I. INTRODUCTION
I.1. CONTEXTE GENERAL
La Côte d'Ivoire, après une première phase
de faste croissance économique due aux énormes recettes
d'exportation des années 1970, a eu recours à l'intervention des
bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux1. Ces
interventions qui ont concernées un bon nombre de pays africains,
quelque soit d'ailleurs leur niveau de développement économique,
sont consécutives à des déséquilibres persistants
de leurs balances des paiements.
Plusieurs études concordantes tendent à montrer
à cet égard que dans la plupart de ces pays, à plus ou
moins brève échéance, les déséquilibres
extérieurs ont été résorbés,
entraînant un renversement de tendance du taux de croissance, dû en
l'occurrence par la reprise - voire par l'accélération - des
exportations, au demeurant favorisée par exemple - s'agissant des pays
membres de la zone UEMOA à l'instar de la Côte d'Ivoire - par la
dévaluation2.
Mais concomitamment, les déficits intérieurs,
essentiellement budgétaires, aggravés par l'endettement public
extérieur, persistent.
Le taux de chômage des jeunes de plus en plus
scolarisés enregistre une hausse exponentielle, on assiste
parallèlement à une expansion sans précédent du
secteur informel de l'économie3.
En fin de compte, on ne peut qu'admettre que les résultats
attendus de la mise en oeuvre de ces programmes n'ont pas été
atteints dans un pays comme la Côte d'Ivoire.
L'encouragement de la privatisation qui s'est soldé par
la liquidation ou la cession au privé d'une vingtaine d'entreprises
publiques, le gel des salaires, l'arrêt des embauches dans la fonction
publique, la hausse des prix des services publics, la hausse des impôts
indirects (TVA) et des droits de douane ont eu pour effet une forte contraction
de la demande intérieure.
Le niveau de l'investissement aussi bien public que
privé n'a fait que baisser dans une économie ivoirienne
secouée par des chocs extérieurs imprévus : la forte
hausse du dollar, l'accroissement des taux d'intérêt (qui
alourdissent le poids de la dette) et la détérioration des termes
de l'échange affectant gravement ainsi le déficit de la balance
courante.
1 World Bank, 1994
2 Calimitsis et al. 1999
3 Roubaud, 1994
Selon Bernard Guerrien, «l'investissement
est une opération qui consiste-pour une entreprise ou pour un pays
à augmenter le stock de moyen de production (machines,
équipements, de tous types, infrastructures, biens de tout ordre, mais
aussi acquisition de connaissance et de formation des hommes), avec pour
perspective une production future »4.
De cette définition on peut donc retenir que la seule
différence entre l'investissement public et privé provient de
l'identité de l'investisseur. L'investissement est donc public ou
privé selon qu'il soit effectué par l'Etat ou par un
opérateur privé.
L'analyse des déterminants de l'investissement et
croissance économique a développé de nouvelles
théories depuis les années 1980. Pour certains
économistes, le rôle que jouerait l'investissement public dans
l'accumulation du capital privé et dans la croissance est primordial.
Ces théories soulèvent le débat entre les
économistes classiques et les keynésiens.
En effet, selon une conception néoclassique toute
hausse des dépenses publiques évince l'investissement
privé via une réduction du crédit disponible et une
augmentation du coût du capital. En d'autres termes, les déficits
du secteur public «évincent» l'investissement privé en
poussant les taux d'intérêt à la hausse et en
réduisant la quantité de crédit disponible pour le secteur
privé5.
Au contraire, pour les Keynésiens, les dépenses
publiques et plus particulièrement les investissements publics
influencent positivement le secteur privé à travers un effet
multiplicateur.
Face à une telle contradiction, il devient
impératif d'analyser les interactions qui coexistent entre capital
public et privé en Côte d'Ivoire.
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