L'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad( Télécharger le fichier original )par Aime MBAINDIGUIM GUEMDJE Université Catholique d'Afrique Centrale, institut catholique de Yaounde - Master 2 2008 |
Paragraphe II : Le partenariat sino-tchadien : le renforcement des ressources humaines en matière sanitaireLe droit à la santé, on ne le dira jamais assez, est un droit fondamental de l'homme dont l'effectivité exige la mobilisation des ressources aussi bien économiques qu'humaines. En effet, les ressources humaines sont une force et une valeur pour le développement économique et social d'un pays ; à ce titre, elles méritent, voire exigent un renforcement de ses capacités, surtout, pour un secteur prioritaire comme la santé au Tchad. Ainsi, le partenariat Chine-Tchad a trouvé judicieux de mettre au centre de ses préoccupations la nécessité du renforcement des ressources humaines en matière sanitaire. Il s'agit d'un renforcement par la formation du personnel de santé en Chine (A), et l'effectuation des stages du personnel de santé tchadien en République populaire de Chine (B). A- Le renforcement des ressources humaines en santé : volet formationLes besoins en ressources humaines quantitatives et qualitatives pour la réalisation des droits économiques et sociaux, notamment la réalisation du droit à la santé comme droit essentiel de tout être humain, exigent des partenaires chinois et tchadiens un certain nombre de dispositions au rang desquelles le volet formation occupe une place de choix. Le renforcement des capacités de l'Etat tchadien en ressources humaines pour la réalisation du droit à la santé, il faut le mentionner, n'est pas le fruit du hasard. Ce volet formation figure parmi les huit mesures adoptées par la Chine en vue de répondre favorablement aux besoins de ses partenaires africains. Dans le plan d'action triennal allant de 2007 à 2009, la République populaire de Chine prévoit de « porter, avant 2009, de 2000 à 4 000 le nombre des bourses accordées par an par le gouvernement chinois aux étudiants africains ». Selon le témoignage du Ministère de la santé publique51(*) qui détient la responsabilité première de la réalisation du droit à la santé au Tchad, depuis le rétablissement des relations diplomatiques tchado-chinoises, la Chine aurait octroyé à 30 étudiants tchadiens des bourses d'études et de formation dans les écoles chinoises, particulièrement dans les domaines de la médecine et de l'agronomie (cette contribution à la formation en agronomie vise justement à l'amélioration des conditions de santé alimentaire des populations tchadiennes)52(*). Le renforcement des ressources humaines en santé, notamment la formation du personnel médical tchadien est une contribution chinoise sans nul doute bénéfique pour les populations du Tchad en manque de personnel soignant. En effet, d'après le témoignage du Dr Bermba Deïmono, la situation du Tchad en matière de ressources humaines pour la réalisation du droit à la santé laisse à désirer. « Dans certains hôpitaux, rapporte ce médecin, des manoeuvres travaillent au bloc opératoire et près des 2/3 du personnel soignant ne sont pas qualifiés. Au Tchad, nous avons un médecin pour 36 000 habitants, un infirmier diplômé d'État pour 22 500 habitants, une sage-femme diplômée d'État pour 7 000 femmes en âge de procréer. Pourtant, les normes de l'O.M.S sont de 1 médecin pour 10 000 habitants, un infirmier diplômé d'État pour 5000 habitants. Comme si cela ne suffisait pas, on note une mauvaise gestion de cette insuffisante ressource humaine »53(*). En outre, et toujours dans le volet formationnel, le travail que mène la Mission médicale chinoise dans la capitale tchadienne est à prendre en considération. D'après nos recherches de terrain auprès des experts chinois exerçant dans la capitale tchadienne, notamment avec le Dr LIU, chef de ladite Mission, les médecins chinois en exercice à l'Hôpital de la Liberté de Ndjaména s'attellent à la formation continue de quelque personnel médical, notamment les infirmiers tchadiens, à travers l'organisation des séminaires de formation54(*). C'est à ce titre que le partenariat sino-tchadien joue un rôle non négligeable dans le renforcement des ressources humaines en santé, ceci dans la mesure où il contribue à l'amélioration quantitative et qualitative du personnel médical. A ce volet de formation, s'ajoute le volet stage. * 51 Entretien réalisé au Ministère de la Santé publique, notamment à la Direction des affaires juridiques de Ndjaména. * 52 Selon M. BELANGER, « Droit à la santé, droit fondamental de la personne humaine », il est unanimement admis aujourd'hui que « la notion de santé doit faire l'objet d'une définition large, concernant non seulement la santé de la personne humaine (aussi bien la santé publique, c'est-à-dire la santé collective, que la santé individuelle), mais aussi la santé animale (du fait de la consommation de chair animale par les humains, et des risques de propagation de maladies animales à l'homme), ainsi que ce que l'on peut appeler la santé environnementale - défense des écosystèmes », in Droit et santé en Afrique, op. cit., pp. 123-129. C'est dans cette perspective que nous pouvons parler de « santé alimentaire » ou « santé agro-alimentaire » dont la maîtrise des connaissances en agronomie serait un atout considérable pour améliorer les conditions de vie en santé alimentaire des populations. * 53 G. NANASSOUM, « La politique publique de santé au Tchad. Gestion et formation du personnel de santé », in http://www.cefod.org/Tchad%20et%20Cuture/Tchad207/Sante%20au%20Tchad.htm (consulté le 12.03.2008). * 54 Entretien réalisé auprès de la Mission médicale chinoise à l'Hôpital de la Liberté de Ndjanena, le 24.07.2007. |
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