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L'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad

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par Aime MBAINDIGUIM GUEMDJE
Université Catholique d'Afrique Centrale, institut catholique de Yaounde - Master 2 2008
  

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Paragraphe II : Le partenariat Chine-Tchad : nécessité d'une collaboration avec les acteurs privés de promotion et de réalisation des droits économiques et sociaux

Le partenariat sino-tchadien inscrit dans une dynamique de développement nécessite une collaboration avec les acteurs privés de promotion et de réalisation des droits économiques et sociaux. Dans le contexte tchadien, la collaboration avec la société civile (A), ainsi que l'adoption de quelques mesures concrètes (B) contribueront de façon efficace à l'amélioration de ce partenariat dans la perspective de la réalisation des droits socio-économiques.

A- Collaboration avec les sociétés civiles oeuvrant pour la réalisation du droit à la santé au Tchad

A cause du phénomène de la mondialisation, nous vivons dans un monde où les frontières s'estompent, où les besoins humains se multiplient, où les êtres humains, face à une évolution économique et sociale et politique rapide, cherchent de nouveaux moyens de maîtriser leur vie et leur avenir, de défendre leurs intérêts ainsi que leurs droits. Au Tchad comme dans la plupart des pays africains, jamais la société civile n'a été aussi visible, aussi organisée, et aussi dynamique qu'aujourd'hui. En effet, la société civile, on peut la définir comme l'ensemble des organisations constituées par les citoyens et qui interagissent avec les pouvoirs politiques et économiques, soit dans la lutte contre la pauvreté, soit dans l'éradication de certaines maladies. Selon le Corps commun d'inspection des Nations unies, « la société civile est composée des mouvements, des entités, des institutions indépendantes de l'Etat, qui en principe sont sans but lucratif, agissent sur le plan local, national et international pour la défense et la promotion d'intérêts sociaux, économiques et culturels, ainsi que pour le bénéfice mutuel. Ils servent d'intermédiaires, à travers leurs corps constitués/membres, avec l'Etat ainsi qu'avec les agences onusiennes »100(*).

Assumant une « fonction essentielle de sentinelle face à ces intérêts puissants qui orientent les décisions politiques et économiques »101(*), la Société civile tchadienne est très active dans la promotion et la réalisation du droit à la santé. Elle réclame sa participation à l'élaboration des politiques nationales qui affectent leur vie dans tous les aspects. Mais rarement on l'y associe. L'engagement de la société civile tchadienne, comme le BELACD (Bureau de Liaisons et des Actions Caritatives pour le Développement) et le SECADEV (Secours Catholique pour le Développement) pour ne citer que ceux-là, aux côtés de la population favorise profondément les conditions de réalisation du droit à la santé. Et pourtant dans le vécu quotidien du partenariat Chine-Tchad pour la réalisation des droits économiques et sociaux, les relations se passent d'Etat à Etat. La société civile tchadienne, en tant qu'acteur social dont la contribution à la promotion des droits économiques et sociaux est considérable102(*), est souvent victime de marginalisation dans l'élaboration des politiques nationales de développement, et surtout dans la prise des décisions touchant la société dont elle est le porte-parole. Cette vision négative de la société relève du fait qu'elle est souvent prise « en opposition au pouvoir de l'Etat et des partis politiques dont la tendance naturelle est de la négliger »103(*). Pour rectifier donc le regard néfaste porté sur la société, le Professeur Jean Didier BOUKONGOU relève qu'il n'existe pas un champ politique pour les politiciens et un champ humanitaire ou droits-de-l'hommiste pour la société civile. Les deux camps proclament leur générosité à vouloir changer la même société, la même réalité, peut-être avec des discours différents. Pour tout dire, affirme J.D. BOUKONGOU, « la frontière est en réalité poreuse entre les deux sphères (la société civile et les acteurs étatiques). Elles s'interpénètrent en raison même de la multiplicité fondamentale de l'espace positionnel des acteurs sociaux : on peut appartenir conjointement à un parti politique, militer dans une organisation (entendue ici au sens de non gouvernementale), assumer des responsabilités dans une association religieuse et défendre les idéaux promus par telle association de promotion des droits de l'homme (...) »104(*).

La Chine qui se développe en utilisant les matières premières africaines gagnerait à poser un regard positif sur la société civile tchadienne et à coopérer avec celle-ci dans la mise en oeuvre des droits économiques et sociaux au Tchad. Les dirigeants tchadiens doivent en profiter pour promouvoir et réaliser les droits économiques et sociaux en donnant les chances aux associations non-gouvernementales présentes ainsi qu'aux générations futures de ne pas être de simples spectateurs dans le monde. Il faut espérer que le nouveau partenariat stratégique Chine-Afrique permettra de clarifier la nouvelle donne des échanges sino-africains sans que celle-ci ne se limite à privilégier exclusivement des accords sur l'approvisionnement en matières premières et un avantage cumulatif en termes d'influence diplomatique dans les enceintes internationales. Le nouveau partenariat sino-africain du XXIè siècle reste toutefois basé sur une approche d'Etat à Etat. Il n'y a en fait rien sur le secteur privé et les échanges de « peuple » à « peuple » sont bien circonscrits. Ainsi, si le développement des pays du sud est le maître-mot prôné par le partenariat Chine-Tchad, si la société civile, en règle générale, est celle qui tire les sonnettes d'alarme, dénonce les situations d'injustice, fait échos aux revendications portées par les populations défavorisées, élabore des propositions alternatives construites, allant jusqu'à tester leur pertinence au niveau local105(*), alors il est plus qu' impératif qu'un partenariat entre le public et le privé s'établisse pour la gestion commune et conjointe des problématiques liées à la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad.

* 100 S. ALOUKA, « Rôle des organisations de la société civile dans la promotion du droit à la santé en Afrique », in Droit et santé en Afrique, op. cit., p. 138.

* 101 J.-M. FARDEAU, « A la Une. Qui veut vraiment éradiquer la faim ? », La Lettre d'information trimestrielle du Comité Catholique contre la faim et pour le Développement (CCFD), N° 30, juillet 2007, Paris, p. 3.

* 102 Cf. S. ADOUM et F. MBALLA, « Contribution de la société civile à la promotion des droits de l'homme en Afrique centrale : Essai d'analyse », in Dynamiques citoyennes et dignité humaine en Afrique centrale. Etudes et documents de l'APDHAC, Cahier africain des droits de l'homme, N° 08, juin 2002, Yaoundé, Presses de l'UCAC, pp. 223-261.

* 103 C. MONGA, cité par J. D. BOUKONGOU, « Prolégomènes sur la contribution de la société civile à la promotion de la dignité humaine au Cameroun », in Dynamiques citoyennes et dignité humaine en Afrique, op. cit., p. 19.

* 104 J. D. BOUKONGOU, « Prolégomènes sur la contribution de la société civile à la promotion de la dignité humaine au Cameroun », in Dynamiques citoyennes et dignité humaine en Afrique, op. cit., pp. 27-28.

* 105 J.-M. FARDEAU, op. cit., p. 2.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore