L'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad( Télécharger le fichier original )par Aime MBAINDIGUIM GUEMDJE Université Catholique d'Afrique Centrale, institut catholique de Yaounde - Master 2 2008 |
I- CONTEXTE DE L'ETUDECette étude portant sur le partenariat Chine-Afrique en vue de voir son impact sur la réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad que nous allons mener ne saurait bien s'appréhender, si nous ne parvenons pas à circonscrire le contexte dans lequel elle va se dérouler. Il s'agira, pour nous, de préciser le contexte socio-historique (1) et socio-économique (2), d'une part, et de présenter le cadre de la relation bilatérale entre la Chine populaire et le Tchad, de l'autre (3). 1) Le contexte socio-historiqueSitué au coeur de l'Afrique, le Tchad est une ancienne colonie française proclamée République le 28 novembre 1958. Cette proclamation de la République sera suivie, deux années plus tard, par l'accession à la souveraineté nationale et internationale le 11 août 1960. Depuis cette date jusqu'à l'heure actuelle, la situation de ce pays est marquée par une évolution institutionnelle, socio-politique et économique mouvementée. En effet, les différents régimes qui se sont succédé n'ont pas favorisé l'émergence d'une société démocratique respectueuse des droits de l'homme, et en particulier des droits économiques et sociaux. Le 1er décembre 1990 inaugure l'entrée du Tchad dans le processus de la transition démocratique. En effet, depuis cette date historique, « date de l'accession au pouvoir d'Idriss DEBY, (...) le Tchad se trouve engagé dans un processus de démocratisation qui a été lent et parfois cahotant, mais qui a au moins débouché en 1996-1997 sur des consultations populaires démocratiques ou du moins pluralistes »2(*). Dans ce contexte de démocratisation, comme le dit si bien le Préambule de la Constitution de 19963(*), le Tchad réaffirme son « attachement aux principes des droits de l'homme tels que définis par la charte des Nations-Unies de 1945, la Déclaration universelles des droits de l'homme de 1948 et la Charte Africaine des droits de l'homme et des Peuples de 1981 ». 2) Le contexte socio-économique du TchadDans le contexte économique et social de notre étude, il sera question de la présentation aussi bien des caractéristiques socio-économiques (1) que de la situation socio-sanitaire de la République du Tchad (2). 2.1. Les caractéristiques socio-économiquesCaractérisé par une population en majorité rurale et disposant d'importantes potentialités agro-pastorales, le Tchad est un pays enclavé et pauvre dont la situation économique et sociale n'a guère connu de mutations substantielles depuis son accès à la souveraineté nationale et internationale. L'activité économique des Tchadiens est en grande partie basée sur le secteur agro-pastoral qui occupe plus de 80% de la population et génère environ 25% du PIB (300 $ par habitant en 2005). Le secteur secondaire compte pour environ 10% du PIB et le secteur tertiaire pour 30%4(*). Près des deux tiers des habitants vivent en dessous du seuil de la pauvreté et le Tchad est classé au rang 173 sur 177 selon l'indicateur de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)5(*). La pauvreté du Tchad tient aux séquelles de plus de trois décennies de guerre civile et au fait que l'utilisation de la « manne » pétrolière, limitée en volume, est très encadrée et tarde à avoir des effets concrets pour les populations. En effet, classé parmi les pays les moins avancés, le Tchad est entré dans l'Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP) depuis octobre 2003. En 2008, il est à sa cinquième année d'exploitation pétrolière. Ce qui suscite beaucoup d'engouement de grands consommateurs du pétrole au rang desquels la République populaire de Chine occupe le devant de la scène. Malgré cet atout, la situation économique et sociale du pays et surtout des populations n'a guère connu de mutation remarquable et considérable. Pour contrôler la gestion de l'or noir, la Banque Mondiale a quasiment mis Ndjaména sous tutelle. Mais les retombées de l'exploitation de cette manne pétrolière ayant suscité tant d'espoir parmi les populations tchadiennes n'ont pas eu un impact positif sur leur vie actuelle en raison de la gestion chaotique y afférente. Et pourtant depuis 2003, le pétrole est devenu la première recette d'exportation du Tchad, représentant environ 35% du PIB, devant le coton fibre, l'élevage et la gomme arabique. Il devrait évoluer pour dépasser les 50%6(*). Ainsi, la situation socio-économique déjà aggravée par la sécheresse de 1968 à 1973 et 1983 à 1984 et les troubles politico-militaires de 1979 jusqu'à nos jours reste préoccupante. Dans ce contexte donc, la pauvreté règne en maître absolu sur la majorité de la population tchadienne. * 2 R. BUIJTENJUIJS, Transition et élections au Tchad, 1993-1997. Restauration autoritaire et recomposition politique, Paris, Karthala et ASC, 1998, p. 7. * 3 Constitution de la République du Tchad, adoptée par le Référendum du 31 mars 1996 et révisée par la Loi constitutionnelle n° 08/PR/2005 du 15 juillet 2005. * 4 Cf. « Situation économique et sociale », in http://www.cooperationsuisse.td/fr/Accueil/Le_Tchad/situation_sociale_et_economique (consulté le 06.02.2008). * 5 Ministère Français des affaires étrangères, « Document Cadre de Partenariat France-Tchad-DCP-(2006-2010) », in http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/fr/actions-france-830/aide_au_developpement1060/politiquefrançaise_3024 (consulté le 21.01.2008). * 6 Cf. A.-C. POIRSON, « Une manne financière qui fait cruellement défaut. Où est passé l'argent du pétrole tchadien ? », in file:///C:/Documents%20and%20Settings/Administrateur/Bureau/sant%C3%A9%20tchad/p%C3%A9trole%20tchadien.htm (consulté le 12.03.2008). |
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