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L'ENTREPRISE ET SA RENTA B
ILITE
L'entreprise et les problèmes de gestion qu'elle
rencontre font l'objet d'une actualité riche et variée. Aussi,
pour bien appréhender la complexité des regards dont elle est
l'objet, son fonctionnement, mais également son évolution ou
celle de son rôle, il semble incontournable de bien la cerner et la
définir. Cela dit, cette complexité ne doit pas cacher certains
traits caractéristiques généraux. Tel est l'objet de la
première section de ce chapitre.
Enfin, au delà des caractéristiques juridiques
et économiques nécessaires à l'identification et à
la classification des entreprises, au delà de ses modes de financement,
ce qui importe pour le gestionnaire, c'est de pouvoir analyser l'entreprise de
manière à expliquer sa rentabilité et à prescrire
les conditions de son amélioration. Nous aborderons cela à la
seconde section de ce chapitre.
SECTION I : L'ENTREPRISE I.1 NOTIONS
Dans l'acception courante de la comptabilité nationale,
l'agent « entreprises » est
constitué de toutes les unités économiques de production
qui exercent leurs activités sur le territoire national.1
Cette acception raccorde l'entreprise à la production
au point que LECAILLON et PONDAVEN2 attestent que si
l'activité économique de consommation est le propre du
consommateur ou du ménage, l'activité de production est le fait
des entreprises.
L'erreur y est pour beaucoup. Elle semble avoir
été encouragée par la vision restrictive de la production
que les économistes ont longtemps adoptés ; afin préserver
une analyse macroéconomique, beaucoup plus descriptive, qu'analytique.
Sans nous enliser dans ce débat, nous noterons que toute
activité
1 LAFOLA, A. et VANDERPOOTEN, L., Les
Ménages et les Entreprises, A. de Boeck, Bruxelles, 1995,
p.47.
2 LECAILLON, J et PONDAVEN, C., Analyse
Microéconomique, Cujas, Paris, 1998, p.85.
est productive, puisque sa seule existence suppose qu'au moins
un individu en retire une satisfaction.3
Dès lors, tous les agents économiques sont
producteurs. Cela va de soi pour les entreprises, les institutions
financières et les ménages. Maintenant qu'elle est
l'intérêt de la notion de l'entreprise ?
L'intérêt de cette notion n'est pas nouveau. Car
l'entreprise est toujours perçue comme un vecteur essentiel du
développement économique. Sa place semble aussi
prépondérante dans l'analyse des évolutions actuelles de
la société.4 Mais les débats que l'entreprise
inspire changent progressivement de nature au point qu'il n'en existe pas une
définition précise, qui fasse l'objet d'un consensus global entre
les différentes disciplines qui s'y intéressent. La
difficulté en l'occurrence, tient notamment à la pauvreté
immanente du langage, incapable de restituer toute la luxuriance des faits,
c'est-à-dire non seulement tous les aspects qu'ils représentent ;
mais aussi les mouvements de leur évolution. Mais elle tient aussi au
fait qu'une définition n'est pas nécessairement innocente dans la
mesure où elle met en jeu des intérêts perceptibles dans le
cadre institutionnel de la science.
En l'absence d'une représentation de l'entreprise qui
soit globale, synthétique et admise par tous, le plus sage serait
d'énoncer quelques définitions telles qu'avancées par
différents auteurs et en tirer une définition
opérationnelle pour ce travail.
FAYEL et PERNOT5 définissent l'entreprise
comme une organisation qui se procure des moyens de production et les utilise
pour l'élaboration des biens et des services destinés à
être vendus à la clientèle.
Cette définition cache une grande diversité des
situations. Pour bien les appréhender, il faut rechercher dans cet
ensemble, les caractéristiques principales.
3 GENEREUX, J., Introduction à
l'Economie, Seuil, Paris, 2001, p.24.
4 CHARPENTIER, P., Organisation et gestion de
l'entreprise, A. Colin, Paris, 2OO4, p.6.
5 FAYEL, A. et PERNOT, D., Comptabilité
générale de l'entreprise, Dunod, Paris, 2004,
p.25.
Aussi tout au long de ce travail, l'entreprise sera entendue
comme un agencement dynamique et durable d'hommes, des moyens techniques et des
capitaux organisés en vue de l'exercice d'une activité
économique, débouchant sur la réalisation d'un produit
brut, permettant d'attribuer des revenus bruts ou nets à tous ceux qui
ont concourus à sa réalisation.6
I.2 DES CARACTERISTIQUES GENERALES, MAIS UNE DIVERSITE
D'ENTREPRISES
I.2.1 DES C A RA C T E R IS T IQ U E S G E N E RA L E S
7
L'entreprise est une organisation, elle est donc complexe.
Elle regroupe des hommes et des femmes et pose un problème de
cohérence. Ses caractéristiques principales, sont celles de toute
organisation.
Toute entreprise est une coalition avec un but commun, celui
de produire et de vendre des biens ou des services. La coalition résulte
d'une adhésion plus ou moins forte aux buts poursuivis. En plus,
l'entreprise reste toujours un centre des décisions distinct des
individus qui la composent. Elle est aussi considérée comme un
agent qui intervient au même titre que tous les autres acteurs de la vie
économique et sociale. Elle choisit, décide, intervient et exerce
une influence sur son environnement et notamment ; sur le marché des
biens et des services. Ainsi donc, elle a une stratégie, un pouvoir sur
l'extérieur, et une personnalité juridique.
Enfin, l'entreprise est une somme des moyens d'action humains,
industriels, intellectuels et financiers indispensables à l'exercice de
son activité. Cependant, toutes ces caractéristiques communes ne
cachent pas non plus la grande diversité de cette réalité
économique.
6 ANTOINE, J. et CORNIL, J-P, Lexique
thématique de la comptabilité, Boeck, Bruxelles,
1998, p.113.
7 CONSO, P. et HEMICI, F., L'entreprise en
20 leçons : Stratégie, gestion, fonctionnement,
Dunod, Paris, 2003, p.22.
I.2.2 UNE D IV E R S IT E D 'E N T R E P R IS E S
La grande diversité d'entreprises peut être
observée par référence à de nombreux
critères qui donnent lieux à l'établissement des
classifications et des typologies utiles pour la connaissance de la pratique
des affaires et des performances.
La manière sans doute de présenter cette
diversité consiste pour nous à recourir à des
classifications en fonction des différentes options
préconisées par la théorie.
Les principes de la comptabilité nationale regroupent
les entreprises en quatre secteurs institutionnels.8 Les
sociétés et quasi sociétés non financières,
dont la fonction principale est la production des biens et services. Les
institutions de crédit, qui ont pour rôle le financement de
l'économie par la collecte, la transformation et la répartition
des disponibilités monétaire et financière. Les
sociétés d'assurance, qui assurent les agents économiques
par la garantie d'un paiement en cas de réalisation d'un sinistre. Enfin
; les entreprises individuelles, qui sont assimilées au secteur des
ménages. Ces derniers produisent également des biens et services
marchands non financiers, mais ne possèdent pas de personnalité
juridique propre, distincte de celle des exploitants.
Cette classification descriptive de l'entreprise a le
mérite de permettre plusieurs subdivisions axées sur des
critères non moins sélectifs. Les plus courants portent sur des
choix juridique et économique.
8 BRUSENAULT, C. et PRETET, M., Economie
et gestion de l'entreprise, Vuibert, Paris, 2OO2, p.12.
5
A. DES FORMES JURIDIQUES DIFFERENTES
Les classifications juridiques informent sur la manière
dont est réparti le pouvoir au sein de l'entreprise et sur les apports
des tiers.9 Leurs critères portent sur le statut juridique de
l'entreprise. Le choix de ce statut est particulièrement important car
il conditionne le développement de l'activité de l'entreprise.
Les critères retenus à cet effet sont d'une part, le type de
propriété choisi ; d'autre part, la nature de la
personnalité de l'entreprise.
A.1 Le type de propriete
Suivant la personnalité de l'entrepreneur, diverses
situations peuvent se présenter. En premier lieu, l'entreprise peut
appartenir à l'Etat. Ici, plusieurs cas de figure se présentent.
On parlera d'entreprise nationalisée, d'établissements publics,
d'entreprises semi-publiques selon la part que l'Etat détient dans le
capital de l'entreprise. En général, ces entreprises exercent
soit une activité dont la finalité est un service rendu à
la collectivité (l'énergie, le transport, la communication etc.)
; soit une activité jugée sensible ou stratégique par
l'Etat (le nucléaire, le pétrole, l'assurance et la
sécurité sociale pour le cas de la République
Démocratique du Congo)
Deuxièmement, les formes juridiques sont
également variées. Certaines entreprises sont sous forme des
coopératives ou des mutuelles. Il s'agit principalement des
sociétés coopératives de consommation ou de production,
qui ont connu un fonctionnement reposant sur des principes de
solidarité.
A.2 La personnalite de l'entreprise
Un autre critère vient s'ajouter au type de
propriété, apportant une distinction marquante ; notamment entre
l'entreprise individuelle et sociétaire. C'est donc la
personnalité de l'entreprise.
Une entreprise est une personne morale lorsqu'elle est
titulaire des droits et d'obligations. Cela implique pour elle d'avoir un
patrimoine, distinct de celui
9 CALME, I. et al, Introduction à
la gestion, Dunod, Paris, 2003, p.3.
de ses propriétaires ; d'avoir des règles de
fonctionnement et des décisions prises dans ses statuts.
Elle sera tout aussi considérée comme personne
physique lorsque son identité et sa personnalité se confondent
avec celle de son dirigent, ce qui signifie concrètement que le dirigent
est personnellement et indéfiniment responsable des dettes de son
entreprise.
L'entreprise, comme personne physique, concerne
essentiellement l'entreprise individuelle. Cette forme peut d'ailleurs
s'avérer dangereuse en cas de revers de fortune. Cela dit, elle autorise
une grande liberté de fonctionnement. Ce qui peut expliquer en partie la
préférence de ce statut chez les créateurs.
Au total, il existe une grande diversité juridique et
institutionnelle des entreprises. Cette diversité nous l'avons
épinglé, par des formes très variées des statuts.
Le choix de ces derniers va dépendre d'un certain nombre des variables
types et modes d'activités, des buts ainsi que des finalités. Ces
variables ne seront pas traitées dans ce travail pour de raison de
volume.
B. DES DIMENSIONS ÉCONOMIQUES VARIÉES
La dimension est sans doute le critère le plus
pertinent pour expliquer les différences et ressemblances entre
entreprises. Les indicateurs quantitatifs sont nombreux et peuvent se regrouper
en critères structurels et financiers.
Les critères structurels d'usage courant sont
l'effectif des salariés, les qualifications et les
rémunérations. Ces critères sont les plus utilisés
pour opérer des regroupements par taille des entreprises. Aussi pouvons
nous constater que le critère « taille » ne fait cependant pas
toujours l'unanimité. De nombreuses disparités apparaissent,
selon les auteurs, sur le choix des seuils à fixer pour ces
regroupements.
Les critères financiers sont ceux qui permettent de
jauger la puissance commerciale, économique et financière. Parmi
eux on peut distinguer le chiffre d'affaire et la valeur ajoutée.
Le chiffre d'affaire représente le montant total des
ventes effectuées au cours d'une période. Il peut être
exprimé en volume (nombre d'unités produites) ou en valeur
(nombre d'unités produites X leur prix unitaire). Ce chiffre d'affaire
sert à évaluer les entreprises d'un secteur. Par exemple, classer
les cinq premières, les dix premières...Il sert aussi en plus
dans le calcul d'un certain nombre des ratios financiers et permet de faire des
comparaisons interentreprises.
La valeur ajoutée mesure la richesse
créée par l'entreprise. Pour produire, celle-ci achète des
matières premières et autres fournitures qu'elle transforme. A la
fin du processus de production, le produit a une valeur supérieure
à celle des matières et fournitures incorporées. C'est ce
« plus de valeur » qui constitue la valeur ajoutée de
l'entreprise. Elle se calcule à la différence entre le chiffre
d'affaire de l'entreprise obtenu au cours de l'exercice et les achats et
charges liées à l'exploitation, consommés au cours de ce
même exercice. Au même titre que le chiffre d'affaire, la valeur
ajoutée sert dans le calcul des ratios financiers et permet de faire des
comparaisons des performances entre entreprises.
Le recours aux critères de taille et/ou critères
financiers permet de distinguer des types de découpage qui sont les plus
souvent adaptés lorsqu'on veut étudier un problème des
performances des entreprises. Mais ces critères ont des limites.
Primo, si ces approches apportent un éclairage sur
l'articulation du système productif, elles doivent être
révisées périodiquement car les comportements des
entreprises évoluent, ce qui limite l'utilisation de tels
découpages.
Secundo, ces découpages doivent être
maniés avec prudence car les critères utilisés n'ont pas
forcément le même sens d'une activité à l'autre.
Cela rend difficile l'homogénéisation des classes d'entreprises.
Il faut remarquer que nombre des salariés est le critère le plus
ambigu. Le plus important serait de le combiner à d'autres
critères pour mener des comparaisons pertinentes. Deux entreprises ayant
le même effectif ne sont comparables, que si elles ont la même
activité ou un même niveau technologique.
Selon ce point de vue, nous pouvons distinguer avec
KALUNGA10quatre classifications. Les entreprises commerciales, dont
l'objet principal est l'achat et la vente des marchandises, à
l'état ou après une légère transformation. Les
entreprises industrielles, qui fabriquent des produits finis ou semi-finis
à partir des matières premières qu'elles transforment. Les
entreprises de service, ce sont celles qui produisent des biens
immatériels.
Les entreprises agricoles pour leur part s'adonnent à
l'agriculture dans son sens large (champs, élevage, pêche...)
Une autre classification consiste utiliser des
caractéristiques de l'activité économique de l'entreprise.
Il peut s'agir de distinguer l'entreprise selon les secteurs d'activité,
ou la branche à laquelle elles appartiennent. Un secteur
d'activité est défini comme l'ensemble des entreprises qui
produisent les biens que les consommateurs considèrent comme des biens
substituts.11 Ainsi défini, le secteur regroupe des
entreprises ayant la même activité principale.
L'économiste Australien Colin CLARK12
propose une analyse ventilant les activités des entreprises en trois
secteurs ou domaines d'activités dits primaires, secondaires et
tertiaires.
Le secteur primaire regroupe les entreprises de production des
matières brutes (agriculture, élevage, industries extractives,
pétrole, mines etc.
Le secteur secondaire inclut les activités
industrielles (énergie, bâtiments et construction, travaux
publics, agroalimentaire, production des biens de consommation et de
production)
Le secteur tertiaire, qui est un ensemble mal défini,
inclut les activités qui n'appartiennent pas aux deux premiers secteurs.
Nous pouvons les assimiler à des activités de fourniture des
biens immatériels aux individus aux collectivités
10 KALUNGA, M., La pratique du management des
entreprises, Cresa, Lubumbashi, 2007, p.126.
11 VARIAN, H., Introduction à la
microéconomie, A. de Boeck, Bruxelles, 2000, p.487.
12 Microsoft encarta, « secteurs
économiques », 2006, (DVD)
et aux autres entreprises. Ce secteur regroupe les services
marchands et non marchands, notamment le commerce de gros et de détail,
le commerce d'automobiles, la location, les postes et
télécommunications, les assurances, le tourisme, les services de
santé, les distributions, la restauration, les assurances, et les
services offert par les administrations publiques.
Au sein du domaine des services, on isole parfois un secteur
« quaternaire ». Celui-ci rassemble les entreprises qui offrent des
services aux autres entreprises : informatique sécurité, conseil
en gestion et autres. Il connaît un fort développement surtout
dans les pays à ancienne démocratie.
La division en secteurs économiques permet
d'étudier l'évolution des activités économiques
dans le temps. Elle présente aussi les avantages d'offrir une structure
pour la répartition de la population active et de correspondre avec le
degré de développement du pays. Mais elle demeure largement
conventionnelle car les frontières entre secteurs ne sont pas nettes.
Par ailleurs, si une entreprise ne peut appartenir qu'à
un seul et unique secteur, (définit par l'activité principale
qu'elle exerce) ; elle peut appartenir à plusieurs branches si son
activité est diversifiée et qu'elle participe à la
fabrication de plusieurs produits.
Par branches d'activités, nous entendons un ensemble
qui, du point de vue technique et sous l'angle de l'organisation, exerce une
activité autonome et susceptible de fonctionner par ses propres
moyens.13
L'analyse en termes de branche a la vertu de découper
l'entreprise en autant des produits qu'elle offre. Ceci étant, elle
permet de connaître la provenance d'un produit et son utilisation dans le
secteur productif. Notons aussi pour terminer qu'elle sert surtout à
l'analyse macroéconomique ; car, elle est adaptée aux
études sur la production nationale, la valeur ajoutée etc.
Nous pouvons évoquer à ce point les entreprises
locales, les entreprises nationales, les entreprises internationales, et les
entreprises multinationales.
13 ANTOINE, J. et CORNIL, J-P., Op.cit,
p.48.
10
I.3 LA GESTION DE L'ENTREPRISE I.3 .1 NOTIONS
Les entreprises doivent faire en permanence des choix pour
survivre. A cet effet, de multiples options sont levées à tous
les niveaux de cette organisation et constituent même la gestion de
l'entreprise. Celle-ci est un ensemble des théories, des principes et
des méthodes dans différents domaines : l'organisation de
l'entreprise, la finance d'entreprise, le contrôle de gestion, le
marketing et la production.
Cette définition admet une grande proximité de
point de vue entre l'économie et la gestion. Au sujet de cette
proximité BIALES14 estime que ce sont les mots
eux-mêmes qui nourrissent l'ambiguïté. Surtout quand on
définit l'économie comme la science de gestion des ressources
rares à usage alternatif et la gestion comme étant la discipline
qui vise en particulier l'économie des coûts pour maximiser les
recettes.
Très rassurant, LEIRITZ15 note que
gérer consiste de ce point de vue à mettre en oeuvre des moyens
humains, techniques et financiers pour atteindre un objectif fixé. Cette
gestion peut aussi embrasser l'ensemble des actes comptables, qu'il s'agisse
d'opérations d'exécution d'un budget ou d'opération de
trésorerie.16
L'objectif de la gestion est de mettre en oeuvre un ensemble
des ressources (humaines, financières et matérielles) en
appliquant, sous contraintes, des règles, des pratiques et des
procédures pour atteindre les buts que l'entreprise s'est
fixée.17 De là, l'objet d'analyse de la gestion c'est
l'entreprise, et plus concrètement son fonctionnement, sa recherche des
performances, et des moyens mis en oeuvre pour y parvenir. C'est dans cet ordre
d'idées que Béatrice et Francis GRANDGUILLOT18
renchérissent que la rentabilité et les performances sont des
aspects importants et fondamentaux de
14 BIALES, C., La gestion, les cahiers
économie et gestion, n°65, p.10.
15 LEIRITZ, A., Bases de la gestion
financière, Organisation, Paris, 1988, p.22.
16 COLI et BERNARD, Dictionnaire économique et
financier, Seuil, Paris, 1996, p.76.
17 MAESO, R. et al, Comptabilité
financière, Dunod, Paris, 2003, p.1.
18 GRANDGUILLOT, B. et F., Analyse
financière, Gualino, Paris, 2004, p.209.
la gestion de l'entreprise. Si nous avons considéré
l'entreprise comme objet de gestion, c'est pour pouvoir identifier les
principes de gestion qui la régissent.
I.3 .2 LES P R IN C IP E S D E GESTION
En premier lieu, l'entreprise repose sur les principes de
valorisation des ressources, de savoir faire et des moyens.
Concrètement, il ne va pas s'agir seulement d'utiliser le mieux possible
les ressources (financières, humaines, matérielles et
informationnelles) présentes au sein de l'entreprise ; mais encore
faut-il aussi mobiliser un savoir faire (savoir produire, savoir vendre et
distribuer...) soit à l'intérieur de l'entreprise ; soit à
l'extérieur de celle-ci, dans le souci de répondre parfaitement
aux exigences de sa clientèle.
Deuxièmement, l'entreprise est assise sur des principes
d'organisation et de régulation. Les principes d'organisation renvoient
à la façon dont le travail est divisé et coordonné
entre les hommes. Les principes de régulation portent sur la
manière dont sont contrôlé le travail et les performances
de l'entreprise.
Ces principes de gestion sont, de même que les
décisions du gestionnaire, des piliers de la conduite de
l'activité économique de l'entreprise. Mais la gestion
elle-même, que ce soit dans son approche traditionnelle ou moderne doit
concourir toujours à la maîtrise de l'état d'esprit de
l'entreprise.
1.3 .3 L 'E TAT D 'E S P R IT D E L 'E N T R E P R IS E
L'état d'esprit de l'entreprise est l'optique globale
qui résulte de l'interaction de ses membres.19 Cet
état d'esprit est un ensemble constitué par la
vision (ce que les collaborateurs voient que
l'entreprise s'efforce d'atteindre), les valeurs (ce
que les collaborateurs considèrent important), les
croyances (ce qu'ils considèrent être
des rapports de cause à effet, et les a priori
(ce qu'ils considèrent comme des acquits).
19 PORTER, M. et al, Les paramètres
essentiels de la gestion de la gestion stratégique des
entreprises, Maxima, Paris, 1997, p.55.
12
Dans son ouvrage paru aux éditions d'organisation, Jean
BRILMAN20 formule la vision en quelques mots comme la
finalité prioritaire. En tant que telle elle offre aux partenaires de
l'entreprise un aperçu de ce qu'elle veut atteindre dans l'avenir. Elle
transmet les principaux objectifs stratégiques de l'entreprise à
ses membres et formalise un thème commun dans l'état d'esprit de
l'entreprise.
Mais les visions ne suffisent pas à inciter les
entreprises à engager des actions décisives ; à moins
qu'elles soient reflétées par des valeurs.
Les valeurs associent une vision à une prise de
décisions et relient les aspirations et les objectifs à des
actions et à des décisions quotidiennes.
Toutefois, les valeurs ne deviennent véritablement
éléments fondamentaux de l'état d'esprit de l'entreprise
que si et seulement si elles sont identifiées et perçues par ses
membres.
Les croyances évoquées ici se
réfèrent à la compréhension des relations de cause
à effet. Elles peuvent s'appliquer à des sujets internes et
à des problèmes externes à l'entreprise. Elles constituent
une composante importante de l'état d'esprit de l'entreprise parce
qu'elles influencent considérablement les comportements des membres de
l'organisation.
Les a priori sont différents
des croyances. Mais ce sont des situations que l'entreprise considère
comme des données de son environnement.
En somme, l'état d'esprit est un facteur
déterminant des performances de l'entreprise. Il peut renforcer soit
inhiber la stratégie de l'entreprise. Le défi que doit relever le
gestionnaire est donc de s'assurer que l'état d'esprit de son entreprise
est en mesure de lui procurer un grand profit.
I.4 LE FINANCEMENT DE L'ENTREPRISE
La création de l'entreprise, l'exploitation de son
activité puis son développement nécessitent des capitaux
importants. Selon leurs destinations, ces capitaux resterons plus ou moins
durablement à la disposition de l'entreprise. Diverses
possibilités se présentent à l'entreprise pour obtenir
ces
20 BRILMAN, J., Les meilleurs pratiques de
management, Organisation, Paris, 2005, p.82.
capitaux ; ce sont les modes de financement. Il existe deux modes
de financement, les financements internes et les financements externes.
I.4 .1 LES F IN A N C E M E N T S IN T E R N E S
Nous avons recensé trois principaux modes de
financement internes. Deux d'entre eux font appel aux propriétaires et
le dernier provient de l'activité de l'entreprise.
A court terme, les associés ou les actionnaires ont la
possibilité de déposer de l'argent sur des comptes courants
rémunérés dans l'entreprise. Comme cette activité
ne fait pas partie intégrante des activités normales des
entreprises commerciale et industrielle, ces dépôts qui peuvent
être récupérés sans préavis par leurs
titulaires, constituent aussi un moyen de financement de court terme.
A long terme, le financement assuré à
l'entreprise par les propriétaires prend la forme d'un apport en
capital. L'apport initial est réalisé à la
création. Ces propriétaires peuvent aussi décider
d'augmenter le capital, à leur gré, en fonction des besoins et
opportunités de l'entreprise.
L'autofinancement, comme son nom l'indique, est un financement
que l'entreprise se crée elle-même par son activité
propre.21 Il est le pivot fondamental qui supporte le financement de
l'entreprise. Dans une petite et moyenne entreprise, il s'étend
même aux avantages que les dirigeants laissent à
l'organisation.22
21 DEPALLENS, G., Gestion
financière de l'entreprise, Sirey, Paris, 1970, p.360.
22 WTTERWULGHE, R., La PME :
une entreprise humaine, A. de Boeck, Bruxelles, 1998, p.126.
14
1.4 .2 LES F IN A N C E M E N T S E XT E R N E S
Les financements externes peuvent être regroupés
en deux catégories en fonction des modalités de leur mise en
oeuvre. Nous pouvons distinguer notamment la finance directe et la finance
indirecte ou l'intermédiation financière.
On parle de finance directe lorsque les titres primaires
émis par l'emprunteur ultime sont achetés par le prêteur
ultime. Ainsi l'entreprise peutelle émettre des actions nouvelles, ou
l'Etat vendre des bons de trésor que les ménages et autres agents
en capacité de financement achèteront. Ces titres primaires qui
promettent à leurs détenteurs la perception d'une
rémunération désignent pour GURLEY et SHAW23
l'ensemble de toutes les dettes et de toutes les actions émises par les
agents non financiers.
L'intermédiation financière correspond au second
mode de financement externe. Elle se traduit par l'apparition d'un
intermédiaire entre agents à déficit et agents à
capacité de financement. De façon plus précise,
l'intermédiaire est un organisme spécialisé dans la
collecte de l'épargne des prêteurs ultimes en leurs vendant des
titres qu'il émet et qui sont appelés indirects (on les appellent
aussi titres secondaires) et la transmet aux emprunteurs ultimes en achetant
des titres primaires.
SECTION II : LA RENTABILITE DE L'ENTREPRISE
Tout investissement dans l'entreprise et tout financement de ses
activités, reposent sur la perspective d'une certaine rentabilité
future.25 Ainsi, les services
23 Cités par FERNANDIER, R. et KOEN, V. in
Marché des capitaux et techniques
financières,
Economica, Paris, 1994, p.14.
24 COHEN, E., Gestion financière et
développement financier, Edicef, Paris,
1991, pp. 34-35.
25 DEPALLEN, G., Op.cit,
p.485.
compétents de l'entreprise doivent évaluer la
rentabilité des opérations envisagées. Une question ne
mérite-t-elle pas d'être posée ? Celle de savoir ce qu'il y
a autour de cette notion de rentabilité ?
II.1 LES CONTROVERSES DEFINITIONNELLES
Il semble assez logique de mesurer la rentabilité du
capital pour bien comprendre le fonctionnement des unités capitalistes.
Donc des unités dont l'efficacité dépend pour la grande
part de la récolte du capital accumulé.26
Par ailleurs, les économistes ne sont ni d'accord sur
la définition de l'objet que l'on doit mesurer, ni sur le sens qu'il
convient de donner au résultat de cette mesure. Dans ce sectarisme
basé sur la conception du mot capital, deux groupes
s'élèvent en parallèle.
Le premier définit le capital comme facteur de
production et pense que le revenu de ce facteur a quelque chose à avoir
avec sa productivité.
Le second quant à lui, estime que si le capital n'est
pas considéré comme tel, son revenu est un
prélèvement sur les richesses produites.
II.2 LA RENTABILITE : UN CONCEPT FLOU ?
La finalité de toute entreprise est d'être
rentable. A priori, la mesure de la rentabilité apparaît simple :
un rapport entre le résultat net et l'ensemble des moyens mis en
oeuvre.
Par contre, dès qu'il s'agira de quantifier, des
divergences apparaissent et frisent le paradoxe des rentabilités :
faciles à définir et à comprendre ; mais difficiles
à mesurer et à interpréter.27 Pour
l'actionnaire, le résultat c'est d'abord le dividende qui lui est
versé ; pour le financier, c'est le bénéfice net
après
26 MAHTHAR, A., Le nouveau dossier d'Afrique,
Presses de Gérard, Belgique, 1971, p. 17.
27 BREMOND, J. et GELEDAN, A., Dictionnaire des
théories et mécanismes économiques, Hatier,
Paris, 1984, PP. 47-48.
16
impôt ; pour l'Etat, c'est le bénéfice
avant impôt et enfin du point de vue de la performance économique,
c'est la valeur ajoutée par l'entreprise.
Quant aux facteurs à prendre en compte, il peut s'agir
des capitaux propres, des capitaux permanents, ou aussi de l'actif
économique. Bref, chaque indicateur a sa logique et correspond à
une conception de l'efficacité de la firme.
II.3 LA NECESSITE D'UNE DEFINITION OPERATIONNELLE
Fort de ces controverses, la rentabilité est une notion
que chacun des groupes précédemment évoqués utilise
à sa guise en fonction du rôle et de la considération qu'il
a de l'entreprise et de l'entrepreneur. Cela est amplement suffisant pour que
dans son ouvrage, l'Economique I, Paul Anthony SAMUELSON28 nous
mette en garde contre la tyrannie des mots et affirme même que les mots
peuvent nous trahir parce que nous n'y réagissons pas dans un esprit de
neutralité.
C'est pourquoi la nécessité d'une
définition opérationnelle s'impose inéluctablement pour
organiser une suite logique de ce travail.
Jean-Yves CAPUL et Olivier GARNIER définissent la
rentabilité comme le rapport réalisé entre les profits et
les capitaux engagés pour arriver à ce
résultat.29
Pour COLI et BERNARD, ce rapport est l'expression de
l'aptitude d'un capital placé ou investis à produire un revenu
exprimé en termes financiers.30 Tout de même, la
rentabilité peut s'apprécier sur un plan bien différent :
celui de l'avantage en monnaie et du bénéfice pécuniaire
que l'on retire de l'activité.31
28 SAMUELSON, P.A., L'Economique I, A.
Colin, Paris, 1982, p.17.
29 CAPUL, J-Y et GARNIER, O., Dictionnaire
d'économie et des sciences sociales, HATIER, Paris, Juin
2002, p.350.
30 COLI et BERNARD, Vocabulaire économique et
financier, Seuil, Paris, Avril 1989, p.271.
31 BARRERE, A. et al, Traité d'économie
politique, Dalloz, Paris, 1990, PP.718-719.
Ainsi définie, la rentabilité correspond
à ce que les Américains et leurs frères d'armes
Britanniques appellent : « profitability »
qui vient du mot anglais « profiteer » et
signifie faire des bénéfices excessifs.32
Dans cette mesure, la production est rentable lorsque les
services produits, une fois vendus et tous les services payés, il reste
un gain à l'entrepreneur. Les détails qui suivent s'articuleront
autour de cette dernière considération.
II.4 LA PRIMAUTE DE LA RENTABILITE DE L'ENTREPRISE33
L'étude des possibilités d'action de
l'entreprise passe par l'étude de ses marges d'exploitation. Le niveau
et les fluctuations de celles-ci doivent, pour influencer une décision,
être expliqués grâce à l'étude de la gestion
stratégique de l'entreprise. Est aussi pris en compte l'environnement,
dans ses rapports de forces, de menaces ou d'opportunités.
Cette même étude passe aussi par l'examen de
l'actif économique et de son évolution par rapport à la
croissance des activités. Elle aboutit donc à l'étude de
la rentabilité de l'actif économique. Cet indicateur de profit
reste très important dans la mesure ou il compare, sur une base
annuelle, la performance économique des capitaux de l'entreprise. Il
permet aussi d'apprécier la création de valeur sans laquelle
l'entreprise est appelée à végéter.
II.5 LES CRITERES TRADITIONNELS DE RENTABILITE
A l'heure actuelle, ou le monde est sous l'harnache de la
mondialisation, il faut soutenir l'évolution poussée ces 25
dernières années des critères de rentabilité. Le
temps n'est plus ou TERBORGH34 pouvait écrire, nous citons :
« la plupart des chefs d'entreprises se contentaient le plus
souvent des pratiques se
32 Le Robert Colin Poche, Robert,
Paris, 1992, p.275.
33 VERNIMMEN, P., Finance d'entreprise
: Théorie et pratique de la finance, Dalloz, Paris, 2000, p.78.
34 Cité par GALESNE, A., in Les
décisions financières de l'entreprise, Dunod,
Paris, 1981, p.28.
18
confinant à la superstition
». Comme pour peindre l'irrationalité des dirigeants d'entreprises
de son temps.
Toutefois, les critères traditionnels de
rentabilité utilisés par beaucoup d'unités
économiques étaient largement empiriques et approximatifs ; se
rattachant à deux types.
Pour les uns, c'est l'indice de rentabilité du projet,
considéré comme taux de profit. Pour les autres, c'est la
période de remboursement des capitaux. En d'autres termes, la
durée du cycle des capitaux.
II.6 LES FONDEMENTS DU CHOIX RATIONNEL D'UN CRITERE DE
RENTABILITE
Ces fondements sont de divers ordres. La liste des auteurs
ayant pris part à la discussion est assez longue pour que nous puissions
vous la présenter. Tout de même, il faut noter qu'encore ici se
dressent deux groupes non étroitement divergents.
Le premier a préconisé l'usage du taux interne
de rendement, et le second a préconisé l'usage du critère
de la valeur nette.35 Les raisons motivant motivants la
préférence pour l'un ou l'autre de deux critères sont de
plusieurs ordres.
Tantôt les auteurs se fondent sur l'analyse plus
macroéconomique que microéconomique, mettant l'accent sur les
conséquences que pourraient entraîner l'adoption
généralisé d'un critère sur l'économie toute
entière. Tantôt, ils se situent au niveau des qualités
intrinsèques de deux critères.
Les uns font intervenir des questions d'ordre pratique pour
justifier leur préférences ; telle que la facilité de
calcul (par exemple la préférence qu'auraient les patrons de
raisonner en terme de taux plutôt qu'en terme de valeur absolue).
Les autres mettent l'accent sur des hypothèses
sous-jacentes à chacun de deux critères de rentabilité et
les difficultés d'ordre théorique qu'elles engendrent.
35 GALESNE, A, Op.cit, p.171.
19
Pour cette étude, nous négligerons totalement,
dans le cadre des développements qui suivront, les arguments d'ordre
théorique qui ont pu favoriser l'un ou l'autre critère ; tout en
limitant notre préférence aux arguments d'ordre pratique. Nous
les adapterons ensuite aux données récoltées sur le
terrain en vue de les analyser.
II.7 LA METHODE DES RATIOS ET L' EVALUATION DE LA
RENTABILITE
Les ratios sont des rapports entre deux grandeurs
caractéristiques.36 Ils permettent une mesure
synthétique de la situation financière et des performances de
l'entreprise. Il existe divers types des ratios. D'ailleurs dans le domaine de
l'analyse financière, chaque analyste utilisera peut-être sa
propre batterie des ratios, à une seule condition, celle de
définir à l'avance les termes de ce rapport pour en permettre une
bonne lecture.
Dans cet océan des ratios, un groupe a
été ciblé pour ce travail : c'est celui des ratios de
rentabilité. Ils nous permettront de suivre l'évolution de
l'activité, de peser la structure des charges et d'analyser la
répartition de la valeur ajoutée.
II.7.1 L ' EVOLUTION D E L ' A C T IV IT E
Les ratios de rentabilité qui nous aident à
suivre l'évolution de l'activité calculent l'évolution de
certains indicateurs caractéristiques sur plusieurs années. Pour
le présent mémoire, nous avons retenu le chiffre d'affaire et la
valeur ajoutée.
C .A n --C.
1
An
Pour le chiffre d'affaire :
Formule 1
V .A n --V.
V . An 1
1
An
Pour la valeur ajoutée :
20
Formule 2
N.B : Les évolutions du chiffre d'affaire et de la
valeur ajoutée doivent être parallèles. Si non, il y a une
évolution contraire des consommations intermédiaires.
11.7.2 LA STRUCTURE DES CHARGES
Ce ratio compare un élément des charges au total
des charges. Un exemple pour les charges du personnel :
Ch arg es du Personnel x 100
Chiffre d' Affaire
Formule 3
Pour l'instant, nous ne nous attarderons pas sur ce point, car il
se rapporte à la rentabilité sociale qui sera analysée au
chapitre suivant.
11.7.3 L 'A N A LYS E D E LA C A P A C 1T E A G E N E R E R LES
P R O F 1T S Cette formule peut nous aider à y parvenir, à
noter :
Chifre d' affaire
Formule 4
Ce ratio évalue la performance économique de
l'entreprise, et notamment la maîtrise des charges d'exploitation. Cette
démarche conduit aussi à l'évaluation de la
capacité de l'entreprise à produire un résultat
d'exploitation important par rapport au chiffre d'affaire.
11.7.4 L 'A N A LYS E D E LA R E N TA B 1L 1T E P R O P R E M E N
T D 1T E
21
théoriques qui les sous-tendent. Mais dans le cadre du
présent travail, nous retiendront deux types, la rentabilité
économique et la rentabilité financière.
Appelée aussi « rentabilité
nette de l'investissement >>, elle correspond à ce
que les Américains et Britanniques appellent « Return
On Investment >> R.O.I en sigle. Elle exprime la
rentabilité des actifs investis dans l'entreprise.
Résultat net
Actif
Re
En considérant que le résultat économique
correspond au résultat d'exploitation on aura :
Formule 5
Pour Re : Rentabilité économique.
Cette rentabilité peut également permettre la
rémunération de l'ensemble des capitaux investis par
l'entreprise. Et pour le démontrer, nous allons partir de
l'égalité actif-passif et écrire :
Résultat net
Passif
Re
Formule 6
NOTE : Toutefois, il tient lieu de souligner que cette
rentabilité neutralise les effets des modes de financement des
investissements, ainsi que l'incidence de l'impôt sur les
bénéfices. Mais le financement lui-même n'a pas pour autant
été éliminé car, on supposait implicitement que
l'entreprise finançait ses investissements par les fonds
propres.37
Egalement appelée « return on equity >> R.O.E
en sigle, la rentabilité financière mesure la performance avec
laquelle l'entreprise utilise les capitaux
37 VIZZAVONA, P., Gestion
financière : Analyse statique, analyse dynamique et
évaluation des entreprises, Litec, paris, 1983, p.404.
que lui offre l'entrepreneur. Sur elle, Jean BARREAU et
Jacqueline DELAHAYE38 ont écrit nous citons :
elle est déterminante au regard des pourvoyeurs des fonds et
constitue le critère de la viabilité de
l'organisation. Elle s'exprime par le rapport :
Rf = Résultat net
Capitaux Pr opres
Formule 7
C'est à ce stade que l'on intègre aux calculs de
l'analyse précédente d'une part, l'incidence des modalités
de financement utilisées pour réaliser l'investissement ; d'autre
part l'impôt sur les bénéfices résultant de
l'activité. Mais du point de vue commun entre ces deux taux de
rentabilité ci-haut mentionnés, les raisonnements sont tenus en
termes des recettes et des dépenses, logique même des performances
comme nous le verrons au chapitre suivant.
II.8 LA RENTABILITE DE L'ENTREPRISE ET NOTIONS CONNEXES
Nous venons de présenter la rentabilité, sa
vocation au sein de l'entreprise ainsi que ses types. L'heure est alors
à vous étayer ses fréquentations avec l'activité et
l'environnement de l'entreprise.
II.8 .1 LA R E N TA B IL IT E E T LES DECISIONS F IN A N C
IE R E S D E
L E N T R E P R IS E
L'entreprise agit par ses dirigeants et à son bien
être. C'est pourquoi Peter DRUCKER39 qui écrivait
À propos management insistait sur le fait que les dirigeants de
l'entreprise doivent agir et surtout bien agir. Aussi pouvait-il
38 BARREAU, J. et DELAHAYE, J., Gestion
financière : Manuel et Applications, Dunod, Paris, 2000,
p.468.
39 DRUCKER P., A propos du
management, Nouveaux Horizons, Paris, 2000, p.98.
23
poursuivre que les produits finaux du travail d'un chef
d'entreprise ce sont les décisions et les actions et non les
connaissances théoriques et les idées.
C'est dans cet ordre d'idées que l'entreprise
décidera peut-être sur sa flexibilité ou soit sur son
organisation interne afin de maximiser sa rentabilité. Son arsenal de
décisions peut se simplifier de la manière suivante :
Le choix d'intégration ou d'externalisation de
certaines activités a un impact sur la composition des coûts. Le
recours à la sous-traitance présente plusieurs avantages. Tel que
l'obtention d'une prestation à un prix simplifié ou
compétitif. Celle-ci permet à l'entreprise utilisatrice de
maîtriser ses coûts, d'être plus productive et donc de
prester à un prix attractif. Elle permet également la
réduction des coûts liés à la complexité
organisationnelle et apporte à l'entreprise sous-traitée la
spécialisation sur son propre coeur de métier. Laquelle
spécialisation conduit à la maîtrise des coûts et
à l'amélioration de la rentabilité de ses
investissements.
La fixation du prix de vente est étroitement
liée à l'objectif de rentabilité. Cependant, la marge de
manoeuvre dont l'entreprise dispose dépend du marché dans lequel
elle intervient et de la cohérence entre l'objectif de marge et les
attentes des actionnaires.
II.8 .2 LA R E N TA B IL IT E D E L 'E N T R E P R IS E
FACE A LA P R O D U C T IV IT E E T LA P R O F ITA B IL IT E A IN S I Q U 'A U
R E N D E M E N T
La rentabilité, comme nous l'avons définie, est
l'aptitude de l'entreprise à secréter un résultat. En ce
qui concerne la productivité, elle est l'aptitude de l'entreprise
à réaliser une production grâce à l'ensemble ou
à une partie des facteurs de production.
La profitabilité pour sa part, s'entend comme
l'aptitude de l'entreprise à secréter un résultat positif
grâce à son activité. Cette dernière notion diverge
de
25
la rentabilité à deux niveaux. D'abord, elle
retient l'entreprise dans son ensemble, en tant que force motrice, et non pas
comme un investissement particulier. Enfin, la rentabilité implique un
excédent des recettes sur les dépenses, tandis que la
profitabilité traduit un excédent des produits sur les charges.
Bref, la profitabilité mesure le nombre d'unités
monétaires gagnées pour une unité monétaire des
ventes ; alors que la rentabilité mesure le nombre des unités
monétaires gagnées pour une unité monétaire
d'investissement.
Enfin, le rendement de l'entreprise représente
l'aptitude d'un investissement à produire des biens ou des services au
cours d'une période de temps donnée. A ce niveau, les notions de
profit, de prix de vente ou d'encaisse supplémentaire seront
éludées.
Mais attention ! Pierre VERNIMMEN40 nous avise
insistant sur le fait qu'il ne faut pas confondre la rentabilité et la
marge. Selon lui cette dernière est le rapport d'un résultat
à un volume d'activité.
II.9 LES DETERMINANTS DE LA RENTABILITE
Nous venons de définir la productivité comme le
rapport entre le volume de la production et le volume des moyens mis en oeuvre
pour l'obtenir. En tant que telle, elle apparaît au coeur du
problème économique par excellence à savoir, celui de la
mesure de l'efficience. C'est-à-dire, la recherche de la meilleure
utilisation possible des ressources rares. Ce qui revient soit à
maximiser les résultats pour un volume donné des ressources ;
soit à minimiser le volume donné des ressources pour atteindre
des résultats donnés.
Avec la productivité, on cherche à mesurer
l'efficience du processus de production et de son organisation. Au premier
plan, comme souligné au paragraphe précédent, la
rentabilité met en rapport le revenu d'une période et le capital
avancé en début de cette période pour l'obtenir. Nous ne
sommes donc pas en présence d'un indicateur physique mais d'un
indicateur monétaire ou financier. Bien que les gains de
productivité se traduisent, toutes choses restant
40 VERNIMMEN, P., Finance d'entreprise,
Dalloz, Paris, 2005, p. 291.
égales par ailleurs, par une baisse des coûts
unitaires ; et constituent un facteur de compétitivité pour
l'entreprise, ils ne sont ni une condition suffisante, ni même parfois un
gage de rentabilité. Cela parce que la rentabilité dépend
d'un grand nombre d'autres facteurs. Parmi ceux-ci, il faut au moins souligner
les incidences de l'adaptation du produit au marché (qualité,
délai, services après vente...) et celles de l'évolution
des prix relatifs.
Les gains de productivité réduisent les
coûts c'est-à-dire la quantité des ressources
détruites pour produire de nouvelles richesses.41 Comme
d'ailleurs le soulignent Pascal COMBEMALE et Arnaud PARIENTY, cette
minimisation des coûts grâce aux gains de productivité
apparaît d'abord comme une affaire de la vie privée de
l'entreprise. La valorisation du produit, donc de la rentabilité qui en
découle, est une affaire sociale en ce sens qu'elle dépend du
comportement des agents extérieurs à l'entreprise.
Nous allons alors, sur le deuxième plan, distinguer
l'efficience technique de l'efficience économique. La première
est une économie quantitative d'inputs. La seconde c'est l'adaptation
des techniques à la demande et au système des prix existants.
Mais au fond, rien n'est purement technique.
En somme, la rentabilité dépend du taux de
marque (qui analyse la répartition de la valeur ajoutée, du
coût du travail et de la pression fiscale). Elle dépend aussi de
l'efficacité du capital (productivité du travail,
intensité capitalistique et amortissement). Enfin, elle est
influencée par les prix relatifs qui se déterminent par le
degré de concurrence nationale ou internationale. Certains autres
facteurs comme le taux d'intérêt et l'endettement seront
analysés dans les chapitres qui suivent.
II.10 LES LIMITES DES TAUX DE RENTABILITE COMPTABLES
41 COMBEMALE P. et PARIENTY A., La
productivité : analyse de la rentabilité, de
l'efficience et de la productivité, Nathan, Paris, 1993, p.35.
Les rentabilités tant économiques que
financières comptables présentent l'intérêt
évident pour l'analyse financière. Elles recèlent une
importance, celle d'évaluer les performances de l'entreprise.
Par contre, du point de vue financier, l'intérêt
de ces taux est beaucoup plus limité. Cela parce qu'ils sont
établis sur une base comptable, très souvent à posteriori,
qui n'intègre pas les risques courus par l'entreprise. Leur
interprétation stricto sensu pourrait être mal
digéré.
ANSOFF Igor42 était aussi du même
avis. Déjà en 1989 il écrivait que l'emploi
irréfléchi des taux et des ratios pour mesurer la
rentabilité pourrait conduire à la conclusion absurde que le
maximum de réussite sera obtenu pour un avoir nul, ce qui rendrait
théoriquement le revenu maximum à l'infini.
Enfin, dans une large échelle, ces taux de
rentabilité comptables ne doivent en aucun cas servir de seuls
critères objectifs à l'entreprise. Néanmoins, leur examen,
leur comparaison dans le temps pour suivre leur évolution, leur
confrontation aux différents taux standards ou moyens, internes ou de la
branche d'activité, favorisera l'étude très poussée
de la tendance et de la conjoncture des principales activités
économiques et financières de l'entreprise.
Comme nous venons de le voir, au cours de cet article, la
mesure de la rentabilité semble n'avoir rien d'évident, elle
mérite d'être développée. Mais elle ne le sera que
dans le cadre d'un diagnostic des performances posé. Et cela c'est
l'affaire du prochain numéro.
42 ANSOFF I., Stratégies du
développement l'entreprise, Organisation, Paris, 1989,
p.53.
27
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37. VERNIMMEN, P., Finance
d'entreprise, Dalloz, Paris, 2005.
38. COMBEMALE P. et PARIENTY A., La
productivité : analyse de la rentabilité, de
l'efficience et de la productivité, Nathan, Paris, 1993.
39. ANSOFF I., Stratégies du
développement l'entreprise, Organisation, Paris, 1989.
29
TABLE DES MATIERES
L'ENTREPRISE ET SA RENTABILITE 1
SECTION I : L'ENTREPRISE 1
I.1 NOTIONS 1
I.2 DES CARACTERISTIQUES GENERALES, MAIS UNE DIVERSITE
D'ENTREPRISES 3
I.3 LA GESTION DE L'ENTREPRISE 10
I.4 LE FINANCEMENT DE L'ENTREPRISE 12
SECTION II : LA RENTABILITE DE L'ENTREPRISE 14
II.1 LES CONTROVERSES DEFINITIONNELLES 15
II.2 LA RENTABILITE : UN CONCEPT FLOU ? 15
II.3 LA NECESSITE D'UNE DEFINITION OPERATIONNELLE 16
II.4 LA PRIMAUTE DE LA RENTABILITE DE L'ENTREPRISE 17
II.5 LES CRITERES TRADITIONNELS DE RENTABILITE 17
II.6 LES FONDEMENTS DU CHOIX RATIONNEL D'UN CRITERE DE
RENTABILITE 18
II.7 LA METHODE DES RATIOS ET L' EVALUATION DE LA
RENTABILITE 19
II.8 LA RENTABILITE DE L'ENTREPRISE ET NOTIONS CONNEXES 22
II.9 LES DETERMINANTS DE LA RENTABILITE 24
II.10 LES LIMITES DES TAUX DE RENTABILITE COMPTABLES 25
BIBLIOGRAPHIE 27
TABLE DES MATIERES 29
RENE GIDE MBAYA
Licencié en Sciences de Gestion Option Gestion
Financière
Université de Lubumbashi.
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