La justice aristocratique dans la généalogie de la morale de Nietzsche( Télécharger le fichier original )par Pierre Morien MOYO KABEYA Faculté de philosophie Saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 0000 |
III. 5. LA JUSTICE DIVINEIII. 5. 1. La naissance de DieuxLa société primitive est bâtie sur le rapport de contrat entre le débiteur et le créancier. Ce rapport a été introduit de façon incompréhensible pour nous et peut être contestable. Il s'agit du rapport qui devait exister entre la génération actuelle et les précédentes. En effet, dans la société primitive, la génération vivante avait des obligations juridiques avec les précédentes. Elle avait la conviction que la société, l'espèce doit sa survie aux sacrifices et aux productions des ancêtres. Et donc on reconnaissait par ce fait une dette dont on devait s'acquitter. Cette dette est d'autant plus importante que la race grandit et prospère (des sacrifices, des fêtes, des chapelles, vénérations d'obéissance). Mais l'homme a toujours l'impression de n'avoir pas assez donné. La crainte va toujours grandissant. La crainte des ancêtres et la conscience de sa puissance grandissent dans la même mesure que la société devient victorieuse. Et chaque fois que la décadence survient, la dégénérescence de la race, les accidents diminuent la crainte des ancêtres. Dans cette même logique de prospérité poussée à l'extrême, la vénération des ancêtres prend des formes monstrueuses. Il faut situer l'origine des dieux. En outre, l'histoire montre qu'avec la naissance de la noblesse, les dieux auront toutes les meilleures qualités nobles. La dette voilà par où elle conduit. Toutefois, si ce sont les ancêtres qui sont transformés en Dieux, il est clair que la génération vivante ait des comptes à rendre à celui à qui on attribue tout bien être de la communauté. III. 5. 2. Dette envers la divinité« De même que l'humanité a hérité les concepts `bon et mauvais' de la noblesse de race..., de même la voie de l'héritage lui a valu et la dignité de race et de souche et l'oppression des dettes impayées jointes au désir de s'acquitter. »89(*) Le sentiment de dette s'est accru dans la même proportion que l'idée de dieu et le sentiment de la divinité ont grandi et se sont développés. Il faut se dire que la marche vers la société universelle et aussi marche vers l'universalité du divin. L'avènement du dieu des chrétiens est l'expression la plus haute du divin jamais atteint. Il a fait éclore le maximum de sentiment d'obligation. Si on suppose que nous entrons dans un mouvement contraire, il faut conclure que le déclin du christianisme conduira au déclin du sentiment de dette chez l'homme. « On pourrait même prévoir que le triomphe complet et définitif de l'athéisme libérerait l'humanité de tout sentiment d'une obligation envers son origine, sa causa prima. L'athéisme et une sorte de seconde innocence sont liés l'un à l'autre. »90(*) * 89 Ibid., p. 148. * 90 Ibid., p. 149. |
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