.
De ce tableau, il ressort que 80 de mutuelles familiales ont
comme sources de financement les cotisations ; une faible proposition des
membres des entreprises autonomes (5) et 15 tirent leurs finances des autres
sources comme les dons.
a) Cotisations des membres.
Dans les familles où les cotisations constituent la
source principale, les membres versent la valeur des cotisations mensuelles et
les fonds mobilisés se présentent, par mois, en moyenne comme
suit :
Tableau N° 10 :
Fonds mobilisés mensuellement par les mutuelles (en moyenne)
Tranche en $
|
Centre xi
|
Effectif ni
|
%
|
xini
|
ni
|
10-20
|
15
|
10
|
12,5
|
150
|
2250
|
20-30
|
25
|
66
|
82,5
|
1650
|
41250
|
30-40
|
35
|
2
|
2,5
|
70
|
2450
|
40-50
|
45
|
1
|
1,25
|
45
|
2025
|
50-60
|
55
|
1
|
1,25
|
55
|
3025
|
TOTAL
|
|
80
|
100
|
1970
|
51000
|
Source : Nos enquêtes et
calculs.
La variance : V(x) =
=
= 31,109375
L'écart-type :
= 5,58
Le coefficient de variation : CV =
=
Nous constatons que la moyenne mensuelle de fonds
mobilisés par les mutuelles familiales est de 24,625 $ avec un
écart-type de 5,58$. Nous constatons aussi que la dispersion autour de
la moyenne est petite autour de la moyenne est petite car le CV = 22,66% <
30%.
Aussi, ce tableau révèle que la majorité
des mutualités mobilise 20 à 30 $ par mois en moyenne. Peu de
membres seulement ont une ressource mensuelle autour de 50 $. Les cotisations
mensuelles fixées par membre sont présentées dans le
tableau suivant.
Tableau 11 :
Cotisations mensuelles
Tranche en $
|
Centre xi
|
Effectif ni
|
%
|
xini
|
ni
|
1-10
|
5,5
|
45
|
56,25
|
247,5
|
1361,25
|
10-20
|
15
|
14
|
17,5
|
210
|
3150
|
20-30
|
25
|
15
|
18,75
|
375
|
9375
|
30-40
|
35
|
4
|
5
|
140
|
4900
|
40-50
|
45
|
2
|
2,5
|
90
|
4050
|
50-60
|
55
|
0
|
0
|
0
|
0
|
TOTAL
|
|
80
|
100
|
1062,5
|
22836,25
|
Source : Nos enquêtes et calculs
Variance = V(x) =
= 109,06
Ecart-type =
CV =
La contribution mensuelle est de = 13,28 $ avec un écart-type de 10,44$. La dispersion autour de
la moyenne est grande car CV = 78,63%>30%.
Dans plus de 50 % des familles, les cotisations par individu
varient entre 1 et 10 $. La faiblesse de ces cotisations est expliquée
par l'insuffisance du revenu mensuel pour la majorité de la population
de Butembo.
Signalons que nos enquêtes ont relevé le
problème d'irrégularité de cotisation dans la plupart de
familles. Les membres libèrent difficilement leurs parts alors que la
valeur mensuelle à payer est fixée en collégialité.
Ainsi, l'on se rend compte que les contributions restent la charge des membres
qui ont un revenu relativement élevé ou ceux qui sont sensibles
aux problèmes familiaux. Ces derniers se trouvent de ce fait très
surchargés car l'irrégularité des autres les oblige de
cotiser au-delà de la valeur mensuelle fixée. Etouffées
par des problèmes familiaux, leurs épargnes sont menacées
tel qu'il est indiqué plus loin dans les désavantages de la
solidarité.
b) Activités d'autofinancement
Comme nous l'avons indiqué, 5 % de famille tirent leurs
ressources de différentes activités suivantes
Tableau 12 :
Activités d'autofinancements des familles.
Activités
|
Elevage
|
Maison mise en Location
|
Taxis motos
|
Total
|
Effectifs
|
1
|
1
|
3
|
5
|
Pourcentages
|
20
|
20
|
60
|
100
|
Source : Nos enquêtes.
20 % de ces familles pratiquent l'élevage familial de
choix sur leur terre coutumière en vue d'alimenter la caisse familiale.
Certains décident de mettre leur maison en location, pour cette fin et
d'autres se sont procuré des taxis-motos. Dans toutes ces familles, les
cotisations ne constituent pas la source principale d'autofinancement :
elles sont réalisées occasionnellement en cas d'urgence.
Toutefois la source principale de l'élevage et des taxis-motos
constituent des cotisations volontaires des membres. La maison mise en location
est souvent le fruit de l'héritage.
c) Les Autres sources
Les 15% des familles indiquées dans ce travail tirent
leur financement principal des dons. Ce sont des familles dans lesquelles l'on
retrouve une personne de rang très élevé : les
ministres, les prêtres de haut rang, les politiciens, les fils ou filles
vivant en Europe, ... qui suppléent à tous les problèmes
posés par la famille. Des réunions familiales sont faites tout
simplement pour échanger les idées. Les cotisations individuelles
ne constituent pas leurs préoccupations comme ils ont déjà
un sponsor.
B. Affectations des Ressources des
Mutualités.
Comme surgit le problème d'absence de documents
écrits dans la plupart de cas, ce travail présenté les
affectations qui ont été réalisées par nos
enquêtés, la dernière année(2008).
Tableau 13 :
Informations sur les affectations des ressources des mutuelles
Affectations
|
Effectifs des familles
|
Pour-
centages
|
Moyenne sommes tirées de la caisse
familiale
|
Mariages
|
23
|
15,8
|
405 $
|
Deuil
|
58
|
39,8
|
633,2 $
|
Maternité
|
19
|
13
|
168,4 $
|
Scolarisation des enfants
|
6
|
4,1
|
120,5 $
|
Accorder le Capital Financier aux membres
|
15
|
10,2
|
302 $
|
Prêts aux membres
|
21
|
14,4
|
177 $
|
Dons accordés
|
4
|
2,8
|
29 $
|
Total
|
146
|
100
|
1533 $
|
Source : Nos enquêtes.
Précisons que le total au-delà de 100 (effectif
de l'échantillon) est expliqué par plusieurs sortes de
cotisations par la même famille dans différentes mutuelles
enquêtées car une même famille finance parfois le mariage,
le deuil, la maternité, ...
Le tableau ci-haut indique que la grande partie des ressources
des mutualités familiales a été affectée
respectivement aux deuils, puis aux mariages, au financement des
activités des membres, aux prêts, aux frais de maternités,
...
Dans ces familles, à part les contributions
individuelles, ces sommes ont été décaissées
à partir des caisses familiales dont l'importance varie en fonction des
éléments suivants :
- l'effectif des membres réguliers dans les cotisations
lorsqu'elles constituent la source principale ;
- la valeur de la cotisation ;
- le niveau de revenu des membres, c'est-à-dire le rang
social des membres de famille ;
- le degré de sensibilité des membres aux
problèmes familiaux.
- la part octroyée régulièrement par le
sponsor (dans les familles qui en ont )
- la bonne gestion des ressources
Au vu du résultat contenu dans le tableau ci haut,
malgré les inconvénients attribués à la
solidarité familiale, il est clair qu'elle contribue, tant soit peu,
à l'activité économique du milieu, surtout au niveau de la
microéconomie familiale. Elle permet de financer les grosses
dépenses de mariages, des deuils, des maternités ;
d'octroyer les capitaux financiers et les prêts. Dans certaines familles
(surtout pauvres), les enfants sont scolarisés grâce aux
ressources mobilisées par toute la famille. D'où
l'hypothèse de départ qui est confirmée partiellement.
C. Système de gestion des mutualités
familiales.
L'information obtenue à ce propos est contenue dans le
tableau suivant.
Tableau N° 14 :
Informations sur la gestion des mutualités familiales.
Modalités
|
Ont des documents de base
|
N'ont pas de document
|
Ont un compte dans l' IMF
|
N'ont pas de compte
|
Effectifs
|
18
|
82
|
5
|
95
|
Pourcentages
|
18%
|
82%
|
5%
|
95%
|
Total
|
100%
|
100%
|
Source : Nos calculs.
La majorité des familles (82%) n'ont pas de documents
écrits. L'oralité prime sur l'écrit ; ce qui est
dangereux pour la gestion. Seules les cotisations sont actées. Les
affectations sont connues en tête, selon nos enquêtes. Ceci peut
pourtant conduire à l'arbitraire. Le faible niveau d'instruction des
membres dans diverses familles peut expliquer ce fait, ainsi qu'un degré
élevé de confiance mutuelle. 95% gardent leur argent à
domicile. Selon les concernés, c'est pour que l'argent soit toujours
plus disponible. Ils évitent d'aller à la banque tous les jours.
Pour cela, ils fabriquent des caisses «tire-lire» gardés par
une personne et la clé par une autre pour plus de
sécurité. Cette pratique n'est pas rassurante pour la bonne
gestion des mutualités familiales.
3.1.2. Solidarité et
commerce en ville de Butembo.
Donner à la famille un rôle
dans le commerce a de quoi surprendre, cependant cette dernière joue un
rôle très important dans le commerce à Butembo.
Nous avons pu demander à nos enquêtés (100
commerçants), quel était le rôle de la famille dans leur
commerce. Ainsi, nous avons obtenu les résultats suivants :
Tableau 15 :
Rôle de la famille dans le commerce
Votre famille
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Vous a encouragé
|
30
|
30
|
Vous a été indifférente
|
10
|
10
|
Vous a aidé
|
40
|
40
|
Vous a déconseillé
|
10
|
10
|
Sans réponse
|
10
|
10
|
TOTAL
|
100
|
100
|
Source : Nos enquêtes.
Les encouragements des membres de la famille
représentent 30 % des commerçants de Butembo pour le
démarrage de leurs activités commerciales. La proportion de
l'indifférence présente 10 % alors que les aides
représentent 40 % et que 10 % sont les familles qui ont
déconseillé leurs membres à ne pas entreprendre une
activité personnelle (10 % sans réponses).
L'environnement affectif du créateur est donc important
et le suivi de ses préoccupations aussi. Le créateur est de moins
en moins isolé seul face à son projet.
Les commerçants ou les entrepreneurs donnent de
l'importance à leur famille et aspirent à la réussite dans
les affaires car ils ont à côté d'eux des gens qui peuvent
les aider, les stimuler ainsi les relations sociales constituent une source
exploitable par les entrepreneurs. Pour améliorer et accroître
leur avoir économique, les entrepreneurs (riches) soignent bien leurs
relations sociales qui sont à la fois considérées comme un
bien individuel et collectif.
Dire « Bonjour » à son voisin ou
prochain, tous les jours, est un bon moyen d'enrichir son capital social car,
en cas de difficultés, ce dernier pourra apporter de l'aide et
intervenir efficacement.
Les propriétés du capital social ou des
relations interindividuelles sont les mêmes que celles du capital
physique.
Le commerçant ou l'entrepreneur fait tout son mieux
pour concilier ces deux types de capitaux.
Des liens très subtils sont aussi tissés entre
le capital social et le capital humain. Etre dans un réseau de relations
sociales est donc primordial (associations, mutuelles).
La famille apporte la main-d'oeuvre, les capitaux, le
marché et les conseils à l'entrepreneur. Or le commerçant
est propriétaire de son entreprise, laquelle se confond d'une
manière générale avec son patrimoine privé,
familial.
Bien avant, le commerce de Butembo était
intégré dans la famille ? L'entreprise était tenue
par les membres de famille et sa gestion totale pour l'avantage de ces
membres.
Les familles avaient une décision à prendre
concernant l'entreprise. Actuellement, la donne a changé. Par crainte de
faillite, les commerçants ont pris les choses au sérieux. Ils ont
mis la famille d'un côté et le commerce d'un autre. Ils ont ainsi
respecté le premier principe de la comptabilité
générale stipulant que : « L'entreprise est une
personne distincte de l'entrepreneur »75(*).
Toutefois, ils engagent les membres de leur famille et ces
derniers doivent travailler comme des salariés ; ils ne doivent pas
confondre la famille et l'entreprise. Une fois s'ils travaillent très
mal, ils sont révoqués, licenciés ou affectés
à des petits postes. Ils quittent la fonction de commandement et de
décision pour celle d'exécution.
Les commerçants nous ont révélé,
dans un entretien, qu'en débutant leurs activités commerciales,
ils ont commencé grâce aux aides de la famille, et surtout
à l'agriculture dans les concessions familiales ou faire paître
leurs bêtes dans les pâturages de la famille76(*).
La plupart cultivait le café et des produits
maraîchers ; ils ont évolué grâce au
Kihingirane. Comme récolter le café était un
lourd travail, on recourait à la main d'oeuvre familiale. Après
la récolte, on était chercher un marché qui est bien
rentable. Comme dans l'ancien temps c'est l'Etat qui faisait la
commercialisation du café, ils pratiquaient la fraude (aller chercher
les marchés en Ouganda en faisant la traversée de la SEMULIKI
appelée Kalemba, rivière qui se trouve dans le Rift Vally
d'Irungu).
Ils transportaient le café sur la tête pour sa
commercialisation en Ouganda ; après vente on revenait avec du sel,
des étoffes, des tôles et d'autres produits de première
nécessité pour les revendre à Butembo.
Voilà comment nos grands commerçants ont
évolué grâce à la solidarité familiale. C'est
cette raison qu'ils étaient obligés de prendre soins des membres
de leurs familles et contribuaient ainsi au développement
socio-économique.
« Quand on donne à nos frères,
cousins, cousines ou membres de la famille de petites sommes qu'on a
cotisées, eux aussi font directement le commerce des produits que nous
vendons nous-mêmes et nous aident à évacuer nos
dépôts en vendant les résignols. On leur cède la
marchandise à moindre coût puis ils la revendent à un prix
plus élevé, comme lieu de vente ils utilisent le devant des
portes de nos magasins. C'est une façon de les aider77(*) ».
Bien avant l'organisation des réunions familiales des
problèmes cruciaux surgissaient entre les petits frères et les
aînés, des grands commerçants. Les premiers
réclamaient des seconds une portion des biens ; et quand on la leur
octroyait, ils étaient souvent incompétents et faisaient faillite
puis ils recouraient encore aux aînés. Les réunions
familiales sont venues mettre fin à cette situation.
La richesse de Butembo est basée d'abord sur l'union
familiale car le plus souvent quand on se départage, il y a toujours des
faillites. C'est ainsi que la plupart des entreprises sont familiales ainsi que
des sociétés à responsabilité limitée dont
les membres de la famille sont des associés (enfants du patron,
frères, soeurs, ...).
Quant aux commerçants qui refusent leurs frères
et soeurs, mère et père (bref, les membres de sa famille), ils
n'évoluent pas normalement.
3.3. FORMES DE SOLIDARITE
EN VILLE DE BUTEMBO
En remontant dans l'histoire de la culture nande, un peuple
qui habite en majorité dans la ville de Butembo, on se rend compte que
l'apparition de solidarité ou de mutuelle n'est pas un récit
fictif. Comme le dit Jean Pierre Olivier de SARDAN78(*), « les
sociétés paysannes ont toutes une histoire de l'animation rurale,
de la vulgarisation agricole des coopératives, du parti unique, des
micro-projets, des macro-projets, des groupements des producteurs, de la
création des mutuelles, associations de ressortissants,
etc. ».
En Afrique, il existe beaucoup d'expressions populaires qui
révèlent que, face aux difficultés de la vie, l'individu
seul .est bien faible, mais qu'en s'engageant dans une forme de
coopération, il devient puissant pour les affronter. On connaît
par exemple les difficultés de construction des habitats ; ces
travaux ne se réalisent qu'en groupe de travail solidaire,
véritable association dont le but est d'aider, à tour de
rôle, les membres de la famille ou des communautés79(*).
Pour ce qui concerne la R.D. Congo et plus
précisément la ville de Butembo, habitée en
majorité par les Nande, on peut distinguer les formes des
solidarités ou mutuelles traditionnelles et modernes.
3.3.1. Les formes des
solidarités, mutuelles traditionnelles80(*)
Avant la colonisation, il existait déjà des
mutuelles (solidarités) primitives : c'est au cours de cette
période qu'on peut énumérer certaines pratiques qui ont
existé chez le peuple NANDE.
- Le Kirimba et le Lusumba sont des
solidarités dont l'origine est la pratique de regroupements des jeunes
en initiation à la vie communautaire.
La première pratique était appropriée aux
filles, alors que la seconde était un rite d'initiation des jeunes
garçons. Au départ, cette initiation renforçait les liens
de solidarité, car grâce à elle, l'individu sortait de la
lignée familiale pour créer d'autres liens avec les jeunes de sa
génération. Elle s'est transformée aujourd'hui en
ressource monétaire et non monétaire. Dans le cadre de la
solidarité, la pratique va ainsi se transposer même chez les
garçons. On rencontre actuellement les mêmes types de tontine, les
Kirimba. Il s'agit d'une association ou encore mieux une mutuelle de
solidarité basée sur les affinités et sur la confiance
entre les membres du groupe. Les membres s'entraident et s'octroient des
crédits mutuels, tour de rôle.
- Le Kirimba ou Kirimya est une pratique
d'exécution de grands et lourds travaux champêtres ainsi que de
construction observée encore aujourd'hui en milieu rural. Ces travaux se
font en commun, à tour de rôle, entre les membres qui ont souscrit
à la même pratique. Cette pratique présente l'avantage
également de renforcer les liens entre les membres du groupe. Cependant,
elle recèle également des limites. En effet, c'est une mutuelle
ou firme de solidarité souvent ouverte à tous sans
précisions sur le nombre et la qualité des membres qui la
composent. L'expérience démontre que lorsque le nombre augmente,
la mutuelle devient inefficace pour satisfaire tous les membres dans la
satisfaction des membres. Sur le plan agricole, par exemple, étant
donné que le groupe consacre toute la journée à travailler
dans un seul champ d'un membre, plus on est nombreux, plus il va falloir des
jours pour boucler le cercle alors que le calendrier agricole a aussi ses
exigences. Par ailleurs, l'homme étant un facteur de production avec des
moyens et capacités limités (sa force est limitée), il
n'est pas sûr de cultiver de cultiver toutes de manière identique
les étendues des champs tour à tour.
Du point de vue météorologique, les membres sont
obligés d'obéir aux aléas du climat. Quand il pleut, le
travail doit être interrompu. Une autre limite qui peut être
évoqué est l'acheminement d'un membre (malade ou autres) qui
bouleverse énormément le calendrier des travaux. Bien entendu,
les membres peuvent prendre des compromis pour éviter ces
désagréments. Malheureusement, ces compromis n'ont pas souvent
des bases solides.
- Le KIGHONA ou grainier en français a
été dans le temps une pratique par laquelle la communauté
constitue une banque agricole de la récolte obtenue dans le but
d'utiliser la quantité collectionnée à des fins
circonstancielles, mariage, deuil, disette, prévoyance de
semence81(*).
La Banque Agricole est souvent constituée des
céréales.
- Le O'VURUMA et le O'VUTSURA sont de
véritables associations des consommateurs. Les membres s'offrent tour
à tour de la bière ou autre chose suivant une
périodicité et un rythme de verre en fonction des participants.
Ces deux types des mutuelles de solidarité se composent des membres
« fondateurs » et « non-fondateurs ».
Les membres fondateurs peuvent inviter un ami (appelé omuhekwa)
et lui offrir sa part pendant la consommation et ce dernier n'est pas
automatiquement redevable étant donné qu'il n'a pas
qualité. Ces pratiques témoignent des formes traditionnelles de
mutuelle et solidarité. C'est pour cette raison que Christian KAPARAY di
« l'exécution commune et à tour de rôle des
travaux.... Constitue une des formes primitives de la
coopérative »82(*)
Dans l'analyse de KAKULE MUWIRI et KAMBALUME KAHINDO83(*), on a constaté que la
conception de l'association chez les NANDE part du principe que l'individu est
au service non seulement de la communauté parentale mais aussi au
service de la communauté tout entière. La communauté
parentale est celle ou existe le lien de consanguinité. Dès lors,
les membres ou individus qui la composent vivent sous la même loi, celle
de la prohibition des rapports sexuels. La communauté villageoise,
comporte nécessairement deux dimensions sociales. Cette
caractéristique lui confère un double statut ; il est membre
d'un groupe familial qui la détermine et en même temps membre ou
citoyen de l'entité politico-administrative où il habite.
Le premier statut le présente comme membre d'une
mutuelle, communauté familiale donnée et le second comme membre
d'une mutuelle, communauté de territoire.
Chaque adulte suivant les obligations liées à
son sexe, est tenu de prendre part au combat, aux rites agraires et aux travaux
collectifs. Il est convié à assister aux séances de la
justice (palabre traditionnelle) surtout si un membre de la communauté
est concerné.
Il doit aussi prendre activement part aux activités
nécessaires lors de la célébration d'un mariage du membre
Kyaghanda.
En outre, au niveau des activités d'entraide, un
individu ou membre de la communauté bénéficie du concours
des autres, notamment dans le Kyaghanda familial : c'est un
objectif culturel qui donne de sérieux indices d'être un support
de sa vision sociale de la famille.
Avant d'épiloguer sur ses caractéristiques qui
donnent à croire qu'il est chez les Nande le support de cette autre
vision, il convient d'abord de présenter le Kyaghanda de
façon générale, afin de mieux distinguer celui qui est dit
« familial ».
Il existe chez les Nande cinq types de maisons de forme
circulaire, à deux entrées opposées et sans portes,
réservées aux seuls hommes. Pour toutes ces maisons, on s'y
repose, on échange, on mange, on fume et on y boit de la bière
traditionnelle. Mais leurs différences résident notamment dans
leurs caractères (sacré ou non sacré), la qualité
des personnes conviées à les fréquenter ainsi que leurs
fonctions. Chacune de ces « maisons » est appelée
Kyaghanda. Il en existe pour la communauté du village, pour le
chef politique, pour certains groupes familiaux ou lignées, pour les
pourvoyeurs de nourritures et pour l'individu si les quatre personnes ont un
caractère sacré. Néanmoins, ils diffèrent
également sur beaucoup de points qui soulignent leurs
spécificités
Le Kyaghanda familial, objet, institution
Comme le Kyaghanda qui nous intéresse est
celui qui est attribué à un groupe familial ou lignée,
nous voulons déjà, à présent, en résumer les
caractéristiques qui ressortirent dans sa présentation.
Le Kyaghanda familial est une
« maison » attribuée à un groupe familial,
plus exactement à une lignée déterminée. Cette
maison répond aux caractéristiques suivantes :
- Elle est une maison obligée, c'est-à-dire, une
maison dont la construction tient d'une obligation.
- Son emplacement est révélé
- Le matériau est obligé
- La durée de construction est soumise à un
délai.
- La conduite des travaux est soumise à un rite
- Les personnes habilitées à le
fréquenter sont les hommes de la lignée, les membres de la
communauté villageoise, des personnes connues et inconnues
- Ses fonctions : se reposer, échanger, manger,
boire, s'abriter, fumer, conduire certains rites.
- Elle est sacrée car sujette à certains
interdits tels que :
Ne pas s'y disputer, ne pas y échanger des paroles
aigre-douces, ne pas s'y livrer à des injures où à des
bagarres, ne pas y trancher des palabres, ne pas y pisser.
Les femmes n'y sont pas acceptées à cause des
même raisons qui font qu'on doit périodiquement les oublier :
les règles en dehors de ces moments, elles y entrent pour y chercher du
feu à la cuisine, y apporter de la nourriture, saluer les visiteurs. Les
tout petits enfants n'y sont pas également acceptés pour leur
épargner les désagréments liés au fait d'y
pisser.
La consommation de la viande de porc et du poisson frais y est
interdite. Pour les fumeurs, il est contre-indiqué d'y sécher au
feu les feuilles vertes du tabac fraîchement cueillies, on ne peut y
prendre comme boisson que de la boisson traditionnelle, en respectant certaines
conditions.
Le Kyaghanda familial est un objet culturel du fait
qu'il « in-firme » le comportement des membres du groupe
culturel. Il est en même temps un objet, institution puisqu'il s'impose
dans l'existence de la lignée à travers les âges.
Après l'exposé sommaire de ces
caractéristiques, nous allons à présent passer à sa
description. C'est cette description bien menée qui pourra mettre
à découvert les indices révélateurs de la vision
familiale que nous cherchons à appréhender.
Origine et Objet
Le Kyaghanda familial date des premiers
ancêtres, Sokulu NGURU ; il leur fut révélé par
les envoyés de l'Etre suprême, avalindi ou
avalemberi les Esprits tutélaires, comme lieu de rencontre
ovuvananiro. Il est le lieu de rencontre entre les êtres
surnaturels et les hommes, entre les membres du groupe familial, et entre ces
derniers et les autres indistinctement.
Ce substantif ovuvananiro, mot dérivé,
comporte une connotation révélatrice que ne rend malheureusement
pas le terme « rencontre ». Aussi pour mieux faire
ressortir son sens, nous allons confronter le sens du verbe erivanana
d'où il dérive avec les sens des trois autres verbes
impliqués dans le même champ lexical, celui de la
« rencontre ».
Voici ces verbes :
- erivandana : se rencontrer de façon
fortuite.
- erihindana : se rencontrer de façon
fortuite, se retrouver au lieu de rendez-vous.
- erisungana : se rencontrer
délibérément avec des intentions pacifiques.
Ainsi, cette rencontre implique-t-elle deux choses : une
action délibérée et ensuite une action mue par des
intentions pacifiques. A la lumière de ces données, cet endroit
se veut-il être un « lieu de rencontre
délibéré entre les personnes aux intentions
pacifiques », entre les êtres surnaturels et les naturels,
entre les membres du groupe familial et les autres indistinctement.
Le Kyaghanda familial appartient d'abord à
l'Etre Suprême Nyamuhanga, car c'est lui qui décida de
son institution. Dans sa volonté de subvenir aux besoins des hommes, il
confia aux ancêtres de certaines familles, des missions à
accomplir en faveur de la nourriture. C'est à ces ancêtres choisis
qu'il fut révélé d'ériger des Vyaghanda,
lieux de rencontre, les tâches liées à ces missions
étant héréditaires, c'est pourquoi certaines familles ont
des rites à accomplir au bénéfice de la communauté
et possèdent des Vyaghanda familiaux.
Bref sur le Kyaghanda ; il est un lieu de
communication totale et lieu de rencontre entre les descendants d'un même
ancêtre paternel.
Il reste le lieu où les familiaux se retrouvent plus
facilement pour échanger sur la marche du groupe de la famille.
Enfin, voici d'autres pratiques traditionnelles qui montrent
les vrais lienx de solidarité dans les anciens temps chez les Nande. On
peut citer ici :
- Le pacte de sang : le pacte de sang rend unifie les
contractants. Ceux-ci deviennent non comme des frères mais comme une
seule personne. Leurs rapports sont soumis à des interdits : par
exemple ne pas médire du mal de l'autre, ne pas le courtiser. Le pacte
ne peut se pratiquer qu'entre les membres des groupes non
apparentés ;
- L'union matrimoniale sans contraintes d'appartenance ou de
rang social. Se considèrent comme « un », les
groupes familiaux unis par des alliances matrimoniales ;
- Culture de la communauté villageoise :
appartenance de l'individu d'abord à la communauté villageoise,
organisation des travaux et des loisirs par sexe et classe d'âges,
participation obligatoire à certains travaux et événements
importants survenus dans la vie d'un membre de la communauté
villageoise, vengeance collective, climat familial exigé de
tous ;
- Différents types d'échanges : il existe
certains types d'échange qui stimulent l'esprit de camaraderie, de vraie
solidarité, en invitant les gens qui s'y engagent à faire preuve
de loyauté. Il s'agit de :
- Erihukulirana : s'échanger de la
nourriture qu'on a préparé : les mères de famille qui
ont eu à apprêter assez tôt le repas familial du soir en
apportent aux autres familles voisines. Les bénéficiaires se font
le devoir de ne pas retourner les récipients vides.
- Eriheker'embene : « transporter pour
une chèvre » pratique consistant à apporter à
une famille de son choix une quantité réglementaire de paniers de
vivres ou de calebasses de bière. A la fin de l'opération, le
bénéficiaire donne en contrepartie une chèvre.
- Erikokya avagheni : « accueillir des
hôtes » : tous les amis et voisins du visité
participent à la réception des hôtes. Ils s'entretiennent
avec ceux-ci et leur apportent de la nourriture.
- Erilira'haghuma : « manger
ensemble » : les hommes du village prennent leur repas ensemble
dans le « Kyaghanda » du village. Certains soirs,
les enfants du village, au rythme de leur chanson :
« ebengele », passent de porte à porte pour
recueillir de la nourriture. Ils se la partagent à la fin du jeu.
- Eriyawanako : « apporter les uns aux
autres du réconfort moral » : toute famille
éprouvée reçoit le réconfort moral de la part de la
communauté. A cette occasion elle reçoit un soutien
matériel en bois de chauffage, nourriture et en animaux. Il y a en plus,
pour le village, suspension de tous les travaux lourds et champêtres pour
deux jours.
- Eriyalembera : « rendre visite au
nouveau-né » : tout nouveau-né est objet de
sollicitude de la part de la communauté. Lui rendre visite est un devoir
social. A l'occasion, sa mère a droit à des congratulations,
appuyées des dons. L'annonce de la naissance du nouveau-né
à ses grand-parents maternels de même que leurs visites
obéissent à un cérémonial couvert par ces deux
verbes : « eriyaghembya » et
« erisumbukya ».
- Eriyaghembya : « annoncer aux
beaux-parents la naissance du nouveau-né » : l'annonce se
fait en apportant un cadeau aux grand-parents maternels de l'enfant. A cette
occasion, ceux-ci se font couper quelques touffes de cheveux dans la partie
frontale. C'est cet acte de couper les cheveux que traduit le sens
étymologique du verbe, car il signifie « aller faire couper
les cheveux ».
- Erisumbukya : « rendre visite au
nouveau-né ». Après l'annonce ritualisée de la
naissance du bébé, sa grand-mère maternelle lui rend alors
visite. Le cadeau offert au grand-parent maternel est la condition pour
celui-ci de bercer le bébé.
- Eriya mbululi : « aller à la
quête des informations ». Aller s'enquérir de nouvelles
sur les événements malheureux survenus chez les autres. Le mot
mbululi vient du verbe erivalinya qui veut dire
« demander des informations au sujet de ».
- Eritwala o'ghundi : « accompagner
l'autre » : lorsqu'un membre du village est convoqué ou
se déplace pour une affaire d'une certaine importance sociale, il est
toujours accompagné de quelques personnes (=des hommes surtout) qui
seront témoins de ce qui se passera.
Après ces formes de la solidarité dans la
tradition, on peut dire un mot sur les formes de la solidarité
moderne.
3.3.2. Les formes des
solidarités, mutuelle moderne
Actuellement la solidarité revêt plusieurs
formes : il peut s'agir d'organisations non gouvernementales, des
coopératives, des sectes, des églises, des institutions de
formation et d'éducation, des organisations d'épargne et de
prêt formel et informel, des fédérations associatives, des
associations confessionnelles, des mutualités des jeunes, des vieux, des
femmes, des mutualités des ressortissants, des mutualités des
familles,... Cette situation montre la diversité des formes modernes des
solidarités.
3.4. MOTIFS DE LA CREATION
DES MUTUELLES FAMILIALES
Cette section va nous permettre de connaître les motifs
ou les raisons qui poussent la population de Butembo de se réunir chaque
fois en famille.
Ainsi, à la question de savoir quels sont les mobiles
qui motivent les réunions familiales, nous pouvons dresser le tableau
ci-dessous :
Tableau 16 : Motifs de
la création des mutuelles familiales
Motifs
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Insuffisance ou manque des capitaux
|
10
|
10
|
Gestion des conflits ou querelles familiaux
|
20
|
20
|
Renforcement de la cohésion familiale
|
40
|
40
|
Lutte contre l'inceste
|
10
|
10
|
Entraide
|
20
|
20
|
Total
|
100
|
100
|
Source : Nos enquêtes.
Nous constatons que les familles de Butembo recourent ou
créent des mutuelles familiales pour plusieurs raisons dont
l'insuffisance des capitaux (10% des enquêtés), la gestion des
conflits ou des querelles interfamiliales (20%), le renforcement de la
cohésion familiale (40%), la lutte contre l'inceste (10%) et l'entraide
(20%).
Il est opportun d'analyser chaque élément pour
connaître son contenu.
3.4.1. Insuffisances ou manque
des capitaux
Certaines familles ont comme mobile, de combler les
insuffisances des moyens financiers de leurs membres. Un membre de famille qui
a besoin de financement peut solliciter des fonds et demander des conseils aux
plus expérimentés dans un domaine quelconque et une
capacité de financement pour démarrer une activité
économique. La famille devient alors une source de financement et de
création de nouvelles entreprises ou activités.
Notons que ces prêts familiaux sont parfois non
remboursables (dons ou aides) et s'ils doivent être payés, ils ne
tiennent pas compte des intérêts. La garantie n'est pas
exigée car les membres de famille sont des témoins
attitrés.
3.4.2. Gestion des conflits
Les réunions familiales sont un lieu
privilégié et approprié pour gérer les conflits
entre les membres de famille.
Rappelons que là où il y a des hommes, il y a
aussi des problèmes dit-on. Ainsi, les différends qui opposent
certains (quelques) membres de famille sont réglés à
l'amiable dans la famille, au lieu de les porter au tribunal devant le juge car
traîner deux personnes de la même famille devant un tribunal est
une surprise puisque des solutions intermédiaires selon les
enquêtés existent et ne demandent pas trop de fonds mis à
part quelques biens en nature (poule, chèvre) qui sont remis par les
deux protagonistes.
3.4.3. Renforcement de la
cohésion familiale
« L'union fait la force », dit-on. Telle
est la devise de certaines familles. Au lieu de s'isoler dans les affaires ou
de résoudre seul ses problèmes, il est important de s'unir pour
trouver ensemble des solutions durables.
Ce qu'ARISTOTE, dans sa politique, nous a dit :
« il est difficile de s'imaginer un solitaire heureux, car l'homme
est un être inachevé. Il est contraint de s'associer aux autres
pour sa pleine réalisation »84(*).
La cohésion familiale facilite plusieurs choses que ne
saurait réaliser un individu seul. Ainsi, en cas de deuil, mariage, dot,
baptême,...il n'est pas étonnant de voir les membres de la famille
donner leur contribution pour la circonstance.
Selon d'autres, les réunions familiales permettent
d'établir un équilibre entre les riches et les pauvres d'une
même famille. Tous ont la chance de se réunir et ainsi parler un
même langage sans tabou, sans tenir compte de la fortune de chacun.
3.4.4. Lutte contre
l'inceste
L'inceste est le fait que des frères et soeurs d'une
même famille se marient, chose qui est contre la morale et même
considérée comme un péché grave.
Pour lutter contre ce problème, on cherche à
réunir tous les membres de la famille pour qu'ils se connaissent et
ainsi éviter de se marier.
Pendant les réunions familiales il existe toujours une
étape de présentation où tous les membres de la famille
s'identifient. Ainsi, on diminue les risques d'inceste ou de bagarre faveur de
la solution fraternelle ou amicale qui, dans notre société est
un signe et un grand symbole des bonnes relations.
Les réunions familiales permettent de conserver
l'idéologie de la famille.
3.4.5. L'entraide mutuelle
L'entraide est aussi un des motifs qui pousse les gens
à se réunir en famille. Notons que cette entraide peut être
financière, matérielle ou morale selon le cas. Elle intervient
surtout lors de différentes cérémonies telles que le
deuil, le mariage, la maladie, scolarisation des enfants d'un familier et tant
d'autres.
Voilà en bref les différents motifs qui poussent
la population de Butembo à créer des mutuelles familiales. C'est
ainsi que la cohésion familiale, l'entraide et la gestion des conflits
sont les principaux motifs d'entraide d'après 80% des
déclarations de nos enquêtés.
Ces différents motifs constituent les fondements de la
création et de la pérennité des mutualités
familiales. Ces motifs peuvent être regroupés en ordre
économique, social, culturel.
a) Les motifs ou facteurs économiques
- la recherche des capitaux ;
- la recherche d'emploi
b) Les motifs ou facteurs sociaux
- le renforcement de la cohésion familiale ;
- l'entraide mutuelle (conseils, ...) ;
- éviter l'exclusion sociale ;
- la gestion des conflits ;
- etc.
c) Les motifs culturels
- Conserver l'idéologie de la famille ;
- Lutter contre l'inceste.
Après l'analyse des motifs de création des
mutuelles familiales maintenant nous analysons les avantages et
inconvénients de la solidarité familiale.
3.5.
AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE LA SOLIDARITE FAMILIALE.
La solidarité bien que créée pour des
motifs qui sont pertinents comporte aussi des avantages et des
inconvénients.
3.5.1. Avantages de la
solidarité familiale
Les différents avantages que nos enquêtés
tirent de leurs réunions familiales sont décrits dans le tableau
ci-dessous :
Tableau 17: Avantages de la
solidarité familiale
Avantages
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Entraide
|
40
|
40
|
Sources de financement
|
20
|
20
|
Sécurité morale
|
10
|
10
|
Source d'emploi
|
30
|
30
|
Total
|
100
|
100
|
Source : Nos enquêtes.
Il ressort de ce tableau que l'entraide, les sources de
financement, la sécurité morale, l'emploi constituent quelques
avantages dont profitent les membres des mutuelles familiales.
- Concernant l'entraide, nous avons signalé que
celle-ci est importante lors de différents sinistres comme : le
décès d'un membre de la famille, la maladie,...et
d'événements prévus tels que la dot, le mariage, la
scolarisation des enfants... bref, des circonstances heureuses ou malheureuses.
Elle est soit financière morale, matérielle, ou alors le tout
à la fois.
- De même, les mutuelles constituent une source de
financement pour leurs membres (20% des enquêtés) surtout, comme
nous l'avons déjà expliqué, avec les travaux collectifs
pour lancer une entreprise lucrative, etc.
- Pour ce qui est de la sécurité morale, le
membre de la mutuelle de la famille se sent en toute sécurité
parce qu'il est confiant en cette solidarité et en cas de
problèmes, ses droits à l'appartenance au groupe seront
respectés et il sera moralement bien assisté. Exemple en cas de
deuil, les différentes charges sont partagées entre les membres
de la mutuelle pendant que le plus concerné reste assis à la
maison pour recevoir les doléances diverses.
- Enfin, les mutuelles familiales sont sources d'emplois pour
les membres car on trouve normal de donner du travail à quelqu'un de la
famille avec qui on se réunit chaque jour avec qui on entretien certains
liens estiment 30% des enquêtés.
Nous voyons donc que les mutuelles familiales ou mieux la
solidarité familiale a des avantages pour les membres.
Qu'en est-il des désavantages.
3.5.2. Inconvénients de
la solidarité familiale
Les mutuelles familiales ont aussi des inconvénients.
C'est ainsi que nos enquêtés ont enregistré comme
inconvénients ce qui suit :
Tableau 18 :
Inconvénients de la solidarité familiale
Inconvénients
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Frustrations de ceux qui n'ont assez de revenus pour des
contributions régulières
|
40
|
40
|
Surcharges des budgets familiaux
|
60
|
60
|
Total
|
100
|
100
|
Source : Nos enquêtes.
- Au vu de ce tableau, nous constatons que dans les mutuelles
familiales, 40% des membres sont frustrés du fait qu'ils n'ont pas
suffisamment de moyens pour s'acquitter régulièrement de leurs
cotisations.
- Ainsi 60% des effectifs enquêtés estiment que
les mutuelles familiales constituent une source des dépenses
supplémentaires. Mises à part les charges de sa famille
restreinte, le membre a l'obligation d'apporter sa quote part pour seconder la
famille élargie, en lieu et place des indigents ; ainsi les
contributions régulières et irrégulières ont une
incidence certaine sur les revenus des membres aisés.
3.6. CONCLUSION DU
CHAPITRE
Ce troisième chapitre a tourné autour de
l'analyse de la solidarité familiale face au développement
économique en ville de Butembo. Il comporte cinq sections dont la
première tourne autour d'une brève description de
l'échantillon en décrivant leurs modalités, âge,
sexe, profession et en soulevant différentes possibilités,
effectifs, pourcentages.
La deuxième section quant à elle,
présente la contribution de la solidarité familiale au
développement des activités économiques.
La troisième section traite des formes de
solidarité plus développées dans son aspect de
« mutuelles traditionnelles » qui a un impact dans les
familles et spécialement dans le développement de la ville de
Butembo depuis son origine, alors que la vision de « mutuelle
moderne » n'est qu'une affaire, de différentes
solidarités contemporaines à cette période de
mondialisation.
La quatrième section nous a plongé dans les
mobiles de la création des mutuelles familiales, bases incontestables
des solidarités légendaires du munande lors des sinistres ou des
événements heureux et de sa sociabilité envers les
autres.
Enfin la cinquième section qui termine ce chapitre
effleure les avantages et désavantages ou inconvénients de cette
solidarité familiale en appuyant l'adage qui stipule que
« toute oeuvre humaine n'est jamais parfaite en elle-même car
elle contient des imperfections à purifier ».
CONCLUSION
GENERALE
Nous voici au terme de notre travail de mémoire dont le
thème est : « la solidarité, famille,
développement socio-économique en ville de
Butembo ».
L'objectif principal était de déterminer les
facteurs de la dynamique de la solidarité familiale en ville de Butembo,
de voir s'il existe une interaction entre cette solidarité et le
développement des activités économiques et d'analyser les
facteurs explicatifs de la dynamique des mutualités.
Nous avons donc analysé les relations probables entre
la solidarité familiale, le développement socio-économique
en ville de Butembo dont les motivations d'ordre économique et
socio-culturel seraient à la base de cette dynamique de
solidarité familiale.
Après avoir récolté, analysé et
traité statistiquement nos données, nous les avons
interprétées et avons constaté que des liens
énormes et importants existent effectivement entre la solidarité
et l'économie en ville de Butembo
Concernant les formes de solidarité, base
également de l'économie de Butembo, nous avons distingué
les formes traditionnelles qui ont plus le développement du commerce
dans cette ville et des formes modernes de solidarité venues
tardivement.
Nous avons démontré également que pendant
la dernière année, les mutualités familiales ont
assisté financièrement des activités socio-culturelles
dans la ville de Butembo.
La plupart de ces avantages reconnues aux membres des
mutualités notamment l'accès aux sources de financement, de la
sécurité morale, la cohésion familiale, ...constituent les
facteurs explicatifs des réunions familiales, malgré certains
inconvénients dus à la frustration de ceux qui n'ont pas assez de
revenu pour s'acquitter de leurs contributions..
Le constat global de notre étude a été
tel la solidarité est un moyen important pour la microéconomie
familiale, malgré une gestion non soutenue par les documents
écrits dans la plupart de mutualités familiales.
Eu égard à tout ce qui précède,
nous suggérons :
- Une gestion soutenue par les documents écrits
(statuts, R.O.I., ...) pour éviter l'arbitraire ; et que l'argent
soit gardé à la banque pour plus de
sécurité ;
- L'encouragement de toutes afin de créer des
mutualités familiales pour sauvegarder la solidarité, une valeur
africaine ; et que tous les membres respectent leur engagement.
- Nous suggérons aussi que les familles riches ne se
limitent pas seulement à aider leurs co-frères. Pour former une
forte solidarité, il faut qu'ils aident d'autres familles pauvres, par
exemple sélectionner les enfants qui sont très intelligents pour
les faire étudier à l'étranger dans le but de
développer notre milieu en particulier et notre pays en
général.
Enfin, nous pensons qu'une réflexion et des
investigations portant sur la formalisation de la solidarité familiale
aideront à rendre cette « vertu » à
être plus porteuse du développement socio-économique
à Butembo et en Afrique.
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et tâches de la famille chrétienne dans le monde contemporain,
contribution des Evêques, Kinshasa, secret, Gen de la CEZ, 1984.
Entretien à Butembo avec des grands commerçants
de Butembo.
Entretien à Butembo avec Mzee TSONGO.
Entretien a Butembo en juillet avec les grands
commerçants
MALLOUM, F., Discours à l'occasion du XV è
anniversaire de l'O.U.A., Khartoum, 1978.
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau N° 1 : Tableau
récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2005
44
Tableau 2 : Tableau récapitulatif de la
population congolaise en ville de Butembo en 2006
44
Tableau N° 3 : Tableau
récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2007
45
Tableau N° 4 : Tableau
récapitulatif de la population congolaise en ville de Butembo en 2008
45
Tableau N° 5 : Taux d'accroissement de la
population de Butembo
45
Tableau N° 6 : Profil des chefs des
familles enquêtées
59
Tableau 7 : Profil des membres des familles
60
Tableau N° 8 : Profil des
commerçants enquêtés
60
Tableau N° 9 : Sources principales des
fonds des mutuelles familiales
61
Tableau N° 10 : Fonds mobilisés
mensuellement par les mutuelles (en moyenne)
62
Tableau 11 : Cotisations mensuelles
63
Tableau 12 : Activités
d'autofinancements des familles.
64
Tableau 13 : Informations sur les affectations
des ressources des mutuelles
65
Tableau N° 14 : Informations sur la
gestion des mutualités familiales.
66
Tableau 15 : Rôle de la famille dans le
commerce
67
Tableau 16 : Motifs de la création des
mutuelles familiales
79
Tableau 17: Avantages de la solidarité
familiale
83
Tableau 18 : Inconvénients de la
solidarité familiale
84
TABLE DES
MATIERES
EPIGRAPHE
i
DEDICACE
ii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
REMERCIEMENTS
iv
INTRODUCTION
1
1. PROBLEMATIQUE
1
2. HYPOTHESES DU TRAVAIL
2
3. CHOIX ET INTERET DU SUJET
3
4. METHODE ET TECHNIQUE UTILISEES
3
4.1. Méthodes
3
4.2. Les techniques
4
5. DELIMITATION DU SUJET
5
6. SUBDIVISION DU TRAVAIL
5
7. DIFFICULTES RENCONTREES
5
Chapitre premier : APPROCHES CONCEPTUELLES
6
I.1. AUTOUR DU MOT SOLIDARITE
6
1.a. Définition
6
1.b. Notion juridique du terme
8
1.c. La solidarité sociale.
8
1.d. Historique de l'analyse sociologique du
terme
9
1.d.1. Utilisation politique du terme.
10
I.1.e. La solidarité africaine
11
I.1.f. Des cadres d'expression de la
solidarité Africaine
14
I.1.e. Notion sur le solidarisme
16
I.1.g. La philosophie solidariste
17
I.1.h. L'impact du solidarisme sur la
mutualité
18
I.1.i. Le solidarisme d'extrême droite
19
I.2. AUTOUR DU MOT FAMILLE
19
I.2.1. Sociologie de la famille
20
I.2.2. Définition de la famille
21
I.2.3. Famille comme système
23
I.2.4. Famille et ménage.
23
I.2.5. La filiation
24
I.2.6. Parenté
26
I.2.7 Le mariage
27
I.3. AUTOUR DU MOT DEVELOPPEMENT
33
I.3.1. Développement économique
37
I.3.2. Développement social
38
I.3.3. Développement durable
38
I.3.4. Les acteurs du développement
39
I.4. CONCLUSION DU CHAPITRE
40
Chapitre deuxième PRESENTATION DU MILIEU
D'ETUDE ET LES LIENS THEORIQUES ENTRE LA SOLIDARITE ET LE DEVELOPPEMENT
41
II.1. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
41
II.1.1. Aperçu historique de la ville de
Butembo
41
II.1.2. Situation géographique
42
II.1.3. Situation démographique
43
II.1.4. Milieu socio-économique
46
II.2. LA SOLIDARITE COMME MODE DE DEVELOPPEMENT
51
II.2.1. La solidarité comme mode de
communication
54
II.2.2. La solidarité comme mode de
protection et de gestion
54
II.2.3. Comment amener un redressement
national?
55
II.3. CONCLUSION DU CHAPITRE
58
Chapitre troisième ANALYSE DE LA SOLIDARITE
FAMILIALE FACE AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE EN VILLE DE BUTEMBO
59
3.1. BREVE DESCRIPTION DE L'ECHANTILLON
59
3.2. CONTRIBUTION DE LA SOLIDARITE FAMILIALE AU
DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES ECONOMIQUES
61
3.1.1. Fonds mobilisés par
différentes mutualités par mois
61
3.1.2. Solidarité et commerce en ville de
Butembo.
67
3.3. FORMES DE SOLIDARITE EN VILLE DE BUTEMBO
70
3.3.1. Les formes des solidarités, mutuelles
traditionnelles
71
3.3.2. Les formes des solidarités, mutuelle
moderne
78
3.4. MOTIFS DE LA CREATION DES MUTUELLES
FAMILIALES
79
3.4.1. Insuffisances ou manque des capitaux
79
3.4.2. Gestion des conflits
80
3.4.3. Renforcement de la cohésion
familiale
80
3.4.4. Lutte contre l'inceste
81
3.4.5. L'entraide mutuelle
81
3.5. AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE LA SOLIDARITE
FAMILIALE.
82
3.5.1. Avantages de la solidarité
familiale
82
3.5.2. Inconvénients de la solidarité
familiale
84
3.6. CONCLUSION DU CHAPITRE
84
CONCLUSION GENERALE
86
BIBLIOGRAPHIE
88
LISTE DES TABLEAUX
91
TABLE DES MATIERES
92
ANNEXE
I
ANNEXE
I. Aux commerçants et aux membres des familles
enquêtés
1. Pendant combien de temps exercez-vous l'activité
commerciale ?
2. Les sources de financement sont-elles provenues de votre
effort personnel ou de la famille ?
3. Au démarrage de vos activités votre famille
vous :
a) encouragé
b) déconseillé
c) soutenu
4. Etes-vous membre d'une mutualité familiale ?
a) Oui
b) Non
5. La solidarité est-elle bénéfique ou un
obstacle pour votre entreprise ?
6. Quel rôle attribuez-vous à votre famille dans
vos activités ?
a) Client de l'entreprise
b) Financier
c) Contrainte à l'entreprise
7. Quels sont les inconvénients des réunions
familiales ?
8. Quels sont les avantages des réunions familiales
pour votre entreprise ?
9. Quels sont les motifs qui vous poussent à
adhérer aux réunions familiales ?
10. En cas de deuil ou mariage dans votre famille, quelle est
la contribution qui provient de votre entreprise ?
11. Pouvez-vous un jour abandonner votre mutuelle
familiale ?
II. Aux chefs de familles
1. Avez-vous une mutualité familiale ?
2. Si oui, de combien des membres ?
3. Leurs professions ?
4. Leur contribution mensuelle ?
5. Combien avez-vous obtenu ?
6. Comment les avez-vous obtenus ?
7. Comment les avez-vous affectés ?
8. Quelles difficultés avez-vous ?
9. Avez-vous des documents écrits et un compte à
la banque ?
* 1 Revue, Enticelle,
N°11, février 2004, p 16.
* 2 PLATON, La
République texte établi et traduit par E.CHAMBRY avec
introduction de A. DIES, 3 vol., Paris, 1992-1994.
* 3 ARISTOTE, Politique,
nouvelle tradition par J. TRICOT et alii, librairie philosophique, J.
VRIN, Paris, 1982, p 29.
* 4 Idem.
* 5 PINTO et GRAWITZ,
Méthode de recherche en science sociale, Paris, Dalloz, 1977,
p. 508.
* 6 La Rousse universel 2.
* 7 BOUCLE, C., Notes sur
les régimes chrétiens du solidarisme dans des
métaphysiques et de morale, 1906.
* 8 MPASE MSELENGE MPETI,
L'évolution de la solidarité traditionnelle en milieu rural
et urbain au Zaïre, Kinshasa, PUZ, 1974.
* 9 Article 1200 (Archive) du
code civil Français.
* 10 Idem.
* 11 CHARLES GIDE, La
solidarité, 1932.
* 12 EMILE DURKHEIM, De
la division du travail social, 1893.
* 13 Eléments par une
généalogie du concept de solidarité (Archive), Bruno
KARSENTI, in Futur antérieur n°41/42, 1997, La
solidarité historique d'une idée Marie-CLAUDE, BLAIS, 2007,
Gallimard.
* 14 EMIL DURKHEIM et alii,
Op. cit.
* 15 J.C. de WILDE,
Expérience de développement agricole en Afrique tropicale,
Tendances Actuelles, Paris, 1968, p. 54.
* 16 M. DIA,
Contribution à l'étude mouvement coopératif en
Afrique, Paris, Présence Africaine, 1981, p. 5.
* 17. MWAKA TSHOBO,
Réflexion sur la notion de la solidarité africaine :
Théorie et pratique, mémoire de licence en relations
internationales, UNAZA, Lubumbashi, 1979, p. 4.
* 18 MPASE, M.M., Op.
cit., p. 25.
* 19 MULUMBATI NGASHA et
alii, Systèmes politiques africains, Lubumbashi, Ed. Africa,
1984, p. 75.
* 20 Ibidem, p.
75.
* 21 C.YOUNG,
Introduction à la politique congolaise, Kinshasa,
Lubumbashi-Kisangani, Bruxelles, Ed. Universitaire du Congo, 1965.
* 22 MWAKA TSHOPO, Op.
cit.
* 23 F. MALLOUM,
Discours à l'occasion du XV è anniversaire de l'O.U.A.,
Khartoum, 1978.
* 24 MWAKA TSHOPO, Op.
cit., cf. aussi G. CHALIAND, Lutte armée en Afrique,
Paris, Ed. F. Maspero, 1967, p. 133.
* 25 Léon Bourgeois,
Fonder la solidarité de Serge Audier, Ed. Michalan.
* 26 Ce document provient
de : « http://fr.wikipedia./wiki/solidarisme ».
* 27 Revue, Mouvement
solidariste Français tiré dans le site
http://fr.wikipedia, Op. cit.
* 28 Revu,
Op.cit.
* 29 Conférence
Episcopale du Congo (Zaïre), fonctions et tâches de la famille
chrétienne dans le monde contemporain, contribution des Evêques,
Kinshasa, secret, Gen de la CEZ, 1984, p. 11.
* 30 Ibidem, p.
12.
* 31 Conférence
Episcopale du Congo (Zaïre), fonctions et tâches de la famille
chrétienne dans le monde contemporain, contribution des Evêques,
Kinshasa, secret, Gen de la CEZ, 1984, p. 11.
* 32 CLAUDE LEVI- STRAUSS,
Textes de et sur Lévi-Strauss, Coll. Gallimard, Paris, 1979.
* 33 LEVIS-STRAUSS, Op.
cit.
* 34 EMILE DURKHEIM (1892),
«La famille conjugale», Extrait de la revu philosophique,
90, 1921, p. 2.
* 35 Dremond at alii,
Dictionnaire économique et social.
* 36 BREMOND et alii,
Op. cit.
* 37 GOUREVITCH, J.P.,
L'économie informelle. De la faillite de l'Etat à l'explosion
des trafics, Les Prés aux clercs, 2002, p. 42.
* 38 THOYER, S. et TUBIANA,
L., Art. cit., p. 155.
* 39 Idem,
p.157.
* 40 BAILLY. A.S. et alii,
Stratégies spatiales : comprendre et ma...l'espace,
Montpellier, éd., GIP Reds, 1995, p. 80.
* 41 De SEQUEIRA CARVLHO.
J.A., La dynamisation des initiatives locales. Une force synergique de
développement, Paris, éd., L'Harmattan,
Montrea/L'Harmarttan, Inc, 1997, p. 30.
* 42 SEN, A.K, Un
nouveau modèle économique, Développement, justice,
liberté, Traduction de l'anglais par MICHEL BESSIERES, éd.
Oldile Jacob, Paris.
* 43 HUART, J.M.,
Croissance et Développement, Breal, 2003, p. 78.
* 44 KAMBALE MIREMBE, O.,
Echanges transnationaux, réseaux informels et Développement
local, Ed, Harmattan, 2005, p. 81.
* 45 ENGELHARD, P., Op.
cit., p. 28.
* 46 GALBRAITH, J. K.,
Pour une société meilleure, un programme pour
l'humanité, Paris, éd, Seuil, 1997, p. 38.
* 47 Banque mondiale,
Qualité de la connaissance, Bruxelles, De Boeck,
Université, 2002, p. XVI.
* 48 BRUNEL, Le
sous-développement, Paris, PUF, 1996, p. 14.
* 49 KAMBALE MIREMBE, O.,
Op. cit., p. 82.
* 50 KASONDWA, K.,
Cité par KANZA MASIKA, L'industrie et son rôle dans le
Développement socio-économique de Butembo, TFC, UCG Butembo,
1993-1994, p.14.
* 51 KASONDWA, K.,
Cité par KANZA MASIKA, Op. cit., p.14.
* 52 F. PERROUX, Op.
cit.
* 53 GOFFAUX, J.,
Problèmes de développement, CRP, Kinshasa, 1986, p.
132.
* 54 GOFFAUX, J., Op.
cit., p. 180.
* 55 DJERE, T., Op.
cit., p. 16.
* 56 MAFIKIRI TSONGO, A.,
Syllabus d'économie d'environnement, inédit, L2 Economie
de Développement et Economie rurale, U.C.G.-Butembo, 2008-2009.
* 57 MATUMO, J.B.,
Economie de Développement et Planification de
développement, cours inédit, U.C.G.-Butembo, 2008-2009, p.
65.
* 58 MAFIKI TSONGO, A.,
« Analyse du marché du développement dans les
régions déshéritées de l'Afrique subsaharienne du
Nord-Kivu (R.D.C.) » dans Parcours et initiatives, 2006, p.
12.
* 59 Rapport de District
Sanitaire de Butembo.
* 60 KAMBALUME KAHINDO,
Cours de démographie, inédit, G2 UCG, Butembo,
2005-2006.
* 61 Source : Etat
civil de Butembo, 2005, 2006, 2007, 2008.
* 62 Source, zone de
santé de Butembo.
* 63 Source, zone de
santé de KATWA.
* 64 Cf. DIDIER, J.V.,
Biologie des passions, Odice Jacob/Seuil, Paris, 1986, p. 545.
* 65 FLEM, La vie
quotidienne de Freud et des ses patients, Hachette, Paris, 1986, p. 59.
* 66 HOMERE, L'Iliade,
chant XXII, cité par SOLLER, Ph., Théorie des
exceptions, Gallimard, Paris, 1986, p. 9.
* 67 PISAR, S., La
ressource humaine, Paris, Jean-claude Lattès, 1983, 379 p.
* 68 PISAR. S., Op.
cit.
* 69 PISANI, E., La Main
et l'outil, Le développement du tiers monde et l'Europe,
Robert Laffont, Paris, 1984, p. 7.
* 70 FINKIELRAUTA, A.,
La sagesse de l'amour, Essal, Paris, Gallimard, 1984, p. 11.
* 71 LINDER, S.B.
cité par OLSON M., Grandeur et décadence des nations,
croissance économique stagflation et rigidités sociales,
Bonnel, Paris, 1983.
* 72 BERIOT, L.,
L'invasion de l'espionnage économique à celui de la vie
privée, Paris, ALBIN MICHEL, 1971, p. 17.
* 73 Cf. MONTENAY, Y. Cie,
Le socialisme de tiers monde, ALBIN MICHEL, Paris, 1983, p. 295.
* 74 Cf. MONTENAY, Y. Cie,
Op. cit.
* 75 Entretien du 14 juin
2009 à Butembo avec un des grands commerçants de Butembo.
* 76 Ibidem..
* 77 Entretien à
Butembo avec Mzee TSONGO.
* 78 OLIVIER DE SARDAN,
J.M., Anthropologie et Développement Essaie en Socio-anthropologie
du changement social.
* 79 MONDJANAGNI, A.,
« Structures sociales et Développement rural participatif en
Afrique » in Mondjanangi, A.C., Participation populaire ou
développement en Afrique noire, Institut panafricaine pour le
développement, APD-KARTHALA, Paris, 1984, pp. 21-22.
* 80 KAKULE MUWIRI et
KAMBALUME KAHINDO, Identité culturelle dans la dynamique du
développement, Academia, Bruyalant/Presses de l'Université,
UCL, Louvain-La-Neuve, 2002, 332 p.
* 81 MUSONGORA SYASAKA, E.,
(2007-2008), Mouvement associatif et dynamique de développement au
Nord-Kivu. Cas des associations de tendance religieuse en territoires
de Beni-Lubero, UCL, Bruxelles.
* 82 KAKULE KAPARY, C.,
Finance populaire et Développement durable en Afrique au Sud du
Sahara, application à la région Nord-Est de la R.D.C.,
thèse de doctorat en Sciences Sociales : Développement,
Population et Environnement, UCL, PI CIACO, Louvain-La-Neuve, 2006.
* 83 KAMBALE MUWIRI et
KAMBALUME KAHINDO, Identité culturelle dans la dynamique du
Développement, Academia, Bruyalant/Presses de l'Université,
UCL, Louvain-La-Neuve, 2002, p. 332.
* 84 ARISTOTE, Op.
cit., p. 29.
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