INTRODUCTION GENERALE
Le monde connaît à l'heure actuelle des
changements importants et profonds dont les plus marquants sont entre autres
l'affirmation des pays africains et le développement fulgurant de la
République populaire de Chine (RPC). En tant que forces montantes qui
bousculent les puissances traditionnelles aussi bien sur le plan politique et
économique qu'au plan international, la Chine en tant que le plus grand
pays en développement, et l'Afrique le continent regroupant le plus
grand nombre de pays en développement décident de renforcer et
d'élargir leurs relations d'amitié et de coopération avec
les avantages réciproques.
Très tôt, lors de la Conférence
afro-asiatique de Bandoeng en 19551(*) qui a fait l'objet de la condamnation sans
réserve du colonialisme, la République populaire de Chine avait
manifesté un grand intérêt pour l'Afrique. Avec
l'avènement des indépendances, les Etats africains ont à
leur tour manifesté leur volonté de rétablir des relations
diplomatiques avec l'Empire du Milieu.
Ces relations, à l'épreuve du temps et des
bouleversements internationaux au cours des cinq dernières
décennies, sont entrées dans une orbite stable de
développement continu et constituent un partenariat dans plusieurs
domaines et à différents niveaux.
La Chine et les pays de l'Afrique s'efforcent de
développer ces relations de partenariat stratégique global
baptisé « gagnant-gagnant ». Au cours de ces
dernières années, les échanges de haut niveau sont devenus
de plus en plus fréquents. A ce titre, on peut citer la tenue
systématique des rencontres internationales, notamment les
conférences ministérielles de Beijing et d'Addis-Abeba, et le
Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique, en marge
desquelles des accords bilatéraux de partenariat ont été
conclus et signés, toutes choses qui renforcent les dialogues politiques
et économiques entre la Chine et l'Afrique et prennent une ampleur
élargie et approfondie. Le partenariat sino-africain s'est élargi
dans plusieurs secteurs dont les prioritaires restent l'économique, le
social et le commercial.
C'est dans cet ordre d'idées qu'au niveau
bilatéral, la Chine et le Tchad, pays alliés depuis 1972, ont
décidé de renouer les relations diplomatiques, après
quelques soubresauts politico-militaires tchadiens qui ont infléchi la
conduite desdites relations. La Chine représente, à elle seule,
20% de la population mondiale, et à ce titre, elle offre un
marché potentiel de plus d'un milliard d'acheteurs et attire tous les
hommes d'affaires, dans le cadre de la mondialisation. Selon les projections
les plus réalistes, sauf si l'avenir apporte un démenti, la
République populaire de Chine deviendra la première puissance
économique mondiale vers 2050. L'Empire du Milieu, encore appelé
le Centre du monde, est un pays avec un grand potentiel ne pouvant rester en
dehors du champ diplomatique, politique et économique du "Coeur de
l'Afrique", le Tchad. En effet, depuis octobre 2003 où il est devenu
pays producteur et exportateur de l'or noir et son entrée dans
l'Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP), le Coeur de
l'Afrique ne cesse d'être l'objet de grandes offensives des puissances
internationales en quête de cette ressource énergétique
tant recherchée que convoitée, au rang desquelles figure en bonne
et due forme la République populaire de Chine. Pour cette
dernière, exclure le Tchad dans le cadre de son accord global de
partenariat avec le continent africain serait un grand manque à gagner,
car la Chine est un grand consommateur de l'or noir dont le Tchad est pays
producteur et exportateur.
I-
CONTEXTE DE L'ETUDE
Cette étude portant sur le partenariat Chine-Afrique en
vue de voir son impact sur la réalisation des droits économiques
et sociaux au Tchad que nous allons mener ne saurait bien s'appréhender,
si nous ne parvenons pas à circonscrire le contexte dans lequel elle va
se dérouler. Il s'agira, pour nous, de préciser le contexte
socio-historique (1) et socio-économique (2), d'une part, et de
présenter le cadre de la relation bilatérale entre la Chine
populaire et le Tchad, de l'autre (3).
1) Le contexte
socio-historique
Situé au coeur de l'Afrique, le Tchad est une ancienne
colonie française proclamée République le 28 novembre
1958. Cette proclamation de la République sera suivie, deux
années plus tard, par l'accession à la souveraineté
nationale et internationale le 11 août 1960. Depuis cette date
jusqu'à l'heure actuelle, la situation de ce pays est marquée par
une évolution institutionnelle, socio-politique et économique
mouvementée. En effet, les différents régimes qui se sont
succédé n'ont pas favorisé l'émergence d'une
société démocratique respectueuse des droits de l'homme,
et en particulier des droits économiques et sociaux.
Le 1er décembre 1990 inaugure
l'entrée du Tchad dans le processus de la transition
démocratique. En effet, depuis cette date historique,
« date de l'accession au pouvoir d'Idriss DEBY, (...) le Tchad se
trouve engagé dans un processus de démocratisation qui a
été lent et parfois cahotant, mais qui a au moins
débouché en 1996-1997 sur des consultations populaires
démocratiques ou du moins pluralistes »2(*). Dans ce contexte de
démocratisation, comme le dit si bien le Préambule de la
Constitution de 19963(*), le
Tchad réaffirme son « attachement aux principes des droits de
l'homme tels que définis par la charte des Nations-Unies de 1945, la
Déclaration universelles des droits de l'homme de 1948 et la Charte
Africaine des droits de l'homme et des Peuples de 1981 ».
2) Le
contexte socio-économique du Tchad
Dans le contexte économique et social de notre
étude, il sera question de la présentation aussi bien des
caractéristiques socio-économiques (1) que de la situation
socio-sanitaire de la République du Tchad (2).
2.1.
Les caractéristiques socio-économiques
Caractérisé par une population en
majorité rurale et disposant d'importantes potentialités
agro-pastorales, le Tchad est un pays enclavé et pauvre dont la
situation économique et sociale n'a guère connu de mutations
substantielles depuis son accès à la souveraineté
nationale et internationale. L'activité économique des Tchadiens
est en grande partie basée sur le secteur agro-pastoral qui occupe plus
de 80% de la population et génère environ 25% du PIB (300 $ par
habitant en 2005).
Le secteur secondaire compte pour environ 10% du PIB et le
secteur tertiaire pour 30%4(*). Près des deux tiers des habitants vivent en
dessous du seuil de la pauvreté et le Tchad est classé au rang
173 sur 177 selon l'indicateur de développement humain du Programme des
Nations Unies pour le développement (PNUD)5(*). La pauvreté du Tchad tient aux
séquelles de plus de trois décennies de guerre civile et au fait
que l'utilisation de la « manne » pétrolière,
limitée en volume, est très encadrée et tarde à
avoir des effets concrets pour les populations.
En effet, classé parmi les pays les moins
avancés, le Tchad est entré dans l'Organisation des Pays
Exportateurs du Pétrole (OPEP) depuis octobre 2003. En 2008, il est
à sa cinquième année d'exploitation
pétrolière. Ce qui suscite beaucoup d'engouement de grands
consommateurs du pétrole au rang desquels la République populaire
de Chine occupe le devant de la scène. Malgré cet atout, la
situation économique et sociale du pays et surtout des populations n'a
guère connu de mutation remarquable et considérable. Pour
contrôler la gestion de l'or noir, la Banque Mondiale a quasiment mis
Ndjaména sous tutelle. Mais les retombées de l'exploitation de
cette manne pétrolière ayant suscité tant d'espoir parmi
les populations tchadiennes n'ont pas eu un impact positif sur leur vie
actuelle en raison de la gestion chaotique y afférente. Et pourtant
depuis 2003, le pétrole est devenu la première recette
d'exportation du Tchad, représentant environ 35% du PIB, devant le coton
fibre, l'élevage et la gomme arabique. Il devrait évoluer pour
dépasser les 50%6(*).
Ainsi, la situation socio-économique déjà
aggravée par la sécheresse de 1968 à 1973 et 1983 à
1984 et les troubles politico-militaires de 1979 jusqu'à nos jours reste
préoccupante. Dans ce contexte donc, la pauvreté règne en
maître absolu sur la majorité de la population tchadienne.
2.2. La
situation socio-sanitaire
La situation socio-sanitaire du Tchad est précaire. En
effet, les problèmes sociaux en milieu rural et en milieu urbain sont
souvent causés par les facteurs socio-économiques, les
catastrophes écologiques (sécheresse, désertification,
inondations) et/ou anthropiques (conflits armés et
insécurité en milieu rural.).
La dévaluation du franc CFA et le faible pouvoir
d'achat des populations face à la flambée des prix ainsi que les
mesures du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) n'ont fait qu'aggraver cette
situation.
Ainsi, d'après les études menées sur
l'inventaire des mutuelles de santé au Tchad par les consultants
Djimadoum NGABA et Guelmbang MONGBE, les conséquences socio-sanitaires
de la dévaluation et des mesures du PAS imposées au Tchad peuvent
se résumer en sept points essentiels :
- baisse de productivité ;
- famine et insécurité alimentaire ;
- malnutrition notamment chez les enfants et les femmes
enceintes ;
- multiplication des maladies, faible espérance de vie
(environ 48 ans) et mort certaines.
- exode massif des populations rurales à la recherche
d'abris, des terres fertiles, des points d'eau potable et des centres de
santé ;
- déstructuration des sociétés
traditionnelles et des communautés rurales ;
- et misère généralisée.
3) Le
cadre la relation bilatérale entre la Chine populaire et le Tchad
Le partenariat sino-tchadien aura été
marqué particulièrement par un double mouvement
d'établissement et de rétablissement des relations de
coopération. Il y a d'un côté la fourchette du temps allant
de 1972 à 1995, et de l'autre de 2006 à nos jours.
Le début des relations de coopération
Chine-Tchad, en effet, remonte à la date du 28 novembre 1972, date qui
inaugure la reconnaissance ou l'établissement des rapports officiels
entre la République populaire de Chine et la République du Tchad.
Cette coopération enclenchée par les deux pays ouvrira des voies
à la ratification des accords multisectoriels. Les relations de
coopération ainsi établies vont rapidement et
considérablement se diversifier pour embrasser pratiquement plusieurs
secteurs d'activités : politique, socio-économique,
commercial, culturel, technique...
Sur le plan socio-économique, deux accords de
partenariat conclus en 1973 ont servi de cadre juridique de coopération
économique, technique et commercial entre les deux parties. En outre, un
Protocole d'Accord a été signé en 1976 par la Chine
populaire et le Tchad, afin de promouvoir ce partenariat bilatéral,
notamment de fixer les modalités des dépenses locales. Quelques
années plus tard, le 14 mai 1988, un Protocole d'Accord signé
à Ndjaména ouvre la voie à une coopération
sanitaire. Par cet Accord, la partie chinoise procède, d'une part
à l'envoi d'une mission médicale qui sera basée à
l'Hôpital central de Ndjaména et, d'autre part à la
construction d'un hôpital moderne toujours dans la capitale tchadienne.
La période allant de 1996 à 2005 aura été
marquée par un silence ou mieux un vide de textes juridiques, en raison
de la rupture diplomatique intervenue entre les deux pays7(*).
Lors de la reprise des relations diplomatiques entre la
République populaire de Chine et la République du Tchad, le 06
août 2006 à Pékin, les deux parties en procédant
à la ratification d'un Accord-Cadre de coopération
multisectorielle, sont convenues de reprendre à partir de cette date
tous les accords conclus avant la suspension de leurs relations diplomatiques,
et de relancer leur partenariat dans des domaines aussi variés que
diversifiés. Il s'agit entre autres de la formation des ressources
humaines, du secteur sanitaire, et d'autres secteurs de développement
économique et social. Ainsi, le 04 janvier 2007, plusieurs accords
seront également signés pour le renforcement de cette
coopération sino-tchadienne.
II-
DELIMITATION DE L'ETUDE
Etant donné que le cadre spatial de notre étude
sur le partenariat Chine-Afrique se trouve être le Tchad, l'accent sera
mis ici sur le cadre temporel (1) au cours duquel s'effectuera notre
réflexion, ainsi que la délimitation matérielle (2).
1- Délimitation
temporelle
Après avoir décrit le cadre de la relation de
partenariat sino-tchadien, il convient de préciser que notre
étude ne s'étendra pas du début de la coopération
entre la Chine et le Tchad jusqu'à l'heure actuelle, ce qui sera un
travail fastidieux pour nous. Notre étude se déploiera dans le
cadre temporel allant de 19868(*) à 1995 et de 2006 à nos jours.
Cette délimitation temporelle dans laquelle
s'effectuera notre réflexion trouve sa justification dans le fait que
c'est en 1995 que la ratification du Pacte international des Nations unies
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels par le Tchad a lieu
et celle de la République populaire de Chine deux ans plus tard, le 27
mars 1997.
Etant donné que le Tchad et la Chine sont
désormais Etats parties de cet instrument juridique universel
régissant les droits économiques et sociaux, étant
donné le rétablissement des relations diplomatiques des deux pays
en août 2006, il nous semble pertinent de prendre en considération
cette délimitation temporelle.
2- Délimitation
matérielle
Etant donné que les droits économiques et
sociaux sont un faisceau de droits, notamment droit à
l'éducation, droit à la santé, droit au logement, droit au
travail et droit à la sécurité sociale, il faut
préciser que cette étude portant sur l'impact du partenariat
Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et
sociaux au Tchad se limitera au droit à la santé qui, à
notre sens, est plus fondamental que les autres droits sociaux. En effet, comme
le dit avec justesse Rachel SAINHOUNDE KOUKPO, « le droit
à la santé englobe une grande diversité de facteurs
socio-économiques de nature à promouvoir des conditions dans
lesquelles les êtres humains peuvent mener une vie saine, et
s'étend aux facteurs fondamentaux déterminants de la santé
tels que l'alimentation et la nutrition, le logement, l'accès à
l'eau salubre et potable et à un système adéquat
d'assainissement, des conditions de travail sûres et hygiéniques,
et un environnement sain »9(*). Dans la perspective de cette définition, et
pour tout dire, notre option pour le droit à la santé vient du
fait qu'il est un « droit fédérateur » dont
son effectivité garantira la jouissance des autres droits
économiques et sociaux.
III-
DEFINITION DES CONCEPTS
Le besoin de compréhension de notre thématique
nous conduit à présent à la clarification des concepts
suivants : le partenariat, les droits économiques et sociaux.
1) Le partenariat :
D'après le dictionnaire Le Nouveau Petit
Robert, le concept de partenariat vient du mot anglais
« partnership » qui signifie une
« Association d'entreprises, d'institutions en vue de mener une
action commune »10(*). Le Petit Larousse illustré en
couleurs, quant à lui, définit le concept de
partenaire « partner » comme un
« pays (qui) entretient avec un ou plusieurs autres des relations
politiques, économiques, etc. »11(*). Selon la définition
proposée par Guy PELLETIER, le partenariat est une
« relation privilégiée basée sur un projet
partagé entre deux ou plusieurs organisations et se manifestant par
l'échange formalisé de personnes, d'informations ou de
ressources »12(*). Il ressort clairement de ces différentes
définitions recensées que le partenariat n'est pas une entreprise
de domination d'une partie sur une autre, mais une collaboration permettant aux
deux parties ayant conclu un accord de pouvoir atteindre des objectifs communs
visés ou du moins une collaboration dans laquelle chacun des partenaires
trouve son compte même si les objectifs fixés ne sont pas toujours
les mêmes. C'est dans cette perspective qu'on comprendra la
définition donnée par Seni SARE pour qui le partenariat est une
sorte de « collaboration entre les différents acteurs de
développement » ou mieux une sorte de « creuset, une
plate-forme de collaboration et d'assistance financière, technique en
vue de résoudre tous les aspects du
développement »13(*).
Ce type de partenariat permet de mieux se connaître, se
comprendre et d'adopter une stratégie commune face aux problèmes
socio-économiques auxquels se confrontent les populations. Ainsi,
entendu, le partenariat favorise les échanges d'informations,
d'expériences et de méthodes d'intervention. Enfin, pour Marc
BERGER, le partenariat signifie « l'expression d'une
co-responsabilité basée sur les convergences stratégiques
qui conduisent (les partenaires) à dépasser les relations d'aides
et d'assistance. Le partenariat, poursuit-il, devient à la fois
participation aux risques et recherche d'alliances avec les acteurs capables de
produire des processus de développement »14(*).
Au regard donc de ces définitions, on peut faire
ressortir certaines caractéristiques essentielles du partenariat : le
partenariat s'inscrit dans une démarche d'un projet commun
formalisé et finalisé. Il se réalise dans un cadre
spatio-temporel bien défini, c'est-à-dire qu'il a un début
et une fin et se déroule sur un territoire donné. Le partenariat
repose sur des relations privilégiées, non hiérarchiques,
où les liaisons horizontales devraient être dominantes. Cela
voudrait dire que les partenaires sont égaux et libres. Le partenariat
répond d'abord et avant tout à une logique et aux besoins de
l'action. En effet, on ne se met pas en relation partenariale si les
partenaires n'y trouvent pas chacun, dès le départ, une source
d'intérêt. C'est donc un processus évolutif où les
attentes sont variables dans le temps et au fil des événements,
et où, en conséquence, les résultats nécessitent
une évaluation continue.
Dans le cas de notre étude, les partenaires en question
sont notamment le Tchad et la Chine populaire qui depuis la relance de leur
coopération se sont engagés dans un projet commun, à
savoir celui de la réalisation des droits économiques et sociaux,
et plus précisément la réalisation du droit à la
santé au Tchad. En somme, tout au long de ce travail, nous ferons
nôtres ces définitions du partenariat qui à notre sens sont
les plus appropriées parce qu'elles explicitent bien l'analyse que nous
voulons faire de l'impact du partenariat Chine-Afrique sur la
réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad.
2) Les droits économiques et
sociaux
Les droits économiques et sociaux (DES), selon Amnesty
International15(*), se
définissent comme un ensemble de droits tels que « droit
à l'éducation, au logement, à la santé, à
l'alimentation, à l'eau, droit au travail et droit du travail
(...) »16(*). Au regard de ces différents droits qui
constituent le noyau dur des droits économiques et sociaux, il y a donc
lieu de dire ou de définir avec Doudou THIAM que les droits
économiques et sociaux, droits de « deuxième
génération », sont en fait des droits au
développement. En effet, dit-il : « De
même que l'on a proclamé dans les nations
développées pour les individus le droit à l'instruction,
à la santé, au travail, nous devrons proclamer ici, hautement,
pour les nations du Tiers-Monde le droit au
développement »17(*). A travers ces définitions, il se
dégage que les droits économiques et sociaux, en visant le
bien-être de chaque être humain, l'amélioration des
conditions de vie de chaque personne, et partant le développement
économique et social de tout un peuple, sont des privilèges ou
des prérogatives reconnus à tout individu de mener une existence
décente, quelle que soit son appartenance politique, sociale,
religieuse...
On comprendra mieux la raison pour laquelle Jacques FIERENS
conçoit à juste titre les droits économiques sociaux comme
« le droit de lutte contre la pauvreté, lutte contre la
précarité d'existence, et par conséquent le droit au
développement »18(*) ou le droit d' « échapper
à la misère »19(*). C'est dans cette perspective que le professeur Jean
Didier BOUKONGOU affirme que « la lutte contre la pauvreté
est la lutte pour l'effectivité des droits économiques et sociaux
(...) même si la sémantique politique ambiante et la grammaire
idéologique qui l'accompagne n'entendent pas laisser les droits de
l'homme envahir l'espace public »20(*).
Ainsi, la réalisation effective des droits
économiques et sociaux au Tchad, à travers le partenariat
sino-tchadien, serait la mise en oeuvre de ce faisceau de droits fondamentaux
de l'homme qui sont le droit à un meilleur état de santé
tant physique que mental, le droit à l'éducation, le droit au
logement, le droit au travail pour permettre aux populations de vivre dans la
dignité inhérente à toute personne humaine. Si la
définition donnée par Amnesty International se situe dans une
perspective purement énumérative des différents pans des
droits économiques et sociaux, la définition de D. THIAM et J.
FIERENS retient notre attention en raison de leur dimension explicative. Car
elle prend en considération les notions de lutte contre la
précarité d'existence, le développement notamment
économique et social. Cela nécessite donc une
co-responsabilité, une co-gestion ou encore une co-opération des
partenaires tels que la Chine et le Tchad
.
IV)
INTERET DU SUJET
La réflexion menée sur le partenariat
Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques sociaux
en faveur des populations du Tchad revêt un double intérêt.
Il y a, d'une part, l'intérêt scientifique (1) et, d'autre part,
l'intérêt social (2).
IV.1)
Intérêt scientifique
Le thème de notre étude portant sur l'impact du
partenariat Chine-Afrique en raison de son actualité souffre d'une
carence d'ouvrages scientifiques. Ceci dit, il existe un vide scientifique au
sujet de cette thématique qui est justement d'actualité. Ce
manque d'analyse rigoureusement scientifique ne permet pas de mesurer, sinon
d'évaluer l'impact de ce partenariat sur la réalisation des
droits économiques et sociaux en Afrique, notamment au Tchad. Notre
étude vise à apporter une contribution à la
réduction de ce vide scientifique du partenariat sino-africain.
En outre, la valeur ajoutée de cette étude
consiste à apporter un enrichissement à la connaissance
scientifique de ce partenariat Chine-Afrique, et particulièrement
Chine-Tchad, à travers l'évaluation de son impact sur la
réalisation du droit à la santé au Tchad. Il s'agit, en
fin de compte pour nous, de voir dans quelle mesure le partenariat
sino-africain contribue à la réalisation des droits
économiques et sociaux, et notamment le droit à la santé
au bénéfice de la population tchadienne.
Enfin, l'autre aspect de l'intérêt scientifique
de cette étude, qui est non moins négligeable, consiste à
aller à la découverte de ce partenariat sud-sud d'un genre
nouveau que la République populaire de Chine entretient avec ses
partenaires africains à l'aube de ce XXIè siècle, afin de
mettre en lumière les avantages et de déceler les
éventuelles pesanteurs.
IV.2)
Intérêt social
Sur le plan social, le Tchad est un pays enclavé et
pauvre. La grande partie des ressources d'exportation provient du coton et du
bétail. Le défi de son développement économique et
social sera relevé par la mobilisation importante des ressources
financières. Or, la réduction continue des aides au
développement impose de rechercher des moyens ou ressources propres pour
soutenir la croissance et le développement socio-économique
durable. Mener une réflexion sur l'impact du partenariat Chine-Tchad,
c'est donc envisager l'amélioration des conditions sociales et
économiques des populations du Tchad.
En effet, le partenariat sino-tchadien se présente
aujourd'hui comme un moyen de réalisation ou mieux une contribution
à la réalisation des droits économiques et sociaux au
Tchad, dans la mesure où la Chine est un grand consommateur et
importateur de l'or noir dont le Tchad est un producteur et exportateur.
En outre, un autre intérêt social de cette
étude est de montrer que la réalisation des droits
économiques et sociaux grâce au partenariat sino-tchadien ne peut
se faire sans la bonne gouvernance et la promotion d'un Etat de droits, sans
l'élargissement des opportunités économiques
générées par ledit partenariat à toutes les
populations et sans l'accès aux services sociaux de base. Dans le cas
spécifique du droit à la santé qui retiendra notre
attention, il s'agit d'envisager des politiques et programmes de promotion, de
prévention, de traitement et de réhabilitation, ainsi que des
campagnes de sensibilisation afin de réduire la mortalité due aux
maladies épidémiques et endémiques.
Enfin, une étude sur la réalisation des droits
économiques et sociaux au Tchad permettra d'évaluer les
opportunités offertes par l'Etat tchadien à travers son
partenariat avec la République populaire de Chine dans le cadre
juridique, normatif et institutionnel, susceptible de contribuer à la
mise en oeuvre desdits droits. Cette étude contribuera, somme toute,
à envisager les efforts qu'il faut déployer afin de garantir la
réalisation des droits économiques et sociaux, droits
fondamentaux de la personne humaine, au Tchad, et notamment aux citoyens
tchadiens afin de réduire un tant soit peu leurs conditions de
pauvreté pour vivre dans la dignité.
V)
REVUE DE LITTERATURE
Le partenariat sino-africain, jusque-là, n'a pas fait
l'objet d'une abondante littérature, c'est-à-dire d'analyse
scientifique dont la contribution aura été
bénéfique à la compréhension de notre
réflexion. Toutefois, il convient de relever qu'il existe d'importants
ouvrages sur le partenariat en général, notamment entre les pays
occidentaux et ceux d'Afrique.
Dans notre démarche, nous tâcherons de prendre en
considération la production doctrinale de Marc BERGER dont l'article
s'intitule « Vers des partenariats
renouvelés »21(*), ensuite, de Seni SARE sur « le partenariat
en réseau, un outil efficace de
développement (CCFD)»22(*), enfin de Timothée ZOGO sur Le
NEPAD : Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Une
vision, une interrogation23(*).
Pour Marc BERGER, le partenariat est au coeur des relations
que le Comité Catholique contre la Faim et le Développement
(CCFD) entretient aussi bien avec les acteurs du développement local des
pays du sud qu'avec ceux du nord, dans le cadre de montages ou d'action de
plaidoyer ou de mode de lobbying. Tout le monde parle de partenariat, c'est un
terme à la mode, pourtant la définition de ce terme
échappe à la délimitation. Au départ de toute
relation partenariale, et selon la conviction de cette organisation, le CCFD,
« le développement est l'affaire de tous et c'est au sein
des populations locales que se trouvent les acteurs les plus efficaces du
développement »24(*). Le partenariat ainsi entendu, est l'expression de
cette conception du développement fondé sur l'initiative et la
mobilisation des acteurs locaux.
Dans un véritable partenariat, selon cet auteur, il n'y
a pas d'un côté les uns qui donnent, et de l'autre d'autres qui
reçoivent. Le partenariat, pour tout dire et d'après notre
auteur, est « l'expression d'une co-responsabilité
basée sur les convergences stratégiques qui conduisent les
partenaires) à dépasser les relations d'aide et d'assistance.
(Il) devient à la fois participation aux risques et recherche
d'alliances avec les acteurs capables de produire des processus de
développement »25(*). Le mérite de cette analyse réside dans
le fait qu'elle a montré que le développement véritable
d'un pays ne peut se réaliser sans la collaboration avec les acteurs
locaux. En outre, cette analyse montre que dans un partenariat, le statut
réservé aux acteurs en présence est celui d'égal
à égal, c'est une relation fondée sur
l'horizontalité et non sur la verticalité où certains
s'estimeront supérieurs à d'autres.
Timothée ZOGO, dans son ouvrage intitulé
NEPAD : Nouveau partenariat pour le développement de
l'Afrique, fait l'historique de cette institution panafricaine dont
l'objectif majeur est le décollage socio-politique et économique
du continent africain. En effet, c'est en 2001 que plusieurs chefs d'Etats et
de gouvernements africains décident de la création de cette
institution pour faire face entre autres à la situation socio-politique
et économique désastreuse, à la mauvaise gouvernance
démocratique et autres maux minant l'Afrique. Après avoir
jeté un regard panoramique sur le trajet parcouru depuis les
indépendances, ces leaders ont convenu que l'histoire du contient
africain n'a pas connu beaucoup d'éclats. Elle a en effet
été parseméedes « trajets glissants
mouillés d'un "tumultisme" en dents de scie »26(*).
Cette prise de conscience conduit ainsi les Présidents
Thabo MBEKI de l'Afrique du Sud, Olusegun OBASANJO du Nigeria et Abdelaziz
BOUTEFLIKA de l'Algérie à proposer le Millenium African
Plan (Plan Map) pendant que Abdoulaye WADE du Sénégal
propose le « plan Omega ». Quoique différents, les
deux plans proposés visent les mêmes objectifs, à savoir,
le bien-être de la population africaine, le redécollage (sic)
économique, mais surtout à travers les nouvelles formes de
partenaires. Les deux plans fusionnent donc en un plan unique pour donner la
Nouvelle Initiative Africaine (NIA) qui sera plus tard baptisée Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD).
Selon l'auteur, le maître-mot qui sous-tend cette
nouvelle institution africaine est la renaissance africaine. Faire
renaître l'Afrique, dans la perspective des ténors ou mieux des
concepteurs du NEPAD, nous dit Timothée ZOGO, c'est d'une part, lutter
contre le sous-développement, la paupérisation des populations
d'Afrique, et d'autre part encourager l'esprit d'initiative,
l'industrialisation, la construction des infrastructures routières,
sanitaires et scolaires, faire des efforts de bonne gouvernance, renforcer le
dialogue sud-sud, améliorer le partenariat avec les pays du nord... Il
s'agit d'un programme de développement ambitieux intégrant bonne
gouvernance et démocratisation et respect des droits de l'homme. Pour
tout dire, le Nouveau partenariat pour le Développement de l'Afrique est
une sorte de « reconstruction à l'échelle de tout
un continent »27(*) et devra être considéré comme
une « mondialisation partielle, une tentative de
dépassement des Etats regroupés pour une autre vision, une autre
forme de "solutionnisme", une autre forme de gestion collective des
problèmes »28(*) liés au développement
socio-économique des Etats et des populations africains.
La pertinence de cette étude de Timothée ZOGO
réside dans le rappel des principes fondamentaux du NEPAD, notamment la
rupture avec le passé aliénant, l'opération d'un saut
qualitatif dans l'avenir pour l'amélioration des conditions
socio-économiques des populations africaines. Cependant, après
six années d'existence, il s'avère que, et d'après T.
ZOGO, le NEPAD reste toujours à son stade initial, ne produit pas des
résultats escomptés. Ce retard accusé dans le
développement socio-économique va donc conduire les mêmes
chefs d'Etat africains à trouver en Chine populaire une
éventuelle partenaire susceptible de les propulser sur la voie de la
croissance économique et sociale de l'Afrique.
En dépit de la carence des ouvrages spécifiques
sur le partenariat sino-africain,notamment sino-tchadien, l'apport de ces
quelques auteurs sur le partenariat en général nous fait
remarquer que l'établissement de la coopération entre deux ou
plusieurs acteurs vise la gestion commune des problèmes auxquels il sont
confrontés. C'est dans cette dynamique que nous pouvons situer la Chine
et le Tchad en tant que deux pays en développement qui forment un front
pour la réalisation des droits économiques et sociaux pour leurs
peuples respectifs.
VI)
PROBLEMATIQUE
A l'aube de ce XXIè siècle, la République
populaire de Chine lance une nouvelle offensive diplomatique de façon
spectaculaire sur l'Afrique. Cette offensive africaine de la Chine qui s'appuie
sur un socle solide, celui de la coopération révolutionnaire
sino-africaine qui remonte aux années 1960-1970, s'illustre à
travers les rencontres internationales de type multilatéral et
bilatéral, et des visites organisées par les hauts
représentants de l'Etat chinois dans les pays africains.
Cependant, il faut tout de même admettre que les raisons
de ce regain d'intérêt de la Chine pour le continent africain sont
multiples et complexes. D'où la position de notre problématique
suivante : le nouveau partenariat sino-africain, baptisé
partenariat « sud-sud »,
« gagnant-gagnant » exerce-t-il un impact sur la
réalisation des droits économiques et sociaux, notamment le droit
à la santé au Tchad ? En d'autres termes, quelle est la
contribution du partenariat sino-tchadien, dans le cadre de cet accord global
entre le géant asiatique et le continent noir, à la
réalisation du droit à la santé au bénéfice
des populations tchadiennes ? Telle est la problématique qui nous
conduit à la formulation de notre hypothèse de recherche
suivante.
VII)
HYPOTHESE DE RECHERCHE
Au regard de l'évolution de la coopération
bilatérale entre la République populaire de Chine et la
République du Tchad, notre hypothèse de recherche se formule de
la manière suivante : le nouveau partenariat sino-africain exerce
un impact sur la réalisation des droits économiques et sociaux,
notamment le droit à la santé au Tchad. Autrement dit, le
partenariat bilatéral entre la Chine et le Tchad favorise l'accès
aux soins de santé pour les populations tchadiennes, mais il se
confronte à quelques pesanteurs majeures, tant du côté de
la Chine que de la part de l'Etat tchadien, toutes choses qui constituent en
fait ses limites.
VIII)
CADRE METHODOLOGIQUE
L'analyse de l'impact du partenariat entre la Chine et
l'Afrique sur la réalisation des droits économiques et sociaux,
notamment le droit à la santé au Tchad devrait privilégier
non une approche méthodologique unique, mais intégrer les
différentes méthodes en sciences sociales pouvant contribuer
à rendre compte de son évolution. Etant donné les raisons
multiples et complexes de ce regain d'intérêt affiché de la
Chine dans son partenariat avec l'Afrique, notre étude se proposera
d'utiliser d'abord une technique d'entretien, ensuite, une méthode
exégétique, d'intégrer, enfin, des méthodes
stratégique et fonctionnelle.
1) La technique
d'entretien
La technique d'entretien consiste à nous doter d'un
guide d'entretien pouvant nous permettre de recueillir les données
pertinentes relatives à notre thème de recherche auprès
des personnes ressources. Il s'est agi de l'élaboration d'un
questionnaire orientant nos différents entretiens auprès des
personnes susceptibles de nous fournir les informations nécessaires
à la réalisation de ce travail. En raison du fait que le
partenariat sino-tchadien privilégie les rapports d'Etat à Etat
sans implication des populations bénéficiaires et des
organisations non gouvernementales, notre entretien auprès des personnes
ressources se situe dans une perspective essentiellement qualitative.
Ainsi, au cours de cette descente effectuée sur le
terrain, et particulièrement dans la ville de Ndjaména, 25
entretiens approfondis ont été réalisés
auprès des autorités tchadiennes et chinoises impliquées
dans le processus de ce partenariat bilatéral. Il s'agit des personnes
relevant du ministère de la santé publique, du ministère
du plan et de la coopération du Tchad, des autorités
administratives de l'Hôpital de la Liberté de Ndjaména,
l'Ambassade de la République populaire de Chine au Tchad, ainsi que des
personnes de l'Ambassade du Tchad en Chine que nous avons eu
l'opportunité de rencontrer lors de notre séjour dans la capitale
tchadienne.
2)
L'analyse exégétique
« Faire l'exégèse des textes,
nous dit le professeur Jean Didier BOUKONGOU, c'est rechercher leur
signification et leur portée, par la seule analyse de ces textes
eux-mêmes (...) »29(*). La méthode exégétique, dans le
cadre de notre étude, consistera à analyser les différents
textes, notamment les accords bilatéraux encadrant le partenariat
sino-tchadien, à chercher leur signification et leur portée, et
ainsi mesurer leur impact sur la réalisation du droit à la
santé au Tchad. Il sera question de l'analyse du contenu du corpus
normatif de ces accords de partenariat conclus entre les deux pays. En effet,
c'est au regard de ce cadre juridique que nous ferons l'état
d'évolution ou de régression de la coopération sud-sud
entre la Chine populaire et le Tchad en matière de réalisation
des droits économiques et sociaux et notamment l'accès aux soins
de santé primaire au Tchad.
2) L'analyse
stratégique
L'analyse stratégique développée par M.
CROZIER et E. FRIEDBERG est un « modèle d'analyse
organisationnelle qui s'articule autour de la compréhension des
relations entre acteurs interdépendants. La conceptualisation de
l'action collective se fait à travers l'analyse des systèmes
d'action concrets, étant entendu qu'un système d'action concret
est un ensemble de jeux structurés entre des acteurs
interdépendants, dont les intérêts peuvent être
divergents, voire contradictoires »30(*). En tant que modèle
théorique d'analyse, l'analyse stratégique offre une
conceptualisation de l'action collective qui permet d'interpréter les
relations entre acteurs dans un contexte donné31(*). Dans le cas d'espèce,
les acteurs interdépendants sont la Chine et le Tchad qui s'engagent
dans un partenariat sud-sud. Ainsi, l'analyse stratégique nous permettra
de voir quelles sont les stratégies adoptées par les
différents acteurs du partenariat, la chine et le Tchad, pour la mise en
oeuvre de leurs accords afin de favoriser l'accès aux soins de
santé aux populations tchadiennes.
4) La
méthode fonctionnelle
La méthode fonctionnelle32(*) défendue par
l'anthropologue britannique B. MALINOWSKI et son compatriote R. K. MERTON nous
aidera, dans le cadre de notre étude à voir quel rôle joue
chacun des acteurs du partenariat dans la réalisation du droit à
la santé en faveur des populations tchadiennes, ensuite à savoir
quelle fonction joue le partenariat sino-tchadien dans la réalisation
des droits économiques et sociaux, notamment l'accès aux soins de
santé au Tchad. Dans la phase de l'évaluation de ce travail, la
méthode fonctionnelle nous permettra de mettre en lumière les
fonctions manifestes et latentes de ce partenariat baptisé
gagnant-gagnant par le pays le plus peuplé au monde.
IX)
JUSTIFICATION DU PLAN
Pour mener à bien notre étude portant sur
« l'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation des
droits économiques et sociaux au Tchad », nous adopterons un
plan modulé autour de deux axes fondamentaux, c'est-à-dire un
plan bipartite. Dans la première articulation de ce travail, il sera
question de la présentation du partenariat sino-tchadien dans le cadre
d'un accord global entre la chine et l'Afrique (Première partie). la
seconde articulation consistera à faire une évaluation de ce
partenariat bilatéral (Deuxième partie) en faisant ressortir ses
limites et en ouvrant des perspectives pour son amélioration.
PREMIERE PARTIE :
LE PARTENARIAT SINO-TCHADIEN DANS LE CADRE D'UN ACCORD
GLOBAL ENTRE LA CHINE ET L'AFRIQUE
Depuis le début du XXIè siècle, la
République populaire de Chine oeuvre à établir et à
développer un nouveau type de partenariat stratégique
marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan
politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan
économique. Devenu le deuxième consommateur de pétrole au
monde, derrière les Etats-Unis d'Amérique et devant le Japon,
l'Empire du milieu cherche donc, pour soutenir sa fulgurante croissance
économique, à diversifier ses sources d'approvisionnement en
hydrocarbures, ainsi que de nouveaux débouchés pour
l'écoulement de ses produits manufacturés.
Troisième partenaire commercial du continent noir,
après les Etats-Unis d'Amérique et la France, Pékin
déploie de grands moyens pour intensifier et renforcer son implantation
en Afrique qui présente, à ses yeux, un potentiel énorme
en ressources énergétiques et minières.
En outre, du fait de la place importante qu'elle occupe sur la
scène internationale, dans le concert des nations, et notamment dans
l'économie mondiale, la Chine, en tant que pays émergent, a des
ambitions de grande puissance. D'où l'intensification des relations
multilatérales illustrées par la quête de
l'établissement du nouveau partenariat stratégique avec le
continent africain (Chapitre premier). Dans le cadre de cet accord global entre
la Chine et l'Afrique, se situe le partenariat bilatéral sino-tchadien,
raison pour laquelle il importe de montrer son impact positif sur la
réalisation des droits économiques et sociaux, notamment le droit
à la santé au Tchad (Chapitre deuxième).
CHAPITRE I : LA CHINE ET LE CONTINENT
AFRICAIN EN QUETE DE L'ETABLISSEMENT DU NOUVEAU PARTENARIAT STRATEGIQUE
Dans un contexte international de plus en plus marqué
par le phénomène de la mondialisation avec son cortège
d'interdépendance croissante entre les peuples, l'internationalisation
des échanges, le développement des réseaux transnationaux
de production et de distribution, de l'instantanéité de la
communication avec l'Internet33(*), la République populaire de Chine (RPC) en
tant que le plus grand pays en développement au monde et l'Afrique, le
continent regroupant le plus grand nombre des pays en développement, se
trouvent confrontés à d'énormes défis. Il s'agit,
entre autres, le développement de l'économie nationale,
l'amélioration des conditions de vie des populations, le maintien de la
stabilité sociale pour une longue durée.
Dans les affaires internationales, en outre, il se pose un
certain besoin croissant de rapprochement entre les peuples et les
continents : intensification des concertations, coordination des
positions, défense commune des droits et des intérêts
légitimes des pays. Face à ces défis, le gouvernement de
la RPC et le continent africain vont s'engager dans l'organisation des
conférences ministérielles en vue de l'établissement d'un
partenariat multilatéral (Section I). D'autre part, dans le cadre de
l'accord global de partenariat sino-africain, la Chine établit des
accords spécifiques de partenariat avec chacun des pays africains
(Section II).
SECTION I : LE PARTENARIAT MULTILATERAL
SINO-AFRICAIN : L'ORGANISATION DES CONFERENCES MINISTERIELLES
SINO-AFRICAINES ET DU SOMMET HISTORIQUE DE BEIJING DE 2006
Le nouveau partenariat multilatéral sino-africain
initié au début de ce XXIè siècle a
été marqué, d'une part, par l'organisation des
Conférences ministérielles sino-africaines (Paragraphe I), et
d'autre part par la tenue du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui
s'est déroulé à Beijing en novembre 2006 (Paragraphe
II).
Paragraphe I : Les conférences
ministérielles sino-africaines comme base de la relance du nouveau
partenariat entre la Chine et l'Afrique
La République populaire de Chine et le Continent
africain, dans le souci de l'établissement de leur nouveau partenariat
baptisé « gagnant-gagnant », trouvent dans
l'organisation des Conférences ministérielles la base de la
relance et du renforcement de leurs relations de coopération
multilatérale. Il s'agit de deux Conférences
ministérielles dont l'une s'est tenue dans la capitale chinoise,
Beijing, en octobre 2000 (A), et l'autre à Addis-Abeba en Ethiopie sur
le continent africain (B).
A- La
Conférence ministérielle de Beijing de 2000 : la mise
en place d'une stratégie de renforcement des relations de
coopération entre les gouvernements chinois et africains
La première Conférence ministérielle du
Forum sur la coopération Chine-Afrique organisée dans la capitale
chinoise en 2000 a été considérée par les
participants comme une stratégie commune de renforcement de leurs
relations de coopération. Cette Conférence a pour but d'engager
des concertations entre les partenaires sur un pied d'égalité,
d'élargir la compréhension mutuelle et le consensus, de renforcer
l'amitié et de promouvoir la coopération entre le plus grand pays
en développement et le continent africain.
Au cours de ces pourparlers ministériels, des
échanges de vue ont été engagés sur des sujets
relatifs à la manière dont les deux parties travailleraient
ensemble pour favoriser l'instauration d'un nouvel ordre politique et
économique international juste et rationnel pour le XXIè
siècle. Cette Conférence ministérielle de 2000 est en
outre conçue comme un mécanisme stratégique de
défense des intérêts communs des pays en
développement d'une part, et de renforcer la coopération
socio-économique et commerciale entre ceux-ci dans le nouveau contexte
marqué par la mondialisation d'autre part.
La Conférence ministérielle de 2000 qui a vu la
participation, du côté africain, de quatre Chefs d'Etat et 80
Ministres venus de 44 pays d'Afrique a été le lieu de l'adoption
de deux documents importants considérés ici comme leur feuille de
route. Il s'agit de la « Déclaration de Beijing » et
le « Programme de coopération sino-africaine sur le
développement économique et social ».
Dans ce dernier document, le gouvernement de la
République populaire de chine s'engage entre autres à
alléger, dans les deux ans (2000-2002), la dette des Pays Pauvres
Très Endettés (PPTE) et des Pays les Moins Avancés (PMA)
du continent africain d'un montant de 10 milliards de RMB ;
débloquer des fonds spéciaux destinés à soutenir et
à encourager les entreprises chinoises performantes et crédibles
à investir en Afrique ; créer un fonds de mise en valeur des
ressources humaines en Afrique pour aider les pays africains à former un
personnel qualifié.
Il faut mentionner que la Conférence a également
défini les principes du mécanisme de l'Action de suivi du
Forum : du côté chinois, il a été question de
la création d'un Comité de l'action de suivi composé de 27
unités d'échelon ministérielles, avec les ministres des
affaires étrangères et du commerce comme présidents
honoraires et deux responsables des ministères concernés comme
co-présidents. La mission principale de cette institution est la
coordination des activités des départements chinois dans la
concrétisation des projets de l'Action de suivi du Forum. Par ailleurs,
du côté africain, le continent a créé,
lui-même aussi, son Comité interministériel concernant
l'Action de suivi du Forum.
Selon ce mécanisme du Forum, la conférence
ministérielle se tient tous les trois ans, de façon alternative
en Chine et dans un pays africain, et elle est précédée de
deux réunions de hauts fonctionnaires respectivement un an et quelques
jours avant la Conférence. En outre, le Comité chinois
chargé de l'Action de suivi du Forum doit engager des consultations
régulières avec les représentations diplomatiques des pays
africains dans la République populaire de Chine. Ainsi, dans le souci
d'assurer le suivi des engagements pris à Beijing en 2000 sera
organisée la seconde conférence ministérielle
d'Addis-Abeba de 2003.
B- La
Conférence d'Addis-Abeba de 2003 : Approfondissement de la
coopération sino-africaine dans les domaines multisectoriels
Sur la base du principe de l'alternance de la tenue des
conférences ministérielles du Forum sur la coopération
entre la Chine et l'Afrique, la deuxième se tient cette fois-ci,
conformément à ce principe, sur le sol du continent africain,
notamment dans la capitale éthiopienne à Addis-Abeba, en
décembre 2003. Après avoir passé en revue l'Action de
suivi du Forum à l'issue de la première conférence dans le
genre, les discussions de la deuxième conférence
ministérielle ont tourné autour des nouvelles mesures à
prendre en vue de l'approfondissement de la coopération dans les
domaines multisectoriels : politique, économique, commercial et
social.
A l'issue de cette conférence, il a été
adopté un plan d'action baptisé « Plan d'action
d'Addis-Abeba » du Forum sur la coopération
sino-africaine pour une période de deux ans allant de 2004 à
2006. Dans le programme détaillé de ce plan, le gouvernement de
la République populaire de Chine s'est engagé à oeuvrer
dans divers secteurs d'activités en faveur du continent
africain :
- L'ouverture du marché chinois en appliquant le tarif
zéro à certains produits importés des PMA
africains ;
- L'intensification de la coopération entre les deux
parties dans la mise en valeur des ressources humaines, en augmentant sur une
grande échelle les fonds destinés à la formation du
personnel africain, de sorte que durant la période du Plan d'Action,
10 000 Africains puissent recevoir une formation ou un perfectionnement
dans différentes catégories professionnelles ;
- L'élargissement de la coopération
sino-africaine dans le secteur du tourisme ;
- Le renforcement des échanges culturels et non
gouvernementaux, notamment dans l'organisation d'un festival de la jeunesse
chinoise et africaine en 2004, en invitant l'Afrique comme continent d'honneur
au festival artistique international « au rendez-vous de
Beijing » et en organisant un « voyage en Afrique au nom de
la culture chinoise » ;
- La coordination de ses positions avec le continent noir dans
le cadre des négociations multilatérales sur le commerce mondial
et son engagement à appuyer l'Afrique pour l'attribution d'un
siège permanent au Conseil de sécurité de l'Organisation
des Nations Unies (ONU).
Cette conférence qui a mobilisé 150 hommes
d'affaires chinois appartenant à 76 entre- prises et 250
opérateurs économiques africains traduit de façon
manifeste l'évolution des échanges économiques et
commerciaux et les relations d'affaires entre opérateurs
socio-économiques chinois et africains.
L'année 2004 sera, en outre, marquée par
l'organisation du Sommet Afrique-Asie et la création du Conseil
Chine-Afrique des Affaires, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour
le Développement (PNUD), dans le but de favoriser l'investissement
privé chinois en Afrique. Ainsi, fidèle au principe de la tenue
triennale du Forum sur la coopération sino-africaine, Beijing
reçoit cette fois-ci le Sommet historique des Chefs d'Etats et de
gouvernements africains.
Paragraphe II : Le Sommet de Beijing du Forum sur la
coopération sino-africaine : les ambitions affichées de la
Chine en faveur de l'Afrique
A la différence des deux conférences
ministérielles sino-africaines sur la coopération (Beijing en
2000 et Addis-Abeba en 2003), le Sommet de Beijing de novembre 2006 a
été qualifié d'historique, parce que c'est la
première fois dans l'histoire des relations entre la Chine et l'Afrique
qu'autant des Chefs d'Etats et de gouvernements du continent africain, à
la fois, se sont retrouvés dans la capitale chinoise. Ce Sommet
historique de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine a
réussi, en effet, à mobiliser et réunir 41 hauts
dirigeants africains sur les 48 pays conviés34(*).
Il s'agit, en effet, du plus grand sommet international jamais
organisé en Chine, ce qui traduit nettement la place de choix qu'occupe
l'Afrique dans l'agenda international chinois en ce début du 3è
millénaire et l'enracinement d'une amitié ayant
résisté à l'épreuve du temps, aux aléas
internationaux. Fidèle aux principes de l'amitié sincère,
du traitement d'égal à égal, du soutien mutuel et du
développement commun, la République populaire de Chine envisage
de prendre huit mesures visant à renforcer le partenariat pragmatique
avec l'Afrique (A) et ainsi, dans ses ambitions affichées, devenir
co-acteur du développement socio-économique du continent (B).
A- Les
mesures pour le renforcement du partenariat Chine-Afrique
Pour le pays le plus peuplé au monde et le plus grand
pays en développement, le renforcement de son partenariat
stratégique avec l'Afrique passe par l'adoption de huit mesures35(*).
1) Augmenter l'aide chinoise aux pays africains et la doubler
en 2009 par rapport à 2006.
2) Accorder des prêts préférentiels de
trois milliards de dollars US et des crédits acheteurs
préférentiels à l'exportation de deux milliards de dollars
US aux pays africains au cours des trois prochaines années.
3) Créer un Fonds de développement sino-africain
dont le capital s'élèvera progressivement à cinq milliards
de dollars US pour soutenir les entreprises chinoises et les encourager
à investir en Afrique.
4) Donner son aide pour la construction du Centre de
conférences de l'Union Africaine, afin de soutenir les pays africains
dans leurs efforts pour accroître leur puissance à travers une
unité accrue ainsi que le processus de leur intégration.
5) Ouvrir davantage le marché chinois aux pays et
porter, de 190 à 440, le nombre de produits bénéficiant
d'un tarif douanier zéro et en provenance des PMA africains ayant des
relations diplomatiques avec la Chine (la RPC).
6) Annuler les dettes gouvernementales liées aux
prêts sans intérêts arrivant à échéance
à la fin de 2005 des PPTE et des PMA africains ayant des relations
diplomatiques avec la Chine.
7) Créer, au cours des trois prochaines années,
trois à cinq zones de coopération économique et
commerciale dans les pays africains.
8) Mettre en valeur les ressources humaines, notamment par la
formation, au cours des prochaines années, de 15 000 personnes,
toutes catégories confondues, pour les pays africains, envoyer 100
ingénieurs agronomes supérieurs chinois, créer 10 centres
de pilotes caractéristiques des techniques agricole, etc.
Les ambitions affichées de la RPC lors de ce Sommet
historique de Beijing sur le partenariat Chine-Afrique peuvent être
résumées en cinq mots-clés, devenir un
« co-acteur du développement économique et social
de l'Afrique ».
B- La
Chine : co-acteur dans le développement économique et social
de l'Afrique
Dans un monde en proie à de mutations aussi complexes
que profondes relatives à la mondialisation, interdépendance,
intensification du développement et promotion des réseaux de
relations (coopération) des pays, la République populaire de
Chine qui a « fait irruption sur la scène
économique internationale sans que quiconque ait pronostiqué une
telle percée »36(*) n'entend pas laisser le continent regroupant le plus
grand nombre de pays en développement rechercher tout seul les voies et
moyens de son décollage socio-économique. Selon le
Président chinois, Hu JINTAO, s'adressant à ses homologues
africains lors du Sommet historique de Beijing du Forum sur la
coopération sino-africaine de 2006, « le
développement partagé est l'objectif commun poursuivi
inlassablement par les peuples chinois et africains. La Chine et l'Afrique,
l'une comme l'autre, sont très attachées à leur
coopération mutuellement avantageuse qui devra profiter à leurs
peuples »37(*).
En poursuivant son allocution, le Président de la RPC
ajoute : « Le soutien mutuel constitue une force motrice
inépuisable de la coopération sino-africaine inscrite dans la
durée. Chacune (des parties, chinoise et africaine) souhaite ardemment
et soutient sincèrement le développement et le progrès de
l'autre tout en engageant une coopération de tous azimuts. (...) Le
traitement d'égal à égal est la garantie sûre pour
le renforcement de la confiance mutuelle
sino-africaine »38(*). En effet, le Président Hu JINTAO a pris
conscience des enjeux majeurs de cette mutation profonde et complexe du monde
et des défis qui attendent tous les pays en voie de
développement. Ainsi, devenir co-acteur du développement
économique et social de l'Afrique, c'est renforcer son partenariat avec
les pays africains dans les domaines prioritaires suivants :
- Sur le plan économique, il sera question de la
promotion de la coopération mutuellement avantageuse par la valorisation
des avantages de chacun, la consolidation des liens économiques et
commerciaux, l'établissement des partenariats entre les entreprises
chinoises et africaines, notamment par la création des
joint-ventures ;
- Sur le plan politique, un accent particulier sera mis sur la
diplomatie au Sommet, par des échanges de visites et des contacts de
haut niveau, ainsi que par la mise en place d'un mécanisme de
consultations politiques régulières de haut niveau ;
l'engagement d'un dialogue stratégique, le renforcement de la confiance
mutuelle et le raffermissement de l'amitié traditionnelle ;
- Sur le plan culturel et infrastructurel, il s'agira de
l'accroissement des échanges culturels pour valoriser l'inspiration
mutuelle, le renforcement du dialogue intellectuel, la compréhension et
l'amitié entre les peuples, l'intensification des échanges et de
la coopération sur les plans éducatifs, techno-scientifique,
médical, sportif et touristique ;
- Le développement global harmonieux et
équilibré passe par le renforcement du partenariat sud-sud, la
promotion du dialogue sud-sud, l'augmentation de l'aide internationale en
faveur des pays en développement, la réduction des dettes, la
mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) ;
- Sur le plan mondial, il s'agira du renforcement de la
coopération internationale solidaire, notamment par la défense
des buts et principes de la Charte des Nations, le respect de la
diversité, la promotion de la démocratisation des relations
internationales, le renforcement de la sécurité
internationale.
A l'issue des deux conférences ministérielles de
2000 et 2003 qui se sont tenues respectivement à Beijing et Addis-Abeba
et du Sommet de Beijing de 2006 du Forum sur la coopération
sino-africaine, la République populaire de Chine et la République
du Tchad qui sont plus que jamais déterminées à aller
jusqu'au bout de leur partenariat économique et social
« gagnant-gagnant » parviennent à la conclusion des
accords bilatéraux spécifiques.
SECTION II : LA CONCLUSION DES ACCORDS SPECIFIQUES DU
PARTENARIAT SINO-TCHADIEN POUR LA REALISATION DU DROIT A LA SANTE AU TCHAD
Dans le souci du renforcement de l'amitié
traditionnelle et de la solidarité entre les deux pays en
développement, la République populaire de Chine, dans ses
ambitions clairement affichées de devenir co-acteur du
développement de l'Afrique, ne tergiverse pas un seul instant à
établir des accords spécifiques avec les pays africains ayant des
relations diplomatiques avec elle.
En effet, devenue incontournable en raison de sa croissance
économique fulgurante, la RPC est aujourd'hui le troisième
partenaire commercial du continent derrière les Etats-Unis
d'Amérique et la France, avec des échanges en hausse de 39% au
cours des dix premiers mois de 2005. Car, faibles il y a deux décennies,
817 millions de dollars US, les échanges économiques et
commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont amorcé une croissance
remarquable et progressive dans les années 1990. Après
l'organisation des deux conférences ministérielles
sino-africaines, ces échanges économico-commerciaux ont
triplé, passant ainsi de 10,8 à 30 milliards de dollars US, pour
atteindre la barre des 39,5 milliards de dollars US en 200539(*).
Ainsi, animés du désir de promouvoir un
partenariat multiforme sino-tchadien, de développer et d'intensifier les
relations amicales entre eux, le Gouvernement de la République du Tchad
et le gouvernement de la République populaire de Chine ont signé
des textes d'une importance capitale qui vont servir de cadre juridique dans la
relance de leurs relations diplomatiques.
Paragraphe I : Les accords bilatéraux
spécifiques de coopération pour la réalisation du droit
à la santé au Tchad
Comme dans toutes relations de coopération diplomatique
et socio-économique, le partenariat Chine-Afrique, en
général, et Chine-Tchad, en particulier, se déroule dans
un cadre juridique précis. Il s'agit de la signature d'un Accord-Cadre
de coopération entre le Gouvernement de la République du Tchad et
le Gouvernement de la République populaire de Chine. A travers ce texte
signé le 06 août 2006 à Beijing, les pays sont convenus de
reprendre à compter de cette date du rétablissement de leurs
relations diplomatiques, tous les accords signés avant la suspension de
relations diplomatiques, et de relancer leur partenariat dans tous les
domaines, notamment
- l'éducation et la formation des ressources
humaines ;
- les échanges culturels ;
- la santé ;
- l'industrie et le commerce ;
- l'agriculture ;
- les ressources naturelles et l'énergie ;
- les affaires militaires ;
- d'autres secteurs de développement économique
et social.
Les dispositions de l'article 2 dudit Protocole d'Accord
apportent une précision en ce sens que « pour donner corps
à leur coopération les deux parties (le Tchad et la Chine)
mettront l'accent sur la réalisation des projets d'infrastructures dans
les secteurs économique et social définis par le présent
Accord ». C'est dans cette logique que les deux pays se sont
engagés à développer leurs rapports de partenariat sur le
plan sanitaire en signant un Protocole d'Accord, à Ndjamena le 04
janvier 2007, relatif à la construction d'un centre hospitalier moderne
et l'envoi d'une mission médicale chinoise au Tchad. Comme cela arrive
dans tout accord de partenariat bilatéral, le Protocole d'Accord entre
le Gouvernement de la République du Tchad et la République
populaire de chine comporte des obligations qui incombent aussi bien à
la partie chinoise (A) qu'à celle du Tchad (B).
A- Les obligations
relatives à la partie chinoise
Les obligations incombant à la République
populaire de Chine (dénommée ci-après la partie chinoise)
dans la réalisation du droit à la santé au Tchad
concernent, d'une part, la prise en charge du personnel médical chinois
(1), et d'autre part, le respect des dispositions législatives et
réglementaires par le personnel médical chinois sur le territoire
tchadien (2).
1) La
prise en charge du personnel médical chinois
La partie chinoise, dans le but d'honorer ses engagements
liés au Protocole d'Accord sur le plan sanitaire, prendra en charge le
personnel médical chinois durant la formation et durant l'exercice de la
mission qui est la sienne, une fois sur le territoire tchadien. Ainsi, les
salaires, les frais de formation, de logement, de provisions et de transport de
membres de la mission médicale chinoise durant la formation pour un
délai de six mois avant le départ pour le Tchad sont
entièrement à la charge de la République populaire de
Chine.
En outre, la fourniture du moyen de transport et les frais de
carburant et d'entretien, les frais de matériels de bureau, de
communication (le téléphone, le fax, l'Internet, etc.), de soins
médicaux ainsi que les frais de consommation d'eau et
d'électricité reviennent à la partie chinoise.
Aussi, la partie chinoise s'engage-t-elle à prendre en
charge les frais de voyage international aller-retour pour la mission
médicale chinoise.
Enfin, les obligations relatives à la
rémunération de la mission médicale chinoise durant son
séjour au Tchad (une période de deux ans renouvelables) incombent
à la partie chinoise.
Comme on pouvait bien le comprendre, s'engager dans un
partenariat, fût-il médical, signifie respecter les dispositions
législatives et réglementaires de l'autre partenaire.
2) Le
respect des dispositions législatives et règlementaires de la
mission médicale chinoise durant son séjour au Tchad
Dans la mise en oeuvre du Protocole d'Accord de
coopération sino-tchadienne sur le plan de la réalisation du
droit à la santé, les dispositions dudit texte prévoient
que l'exercice de la mission de l'équipe médicale chinoise ne se
fera pas au détriment du respect des dispositions législatives et
règlementaires en vigueur dans l'Etat tchadien.
Au regard donc des exigences dudit Protocole d'Accord, les
membres de la mission médicale chinoise, durant leur séjour et
l'exercice de leurs tâches au Tchad, s'engagent à respecter les
lois en vigueur en République du Tchad, ainsi que les us et coutumes du
peuple tchadien.
D'autre part, ils bénéficieront des fêtes
et des congés respectivement définis par les deux parties,
chinoise et tchadienne, et d'un mois de vacances tous les onze mois. En fin de
première année de séjour au Tchad, les dispositions de ce
texte prévoient également qu'ils bénéficieront d'un
mois de visite familiale. Si, pour des raisons de travail, un membre de la
mission médicale ne peut prendre ses congés, il les prendra
l'année suivante.
Pour tout dire, les obligations liées à la mise
en oeuvre du Protocole d'Accord de partenariat sino-tchadien sur le plan
sanitaire qui incombent à la partie chinoise sont relatives à la
prise en charge des frais de formation et de rémunération du
personnel médical chinois d'une part, et du respect des dispositions
législatives et règlementaires en vigueur en République du
Tchad, de l'autre.
B- Les
obligations du Protocole d'Accord relatives à la partie tchadienne
Les obligations découlant du Protocole d'Accord de
coopération Chine-Tchad qui incombent à la partie tchadienne
sont aussi nombreuses, mais elles peuvent être regroupées en deux
rubriques. Il y a le volet de la fiscalité (1), et le volet de la
sécurité du personnel médical chinois résidant au
Tchad (2).
1) La
défiscalisation des équipements médicaux offerts à
la mission médicale chinoise
L'exonération de tous les droits fiscaux,
c'est-à-dire les impôts et taxes de douane, du personnel
médical chinois résidant au Tchad et du matériel
médical provenant de Chine, est une première obligation
imposée à la partie tchadienne.
En effet, le Tchad à travers cette convention, s'engage
à prendre à son compte les charges ou mieux les droits et taxes
de douane des équipements médicaux, ainsi que les frais y
afférents.
D'autre part, les membres de la mission médicale
chinoise, dans l'exercice de leur mission, ne doivent pas être
imposés pendant leur séjour au Tchad. Il convient de
préciser ici que cette exonération des impôts et des taxes
concerne particulièrement le personnel médical chinois qui oeuvre
dans la santé publique au nom du Gouvernement chinois, et non ceux qui
travailleraient dans le privé (cliniques et dispensaires,
dépôts pharmaceutiques...). Car le partenariat Chine-Afrique,
notamment Chine-Tchad est un partenariat qui se conclut entre les Etats, et non
entre l'Etat et le privé, ou l'Etat et la société civile.
C'est la raison pour laquelle la partie tchadienne a l'obligation d'assurer la
sécurité des membres du personnel médical chinois au
Tchad.
2) La
garantie de la sécurité du personnel et du matériel de la
mission chinoise
En plus de la défiscalisation des équipements
médicaux offerts à la mission médicale chinoise pour les
soins de santé au Tchad, la garantie de la sécurité du
personnel oeuvrant dans le domaine de la santé publique et du
matériel chinois est une obligation de l'Etat tchadien que
prévoit la convention en matière sanitaire. Cette garantie
concerne aussi bien les équipements médicaux que les biens
personnels des médecins chinois exerçant dans la capitale
tchadienne.
In concreto, le gouvernement tchadien est
appelé à octroyer l'assurance médicale aux membres de la
mission chinoise durant leur séjour au Tchad, notamment la prise en
charge des soins médicaux, des accidents et des décès au
cas où cela arrive à se produire.
Selon le Protocole d'Accord de coopération dans le
domaine de la santé publique conclu entre le gouvernement du Tchad et
celui de la Chine, les dispositions de ce texte stipulent également que
« l'affectation de deux gardiens pour la résidence et d'un
chauffeur et leur rémunération » sont à la
charge de la partie tchadienne.
Enfin, le texte prévoit les obligations de
réciprocité des us et coutumes des deux parties. Si la Mission
médicale chinoise s'engage à respecter les lois en vigueur au
Tchad, ainsi que les us et coutumes du peuple tchadien, de même, la
partie tchadienne s'engage réciproquement à respecter ceux des
membres de la mission chinoise. Comme nous venons de le voir, le partenariat
sino-tchadien en matière de santé publique est encadré par
une convention bien ficelée, mais il reste à savoir si ledit
partenariat répond aux exigences de la consécration
internationale du droit à la santé.
Paragraphe II : Le partenariat sino-tchadien au regard de
la consécration internationale et nationale du droit à la
santé
Le droit à la santé, faisant intimement partie
des droits économiques et sociaux, nécessite la
coopération internationale des Etats pour l'effectivité de sa
réalisation. En effet, l'alinéa 2 de l'article premier du Pacte
international des Nations Unies relatif aux droits économiques et
sociaux du 16 décembre 1966 dispose : « Pour
atteindre leurs fins, tous les peuples peuvent disposer librement de leurs
richesses et de leurs ressources naturelles, sans préjudices des
obligations qui découlent de la coopération internationale,
fondée sur le principe de l'intérêt mutuel, et du droit
international ». Ceci dit, le droit à la santé est
un droit fondamental de l'homme qui est garanti par le droit international (A),
ainsi que par le droit constitutionnel tchadien (B).
A- La
consécration du droit à la santé dans le droit
international
Le droit à la santé que le partenariat
Chine-Tchad s'engage à réaliser est un droit fondamental de la
personne humaine40(*)
consacré par plusieurs instruments juridiques internationaux.
L'article 25 de la DUDH insiste sur la reconnaissance du droit
pour tous à un niveau de vie convenable, garantie pour la santé
et le bien-être compris. Il reconnaît la relation étroite
qui existe entre santé et bien-être ainsi que le lien qui existe
avec d'autres droits, le droit à l'alimentation, le droit au logement,
aussi bien qu'aux services médicaux et sociaux. En effet, cet article
dispose que « toute personne a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa
famille, notamment, pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins
médicaux, ainsi que pour les services sociaux
nécessaires (...)».
Suite à la DUDH, l'article 12 du PIDESC énonce
que les Etats reconnaissent « le droit qu'à toute personne de
jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit
capable d'atteindre ». Cette disposition identifie quelques mesures
que les Etats parties au Pacte, et dans le cas d'espèce il s'agit du
Tchad et de la Chine, devraient prendre pour « assurer le plein
exercice de ce droit ». Le second paragraphe identifie quatre
domaines précis sans lesquels des mesures concrètes devraient
être prises pour garantir le plein respect de ce droit :
- La réduction de la mortalité infantile et la
mise en place de prestations pour assurer le développement sain des
enfants ;
- L'amélioration des conditions environnementales et le
suivi plus étroit des conséquences et des conditions de travail
dans l'industrie ;
- La prévention, le traitement et le suivi des
maladies, incluant ainsi des systèmes de prévention et des
systèmes de suivi de médecine du travail ;
- Des services médicaux primaires pour la population
entière.
La Convention internationale des Nations Unies des Droits de
l'Enfant du 20 novembre 1989 (CDE) reconnaît, en ses articles 23 et 24,
le droit à la santé à tous les enfants sans discrimination
aucune, et identifie les différentes étapes pour y parvenir. Les
dispositions de l'article 24 particulièrement apportent des
précisions y afférentes. En effet, cet article
énonce :
« 1- Les Etats parties reconnaissent le droit de
l'enfant de jouir du meilleur état de santé possible et de
bénéficier de services médicaux et de
rééducation. Ils s'efforcent à ce qu'aucun enfant ne soit
privé du droit d'avoir accès à ces services.
2- Les Etats parties s'efforcent d'assurer la
réalisation intégrale du droit susmentionné et, en
particulier, prennent des mesures pour :
a- réduire la mortalité parmi les
nourrissons et les enfants ;
b- assurer à tous les enfants l'assurance
médicale et les soins de santé nécessaires ; l'accent
étant mis sur le développement des soins de santé
primaires (SSP) ;
c- lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris
dans le cadre des soins de santé primaires, grâce notamment
à l'utilisation de techniques aisément disponibles et à la
fourniture d'aliments nutritifs et d'eau potable (...) ;
d- assurer aux mères des soins prénatals et
postnatals appropriés ;
f- développer les soins de santé
préventifs, les conseils aux parents et l'éducation et les
services en matière de planification familiale ».
Sur le plan régional, notamment, dans le système
africain de protection des droits de l'homme, la Charte africaine des droits de
l'homme et des peuples en son article 16 contient également un droit
à la santé au plus haut niveau possible, pour lequel les mesures
nécessaires devront être prises.
B- Le droit à
la santé dans le droit constitutionnel tchadien
La consécration du droit à la santé dans
le droit constitutionnel tchadien s'inscrit en bonne logique dans la
perspective de nombreux textes à dimension internationale dont les
majeurs ont été mentionnés ci-dessus, textes que le Tchad
a adoptés. Il s'agit de la DUDH du 10 décembre 1948, le PIDESC du
16 décembre 1966, la CDE du 20 novembre 1989, la CADHP du 10 juin 1981,
pour ne citer que ceux-là. Dans le même esprit, le Tchad a
souscrit à la Déclaration sur les soins de santé primaire
d'Ama-Ata en 1978.
A la suite donc de la ratification et de la souscription aux
textes majeurs relatifs à la consécration du droit à la
santé, le Tchad accorde une place de choix de reconnaissance de ce droit
fondamental de l'homme dans sa Loi fondamentale. C'est ainsi que le
Préambule qui fait partie intégrante de la Constitution du 31
mars 1996 stipule que le Tchad réaffirme son attachement
« aux principes des droits de l'homme tels que définis par
la Charte des Nations Unies de 1945, de la Déclaration universelle des
droits de l'homme de 1948 et la Charte africaine des droits de l'homme et des
peuples de 1981 ».
En outre, dans le Titre 2 relatif aux libertés, aux
droits fondamentaux et aux devoirs, l'article 12 de la Constitution dispose
avec beaucoup plus de clarté que « (...) les droits
fondamentaux sont reconnus et leur exercice garanti aux citoyens dans les
conditions et les formes prévues par la Constitution et la
loi ».
Le législateur, à travers cette valeur
suprême accordée en garantissant ce droit fondamental, le droit
à la santé dans sa Loi fondamentale, témoigne de la
volonté avec laquelle l'Etat tchadien entend assurer aux populations
tchadiennes le bien-être physique, moral et social ne consistant pas
seulement en l'absence de maladie, conformément à la
définition que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) donne de
la santé. En effet, selon la définition donnée par la
Constitution de l'OMS, « la santé est un état de
complet bien-être physique, mental et social, et ne consistant pas
seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».
Après la présentation des sources universelle,
régionale et constitutionnelle de la consécration du droit
à la santé, il convient de montrer comment le Tchad et la Chine,
à travers leur partenariat, entendent mettre en application ces
différentes normes y relatives.
CHAPITRE II : LE PARTENARIAT CHINE-AFRIQUE ET SON IMPACT POSITIF
SUR LA REALISATION DU DROIT A LA SANTE AU TCHAD
Le partenariat sino-tchadien en matière de
réalisation du droit à la santé, et notamment
l'accès aux soins de santé, s'inscrit dans une politique de
co-gestion des problèmes de santé des populations du Tchad. En
effet, depuis le rétablissement de leur relation diplomatique, en
août 2006, la Chine s'engage à « fournir, dans toute
la mesure de ses possibilités, des aides au Tchad, pour contribuer
à son développement économique et
social »41(*), à encourager et à soutenir la
politique publique de santé du Tchad, à investir dans le pays et
à développer une coopération mutuellement avantageuse,
sous des normes variées. « Les deux pays annoncent leur
disponibilité à renforcer aussi leurs échanges ainsi que
leur coopération dans les domaines de l'éducation, de la culture
et de la santé et de travailler au renforcement de la
compréhension mutuelle et des sentiments d'amitié entre leurs
deux peuples »42(*).
Dans cette logique, il sera question dans cette partie de
notre travail de montrer l'apport de la politique publique de la Chine en
matière sanitaire dans son partenariat avec le Tchad d'une part (Section
I), et d'autre part de montrer l'apport de la Chine en terme de renforcement
des capacités du Tchad à la réalisation du droit à
la santé (Section II).
SECTION I : APPORT DU PARTENARIAT CHINE-TCHAD EN MATIERE
DE REALISATION DU DROIT A LA SANTE AU TCHAD
La République populaire de Chine, à travers la
Déclaration adoptée lors du Sommet de Beijing du Forum sur la
coopération Chine-Afrique de 2006, se veut être un partenaire des
pays africains dans des domaines multiformes. Toutefois, la Déclaration
précise que « la priorité doit être
donnée à la coopération dans les domaines de
l'éducation, des infrastructures (...), de la santé publique et
de la formation du personnel, en valorisant, dans l'intérêt des
peuples chinois et africains, la complémentarité de leurs atouts
respectifs »43(*). A cet effet, nous ferons la présentation de
la contribution de la Chine sur le plan institutionnel et
technico-médical, d'une part (Paragraphe I), et nous présenterons
la portée du partenariat sino-tchadien qui est inscrit en droite ligne
de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), d'autre part (Paragraphe II).
Paragraphe I : Apport institutionnel et
technico-médical de la Chine dans le cadre du partenariat sino-tchadien
La contribution de la République populaire de Chine
dans le domaine de la santé publique au Tchad grâce au Protocole
d'Accord conclu avec le gouvernement tchadien se situe à un double
niveau. Il y a, d'un côté la réalisation d'infrastructures
sanitaires (A), de l'autre côté, le déploiement d'une
équipe technico-médicale au Tchad (B).
A-
Apport institutionnel : la réalisation d'infrastructures sanitaires
modernes de l'Hôpital de la Liberté
Dans la politique internationale de la Chine, le partenariat
avec les pays africains au plan infrastructurel est fructueux. Pékin est
présent quasiment partout dans le bâtiment et les travaux publics
au travers notamment du Beijing Urban Contruction Group (BUCG), pour
des projets relevant théoriquement de
l' « aide ». La construction de stades, de
bâtiments gouvernementaux, d'hôpitaux prestigieux, de
résidences présidentielles, constitue une forme traditionnelle de
la présence chinoise qui demeure d'actualité et nourrit
l'amitié entre Pékin et ses partenaires africains.
En outre, la construction de routes et ponts, de voies
ferrées ou de grands ouvrages hydrauliques, sur des projets
d'infrastructures financés par des organisations internationales telles
que la Banque mondiale fait partie de la stratégie chinoise de
renforcement de sa coopération.
Au Tchad, la République populaire de Chine a
réalisé plusieurs projets de développement. Au rang de ces
réalisations, on peut citer entre autres, la construction de
l'Hôpital de la Liberté, le stade Idriss Mahamat Ouya, le
somptueux palais du 15 janvier de Ndjaména44(*), etc.
La construction de cet hôpital prestigieux est un apport
institutionnel inestimable dans la réalisation du droit à la
santé, et surtout dans l'accès aux soins de santé au
Tchad. C'est un apport inestimable et incontestable dans la mesure où
cet établissement hospitalier public occupe la deuxième place
après l'Hôpital Général de Ndjaména. Il
emploie un staff composé de 308 personnes qui offrent des prestations
très prisées par la population ndjaménoise, ainsi que
d'autres patients venant des régions environnantes, voire d'autres
villes du pays.
En effet, au dire de Dionko MAOUNDE, près plusieurs
années de guerre fratricide et de récession économique, et
malgré la mise en oeuvre des différentes stratégies en
matière de santé, la performance du système de
santé tchadien reste parmi les plus faibles d'Afrique. Selon lui, quatre
facteurs majeurs en sont les causes : « l'insuffisance des
infrastructures sanitaires, la mauvaise organisation des soins de santé
et l'insuffisance quantitative et qualitative du personnel soignant et le
sous-équipement »45(*).
C'est pour faire face à cette incapacité du
système public de santé à répondre aux besoins des
populations que le gouvernement a décidé d'établir la
coopération avec la République populaire comme outil, en vue de
l'amélioration des conditions de vie des populations en matière
sanitaire, en terme de réalisation du droit à la santé,
notamment l'accès aux soins de santé.
En outre, le partenariat sino-tchadien dans le domaine de la
santé publique se renforce dans la lutte contre le paludisme. Conscient
du fait que le paludisme constitue la principale cause de morbidité et
de mortalité en Afrique en général et au Tchad en
particulier, le gouvernement chinois, à travers son partenariat avec le
Tchad, décide en effet de s'attaquer à cette maladie
endémique qui exerce un impact négatif sur le
développement économique et social des populations africaines, et
notamment tchadiennes.
Le paludisme est la maladie parasitaire la plus
répandue dans l'hémisphère sud : les estimations du nombre
de personnes contaminées varient entre 300 et 500 ou 660
millions46(*) et il tue
plus d'un million de personnes par an, la plupart en
Afrique. C'est la principale
cause de morbidité et de mortalité des enfants de moins de cinq
ans en Afrique. Les femmes enceintes dans les zones endémiques, sont
aussi particulièrement touchées par le paludisme car le
placenta constitue une
cible où les parasites (Plasmodium falciparum) peuvent
s'accumuler.
Le paludisme, selon l'OMS, est encore la maladie mondiale la
plus importante (priorité de 1er rang) tant par ses ravages
directs que par ses conséquences socio-économiques : une
improductivité aboutissant à la
sous-alimentation
et au sous-développement.
De plus, le Tchad, comme la plupart des pays en
développement touchés par la malaria n'a ni les moyens
économiques, ni les moyens technologiques de développer une
réelle recherche dans le domaine médical. Le Tchad, à
l'instar de ces pays aux moyens financiers très limités et
croulant sous le poids de la dette extérieure, caractérisé
par un manque de solide volonté politique, par un budget recherche bien
inférieur aux attentes et une aide internationale dérisoire
comparée aux besoins des populations, va ainsi bénéficier
d'une assistance vitale de la Chine pour engager une lutte contre cette maladie
du sous-développement aux conséquences désastreuses.
La matérialisation de cette approche bilatérale
de lutte contre cette maladie qui cause de sérieux problèmes de
santé publique se traduit donc par la construction d'un centre
anti-paludique au sein de l'Hôpital de la Liberté de
Ndjaména réalisée par le gouvernement chinois pour l'Etat
tchadien.
La réalisation de ces infrastructures sanitaires en
tant que contribution substantielle apportée par cette puissance
émergente aux populations tchadiennes s'inscrit en droite ligne dans la
politique internationale de la Chine en faveur de son partenaire, le Tchad.
Elle entre aussi dans la modernisation de cet établissement hospitalier
situé dans la capitale tchadienne, et est considéré comme
pôle d'attraction des patients des différentes régions
environnantes de Ndjaména, voire d'autres villes du pays. C'est donc un
grand appui pour la rénovation des infrastructures sanitaires, d'une
part, et une contribution à l'amélioration de la qualité
des conditions de vie des populations en matière sanitaire d'autre part.
C'est dans cette logique que la Chine, dans sa coopération sanitaire, va
apporter une assistance technique et matérielle au Ministère de
la santé publique, notamment à l'Hôpital de la
Liberté.
B-
Apport technico-médical : Le déploiement d'une équipe
médicale chinoise et la dotation de l'Hôpital de la Liberté
des matériels et des médicaments (Assistance technique et
matérielle)
Le partenariat entre le gouvernement chinois et le
gouvernement tchadien dans le domaine de la santé publique, comme nous
l'avons souligné ci-dessus, associe aussi bien l'apport institutionnel
ou infrastructurel, et l'assistance technique et matérielle.
Relativement à l'assistance technique, la première mission
médicale chinoise composée de neuf personnes a été
déployée en début septembre 2007, comme le précise
l'article 2 du Protocole d'Accord de coopération sur le plan sanitaire
entre le gouvernement tchadien et le gouvernement chinois, pour
« assister la Partie tchadienne dans le travail, en collaboration
avec le personnel médical tchadien, en vue d'un échange
d'expérience scientifique et de transfert de technique, à
l'exception de mission médicale requise aux fins
d'expertise judiciaire ». Conformément aux dispositions
de cette convention de coopération sur le plan sanitaire, la Partie
chinoise envoie au Tchad des médecins de toutes disciplines
confondues:
- Un Chirurgien-traumatologue
- Une Gynéco-obstétricienne
- Un Médecin généraliste
- Un Pédiatre
- Un Radiologue
- Un Anesthésiste
- Un Ophtalmologue
- Un Interprète
- Un Cuisinier
Cette assistance technique chinoise au Ministère de la
santé ne concerne pas tous les établissements hospitaliers de la
capitale tchadienne, mais vise à renforcer le personnel médical
de l'Hôpital de la Liberté.
Relativement à l'aide matérielle apportée
par le gouvernement chinois à l'Etat tchadien, il s'agit essentiellement
de la dotation de l'Hôpital de la Liberté des médicaments,
des appareils médicaux ainsi que des outils informatiques, le tout pour
une valeur estimée à 65 millions de F CFA, afin d'assurer un
service médical performant. C'est dans cet ordre d'idées que nous
pourrions dire avec le Président chinois que la coopération
sino-tchadienne dans le domaine de la santé publique s'inscrit dans la
mise en oeuvre de la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
Paragraphe II : Portée du partenariat
sino-tchadien inscrit dans la promotion de l'accès aux soins de
santé primaires : Mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire
pour le Développement
Pour engager le XXIè siècle sous de bons
auspices, les Etats membres des Nations Unies sont convenus de mettre en oeuvre
les huit objectifs essentiels pour le développement à atteindre
d'ici à 2015 :
1) Réduire l'extrême pauvreté ;
2) Assurer l'éducation primaire pour tous ;
3) Promouvoir l'égalité et l'autonomisation des
femmes ;
4) Réduire la mortalité infantile ;
5) Assurer la santé maternelle ;
6) Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres
maladies ;
7) Assurer un environnement durable ;
8) Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
Les projets de Déclaration du Sommet de Beijing et du
Plan d'action de Beijing (2007-2009) soumis à l'examen des chefs d'Etat
par la conférence ministérielle sont d'une importance majeure.
Les deux textes prennent en considération l'organisation des relations
multiformes des deux partenaires, à savoir la République
populaire de Chine et le continent africain. Ces textes prévoient des
dispositions qui permettent à la Chine et à l'Afrique
d'élever à des paliers supérieurs leur partenariat, au
cours des prochaines années.
A travers ces deux textes, la Chine entend apporter à
l'Afrique, une contribution dans les domaines de :
- la mise en oeuvre du Nouveau partenariat pour le
Développement de l'Afrique (NEPAD);
- la réalisation des Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD) ;
- la relance des négociations du cycle de Doha à
l'Organisation Mondiale du Commerce, etc.
Le partenariat sino-tchadien, au regard de son
évolution, participe incontestablement de la mise en oeuvre des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Il s'inscrit
aussi bien dans l'amélioration des conditions de santé des
populations (A), que dans la volonté conjointe de la Chine et du Tchad
de mettre en place un partenariat bilatéral pour le développement
(B).
A-
Amélioration des conditions de santé des populations du Tchad
Les OMD, qui vont de la réduction de moitié de
l'extrême pauvreté à l'éducation primaire pour tous,
en passant par l'amélioration des conditions de santé des
populations, notamment l'amélioration de la santé maternelle, la
réduction de la mortalité infantile, la lutte contre le VIH/sida,
le paludisme et d'autres maladies, ont été mis en oeuvre par le
partenariat sino-tchadien. Ce partenariat tel qu'il se vit au Tchad, en effet,
participe sans nul doute de la mise en oeuvre des Objectifs quatre, cinq, six
et huit du millénaire pour le développement.
La construction des infrastructures sanitaires, le
déploiement d'une mission médicale à Ndjaména,
ainsi que la dotation de cet établissement hospitalier des
médicaments et des équipements médicaux sont donc la
stratégie des deux gouvernements d'améliorer les problèmes
de santé publique des populations tchadiennes, par ricochet permettent
de mettre en application les OMD.
Dans cette perspective, nous dirons que la
Déclaration de Beijing adoptée le 05 novembre 2006 qui
« exhorte aussi les nations développées à
augmenter leurs aides financières et techniques au développement
de l'Afrique, afin de renforcer la capacité de celle-ci à
combattre la pauvreté, et de l'aider à réaliser les
Objectifs de développement du Millénaires (sic) définis
par les Nations Unies »47(*) se trouvent donc justifiée.
B- Le
partenariat sino-tchadien inscrit dans le huitième OMD : la mise en
place d'un partenariat bilatéral du développement
Le partenariat stratégique établi entre la Chine
et le Tchad, aussi bien qu'il participe de l'amélioration des conditions
de santé des populations tchadiennes, s'inscrit dans la mise en
application du partenariat mondial du développement, en tant que
huitième OMD.
En effet, l'idée selon laquelle la lutte contre la
pauvreté est collective et que tous les pays ont intérêt
à y participer est au coeur des objectifs du Millénaire pour le
Développement. Selon l'esprit des Nations-Unies lors de l'adoption de
ces Objectifs essentiels à atteindre en 2015, si la coopération
internationale est cruciale surtout pour les Pays les Moins Avancés ou
les Pays les plus Pauvres et Très Endettés, ainsi que ceux qui
souffrent de leur isolement géographique, ce sont les pays en
développement qui portent au premier chef la responsabilité de la
réalisation desdits objectifs. Pour que ce partenariat ait un sens, il
faut qu'il réponde aussi aux besoins des pays en développement,
notamment en matière de technologie, de moyens médicaux, en
particulier à l'intention des populations en proie à l'existence
précaire.
On pourrait dire que c'est dans cette optique que la
République populaire de Chine, qui est un pays en développement,
après avoir amorcé un développement économique
fulgurant, décide d'établir un partenariat multilatéral
avec le continent noir et bilatéral avec le Coeur de l'Afrique
enclavé. L'enclavement en tant qu'isolement géographique
constitue un handicap considérable pour le développement. En
cela, le rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et
le Tchad, et surtout la mise en place d'un partenariat bilatéral du
développement est plus qu'une opportunité pour la
réalisation, sinon du moins pour la poursuite des OMD. Tel est ce qui
ressort de la teneur de l'allocution du président chinois, le 04
novembre, à l'ouverture du Sommet de Beijing du Forum sur la
coopération sino-africaine :
« Le soutien mutuel constitue la force motrice
inépuisable de la coopération sino-africaine inscrite dans la
durée. Chacune de nos deux parties souhaite ardemment et soutient
sincèrement le développement et le progrès de l'autre tout
en encourageant une coopération de tous azimuts. Le développement
partagé est l'objectif commun poursuivi inlassablement par les peuples
chinois et africains. La Chine et l'Afrique, l'une comme l'autre, sont
très attachées à leur coopération mutuellement
avantageuse qui devra profiter à leurs peuples ».
Au regard de ces différentes raisons citées
ci-dessus, la République populaire de Chine estime que
l'établissement du partenariat contribuera sans doute au
développement économique et social, ainsi qu'au renforcement de
la solidarité et de la coopération sino-africaine d'une part, et
entendra faire progresser ce partenariat stratégique avec chacun des
pays africains, de l'autre.
« L'établissement d'un nouveau
partenariat stratégique sino-africain, poursuit le Président
chinois dans son allocution, est à la fois une exigence
intrinsèque de la coopération sino-africaine et une
nécessité pour promouvoir la paix et le développement dans
le monde. Que les rapports sino-africains progressent sans cesse, cela
contribuera non seulement au développement et au progrès de la
Chine et de l'Afrique, mais aussi au renforcement de la solidarité et de
la coopération entre les pays en développement et favorisera
l'instauration d'un nouvel ordre politique et économique international
qui soit juste et rationnel. En vue de faire progresser encore davantage le
nouveau partenariat stratégique sino-africain, la Chine est
disposée à renforcer sa coopération avec les pays
africains (...) ».
En outre, la Déclaration du Millénaire des
Nations Unies formalise l'engagement pris pour les pays en développement
de gérer sainement leur économie, de s'attacher à leur
propre développement et de répondre aux besoins humains et
sociaux de leurs populations. Les pays développés de leur
côté se sont engagés à soutenir les plus pauvres de
leur mieux, en commerçant avec eux et en allégeant leur dette.
SECTION II : L'APPORT DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN DANS
LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DU TCHAD A LA REALISATION DU DROIT A LA SANTE
Le Tchad, en effet, connaît l'une des pires situations
sanitaires au monde, qui ne s'est que très lentement
améliorée au cours des dernières décennies, du fait
de la pauvreté, de la récurrence et de la recrudescence des
guerres civiles. Cependant, la reconstruction progressive du système
sanitaire enregistre depuis quelques années, grâce à la
coopération internationale, et notamment bilatérale avec la
République populaire de Chine, de réels progrès avec les
premiers succès au niveau du renforcement des capacités au plan
économique (Paragraphe I), et le renforcement des capacités en
ressources humaines (Paragraphe II) en vue de la gestion des problèmes
liés à l'accès aux soins de santé publique.
Paragraphe I : Apport du partenariat sino-tchadien sur la
réalisation du droit à la santé : renforcement des
capacités au plan économique
Le gouvernement de la République populaire de Chine et
celui de la République du Tchad, dans le rétablissement de leur
relation de coopération bilatérale, se sont engagés dans
un nouveau type de partenariat stratégique multiforme :
diplomatique, politique, économique, culturel... Sur le plan
économique, l'apport du partenariat sino-tchadien sur la
réalisation du droit à la santé se situe au niveau du
renforcement des capacités du partenaire tchadien. Il s'agit, en effet,
d'aider le Tchad à faire face aux problèmes liés à
l'accès aux soins de santé de ses populations en rehaussant son
capital économique. Ainsi, cet apport de coopération
sino-tchadienne sur le plan économique pour la réalisation du
droit à la santé a été matérialisé
par des aides financières accordées au Tchad sans contrepartie
(A), ensuite par l'annulation des dettes du Tchad (B).
A- La
coopération sino-tchadienne avantageuse : aides financières
sans contrepartie pour la gestion des problèmes sociaux
La République populaire de Chine, consciente du fait
que le problème lié à la réalisation du droit
à la santé, ou mieux à l'accès aux soins de
santé, est très intimement en rapport avec la situation
économique et financière d'un pays, s'engage aux
côtés du gouvernement tchadien en vue de la jugulation de ces
problèmes sanitaires auxquels les populations font face. S'il n'est
point de doute que dans le domaine sanitaire, beaucoup d'efforts sur le plan
infrastructurel ont été fournis, il n'en demeure pas moins que
les aides sans contrepartie accordées par la Chine participent de la
volonté de ce pays de soutenir le Tchad à atteindre les OMD.
Dans cette dynamique de renforcement des capacités de
l'Etat tchadien à mettre en oeuvre ses obligations liées au Pacte
international des Nations Unies sur les droits économiques et sociaux,
deux accords de coopération économique ont été
signés entre les deux gouvernements le 04 janvier 2007 dans la capitale
tchadienne. Désireux de développer davantage les relations
amicales, la coopération économique et technique entre les deux
pays, répondant aux besoins du gouvernement de la République du
Tchad, le gouvernement de la RPC consent à accorder à titre
gracieux, précise la convention, une aide de cinquante millions
(50.000.000) de Yuans Renminbi48(*) (Yuan RMB), soit un équivalent de trois
milliards cinq millions de francs CFA.
Cette aide accordée, d'après l'Accord de
coopération économique et technique signé entre les deux
gouvernements, chinois et tchadien, est destinée au financement des
projets sociaux retenus, au rang desquels figurent les besoins cruciaux en
soins de santé des populations tchadiennes. Car, la situation sanitaire
du Tchad est plutôt moins bonne que celle des autres pays d'Afrique
subsaharienne et l'évolution dans le temps des indicateurs de la
santé du pays est confrontée à beaucoup de
difficultés.
Cette situation ne laisse pas beaucoup d'espoir aux
populations du Tchad pour l'atteinte ou la réalisation du droit à
la santé, étant entendu que ce droit se traduit de façon
concrète par la réduction de la mortalité infantile, la
garantie ou la protection de la santé maternelle, et la lutte contre le
VIH/sida, la lutte contre le paludisme et autres maladies, lesquelles luttes
sont considérées en tant qu'objectifs majeurs du
millénaire pour le développement.
En outre, la Chine à travers ses institutions
nationales, notamment la Banque de Développement de Chine et la
Direction de la Dette du Ministère des Finances, de l'Economie et du
Plan, par l'Accord de coopération économique et
technique49(*),
toujours signé le 04 janvier 2007, octroie un don à titre
gracieux au gouvernement tchadien une somme de trente millions (30.000.000) de
Yuans Renminbi, soit un total de deux milliards cent millions (2.100.000.000)
de francs CFA.
B- Le
renforcement des capacités économiques du Tchad : annulation
des dettes par la Chine
L'annulation des dettes extérieures du Tchad
vis-à-vis de la Chine se situe dans la visée de renforcement des
capacités économiques de l'Etat tchadien en vue de la gestion des
problèmes sociaux, tels que la réalisation du droit à la
santé et autres droits humains y relatifs. Cette annulation de dettes,
selon l'Ambassadeur chinois au Tchad, participe de la mise en application des
engagements du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération
sino-africaine de 2006, en général et du partenariat
sino-tchadien en particulier.
Dans le cadre du Forum, la Chine oeuvre et de concert avec les
pays africains, y compris avec le Tchad, poursuit le Représentant
diplomatique chinois au Tchad, à « consolider le nouveau
type de partenariat stratégique sino-africain et à intensifier la
coopération dans les domaines de l'annulation des dettes, (...), les
infrastructures, la revalorisation des ressources humaines, (...) la
santé, etc. »50(*). L'annulation des dettes comme volonté
manifeste de la Chine de renforcer les capacités économiques du
Tchad à affronter les problèmes liés à la
réalisation des droits économiques et sociaux, notamment le droit
à la santé est une expression du dynamisme même de la
coopération sino-tchadienne.
Ainsi, dans le cadre du renforcement des relations de
coopération entre les deux pays, la Chine a marqué son accord, le
04 janvier 2007, pour l'annulation totale de la dette de trois prêts sans
intérêts et deux prêts d'aide militaire cités
ci-dessus :
1- Prêt sans intérêt de cent millions
(100 000 000) de Yuans RMB prévu dans l'Accord de la
coopération économique et technique signé le 20 septembre
1973 entre les deux gouvernements.
2- Prêt sans intérêt de soixante millions
(60 000 000) de Yuans RMB prévu dans l'Accord du Prêt
signé le 28 juin 1990 entre les deux gouvernements
3- Prêt sans intérêt de cinquante millions
(50 000 000) de Yuan RMB prévu dans l'Accord de Prêt
signé le 27 novembre 1992 entre la Chine et le Tchad.
(...)
Le montant de tous les prêts susmentionnés
s'élève à deux cents dix millions (210 000 000)
de Yuans RMB que la Chine a décidé d'annuler dans le cadre du
renforcement des capacités économiques du Tchad à faire
face aux problèmes sociaux en général et aux
problèmes de santé des populations en particulier auxquels il est
confronté. Ainsi, au renforcement des capacités sur le plan
économique, s'ajoute le renforcement des ressources humaines en
matière sanitaire.
Paragraphe II : Le partenariat sino-tchadien : le
renforcement des ressources humaines en matière sanitaire
Le droit à la santé, on ne le dira jamais assez,
est un droit fondamental de l'homme dont l'effectivité exige la
mobilisation des ressources aussi bien économiques qu'humaines. En
effet, les ressources humaines sont une force et une valeur pour le
développement économique et social d'un pays ; à ce
titre, elles méritent, voire exigent un renforcement de ses
capacités, surtout, pour un secteur prioritaire comme la santé au
Tchad. Ainsi, le partenariat Chine-Tchad a trouvé judicieux de mettre au
centre de ses préoccupations la nécessité du renforcement
des ressources humaines en matière sanitaire. Il s'agit d'un
renforcement par la formation du personnel de santé en Chine (A), et
l'effectuation des stages du personnel de santé tchadien en
République populaire de Chine (B).
A- Le
renforcement des ressources humaines en santé : volet formation
Les besoins en ressources humaines quantitatives et
qualitatives pour la réalisation des droits économiques et
sociaux, notamment la réalisation du droit à la santé
comme droit essentiel de tout être humain, exigent des partenaires
chinois et tchadiens un certain nombre de dispositions au rang desquelles le
volet formation occupe une place de choix. Le renforcement des capacités
de l'Etat tchadien en ressources humaines pour la réalisation du droit
à la santé, il faut le mentionner, n'est pas le fruit du hasard.
Ce volet formation figure parmi les huit mesures adoptées par la Chine
en vue de répondre favorablement aux besoins de ses partenaires
africains. Dans le plan d'action triennal allant de 2007 à 2009, la
République populaire de Chine prévoit de « porter,
avant 2009, de 2000 à 4 000 le nombre des bourses accordées
par an par le gouvernement chinois aux étudiants
africains ».
Selon le témoignage du Ministère de la
santé publique51(*)
qui détient la responsabilité première de la
réalisation du droit à la santé au Tchad, depuis le
rétablissement des relations diplomatiques tchado-chinoises, la Chine
aurait octroyé à 30 étudiants tchadiens des bourses
d'études et de formation dans les écoles chinoises,
particulièrement dans les domaines de la médecine et de
l'agronomie (cette contribution à la formation en agronomie vise
justement à l'amélioration des conditions de santé
alimentaire des populations tchadiennes)52(*).
Le renforcement des ressources humaines en santé,
notamment la formation du personnel médical tchadien est une
contribution chinoise sans nul doute bénéfique pour les
populations du Tchad en manque de personnel soignant. En effet, d'après
le témoignage du Dr Bermba Deïmono, la situation du Tchad en
matière de ressources humaines pour la réalisation du droit
à la santé laisse à désirer.
« Dans certains hôpitaux, rapporte ce
médecin, des manoeuvres travaillent au bloc opératoire et
près des 2/3 du personnel soignant ne sont pas qualifiés. Au
Tchad, nous avons un médecin pour 36 000 habitants, un infirmier
diplômé d'État pour 22 500 habitants, une sage-femme
diplômée d'État pour 7 000 femmes en âge de
procréer. Pourtant, les normes de l'O.M.S sont de 1 médecin pour
10 000 habitants, un infirmier diplômé d'État pour 5000
habitants. Comme si cela ne suffisait pas, on note une mauvaise gestion de
cette insuffisante ressource humaine »53(*).
En outre, et toujours dans le volet formationnel, le travail
que mène la Mission médicale chinoise dans la capitale tchadienne
est à prendre en considération. D'après nos recherches de
terrain auprès des experts chinois exerçant dans la capitale
tchadienne, notamment avec le Dr LIU, chef de ladite Mission, les
médecins chinois en exercice à l'Hôpital de la
Liberté de Ndjaména s'attellent à la formation continue de
quelque personnel médical, notamment les infirmiers tchadiens, à
travers l'organisation des séminaires de formation54(*).
C'est à ce titre que le partenariat sino-tchadien joue
un rôle non négligeable dans le renforcement des ressources
humaines en santé, ceci dans la mesure où il contribue à
l'amélioration quantitative et qualitative du personnel médical.
A ce volet de formation, s'ajoute le volet stage.
B- Le
renforcement des ressources humaines en matière sanitaire : volet
stage du personnel médical
S'il est un fait indéniable que les ressources humaines
sont une force et une valeur pour le développement économique et
social d'un pays, au Tchad comme dans la plupart des pays en
développement où le secteur de santé est prioritaire, il y
a un besoin crucial de renforcement du personnel médical. Outre le
renforcement des ressources humaines, à travers le volet de formation
première, le stage constitue également une des dispositions
importantes prises par les partenaires chinois et tchadiens dans l'optique de
la réalisation du droit à la santé au Tchad.
D'après les propos du Docteur Abdelmouti MOUSSA,
Directeur de l'Hôpital de la Liberté, propos que nous avons
recueillis lors de nos recherches de terrain, « le stage des
infirmiers et infirmières, ainsi que des jeunes médecins
tchadiens constitue une étape capitale pour une ressource humaine
qualitative et quantitative en santé dans la mesure où il a fait
l'objet de deux arrêtés pris en 1994 par le ministère de la
Santé publique relatifs à l'institution d'un stage obligatoire
des jeunes médecins et la commission nationale de formation de jeunes
médecins »55(*). Sur la base donc de ces dispositions
ministérielles de l'Etat tchadien, le partenaire chinois accueille aussi
bien des infirmiers, infirmières que de jeunes médecins tchadiens
pour un stage de perfectionnement56(*).
En somme, nous dirons que le renforcement des ressources
humaines en matière sanitaire constitue un enjeu majeur dans le
partenariat sino-tchadien. Il s'agit de la prise en compte de la formation
première du personnel médical et l'effectuation de stage
(formation de perfectionnement) en République populaire de Chine, toutes
choses qui contribuent à la réalisation du droit à la
santé en particulier, et partant des droits économiques et
sociaux au Tchad. Toutefois, au-delà des enjeux majeurs qu'il
génère pour les populations tchadiennes, il convient de relever
que le partenariat sino-tchadien présente quelques pesanteurs qu'il faut
souligner.
DEUXIEME PARTIE :
EVALUATION DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN : LIMITES
ET PERSPECTIVES
L'offensive économique et stratégique
lancée par la Chine en Afrique à travers les accords de
partenariat multilatéral et bilatéral est sans doute une
opportunité pour les pays africains de relancer leur croissance
socio-économique dans la mesure où Pékin ne lésine
pas sur les moyens financiers pour les investissements dans les projets
sociaux. En effet, la République populaire de Chine, dans son
partenariat bilatéral avec le Tchad, contribue à la
réalisation des droits économiques et sociaux, notamment le droit
à la santé au Tchad.
La contribution de la coopération sino-tchadienne
à la réalisation du droit à la santé se mesure
à travers l'édification des infrastructures sanitaires, la
dotation de celles-ci des appareils médicaux pour une meilleure
prestation au profit de la population tchadienne. Toujours à l'actif de
ce partenariat entre la République populaire de Chine et le Tchad, il
convient d'ajouter au déploiement de la Mission médicale chinoise
au Tchad, le volet formationnel du personnel médical tchadien.
Ainsi, au regard des réalisations effectuées, on
est en droit d'affirmer que le partenariat Chine-Tchad exerce un impact positif
sur a réalisation des droits économiques et sociaux, notamment le
droit à la santé au Tchad, toutefois, il n'en demeure pas moins
qu'il a été plombé par quelques pesanteurs majeures
(Chapitre troisième) tant au niveau bilatéral que national. C'est
alors que l'essai de prospective pour le renforcement du partenariat
sino-tchadien (Chapitre quatrième) se présente ici comme une
phase non négligeable dans l'analyse de l'impact du partenariat
Chine-Afrique sur la réalisation des droits économiques et
sociaux au Tchad.
CHAPITRE III : LES PESANTEURS MAJEURES
DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN SUR LA REALISATION DU DROIT A LA SANTE
Le partenariat Chine-Tchad dans le cadre d'un partenariat
global Chine-Afrique a fait l'objet de beaucoup de critiques exacerbées
aussi bien par les médias occidentaux que par ceux d'Afrique.
Après avoir montré son impact positif ou mieux sa contribution
à la réalisation des droits économiques et sociaux,
particulièrement le droit à la santé au Tchad, nous nous
attèlerons à souligner dans cette partie évaluative de
notre travail ses limites ou faiblesses. Il s'agira pour nous de la
présentation des pesanteurs majeures qui minent son évolution.
D'après notre analyse, les pesanteurs majeures du
partenariat Chine-Afrique en général et Chine-Tchad en
particulier sur la réalisation des droits économiques et sociaux,
notamment le droit à la santé au Tchad se situent à un
double niveau. Il y a, d'une part, les facteurs ayant exercé une action
décisive sur le rétablissement de ce partenariat (Section I), et
d'autre part, ce que nous appèlerons les pesanteurs internes au
gouvernement tchadien lui-même de saisir cette opportunité du
partenariat pour l'effectivité du droit à la santé en
faveur des populations tchadiennes (Section II).
SECTION I : LES DETERMINANTS DU PARTENARIAT ATTRACTIF
POUR LE TCHAD
Ce que nous appelons les déterminants du partenariat
pour le Tchad peut être entendu ici comme les facteurs majeurs ayant
exercé une action décisive sur le « Coeur de
l'Afrique »57(*) à conclure ce partenariat avec l'Empire du
Milieu. Ces déterminants sont entre autres l'absence des
conditionnalités droits de l'homme (Paragraphe I) et les ambitions
inavouées de la Chine comme fonction latente du partenariat
stratégique chinois (Paragraphe II).
Paragraphe I : Absence des conditionnalités droits
de l'homme
Le partenariat Chine-Tchad, à l'instar de celui
établi avec beaucoup d'autres pays du continent africain, se passe dans
une absence des conditionnalités des droits de l'homme. Cette nouvelle
façon de faire de la Chine, contraire aux pays occidentaux et aux
institutions internationales telles que la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International (FMI) qui soumettent leur aide au
développement aux pays africains à des réformes politiques
et économiques, serait perçue ici comme une caution aux
violations des droits de l'homme perpétrées par les partenaires
africains (A) et, surtout, la non-ingérence politique
prônée par la Chine serait considérée comme une
faible protection des droits de l'homme (B).
A-
Absence des conditionnalités droits économiques et sociaux :
caution de violation des droits de l'homme ?
La République populaire de Chine, contrairement aux
bailleurs de fonds occidentaux qui n'hésitent pas à imposer le
respect des critères de bonne gouvernance et des droits de l'homme, et
notamment des droits économiques et sociaux au Tchad comme
préalable à l'aide au développement, propose aux pays avec
lesquels elle établit des relations de partenariat une assistance
économique multiforme sans contrepartie et assortie d'aucune
conditionnalité. Selon les propos de l'ambassadeur et
plénipotentiaire de la République populaire de Chine
accrédité auprès du Tchad, Son Excellence Wang YINGWU,
lors de la commémoration du 58è anniversaire de la fondation de
la RPC, « la Chine a accordé au Tchad plusieurs aides sans
contrepartie, elle lui a annulé toutes ses dettes gouvernementales, elle
a mis un tarif zéro pour l'importation de 442 produits tchadiens, elle a
rétabli la mission médicale et la mission agricole, elle a
octroyé des bourses d'études, des formations techniques à
court et moyen terme, des dons de divers matériels et équipements
et des aides humanitaires »58(*).
Auprès des pays africains, la RPC met en avant son
propre modèle de développement fondé sur un
découplage voulu entre développement économique et
réformes politiques dans une stratégie de survie des
régimes autoritaires. Il s'agit pour l'Empire du Milieu de
développer les échanges, en multipliant les visites de haut
niveau qui soulignent l'importance de l'Afrique, d'accroître l'aide sans
conditionnalité politique, de pousser la communauté
internationale à augmenter son soutien, et de défendre le
rôle de l'Afrique sur la scène internationale.
Cette stratégie d'absence des conditionnalités
droits de l'homme pratiquée par la RPC semble recevoir un écho
favorable auprès des dictateurs africains, habitués au
tripatouillage des urnes, et au non-respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. Toutefois, il faut dire que cette
stratégie, très bénéfique aux yeux des chefs
d'Etats et de gouvernements africains, pourrait constituer un réel
danger pour les populations, en ce sens qu'elle se présente comme une
caution tacite des violations massives desdits droits dont les peuples sont
souvent victimes. Ceci est d'autant plus que le respect des droits
économiques et sociaux, et surtout leur réalisation est une
exigence fondamentale pour mener une existence décente, et de l'autre,
elle se pose comme un principe fondamental dans les relations internationales
et auquel aucun Etat ne saurait déroger59(*).
Au regard de l'importance considérable que
présentent ces droits dans la réalisation d'une existence
décente, l'absence de promotion ou de la mise en application de ces
droits dans la coopération sino-tchadienne est une pesanteur majeure
dans la mesure où la lutte contre la pauvreté et la
réalisation des droits économiques et sociaux sont
indissociables, justement en raison du principe de l'indivisibilité et
de l'indissociabilité des droits de l'homme. Telle est aussi la position
de Candice RAYMOND qui affirme que « Lutte pour les droits
de l'homme et lutte contre la pauvreté sont donc
indissociables »60(*). Les droits économiques et sociaux, poursuit
cet auteur, constituent des créances de l'individu sur un ensemble de
dispositifs sociaux que l'Etat, les instances internationales, les partenaires
internationaux, ainsi que d'autres acteurs non gouvernementaux ont pour devoir
d'instaurer61(*).
Pour le Premier Ministre chinois, Wen JIABAO, lors de sa
visite à Brazzaville, la capitale congolaise, visite effectuée le
19 juin 2006 sur l'invitation du Président congolais Dénis SASSOU
NGUESSO, l'objectif de ce nouveau partenariat stratégique sino-africain
est clairement défini : « Notre objectif dans
cette coopération avec l'Afrique est de renforcer la capacité de
l'Afrique à asseoir son développement autonome. Dans la
coopération avec l'Afrique, la Chine ne cherche pas des
intérêts égoïstes. Nous sommes attachés aux
deux principes : l'égalité ( les avantages
réciproques) et la non-ingérence dans les affaires de
l'Afrique »62(*).
Cependant, il y a de multiples problèmes dans le
partenariat sino-africain, et particulièrement sino-tchadien. La Chine
en tant que partenaire économique et commercial du Tchad évite
les notions occidentales de libéralisation politique, de réforme
économique. Cette approche professe une adhésion stricte à
un système d'État westphalien traditionnel où les
politiques internes d'un État n'ont pas de limites, ce que la Chine
appellerait une politique de non-intervention. Ces éléments
combinés créent un système qui renforcerait les faiblesses
de l'Afrique, notamment du Tchad : corruption, violations des droits de la
personne et dictature politique.
Bien que le consensus de Beijing soit
célébré par plusieurs, cette absence des
conditionnalités droits économiques et sociaux63(*) est à
l'antithèse du développement des pays africains supporté
par Pékin, car elle ignore certains des fondements de la croissance
équitable et stable et ipso facto cautionne la corruption, le
régime autoritaire64(*), les violations massives des droits de l'homme.
« La Chine ignore les droits de la personne et des enjeux de
bonne gouvernance pour acheter de l'influence ». Par
conséquent, parmi ses clients, Beijing favorise et incite ces
États africains qui préservent et perpétuent le
déséquilibre évident de ce continent et sa croissance
économique.
L'Afrique est décrite par Transparency International
comme le continent le plus corrompu au monde. L'utilisation de la fonction
officielle pour des bénéfices privés est banale dans les
pays comme le Tchad où la Chine est liée par des accords de
partenariat. Beaucoup de revenus gagnés de la vente du pétrole ou
d'autres matières premières ne génèrent pas de
bénéfices pour le développement escompté. Il est
plus courant de constater des anecdotes qui prouvent que les finances
nationales sont utilisées dans des projets somptueux des fonctionnaires
d'État65(*).
La capacité de l'État tchadien et son
efficacité demeurent faibles ou inexistantes. Par conséquent, la
gestion financière est tellement déficiente malgré la
volonté affichée de la Chine et les sommes d'argent faramineuses
générées par le partenariat sino-tchadien. Plusieurs
habitants du pays ne profitent pas toujours des retombées de ce
partenariat dit mutuellement avantageux. Ce qui fait dire à un de nos
enquêtés lors de nos recherches sur le terrain que
« le partenariat sino-tchadien présente des
potentialités énormes pour la réalisation des droits
économiques et sociaux au Tchad, mais en attendant les
réalisations concrètes de plusieurs projets sociaux pour les
populations, il est encore dans les bonnes intentions »66(*). Ainsi, cette absence de
conditionnalités droits économiques et sociaux, perçue ici
comme une caution tacite des violations des droits de l'homme de la part de la
Chine doublée d'une politique de non-ingérence, ne serait-elle
pas perçue tout simplement comme une indifférence à
l'égard des droits humains ou une faible protection des droits de
l'homme?
B- De
la non-ingérence politique à la faible protection des droits de
l'homme dans la coopération sino-tchadienne
Le principe de coopération sino-africaine en
général et de coopération sino-tchadienne en particulier
est celui de la non-ingérence dans les affaires des Etats partenaires et
le respect de la souveraineté des Etats. C'est un maillon de principe
qui s'inscrit dans la grande chaîne des principes de la co-existence
pacifique auxquels la République populaire de Chine est très
attachée : Amitié sincère, traitement d'égal
à égal, soutien mutuel, développement partagé et
coopération mutuellement avantageuse. En mettant en avant ces principes,
il faut tout de même reconnaître que les préoccupations de
Pékin sont essentiellement commerciales, quitte à coopérer
avec les régimes qualifiés d' « Etats
voyous » et placés au ban de l'Occident. Nous pouvons citer
entre autres le régime soudanais d'Omar EL BECHIR, le régime
zimbabwéen de Robert MUGABE, et celui du Tchad qualifié
récemment, lors des soubresauts politico-militaires du mois de
février 2008, par les défenseurs des droits de l'homme comme un
régime en panne démocratique.
C'est à ce titre que la gestion des affaires en
Afrique s'est avérée un engagement risqué et que le nom de
la Chine a été traîné dans la boue67(*). On a étiqueté
Beijing de plusieurs mauvais surnoms, y compris de «
néocolonisateur sans scrupules » et « de
proto-impérialiste »68(*). Plusieurs observateurs ne voient pas la Chine
à bord avec le reste de la communauté internationale, qui est
arrivée à la conclusion que, malgré les erreurs
passées, l'offensive africaine de la Chine est essentielle pour le
développement. D'autres ont fait la réflexion que la Chine
étend le capitalisme par un modèle de développement dans
lequel les droits de la personne, la démocratie et le bien-être
sont des distractions des affaires essentielles de la croissance
économique. L'indifférence de Beijing aux structures normatives
internationales a suscité des questions concernant ses ambitions de
devenir une puissance mondiale responsable. La Chine veut-elle vraiment
être considérée en Afrique comme le défenseur
d'États dévoyés, celui qui convoite le plus agressivement
les ressources de l'Afrique, sans respect pour la transparence, le
développement et la stabilité? A cette question fondamentale,
nous répond une des voix autorisées de l'Ambassade de la Chine au
Tchad : « Il existe une différence notable entre la
coopération sino-africaine et le colonialisme des impérialistes
occidentaux en Afrique. La nature du colonialisme consiste à
contrôler et intervenir dans les affaires politiques d'autres pays, et
à monopoliser et piller les ressources économiques. La Chine, sur
le plan politique, s'en tient toujours à la politique de
non-ingérence dans les affaires intérieures et souligne, dans le
domaine économique, la coopération d'entraide mutuelle
gagnant-gagnant »69(*).
L'enjeu de l'image est énorme, et comme la Chine est
confrontée continuellement à la critique de son comportement peu
respectueux à l'égard des droits de l'homme sur le continent
à cause de son principe de non-ingérence dans les affaires
intérieures des Etats, les accusations de néo-colonisateur
entachent sa réputation et rendent sa présence importune.
Localement, il y a déjà du mécontentement
qui gronde contre les Chinois et de plus en plus, ils sont
considérés comme des néo-colonisateurs. En Afrique du Sud,
le président Mbeki a prévenu que l'Afrique devait éviter
de tomber dans un rapport colonial avec la Chine. Ses commentaires soulignent
l'asymétrie économique entre les deux partenaires :
« l'Afrique exportant seulement des matières
premières pour la Chine et important des produits finis
chinois »70(*), Mbeki a averti que l'Afrique pourrait être
condamnée au sous-développement. Ce sentiment est partagé
par un nombre croissant de gens du Lesotho jusqu'en Zambie en passant par le
Nigeria; ils protestent dans les rues contre le tsunami de marchandises
chinoises à bon marché qui étranglent les industries
locales et volent les emplois.
Les avantages financiers de relations plus étroites
avec Beijing ne sont pas clairs pour plusieurs observateurs nationaux et
spectateurs internationaux, qui pointent les gens qui souffrent aux mains de
régimes abusifs et les autres qui ont vu les ouvriers chinois usurper
leurs emplois. De plus, l'asymétrie économique entre la Chine et
les États africains continue d'être un souci thématique des
critiques qui se demandent combien de temps les relations commerciales non
équilibrées peuvent durer. Ce sera un défi pour la Chine
de gagner et de maintenir ensuite la perception que ses activités
nuisent peu en Afrique et dans d'autres régions en développement
où elle choisit de s'engager.
Si la Chine présente une alternative attirante pour
plusieurs régimes politiques parce qu'elle impose des paramètres
conventionnels minimaux à l'aide et aux prêts, elle agit ainsi
à cause de l'impératif stratégique de se garantir des
actifs de ressources naturelles pour Beijing. Elle ne fait cependant pas
progresser le développement durable dans les pays de ses partisans les
plus fervents. Face à ces critiques qui fusent tous azimuts, un de nos
enquêtés au niveau de l'Ambassade de la RPC reconnaît que
malgré l'existence de manquements majeurs, la situation des droits de
l'homme progresse et qu'elle est aujourd'hui meilleure que jamais.
« La notion des droits de l'homme dans la coopération
Chine-Afrique, affirme-t-il, doit prendre en compte les conditions
économiques de vie des populations, ainsi que la santé et la
prospérité des nations. Le gouvernement chinois voit
l'augmentation du niveau de vie des Africains comme indicateur de
l'amélioration de la situation des droits de
l'homme »71(*).
En somme, la mise en application du principe de
non-ingérence est une stratégie de Pékin qui permet aux
régimes les plus contestables de l'Afrique de reconstituer une
économie de rente fondée sur l'exploitation massive des
ressources naturelles, sans réel transfert de richesse ou de
savoir-faire vers les populations locales. Cette stratégie, soutient
Pierre-Antoine BRAUD, « rend, de plus, moins efficaces les
éventuelles pressions exercées pour obtenir une
amélioration de la gouvernance et une démocratisation des
régimes en place »72(*). A ce titre, la présence chinoise en Afrique
en général, et au Tchad en particulier, de plus en plus
significative dans tous les domaines, dessine les limites de la mise en oeuvre
efficace par la Chine des droits économiques et sociaux. Cette
indifférence de la Chine à l'égard des droits de l'homme
ou mieux leur faible protection est une stratégie visant justement
à réaliser ses ambitions inavouées sur le continent
africain.
Paragraphe II : Les fonctions latentes du partenariat
sino-tchadien :
les
ambitions inavouées de la Chine
Les fonctions latentes du partenariat sino-tchadien, en tant
que pesanteurs majeures, sont ce que l'on peut nommer ici les ambitions
inavouées de la Chine. Il s'agit, d'une part, de savoir si l'offensive
africaine de la Chine ne nourrit pas les ambitions de contrôler et
d'exploiter les matières premières du Tchad (A), et de l'autre,
d'organiser un nouveau pillage des ressources énergétiques de ce
pays (B).
A- Le
contrôle et l'exploitation des matières premières
Le nouveau partenariat stratégique entre la Chine et le
Tchad entend se fonder sur le principe d'une coopération mutuellement
avantageuse pour les deux parties, mais compte tenu de l'appétit
grandissant de l'Empire du Milieu pour les matières premières
(coton fibre, bois, etc.) et le besoin constant d'aide économique sans
conditionnalités politiques des dirigeants politiques de l'Afrique,
« la Chine inquiète ».
Lors de son voyage en Afrique, notamment au Gabon, à
l'issue du Sommet de Forum sur la coopération sino-africaine de Beijing
de novembre 2006, le Président Hu JINTAO, promit à ses
partenaires africains « une coopération
économique qui se préoccupe davantage des infrastructures, de
l'agriculture et du développement des ressources
humaines ». Ce discours du président chinois aux accents
philanthropiques, voire tiers-mondiste, est perçu par la plupart des
observateurs avertis comme un voeu pieux, car en réalité, la
Chine, nous dit Marc AICARDI, « se comporte désormais
comme n'importe quelle autre puissance soucieuse de ses intérêts
bien compris. Elle cible sa coopération sur des pays à fort
potentiel, qu'il s'agisse de matières, de pouvoir d'achat et d'influence
diplomatique »73(*).
En effet, nous font remarquer L. WOETS et B. L. LIPAWING,
« on retrouve dans ce partenariat sino-africain un modèle
traditionnel qui voit l'Afrique exporter de l'énergie et des
matières premières (minerais, pierres précieuses, bois,
coton fibre, produits de la pêche, etc.) et, d'importer des produits de
consommation, des machines-outils et des produits textiles. (...) Si l'on sait
les résultats pays par pays, on voit pourtant que si un pays n'exporte
pas de pétrole vers la Chine, les échanges sont alors très
déséquilibrés (...) La Chine apparaît donc en
Afrique comme essentiellement prédatrice selon le modèle hier mis
en oeuvre par les puissances coloniales »74(*). Cette stratégie
chinoise consistant à n'avoir ainsi que pour partenaires des pays
africains producteurs de matières comme le Tchad doit suffire à
provoquer des inquiétudes sur le devenir du pays dans la mesure
où, comme le dit Julien NESSI, « Pékin vient
d'abord chercher l'énergie et les matières premières
nécessaires pour satisfaire son dynamisme
économique »75(*).
Le message que délivre la République populaire
de Chine au continent africain en général et à l'Etat
tchadien en particulier est aussi porté par sa capacité à
emprunter à l'ennemi capitaliste ses méthodes et une partie de
son discours le plus efficace. « Son nationalisme
prolétarien a été remplacé par une triple
stratégie, qui tourne autour d'une recherche de matières
premières, d'élargissement de ses marchés, mais aussi
d'endiguement des prétentions diplomatiques de Taiwan. Le tout s'inscrit
dans le souci de Pékin de promouvoir une vision
multipolaire du monde »76(*).
En quête de matières premières pour
alimenter sa croissance fulgurante et de nouveaux débouchés pour
ses produits, Pékin déploie les grands moyens pour renforcer son
implantation sur le continent africain, et ainsi, y exercer un certain
contrôle. Ainsi, si le Tchad constitue une nouvelle cible de Pékin
dans le cadre l'accord global de partenariat Chine-Afrique pour une quête
effrénée de matières premières, notamment du coton,
il n'en demeure pas moins que l'exploitation de l'or noir dans ce pays serait
la raison inavouée de cette offensive chinoise. Car, les besoins de la
Chine en matière de ressources énergétiques, tel de l'or
noir, sont aussi immenses.
B-
Vers un nouveau pillage des ressources énergétiques (manne
pétrolière) du Tchad ?
L'Afrique se présente comme un eldorado
pétrolier pour la Chine en raison du fait que l'or noir extrait du
sous-sol africain est de bonne qualité, et par conséquent
très prisé par le géant asiatique. Même si certains
pays comme le Cameroun n'ont plus réellement de perspectives de
croissance, la production de l'Afrique subsaharienne, notamment celle du
Nigeria, de l'Angola, du Tchad77(*), etc. augmentera dans les prochaines
années.
L'intensification des relations de coopération entre
la Chine et les pays pétroliers subsahariens, tel que le Tchad est la
conséquence de cette forte demande en consommation des ressources
énergétiques de la part de la Chine. S'agira-t-il d'un assaut des
ressources énergétiques des pays pétroliers ou d'une
course au pillage desdites ressources lorsqu'on sait que depuis 2005, la Chine
est devenue le deuxième consommateur mondial de pétrole avec plus
de 5 millions de barils/jour, derrière les Etats-Unis? Le Tchad en tant
que pays producteur et exportateur du pétrole et partenaire de la Chine
profitera-t-il de cette position stratégique, afin d'engranger des
avantages pour la réalisation des droits économiques et
sociaux ?
La réponse à ces différentes
interrogations suscitées par la grande offensive africaine de la Chine,
notamment en matière des ressources énergétiques nous sera
fournie par l'explication d'un de nos enquêtés, Ahmed SOUNGUI et
la mise en garde de Pierre-Antoine BRAUD. La montée en puissance
chinoise, parfois qualifiée de percée spectaculaire ou
« déferlante chinoise » en Afrique, et on pourrait
dire au Tchad, est perçue par l'un comme par l'autre qu'elle n'est pas
le fruit du hasard. Elle correspond à une volonté politique
claire de Pékin de prendre position sur le continent noir et, surtout,
dans les pays producteurs de l'or noir.
Pour Ahmed SOUNGUI donc, « l'arrivée de
la Chine provoque un nouveau dynamisme économique dans les pays
africains et particulièrement dans notre pays le Tchad,
explique-t-il. Elle est une véritable opportunité pour nous
de relancer le développement (économique et
social) »78(*). Sur le court terme, poursuit-il, la
présence chinoise est plutôt positive pour l'Afrique : hausse
des prix des matières premières, investissements en plein essor,
renforcement de la concurrence et diversification des partenaires commerciaux.
La manne pétrolière remplit également les caisses de
certains Etats africains (Nigeria, Angola, Soudan, Guinée Equatoriale,
Tchad...).
Cependant, sur le moyen et long terme, les choses sont moins
évidentes. Selon la plupart de nos enquêtés dont
quelques-uns ont vivement réclamé l'anonymat, en effet, la
stratégie chinoise contribue peu à orienter les pays africains
vers le décollage socio-économique durable79(*). Un risque de pillage des
ressources énergétiques ainsi qu'un risque de retour à une
économie de rente autour du pétrole existent. «
Si les dirigeants africains, (notamment ceux du Tchad), met en garde
Pierre-Antoine BRAUD, n'utilisent pas l'argent du pétrole pour
diversifier leur économie, investir dans la santé ou
l'éducation, dans 15 à 20 ans, le risque d'une crise de cette
économie de rente est bien réel »80(*). Dès lors, on est en
droit de s'interroger sur la politique publique de santé adoptée
par le gouvernement tchadien contribue, à travers ce partenariat avec la
Chine, à la réalisation du droit à la santé au
Tchad.
SECTION II : LES PESANTEURS INTERNES DU PARTENARIAT
SINO-TCHADIEN : LA DEFICIENCE DES POLITIQUES PUBLIQUES DU TCHAD EN MATIERE
SANITAIRE
La politique nationale de santé du Tchad mise en oeuvre
pour la réalisation du droit à la santé, dans le cadre du
partenariat sino-tchadien, est confrontée à d'énormes
problèmes, malgré la contribution financière,
infrastructurelle et humaine indéniable de la République
populaire de Chine. Il s'agit de la défaillance constatée au
niveau de la gestion des ressources humaines (Paragraphe I), et des
difficultés d'accès aux soins de santé (Paragraphe II).
Paragraphe I : La défaillance de la gestion des
ressources humaines en santé en dépit d'énormes ressources
financières engrangées dans le cadre du partenariat
Chine-Tchad
La défaillance de la gestion des ressources humaines en
santé comme pesanteurs internes du partenariat Chine-Tchad se situe
à un double niveau. Il s'agit manifestement de l'insuffisance des
ressources humaines comme handicap majeur à la réalisation du
droit à la santé au Tchad (A), et de la répartition
déficiente du personnel de santé sur le territoire national
(B).
A-
Insuffisance des ressources humaines : handicap à la
réalisation du droit à la santé au Tchad
Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la
santé (OMS)81(*) de
l'année 2007, il y aurait actuellement 57 pays en situation de
pénurie aiguë de main d'oeuvre, dont 36 en Afrique subsaharienne,
correspondant à un déficit de 2,4 millions de médecins,
infirmiers et sages-femmes. De façon globale, l'Afrique est de loin le
continent le plus touché. Alors qu'elle supporte 24% du poids de la
maladie au niveau mondial, elle ne compte que 3% des ressources humaines en
santé. Cette situation générale de l'Afrique nous donne
déjà d'appréhender, à quel point
l'effectivité de la réalisation du droit à la santé
reste un défi pour les pays africains, notamment pour l'Etat tchadien.
Cela est dû, à n'en point douter, à la défaillance
du système de santé et, plus particulièrement, à
l'insuffisance en ressources humaines. Pour le cas qui nous préoccupe,
il faut retenir que le système de santé du Tchad comprend 696
formations sanitaires publiques fonctionnelles dont un Hôpital
Général de Référence Nationale (HGRN) ; 56
hôpitaux de District et 639 centres de santé. Les ressources
humaines du secteur de la santé comprennent 4699 agents de santé
toutes catégories confondues, dont 333 docteurs en médecine, 25
infirmiers du Génie sanitaire et 22 techniciens de Génie
sanitaire82(*). Cette
insuffisance des ressources humaines, vue ici comme un handicap majeur à
la réalisation du droit à la santé au Tchad, traduit de
façon visible la défaillance de la gestion des ressources
humaines en santé malgré d'énormes ressources
financières générées et engrangées dans le
cadre du partenariat Chine-Tchad.
Cette défaillance de la gestion du personnel en
santé apparaît comme la conséquence logique de la gestion
chaotique des ressources financières produites par le partenariat
sino-tchadien. C'est une situation qui remet en cause la question de la
transparence dans la gestion des biens publics en général, et du
fonds alloué par le partenaire chinois ainsi que du fonds
pétrolier en particulier pour la réalisation des projets
socio-économiques, telle la santé qui, en principe, doit
être considéré comme la priorité des
priorités de l'Etat tchadien. Dans quelle mesure peut-on parler du
respect de la dignité humaine lorsque le contenu minimal du droit
à la santé tel que la disponibilité du personnel en
santé vient à faire défaut en dépit de l'aide
importante apportée par la République populaire de Chine ? En
d'autres termes, le respect de la dignité humaine, comme
« clé de voûte de tout l'édifice des droits
humains »83(*), notamment des droits économiques et sociaux,
ou mieux du droit à la santé, est-il suffisamment
considéré comme une « valeur éthique
primordiale »84(*) dans le partenariat sino-tchadien ?
Au-delà de toutes les interrogations qu'on pourrait multiplier à
volonté, il faut souligner qu'au problème de l'insuffisance du
personnel en santé, s'ajoute celui de la répartition
déficiente sur le territoire national.
B- La
répartition déficiente des ressources humaines en santé
sur le territoire national
A l'insuffisance des ressources humaines comme handicap
à la réalisation du droit à la santé, s'ajoute la
mauvaise répartition du personnel de santé sur le territoire
national. En effet, au Tchad comme dans la plupart des pays africains
subsahariens, beaucoup de médecins exercent dans les administrations et
le personnel qualifié n'est pas réparti équitablement. Les
médecins, les sages-femmes, les infirmiers expérimentés
sont concentrés dans les grandes villes.
Aussi, la qualité des soins dispensés par le
personnel soignant s'est considérablement
détériorée ces dix dernières années du fait
d'un manque d'investissement en formation initiale et continue.
Selon le constat de certains analystes, les causes profondes
de cette crise remontent aux programmes d'ajustement structurels (PAS) des
années 80. Les restrictions budgétaires imposées aux Etats
surendettés se sont traduites par une réduction drastique des
embauches de personnels de santé dans la fonction publique, une baisse
des salaires réels, un arrêt des filières de formation de
certains personnels et une baisse du niveau de qualité des formations
existantes. L'écart entre les niveaux de rémunération du
secteur public, et ceux disponibles dans le privé, expliquerait en
partie les dysfonctionnements des services de santé publics, notamment
l'absentéisme, la pratique quasi généralisée de la
surfacturation, la pratique privée parallèle, la
« course » aux formations qui dispensent des per
diem et le clientélisme.
Paragraphe II : les difficultés liées
à l'accès aux soins de santé au Tchad comme pesanteur
interne du partenariat sino-tchadien
Parmi les difficultés majeures qui se dressent contre
l'impact du partenariat sino-tchadien sur la réalisation des droits
économiques et sociaux, notamment le droit à la santé au
Tchad, certaines méritent d'être mentionnées. Il s'agit de
l'accessibilité limitée aux soins de santé liée au
coût financier d'une part (A), et le facteur géographique de
l'autre (B).
A-
L'accessibilité limitée en raison du coût financier
La réalisation du droit à la santé, en
tant que droit fondamental de l'homme, suppose la disponibilité des
moyens financiers pour les créanciers que sont les citoyens. Or, en
raison de la situation socio-économique précaire dans laquelle
croupissent les populations tchadiennes, le droit à la santé ne
parvient pas aisément à retrouver ses lettres de noblesse.
Relativement à l'aspect financier pour l'accès
aux soins et pour les dépenses de santé supportées
individuellement, il est fréquent de constater que l'on critique la
cherté des soins offerts par les différentes structures de
santé existant au Tchad. Ce sentiment général est
présent au niveau local. Ces coûts financiers parfois
élevés limitent de manière considérable la
réalisation du droit à la santé, ce qui explique la
sous-fréquentation. En effet, la plupart des populations choisissent de
ne pas se rendre dans les unités de soins par crainte
d'impécuniosité.
Cependant, l'effort louable fourni par le gouvernement
tchadien en faveur des personnes infectées par le virus du sida
mérite d'être souligné. Car, de façon gratuite, ces
personnes vulnérables peuvent se procurer les médicaments
antirétroviraux.
Ainsi, l'aspect financier relatif à
l'accessibilité aux soins de santé, comme on a pu le voir, ne
favorise pas la réalisation du droit à la santé au Tchad,
exceptés les malades infectés du VIH-sida qui
bénéficient de ce droit. A ce niveau, on peut tout de même
se poser la question de savoir si le droit à la santé est un
droit fondamental de l'homme, de tous les hommes sans exception et sans
discrimination aucune ou un droit réservé aux catégories
vulnérables. Pourquoi le rendre effectif seulement pour les
malades ? Autrement dit, la réalisation du droit à la
santé au Tchad ne doit-elle être réservée qu'aux
catégories dites vulnérables ? Dans ce cas, que faire des
victimes du paludisme, comme nous l'avons vu ci-dessus, plus nombreuses que
celles du VIH/sida, notamment en Afrique subsaharienne ? La priorisation
de la situation des malades du VIH/sida dans la réalisation du droit
à la santé témoigne, à ce niveau, manifestement de
la défaillance de la politique nationale de santé en faveur des
populations. Outre les difficultés mentionnées ci-dessus,
s'ajoute celle liée au facteur géographique dans la jouissance de
ce droit économique et social qu'est le droit à la
santé.
B- Le
facteur géographique limitant l'accès aux soins de
santé
La réalisation des droits économiques et
sociaux, notamment le droit à la santé est une mission que s'est
assignée le partenariat Chine-Tchad. Cependant, on se rend compte que
sur le plan purement national, la jouissance de ce droit reste limitée.
Du point de vue géographique, la volonté politique tchadienne se
voit fragilisée par une répartition inégale et
incohérente aussi bien des structures de soins de santé que du
personnel de santé. On peut noter un véritable
déséquilibre de la carte sanitaire, une grande concentration des
potentialités du secteur dans la capitale tchadienne. Si on peut
aisément accéder aux différentes structures sanitaires
concentrées dans la capitale tchadienne, l'Hôpital central,
l'Hôpital général, l'Hôpital de la Liberté,
sans compter les différents dispensaires et cliniques privés de
la société civile et de particuliers, les zones
périphériques ainsi que les autres régions, voire d'autres
centres urbains se caractérisent, cependant par une carence qui peut
être liée à deux facteurs majeurs.
D'une part, au niveau structurel, on peut remarquer que la
plupart des milieux ruraux ne bénéficient pas vraiment d'une
considération réelle dans les politiques de planification de la
construction des infrastructures sanitaires, afin de favoriser l'accès
aux soins de santé aux populations tchadiennes.
D'autre part, cette situation déplorable qui pourrait
s'appréhender ici comme expression de la mauvaise volonté
politique des dirigeants tchadiens de prendre des mesures pertinentes qui
s'imposent s'explique par ce que nous avons appelé ci-dessus
l'insuffisance du personnel. En effet, certains professionnels de santé
refusent souvent d'exercer dans les zones reculées, évoquant des
conditions de travail défavorables. Aussi est-il étonnant de voir
des structures de santé fermer faute d'agents, dans un climat de demande
accrue, dans la partie septentrionale du pays à cause des conditions
climatiques très drastiques85(*).
Ces difficultés soulignées au niveau financier
et géographique constituent un blocage à l'accès aux soins
de santé, et par ricochet, une atteinte au droit à la
santé des populations tchadiennes. Toutes choses qui montrent à
suffisance que le partenariat sino-tchadien établi pour la
réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad a du
chemin à faire pour l'effectivité desdits droits au
bénéfice de la population tchadienne dans sa globalité.
D'où la nécessité, pour nous, de faire de la prospective
pour son éventuel renforcement dans le futur, si la République
populaire de Chine et le Tchad ne veulent pas que leur partenariat reste un
« partenariat trompe-l'oeil ».
CHAPITRE IV : ESSAI DE PROSPECTIVE POUR
LE RENFORCEMENT DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN
La présence de plus en plus significative et
remarquable de la Chine au Tchad témoigne, à n'en point douter,
du rétablissement et du réchauffement des relations de
coopération bilatérale existant entre cette puissance
émergente et son partenaire tchadien. Si l'arrivée de cette
puissance émergente provoque un nouveau dynamisme économique dans
l'Etat tchadien, et par là même devient une alternative face aux
mesures draconiennes imposées jusque-là par des partenaires
occidentaux, le Tchad, quant à lui, présente un double
intérêt d'être un réservoir de matières
premières et de ressources énergétiques pour la Chine.
Comment faire pour renforcer davantage ce partenariat sino-tchadien ? La
réponse à cette interrogation consistera à montrer que
dans une démarche de prospective, le renforcement du partenariat
sino-tchadien en vue de la réalisation effective des droits
économiques et sociaux, et en particulier le droit à la
santé au Tchad, passe d'une part, par la perspective de gouvernance des
systèmes de santé et de co-développement (Section I), et
d'autre part, par la suggestion de quelques propositions pour
l'amélioration de ce partenariat (Section II).
SECTION I : PERSPECTIVE DE GOUVERNANCE DES SYSTEMES DE
SANTE ET DE CO-DEVELOPPEMENT AU TCHAD
Pour une grande effectivité des droits
économiques et sociaux, et surtout du droit à la santé au
Tchad, le partenariat sino-tchadien gagnerait à s'inscrire dans une
perspective de gouvernance des systèmes de santé et de
co-développement au Tchad. Il s'agira d'opter pour une co-gestion, ou
mieux dans une gestion collégiale des problèmes liés
à l'accès aux soins de santé (Paragraphe I), et pour une
perspective de co-développement au Tchad (Paragraphe II).
Paragraphe I : L'impératif d'une gestion
concertée des problèmes liés à l'accès aux
soins de santé publique au Tchad
Pour éviter le risque de pillage et le risque d'une
économie de rente autour des matières premières, tel que
le coton, et des ressources énergétiques, notamment le
pétrole, qui constituent de nos jours les sources de financement des
projets sociaux au Tchad, il est impératif que le Tchad et la Chine se
prêtent une main forte pour une gestion collégiale des
problèmes infrastructurels de santé d'une part (A), et des
problèmes relatifs au personnel de santé (B) de l'autre, si l'on
admet avec Rachel S. KOUKPO que le droit à la santé inclut
« le droit d'accès à un système de
protection de la santé qui garantisse à chacun, sur un pied
d'égalité, la possibilité de jouir du meilleur état
de santé possible »86(*).
A-
Gestion concertée entre la Chine et le Tchad des problèmes
infrastructurels de santé
Le partenariat Chine-Tchad présente de
potentialités énormes pour la réalisation des droits
économiques et sociaux, et le droit à la santé au Tchad,
étant entendu que « le droit à la santé
englobe une grande diversité de facteurs socio-économiques de
nature à promouvoir des conditions dans lesquelles les êtres
humains peuvent mener une vie saine, et s'étend aux facteurs
fondamentaux déterminants de la santé »87(*), à savoir la
disponibilité et l'accessibilité aux infrastructures
sanitaires.
En effet, la traduction du droit à la santé des
populations réfère en l'espèce à
l'accessibilité, à la qualité, et à la
quantité des soins de santé primaires, ce qui suppose au
préalable l'existence des infrastructures. Or, malgré un
système de santé décentralisé, il se pose un
problème majeur de disponibilité des services de santé au
Tchad, en raison du nombre insuffisant d'infrastructures sanitaires. Aussi,
ceux qui existent et fonctionnent souffrent cruellement d'équipements.
En outre, certaines régions du pays ne disposent que peu ou pas
d'établissements sanitaires, les rares centres de santé existant
sont inégalement répartis sur l'ensemble du territoire. C'est ce
qui crée l'accessibilité aux services de santé très
critique pour l'ensemble des populations tchadiennes, et rend ipso
facto l'effectivité du droit ou la réalisation effective du
droit à la santé problématique.
Prenant conscience de ses limites à mettre à la
disposition de ses populations des infrastructures sanitaires adéquates,
l'Etat tchadien qui est producteur et exportateur des matières
premières et des ressources énergétiques dont le
géant asiatique a grand besoin, gagnerait à oeuvrer en
étroite collaboration avec l'Etat chinois pour la gestion des
problèmes liés à la réalisation du droit à
la santé, tel le problème de la disponibilité des
infrastructures de santé. A ce titre, il est donc capital que les deux
parties se penchent davantage sur la multiplication et la diversification des
infrastructures de santé dans les grandes villes du pays, ceci
grâce aux ressources financières générées par
la vente du pétrole et du coton tchadien exporté en Chine.
Le cadre indiqué pour la gestion collégiale
entre la Chine et le Tchad des problèmes infrastructurels de
santé est, justement, prévu par les dispositions conventionnelles
de l'Accord-Cadre de coopération entre les deux gouvernements
signé à Beijing le 06 août 2006.
Les dispositions de l'article 6 dudit Accord
énoncent : « En vue de faciliter la mise en oeuvre et
le suivi des programmes et des projets arrêtés conjointement et
promouvoir la coopération bilatérale, les deux parties envisagent
d'instituer une Commission mixte économique et sociale au niveau
ministériel ». La création de ce mécanisme
de gestion collégiale du partenariat sino-tchadien serait un atout dans
la mesure où cette institution a pour ambition la mise en oeuvre et le
suivi des programmes et des projets , ainsi que la promotion de la de la
coopération bilatérale.
En se dotant d'un tel instrument de coopération
bilatérale, les deux partenaires entendent procéder à
des consultations périodiques sur les aspects relatifs à
l'application des accords et régler les litiges consécutifs
à l'interprétation des dispositions y relatives par voie de
négociation bilatérale (article 7). Ainsi, les
difficultés relatives à la réalisation du droit à
la santé au Tchad, notamment celles liées aux infrastructures de
santé, seront résolues si le partenariat Chine-Tchad parvient
à la création ou mieux à l'institution effective de ce
mécanisme de gestion collégiale. Cependant, force est de
constater que cette institution prévue par les dispositions de la
Convention reste encore an niveau théorique.
B-
Gestion concertée des problèmes relatifs au personnel de
santé
La question des personnels de santé au Tchad est
absolument critique, en termes quantitatifs et qualitatifs du moment où
l'on peut compter au bout du doigt des anesthésistes, des radiologues,
pour ne citer que ces deux exemples qui illustrent la pénurie des
spécialistes au Tchad. D'importants centres de santé de premier
contact, comme nous l'avons montré ci-dessus, sont encore tenus par un
personnel non qualifié. Cela constitue à la fois un handicap pour
la réalisation du droit à la santé pour les populations et
un défi pour le gouvernement tchadien.
Selon le rapport sur la santé de l'OMS, le Tchad occupe
le 161è rang mondial sur 191 Etats en terme de niveau de santé.
Il occupe le 178è rang du classement en matière de performance
globale du système de santé. Face à ce tableau sombre
dressé par l'Organisation Mondiale de la Santé, qui illustre
à quel point la réalisation du droit à la santé au
Tchad est confrontée à de sérieuses difficultés, le
partenariat avec la Chine apparaît ici pour le gouvernement tchadien
comme une aubaine pour la gestion commune desdits problèmes,
étant donné que l'intensification de la coopération
sino-africaine dans la mise en valeur des ressources humaines (formation et
perfectionnement des Africains dans différentes catégories
professionnelles en Chine) constitue une des mesures adoptées,
notamment la huitième lors du Sommet de Beijing de 2006 sur la
coopération Chine-Afrique.
Paragraphe II : Perspective de
co-développement
Du fait de sa percée spectaculaire dans
l'économie internationale aujourd'hui, à laquelle il faudrait
ajouter sa position de potentielle locomotive des pays en développement,
tels que les pays africains, la Chine apparaît incontestablement comme un
modèle88(*) et une
opportunité pour le Tchad. Mais le partenariat avec le géant
asiatique ne sera bénéfique au Tchad que dans la mesure où
ils pourront parler d'une seule voix. Cela passe inévitablement par
l'instauration d'un partenariat de co-développement d'une part (A), et
de l'autre par un partenariat trilatéral ouvert à la Chine et
à d'autres partenaires des Nations Unies (B).
A-
Pour un partenariat cohérent avec la Chine : le
co-développement
Le co-développement, en tant que développement
partagé, a toujours été prôné dans le nouveau
partenariat stratégique entre ce plus grand pays en développement
du monde et l'Afrique, le continent ayant regroupé le plus grand nombre
de pays en développement. C'est une stratégie africaine de la
Chine au début de ce Millénaire, laquelle stratégie est
consacrée dans le Livre blanc où les principes et les
objectifs de la politique africaine sont clairement définis. Parmi ces
principes, on peut retenir :
- Entretenir une amitié sincère et se traiter
d'égal à égal. Adhérer inébranlablement aux
cinq principes de la co-existence pacifique, respecter le choix des pays
africains quant à leur voie de développement, soutenir les pays
africains dans leurs efforts tendant à s'unir pour accroître leur
puissance ;
- Assurer les avantages réciproques en vue d'un
développement. Soutenir les pays africains dans leur
développement économique et leur construction nationale ;
- Se prêter mutuellement soutien et agir en
étroite collaboration. Renforcer la coopération sino-africaine au
sein de l'ONU et d'autres institutions internationales, et soutenir les
revendications légitimes et les propositions raisonnables. Continuer
à pousser la communauté internationale à accorder une
haute importance à la paix et au développement en
Afrique ;
- Apprendre mutuellement à explorer en commun les voies
du développement. S'inspirer mutuellement des expériences en
matière de développement, de gouvernance et d'administration
publique et intensifier la coopération et les échanges sur les
plans éducatif, scientifique, culturel et sanitaire ;
- Soutenir les pays africains dans le renforcement de leur
capacité et explorer ensemble des voies appropriées pour le
développement durable.
Ainsi, si le Tchad a véritablement les ambitions de
faire en sorte que le droit à la santé retrouve ses lettres de
noblesses, et partant tous les droits économiques et sociaux, il est
appelé à saisir cette opportunité de la politique de
co-développement initiée par Pékin. En bref, pour un
partenariat cohérent avec la Chine, le co-développement permettra
de faire front aux effets déstabilisateurs générés
par la mondialisation, sinon l'instauration d'un partenariat trilatéral,
tchado-sino-européen, s'impose comme une nécessité pour le
développement durable du Tchad.
B-
Pour un co-développement durable : collaboration avec les
organisations onusiennes pour conduire le partenariat sino-tchadien à la
réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad
A l'heure actuelle où la pauvreté grandissante
des pays en développement constitue ce que certains appellent
« bombe à fragmentation sociale »89(*), le combat pour la
réalisation des droits économiques et sociaux, et surtout le
droit à la santé doit être inscrit dans une démarche
de la promotion d'un co-développement durable. Cela nécessite un
travail en réseaux, c'est-à-dire l'établissement d'un
partenariat multilatéral entre les différents acteurs de
développement, à savoir le Tchad, la Chine et les organisations
onusiennes oeuvrant dans le même sens.
En effet, pour un co-développement durable, la
collaboration entre le Tchad, la Chine et les organisations onusiennes,
à savoir l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme
des Nations unies pour le Développement (PNUD), l'Organisation des
Nations Unies pour le Développement industriel (ONUDI) pour ne citer
celles-là est aujourd'hui plus qu'une nécessité
impérieuse. La Chine et les organisations des Nations unies
citées ci-dessus présentent une convergence de vue et
d'intérêts communs pour le Tchad : le renforcement des
capacités du Tchad à promouvoir le développement
économique et social, grâce à la réalisation des
droits économiques et sociaux. Il s'agira de l'établissement d'un
partenariat stratégique de type nouveau fondé sur une gestion non
plus « out out », mais « et
et », c'est-à-dire « gestion
intégrée ou concertée » des problèmes
relatifs à la réalisation des droits économiques et
sociaux au Tchad.
Mais, on peut se poser la question de savoir si la Chine et
le Tchad ainsi que les institutions de l'ONU, tous ensemble, peuvent former un
partenariat multilatéral vertueux afin d'aider le gouvernement tchadien
à réaliser les droits économiques et sociaux, notamment le
droit à la santé, au bénéfice de ses populations.
Quel sera le rôle du Tchad aux côtés de ses partenaires au
vu de sa situation socio-économique précaire ? Son
engagement dans un partenariat mulilatéral sera-t-il une meilleure
stratégie ? On peut ainsi multiplier les interrogations.
Sans toutefois tomber dans un
« tchado-pessimisme », et un
« tchado-optimisme » naïf, nous pensons que
la formation d'un partenariat trilatéral, sino-tchado-onusien, pour la
réalisation du droit à la santé au Tchad, est possible
dans la mesure où les deux protagonistes les plus puissants laissent le
plus démuni jouer son rôle sur un pied d'égalité,
notamment dans le respect de ses projets socio-économiques leur
étant soumis. En outre, nous estimons que le Tchad pourrait tirer profit
des différents partenaires en continuant à s'engager avec chacun
sur la base bilatérale. Pendant que le partenariat sino-tchadien met un
accent particulier sur les infrastructures sanitaires, la coopération
bilatérale entre le Tchad et l'OMS se focalisera, par exemple sur
l'aspect qualitatif et quantitatif des ressources humaines en santé.
Ainsi, si le Tchad décide de se lancer dans la voie
d'un partenariat multilatéral, il devrait acquérir une place
importante, en jouant un rôle proactif. Si la Chine et les organisations
de l'ONU, en tant que partenaires du co-développement, s'engagent dans
une collaboration étroite avec le Tchad, il serait important de laisser
ce dernier prendre part à ce projet de partenariat multilatéral,
comme stratégie de la réalisation des droits économiques
et sociaux, et notamment du droit à la santé au Tchad.
SECTION II : PROPOSITIONS TENDANT AU RENFORCEMENT ET A
L'AMELIORATION DU NOUVEAU PARTENARIAT CHINE-TCHAD
Le partenariat sino-tchadien, au-delà de tous les
soubresauts politico-diplomatiques90(*) qu'il subit, contribue d'une manière ou d'une
autre à la réalisation des droits économiques et sociaux,
notamment le droit à la santé au Tchad. En effet, la
République populaire de Chine, de par sa croissance fulgurante dans
l'économie internationale, se présente aujourd'hui aux pays
africains en général et au Tchad en particulier comme un
modèle de dynamisme économique, une voie de développement,
et d'ouverture à l'économie libérale, ou comme le disent
P. COHEN et L. RICHARD, « une économie
ultralibérale »91(*) qui respecte les réalités internes de
chacun de ses partenaires. Cependant, ce partenariat mérite d'être
renforcé et amélioré. Il s'agit, pour le bien des
populations tchadiennes, d'éviter quelques erreurs du passé
(Paragraphe I), et d'entrer en collaboration avec les acteurs privés de
développement (Paragraphe II) qui oeuvrent dans le domaine de la
réalisation du droit à la santé au Tchad.
Paragraphe I : Pour un partenariat Chine-Tchad au
bénéfice des populations : Quelques erreurs à ne plus
reproduire
Le partenariat sino-tchadien offre sans nul doute des
avantages pour la réalisation du droit à la santé au
Tchad. Mais pour qu'il le soit davantage, quelques erreurs mériteraient
d'être évitées. Il s'agit des erreurs stratégiques
liées au discours tiers-mondiste chinois d'une part (A), et d'autre part
des erreurs liées à l'exploitation des ressources naturelles et
énergétiques prisées par l'Empire du milieu (B) et
constituant une source de financement, de promotion et de réalisation
des droits socio-économiques au Tchad.
A-
Des erreurs stratégiques liées au discours tiers-mondiste
chinois
Le Président chinois a intitulé son discours
prononcé lors du 45e anniversaire de la conférence de Bandoeng
à Jakarta, en Indonésie en 2005 : « Du passé
glorieux à un futur lumineux : construire un nouveau type de partenariat
stratégique entre l'Asie et l'Afrique ». Il faut croire qu'il
ne doutait pas un instant que les objectifs des dirigeants africains avaient la
même profondeur en termes de développement socio-économique
que ceux de la Chine. Il faut aussi croire que le discours tiers-mondiste
chinois, en des termes flatteurs, est pris très au sérieux par
les dirigeants africains. Et pourtant, les réalités
économiques et sociales tchadiennes sont jusque-là bien moins
lumineuses. Le Tchad n'a aucune chance d'émerger au 21e siècle si
les dirigeants politiques tchadiens ne prennent pas conscience des nouvelles
opportunités se profilant à l'horizon avec les nouveaux
partenaires comme la Chine, l'Inde, le Brésil qui n'ont pas pour
politique affichée, une coopération qui appauvrit l'une des
parties.
Depuis 1963, lorsque l'ex-Président ghanéen
Kwame N'Krumah a lancé le rêve panafricaniste, rien de fondamental
ne s'est produit sur le plan des approches stratégiques dans les
relations du continent avec le monde extérieur. En effet, malgré
des progrès amorcés ici et là sur le plan
démocratique et des droits de l'homme, globalement les relations
économiques et commerciales sont caractérisées par la
fragmentation des approches, les négociations en catimini avec
l'extérieur pour ne gérer que des intérêts purement
nationaux, quand ceux-ci n'en sont pas tout simplement ethniques. Les
dirigeants africains n'ont pas encore donné les moyens à l'Union
africaine et au NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de
l'Afrique) de positionner l'Afrique sur un plan collectif. Ceci en raison du
fait que les ambitions égoïstement nationalistes92(*), voire claniques, sont encore
trop fréquentes et gênent particulièrement
l'émergence des Africains pris collectivement et le rayonnement de
l'Afrique.
Dans un monde globalisé et interdépendant, toute
action basée sur l'intérêt national aux dépens de
l'intérêt régional voire continental, se paye à
terme. La Côte d'ivoire en est l'illustration la plus criarde. La
politique des anciennes équipes dirigeantes reléguant
l'intégration régionale et continentale au second rang a
finalement bloqué le rayonnement tant attendu de la Côte d'Ivoire,
terre d'accueil pour les pays voisins, sans pour autant faire office de
contrepoids au géant Nigeria. Bref, il n'est plus question de continuer
à feindre de conclure de partenariat de type
« gagnant-gagnant » si les transferts de savoir-faire
technologique et médical ne se font pas effectivement vers les
institutions nationales tchadiennes. Une rupture douce est nécessaire.
Il est donc suggéré de ne plus renouveler les
erreurs du passé en diversifiant les relations et la coopération
vers les pays émergents. Non seulement la diversification des
partenaires est nécessaire pour obtenir plus de qualité dans les
relations Afrique-monde occidental, mais la nouvelle concurrence offerte par
les Chinois, leur dynamisme au Tchad en particulier et en Afrique en
général, l'espace de liberté qu'offre l'Afrique en
comparaison avec la Chine sont quelques-unes des motivations qui expliquent
pourquoi le Tchad, en tant que pays cotonnier et pétrolier, risque
d'être une destination prioritaire pour beaucoup de Chinois dans les
années à venir.
Mais, il y a, en outre, un risque majeur. Sans changement de
mentalité de certains des dirigeants enclins aux détournements de
fonds publics qui alimentent les droits socio-économiques, sans une
rupture souple avec les méthodes uni-critères de gestion des
affaires sur le court terme, il faut s'attendre à ce que le Tchad
n'appartienne plus aux Tchadiens. Il faut craindre que les dirigeants tchadiens
oublient de construire l'avenir des populations tchadiennes et ne se
concentrent uniquement à faire des échanges-trocs sans valeur
ajoutée pour les populations. Pour être concret, continuer
à échanger des matières premières (pétrole,
minerais et autres produits de base) dont le Tchad, comme la plupart des pays
de l'Afrique subsaharienne, est détenteur, sans création de
valeur ajoutée et sans maîtrise du processus de transformation,
c'est aller vers ce que Yves EKOUE AMAIZO, économiste à
l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
(ONUDI), appelle « un suicide collectif sur le plan
économique »93(*). Lorsqu'un pays qui dispose de fer et d'alumine,
soutient l'économiste AMAIZO, « opte pour une offre
chinoise de transformation sur place du minerai avec en plus une voie de chemin
de fer permettant l'exportation d'un produit ayant subi au moins 2 à 3
niveaux de transformation avant exportation, il est clair que ce pays
prépare l'avenir et tente de s'inscrire dans un segment porteur du
système mondial de production »94(*).
En oubliant d'organiser le contrôle et le renouvellement
dans un souci de préservation de l'environnement des ressources du
continent africain, les dirigeants africains risquent de renouveler la faute
stratégique consistant à vendre les ressources disponibles sans
réinvestir dans le développement des secteurs prioritaires comme
l'éducation et la santé. Avec la Chine, ce problème risque
de s'accentuer, car la Chine semble offrir des biens et des services à
des coûts défiant toute concurrence. Mais en
réalité, les propriétés des espaces, des usines et
des systèmes de transport et de commercialisation échappent de
plus en plus au contrôle des dirigeants africains. En effet, certains
dirigeants se contentent d'en accepter le principe même s'il ne contribue
pas manifestement au bien-être de leurs populations,
« pourvu que quelques miettes, nous dit une fois de plus
l'économiste du système des Nations Unies, sous la forme de
pourcentage, tombent dans leur escarcelle délocalisée dans une
banque offshore »95(*). On ne peut réaliser les droits
économiques et sociaux dans un pays comme le Tchad sans faire appel
à ses ressources propres, y compris celles provenant de la Diaspora. A
ce titre, la Chine donne un exemple illustratif très frappant à
l'ensemble des pays dits « non-alignés ».
Si l'espace national est trop étroit, alors comme le
suggèrent fortement l'Union africaine et le NEPAD, il importe de
s'organiser au moins sur des bases régionale et continentale. Comment
peut-on encore accepter que des ressources soient identifiées et
exportées hors des pays africains pour être transformées
ailleurs et reviennent sous forme de biens manufacturés et parfois
à des coûts exorbitants... Comment accepter que des stades de
football, des palais des congrès, des palais présidentiels ou des
ponts sont construits sans aucun transfert de savoir-faire aux populations
locales... ? C'est pourtant ce qui se passe actuellement dans les relations
sino-africaines, et en particulier sino-tchadiennes. Il arrive même que
les dirigeants qualifiés de dictateurs signent des accords qui octroient
la meilleure partie à l'investisseur étranger sans pour autant
prévoir des clauses de sauvegarde permettant de s'assurer d'un
quelconque transfert de capacités productives aux populations
locales96(*). A ce rythme,
les secteurs cotonnier et pétrolier qui font miroiter les grands
consommateurs du monde, notamment la République populaire de Chine,
risque d'échapper entièrement au gouvernement tchadien, dans les
années à venir, sans pour autant, comme nous préviennent
C. PHILIPPE et L. RICHARD, « enrayer la menace de catastrophe
sociales, écologiques ou sanitaires »97(*) qui plane au quotidien sur des
populations. En somme, il y a quelques erreurs que les dirigeants africains
sont appelés à éviter de reproduire s'ils veulent un
partenariat durable et une crédibilité renouvelée
auprès des responsables chinois :
- croire que l'approche verticale est la panacée alors
que les populations ne sont pas associées ;
- présumer que les décisions et solutions
formulées par les Etats vont automatiquement devenir
opérationnelles sur le terrain alors que les préalables
nécessaires ne sont pas mis en place avec les acteurs compétents
;
- oublier d'informer et d'associer le secteur privé et
les populations à toute signature d'un accord permettant un accès
privilégié aux richesses et à l'espace africain à
des investisseurs, chinois en particulier ;
- vendre des matières premières non
transformées et sans valeur ajoutée et oublier d'utiliser les
ressources ainsi acquises pour réduire les inégalités et
promouvoir la création de richesse qui n'est pas possible sans la
création des capacités productives endogènes en
partenariat avec les pays émergents dont la Chine ;
- continuer à travailler uniquement dans l'espace de la
politique politicienne en oubliant les aspirations des peuples à de la
nouveauté et à de la représentation vraie.
D'où la nécessité de transformation des
ressources naturelles dans les pays producteurs afin que cela contribue
à la réalisation des droits économiques et sociaux dans
les pays en développement comme le Tchad.
B-
Nécessité d'une mise en place des mécanismes de
transformation des ressources naturelles au niveau local
Etant donné le rôle primordial que jouent les
matières premières dans l'économie des pays en
développement comme le Tchad, il importe plus que jamais aujourd'hui
pour les dirigeants africains de créer, de préserver et de
consolider les conditions de transformations locales de ces richesses
naturelles. Selon Jacques BONJAWO, la vente des matières
premières sans leurs transformations locales est une erreur capitale
commise au cours des années passées. Continuer dans cette
logique, ce serait s'engager dans une dépendance vis-à-vis de
leurs partenaires qui misent sur ces ressources pour la croissance de leur
économie. Par conséquent, dit-il, il est urgent que
« les pays africains travaillent de concert pour mettre en place
des politiques communes et dégager des stratégies au niveau
régional, sous-régional et national portant sur les
transformations locales des matières premières et les ressources
énergétiques dont regorgent le sol et le sous-sol africain, afin
d'apporter une réponse par la science, aux problèmes
socio-économiques majeurs rencontrés par leurs populations,
à savoir l'insécurité alimentaire, le manque
d'accès à l'eau potable, (...), la problématique
sanitaire »98(*).
Pour cet auteur, les grands défis auxquels les pays
africains se trouvent confrontés dans le nouveau contexte international
marqué par les changements socio-économiques s'expriment en
termes de volonté de saisir les opportunités qu'offre le nouveau
partenariat stratégique sino-africain pour transformer leurs
matières premières, au niveau local, et ainsi sortir de leur
marasme économique et social, comme a su le faire l'Empire du Milieu
lui-même. Pour le faire, soutient-il, l'acquisition des nouvelles
technologies est une condition sine qua non99(*).
Dans cette dynamique, nous pouvons dire qu'au Tchad, comme
dans la plupart des pays africains subsahariens où le pétrole et
le coton constituent la source principale de revenus dans la mise en oeuvre des
droits économiques et sociaux, continuer de vendre les matières
premières sans les transformer localement serait un désavantage
suicidaire pour les populations en proie à la pauvreté et
à la précarité. Ainsi, la volonté du Tchad et de
l'Afrique tout entière d'établir un partenariat mutuellement
avantageux avec la République populaire de Chine pour la
réalisation des droits économiques et sociaux doit donc passer
par la mise en place des mécanismes de transformation des ressources
naturelles, tel que les filières cotonnières et le pétrole
dont il est producteur. Ce n'est que dans ces conditions que le
développement d'un partenariat riche et dynamique avec le géant
asiatique, et d'autres partenaires, dans un environnement international
marqué par le phénomène de mondialisation des
économies et la compétitivité, est possible.
Paragraphe II : Le partenariat Chine-Tchad :
nécessité d'une collaboration avec les acteurs privés de
promotion et de réalisation des droits économiques et sociaux
Le partenariat sino-tchadien inscrit dans une dynamique de
développement nécessite une collaboration avec les acteurs
privés de promotion et de réalisation des droits
économiques et sociaux. Dans le contexte tchadien, la collaboration avec
la société civile (A), ainsi que l'adoption de quelques mesures
concrètes (B) contribueront de façon efficace à
l'amélioration de ce partenariat dans la perspective de la
réalisation des droits socio-économiques.
A-
Collaboration avec les sociétés civiles oeuvrant pour la
réalisation du droit à la santé au Tchad
A cause du phénomène de la mondialisation, nous
vivons dans un monde où les frontières s'estompent, où les
besoins humains se multiplient, où les êtres humains, face
à une évolution économique et sociale et politique rapide,
cherchent de nouveaux moyens de maîtriser leur vie et leur avenir, de
défendre leurs intérêts ainsi que leurs droits. Au Tchad
comme dans la plupart des pays africains, jamais la société
civile n'a été aussi visible, aussi organisée, et aussi
dynamique qu'aujourd'hui. En effet, la société civile, on peut la
définir comme l'ensemble des organisations constituées par les
citoyens et qui interagissent avec les pouvoirs politiques et
économiques, soit dans la lutte contre la pauvreté, soit dans
l'éradication de certaines maladies. Selon le Corps commun d'inspection
des Nations unies, « la société civile est
composée des mouvements, des entités, des institutions
indépendantes de l'Etat, qui en principe sont sans but lucratif,
agissent sur le plan local, national et international pour la défense et
la promotion d'intérêts sociaux, économiques et culturels,
ainsi que pour le bénéfice mutuel. Ils servent
d'intermédiaires, à travers leurs corps
constitués/membres, avec l'Etat ainsi qu'avec les agences
onusiennes »100(*).
Assumant une « fonction essentielle de
sentinelle face à ces intérêts puissants qui orientent les
décisions politiques et économiques »101(*), la Société
civile tchadienne est très active dans la promotion et la
réalisation du droit à la santé. Elle réclame sa
participation à l'élaboration des politiques nationales qui
affectent leur vie dans tous les aspects. Mais rarement on l'y associe.
L'engagement de la société civile tchadienne, comme le BELACD
(Bureau de Liaisons et des Actions Caritatives pour le Développement) et
le SECADEV (Secours Catholique pour le Développement) pour ne citer que
ceux-là, aux côtés de la population favorise
profondément les conditions de réalisation du droit à la
santé. Et pourtant dans le vécu quotidien du partenariat
Chine-Tchad pour la réalisation des droits économiques et
sociaux, les relations se passent d'Etat à Etat. La
société civile tchadienne, en tant qu'acteur social dont la
contribution à la promotion des droits économiques et sociaux est
considérable102(*), est souvent victime de marginalisation dans
l'élaboration des politiques nationales de développement, et
surtout dans la prise des décisions touchant la société
dont elle est le porte-parole. Cette vision négative de la
société relève du fait qu'elle est souvent prise
« en opposition au pouvoir de l'Etat et des partis politiques
dont la tendance naturelle est de la négliger »103(*). Pour rectifier donc le
regard néfaste porté sur la société, le Professeur
Jean Didier BOUKONGOU relève qu'il n'existe pas un champ politique pour
les politiciens et un champ humanitaire ou droits-de-l'hommiste pour la
société civile. Les deux camps proclament leur
générosité à vouloir changer la même
société, la même réalité, peut-être
avec des discours différents. Pour tout dire, affirme J.D. BOUKONGOU,
« la frontière est en réalité poreuse entre
les deux sphères (la société civile et les acteurs
étatiques). Elles s'interpénètrent en raison même de
la multiplicité fondamentale de l'espace positionnel des acteurs
sociaux : on peut appartenir conjointement à un parti politique,
militer dans une organisation (entendue ici au sens de non gouvernementale),
assumer des responsabilités dans une association religieuse et
défendre les idéaux promus par telle association de promotion des
droits de l'homme (...) »104(*).
La Chine qui se développe en utilisant les
matières premières africaines gagnerait à poser un regard
positif sur la société civile tchadienne et à
coopérer avec celle-ci dans la mise en oeuvre des droits
économiques et sociaux au Tchad. Les dirigeants tchadiens doivent en
profiter pour promouvoir et réaliser les droits économiques et
sociaux en donnant les chances aux associations non-gouvernementales
présentes ainsi qu'aux générations futures de ne pas
être de simples spectateurs dans le monde. Il faut espérer que le
nouveau partenariat stratégique Chine-Afrique permettra de clarifier la
nouvelle donne des échanges sino-africains sans que celle-ci ne se
limite à privilégier exclusivement des accords sur
l'approvisionnement en matières premières et un avantage
cumulatif en termes d'influence diplomatique dans les enceintes
internationales. Le nouveau partenariat sino-africain du XXIè
siècle reste toutefois basé sur une approche d'Etat à
Etat. Il n'y a en fait rien sur le secteur privé et les échanges
de « peuple » à « peuple » sont bien circonscrits.
Ainsi, si le développement des pays du sud est le maître-mot
prôné par le partenariat Chine-Tchad, si la société
civile, en règle générale, est celle qui tire les
sonnettes d'alarme, dénonce les situations d'injustice, fait
échos aux revendications portées par les populations
défavorisées, élabore des propositions alternatives
construites, allant jusqu'à tester leur pertinence au niveau
local105(*), alors il
est plus qu' impératif qu'un partenariat entre le public et le
privé s'établisse pour la gestion commune et conjointe des
problématiques liées à la réalisation des droits
économiques et sociaux au Tchad.
B-
Propositions des mesures concrètes pour l'amélioration du
partenariat Chine-Tchad
La République populaire de Chine, du fait de sa
montée fulgurante dans l'économie internationale et du fait de
son offensive africaine spectaculaire, apparaît aujourd'hui comme un pays
qui pourrait sans doute contribuer à la réalisation des droits
économiques et sociaux des populations de ses partenaires africains.
Mais il importe à ces derniers de créer des conditions, de
préserver et de consolider les acquis de ce partenariat
stratégique pour favoriser un mieux-être qualitatif de leur
peuple. Ainsi, au regard de l'évolution de cette coopération
sino-africaine, quelques mesures concrètes pourraient être prises
en vue de l'amélioration du partenariat sino-tchadien, notamment pour
une réalisation dynamique des droits économiques et sociaux au
Tchad. Le Coeur de l'Afrique pourra bénéficier d'un partenariat
riche et dynamique avec la République populaire de Chine si les
propositions suivantes sont mises en oeuvre :
- Si le meilleur moyen de garantir et d'approfondir la
relation de coopération sino-tchadienne est de répondre aux
priorités des partenaires, pour un partenariat bénéfique
et dynamique pour les populations tchadiennes, la Chine devra encourager le
Tchad à prendre en mains son propre processus de développement et
soutenir son engagement le plus large possible à l'égard des
programmes socio-économiques nationaux.
- La Chine et le Tchad se doivent, en outre, de prendre des
mesures pour favoriser la cohérence des politiques pour le
développement et la réalisation des droits économique et
sociaux. La Chine est appelée à tenir compte des objectifs de
coopération au développement dans toutes les politiques qu'elle
met en oeuvre et qui sont susceptibles de contribuer à la
réalisation des droits économiques et sociaux.
Concrètement, la Chine est appelée à renforcer à
tous les niveaux les procédures et mécanismes relatifs à
la réalisation des droits économiques et sociaux, à
assurer les ressources adéquates et à communiquer au partenaire
tchadien les meilleures pratiques en vue de contribuer à la mise en
oeuvre effective desdits droits. Ceci constituera sans nul doute une
contribution substantielle à la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
- Etant donné que l'insécurité et la
conflictualité font partie des obstacles majeurs au développement
socio-économique des populations tchadiennes en proie à la
pauvreté, la sécurité et la stabilité
socio-politique et économique du pays doivent être des aspects
importants et complémentaires du partenariat Chine-Tchad. Dans la mesure
de leurs possibilités, le Tchad et la Chine doivent songer au
préalable à la création d'un environnement socio-politique
sûr et favorable à la mise en oeuvre des droits
socio-économiques, et à rompre ainsi le cercle vicieux de la
pauvreté, de la conflictualité, de la dégradation des
structures économiques, sociales et politiques précaires du
Tchad.
- La réduction de la pauvreté, la promotion et
la réalisation des droits économiques et sociaux étant
intimement liées, et constituant des objectifs du partenariat
Chine-Tchad, les deux alliés ne réaliseront leurs ambitions
affichées que s'ils s'engagent conjointement et de façon
concertée à promouvoir et favoriser l'instauration de la paix et
de la sécurité à long terme, tant au niveau du territoire
tchadien que dans la région du Darfour, ainsi que dans toute l'Afrique
centrale. Car, il ne peut y avoir de développement
socio-économique sans paix ni sécurité, et il n'y aura de
paix durable sans réalisation des droits économiques et sociaux.
La mise en oeuvre effective des droits socio-économiques va ainsi jouer
un rôle considérable dans l'évitement de la
conflictualité et favorisera le renforcement de la
sécurité au Tchad.
- Une autre mesure qui serait un atout considérable
pour l'amélioration du partenariat sino-tchadien consistera à
oeuvrer à une programmation conjointe pluriannuelle, fondée sur
les stratégies de mise en oeuvre des droits économiques et
sociaux, sur des mécanismes communs de leur réalisation, y
compris des analyses communes, la mise en place des missions conjointes de
grande envergure financées par la Chine et l'utilisation des
mécanismes de co-financement.
- Le renforcement des capacités tchadiennes à la
mise en oeuvre des obligations liées au Pacte international relatif aux
droits économiques et sociaux est une condition sine qua non.
Pour la Chine, il s'agit en fait de renforcer la formation des cadres tchadiens
chez elle par une augmentation du nombre d'étudiants et de chercheurs
tchadiens dans les domaines où l'Empire du Milieu possède une
compétence incontestable : les sciences et les technologies
médicales très utiles au développement et la
réalisation des droits économiques et sociaux, notamment le droit
à la santé au Tchad.
- Le Tchad et la Chine sont appelés à oeuvrer en
étroite collaboration avec les bailleurs de fonds occidentaux, les
institutions onusiennes telles que le Programme des nations Unies pour le
Développement (PNUD), l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
l'Organisation des nations Unies pour le Développement industriel
(ONUDI), ainsi que les institutions financières internationales, la
Banque mondiale et le Fonds monétaire international, oeuvrant pour la
réalisation des droits économiques et sociaux au Tchad. Ce
travail en réseaux permettra d'une part d'éviter la dispersion et
le chevauchement des efforts, et de l'autre, de maximiser l'impact et
l'efficacité du partenariat pour l'effectivité des droits
socio-économiques au Tchad.
- La création d'une Commission indépendante
(nationale, bilatérale ou multilatérale) de gestion de toutes les
ressources générées par le partenariat Chine-Tchad, ainsi
que les autres partenariats établis par le Tchad avec d'autres pays est
une mesure capitale pour l'amélioration de la coopération
sino-tchadienne. Cette Commission aura la mission principale de l'examen, du
contrôle et de l'évaluation du partenariat sino-tchadien et
autres, ainsi que des projets socio-économiques élaborés
par les partenaires pour la réalisation des droits économiques et
sociaux au Tchad.
CONCLUSION GENERALE
Parvenu au terme de notre travail portant sur
« L'impact du partenariat Chine-Afrique sur la réalisation
des droits économiques et sociaux au Tchad », il convient
de rappeler, et ceci dans un souci de synthèse, les points saillants de
notre analyse.
Tout au long de l'évolution de ce mémoire, il a
été question d'apporter une réponse à notre
problématique qui est celle de savoir si le nouveau partenariat
Chine-Afrique contribue à la réalisation des droits
économiques et sociaux, notamment le droit à la santé au
Tchad. En d'autres termes, il s'est agi pour nous, et au regard du retour
offensif du géant asiatique en Afrique, de nous interroger sur son
apport, sur sa part de contribution à la réalisation du droit
à la santé au Tchad. En effet, depuis le début de ce
XXIè siècle, l'Empire du Milieu opère une entrée
spectaculaire dans la sphère de l'économie mondiale et se veut
partenaire de tous les pays en développement, particulièrement du
continent africain, d'où la préoccupation de nous
intéresser de plus près au cas du Tchad qui depuis le 06
août 2006 a procédé au rétablissement diplomatique
avec Pékin.
A cette problématique, nous avons émis une
hypothèse selon laquelle, le partenariat Chine-Tchad, dans le cadre d'un
accord global sino-africain, contribue, d'une certaine façon, à
la réalisation du droit à la santé au Tchad. Il exerce un
impact positif indéniable sur la réalisation des droits
économiques et sociaux, tel le droit à la santé. Mais,
chemin faisant, le partenariat bilatéral sino-tchadien se heurte
à quelques pesanteurs majeures aussi bien du côté de l'Etat
chinois que celui de l'Etat tchadien.
Le souci de vérification de notre hypothèse nous
a conduit dans un premier moment à nous rendre sur le terrain pour
réaliser des entretiens auprès des personnes ressources.
Après cette étape, est venue la phase du traitement des
données grâce à une méthodologie qui intègre
l'analyse exégétique, stratégique et fonctionnaliste.
Comme annoncé, il ressort de notre étude que
dans la quête de l'établissement du nouveau partenariat
stratégique entre la Chine et l'Afrique (Chapitre premier),
l'organisation des conférences ministérielles et du Sommet de
Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine de 2006 a
constitué le ciment même de l'établissement du
multipartenariat Chine-Afrique.
Dans le cadre global de ce partenariat multilatéral
entre la Chine et la quasi-totalité du continent africain, se situe la
coopération bilatérale Chine-Tchad au cours de laquelle plusieurs
accords ont été signés, et dont celui relatif à la
réalisation des droits économiques et sociaux, et surtout le
droit à la santé.
L'impact positif du partenariat sino-tchadien sur la
réalisation du droit à la santé au Tchad (chapitre
deuxième) se mesure à travers son apport institutionnel et
technico-médical, d'une part, le renforcement des capacités du
Tchad en ressources humaines, de l'autre. Toutes ces contributions, aussi bien
qu'elles visent la rénovation et le renforcement de la performance des
prestations sanitaires, offrent aux populations tchadiennes la
possibilité de la jouissance du droit à la santé. Elles
s'inscrivent incontestablement dans la volonté des deux partenaires
à promouvoir et à réaliser les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD), tels la réduction
de la mortalité infantile, la protection de la santé maternelle,
la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et autres maladies et en
général la mise en place d'un partenariat bilatéral pour
le développement. Ainsi, le partenariat Chine-Tchad dans le cadre de
l'accord global du partenariat Chine-Afrique contribue certes à la
réalisation des droits économiques et sociaux, tel le droit
à la santé au Tchad, mais il se heurte à quelques
difficultés.
Il s'agit des pesanteurs majeures d'ordre bilatéral et
national (Chapitre troisième). Sur le plan bilatéral, on peut
relever l'absence des conditionnalités droits de l'homme, et dans le cas
d'espèce des droits économiques et sociaux, tandis que dans
l'ordre national, les pesanteurs de la coopération s'observent à
travers la déficience de la politique nationale de santé du Tchad
en dépit des ressources financières engrangées dans le
cadre de ce partenariat. D'où l'essai de prospective pour le
renforcement du partenariat sino-tchadien (chapitre quatrième). Dans
cette dernière partie de notre travail, il a surtout été
question d'ouverture des perspectives pour l'amélioration et le
renforcement du partenariat Chine-Afrique, et notamment Chine-Tchad.
L'amélioration du partenariat sino-tchadien dans la
dynamique de la réalisation des droits économiques et sociaux au
Tchad passe donc par la collaboration avec la société civile
tchadienne, en tant que partenaire socio-économique de l'Etat tchadien
qui contribue de façon considérable à la
réalisation du droit à la santé au Tchad. En outre, la
coopération au développement avec les organisations onusiennes
oeuvrant dans le sens de la mise en oeuvre des droits
socio-économiques est une perspective qui inscrira sans doute le
partenariat Chine-Tchad dans un développement durable.
BIBLIOGRAPHIE
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l'APDHAC, Presses de l'UCAC, 371 p.
- ZOGO T., NEPAD :
Nouveau partenariat pour le Développement de l'Afrique, (s.l.),
éd. DERP, 2005, 43 p.
III-
THESES, MEMOIRES ET ETUDES
- CHOMTANG FONKOU M.-N., Les enjeux
géopolitiques et géoéconomiques de la nouvelle politique
africaine de la Chine : le cas du Golfe de Guinée,
Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de
l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées (D.E.S.S.) en Relations Internationales, option
Diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2007.
- DJERANE DEURLEM Armel, Le droit à la
santé : L'accès aux médicaments par les malades du
VIH/SIDA au Tchad, le cas de Ndjaména, Mémoire de Master, APDHAC,
UCAC-ICY, Yaoundé, 2003.
IV-
ARTICLES
-ADOUM S. et MBALLA F., « La
contribution de la société civile à la promotion des
droits de l'homme en Afrique centrale : Essai d'analyse », in
Dynamiques citoyennes et dignité humaine en Afrique centrale. Etudes
et documents de l'APDHAC, Cahier des droits de l'homme, N° 08, juin
2002, Yaoundé, PUCAC, pp. 223-261.
- AICARDI de SAINT-PAUL M., « La
Chine et l'Afrique, entre engagement et intérêt », in
Géopolitique africaine, N° 14, Paris, Printemps, 2004, pp.
12-15.
- ALOUKA S., « Rôle des
organisations de la société civile dans la promotion du droit
à la santé en Afrique », in Droit et santé
en Afrique. Actes du colloque international de Dakar, 28 mars - 1er
avril 2005, 1re Animation scientifique régionale du
réseau « Droit de la santé » de l'AUF,
Bordeaux, éd. Les Eudes Hospitalières, 2006, pp. 137-153.
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- ANNAN A. K.,
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XXIè siècle, CCPR/C/OP/2 », in
http://www.un.org/french/millenaire:sg/report/cover.htm
- BELANGER M., « Le droit à
la santé, un droit fondamental de la personne humaine », in
Droit et santé en Afrique. Actes du colloque international de Dakar,
28 mars - 1er avril 2005, 1re Animation scientifique
régionale du réseau « Droit de la
santé » de l'AUF, Bordeaux, éd. Les Eudes
Hospitalières, 2006, pp.123-129.
- BOUKONGOU J. D.,
« Prolégomènes sur la contribution de la
société civile à la promotion de la dignité humaine
au Cameroun », in Dynamiques citoyennes et dignité
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(Consulté le 08.02.2008).
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(consulté le 14.03.2007).
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colloque de Ndjaména 25 au 28 février 2002, Ndjaména,
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Hospitalières, 2006, pp. 21-41.
- WOETS L. et LIPAWING L., « La
stratégie africaine de la Chine », Marianne, La
vérité sur le modèle chinois et sur le modèle
anglais, Paris, du 23 au 29 juillet 2005, pp. 12-15.
- « Allocution du Président de la
République du Congo, Président en exercice de l'Union Africaine,
son Excellence Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO, à la
cérémonie du premier Sommet du Forum de coopération
Chine-Afrique, Beijing, 04 novembre 2006 », in
http://www.presidence.cg/files/my-files/faedsn041106.pdf
(consulté le 08.05.2007).
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relations : la Chine s'engage à aider le Tchad », in
Le Progrès, N° 2292, lundi 24 septembre 2007.
- « Discours de Monsieur Hu JINTAO, Président
de la République populaire de Chine, à la cérémonie
d'ouverture du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération
sino-africaine, 4 novembre 2006 », in
http://www.china-embassy.ch/fra/xwss/t278883.htm
(consulté le 12.02.2007).
- « Faut-il avoir peur de la
Chine ? », in Jeune Afrique N° 2392, du 12 au 18
novembre 2006.
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http://www.afd.fr/jahia/Jahia/lang/fr/jahia/home/NosProjets/PortailSante/pid/1095
(consulté le 15.03.2008).
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partenariat Chine-Afrique », in
http://french.china.org.cn/foreign/archives/hjtcf/txt/2007-01/30/content_7735735.htm
(consulté le 12.02.2007).
- « Jacques Bonjawo récidive avec l'Afrique du
XXIè siècle. L'Afrique de nos volontés », in
http://www.icicemac.com/edito/zappe.php3
(consulté le 17 avril 2008).
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coopération Chine-Afrique en question », in
http://econoclaste.lejdd.fr/2007/05/19/23-les-limites-de-la-cooperation-chine-afrique-en-question
(consulté le 13.03.2008).
- « Partenariat stratégique
entre la Chine et l'Afrique du sud », in
http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=15850
(consulté le 24.02.2007).
- « Définition du développement
durable », in
http://www.reseau-alternance.org/fr.lexique.html
(consulté le 17.11.2006).
- « Le Sommet de Beijing du Forum sur la
coopération Chine-Afrique adopte la Déclaration de
Beijing », in
http://www.french.xinhuanet.com/french/2006-11/06/content_361677.htm
(consulté le 28.06.2007).
- « Le 58è anniversaire de la
République populaire de Chine au bord du fleuve Chari », in
http://www.primature-tchad.org/?2007/10/02/598-le-58eme-anniversaire-de-la-republique-populaire-de-chine-au-bord-du-fleuve-chari
(consulté le 13.03.2008).
V-
DOCUMENTS
A- Textes officiels
1- Traités internationaux
- Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10
décembre 1948.
- Pacte International relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels du 16 décembre 1966.
- Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples du 10
juin 1981.
- Convention internationale des Nations unies des droits de
l'Enfant du 20 novembre 1989.
2- Textes nationaux
- Constitution de la République du Tchad,
adoptée par le Référendum du 31 mars 1996 et
révisée par la Loi constitutionnelle n° 08/PR/2005 du 15
juillet 2005.
- Décret N° 365/PR/MSP/2001 du 18 juillet 2001
portant Organisation et fonctionnement des Etablissements publics hospitaliers
des préfectures et des districts sanitaires du Tchad
- Décret N° 086/PR/MSP/94 relatif à la
politique sanitaire caractérisée par la mise en place d'un
système sanitaire et la décentralisation des structures ainsi que
leur spécialisation et leur intégration par niveau.
- Arrêté N° 003/MSP/DG/94 du 05 janvier 1994
instituant la participation communautaire au coût de la santé.
B- Accords de partenariat Chine-Tchad
- Protocole d'Accord de coopération entre le
gouvernement de la République du Tchad et le gouvernement de la
République populaire de Chine sur le plan sanitaire, du 14 mai 1988.
- Avenant à l'Accord-cadre de coopération entre
le gouvernement de la République du Tchad e le gouvernement de la
République populaire de Chine du 06 août 2006
- Protocole d'Accord entre le gouvernement de la
République du Tchad et le gouvernement de la République populaire
de Chine sur l'envoi d'une Mission Médicale Chinoise au Tchad du 04
janvier 2007.
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
DEDICACE................................................................................................i
REMERCIEMENTS....................................................................................ii
LISTE DES SIGLES ET
ABREVAITONS.......................................................
iii
RESUME.................................................................................................
iv
ABSTRACT...............................................................................................
v
INTRODUCTION GENERALE
1
I- CONTEXTE DE L'ETUDE
2
1) Le contexte
socio-historique......................................................................
2
2) Le contexte socio-économique du
Tchad
3
2.1. Les caractéristiques
socio-économiques
3
2.2. La situation socio-sanitaire
4
3) Le cadre la relation bilatérale
entre la Chine populaire et le Tchad
5
II- DELIMITATION DE L'ETUDE
6
1- Délimitation temporelle
6
2- Délimitation
matérielle
6
III- DEFINITION DES CONCEPTS
7
IV) INTERET DU SUJET
10
IV.1) Intérêt scientifique
10
IV.2) Intérêt social
11
V) REVUE DE LITTERATURE
12
VI) PROBLEMATIQUE
14
VII) HYPOTHESE DE RECHERCHE
15
VIII) CADRE METHODOLOGIQUE
15
1) La technique
d'entretien.....................................................................
...
15
2) L'analyse exégétique
16
2) L'analyse
stratégique.............................................................................
16
4) La méthode fonctionnelle
17
IX) JUSTIFICATION DU PLAN
17
PREMIERE PARTIE: LE PARTENRIAT SINO-TCHADIEN DANS LE
CADRE D'UN ACCORD GLOBAL ENTRE LA CHINE ET
L'AFRIQUE...................................18
CHAPITRE I : LA CHINE ET LE CONTINENT
AFRICAIN EN QUETE DE L'ETABLISSEMENT DU NOUVEAU PARTENARIAT STRATEGIQUE
20
SECTION I : LE PARTENARIAT
MULTILATERAL SINO-AFRICAIN : L'ORGANISATION DES CONFERENCES MINISTERIELLES
SINO-AFRICAINES ET DU SOMMET HISTORIQUE DE BEIJING DE 2006
20
Paragraphe I : Les
conférences ministérielles sino-africaines comme base de la
relance du nouveau partenariat entre la Chine et l'Afrique
21
A- La Conférence ministérielle de
Beijing de 2000 : la mise en place d'une stratégie de
renforcement des relations de coopération entre les gouvernements
chinois et africains
21
B- La Conférence d'Addis-Abeba de
2003 : Approfondissement de la coopération sino-africaine dans les
domaines multisectoriels
22
Paragraphe II : Le
Sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine : les
ambitions affichées de la Chine en faveur de l'Afrique
24
A- Les mesures pour le renforcement du partenariat
Chine-Afrique
24
B- La Chine : co-acteur dans le
développement économique et social de l'Afrique
25
SECTION II : LA CONCLUSION DES ACCORDS
SPECIFIQUES DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN POUR LA REALISATION DU DROIT A LA
SANTE AU TCHAD
27
Paragraphe I : Les
accords bilatéraux spécifiques de coopération pour la
réalisation du droit à la santé au Tchad
28
A- Les obligations relatives à la
partie chinoise
29
1) La prise en charge du personnel médical
chinois
29
2) Le respect des dispositions législatives
et règlementaires de la mission médicale chinoise durant son
séjour au Tchad
29
B- Les obligations du Protocole d'Accord relatives
à la partie tchadienne
30
1) La défiscalisation des
équipements médicaux offerts à la mission médicale
chinoise
30
2) La garantie de la sécurité du
personnel et du matériel de la mission chinoise
31
Paragraphe II : Le
partenariat sino-tchadien au regard de la consécration internationale et
nationale du droit à la santé
32
A- La consécration du droit à la
santé dans le droit international
32
B- Le droit à la santé dans le
droit constitutionnel tchadien
34
CHAPITRE II : LE PARTENARIAT
CHINE-AFRIQUE ET SON IMPACT POSITIF SUR LA REALISATION DU DROIT A LA SANTE AU
TCHAD
35
SECTION I : APPORT DU PARTENARIAT
CHINE-TCHAD EN MATIERE DE REALISATION DU DROIT A LA SANTE AU TCHAD
35
Paragraphe I : Apport
institutionnel et technico-médical de la Chine dans le cadre du
partenariat sino-tchadien
36
A- Apport institutionnel : la
réalisation d'infrastructure sanitaire moderne de l'Hôpital
de la Liberté
36
B- Apport technico-médical : Le
déploiement d'une équipe médicale chinoise et la dotation
de l'Hôpital de la Liberté des matériels et des
médicaments (Assistance technique et matérielle)
38
Paragraphe II :
Portée du partenariat sino-tchadien inscrit dans la promotion de
l'accès aux soins de santé primaires : Mise en oeuvre des
Objectifs du Millénaire pour le Développement
39
A- Amélioration des conditions de
santé des populations du Tchad
40
B- Le partenariat sino-tchadien inscrit dans le
huitième OMD : la mise en place d'un partenariat bilatéral
du développement
41
SECTION II : L'APPORT DU PARTENARIAT
SINO-TCHADIEN DANS LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DU TCHAD A LA REALISATION DU
DROIT A LA SANTE
43
Paragraphe I : Apport
du partenariat sino-tchadien sur la réalisation du droit à la
santé : renforcement des capacités au plan
économique
43
A- La coopération sino-tchadienne
avantageuse : aides financières sans contrepartie pour la gestion
des problèmes sociaux
43
B- Le renforcement des capacités
économiques du Tchad : annulation des dettes par la Chine
45
Paragraphe II : Le
partenariat sino-tchadien : le renforcement des ressources humaines en
matière sanitaire
46
A- Le renforcement des ressources humaines en
santé : volet formation
46
B- Le renforcement des ressources humaines en
matière sanitaire : volet stage du personnel médical
48
DEUXIEME PARTIE: EVALUATION DU PARTENARIAT
SINO-TCHADIEN: LIMITES ET
PERSPECTIVES.....................................................................49
CHAPITRE III : LES PESANTEURS MAJEURES
DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN SUR LA REALISATION DU DROIT A LA SANTE
51
SECTION I : LES DETERMINANTS DU
PARTENARIAT ATTRACTIF POUR LE TCHAD
51
Paragraphe I : Absence
des conditionnalités droits de l'homme
51
A- Absence des conditionnalités droits
économiques et sociaux : caution de violation des droits de
l'homme ?
52
B- De la non-ingérence politique à la
faible protection des droits de l'homme dans la coopération
sino-tchadienne
55
Paragraphe II : Les
fonctions latentes du partenariat sino-tchadien :
57
les ambitions inavouées de la Chine
57
A- Le contrôle et l'exploitation des
matières premières
58
B- Vers un nouveau pillage des ressources
énergétiques (manne pétrolière) du Tchad ?
59
SECTION II : LES PESANTEURS INTERNES
DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN : LA DEFICIENCE DES POLITIQUES PUBLIQUES DU
TCHAD EN MATIERE SANITAIRE
61
Paragraphe I : La
défaillance de la gestion des ressources humaines en santé en
dépit d'énormes ressources financières engrangées
dans le cadre du partenariat Chine-Tchad
61
A- Insuffisance des ressources humaines :
handicap à la réalisation du droit à la santé au
Tchad
61
B- La répartition déficiente des
ressources humaines en santé sur le territoire national
62
Paragraphe II : les
difficultés liées à l'accès aux soins de
santé au Tchad comme pesanteur interne du partenariat sino-tchadien
63
A- L'accessibilité limitée en raison
du coût financier
63
B- Le facteur géographique limitant
l'accès aux soins de santé
64
CHAPITRE IV : ESSAI DE PROSPECTIVE
POUR LE RENFORCEMENT DU PARTENARIAT SINO-TCHADIEN
66
SECTION I : PERSPECTIVE DE GOUVERNANCE
DES SYSTEMES DE SANTE ET DE CO-DEVELOPPEMENT AU TCHAD
66
Paragraphe I :
L'impératif d'une gestion concertée des
problèmes liés à l'accès aux soins de santé
publique au Tchad
66
A- Gestion concertée entre la Chine et le
Tchad des problèmes infrastructurels de santé
67
B- Gestion concertée des problèmes
relatifs au personnel de santé
68
Paragraphe II :
Perspective de co-développement
69
A- Pour un partenariat cohérent avec la
Chine : le co-développement
69
B- Pour un co-développement durable :
collaboration avec les organisations onusiennes pour conduire le partenariat
sino-tchadien à la réalisation des droits économiques et
sociaux au Tchad
70
SECTION II : PROPOSITIONS TENDANT AU
RENFORCEMENT ET A L'AMELIORATION DU NOUVEAU PARTENARIAT CHINE-TCHAD
71
Paragraphe I : Pour un
partenariat Chine-Tchad au bénéfice des populations :
Quelques erreurs à ne plus reproduire
72
A- Des erreurs stratégiques liées au
discours tiers-mondiste chinois
72
B- Nécessité d'une mise en place des
mécanismes de transformation des ressources naturelles au niveau
local
76
Paragraphe II : Le
partenariat Chine-Tchad : nécessité d'une collaboration avec
les acteurs privés de promotion et de réalisation des droits
économiques et sociaux
77
A- Collaboration avec les sociétés
civiles oeuvrant pour la réalisation du droit à la santé
au Tchad
77
B- Propositions des mesures concrètes pour
l'amélioration du partenariat Chine-Tchad
79
CONCLUSION GENERALE
82
BIBLIOGRAPHIE
84
I- COURS ET DICTIONNAIRES
84
II- OUVRAGES
84
III- THESES, MEMOIRES ET ETUDES
85
IV- ARTICLES
85
V- DOCUMENTS
90
ANNEXES................................................................................................91
TABLE DES MATIERES
92
* 1 La conférence de
Bandoeng demeure la conférence afro-asiatique des pays
non-alignés. Elle s'est tenue, en effet, du 18 au 24 avril 1955 à
Bandoeng sur l'île de Java en Indonésie. L'Indonésien
Sukarno, le Yougoslave Tito, l'Egyptien Nasser et l'Indien Nehru, ce
quarté revendique son appartenance à un tiers-monde neutraliste
à égale distance des deux superpuissances, c'est-à-dire
les blocs capitaliste et socialiste incarnés respectivement par les
Etats-Unis d'Amérique et l'ex-Union des Républiques Socialistes
Soviétiques (URSS). Ces leaders tiers-mondistes prônent le
rassemblement des pays pauvres, la lutte contre le colonialisme et la
ségrégation raciale.
* 2 R. BUIJTENJUIJS,
Transition et élections au Tchad, 1993-1997. Restauration
autoritaire et recomposition politique, Paris, Karthala et ASC, 1998, p.
7.
* 3 Constitution de la
République du Tchad, adoptée par le Référendum du
31 mars 1996 et révisée par la Loi constitutionnelle n°
08/PR/2005 du 15 juillet 2005.
* 4 Cf. « Situation
économique et sociale », in
http://www.cooperationsuisse.td/fr/Accueil/Le_Tchad/situation_sociale_et_economique
(consulté le 06.02.2008).
* 5 Ministère
Français des affaires
étrangères, « Document Cadre de Partenariat
France-Tchad-DCP-(2006-2010) », in
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/fr/actions-france-830/aide_au_developpement1060/politiquefrançaise_3024
(consulté le 21.01.2008).
* 6 Cf. A.-C. POIRSON,
« Une manne financière qui fait cruellement défaut.
Où est passé l'argent du pétrole
tchadien ? », in
file:///C:/Documents%20and%20Settings/Administrateur/Bureau/sant%C3%A9%20tchad/p%C3%A9trole%20tchadien.htm
(consulté le 12.03.2008).
* 7 Pendant la période
allant de 1996 à 2005, le Tchad a rompu ses relations diplomatiques avec
la République populaire de Chine au profit du rétablissement de
ses relations diplomatiques avec la Chine-Taiwan.
* 8 S'il est vrai que la
relation diplomatique entre la République populaire de Chine et la
République du Tchad remonte à l'année 1972, il faut
mentionner qu'en 1979, elle a été rompue par le conflit
fratricide qui a mis le Tchad à feu et à sang. Finalement, elle
sera rétablie en 1986, et rompue de nouveau en 1997 au profit de la
Chine-Taïwan. Jusqu'en été 2006, on assistera une fois de
plus au rétablissement de la relation de coopération
sino-tchadienne.
* 9 R. SAINHOUNDE KOUKPO,
« Le droit à la santé au Bénin :
état des lieux », in Droit et santé en Afrique.
Actes du colloque international de Dakar, 28 mars - 1er avril 2005.
1ère Animation scientifique régionale du réseau
« droit de la santé » de l'AUF, Bordeaux,
éd. Les Etudes hospitalières, 2006, p. 25.
* 10 Cf. Le Petit Robert,
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française, Paris, Dictionnaire le Robert, 1993, p. 1595.
* 11 Le Petit Larousse
illustré en couleurs, Paris, Larousse, 1991, p. 729.
* 12 G. PELLETIER,
« Qu'appelle-t-on partenariat ? », in
http://www.unige.ch/fapse/SSSE/groupes
(Consulté le 08.02.2008).
* 13 S. SARE, « Le
partenariat en réseau local, un outil efficace de
développement », in Vers des partenariats
renouvelés. Regards, comptes rendus, débats, Paris, CCFD,
1995, p. 24
* 14 M. BERGER,
« Vers des partenariats renouvelés », in Vers
des partenariats renouvelés. Regards, comptes rendus, débats, op.
cit., p. 8.
* 15 Amnesty International
est un mouvement mondial de défenseurs des droits de l'homme basé
à Londres, en Angleterre. Il s'agit, en effet, d'un mouvement
international composé de bénévoles qui oeuvrent en faveur
du respect des droits de l'homme. La vision d'Amnesty international est celle
d'un monde où chaque homme peut se prévaloir de tous les droits
énoncés dans la Déclaration universelle des droits de
l'homme, ainsi que les autres instruments internationaux qui garantissent les
droits humains. Sa seule et unique préoccupation est la contribution
impartiale à la protection des droits de l'homme.
* 16 Amnesty International,
« Dignité et droits humains. Une introduction aux droits
économiques, sociaux et culturels », in
http://www.amnesty.org/library/index/frapol3400922005
(consulté le 12.02.2007).
* 17 D. THIAM, cité par
F. OUGUERGOUZ, La Charte Africaine des droits de l'homme et des peuples.
Une approche juridique des droits de l'homme entre tradition et
modernité. Préface par Kéba MBAYE, Avant-propos de G.
ABI-SAAB, Paris, PUF, 1993, p.190.
* 18 J. FIERENS, Droit et
pauvreté. Droits de l'homme, sécurité sociale, aide
sociale, Préface de F. RIGEAUX, Bruxelles, Bruylant, 1992, p.
190.
* 19 Idem.
* 20 J. D. BOUKONGOU (Sous
la dir.), Cahier Africain des droits de l'homme N° 10, avril 2004.
Doits économiques et sociaux au Cameroun, Etudes et documents de
l'APDHAC, Yaoundé, Presses d l'UCAC, p. 7.
* 21 M. BERGER,
« Vers des partenariats renouvelés », in Vers
des partenariats renouvelés. Regards, comptes rendus,
débats, Paris, CCFD, 1995.
* 22 S. SARE, « Le
partenariat en réseau local, un outil efficace de
développement », in Vers des partenariats
renouvelés. Regards, comptes rendus, débats, op. cit.
* 23 T. ZOGO, Le
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique. Une
vision, une interrogation, (s. l.), éd. DEREP, 2005.
* 24 M. BERGER, op.
cit., p. 7.
* 25 M. BERGER,
« Vers des partenariats renouvelés », op.
cit., p. 8.
* 26 T. ZOGO, NEPAD :
Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Une vision, une
interrogation, (s. l.), éd. DEREF, 2005, p. 31
* 27 T. ZOGO, NEPAD, op.
cit., p. 32.
* 28 T. ZOGO, NEPAD, op.
cit., p. 33.
* 29 J. D. BOUKONGOU,
Méthodologie, Master Droits de l'homme et Action humanitaire,
Yaoundé, UCAC, (inédit), 2007, p. 27.
* 30 Cf. A. BROUSSELLE,
« L'analyse stratégique, modèle d'analyse ou
démarche théorique pour l'évaluation de
l'implantation ? », in
http://www.sqep.ca/archives/presentations/Presentation%20Astrid%20text.doc
(consulté le 20.02.2008).
* 31 Idem.
* 32 M. GRAWITZ,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 11è
édition, 2001, pp. 23-27.
* 33 E. M. MBONDA,
« Mondialisation et solidarité internationale :
l'idée d'une justice distributive à l'échelle
mondiale », in La Mondialisation : quel humanisme ?,
Cahier de l'UCAC 2001, Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2002, p. 101.
* 34 Les cinq pays africains
ayant refusé le principe de l'unicité de la Chine en
reconnaissant la Chine-Taiwan ont été invités à
envoyer des observateurs. Il s'agit du Burkina-faso, de la Gambie, du Malawi,
du Swaziland et du Sao Tomé-et-Principe.
* 35 Cf. « Discours
de Monsieur Hu JINTAO, Président de la République populaire de
Chine, à la cérémonie d'ouverture du Sommet de Beijing du
Forum sur la coopération sino-africaine, 4 novembre 2006 », in
http://www.china-embassy.ch/fra/xwss/t278883.htm
(consulté le 12.02.2007).
* 36 P.-A. BRAUD,
« La Chine en Afrique. Anatomie d'une nouvelle stratégie
chinoise », in
http://www.iss-eu.org/new/analysis/analy124.pdf
(consulté le 26.03.2008).
* 37 « Discours de
Monsieur Hu JINTAO, Président de la RPC, à la
cérémonie d'ouverture du Sommet de Beijing du Forum sur la
coopération sino-africaine, 4 novembre 2006 », op.
cit.
* 38 Idem.
* 39 F. DE LA CHEVALERIE et M.
KA, « Le développement de la Chine, une chance pour
l'Afrique », in
http://www.congopage.com/article3235.html
(consulté le 10.05.2007).
* 40 A cet effet, bien vouloir
lire M. BELANGER, « Le droit à la santé, un droit
fondamental de la personne humaine », in Droit et santé en
Afrique. Actes du colloque international de Dakar, 28 mars - 1er
avril 2005, 1re Animation scientifique régionale du
réseau « Droit de la santé » de l'AUF,
Bordeaux, éd. Les Eudes Hospitalières, 2006, pp. 123-129.
* 41 Cf
« Concrétisations de reprise de relations : la Chine
s'engage à aider le Tchad », in Le Progrès,
N° 2292, lundi 24 septembre 2007, p. 1.
* 42 Ibidem, p. 3.
* 43 Cf. « Le Sommet
de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique adopte la
Déclaration de Beijing », in
http://www.french.xinhuanet.com/french/2006-11/06/content_361677.htm
(consulté le 28.06.2007).
* 44 M. IGRI TAIDA,
« Chine-Afrique. Un partenariat fiable pour le développement
de l'Afrique », in Infotchad, N° 5633 du 12 juillet
2007, p. 2.
* 45 D. MAOUNDE,
« Contractualisation et performance du système de santé
au Tchad. Thèse de doctorat « Ethique et droit
médical », soutenue le 10 décembre 2007 », in
http://www.univ-lyon3.fr/120057/0/fiche_71_article/&RH=INS-RECHthes07
(consulté le 12.03.2008).
* 46 Cf.
« Paludisme », in
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paludisme
(consulté le 12.03.2008).
* 47 Cf. « Le Sommet
de Beijing du Froum sur la coopération Chine-Afrique adopte la
Déclaration de Beijing », in
http://www.french.xinhuanet.com/french/2006-11/06/content_361677.htm
op. cit.
* 48 Le Yuan Renminbi est la
monnaie utilisée par la République populaire de Chine. 1 Yuan =
70 FCFA.
* 49 Si les deux accords de
coopération économique ont été signés le
même jour, 04 janvier 2007, il faut préciser que le premier
accordant un don 3.500.000.000 de F CFA s'est passé entre le Ministre
Délégué du Ministère des Affaires
Etrangères, de l'Intégration Africaine et de la
Coopération Internationale, Son Excellence DJIDDA MOUSSA OUTMAN et
l'Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la RPC en
République du Tchad, Son Excellence, WANG YINGWU Quant au second Accord
octroyant la somme de 2.100.000.000 F CFA, il a été signé,
par Son Excellence AHMAD ALLAM-MI, Ministre Tchadien des Affaires
étrangères, de l'Intégration Africaine et de la
Coopération Internationale, et Son Excellence LI ZHAOXING, Ministre
chinois des Affaires Etrangères.
* 50 Cf. « Le
58è anniversaire de la République populaire de Chine au bord du
fleuve Chari », in
http://www.primature-tchad.org/?2007/10/02/598-le-58eme-anniversaire-de-la-republique-populaire-de-chine-au-bord-du-fleuve-chari
(consulté le 13.03.2008).
* 51 Entretien
réalisé au Ministère de la Santé publique,
notamment à la Direction des affaires juridiques de Ndjaména.
* 52 Selon M. BELANGER,
« Droit à la santé, droit fondamental de la personne
humaine », il est unanimement admis aujourd'hui que
« la notion de santé doit faire l'objet d'une
définition large, concernant non seulement la santé de la
personne humaine (aussi bien la santé publique, c'est-à-dire la
santé collective, que la santé individuelle), mais aussi la
santé animale (du fait de la consommation de chair animale par les
humains, et des risques de propagation de maladies animales à l'homme),
ainsi que ce que l'on peut appeler la santé environnementale -
défense des écosystèmes », in Droit et
santé en Afrique, op. cit., pp. 123-129. C'est dans cette
perspective que nous pouvons parler de « santé
alimentaire » ou « santé
agro-alimentaire » dont la maîtrise des connaissances en
agronomie serait un atout considérable pour améliorer les
conditions de vie en santé alimentaire des populations.
* 53 G. NANASSOUM,
« La politique publique de santé au Tchad. Gestion et
formation du personnel de santé », in
http://www.cefod.org/Tchad%20et%20Cuture/Tchad207/Sante%20au%20Tchad.htm
(consulté le 12.03.2008).
* 54 Entretien
réalisé auprès de la Mission médicale chinoise
à l'Hôpital de la Liberté de Ndjanena, le 24.07.2007.
* 55 Entretien
réalisé auprès du Directeur de l'Hôpital de la
Liberté, Dr Abdelmouti MOUSSA, le 24.07.2007.
* 56 Idem.
* 57 Le Tchad de par sa
situation géographique est présenté comme le
« Coeur de l'Afrique ». Lire à cet effet,
Béyem RONE, « Sans laïcité, le
développement est-il possible au Tchad ?», in Tchad,
quarante ans d'indépendance : bilan et perspectives de la
gouvernance e du développement. Actes du colloque de Ndjaména 25
au 28 février 2002, Ndjaména, CEFOD, p. 58.
* 58 Cf. « Le
58è anniversaire de la République populaire de Chine au bord du
fleuve Chari », in
http://www.primature-tchad.org/?2007/10/02/598-le-58eme-anniversaire-de-la-republique-populaire-de-chine-au-bord-du-fleuve-chari,
op. cit.
* 59 Cf. M.-N. CHOMTANG FONKOU,
Les enjeux géopolitiques et géoéconomiques de la
nouvelle politique africaine de la Chine : le cas du Golfe de
Guinée, Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées (D.E.S.S.) en Relations Internationales, option
Diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2007, p. 78.
* 60 C. RAYMOND,
« Droits pour donner aux individus les moyens de lutte contre la
pauvreté », in
http://www.hcci.gouv.fr/notes_lecture.html
(consulté le 14.03.2008).
* 61 Idem.
* 62 Cf. « Le Premier
Ministre Wen JIABAO arrive à Brazzaville et commence sa visite
officielle en République du Congo », in
http://www.fmprc.gov.cn/fra/zxxx/t259131.htm
(consulté le 09.04.2008).
* 63 M.-N. CHOMTANG FONKOU,
Les enjeux géopolitiques et géoéconomiques de la
nouvelle politique africaine de la Chine : le cas du Golfe de
Guinée, op. cit., p. 80.
* 64 A ce titre, on peut
consulter avec grand intérêt l'ouvrage R. BUIJTENHUIJS, Transition
et élections au Tchad, 1993-1997. Restauration autoritaire et
recomposition politique, Paris, Karthala et ASC, 1998. Dans une perspective
comparative des élections s'étant déroulées au
Congo de Sassou et du Tchad, l'auteur observe que les résultats des
élections organisées dans ce dernier pays entre 1993-1997 ne
reflètent pas les intentions réelles des
électeurs : « Au Congo, dit-il, les
élections présidentielles se déroulées dans la
transparence et l'on peut donc se servir sans restriction des résultats
pour mettre en lumière. Au Tchad, ce n'était pas le cas, (...)
car les résultats ne reflètent pas nécessairement les
intentions réelles des électeurs ». Ainsi, en
faisant le bilan de son analyse, l'auteur parvient à une conclusion
selon laquelle le processus de démocratisation au Tchad est ce que J. F.
BAYART, appelle la « restauration autoritaire »,
en ce sens que les dirigeants en place ont adopté les nouvelles
règles en continuant selon les modalités du passé (du
régime de Hissein HABRE) derrière la façade de
démocratie multipartite. Cf pp. 309-349.
* 65 A.-C. POIRSON,
« Une manne financière qui fait cruellement défaut.
Où est passé l'argent du pétrole
tchadien ? », op. cit.,
* 66 Entretien
réalisé auprès d'une haute personnalité de
l'Ambassade du Tchad en Chine lors de notre séjour à
Ndjaména, notamment le 23.07.2007.
* 67 Cf. « Les
limites de la coopération Chine-Afrique en question », in
http://econoclaste.lejdd.fr/2007/05/19/23-les-limites-de-la-cooperation-chine-afrique-en-question
(consulté le 13.03.2008).
* 68 Idem.
* 69 Entretien
réalisé à Ndjaména auprès du Conseiller
Economique et Commercial, M. Huang MINYUAN, de l'Ambassade de la
République populaire de Chine en République du Tchad, le
26.07.2007.
* 70 Cf. « Les
limites de la coopération Chine-Afrique en question », op.
cit.
* 71 Propos recueillis lors de
notre entretien avec M. Huang MINGYUAN, Conseiller Economique et Commercial de
l'Ambassade de la RPC en République du Tchad, le 26.07.2007.
* 72 P.-A. BRAUD,
« La Chine en Afrique. Anatomie d'une nouvelle stratégie
chinoise », in
http://www.iss-eu.org/new/analysis/analy124.pdf
, op. cit.
* 73 M. AICARDI de Saint-Paul,
« La Chine et l'Afrique, entre engagement et
intérêt », in Géopolitique africaine,
N° 14, Paris, Printemps, 2004, p. 14.
* 74 L. WOETS et L. LIPAWING,
« La stratégie africaine de la Chine »,
Marianne, La vérité sur le modèle chinois et sur le
modèle anglais, Paris, du 23 au 29 juillet 2005, p. 44.
* 75 J. NESSI,
« L'Afrique, nouveau terrain de chasse de la Chine »,
op. cit.
* 76 Cf. « Faut-il
avoir peur de la Chine ? », in Jeune Afrique N°
2392, du 12 au 18 novembre 2006, p. 52.
* 77 Si la production de
l'or noir tchadien estimée à 200 000 barils par jour depuis
2003 reste encore faible comparée à celle du Nigeria (2 millions
de barils/jour), l'exploitation prévue sur vingt cinq ans devrait
fournir un peu plus de 2 milliards de barils au total, soit 80 millions de
barils attendus dans les prochaines années. A cet effet, voir A.-C.
POIRSON, « Une manne financière qui fait cruellement
défaut. Où est passé l'argent du pétrole
tchadien ? », op. cit.
* 78 Ahmed SOUNGUI est
l'Ambassadeur du Tchad en chine que nous avons eu l'opportunité de
rencontrer lors de son passage éclair à Ndjamena et qui nous a
entretenu longuement sur la coopération Chine-Tchad, ce jour 19.07.2007.
* 79 Ce point de vue est
partagé par bon nombre des Tchadiens que nous avons rencontrés
aussi bien au Ministère des infrastructures du Tchad, au
Ministère de l'Aménagement du Territoire, de l'Urbanisme et de
l'Habitat (Projet d'Appui au Développement Local, PROADEL), qu'au
Ministère du Plan et de la Coopération du Tchad, le
20.07.2007.
* 80 P.-A. BRAUD,
« La Chine en Afrique. Anatomie d'une nouvelle stratégie
chinoise », in
http://www.iss-eu.org/new/analysis/analy124.pdf
(consulté le 26.03.2008).
* 81 Cf. « Gestion
des ressources humaines », in
http://www.afd.fr/jahia/Jahia/lang/fr/jahia/home/NosProjets/PortailSante/pid/1095
(consulté le 15.03.2008).
* 82 M. MBENGUE FAYE et
ABDELKERIM NEDJIM, « Deuxième projet population et lutte
contre le sida (PPLS2). Plan de Gestion des déchets biomédicaux.
Rapport de juillet 2007 », in
http://www.wds.worldbank.org/external/defaut/WDSContentServer/WDSP/IB/2007/08/23/00001182320070823170553/Original/E16900Plan0Geslux0Tchad01700juillet.doc
(consulté le 13.03.2008).
* 83 A. BENGALY,
« Ethique et gestion des politiques et des institutions de
santé : tentative de réflexion sur le cas du
Mali », in Droit et santé en Afrique, op. cit., p.
98.
* 84 Idem.
* 85 G. NANASSOUM,
« La politique publique de santé au Tchad. Gestion et
formation du personnel de santé : encore un effort à
faire », in
http://www.cefod.org/Tchad%20et%20Culture/Tc207/Sante%20au%20Tchad6.htm
(consulté le 29.02.2008).
* 86 R. SAINHOUNDE KOUKPO,
« Le droit de la santé au Bénin : état des
lieux », in Droit et santé en Afrique, op.
cit., p. 25.
* 87 Ibidem, p. 26.
* 88 L. WOETS et B. L.
LIPAWING, « La stratégie africaine de la Chine », in
Marianne, La vérité sur le modèle chinois et
sur le modèle anglais, op. cit., p. 14.
* 89 C. PHILIPPE et L. RICHARD,
« La Chine, paradis du néolibéralisme »,
Marianne, La vérité sur le modèle chinois,
op. cit., p. 45.
* 90 Le partenariat
Chine-Tchad, comme nous l'avons souligné tout au début de ce
travail, a été inauguré depuis les années 72, mais
suite aux troubles politico-militaires qui ont jalonnés l'histoire du
Tchad, il aura subi des ruptures et de rétablissements diplomatiques
à plusieurs reprises.
* 91 P. COHEN et L. RICHARD,
« La Chine, paradis du néolibéralisme »,
La Vérité sur le modèle chinois, op. cit., p.
45.
* 92 Nous en voulons ici pour
un cas illustratif le problème du passe-port de la zone CEMAC
(Communauté des Etats Monétaires de l'Afrique centrale) dont
jusqu'aujourd'hui les chefs d'Etat de la zone ne parviennent pas à
s'accorder sur sa mise en circulation.
* 93 Y. E. AMAIZO,
« Une nouvelle coopération Chine-Afrique : Des erreurs
à ne plus reproduire »,
http://www.afrology.com/eco/pdf/chinafrique.pdf
(consulté le 13.03.2008).
* 94 Idem.
* 95 Idem.
* 96Y. E. AMAIZO,
« Une nouvelle coopération Chine-Afrique : Des erreurs
à ne plus reproduire », op. cit.
* 97 P. COHEN et L. RICHARD,
« La Chine, paradis du néolibéralisme »,
La vérité sur le modèle chinois, op. cit., p.
45.
* 98 Cf. « Jacques
Bonjawo récidive avec l'Afrique du XXIè siècle. L'Afrique
de nos volontés », in
http://www.icicemac.com/edito/zappe.php3
(consulté le 17 avril 2008).
* 99 Idem.
* 100 S. ALOUKA,
« Rôle des organisations de la société civile
dans la promotion du droit à la santé en Afrique », in
Droit et santé en Afrique, op. cit., p. 138.
* 101 J.-M. FARDEAU,
« A la Une. Qui veut vraiment éradiquer la
faim ? », La Lettre d'information trimestrielle du
Comité Catholique contre la faim et pour le Développement
(CCFD), N° 30, juillet 2007, Paris, p. 3.
* 102 Cf. S. ADOUM et F.
MBALLA, « Contribution de la société civile à la
promotion des droits de l'homme en Afrique centrale : Essai
d'analyse », in Dynamiques citoyennes et dignité humaine
en Afrique centrale. Etudes et documents de l'APDHAC, Cahier africain
des droits de l'homme, N° 08, juin 2002, Yaoundé, Presses de
l'UCAC, pp. 223-261.
* 103 C. MONGA, cité
par J. D. BOUKONGOU, « Prolégomènes sur la contribution
de la société civile à la promotion de la dignité
humaine au Cameroun », in Dynamiques citoyennes et
dignité humaine en Afrique, op. cit., p. 19.
* 104 J. D. BOUKONGOU,
« Prolégomènes sur la contribution de la
société civile à la promotion de la dignité humaine
au Cameroun », in Dynamiques citoyennes et dignité
humaine en Afrique, op. cit., pp. 27-28.
* 105 J.-M. FARDEAU, op.
cit., p. 2.
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