MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 1
ENJEUX DE LA COPERATION DECENTRALISEE
FRANCON-BURKINABE DANS LE DEVELOPPEMENT URBAINDE OUAGADOUGOU
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET GENERALITES SUR
L'URBANISATION DE OUAGADOUGOU,
LA DECENTALISATION ET LA COOPERATION DECENTRALISEE
FRANCO-BURKINABE 12
I. La problématique 12
1.1 La revue de littérature 12
1.2 De la définition de la coopération
décentralisée 16
1.3 La présentation du problème 18
1.3. ILe problème général 18
1.3.2 Le problème spécifique 20
1.4 Les hypothèses et la méthodologie de
recherche 20
1.4.1 L'hypothèse principale 20
1.4.2 Les hypothèses secondaires 20
1.5 La méthode de recherche 20
1.5.1 Les techniques de collecte des données 21
1.5.2 Le déroulement de l'enquête et les
difficultés rencontrées 21
IL L'historique de l'urbanisation, de la décentralisation
et de la coopération décentralisée 22
2.1. Les origines et l'évolution delà
vile de Ouagadougou 22
2.1.1 Ouagadougou durant la période coloniale
22
2.1.2 L'impact des aménagements postcoloniaux
à Ouagadougou 23
2.1.3 La Situation géographique et les
caractéristiques démographiques de Ouagadougou 24
2.2 L'historique du processus de décentralisation au
Burkina Faso 27
2.2.1 Les prémices de la décentralisation avant les
indépendances 27
2.2.2 Des indépendances à la
décentralisation intégrale : la consolidation du processus 28
2.3 L'évolution delà coopération
franco-burkinabé 30
2.3.1 Les grandes étapes de la
coopération décentralisée depuis les indépendances
30
2.3.1.1 Les premières tentatives 30
2.3.1.2 Les nouvelles approches 30
2.3.2 L'évolution du cadre institutionnel
et les actions en matière de coopération
décentralisée en France 32
CHAPITRE IL ORGANISA TION D U SECTEUR DE LA COOPERA
TION DECENTRALISEE A U BURKINA FASO
34
I. Les pouvoirs publics et leurs rôles 34
1.1 L'Etat et les services déconcentrés 34
1.2 Les Directions spécialisées publiques de la
coopération décentralisée 35
1.3 Les collectivités territoriales 36
IL Les organisations de la société civile 37
2.1 Les associations ° OIvIEQMdDIsMllMjOIP
llBl-coopération 38
Le Comité National de Jumelage 38
Les Comités Locaux de Jumelage 38
2.2 L'Association des Municipalités du Burkina Faso et
de la Maison de la Coopération Décentralisée 39
2.3 Les ONG et les autres Association 40
CHAPITRE! PLACE DES ACTEURS ET PORTEE DE LA COOPERATION
DECENTRALISEE FRANCO-
BURKINABE 44
I. Le rôle des acteurs 44
1.1 L'impulsion de la coopération
décentralisée 44
1.2 La maîtrise d'ouvrage et Vaccompagnement de
la coopération décentralisée 46
IL Les domaines d'intervention et les acquis 48
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 2
2.1 Les bases juridiques de la coopération
décentralisée 48
2.2. La nature des appuis 49
2.2.1 L'assistance financière et économique
49
2.2.2 L'appui technique 51
2.3 Les domaines d'appuis 52
2.3.1 L'éducation, la formation et la culture
52
2.3.2 Le sport et les loisirs 54
2.3.3 La santé, l'hygiène, l'assainissement
et l'action sociale 54
2.3.4 La Sécurité urbaine 55
CHAPITRE II. DIFFICULTES RENCONTREES PAR LA
COOPERATION DECENTRALISEE ET PERSPECTIVES 58
1. Les limites et les travers de la coopération
décentralisée 58
1.1. Les Facteurs de blocage 58
1.2. Les non-dits de la coopération
décentralisée 59
IL Les perspectives pour améliorer l'impact de la
coopération 62
2. 1. Les Insuffisances de la coopération
décentralisée 62
2.2 Des propositions d'action de renforcement de la
coopération 63
2.2.1 Pour les autorités communales de
Ouagadougou, 63
2.2.2 Pour les services techniques en charge de la
coopération décentralisée 63
2.2.3 Pour les partenaires français 64
Conclusion 65
BILBLIOGRAPHIE 67
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 3
INTRODUCTION
Les sociétés humaines, interdépendantes
les unes des autres, développent des relations réciproques
indispensables à leur existence. Dans cette optique, les relations de
coopération sont à priori des rapports de solidarité
développés entre deux ou plusieurs Etats, collectivités,
ONG, ou associations dans le sens de l'amélioration des conditions de
vie des populations.
L'exemple de la coopération franco-burkinabé qui
est mis en exergue dans ce travail offre l'occasion d'un meilleur cadre
d'analyse de ce système de relations humaines entre les
sociétés. La coopération franco-burkinabé
appelée à s'accroître et à s'intensifier est de
l'avis de Goldblatt (2008) « exemplaire et diversifiée ». Le
Burkina figurant « dans le top ten des pays les plus aidés par la
France1 ». Malgré l'importance capitale de cette
coopération, l'évolution des questions de développement et
la nécessité d'impliquer toutes les couches sociales dans la
gestion des affaires publiques, ont conduit au processus de
décentralisation.
Souvent assimilée aux relations extérieures des
collectivités, la coopération décentralisée
matérialise une volonté de solidarité et d'échanges
entre collectivités du Nord et du Sud. Elle résulte souvent de
liens historiques, d'amitiés institutionnelles ou personnelles et de
l'héritage des flux migratoires. Les actions entreprises prennent des
formes et des amplitudes extrêmement variées selon les
partenariats, avec un champ sectoriel ouvert2.
Cette nouvelle forme de coopération s'est
renforcée suite à l'adoption de la décentralisation par
les pays du Sud. Au Burkina Faso, la décentralisation, dans sa forme
actuelle a progressivement pris corps avec l'adoption de nombreux
textes3. « La décentralisation est avant tout l'affaire
de capital social4, c'est-à-dire de ressourcement à la
base ; c'est par la mise en place de réseaux de solidarités
horizontales5, fondées sur la confiance mutuelle, que doit
s'étayer la vie communautaire dans le sens d'une participation plus
active aux
1 Voir, « coopération
franco-burkinabé ; séculaire et exemplaire », in SIDWAYA
n° 6183 du 28mai 2008. P3. Dans ce bilan fait sur cette coopération
à l'occasion d'une conférence de presse, l'Ambassadeur Goldblat
relève que les chiffres témoignent que les aides
budgétaires sont passées de 31 milliards 919 millions en 2007
à près de 50 milliards en 2008.
2 AFP, Partenariat entre l'AFP et la coopération
décentralisée, Mars 2005.
3 La révision de la RAF en1996, la création du
CONACOP en 2000, l'adoption des TOP en 2002 et la loi N° 055-2004/AN du 21
décembre 2004 portant CGCT.
4 Capital social : ensemble des liens et réseaux qui
unissent des groupes et des personnes au sein d'une communauté qu'ils
soient géographiques ou professionnels.
5 Solidarité horizontale : solidarité entre secteur
public et société civile.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 4
affaires des collectivités de base ».6
Cette définition qu'on emprunte volontiers à Lemarchand R.
amène à s'interroger sur la situation réelle de
l'état de cette politique au Burkina Faso.
Bien que le concept de décentralisation se
décline d'un pays à l'autre, l'objectif affiché par la
décentralisation est une meilleure efficacité dans l'ensemble des
aspects économiques et sociaux du développement local. L'atteinte
de cet objectif nécessite la prise en compte de certaines conditions :
les collectivités doivent disposer sans ambigùité des
attributions ad hoc, bénéficier des ressources nécessaires
ou pouvoir les lever, avoir accès à des financements, disposer du
savoir-faire et des moyens humains nécessaires à la mise en
oeuvre des investissements. Force est cependant de reconnaître que les
collectivités locales des pays en développement réunissent
rarement l'ensemble de ces conditions. Ces collectivités, assez proches
des populations, sont chaque fois interpellées par la situation de
pauvreté qui frappe la grande partie de cette masse. Cependant leurs
ressources si limitées constituent parfois un frein à la
construction d'actions plus efficaces.
En outre, la décentralisation est apparue à un
moment où les villes du Sud connaissent une explosion sans
précédent. En effet, le rythme rapide d'urbanisation des pays en
voie de développement et émergents et la montée
concomitante des pouvoirs locaux renforcent considérablement le
rôle des collectivités locales du Sud dans les services de base
aux populations. A l'instar des autres villes, Ouagadougou connaît les
mêmes problèmes. Ses limites s'étendent continuellement,
impliquant un certain nombre de questions. Quelles sont les implications
socioéconomiques et sociopolitiques de cette urbanisation croissante ?
Quelles actions entreprennent les collectivités de Ouagadougou pour
répondre aux besoins fondamentaux auxquels ses populations font face
?
Conscient de la modicité des subventions
accordées aux collectivités territoriales, le législateur
burkinabé a formalisé la possibilité pour les communes
nationales d'entretenir des liens avec des collectivités territoriales
ou ONG étrangères7. Face alors aux échecs de la
coopération classique qui a montré ses limites dans les
différentes politiques de développement, les différents
partenaires au développement ont révisé leurs
stratégies d'intervention pour beaucoup plus d'efficacité dans
leurs actions, ce qui a débouché sur une nouvelle forme de
coopération appelée « coopération
décentralisée. »
6 Comprendre la coopération décentralisée et
ses enjeux (1999), mise en ligne le 19 juillet 2004 sur le site
www.cota.be .
7 Aux termes de l'article 9 al 3 de la loi N° 055-2004/AN
du 21 décembre 2004 portant CGCT : « La collectivité peut
entreprendre dans les conditions prévues par la loi et dans le cadre de
leurs compétences propres, des actions de coopérations qui
donnent lieu à des conventions avec des CT de pays étrangers ou
organismes internationaux publics ou privés oeuvrant dans le domaine du
développement ».
|
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 5
En effet, le bilan de l'aide apportée à travers
la coopération bilatérale et multilatérale, est
mitigé. C'est pourquoi la coopération décentralisée
est entrée dans la convention de Lomé (IV) de l'UE en 1990 et
s'affirme de plus en plus comme une approche mieux adaptée à la
mise en oeuvre de la décentralisation et à la lutte contre la
pauvreté. Comment s'est développée cette forme de
coopération dans le cadre de la ville de Ouagadougou ? Comment
fonctionne t-elle dans la pratique au Burkina Faso? Que peut être son
apport réel dans le développement de Ouagadougou ?
Cette étude s'articulera essentiellement autour de deux
axes. Après la problématique, une description de l'historique de
l'urbanisation, de la décentralisation et de la coopération
décentralisée sera présentée, ensuite une analyse
du cadre juridico- institutionnel des acteurs impliqués dans cette
coopération décentralisée sera faite (Partie I). Cette
étape donnera suite à l'examen de l'action pratique des acteurs
et l'impact de la coopération décentralisée. Enfin, il est
important de jeter un regard critique sur l'action de cette coopération
(Partie II).
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 6
CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET GENERALITES SUR
L'URBANISATION DE OUAGADOUGOU, LA DECENTALISATION ET LA COOPERATION
DECENTRALISEE FRANCO-BURKINABE
/. La problématique
1.1 La revue de littérature
Magnard Franck et Tenzer Nicolas (1988), notent que,
«dans les pays en voie de développement, l'urbanisation a toujours
précédé l'industrialisation, la croissance des villes
africaines est extrêmement forte et les plus grandes d'entre elles
doublent et doubleront encore jusque vers les années 2020 tous les 10
ans.>, Selon ces mêmes auteurs, les politiques d'actions urbaines sont
difficiles à concevoir pour plusieurs raisons. Il faut reconnaître
leur caractère peu opérationnel, faute de moyens financiers
suffisants et du fait de pesanteurs sociologiques évidentes. Aussi,
font-ils remarquer que : « la coopération est singulièrement
limitée dans ce secteur et cherche encore sa voie. >, ils concluent
qu'« il est vraisemblable qu'en terre africaine, l'efficacité des
actions de protection urbaine est largement conditionnée par l'attention
que les citadins pourront eux-mêmes porter à la ville>,.
Jaglin Sylvy (1995) soutient quant à elle que:
«dans les expertises internationales, la gestion urbaine n'est encore
souvent qu'un "prêt-à-penser" et une bannière
idéologique de politiques opérationnelles en quête de
réconciliation avec les réalités sociales urbaines des
pays en développement. Elle ne parvient ni à un modèle
crédible d'administration des cités, à la fois
légitime et efficace, ni à une prise en compte pertinente de la
vitalité des sociétés africaines, rebelles aux carcans
normatifs à l'intégration urbaine standardisée, à
la promotion de citadins contribuables, répertoriés et
fiscalisés>,8. L'intérêt qu'elle donne
à son étude sur la gestion urbaine à Ouagadougou porte
moins sur l'analyse des échecs répétés de projets,
que sur celles des dispositions qui assurent, en dépit des carences de
l'encadrement officiel, comme la crise aiguë des finances publiques, le
fonctionnement des cités. Elle reconnait avec nombre d'auteurs
qu'à travers la décentralisation, les collectivités
locales sont partiellement investies d'une nouvelle responsabilité car
étant animatrices du développement, elles sont en effet
supposées orchestrer des dynamismes catalyseurs jusqu'alors
occultés par des bureaucraties technocratiques et centralisées.
Mais la tâche qui incombe à ces collectivités s'est
alourdie eu égard au phénomène d'explosion urbaine.
Les villes connaissent en effet, un développement
englobant des unités administratives préexistantes. Ainsi, ces
dernières trouvent difficilement leur place dans la structure
Sylw Jaqlin Gestion partagée à Ouagadougou,
pouvoirs et périphéries ed Karthala-ORSTOM, Paris, 1995 p1
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 7
territoriale compacte, continue et bornée, des
découpages habituels9. Pour Jean Pierre Elong10,
les villes et la manière dont elles croissent en dehors de tout
contrôle, sont un aveu d'échec des politiques de
développement et d'aménagement du territoire
énoncées. Dans cette logique, l'auteur soutient que la
communauté internationale n'est plus en mesure de proposer des solutions
globales comme cela se faisait dans les années 1970 pour canaliser la
maîtrise de l'urbanisation. Laisser les villes africaines évoluer
en pilotage automatique comme c'est globalement le cas actuellement dans la
plupart des pays serait selon lui, courir le risque d'avoir une Afrique
ingouvernable à terme. Les politiques de décentralisation se
présentent dès lors comme le pilote dans cet avion. Leur
nécessité est encore plus évidente quand on sait que la
population urbaine se double chaque 18 ans et qu'en 2020, les villes africaines
devraient accueillir une population semblable à celle qui s'est
installée en ville depuis les 50 dernières années. Or,
près de 60% des citadins vit dans des quartiers urbains peu
aménagés et sous équipés11.
Jean Michel Severino (2007)12, directeur
général de l'AFD remarque que d'ici 2030, le monde comptera cinq
milliards d'urbains, soit 60% de la population totale. La majeure partie de
cette croissance urbaine se manifestera dans les pays en développement
à cause de la « désertification du milieu
rural13». En l'espace d'une génération, le nombre
d'habitants des villes augmentera de plus d'un milliard en Asie et de 400
millions en Afrique. Son inquiétude porte particulièrement sur
les cités urbaines débordées par l'exode rural où,
selon lui, « les gourbis l'emportent de plus en plus ; véritables
bidonvilles voire "bidonvillages" sans voirie existante ou possible, celles-ci
demeurent ingérables sinon dans la dépendance étroite de
"l'ingérence humanitaire" selon le modèle de nos Etats
euxmêmes adonnés au sérum conditionnel des bailleurs
extérieurs. »
L'auteur dénonce ici la fuite de responsabilité
de l'Etat qui semble jeter en pâture les communes nouvellement
créées en proie à une démographie galopante,
à une technologie exponentielle et à un monde globalisant et en
perpétuelle mutation vers des cités démiurgiques. Le
dossier documentaire n°002 de I'ADP(1995) appuie également cette
idée en dévoilant que « le regain d'intérêt
pour les reformes et la démocratie émerge alors que l'Afrique de
l'Ouest connaît une croissance démographique rapide, concomitante
à une
9 Institut de la décentralisation, La
décentralisation en France. L'état des politiques publiques, la
dynamique des réformes locales, la dynamique européenne,
Paris, La découverte, 1996, p90.
10 Jean Pierre Elong M., « Quelle gouvernance pour
les villes d'Afrique ? » in Bulletin Ville en
développement, N° 67-68 ? Juin-Juillet, 2005, p 6-7.
1 Jean Pierre Elong M., « Le
financement de l'urbanisation et de la décentralisation
», in Ville en développement, N° 47 de mars 2000, pi
12Jean - Michel severino,
Décentralisation et développement urbain, in Ville et
développement, n°77, 2007, pi
13 Selon l'institut français de la
décentralisation, elle est le corollaire de la croissance urbaine. Elle
est le résultat de l'exode rural.
|
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 8
restructuration du peuplement.». L'auteur du dossier
documentaire n°002 s'est appesanti sur l'idée que : « de
puissants mouvements de populations de l'intérieur des terres vers les
pays côtiers et des zones rurales vers les villes, sont à
l'origine d'un taux d'urbanisation de 44% en 1990» et révèle
qu'à l'horizon 2020, plus de la moitié des africains de l'Ouest
vivront dans une ville.
Ces statistiques renforcent les inquiétudes quant
à la question de l'urbanisation galopante des villes du Tiers Monde. Les
besoins en investissements qu'implique cette croissance sans
précédent s'ajoutent à tous les retards accumulés,
que ce soit en matière d'équipements, de services essentiels,
d'environnement, d'habitat et de gestion urbaine. «L'explosion urbaine
concerne en premier lieu les agglomérations des pays en voie de
développement, qui se trouvent ainsi confrontées à des
enjeux considérables en matière de logements, d'emplois, de
transports, de ressources, d'élimination de déchets, de pollution
et d'une façon générale de dégradation des
conditions de vie et d'environnement alors que dans le même temps les
nouveaux citadins, issus des zones rurales, voient dans la ville la promesse
d'un niveau de vie plus élevé14 ». A ce mirage se
substitue l'omniprésence du risque qu'il soit technologique,
économique, sociétal, sanitaire, voire d'origine naturelle.
L'urbain en concentrant la complexité et les problèmes des
sociétés contemporaines, devient en effet, un lieu d'incertitudes
propice à des événements de grande ampleur aux
conséquences parfois catastrophiques. On assiste à une
complexification des risques en raison d'activités humaines toujours
plus nombreuses et diversifiées, qui interagissent davantage les unes
avec les autres à l'échelle d'un territoire15.
Concernant les risques technologiques, la plupart sont
liés aux industries chimiques et principalement
pétrolifères, notamment dans les filières de distribution
d'essence. Il ne s'agit pas toujours de risques majeurs mais de risques
inhérents au fonctionnement des usines, risques pouvant être
aggravés par la situation de ces usines ou des lieux de stockage des
produits dangereux à proximité des zones d'habitation. La
sécurité civile et les risques majeurs font partie mais pas
totalement des compétences transférées par l'Etat aux
collectivités locales en Afrique. Il s'agit la plupart du temps d'une
dévolution faible, les Etats gardant encore de larges pans de
responsabilité dans le secteur. D'une façon
générale, si à la lecture des textes relatifs à la
prévention et à la gestion de risques majeurs, on peut avoir
l'impression que les collectivités locales ont des
responsabilités plus ou moins cernées, force est cependant de
constater qu'elles n'ont pas forcément de moyens spécifiques et
suffisants pour y faire face et que le rôle de l'Etat reste
14 Nicole Ameline, Villes et risques, la
vile durable, enjeu du XXIe siècle
? in Ville et développement, n°65, 2004, p1.
15 Nicole Ameline, op cit, p2.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 9
prépondérant. De fait, il apparaît
à l'observation que cette préoccupation est relativement nouvelle
aussi bien pour les élus locaux que pour les services techniques qui les
assistent et que la prévention reste relativement absente des actions
des équipes municipales. Les différents auteurs posent ici
l'épineux problème de l'exode des populations rurales vers les
villes et de l'urbanisation, un phénomène qui ne facilite pas
l'aménagement urbain même dans le cadre de la
décentralisation.
Les relations de coopération
décentralisée entre le Burkina et la France apparaissent aux
lendemains des indépendances. Ces relations étaient dès la
base créées par les jumelages-coopérations fondées
sur des principes de solidarité et d'amitié et organisées
autour d'une démarche d'appui ponctuel par projet. La coopération
décentralisée est le couronnement du processus de la
décentralisation. Elle constitue pour les collectivités
territoriales un levier pour la mise en oeuvre des projets et autres politiques
publiques qu'ils développent. Dans toutes les régions du monde,
au sud et au nord, les gouvernements locaux intensifient leurs partenariats de
coopération décentralisée. Cette forme de
coopération, souvent appelée une coopération de
proximité, est à la fois professionnelle et humaine. Elle vise
à toucher réellement les populations démunies en leur
apportant ce dont elles ont le plus besoin16.
La coopération décentralisée au Burkina
Faso implique les collectivités urbaines et rurales bien que la
dimension urbaine de cette coopération soit prédominante. Sous
l'impulsion des villes du Sud et des organisations de la société
civile, et avec l'appui du sommet Habitat II, les pays réunis à
Istanbul en juin 2000 ont reconnu l'importance décisive du niveau local
pour le développement. Considérées pendant longtemps comme
le lieu du cumul des difficultés, les villes apparaissent
désormais comme productrices de ressources et d'opportunités. En
même temps, la ville est un échelon essentiel pour progresser vers
la démocratie (Cities alliances/objectifs n°48 juin 2000, P1). Ceci
montre combien importante est la place occupée par les villes dans le
développement des pays. Le présent travail se table sur la
coopération décentralisée franco-burkinabé dans sa
dimension urbaine. La coopération décentralisée
franco-burkinabé est non seulement la plus ancienne mais aussi la plus
élaborée au Burkina Faso.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
10
1.2 De la définition de la coopération
décentralisée
La coopération, selon Antoine Vion et Emmanuel
Négrier (2002), est le résultat d' « un étagement de
la diplomatie 17». La coopération s'inscrivant dans une
logique d'apaisement des rapports entre acteurs sociaux, elle est la
résultante des rapports diplomatiques ou le moyen de leur construction.
L'objet de la diplomatie est la réduction et l'effacement des tensions
et crises et l'instauration d'un climat de paix. Le concept de
coopération décentralisée est à la fois nouveau et
ancien. Nouveau, car peu de théories y sont consacrées, ancien du
fait qu'elle a existé d'abord sous la forme de jumelage depuis la fin de
la seconde guerre mondiale en Europe pour réconcilier les
ex-belligérants. C'est ainsi que les premiers jumelages sont nés
entre les villes françaises et allemandes. Ce genre de partenariats
s'est étendu aux pays de l'Europe de l'Est pendant la guerre froide. En
Afrique, elle a fait son apparition aux lendemains des indépendances
pour favoriser la paix à travers des actions d'aides ponctuelles. Au
Burkina Faso, le premier jumelage est celui entre la ville de Ouagadougou
(capitale politique du Burkina Faso) et celle de Loudun (ville
française) qui date de 1967.
La conception qu'on peut qualifier d'extensive, accorde la
qualité d'agent de coopération décentralisée
à tous les acteurs infra-étatiques, c'est-à-dire toutes
les organisations et personnes morales qui ne relèvent pas directement
du gouvernement, qu'elles soient publiques ou privées. Il peut s'agir de
la sorte aussi bien de collectivités et autorités territoriales,
que de chambres consulaires ou de métiers, d'universités, de
centres de recherche, d'associations, d'ONG, etc. Dans cette conception, les
associations et organisations de solidarité internationale jouent un
rôle central dans les relations de l'émergence des
collectivités et autorités territoriales de coopération.
Ainsi, pour cette conception, la coopération décentralisée
comprend toute action internationale mise en oeuvre par des acteurs
infra-étatiques. Cette approche est adoptée par la Commission
européenne. En revanche, la conception que l'on peut qualifie de
restrictive accorde la qualité et le statut d'agent de
coopération décentralisée uniquement aux
collectivités et autorités territoriales, car on considère
qu'il s'agit de relations décentralisées au sens étroit de
l'expression. Les acteurs de la coopération, dans ce cadre, sont les
collectivités décentralisées et leurs groupements. Ainsi,
toute collectivité ou institution publique, disposant d'une
assemblée élue au suffrage universel, peut mener des actions
de
17 Antoine Vion et Emmanuel Négrier, La
coopération décentralisée, un étage du jeu
diplomatique, CEPEL Montpellier Contribution à l'atelier Les
nouvelles formes de la diplomatie, Congrès AFSP, Lille, 21 septembre
2002. P3. 17 Rapport Sommet Africités, 18-22 septembre 2006,
Nairobi, pi
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
11
coopération décentralisée. Ce sont donc
les autorités locales élues qui ont par excellence le statut
d'agent de la coopération décentralisée. Tous les
organismes, qui ne relèvent pas de cette catégorie d'institutions
et qui ont des relations avec des organismes étrangers, font de la
coopération non gouvernementale. La doctrine française et la
pratique des autres Etats en la matière ont tendance à
privilégier cette conception.
Il n'existe pas de définition satisfaisante et unique
de la coopération décentralisée. Si le terme de «
coopération » fait référence à des initiatives
et actions menées en collaboration avec des collectivités ou
autorités territoriales étrangères, celui de «
décentralisée » définit le niveau et le mode de cette
coopération, c'est-à-dire celui des collectivités ou
autorités territoriales de pays différents pour des initiatives
d'intérêt public local. La coopération
décentralisée, considérée comme un partenariat
solidaire entre collectivités locales, vise essentiellement à
favoriser la prospérité commune, consolider le
développement local et la gouvernance des territoires. Elle renforce les
capacités des autorités locales à assumer les
compétences de la décentralisation croissante dans les
différentes régions du monde. La coopération
décentralisée rentre dans le champ de l'aide publique au
développement. Elle est définie par la législation des
Etats. Les actions recoupent les champs de compétence des pouvoirs
locaux : développement urbain, eau et assainissement, état civil,
espaces verts et gestion des services. Elle est mise en oeuvre de
différentes manières selon les pays : à travers une aide
financière et/ou un échange d'expertise directement par la
collectivité territoriale et/ou un opérateur extérieur, en
forme bilatérale et/ou à travers des réseaux de
collectivités.
Selon l'UE, on entend par coopération
décentralisée tout programme conçu et mis en oeuvre dans
le pays du Sud ou de l'Est par un acteur de la société civile :
ONG, coopérative agricole, groupement féminin,
syndicat18, etc. Cette conception vise à intégrer les
acteurs non gouvernementaux dans le développement local. Le Burkina Faso
à travers la CONACOD et le CNJ a donné une définition qui
rejoint cette conception large c'est-à-dire impliquant l'ensemble des
relations de partenariats (institutionnel, associatif, privé) d'une
part, et d'autre part, l'ensemble des acteurs dans une collectivité
locale. Le Club du Sahel19 définit cette notion comme
étant la livraison d'aide à tout ce qui n'est pas "centre" dont
le pouvoir central. La coopération décentralisée est une
forme générale qui englobe les termes de coopération non
gouvernementale et de coopération institution/institution. Selon
Clément Sawaogo20, ministre d'administration territoriale et
de la décentralisation, la
18 V. CUF, CONACOD, Manuel de formation des
acteurs de la CD, 2003, p. 55.
19 Créé en 1976, c'est un forum actif
des Etats sahéliens regroupés au sein du CILSS.
20 Observateurpaalga, n° 7024 du 03
décembre 2007, p6.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
12
coopération décentralisée est «
l'ensemble des opérations non étatiques qui unissent les
collectivités territoriales, les associations et les communautés
à la base. Ces liens peuvent se nouer dans un même espace
géographique ou dans des espaces complémentaires ou
différents, notamment entre structures du Nord et celles du Sud
».
De ce qui précède, la coopération
décentralisée entre Ouagadougou et les collectivités
françaises peut être comprise comme « un processus par lequel
des collectivités et/ou des organisations de Ouagadougou et de a France
s'engagent, par la voie et la méthode les plus appropriées
à leurs contextes respectifs, à oeuvrer à la
réalisation de leurs objectifs de développement au mieux de leurs
intérêts mutuels ». Il s'agit donc d'une relation à
double sens qui doit se fonder sur la liberté, l'égalité
et la démocratie.
1.3 La présentation du problème 1.3.1 Le
problème général
La coopération décentralisée,
couronnement du processus de la décentralisation, constitue pour les
collectivités territoriales un levier pour la mise en oeuvre des projets
et autres politiques publiques. Dans toutes les régions du monde, au sud
et au nord, les gouvernements locaux intensifient leurs partenariats de
coopération décentralisée. Cette forme de
coopération, souvent appelée "coopération de
proximité", est à la fois professionnelle et humaine. Elle vise
à toucher réellement les populations démunies en leur
apportant ce dont elles ont le plus besoin21.
Sous l'impulsion des villes du Sud et des organisations de la
société civile, et avec l'appui du sommet Habitat II, les pays
réunis à Istanbul en juin 2000 ont reconnu l'importance
décisive du niveau local pour le développement.
Considérées pendant longtemps comme le lieu du cumul des
difficultés, les villes apparaissent désormais comme productrices
de ressources et d'opportunités. En même temps, la ville est un
échelon essentiel pour progresser vers la démocratie (Cities
alliances/objectifs n°48 juin 2000, P1). Ceci montre combien, la place
occupée par les villes dans le développement des pays est
importante. Le présent travail se consacre à la
coopération décentralisée franco-burkinabé dans sa
dimension urbaine. La coopération décentralisée
franco-burkinabé est non seulement la plus ancienne mais aussi la plus
élaborée au Burkina Faso.
La ville de Ouagadougou, capitale du pays, concentre la plus
grande partie des actions de cette forme de coopération. Le
phénomène de croissance urbaine, sans précédent,
que
21 Aubourg Guillaume., Gradin Pierre-Marie et al.
Guide de la coopération décentralisée pour l'eau
potable et l'assainissement, Paris, 2007, P11.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
13
connaît cette ville, laisse apparaître
d'innombrables besoins et contraintes. L'appui des autorités locales et
de la société civile s'avère nécessaire pour le
développement de la ville. Cependant, les aménagements et
réaménagements constants pour répondre aux exigences de
l'évolution implique des moyens que ne disposent pas toujours les
autorités municipales. La coopération décentralisée
franco-burkinabé y trouve, dès lors, un terrain d'expression.
Mais quels sont les mécanismes qui sous-tendent cette forme de
coopération?
On note que malgré les divers domaines dans lesquels
elle s'exprime, la situation de Ouagadougou n'est guère enviable :
extension rapide de la ville accompagnée de crises liées à
la spéculation foncière, insuffisance ou saturation des services
sociaux de base, problème d'accès à l'eau potable,
difficulté d'accès à l'électricité par tous,
etc. Dès lors, il est justifié de s'interroger sur la
portée réelle de la coopération
décentralisée et sur les mobiles de tous genres qui la
sous-tendent.
Aux côtés des Etats, des instances
multilatérales, des bailleurs de fonds, des ONG et des élus
locaux coopèrent pour rechercher ensemble les voies et les moyens
permettant de réussir le développement. Ils mobilisent toutes
leurs expertises pour améliorer les conditions de vie des populations,
favoriser leur participation, permettre l'accès du plus grand nombre aux
services publics locaux essentiels, les gérer efficacement et ainsi
faire reculer la pauvreté.
Cette coopération qui s'est installée au fil des
années entre des collectivités françaises et Ouagadougou
mérite que l'on s'y penche. En effet, elle suscite de plus en plus des
interrogations. Quels sont les déterminants sociopolitiques voire
stratégiques qui soustendent cette nouvelle forme de coopération
en émergence ? Qui sont les principaux acteurs de cette
coopération ? Quels sont les enjeux qui se dégagent de cette
coopération pour les partenaires du Nord et les villes du Sud (en
particulier Ouagadougou)?
Face à la multiplicité d'actions s'inscrivant
dans le cadre de cette coopération, il apparaît nécessaire
de jeter un regard scientifique sur les types d'investissements, les domaines
d'intervention, les bénéficiaires directs et l'impact des actions
issues de cette forme de coopération à Ouagadougou. Cette
étude se présente dès lors comme une analyse de l'impact
de la coopération décentralisée franco-burkinabé et
une analyse critique de cette forme de coopération en vue de cerner, en
définitive, l'importance de la coopération NordSud par rapport au
développement urbain du Burkina Faso.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
14
1.3.2 Le problème spécifique
II est apparu dans les recherches que le rapport
coopération décentralisée et développement urbain
n'a pas été une préoccupation suffisamment
analysée. Ceci ouvre grandement la porte à une réflexion
scientifique vue l'actualité de la question. Dans le sens de cette
étude et pour orienter la réflexion sur cette
problématique, il s'impose que des hypothèses soient
formulées.
1.4 Les hypothèses et la méthodologie de
recherche 1.4.1 L'hypothèse principale
La coopération décentralisée
franco-burkinabé est certes un moyen de développement pour la
ville de Ouagadougou, mais elle se présente aussi comme un enjeu
stratégique pour les partenaires français.
1.4.2 Les hypothèses
secondaires
> Les diverses actions réalisées par la
coopération décentralisée permettent aux autorités
municipales de Ouagadougou de répondre aux besoins sociaux de base des
populations et d'en tirer des ressources nécessaires à leur
fonctionnement. Cette coopération constitue, en effet, pour la ville
Ouagadougou un moyen de réalisation de certains projets
d'aménagement et d'assainissement, et donc un instrument de
développement.
> La coopération décentralisée
franco-burkinabé n'est pas une simple action de soutien ou d'appui des
collectivités françaises à l'égard de la commune de
Ouagadougou. Elle constitue un enjeu pour certaines collectivités
françaises, car apportant à ces dernières, beaucoup plus
de bénéfices insoupçonnables que cela paraît pour
les collectivités de Ouagadougou
1.5 La méthode de recherche
Le cadre de cette étude est la ville de Ouagadougou.
Capitale du pays, elle entretient des liens de partenariat et de
coopération avec plusieurs entités/collectivités
françaises. Le choix de cette ville s'explique aussi par le fait que
l'histoire de ses rapports avec les collectivités françaises est
la plus ancienne au Burkina Faso (débuté depuis 1967). Pour la
réalisation de ce travail, un certain nombre d'acteurs et de personnes
ressources ont été consultés. Il s'agit de :
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
15
La population cible : les responsables de la mairie centrale
et les responsables des services municipaux, les membres du bureau du
comité national de jumelage. Les personnes ressources rencontrées
sont entre autres, le Secrétaire Permanent du Comité National de
Jumelage, le Secrétaire Permanent de la Commission Nationale de
Décentralisation, le Directeur Général de la
Coopération Décentralisée, le directeur des relations
extérieures de la mairie centrales et le chargé du partenariat et
de jumelages de la DGCOD. Des entretiens semi-structures ont été
réalisés avec ces acteurs et les résultats ont
été dépouillés suivant une grille d'analyse
thématique. Ainsi l'outil de recherche utilisé dans ce cadre est
le guide d'entretien. Cet outil vient consolider (confirmer ou infirmer)
l'analyse de contenu documentaire.
1.5.1 Les techniques de collecte des données O Outils
utilisés
Dans l'optique de confronter nos hypothèses avec la
réalité sur le terrain pour une analyse qualitative des
données, un guide d'entretien a été élaboré,
adressé à la population cible et aux personnes ressources.
Aussi, une observation directe sur le terrain a permis d'avoir un
aperçu thématique et synthétique sur le
phénomène en vue d'une analyse beaucoup plus édifiante et
efficiente.
1.5.2 Le déroulement de l'enquête et les
difficultés rencontrées
Pour parvenir à une meilleure collecte des
informations, nous nous sommes entretenu avec le public cible directement en
prenant des notes. Au cours des recherches, plusieurs difficultés ont
été constatées dont les principales sont : Le
problème de disponibilité des personnes ressources et de la
population cible. Dans la mesure où ces catégories de personnes
relèvent à la fois du milieu politique et administratif le manque
de temps a été ressenti lors de la réalisation des
entretiens. Cela nous a amené à faire de multiples
déplacements souvent sans succès.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
16
II. L'historique de l'urbanisation, de la
décentralisation et de la coopération
décentralisée
2.1. Les origines et l'évolution de la ville de
Ouagadougou 2.1.1 Ouagadougou durant la période coloniale
Habitats éparses et espace parsemé d'arbustes
séparant les concessions, telle était la situation de Ouagadougou
à ses débuts. Pour faire main basse sur la
propriété foncière, Voulet fait incendier en 1896 le
complexe impérial du Moogho Naaba de Ouagadougou et en lieu et place, il
fit bâtir en 1899 un camp militaire avec une place d'armes (place de la
révolution devenue place de la nation). Les soldats noirs qui
l'accompagnaient furent installés dans l'ancien quartier des serviteurs
impériaux (ex quartier Bilbambili). L'article 359 du code civil
français renforcé par le décret du 3 octobre 1904 et le
décret du 24 juillet 1906 facilite l'expropriation foncière de
l'espace par le colon22.
C'est à la fin de la première guerre mondiale
que commença le développement réel de Ouagadougou. Les
soldats revenus de la guerre, décidèrent de s'installer à
Ouagadougou, à la recherche d'un travail auprès du colonisateur
comme policier, garde de cercle, métiers dans lesquels ils avaient la
priorité. Cette époque coïncide aussi avec la période
des grands travaux publics devant faire de Ouagadougou la capitale du pays. Les
villages et hameaux de cultures furent ainsi peu à peu
transformés en agglomérations grâce à ces divers
aménagements. Cependant, si l'exploitation intensive des agrégats
(gravillons, pierres sauvages et sables)ont entrainé la disparition des
collines jouxtant la ville, il faut noter que cela va renforcer l'action de
l'érosion hydrique , les inondations, l'ensablement et la disparition de
certains sources (Kaboré Salfo, 2001).
A la fin des années 1940, la ville comptait environ 5
000 étrangers africains, soit le tiers des 178 000 habitants et devient
dès lors une ville cosmopolite. Après la deuxième guerre
mondiale, la France créa le Fond d'Investissement pour le
Développement Economique et Social (FIDES) et un Comité
d'Urbanisme et de l'Habitat (CUH) afin de piloter l'élaboration des
plans d'urbanisme des villes retenues comme Ouagadougou et Bobo Dioulasso.
Nonobstant ces efforts notables, Ouagadougou n'aura pas de plan d'urbanisme et
ce jusqu'aux indépendances.
22 L'article 539 stipule que « est terre vacante et sans
maître, toute terre non immatriculée, non possédée
suivant les règles du code civil français par les autochtones
». Le décret de 1904 souligne que « le domaine est
propriétaire, en Afrique Occidentale Française de toutes les
terres vacantes et sans maîtres ». Le décret de 1906 quant
à lui, privatise les terres par immatriculation.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
17
2.1.2 L'impact des aménagements postcoloniaux
à Ouagadougou
Dès l'avènement des indépendances, une
nouvelle loi (n°77/60/AN du 12 juillet 1960) sera prise et constituera le
cadre juridique traitant de l'aménagement urbain et de la mise en valeur
des terres urbaines. Ce texte maintient cependant le principe colonial de la
division spatiale entre zone traditionnelle et zone résidentielle. Pour
la première zone, aucune règle de construction spéciale
n'était édictée en dehors du respect de l'alignement alors
que la deuxième zone était soumise a des conditions
particulières de mise en valeur.
Selon Kaboré Salfo (2001), les lotissements de la vile
étaient de ce fait soumis a des enquêtes préalables et un
dédommagement éventuel des propriétaires coutumiers
s'imposait. Ce dualisme du droit foncier entrainera par voie de
conséquences des blocages dans les opérations
d'aménagement, et va introduire le principe de la relation marchande
dans le droit foncier coutumier. Ceci conduira dans les années 1970 a la
généralisation du système de vente de terrains par les
propriétaires coutumiers. Cette période marque aussi l'apparition
et la prolifération des zones non loties ou d'habitats
spontanés.
Des mesures sont prises dès lors pour un ajustement
foncier qui ont consisté a la légalisation des parcelles, a la
rénovation d'anciens quartiers et a l'aménagement de zones
périphériques a travers trois importants projets23
:
S Le projet du PNUD (entre 1973 et 1977) visant a
permettre a chaque ménage d'avoir une parcelle. Les
bénéficiaires de ces parcelles sont reconnus comme ayant de
faibles revenus et de ce fait, devait contribuer a raison de 25 000 F pour la
zone pilote non lotie et 15 000 F pour la zone restructurée qui
bénéficie en général de parcellisation avec
ouverture de voie mais sans équipement d'assainissement. ·S
Le projet urbain réalisé par la banque mondiale au secteur
15 et 16 et qui pour sa part mis l'accent su les équipements et les
infrastructures. La municipalité était chargée de
l'entretien ultérieur. Estimée au départ a 25 000 F, la
contribution des populations a été largement
dépassée, amenant l'Etat et la banque mondiale a intervenir.
·S Le projet hollandais (de
Larlé-extension, Nonsin, Gounghin Sud et Tampouy) de 1978 a 1988 a
préconisé la démarche dite Méthode
d'Aménagement Progressif (MAP). Elle consistait a attribuer les
parcelles, a procéder ensuite a la construction des infrastructures et
équipement grâce au versement de 45 000 F, montant de la parcelle
a payer sur 5 ans. Il ressort que les aménagements techniques avec
installation
23 Salfo Kaboré, Assainissement de la ville de
Ouagadougou : la gestion des composantes eaux pluviales et eaux
usées, mémoire A.G., ENAM, 2001,p19.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
18
d'équipements d'assainissement n'étaient pas
supportables par les ménages à faibles revenus.
L'adoption de la RAF et sa modification en 1991 donnera de
nouvelles orientations au processus d'assainissement en favorisant la
généralisation de la MAP. La participation des ménages
était estimée à 300F/m2 sous forme de taxes de
jouissance avec un paiement étalé sur cinq ans. Les
aménagements qui ont suivi porteront sur la confirmation de la
propriété de l'Etat sur le domaine foncier national (DFN) avec
toutes les possibilités de céder des terres à titre de
propriété privée, la délivrance de titres de
jouissance à titres onéreux et l'introduction de dispositions
relatives à l'environnement et au contrôle de la pollution. Ville
au coeur des activités politico-économiques, Ouagadougou a connu
de nombreux aménagements coloniaux et post indépendants. Ces
aménagements n'ayant pas tenu compte des besoins réels
d'assainissement, la ville offre à certains endroits le spectre de
désolation dans les anciens quartiers comme Koulouba et Zangouetin
(actuel projet Zaca).
Malgré ces multiples aménagements, Ouagadougou
est marqué par une insuffisance de canaux d'écoulement des eaux
de pluies, entrainant ainsi une stagnation des eaux et la diversification des
flaques d'eaux, sources de reproduction des moustiques et autres vecteurs de
maladies. Les aménagements post coloniaux furent certes importants mais,
il reste qu'ils n'ont pas pu contribuer totalement à faire de la
capitale du pays une ville à l'image de ses paires européennes.
Pire, certains de ces aménagements (surtout récents) ont
contribué à réveiller les soupçons de corruption
qui constitue une véritable gangrène de la société
burkinabé.
2.1.3 La Situation géographique et les
caractéristiques démographiques de Ouagadougou
La ville de Ouagadougou est située au coeur de la
province du Kadiogo, elle-même située dans la région du
Centre. La commune de Ouagadougou est limitée au Nord par les communes
rurales de Pabré et de Lombila, à l'Est par celle de Saaba, au
Sud par celle de Koubri et de Komsilga et enfin à l'Ouest par la commune
rurale de Tanghin-Dassouri.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
19
Burkina Faso
IV
A
Réalisation : KABRE Ousmane
Décembre 2007
I I I \
**CO-J 660000 6TO0OO 660000 700000 TI0000
0 2 i 6 5 10 I II:* (ti;
Carte de Situation de la Ville de Ouagadougou
S700O0 6SO0CO 690000 TOOCOO TI0000
I
Figure 1 : Situation Géographique de la commune de
Ouagadougou
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
20
La commune de Ouagadougou compte trente secteurs et dix sept
villages structurés en cinq arrondissements formant la commune urbaine.
Il s'agit de l'arrrondissement de Baskuy (3 300 ha) regroupant les secteurs 1
à 12 ; de l'arrondissement de Bogodogo (4 850 ha) composé des
secteurs 14, 15, 28, 29, et 30 ainsi que les villages de Balkuy et de Yamtenga
; de l'arrondissement de Boulmiougou (4 780 ha) comprenant les secteurs 16, 17,
18, 19 et les villages de Boassa, de Sandogo, de Zagtouli et de Zongo ; de
l'arrondissement de Nongremassom (6 250 ha) constitué les secteurs 13,
23, 24, 25, 26, 27 et des villages de Nioko, de Polesgo, de Sakoula, de
Soguedin et de Ramtenga ; de l'arrondissement de Sig-noghin (2 570 ha)
regroupant les secteurs 20, 21, 22 et les villages de Basseko, de Bissighin,
Darsalam, de Kamboincé, de Silmiougou et de Yagma.
Tableau 1 : Répartition de la population
dans les arrondissements.
Localité
|
Ménage
|
Population totale
|
Masculin
|
Féminin
|
Rapport de
masculinité
|
PROVINCE : KADIOGO
|
310808
|
1152239MD
|
7B@455il4
|
759 426
|
101
|
BASKUY
|
37 879
|
180 512
|
89 093
|
91 419
|
97
|
BOGODOGO
|
81 953
|
374 473
|
189 309
|
185 164
|
102
|
BOULMIOUGOU
|
72 895
|
366 182
|
185 969
|
180 213
|
103
|
NONGREMASSOM
|
38 645
|
188 329
|
96 596
|
91 733
|
105
|
SIG-NOGHIN
|
34 122
|
163 859
|
82 924
|
80 935
|
102
|
Source : Résultats préliminaires du recensement
général de la population de 2006
Les femmes représentaient selon le recensement de 1996,
49,60 % des habitants de la région du Centre contre 51,40 pour les
hommes. Au regard des récents résultats, le nombre des femmes a
un peu évolué de 0.23% tandis que celui des hommes a chuté
de 1.23%. Le milieu urbain de Ouagadougou regorgeait en 2006, 1.273.355
âmes soit 83.55% de la population totale de la Région du centre.
Bogodogo et Boulmiougou sont les arrondissements les plus peuplés avec
respectivement 374 473 habitants et 366 182 habitants tandis que parmi les
communes rurales, Tanghin-Dassouri avec 55 094 âmes et Komsilga avec 53
255 âmes sont les plus importantes zones périurbaines
peuplées. Ce tableau décrit démontre l'existence d'un
déséquilibre total entre le peuplement en milieu urbain et celui
rural et partant permet de tirer sur la sonnette d'alarme sur l'explosion
démographique urbaine à Ouagadougou. Nul doute que l'exode rurale
et la quête constante de l'emploi en Afrique et particulièrement
au Burkina peuvent justifier cette situation démographique, en outre, la
ville détient une part importante d'infrastructures de
développement si attrayantes qu'elles suscitent un intérêt
particulier pour les populations de toutes les contrées du pays.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
21
2.2 L'historique du processus de décentralisation au
Burkina Faso
2.2.1 Les prémices de la
décentralisation avant les indépendances
La décentralisation apparaît pour un très
grand nombre d'élus comme un mode de légitimation de leurs
aspirations naturelles au localisme. Il faut cependant reconnaître que
les prémices de ce phénomène existaient déjà
dans la Haute Volta précoloniale où coexistaient deux sortes de
sociétés selon l'organisation de la chefferie traditionnelle :
les sociétés acéphales au Sud et à l'Ouest et les
sociétés à pourvoir centralisé : les royaumes
mossi, peuhl et gourmantché respectivement au Centre, au Nord et
à l'Est. Pour mieux administrer la colonie, le colonisateur subdivise
rapidement le territoire en cercles de commandement tenant compte des
entités régionales. Cependant la décentralisation commence
à prendre tout son sens le 4 décembre 1926 quand deux
arrêtés coloniaux créent deux communes mixtes Ouagadougou,
Bobo à compter du 1er janvier 1927. La mixité
s'explique par la présence de citoyens français et voltaïque
dans le conseil municipal. Par la suite, la loi n°55-1489 du 18
décembre 1955 réorganisant les municipalités permet la
mise en place de communes de moyen et plein exercice. Ouagadougou et Bobo
Dioulasso acquirent les statuts de communes de plein exercice, tandis que
Ouahigouya, Banfora et Koudougou sont érigés en communes de moyen
exercice par trois arrêtés du 24 mai 1958. Mais au fait, qu'est ce
que la décentralisation ?
Les politiques de décentralisation font partie des
initiatives les plus fortes pour soutenir le développement rural. Dans
sa définition la plus élémentaire, la
décentralisation désigne le transfert d'une partie du pouvoir de
l'Etat national à des instances régionales ou locales. Du point
de vue de l'action publique, à l'impératif d'unité de
cette action correspond la centralisation; à la revendication de
diversité, la décentralisation. Toutes les deux coexistent dans
les différents systèmes politiques. Un consensus paraît se
dégager, plus nettement au cours des années 1980 et 1990, pour
reconnaître qu'un excès de centralisation ou une autonomie locale
absolue seraient également déplorables et qu'il faut oeuvrer
à la mise en place d'une meilleure collaboration entre les centres de
décision nationaux, régionaux et locaux.
Le regain d'intérêt pour cette forme
d'organisation de l'Etat qu'est la décentralisation, vient de la
reconnaissance qu'une prise de décisions moins centralisée
permettrait d'améliorer l'efficacité et la responsabilité
des institutions publiques nationales ainsi que la capacité des
gouvernements locaux et de la société civile à
gérer leurs propres affaires. Les recherches récentes de
différentes organisations internationales confirment ce point de vue:
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
22
Pour Moussa Traore et Mamoudou Barry (2005, p2), la
décentralisation peut être définie comme une
modalité, une technique d'organisation du territoire visant à
donner naissance à des entités administratives autonomes
appelées collectivités territoriales à l'intérieur
d'un même Etat. Cette technique qui vise le développement à
la base au moyen d'un management efficient de la gestion administrative,
sociale et financière des collectivités territoriales doit
être connue et maîtrisée par les différents acteurs
du développement local. Il convient après cette
définition, de présenter les étapes du processus depuis
les indépendances.
2.2.2 Des indépendances à la
décentralisation intégrale : la consolidation du
processus
A l'aube des indépendances les impératifs
d'administration, de développement du pays oeuvrent en faveur d'une
continuation de la communalisation du territoire. Ainsi la loi n°24- 60/AN
du 24 février 1960 permet la mise en oeuvre de deux types de
collectivités locales rurales :
· LI les collectivités locales rurales de
plein exercice dont les présidents sont élus ;
· LI Les collectivités locales rurales de
moyen exercice dont la présidence revient au chef de circonscription
administrative la plus proche.
Ces collectivités locales rurales de moyen exercice
seront transformées par la loi n°16/AN du 30 novembre 1964 en
collectivités locales de plein exercice avec des membres élus et
des membres de droit (députés) et passent de 53 en 1960 à
83 en 1964. La chute du gouvernement de Maurice Yaméogo à la
suite des événements du 3 janvier 1966 entraîna la
suppression des conseils des collectivités locales et leur remplacement
par des délégations spéciales dont le commandant de cercle
est le président et l'ordonnateur du budget. Cependant, l'avenir des
collectivités locales rurales se jouera avec les ordonnances
74-40/PRES/IS/DI du 7 juin 1974 et 74-45/PRES/IS/DI du 2 juillet 1974 qui
consacrèrent la départementalisation du territoire. On note que
les conseils de départements n'ont jamais fonctionné car les
conseillers n'ont jamais été élus. Ces départements
ont été dirigés par des délégations
spéciales. L'avènement de la révolution d'août 1983,
maintient le principe des départements, mais innove avec la mise en
place des comités de défense de la révolution. Les
départements au nombre de 350 dirigés par des préfets sont
regroupés en 30 provinces dirigés chacune à leur tour par
des Hautscommissaires.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
23
La décentralisation telle qu'elle se présente
maintenant est l'émanation de la législation nationale,
élaborée laborieusement depuis 1991. En effet le principe
d'érection des collectivités locales en personnalités
morales dotées de l'autonomie financière est d'ordre
constitutionnel24. Tirant les conséquences de ces
dispositions constitutionnelles cinq séries de lois portant sur la
décentralisation sont élaborées25. Par la
suite, neuf décrets d'application viennent traduire la
réalité de ces lois. Dans un souci de rendre opérationnel
ces dispositions juridiques, il est créé la Commission Nationale
de la Décentralisation (CND) ayant pour mission de partir des
études prospectives faites de façon participative afin de
proposer des textes dits Textes d'Orientation de la Décentralisation
(TOD26).
Pour la mise en oeuvre de la décentralisation, la loi
043/98/AN portant programmation de la décentralisation indique un
échéancier au bout duquel on devrait aboutir à la
communalisation intégrale du territoire avec la mise en place des
organes élus dans les communes rurales. Dans la pratique et au regard du
fonctionnement des premières municipalités, la mise en oeuvre des
TOD a rencontré quelques difficultés. L'innovation majeure est la
suppression de la province comme collectivité locale
décentralisée et l'érection de la région comme une
collectivité locale décentralisée. La loi
n°55-2004/AN du 21 décembre 2004 portant code général
des collectivités territoriales (CGCT) du Burkina Faso détermine
l'orientation de la décentralisation, les compétences et les
moyens d'action, les organes et l'administration des collectivités
territoriales. Un certain nombre d'instruments sont mis en place et concourent
à la réalisation de la décentralisation. L'appui financier
est apporté par le fonds de démarrage des communes (FODECOM) et
le Service d'Appui à la Gestion et au Développement Communal et
de stratégie de formation décentralisée (SAGE DECOM). Le
FODECOM permet de doter les nouvelles communes d'un minimum de fonds pour leurs
installations et équipements, quant au SAGE DECOM, il apporte un appui
technique aux communes en matière de financement d'actions de formation
et d'études. L'appui s'est fait aussi à travers un renforcement
des structures déconcentrées de l'Etat dans les
collectivités locales.
24 Titre XI aux articles 143 et 145 de la constitution
du 2 juin 1991
25 La loi 003/93/ADP portant organisation de
l'administration du territoire ; la loi 004/93/ADP portant organisation
municipale ; la loi 005/93/ADP portant statut particulier de la province du
Kadiogo et de la commune de Ouagadougou ; la loi 006/93/ADP portant statut
particulier de la commune de Bobo-Dioulasso ; la loi 007/93/ADP portant
régime électoral des conseillers de village, de secteur communal,
de département, au secteur communal, de la province.
26 Les TOD forment 4 lois réglementant le
processus de décentralisation. La loi 040/98/AN du 3/8/1998, portant
orientation de la décentralisation au Burkina Faso. Cette loi retrace
les grands principes devant guider la décentralisation. La
décentralisation doit se concevoir en respectant l'unité
nationale. La loi 041/98/AN du 6/8/1998, portant organisation de
l'administration du territoire du Burkina Faso. La loi 042/98/AN portant
organisation et fonctionnement des collectivités locales. Elle fixe les
modalités de gestion des collectivités.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
24
Produit de l'histoire, le processus de décentralisation
au Burkina Faso a connu des péripéties depuis l'époque
coloniale à nos jours. Encadrée par un arsenal juridique toujours
perfectible, un appui financier relatif, la décentralisation
apparaît comme une reforme majeure de politique publique de l'Etat
burkinabé. Hormis la décentralisation, la thématique de
l'évolution de la coopération décentralisée
franco-burkinabé a constitué une préoccupation majeure.
2.3 L'évolution de la coopération
franco-burkinabé
2.3.1 Les grandes étapes de la coopération
décentralisée depuis les indépendances
2.3.1.1 Les premières tentatives
De 1967, année du premier jumelage
franco-burkinabé entre Ouagadougou et Loudun, jusqu'à la fin des
années 1980, les relations de coopération nées
d'initiatives locales, voire personnalisées étaient
généralement le fait d'associations ou comités de
jumelages, parfois modestement soutenus par leurs communes. Il s'agissait
généralement de localités ayant déjà des
relations de jumelage avec des villes européennes et voulant s'ouvrir au
Sud, en se référant aux valeurs fondamentales de la Charte de
1957 qui privilégiait la solidarité et l'amitié entre les
peuples, le renforcement de la paix et l'exercice des droits de l'homme. Les
actions menées avaient surtout un caractère affectif et
humanitaire assez semblable à ce qui se pratiquait par nombreuses O.N.G.
caritatives. Les actions principales se regroupaient autour de l'envoi de
médicaments et de fournitures scolaires, ainsi que la mise à
disposition de cofinancements destinés à la réalisation
d'infrastructures sanitaires ou scolaires.
2.3.1.2 Les nouvelles approches
La fin des années 1980 est porteuse d'évolution
sensible sous l'effet de deux paramètres : d'une part, la
généralisation des politiques de décentralisation à
l'échelle de l'Afrique de l'Ouest, et d'autre part, de nouvelles
approches de coopération décentralisée tournées
vers le développement de territoire à territoire. Les relations
durables d'amitié, d'estime et de compréhension mutuelle qui se
sont tissées au fil de ces années ont permis aux jumelages,
d'amorcer le changement de philosophie de l'aide dans un climat de confiance et
de franchise.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
25
Les premières rencontres franco-burkinabé ont
lieu à Ouagadougou en février 1990. Elles mettent en
évidence la nécessité de remettre en cause certaines
actions devant les résultats médiocres, voire décevants,
de l'aide ponctuelle par projet27. Des communes et des
comités de jumelage du Nord prennent alors conscience que la
satisfaction des besoins de leurs partenaires ne doit pas être leur
affaire mais celle de ces derniers et que leur façon de procéder
entraîne des effets pervers allant à rencontre du but
recherché qui est d'aboutir à la prise en charge par les
partenaires eux-mêmes de leur propre développement.
Dans les années qui suivent, quelques jumelages
pionniers décident alors en accord avec leurs partenaires et avec
l'appui d'opérateurs de dépasser le stade des actions ponctuelles
inefficaces et de mettre en oeuvre des programmes pluriannuels d'appui au
développement local privilégiant la structuration, la
participation et la responsabilisation des populations locales et où
l'accent est davantage mis sur la formation et l'organisation des partenaires
que sur la réalisation de projets « inaugurales
»28.
Le Burkina Faso a mis en place, à partir de 1994 -
1995, un processus de décentralisation dans trente trois communes de
plein exercice. Ce faisant, tant en France qu'au Burkina-Faso, la
coopération entre collectivités territoriales s'inscrit
désormais dans un cadre juridique clairement défini. On constate
alors une lente évolution des pratiques de coopération. C'est
ainsi que plusieurs partenariats s'engagent dans des programmes pluriannuels
d'appui au développement local. Avec la généralisation
progressive du processus de décentralisation, l'Etat burkinabé
décide de compléter le cadre institutionnel de la
coopération décentralisée en créant la Commission
Nationale de Coopération Décentralisée (CONACOD) instance
de concertation, de coordination et d'harmonisation des actions de
coopération décentralisée. Parallèlement un
décret portant sur l'organisation et le fonctionnement du Comité
National de Jumelage (C.N.J.) et des Comités Locaux de Jumelages
(C.L.J.) a été promulgué. C'est dans ce nouveau contexte
institutionnel, qui devrait permettre une meilleure cohérence, et une
plus grande efficacité, que va s'inscrire désormais la
coopération décentralisée franco-burkinabé.
Ce nouveau contexte institutionnel doit être l'occasion de
faire le point et d'examiner si les objectifs et les méthodes de cette
coopération répondent bien à l'enjeu affiché de
la
27 Cités unies, la cellule d'animation du groupe-pays
Burkina-Faso, La coopération décentralisée
franco-burkinabé : vers une coopération de territoire à
territoire, rencontre régionale sur la coopération
décentralisée, Ouagadougou, le 30 octobre 2000,11p.
28Cités unies, la cellule d'animation du
groupe-pays Burkina-Faso, op cit.. Ouagadougou, le 30 octobre 2000, p4.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
26
décentralisation : « faire de la
décentralisation, l'axe fondamental d'impulsion du développement
à la base et de la démocratie locale »29.
2.3.2 L'évolution du cadre institutionnel
et les actions en matière de coopération
décentralisée en France
En 2001, la commission nationale de la coopération
décentralisée dénombrait 5891 actions de
coopération décentralisée (ACD) en France, à
destination de 119 pays30. Ces actions ont trouvé une
légitimité probante grâce à la loi de 1992. C'est en
effet, en février cette année que le Gouvernement français
fixe le cadre juridique de la coopération décentralisée.
On voit alors apparaître un engagement massif de collectivités
territoriales françaises décidées à mener leurs
propres actions, de territoire à territoire, en parallèle
à celles de l'Etat. La conception française de la
coopération décentralisée est assez clairement reprise par
la loi n°92-125 du 06 février 1992 relative à
l'administration du territoire de la République. Dans le sens de cette
loi, il y'a coopération décentralisée lorsqu'une ou
plusieurs collectivités locales françaises développent des
relations avec une ou plusieurs collectivités étrangères.
Il peut s'agir dans ces cas de relation d'amitié, de jumelage, d'actions
de promotion à l'étranger, d'aide au développement de
collectivités de certains pays, d'assistance technique, d'action
humanitaire, de gestion commune de biens et services ou encore de
coopération transfrontalière ou interrégionale.
Toute coopération décentralisée
répond à un « contrat ou acte signé entre
collectivités territoriales françaises (et leurs groupements)
dans les limites de leurs compétences et dans les engagements
internationaux de la France. Ces engagements comportent des déclarations
d'intensions, des obligations ou droits opposables à l'une ou l'autre
partie. Sont visés par la loi, les conventions ayant un caractère
déclaratif que celles pouvant avoir des conséquences
matérielles, financières ou réglementaires pour les
collectivités. Selon l'article 131 de la loi de 1992, la convention est
la voie privilégiée pour tous les types d'interventions et la
possibilité de passer les conventions est ouverte aux communes,
départements, régions et leurs groupements (syndicats mixtes,
ententes départementales/régionales et groupements
intercommunaux).
La loi Oudin du 9 février 2005 offre une nouvelle
opportunité aux collectivités françaises en leur
permettant de financer des actions de coopération
décentralisée sur leur budget général. Cette loi
donne une reconnaissance forte des compétences des autorités
29Cités unies, la cellule d'animation du
groupe-pays Burkina-Faso, op cit.. Ouagadougou, le 30 octobre 2000, p6.
30 Antoine Vion etAmmanuel Négrier, La
coopération décentralisée, un étape du jeu
diplomatique, Paris, 2002, p15.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
27
décentralisées dans le domaine des services
publics de l'eau et de l'assainissement en leur proposant d'affecter
volontairement une part du budget pour de telles actions. Elle modifie le code
général des collectivités territoriales et celui de
l'environnement31.
Antoine Vion et al. en faisant l'état des actions de la
coopération décentralisée (ACD) entre les
collectivités françaises et celles étrangères
remontent dans les années 1947. Les premières actions de
coopération décentralisée françaises datent en
effet de 1947 mais, au gré de l'évolution institutionnelle, de
nombreuses autres ont vu le jour à un rythme lent et régulier
jusqu'en 1970. Si les 25% de ces ACD ont été mises en place dans
les trente (30) premières années, c'est au cours des «
années 0 » (1960, 1970, 1980...) que ces ACD ont chaque fois
doublé32. Ceci permet de dire que tous les changements de
décennies offrent à voir des doublements par rapport aux
années précédentes. Il apparait que dans
l'évolution institutionnelle, chaque nouvelle décennie donne
l'occasion d'une création ou d'un renouvellement de partenariat. La
croissance du nombre des ACD s'explique, à partir des années
1970, par l'entrée en jeu d'autres acteurs que les seuls échelons
communaux (syndicats, structures intercommunales, Conseils
Généraux, Conseils régionaux avant même leur
existence politique comme collectivités territoriales,...).
Avec l'avènement de la décentralisation
dès le début 1980 et l'avènement de la loi de 1992 (qui a
porté sur la mise en oeuvre du nouveau statut de la coopération
décentralisée), le rythme des ACD s'accélère
très nettement. La moyenne des actions recensées à cette
époque passe d'une soixantaine à plus de 150 dans la
décennie qui s'ouvre et ce nombre passe à plus de 200 dès
1990. Depuis 1997, le nombre d'ACD nouvelle diminue sensiblement et semble
entériner la fin d'un cycle, où la majeure partie des actions
envisagées dans la décennie 1990 ont trouvé leur
concrétisation. Ces mutations dans le domaine réglementaire et
législatif ont énormément contribué à
renforcer les acquis de la coopération décentralisée entre
les collectivités françaises et les autres collectivités
du monde, en particulier celles du Burkina Faso.
31Article 1
correspondant à l'article L. 1115-1-1 du code
général des collectivités territoriales, « Les
communes, les établissements publics de coopération
intercommunale et les syndicats mixtes chargés des services publics de
distribution d'eau potable et d'assainissement peuvent, dans la limite de 1 %
des ressources qui sont affectées aux budgets de ces services, mener des
actions de coopération avec les collectivités territoriales
étrangères et leurs groupements, dans le cadre des conventions
prévues à l'article L. 1115-1, des actions d'aide d'urgence au
bénéfice de ces collectivités et groupements, ainsi que
des actions de solidarité internationale dans les domaines de l'eau et
de l'assainissement. ».
Article 2 (l'article L. 213-6 du code de
l'environnement est complété par l'alinéa) « Dans le
respect des engagements internationaux de la France et dans le cadre de
conventions soumises à l'avis du comité de bassin, l'agence peut
mener des actions de coopération internationale dans les domaines de
l'eau et de l'assainissement, dans la limite de 1 % de ses ressources, le cas
échéant et suivant les règles statutaires en vigueur pour
chaque catégorie de personnels, avec le concours de ses agents. »
Cf., Aubourg Guillaume., Grodin Pierre-Marie et al. Guide de la
coopération décentralisée pour l'eau potable et
l'assainissement, Paris, 2007, p11. 32 Antoine Vion et al, opcit, p15.
33 Article 3 de la loi N° 055-2004 / AN portant
CGCT du 21 décembre 2004.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
28
CHAPITRE II. ORGANISATION DU SECTEUR DE LA COOPERATION
DECENTRALISEE AU BURKINA FASO
I. Les pouvoirs publics et leurs rôles
1.1
L'Etat et les services
déconcentrés
L'Etat est la structure centrale qui définit les
actions et politiques publiques et veille à leur application. Il
délègue des pouvoirs d'exécution à des
démembrements que sont les services déconcentrés. On
appelle services déconcentrés, les services
périphériques de l'Etat qui ont en charge certaines fonctions
précises. La décentralisation ne saurait être efficace que
si elle est accompagnée d'une déconcentration33. Aux
premières heures de la communalisation intégrale, les services
déconcentrés de l'Etat se doivent de jouer le rôle de
régulation, d'accompagnement et de contrôle des acteurs de la
coopération décentralisée au niveau local. Sans être
exhaustif, les services pouvant jouer les rôles cidessus
évoqués, sont :
> les préfectures : elles ont longtemps joué
le rôle de mairies par délégation spéciale. Les
préfets sont bien informés de la coopération
décentralisée. Avant la communalisation intégrale, ces
préfectures avaient en charge de sceller les jumelages entre le
département et la ville jumelle. Elles détiennent ainsi, des
archives sur le jumelage-coopération ;
> les hauts-commissariats : la disparition de la province
en tant que collectivité territoriale le 31 décembre 2006 a fait
d'elle une simple circonscription administrative. En plus du rôle que
doivent jouer les préfectures à l'heure actuelle, les hauts-
commissariats doivent aussi jouer un rôle de contrôle des
activités menées par les acteurs de la coopération
décentralisée.
> les gouvernorats : bien avant que les conseils
régionaux ne se mettent en place, certaines régions avaient
scellé des jumelages coopération. Depuis la mise en place
effective des conseils régionaux, le rôle du gouverneur est
redéfini. Il joue le même rôle que le haut-commissaire mais
au niveau régional dans l'accompagnement des acteurs de cette
coopération.
> les services relevant des ministères centraux,
présents dans les régions, provinces et
communes/départements. Les communes rurales n'ayant aucune
expérience dans les domaines de l'agriculture, l'assainissement,
l'éducation, etc. les services
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
29
déconcentrés de ces ministère peuvent leur
apporter des conseils et des appuis techniques.
Hormis les services déconcentrés, le gouvernement
intervient dans cette coopération par des structures qu'il a
créées à cet effet.
1.2 Les Directions spécialisées publiques
de la coopération décentralisée
Le gouvernement à travers le MATD a créé
des structures chargées de la coopération
décentralisée. Il s'agit de la DCOD/CONACOD (Direction de la
Coopération Décentralisée) et de la DGSONG (Direction
Générale du Suivi des ONG). La CONACOD est une structure
logée au sein de la DCOD dont l'exécution de ses missions incombe
au directeur de la DCOD. La DCOD est l'une des directions de la DGCT selon
l'organigramme du MATD et lui assigne les attributions suivantes34 :
le suivi des activités de la coopération
décentralisée, l'appui à l'établissement des
relations entre les collectivités locales et les partenaires au
développement, l'animation de la coopération
décentralisée entre collectivités nationales et
étrangères, l'établissement des statistiques et bilans des
interventions des partenaires au développement dans le cadre de la
coopération décentralisée, le suivi de l'application du
code général des collectivités territoriales et des textes
régissant la coopération décentralisée et le suivi
des accords de partenariat.
La CONACOD, elle a vu officiellement le jour en
200035. Ses attributions sont36 : établir et tenir
à jour un état de la coopération
décentralisée menée par les coopérations non
gouvernementales, formuler toute disposition tendant à renforcer la
coopération décentralisée, contribuer au
développement de la politique de décentralisation, formuler toute
recommandation tendant à coordonner les interventions des
différents acteurs de la coopération décentralisée,
coordonner les rencontres des partenaires en vue d'échanges et de
diffusion d'informations sur la coopération décentralisée,
élaborer des programmes de formation des acteurs locaux de la
coopération décentralisée ; contribuer à harmoniser
les méthodes et/ou principes d'intervention, apporter un appui-conseil
approprié visant à l'amélioration générale
des dossiers de demande de cofinancement et s'assurer de
l'éligibilité des demandes de cofinancement. Il faut noter que la
CONACOD est une instance de concertation des partenaires et des acteurs de la
coopération décentralisée. L'instance suprême de la
CONACOD est l'AG dont le président est le ministre du MATD et
34 Le décret N°2007-306/PRES/PM/MATD du 18 mai
2007.
35 Le décret N° 2000-274/PRES/PM/MATS/MEF du 17 mai
2000. 36L'article 5 du décret N°
2000-274/PRES/PM/MATS/MEF du 17 mai 2000.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
30
le vice président le ministre de l'Economie et des
Finances37 L'AG a pour rôle de définir les grandes
orientations, d'adapter les programmes et d'apprécier l'exécution
des tâches et missions.
Le secrétariat permanent de la CONACOD (assuré
par la DCOD) a pour tâche d'animer, d'exécuter et de suivre les
activités de la CONACOD38 La DSONG (ex BSONG) a
été créée par le gouvernement de l'époque
révolutionnaire en mai 1984 pour mettre de l'ordre au sein des ONG. Le
15 février 2007, elle est devenue officiellement la DGSONG39.
Elle comporte en son sein deux directions. Une direction chargée du
suivi des interventions des ONG (cadre opérationnel), l'autre
chargée du suivi des cadres de coopération avec les ONG (cadre
juridique). Cette nouvelle direction générale reprend les
attributions de l'ancienne direction de la DSONG, ce sont : l'orientation des
activités des ONG, la coordination des activités des ONG, la
gestion de l'information sur les ONG et/ou pour les ONG ; le suivi des
activités opérationnelles des ONGn, la facilitation de
l'exécution des actions des ONG et associations de développement.
De façon résumée, la DGSONG est un outil de gestion de la
coopération ONG- gouvernement - société civile.
1.3 Les collectivités territoriales
La collectivité territoriale est une subdivision du
territoire dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie
financière. Selon l'article 8 de la loi N° 055-2004/ AN portant
CGCT du 21 décembre 2004, elle constitue une entité
d'organisation et de coordination du développement. Les
collectivités territoriales sont : la région et la commune.
La région en tant que collectivité territoriale
a vu le jour à la suite de la communalisation intégrale,
c'est-à-dire aux lendemains des élections municipales du 23 avril
2006. Le ressort territorial de la région en tant que
collectivité territoriale coïncide avec celui de la région
en tant que circonscription administrative. Le ressort territorial de la
région est constitué par l'ensemble des territoires des communes
qui la composent. Il existe de nos jours treize (13) régions au Burkina
Faso. Conformément à l'article 16 du Code de
Collectivités, la région a vocation à être un espace
économique et un cadre d'aménagement, de planification et de
coordination du développement40. Nouvel acteur de la
coopération décentralisée, la loi lui donne la
possibilité d'entrer en coopération avec des collectivités
territoriales étrangères ou nationales. Certaines régions
hériteront des partenariats entrepris par les gouvernorats. En rapport
avec la coopération décentralisée, le
s? L'Article 2 et 7 du décret N°
2000-274/PRES/PM/MATS/MEF du 17 mai 2000. s» Section 2 du décret
N° 2000-274/PRES/PM/MATS/MEF du 17 mai 2000.
39 Décret N°2006-568/PRES/PM/MEDEV du 22 novembre
2006.
40 Article 16 de la loi N° 055-2004 / AN portant
CGCT du 21 décembre 2004.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
31
président du conseil régional exécute les
délibérations du conseil régional. Il est chargé
sous le contrôle du conseil d'exercer la maîtrise d'ouvrage des
travaux de la région et de veiller à l'exécution des
programmes de développement41.
La région apparaît ainsi comme une entité
regroupant plusieurs communes, où, doivent être organisées
et coordonnées les différentes politiques de développement
au plan régional. La communalisation intégrale implique un
transfert de compétence au niveau local. La commune est l'un des espaces
d'élaboration et d'application de la politique de développement.
Dans le sens de la l'article 17 de la loi n°055-2004/AN portant CGCT du 21
décembre 2004, la commune est la collectivité territoriale de
base et son territoire est organisé en secteurs et/ou en villages.
Quelle différence existe-t-il donc entre une commune urbaine et une
commune rurale ?
L'article 19 de la même loi relève que la commune
urbaine est une entité territoriale comprenant au moins une
agglomération de vingt-cinq mille (25 000) habitants et dont les
activités économiques permettent de générer des
ressources budgétaires propres annuelles d'au moins vingt-cinq millions
(25 000 000) de francs CFA.
La commune rurale est un regroupement de villages qui a une
population d'au moins cinq mille (5 000) habitants et dont les activités
économiques permettent de générer des ressources
budgétaires propres annuelles d'au moins cinq millions (5 000 000) de
francs CFA. Nonobstant ces dispositions, les départements existant avant
la date d'entrée en vigueur de la présente loi, ont
été érigés en communes même s'ils ne
remplissent pas les conditions42.
La coopération décentralisée met donc en
scène les pouvoirs publics, constitués de l'Etat, de ses
démembrements et des collectivités. Ceux-ci ne sont pas les seuls
acteurs. En effet selon la conception large de l'UE, les organisations de la
société civile occupent une place de choix dans cette forme de
coopération.
II. Les organisations de la société
civile
La définition de société civile varie de
façon significative selon les caractéristiques
socioéconomiques de chaque pays. En terme simple, c'est ce qui reste
d'une société quand l'Etat se désengage
complètement. En d'autres termes, elle est l'opposée de la
société politique. Dans le cadre de la coopération
décentralisée les organisations de la société
41 Article 122 et 177 de la loi N° 055-2004 / AN
portant CGCT du 21 décembre 2004.
42 Article 27 de la loi N° 055-2004 / AN portant
CGCT du 21 décembre 2004.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
32
civile, à savoir les associations oeuvrant dans le
jumelage coopération et les ONG et associations de développement
feront l'objet de cette analyse.
2.1 Les associations oeuvrant dans le
jumelage-coopération
On distingue deux groupes d'associations oeuvrant dans le
jumelage-coopération selon le critère temporel : les associations
historiques (le Comité National de Jumelage et les Comités Locaux
de Jumelage) qui continuent d'oeuvrer dans ce domaine et celles
récemment créées. Les Comités de Jumelage sont des
associations régies par un texte additionnel43. Il existe au
Burkina Faso, deux types de Comités de Jumelage. Au plan national : le
CNJ et au plan local le CLJ.
Le Comité National de Jumelage
II a vu le jour en septembre 1968 à la suite d'une AG
qui a réuni six (6) CLJ des six (6) premières communes du pays
qui sont : Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Banfora, Koudougou, Ouahigouya et Kaya.
Le CNJ avait pour mission à cette époque de défendre les
intérêts de ces communes, compte tenu du climat politique et
économique qui y régnait. En 1968, les caisses de l'Etat
étant vides, le ministre des finances et du commerce de l'époque
avait mis en place le système de reversement appliqué aux
communes du Burkina Faso44. Le CNJ est maintenant chargé de
la coordination des actions des comités locaux de jumelage sur
l'ensemble du territoire. Le rôle dévolu au CNJ est de
conscientiser, de former et d'accompagner les CLJ. Il est institué
auprès du CNJ une commission de contrôle des CLJ. Ce
contrôle porte sur les fonds et les biens des dits comités.
L'organisation et le fonctionnement de la commission de contrôle sont
régis par arrêté du Ministre chargé de
l'Administration du Territoire45.
Le CNJ est composé uniquement des CLJ. Il comprend un
organe décisionnel constitué par une AG qui prend les grandes
décisions, un comité directeur composé des
présidents des CLJ et un secrétariat permanent qui gère
les affaires courantes.
Les Comités Locaux de Jumelage
II existe plus de 180 partenariats officiels avec des pays comme
la France, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique et les USA dans le domaine de la
coopération décentralisée dont, selon
« Décret N°2000-276/PRES/PM/MATS du 21 juin
2000.
44 Félix. I. Boyarm, op. cit., p.5.
45 Article 13 et 14 du décret
N°2000-276/PRES/PM/MATS du 21 juin 2000.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
33
la DCOD, 142 sont des jumelages coopération. Parler de
jumelage coopération, c'est évoquer le rôle principal du
Comité Local de Jumelage46
Le jumelage avec d'autres partenaires du Nord ou du Sud,
obéit à la procédure suivante :
> la recherche du partenariat : elle n'obéit pas
à une règle particulière. Le plus souvent tout commence
par l'amitié entre deux individus ou le responsable d'une
collectivité peut prendre l'initiative mais il lui est conseillé
d'avoir en main la monographie de ladite collectivité ;
> une fois qu'une ville candidate est identifiée, il
est souhaitable de procéder à des échanges de
délégations afin que chacune des parties fasse connaissance avec
le futur partenaire ;
> il est recommandé à ce stade de créer
un CLJ ;
> le projet de jumelage doit être soumis au conseil
municipal ou au conseil régional pour délibération ;
laquelle délibération doit être approuvée par
l'autorité de tutelle
> après avis favorable, une date de jumelage est
arrêtée d'un commun accord par les deux futurs partenaires ;
> si la cérémonie de jumelage a lieu au
Burkina Faso, les organisateurs doivent écrire au président de
l'AMBF afin qu'il désigne le maire qui va célébrer cette
cérémonie ;
> le SP/CNJ doit être contacté pour l'achat des
protocoles.
Le socle du jumelage est de permettre le rapprochement entre
les hommes, de créer une "école de solidarité" et de
fournir un "espace de rencontre interculturelle"47. Il va s'en dire
que le CLJ ne servira que de cadre institutionnel pour la réalisation de
ces objectifs. En outre, il joue un rôle de maître d'oeuvre dans la
réalisation des infrastructures en particulier et dans le
développement local en général. A la suite des
comités de jumelage, d'autres acteurs ont fait leur apparition ; il
s'agit de l'AMBF et de la MCD.
2.2 L'Association des Municipalités du Burkina
Faso et de la Maison de la Coopération
Décentralisée.
L'Association des Municipalités du Burkina Faso a
été créée le 2 décembre 1995 à la
suite d'un congrès constitutif tenu à Bobo Dioulasso. Cette
structure qui regroupait au départ l'ensemble des maires est devenue par
la suite une association regroupant l'ensemble des municipalités du
Burkina. Elle se présente comme une structure faîtière et a
pour missions
46 L'article 128 de la loi N° 055-2004 / AN
portant CGCT du 21 décembre 2004.
47 CUF, Objectifs et réalités de la CD,
site
www.cites-unies-france.org
.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
34
de promouvoir la solidarité, le partenariat et la
coopération entre les communes burkinabé d'une part et entre
celles-ci et les communes d'autres pays d'autre part, renforcer les
capacités des communes membres, accompagner les communes dans
l'animation de la vie locale, représenter et défendre les
intérêts des communes membres, auprès des pouvoirs publics
et des partenaires nationaux et internationaux.
Accordant un intérêt à la coopération
décentralisée, il a été créé dans le
bureau national de l'AMBF, un poste de secrétariat à la
coopération décentralisée et au jumelage.
L'AMBF agit dans le champ de la coopération
décentralisée en partenariat avec d'autres structures telles que
le CNJ et la Maison de la Coopération Décentralisée
(MCD).
La MCD est une structure associative née d'un
partenariat entre les collectivités territoriales françaises et
l'association burkinabé Acacia,48 qui a pour mission
d'appuyer le développement local et la coopération. Régie
par la loi N°10-92/ADP du 21 décembre 1992, elle a officiellement
ouvert ses portes en fin 2004 et a pour objets de participer à clarifier
et à diffuser la notion de coopération
décentralisée, de favoriser la concertation et la coordination
entre les acteurs de la coopération décentralisée du Nord
et du Sud, d'accompagner les acteurs de la coopération
décentralisée dans l'appui à la mise en oeuvre de la
décentralisation et des dynamiques de développement territorial
et de promouvoir le renforcement et la valorisation des capacités
d'action des acteurs locaux.
Une collectivité territoriale ne peut y adhérer
qu'à la suite d'une signature de convention et du paiement d'un droit
d'adhésion. Le partenariat n'étant pas exclusivement
détenu par les associations oeuvrant dans le jumelage
coopération, il importe de considérer le rôle des ONG et
des autres associations de développement.
2.3 Les ONG et les autres
Association
Le Burkina Faso, ayant adopté le concept large de la
coopération décentralisée, les ONG et associations de
développement, sont à prendre en compte. Mais pour éviter
l'amalgame entre une ONG et une association, une définition claire des
concepts s'impose.
Selon le SPONG, le Burkina Faso compte plus de seize milles
(16 000) ONG et associations49. Le terme association peut avoir
plusieurs appellations : club, groupement, coopératif,
fédération etc. Une association est tout groupe de personnes
physiques ou morales, nationales ou étrangères, à vocation
permanente, à but non lucratif et ayant pour
48 Elle a pour but, la mise en place et le suivi de
projets culturels et l'éducation en Afrique. Elle a également
pour objectif le développement d'une meilleure connaissance des
réalités sociales, culturelles et politiques africaines en
France.
49 Chiffres obtenus auprès du SPONG, les ONG
étaient au nombre de sept (7) en 1960. Elles étaient d'aspiration
religieuse et menaient des activités humanitaires et caritatives.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
35
objectif, la réalisation d'objectifs communs notamment
dans les domaines culturel, sportif, social, spirituel, religieux,
scientifique, professionnel ou socio-économique.50
Pour être reconnue officiellement par l'administration
publique, une association doit au préalable suivre les formalités
ci après : asseoir une instance constitutive (AG, congrès, etc.),
soumettre à cette instance pour adoption les projets de statuts portant
l'objet, les buts, la durée, le siège et le règlement
intérieur de la future association ; procéder à la
désignation des membres dirigeants de l'association ; établir un
procès-verbal des travaux de l'instance constitutive avec mentions
obligatoires de la composition de l'organe dirigeant, l'indication de
l'identité et des adresses complètes de ses
membres.51
Le procès-verbal de l'instance constitutive doit
être signé par les membres du bureau de séance. La
déclaration de l'association est faite dans les huit (8) jours suivant
sa constitution, soit auprès du ministère chargé des
libertés publiques, pour les associations ayant une vocation nationale
ou internationale, soit auprès de l'autorité administrative
compétente lorsqu'elles sont régionales ou locales. A coté
des associations nationales, il existe sur le terrain des associations
étrangères. Selon l'article 17 de la loi N°10-92/ADP du 21
décembre 1992, pour être qualifié d'association
étrangère, le regroupement doit remplir les conditions suivantes
: avoir son siège ou son principal établissement situé
à l'extérieur du Burkina Faso, avoir son organe dirigeant
essentiellement constitué d'étrangers, avoir 75 % au moins de ses
membres fondateurs de nationalité étrangère.
Il existe plusieurs définitions proposées par la
doctrine sur le concept d'ONG. Mais on peut retenir que les ONG sont
créées en dehors de toute directive gouvernementale. Ce sont des
personnes privées, des individus qui décident librement de la
création d'une ONG. A la différence d'une entreprise
privée, elle a un but non lucratif et est l'expression de la
solidarité. Au Burkina Faso, il existe deux (2) types d'ONG : les ONG
étrangères et celles nationales. Le droit burkinabé ne
connaissant pas le concept d'ONG, la voie pour créer une ONG nationale,
passe d'abord par celle d'une association. En d'autres termes, ce sont des
associations burkinabé qui bénéficient du statut d'ONG
auprès des autorités. La convention cadre est l'acte par lequel
une association accède au statut d'ONG. Cette convention renferme deux
appellations, mais, qui théoriquement, ont les mêmes effets. La
convention cadre de coopération gouvernement et ONG est appelée
convention d'établissement au Burkina Faso quand elle s'applique aux ONG
étrangères désirant
50 Art. 1 de la loi N°10-92/ADP du 21
décembre 1992.
51 Les arts. 3 et 4 de la loi N°10-92/ADP du 21
décembre 1992.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
36
s'installer dans le pays et convention d'agrément
lorsqu'elle s'intéresse aux ONG nationales.
Obligations et avantages des associations et
ONG.
La convention cadre (d'établissement ou
d'agrément) accorde théoriquement les mêmes droits aux ONG
nationales et étrangères. Cette convention est valable pour cinq
(5) ans et renouvelable par tacite reconduction. Ce contrat conclu entre le
gouvernement et l'ONG fait naître des droits au profit de chaque partie.
C'est ainsi que le gouvernement s'engage à :
> faciliter l'entrée et à assurer la
sécurité au Burkina Faso des ressortissants étrangers
engagés par l'ONG pour la mise en oeuvre de ses projets et programmes
;
> accorder l'admission en régime de franchise
temporaire des droits et taxes pour les fournitures et équipements
acquis par l'ONG aux fins des projets et programmes.
En retour les obligations dévolues à l'ONG sont
:
> mobiliser les ressources humaines, financières et
techniques nécessaires à l'appui des projets et programmes de
développement initiés et exécutés par les
populations des zones rurales et urbaines du Burkina Faso ;
> soumettre au gouvernement le programme d'activités
qu'elle compte entreprendre et établir à l'attention du
gouvernement son rapport d'activités ;
> designer après consultation du gouvernement un
représentant pour superviser l'ensemble des programmes et projets mis en
oeuvre ;
> assurer l'africanisation de ses cadres et former des
nationaux burkinabé dans les tâches et les domaines de son
intérêt.
Obligations et avantages des associations.
Une association reconnue d'utilité publique peut
bénéficier de subventions ou tout autre avantage consentis par
l'Etat. Selon les articles. 15 et 16 de la loi N°10-92/ADP du 21
décembre 1992 portant liberté d'association au Burkina Faso, une
telle association est tenue de fournir chaque année aux
ministères chargés des libertés Publiques, du plan de la
coopération ou de tout autre ministère intéressé :
son programme annuel d'activités et son bilan de l'exercice
écoulé. Les ministères ci-dessus cités ont droit de
contrôle sur les activités de l'association reconnue
d'utilité publique, afin de s'assurer de leur conformité avec les
programmes nationaux de développement. A l'instar des ONG, les
associations reçoivent des financements et un appui institutionnel de la
part des partenaires étrangers.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
37
oe f
D b b ê f ON
f f f E ON
f ONG b f
b f
D è f
f h U h
b f à f
Bk F O
ê f à
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
38
CHAPITRE I. PLACE DES ACTEURS ET PORTEE DE LA COOPERATION
DECENTRALISEE FRANCO-BURKINABE
/. Le rôle des acteurs
1.1 L'impulsion de la coopération
décentralisée
L'impulsion de la coopération est un rôle qui
incombe en particulier au chef de l'Etat et au gouvernement. C'est dans ce sens
que le Président du Faso assiste aux rencontres d'envergure
internationale entre le Burkina Faso et ses partenaires étrangers,
organisées sur le territoire burkinabé ou à
l'extérieur. C'est aussi ce qui exilique que le premier jumelage
(Ouagadougou/Loudun), célébré le 21 Janvier 1967 a
été parrainé par le Général Sangoulé
Lamizana, Président de la République de Haute Volta en son
temps.52 Dans la même logique, sous la quatrième
République, le chef de l'Etat, Biaise Compaoré a patronné
en 1994 à Saint Fons (France), le premier colloque sur la
coopération décentralisée. Au cours de ce colloque, le
ministre de l'administration territoriale et de la sécurité a
émis les voeux de voir la ville de Ouagadougou jumelée à
celle de Lyon. Le deuxième colloque Burkina/France sur la
coopération décentralisée tenu à Chambéry en
mai 1997, a connu aussi la présence du Président du Faso.
Après les élections municipales de 1995 qui ont permis la
création de 33 communes urbaines, le Président du Faso a
plaidé la cause des nouveaux élus auprès de leurs
homologues français afin de renforcer leurs capacités de gestion.
Ainsi, cette action a permis le réchauffement des relations de
coopération intercommunale entre la mairie de Chambéry et celle
de Ouahigouya.53
En 2002, les autorités du Burkina Faso ont
décidé d'organiser à leur tour les rencontres
franco-burkinabé sur la coopération décentralisée
à Ouagadougou. Cela a eu pour conséquence pour les deux (2)
partenaires de travailler à arrêter de commun accord leurs
attentes. Après cinq (05) ans, soit en 2007, ce sont tenues du 6 au 7
décembre, les deuxièmes assises franco-burkinabé sur la
coopération décentralisée à
Ouagadougou.54Le chef de l'Etat avait souhaité que les
partenaires orientent la coopération décentralisée de plus
en plus vers les secteurs sociaux car ce qui importe dans le
développement, ce ne sont ni les bâtiments, ni les infrastructures
routières et autres mais que l'homme soit libéré de la
faim, de la soif et de la maladie. Le Président du Faso fut
invité par le président du conseil général de
Belfort les 29 et 30 mai 2006. A cette occasion, il s'exprima sur la
52 Félix. I. Boyarm, Histoire de la
coopération décentralisée au Burkina Faso, 2005.,
p.5.
53 Félix. I. Boyarm, op. cit., p.5.
54 CONACOD, CUF, Rencontres nationales sur la
CD franco-burkinabé, 2004 Ouagadougou.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
39
question de "l'immigration choisie" en affirmant que tant que
l'Afrique sera pauvre, cette initiative connaîtra un
échec.55
Soulignons que la présence du Président du Faso
dans les différentes rencontres de la coopération
décentralisée, facilite l'accès des collectivités
et de la société civile aux financements des partenaires au
développement. D'ailleurs, certains partenariats ne sontils pas
nés par le biais de cet engagement ? Il n'est cependant pas le seul
acteur politique, sa présence engage en outre le gouvernement. Le
gouvernement intervient dans le champ de la coopération
décentralisée pour mettre de l'ordre dans le jeu du jumelage. Il
a pris, par exemple, le décret N°2000-276/PRES/PM/MATS du 21 juin
2000 portant organisation et fonctionnement des CLJ et du CNJ. Il a
été créé par décret N°2000-
274/PRES/PM/MATS/MEF le 28 juin, la CONACOD, comme cadre de concertation entre
les acteurs. Ces textes s'inscrivaient dans le souci d'apporter de la
transparence dans les activités des comités de jumelage,
accusés de détournement.
Le ministère en charge des questions des
collectivités (MATD) délivre à travers la DCOD des ordres
de mission aux acteurs nationaux pour répondre aux invitations de leurs
homologues du Nord ou du Sud. Ces ordres destinés aux maires,
présidents de conseils régionaux, membres des CNL et CLJ,
gouverneurs, hauts-commissaires, préfets, etc. permettent à ces
acteurs d'aller à la recherche d'autres partenaires. En 2006 il a
été délivré 96 ordres de mission. Avec l'effet de
la communalisation intégrale, un bilan partiel de l'année 2007
montre que jusqu'en fin août, plus de 80 ordres de mission ont
été délivrés56 La délivrance de
ces ordres de mission permet aux intéressés d'avoir dans de brefs
délais les visas.
L'organisation des rencontres franco-burkinabé en 2002
sur la coopération décentralisée a été en
grande partie l'oeuvre de la DCOD et de la CONACOD. Le gouvernement accorde des
subventions à un bon nombre d'acteurs que sont la DCOD, la DGSONG,
l'AMBF, le CNJ, etc. En créant la DSONG, le gouvernement s'est
décidé à mettre de l'ordre dans le champ des ONG. La
DGSONG octroie des exonérations fiscales et douanières aux ONG et
associations de développement. Le but des exonérations est de
faciliter, aux structures bénéficiaires, l'importation du
matériel dans le cadre de leurs activités. Cela constitue une
forme de subvention que l'Etat accorde à certaines organisations. En
outre, le transfert de compétences et de ressources aux
collectivités territoriales, permet à dernières de jouer
un rôle accru dans leur développement.
55 Article à la Une paru in bulletin
trimestriel d'information de la MCD, N°000 d'octobre à
décembre.
56 Chiffres obtenus en août auprès de la
DCOD.
57 Clémentine Ouedraogo, présidente du
conseil d'administration du SPONG,
www.ieune-afrique.com .
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
40
1.2 La maîtrise d'ouvrage et l'accompagnement
de la coopération décentralisée · La
maîtrise d'oeuvre des comités de jumelage et des ONG.
Dans les collectivités territoriales où il
existe une coopération de commune à commune comme c'est le cas de
la ville de Ouagadougou et celle de Ouahigouya, les CLJ interviennent dans la
dimension humaine et culturelle. Ce sont les CLJ qui offrent aux communes des
chorégraphes, des danseurs traditionnels, des objets d'arts et des
guides touristiques aux bénéfices des partenaires
extérieurs. A l'inverse, dans les localités où les CLJ
sont plus actifs, ils entreprennent de leur propre initiative la
réalisation d'infrastructures telles que la construction
d'écoles, de CSPS, de forages etc.
Au lendemain de l'indépendance du pays, on a
assisté à l'apparition d'ONG à caractère caritatif
et humanitaire. Après la grande sécheresse qu'a connue le sahel
dans les années 1970, le Burkina Faso a enregistré une centaine
d'ONG étrangères57 De l'aide d'urgence, elles sont
impliquées dans les opérations de développement. Les ONG
et associations ont émergé durant la Révolution. C'est en
effet, en 1984 qu'est née la DSONG et dans la même année,
furent organisées les premières rencontres ONG/gouvernement. Dans
le plan quinquennal de 1991-1995, la contribution des ONG et associations a
été estimée, selon le SPONG, à 34 milliards de
francs CFA. Soutenues par l'UE, à travers le FED, les ONG et
associations ont participé à l'élaboration et à la
mise en oeuvre des politiques économiques et sociales. De nos jours, le
CSLP est consulté et mis en oeuvre par les ONG. Il existe des collectifs
d'ONG et associations de développement qui sont des structures
consultatives auprès des instances comme : le CES, le CAPES, Faso Baara,
le PNGT, le PNDS, etc.
Le SPONG a obtenu par ses démarches
l'exonération de la taxe patronale depuis le 4 juin 1975 de la part du
service des impôts. Après de multiples démarches, une fois
de plus, il a reçu la convention-cadre le 1er juillet 1977
pour l'exonération des taxes de douanes sur les machines et articles
destinés au SPONG et ONG membres et qui, serviront d'utilité
publique. En 1975, on dénombrait 17 membres au sein du SPONG. Ce nombre
s'est accru au fil des ans. C'est ainsi qu'on est passé à 28
membres en fin 1976, à 36 en fin 1977, à 40 en fin 1978, à
43 en fin 1983 et à 52 en fin 1984. Le SPONG a participé à
l'élaboration des textes sur la décentralisation et sur le CSLP.
Les membres adhérents s'associent pour mener en commun des projets plus
globaux, comprenant les études, les investissements et la formation, en
harmonie avec les plans gouvernementaux.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page 41
· Accompagnement de la coopération
décentralisée
P lusieurs acteurs dont le CNJ, l'AMBF et la MCD ont
signé des accords de partenariats et mènent ensemble certaines
activités telles l'organisation des journées sur la
coopération décentralisée en vue d'accompagner le
processus.
Le Comité National de Jumelage
Le CNJ dispose d'une longue expérience en
matière d'accompagnement de cette forme de coopération. A partir
de 1993, à l'issue d'une AG, elle a exigé de chaque CLJ un
rapport annuel d'activités en vue de suivre leurs projets et de pouvoir
planifier les formations selon les difficultés qui leurs sont
spécifiques. Le CNJ est sollicité pour le règlement des
litiges et pour présider les cérémonies de signature de
protocoles d'amitié. Visant constamment le renforcement et
l'élargissement du partenariat, ledit comité a adressé des
correspondances à toutes les ambassades du Burkina Faso, via le
Ministère des Affaires Etrangères. La mémoire de la
coopération décentralisée repose sur le CNJ, en la
personne de son secrétaire permanent Félix Idrissou BOYARM qui,
depuis le premier jumelage (1967) établi au Burkina Faso, continue de
s'occuper des questions relatives à la coopération
décentralisée.
La Maison de la Coopération
Décentralisée et l'Association des Municipalités du
Burkina Faso
La Maison de la Coopération Décentralisée
(MCD) a permis la diffusion de la notion de coopération
décentralisée à travers la création d'un site,
d'une base de données et des bulletins trimestriels d'information et de
lettres mensuelles d'information. En octobre 2007, cette structure a
publié un (1) bulletin trimestriel et dix-sept (17) lettres mensuelles
d'information. La Maison de la Coopération Décentralisée a
plus des agents chargés de mission qui aident les collectivités
territoriales et les CLJ dans l'élaboration des projets. La MCD
accompagne les communes dans la recherche de partenariats via Internet, ou,
à partir d'une association déjà existante dans ladite
localité et qui entretient des relations non officielles avec d'autres
associations étrangères. Les agents de la MCD accompagnent les
élus locaux, les membres des CLJ dans les missions à
l'étranger. Ils jouent aussi un rôle de formateurs. Les
collectivités françaises ont été initiatrices de
cette structure qui, en réalité, oue le rôle d'interface
entre les collaborateurs des deux parties.
L'AMBF quant à elle, a signé une convention avec
la MCD. C'est pourquoi, toutes les activités touchant la
coopération décentralisée sont orientées vers la
MCD. Aujourd'hui, il existe une symbiose parfaite entre les deux (02)
structures, car la secrétaire chargée de la
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
42
coopération décentralisée au sein du bureau
de l'AMBF est en même temps la présidente de la MCD. Toute chose
qui permet d'agir ensemble auprès des communes membres.
//. Les domaines d'intervention et les acquis 2.1
Les
bases juridiques de la coopération
décentralisée
Au Burkina Faso, comme partout dans la sous région
ouest africaine, les acteurs, à quelque niveau que ce soit, ont pris la
pleine mesure de ce que la coopération décentralisée
représente pour les défis de développement. Pour les
autorités nationales ou locales, il s'agit au vue de cette
réalité, d'oeuvrer sans relâche à renforcer les
partenariats existants et cela à travers une réelle mobilisation
des concitoyens à la base autour des idéaux qui sou tendent la
notion de coopération décentralisée. La coopération
décentralisée trouve son fondement juridique à travers les
lois sur la décentralisation.
Ainsi, en application de l'article 9 du Code
Général des Collectivités Territoriales (CGCT), la loi
institue pour les collectivités territoriales la possibilité de :
« ..., établir des rapports de coopération avec des
organisations extérieures au Burkina Faso dans le respect de la
souveraineté et des intérêts de la nation » ;
« entreprendre dans les conditions prévues par la loi et dans
le cadre de leurs compétences propres, des actions de coopération
qui donnent lieu à des conventions avec des collectivités
territoriales de pays étrangers ou organismes internationaux publics ou
privés oeuvrant dans le domaine du développement».
En vertu de l'Article 122 du CGCT, les collectivités
territoriales burkinabé peuvent instituer entre elles ou entre elles et
des collectivités territoriales étrangères, des relations
de coopération. Cette coopération peut se faire au moyen de
l'entente ou du jumelage et suivant les intérêts des parties, mais
dans le respect strict de la constitution. L'article 124, dudit code
élargit cette règle en indiquant que « Les
collectivités territoriales burkinabé peuvent instituer entre
elles et des personnes morales de droit public ou privé, nationales ou
étrangères, des structures de concertation et de
coopération sur des questions d'intérêt commun. Lorsqu'un
groupement de collectivités territoriales exerce des attributions dans
un domaine faisant l'objet d'un transfert de compétences, ce transfert
s'opère au profit de cet organisme sur décision des organes
délibérants locaux... ». Cet article démontre que la
coopération décentralisée, qu'elle soit urbaine ou rurale
n'est pas l'apanage des institutions et des ONG/associations seulement, mais
implique aussi les individus.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
43
2.2. La nature des appuis
2.2.1 L'assistance financière et
économique
Le Directeur des Relations Internationales de la mairie
centrale relève que < plus de la moitié des
investissements des partenaires sur le plan international sont des dons en
matériel». Le Chef de Service des Collectivités
conforte cette analyse lorsqu'il indique que : < l'apport de la
coopération décentralisée s'effectue
généralement en nature, alors que les dons en nature ne sont pas
budgétisés». On comprend toute la difficulté
lorsqu'il s'agit d'évoquer les apports de cette coopération. La
contribution de la coopération décentralisée
s'avère nécessaire, étant donné la situation peu
reluisante de l'économie communale.
Par exemple, lorsqu'on examine la situation du budget et la
capacité d'autofinancement (CAF) communal, il ressort que l'effort
d'investissement de la commune évolue en dent de scie avec toutefois une
forte tendance à la baisse. D'un effort d'investissement de 60% en 2001,
cet effort passe en 2005 à 19.7%. Si les recettes communales
évoluent à la baisse, les dépenses quant à elles
enregistrent une augmentation58. Les études (A. Aziz
Ouédraogo 2004, G2 conception, 2007) relèvent que les contraintes
de mobilisation des ressources communales se situent entre autres au niveau de
l'incivisme fiscal et de la forte mobilité des contribuables. Cette
situation s'est accentuée avec la fermeture du grand marché en
2002 qui a entrainé une forte dispersion des commerçants alors
que plus de la moitié des recettes provenait des taxes perçues au
niveau des marchés et des boutiques situées à ses
alentours59.
On assiste aussi à la baisse de la capacité
d'autofinancement de la commune (CAF). Cette baisse de la CAF, surtout entre
2003 et 2004, est liée à la fermeture du marché ; mais
dans l'ensemble, elle a évolué, de manière fluctuante
durant les cinq (5) dernières années. Pour permettre à la
commune de dégager une épargne suffisante et de pouvoir financer
ses projets d'investissement communautaire, la coopération
décentralisée se présente comme une solution, au regard de
ses contributions financières.
Le Premier Adjoint du Maire de Ouagadougou remarque que <
pour réaliser les projets de développement urbain, il faut
mobiliser des recettes capables de supporter les dépenses liées
à leur exécution, créer des activités
génératrices de recettes pour la commune ou des activités
rémunératrices». Il y a lieu dans ce sens « de
développer des activités telles que
58 G2 Conception, Etude diagnostique de
l'agglomération de Ouagadougou, Rapport définitif,
Août 2007, p157.
59 G2 Conception, op cit. pll3.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
44
la réalisation d'équipements marchands, la
réalisation d'habitats, la construction de salles de cinémas, de
jardins et de boutiques de rue qui seront mis en location et perçus
mensuellement» note le Premier Adjoint du Maire. Selon le
Secrétaire Général de la commune de Ouagadougou, «
les sources de financement de la commune ont évoluées dans le
cadre de la décentralisation et surtout avec la coopération
décentralisée. Les modes de financements sont surtout d'ordre
subventionne! ». Le Directeur des Relations Internationales de la
mairie centrale ajoute que « l'intervention financière des
partenaires ne consiste pas à donner de l'argent directement à la
commune, ils traitent directement avec les entreprises adjudicataires des
marchés. Les partenaires interviennent à hauteur de 80% et la
commune assure les 20% restants». Le Secrétaire
Général du Comité National de Jumelage souligne que
« la coopération est un instrument de développement et
le mobile principal ». Au titre des exemples, le Directeur
Général de la Direction de la Coopération
Décentralisée a évoqué le cas de Tanghin- Dassouri
et de Komki-lpaala qui reçoivent près de 80 000 000 de frs CFA
chaque année dans le cadre de la coopération
décentralisée, et de la commune de Ouagadougou qui reçoit
au moins 50 000 000/an du jumelage.
Ainsi, sur le plan économique, la coopération
décentralisée favorise la mise en oeuvre des projets par le
financement des opérations suivant une démarche bien
appréciée de toutes les parties. Selon le Secrétaire
Permanent du CNJ, « /'/ y a des partenaires qui envoient directement
le matériel qu'ils ont acheté à leur niveau, par contre
d'autres signent des conventions qui prévoient la mise à la
disposition des communes, l'argent nécessaire, et les invitent à
rendre compte après exécution des projets. En ce moment, les
communes lancent des appels d'offre et le numéro de compte de
l'entreprise adjudicataire est envoyé aux partenaires pour le
règlement». Il signale que Ouagadougou applique cette
modalité d'intervention. Quelle que soit l'option de financement, la
mise en oeuvre des actions sous la maîtrise d'ouvrage des communes permet
de doter les collectivités des moyens nécessaires pour leur
développement. Les projets se formant pour les secteurs qui en ont le
plus besoin, il va de soit que leur bonne exécution entraine des
avancées notables dans ces secteurs.
Le Secrétaire Permanent du CNJ estime, en effet, que le
jumelage investi environ 35 000 000 de frs CFA par an à Ouagadougou et
que plus de 1 800 000 000 de frs CFA sont injectés par an sur l'ensemble
du territoire burkinabé par les partenaires du jumelage. Les appuis
financiers de la coopération décentralisée
n'émanent pas seulement des collectivités. La contribution
financière des ONG aurait atteint 34 milliards de FCFA entre
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
45
1986 et 1990. En 2003, on évaluait le bilan de la
coopération décentralisée à plus de 70,8 milliards
de FCFA.
L'exemple du jumelage-coopération entre Loudun et
Ouagadougou, donne au titre des interventions ponctuelles de 1967 à
1993, une somme de 62 725 390FCFA (CLJ, 2004). Dans le projet de
réhabilitation des quartiers périphériques de Ouagadougou
en 2006, le Partenariat Ouagadougou - Lyon - AFD a permis l'obtention d'un
montant de quinze (15) millions d'euros soit neuf milliards huit cent millions
(9 800 000 000) francs FCFA. Grand Lyon a mis à la disposition de la
commune de Ouagadougou un assistant technique auprès du
Secrétaire Général. Elle a, en outre, contribué
à la création du Centre de formation et de compétences aux
métiers urbains, (coût : 0,6 M €). Selon le Secrétaire
du CNJ, « du point de vue de l'assistance économique, la
réalisation des kiosques et boutiques au bord de certaines
artères de la ville, en offrant des cadres d'exercice aux
commerçants, fait entrer des revenus dans les caisses de la commune
».
La construction des boutiques de rue par le
jumelage-coopération avec Loudun favorise le développement des
activités commerciales et le relèvement des revenus au profit des
services communaux et des commerçants. Dans la même logique, la
coopération décentralisée en facilitant la construction du
centre d'accueil pour entrepries (CAE) a offert à la commune un
dispositif institutionnel local et aux commerçants et autres
entrepreneurs un cadre de promotion des activités économiques.
La dimension genre n'est pas ignorée dans cette
coopération. L'appui aux AGR des femmes a été
caractérisé par le financement d'achat de broyeurs de moulin
à grains aux femmes de Sig-nonghin en 2005 et de fournitures
d'équipement et de matériel de transformation du soumbala, beurre
de karité et savon local aux femmes de l'Association des Femmes
Monoparentales et Enfants en Difficulté de Boulmiougou (AFMEDB) en
2006.
2.2.2 L'appui technique
Les acteurs de la coopération
décentralisée ont intégré dans leurs habitudes
d'intervention, l'assistance technique. Elle consiste à envoyer des
techniciens, des gens formés dans des secteurs précis pour
répondre à un besoin spécifique dans le cadre d'une
intervention. Cet envoi peut être une exigence des bailleurs ou à
la demande des collectivités bénéficiaires pour combler un
vide en la matière. Selon le secrétaire permanent du CNJ, cette
forme d'assistance est le plus souvent une exigence des bailleurs. Cette
pratique a certains avantages pour toutes les parties. Pour le Nord, «
Outre l'expertise apportée, mobiliser les compétences locales
au Nord (et donc les prestataires de service) est une manière
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
46
supplémentaire de mobiiser les forces vives
à l'échelle d'une commune. Une telle démarche permet de
fédérer les citoyens, mais aussi les opérateurs
économiques sur les problématiques de développement au
Sud60 ».
Au regard de la faible compétence technique des acteurs
locaux de Ouagadougou, la question du sens de la coopération
décentralisée reste posée. En effet, doit-on se
réjouir d'une coopération décentralisée qui ferait
des collectivités françaises davantage des prestataires que des
partenaires ? Continuer de rester dépendant de l'assistance technique
des collectivités françaises, est une attitude qui conduit
à leur ajouter un rôle de prestataire et démontre
constamment l'immaturité des collectivités du Sud. Si la
coopération décentralisée se veut le produit de
réciprocités, le sens pris par celle-ci semble, dans sa dimension
d'assistance technique, s'éloigner de cet objectif.
2.3 Les domaines d'appuis
Deux dimensions essentielles sont à observer dans la
coopération décentralisée francoburkinabé dans la
ville de Ouagadougou : la coopération-jumelage qui est une forme de
relation établie entre les peuples et dont la durée est
indéterminée et le partenariat qui est issu d'une convention de
coopération signée entre deux entités pour la
réalisation d'actions ponctuelles dans une durée
déterminée. Ouagadougou entretient des relations de partenariat
avec quatre villes françaises : Grenoble, Bordeaux, Lyon et Grand Lyon
et un jumelage -coopération avec Loudun. En fonction de la dimension
prise en compte, on peut déterminer des domaines et des actions
spécifiques. Etant donné que Ouagadougou n'entretient qu'un seul
jumelage-coopération avec une collectivité française, il
est préférable de présenter de manière globale les
domaines d'action et les réalisations y afférentes. Vu la
diversité des secteurs d'intervention, il sera présenté
les plus importants.
2.3.1 L'éducation, la formation et la
culture
L'appui aux initiatives communales dans ces domaines se
manifeste par le parrainage des enfants déshérités,
orphelins et déscolarisés, l'alphabétisation des femmes
(205 femmes en 2005§2006) l'équipement en fournitures scolaires, la
mise en oeuvre du projet « Espace lecture » pour un encadrement
pédagogique des élèves du primaire et du secondaire en
difficulté scolaire ( Nongr Maasom). On note aussi la création de
centres de formation.
60 Aubourg Guillaume., Grodin Pierre-Marie et al.
Guide de la coopération décentralisée pour l'eau
potable et l'assainissement, Paris, 2007, p15.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
47
C'est le cas du Centre International de Formation et
Compétences aux Métiers Urbains (CIFCMU), créé pour
renforcer les compétences communales. En outre, il y a le recrutement et
la formation de certaines catégories de personnes comme les
prostituées et les enfants de la rue dans des centres
spécialisés pour faciliter leur réintégration
socioéconomique. La réalisation d'infrastructures scolaires
adéquates et leur équipement en tables bancs et matériels
didactiques constitue aussi l'un de ces apports. Cependant, il a
été constaté l'envoi de livres scolaires inadaptés
au système d'enseignement en vigueur. Il est toutefois indéniable
que les actions développées par la coopération
décentralisées dans le champ de l'éducation, en
intégrant la dimension sociale, permet de réduire la
possibilité de la reproduction des inégalités sociales
(Pierre Bourdieu 1980, Daniel Gaxie 1996).
Dans le cadre de la formation, la coopération
décentralisée couvre plusieurs aspects dont la culture. Un nombre
important d'agents communaux sont formés par l'action de la
coopération décentralisée afin de faciliter le
fonctionnement des services municipaux. On note le cas des secrétaires
généraux des mairies, des conseillers sur les techniques de
gestion communale, des directeurs de ressources humaines, agents de police
municipale et des sapeurs pompiers. L'acquisition de compétences
nouvelles par la formation et le recyclage des agents contribue au renforcement
de la qualité des services municipaux et partant, permet l'atteinte des
objectifs de développement. En outre, par ce canal, des troupes
artistiques burkinabé sont formées en France et leur voyage pris
en charge. La valorisation des oeuvres locales est aussi assurée par
cette coopération par le concours du CCF.
C'est dans le domaine culturel que la commune excelle le
mieux. Les apports en France passent par la découverte d'une nouvelle
culture sous, de nombreux, aspects (artisanat, art, musique, gastronomie,
histoire...). Si la collectivité du Nord peut apporter
énormément dans l'accompagnement à la réalisation
concrète de projets, inversement, la collectivité du Sud peut lui
réapprendre les valeurs d'une société riche de culture, de
jeunesse, de dynamisme, de respect des anciens, du sens de l'accueil, de la
joie de vivre (...). Les deux collectivités sont alors
complémentaires et apprennent à changer le regard qu'elles
portent sur elles-mêmes et sur le monde.
Au-delà de la découverte sur le terrain de ceux
qui partent en mission ou en échange, la réciprocité
s'exprime souvent par des manifestations culturelles sur le territoire
français, occasion d'information, de sensibilisation et aussi
d'éducation au développement dans les
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
48
écoles. Les échanges d'objets d'art pour
l'embellissement (cas des statuts dans les coins de rue) et l'envoi d'objets
artistiques en guise de cadeaux sont le fruit de cette coopération.
2.3.2 Le sport et les loisirs
Au niveau du sport et des loisirs, la création du stade
Omnisport René Monory est un signe fort de la coopération entre
Ouagadougou et Loudun. Ce stade constitue d'ailleurs le produit de la toute
première coopération entre Ouagadougou et une collectivité
française. En outre, la création d'un club de football municipal
(CFO), qui est monté dans les arènes de la première
division nationale ouvre la porte pour de nouvelles formes d'appui dans le
domaine de cette coopération. On assiste à des productions
culturelles de troupes artistiques dans les villes jumelles et à
l'équipement de certains clubs en matériels sportifs, et
également à un séjour de jeunes joueurs à Loudun.
La réalisation de jardins en 1996 et 1998 à hauteur
respectivement de 7 800 000 et de 5 800000 viennent renforcer les
infrastructures de loisir de la ville et favorise sans doute
l'épanouissement des populations. C'est aussi le cas du jardin de la
musique qui fait la fierté de la capitale et dont la réalisation
a été financée par Grenoble à hauteur de 67 000 000
en 1999.
2.3.3 La santé, l'hygiène,
l'assainissement et l'action sociale
Les actions concernent les envois par les collectivités
françaises des produits pharmaceutiques, des équipements
médicaux pour les centres et l'offre des possibilités de
formation et de recyclage du personnel technique. Avec le projet LAMI, nombre
d'apports ont été faits par les partenaires français dont
la fourniture en médicaments pour les dispensaires de la ville. On note
comme autres actions, l'appui aux activités de prévention et de
lutte contre le VIH/SIDA ; l'établissement de relations entre le CHU de
Ouagadougou et CHU de Grenoble. Des actions non négligeables ont
été réalisées dans les localités
environnantes de la ville dont, la construction d'officines pharmaceutiques et
l'équipement des CSPS en panneaux solaires pour améliorer les
conditions de travail du personnel et les conditions de vie des populations.
Ainsi, les réalisations infrastructurelles qui s'opèrent dans les
localités environnantes de la commune de Ouagadougou et les
équipements divers, faits aux services sanitaires de la commune ne sont
pas négligeables, car ils soulagent les souffrances des populations, au
regard de leur état de pauvreté.
Au niveau de l'assainissement et de l'hygiène, des
actions d'envergure importante ont été entreprises. On
relève entre autres, la construction de latrines publiques en 1997 et
1998, le don de moustiquaires imprégnés, l'octroi de 5 camions
bennes à ordures ménagères et 2
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
49
camions plateaux-grue en 1995 ont permis à la commune de
survenir à ses besoins dans le cadre de la collecte et du traitement des
ordures ménagères.
Concernant l'action sociale, les domaines d'intervention sont
diversifiés. D'abord, la question de l'enfant de la rue est prise
à bras le corps par la commune et partant, elle est supportée par
ses partenaires dans l'exécution des actions. Il s'agit entre autres des
études diagnostiques sur la situation des enfants de la rue et la prise
en charge des cas dans des centres spécialisés de la Croix rouge,
AMPO, TECHAS,
etc. et leur réinsertion
socioprofessionnelle. Les prostituées ne sont pas en marge dans cette
problématique ; elles sont prises en charges sur le plan médical,
et au moins quatre études appuyées financièrement par les
partenaires français ont permis de jeter les bases d'une connaissance du
phénomène et amené la commune à prendre des actions
vigoureuses. Certaines travailleuses du sexe (TS) sont formées et
réintégrées sur le plan socioprofessionnel et ces efforts
sont appuyés par les collectivités françaises.
L'appui des collectivités françaises aux efforts
de la commune de Ouagadougou peut se voir aussi dans l'exécution des
projets en faveur des plus démunis (orphelins, veufs et veuves, etc.).
C'est le cas de la distribution de vivres et de fournitures scolaires ainsi que
l'organisation chaque année de l'arbre de Noël.
2.3.4 La Sécurité
urbaine
La question de la sécurité est fondamentale dans
les débats sur le développement urbain. Ville en pleine mutation,
Ouagadougou connaît un accroissement continu de la criminalité,
avec des fréquents vols, viols et cambriolages, des accidents mortels,
d'attaques à mains armées, de meurtres et d'assassinats, etc. Les
autorités politiques conscientes du poids de cette violence, ont
consenti des efforts multiformes pour concentrer un maximum de forces de
sécurité sur la ville. En effet, elle compte un (1) commissariat
central de police, cinq (5) commissariats d'arrondissements, un commissariat
municipal, une compagnie Républicaine de sécurité, un
commissariat à Ouaga 2000 et sept (7) brigades de gendarmerie.
Malgré ce dispositif, Ouagadougou n'est toujours pas
épargnée par les violences, d'où les actions de la
coopération décentralisée en la matière pour former
et équiper les forces de sécurité. La convention de
coopération avec Lyon a permis l'équipement des agents de
sécurité municipaux avec 5 motos et radios en 1995. En 2005, des
agents de la police municipale et des sapeurs pompiers ont été
formés à Bordeaux. Du matériel d'éclairage public
et des feux tricolores ont été octroyés par le biais de
cette coopération.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
50
Le secrétaire permanent du comité local de
jumelage explique que depuis 1997, grâce à la
coopération décentralisée, les associations travaillant
sur la sécurité routière sont accompagnées dans la
réalisation de leurs actions par des financements et des
équipements adéquats. Etant donné les cas d'accidents
fréquents, une telle action contribue à renforcer la
sécurité dans la ville.
Indépendamment de ces conventions de coopération
et de jumelage entre les villes françaises avec Ouagadougou, des
collectivités françaises entretiennent des relations de
coopération avec certaines localités proches de la ville et
faisant partie du Grand Ouaga. Tanghin Dassouri et Komki Ipala entretiennent
avec Belfort (territoire de Belfort-Franche Comté) des relations de
jumelage-coopération respectivement depuis 1982. Tanghin Dassouri est
aussi jumelé avec La Rochelle (Charente-Maritime, Poitou-Charentes)
depuis 2000; Nioko II entretient ces mêmes relations avec Eragny sur Oise
depuis 1983. Les domaines d'action sont presque les mêmes que ceux
observés à Ouagadougou : Education, santé, hydraulique et
tourisme.
Les autres apports non négligeables de la
coopération décentralisée sont liés aux
réciprocités dont bénéficient les partenaires
coopérants. Entre autres, on peut citer :
les échanges d'expériences et de compétences
qui sont formateurs sur le plan professionnel et humain ;
· le rapprochement des peuples par la création de
relations d'amitié ;
· la sensibilisation aux problèmes mondiaux par
l'écoute des difficultés rencontrées ;
· enfin l'émergence d'une citoyenneté
mondiale qui se construit via les projets de développement.
Le tableau suivant fait un récapitulatif des intervenants
français dans la ville de Ouagadougou et les domaines d'actions et
quelques actions entreprises.
Le tableau suivant présente un récapitulatif
des intervenants français dans le cadre de la coopération
décentralisée à Ouagadougou. Il y ressort que la date de
démarrage des relations de jumelage ou de partenariat diffère
selon la collectivité.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
51
Collectivités françaises
|
Date de création
|
Domaines d'intervention
|
Réalisations
|
Loudun (jumelage)
|
1967
|
Assainissement ; - éducation et
alphabétisation ; santé ; jeunesse et emploi
|
Parrainage scolaire (2000-2005) ;
Construction d'un point de lecture (2005) ; Projet moustiquaires
imprégnés (LAMI)
|
Lyon
|
1995
|
Police municipale ; Eclairage public ; Espaces verts, parcs et
jardins, - NTIC
|
Deux camions-échelles ; Feux tricolores : 10 carrefours
équipés ; Matériel d'éclairage public ; 5 motos et
équipements radio pour la police municipale Opérations Lyon aux
couleurs de lion Stages de formation et missions d'experts
|
Le Grand
Lyon
|
1995
|
Propreté, collecte et
traitement des déchets ; déplacement
et signalisation lumineuse ; Parc
automobile et ateliers ; - eau potable - formation
|
- 5 bennes à ordures ménagères, - 2 camions
plateaux-grue ; - 8 forages hydrauliques (60.000EU) ; - Réalisation du
schéma directeur informatique ; - Fourniture de deux autobus ; -
Création du CIFCMU ; - Stages et missions d'experts
|
Grenoble
|
1999
|
Aménagement paysager et parcs urbains; archives
municipales culture
|
Jardin de la musique (67.000.000) ; Animation du DESS sur le
développement local ; Mise en relation CHU de Ouagadougou et CHU
de Grenoble ; Union de quartiers Gounghin Tanghin Fourniture de
7 autobus
|
Bordeaux
|
2005
|
Formation des élus et
fonctionnaires municipaux ; Aménagement des espaces
publics ;
Echanges culturels
|
formation des secrétaires généraux des
mairies ; formation conseillers sur les techniques de gestion
communale ; Formation des Directeurs de ressources humaines ; Formation
agents de police municipale sur la prévention et la surveillance de
l'ordre public, la
sécurité et la salubrité publique ;
Formation sapeurs pompiersdans la prévention
incendie bâtimentaire et industrielle
; Prévention et lutte contre le VIH/SIDA
|
Conseil Général de Vienne
|
|
Formation professionnelle ; insertion sociale et secours
d'urgence
|
Equipement des classes en matériel de
travail ; équipement du Centre de formation
des jeunes filles en machines à coudre et à
tisser
|
|
Source : recherche de terrain, Novembre 2008.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
52
CHAPITRE II. DIFFICULTES RENCONTREES PAR LA
COOPERATION DECENTRALISEE ET PERSPECTIVES
I. Les limites et les travers de la coopération
décentralisée
1.1. Les Facteurs de blocage
On évoque souvent le problème de
démocratie au sein des acteurs du Sud ainsi qu'entre ces acteurs et ceux
du Nord. Les intérêts divergents des élus du Sud les
conduisent parfois dans des conflits de positionnement. Par exemple, au Burkina
Faso, le MATD par le biais de la DGCOD, chargée de l'exécution de
la politique en matière de coopération
décentralisée, s'indigne du fait que certains intervenants et
bénéficiaires refusent de rendre accessibles les données
relatives aux activités mises en oeuvre. En effet, les structures (CNJ,
CLJ et collectivités territoriales) exécutant les
activités au profit des populations gardent jalousement leur
documentation et ne produisent pas de données pour la direction de la
coopération décentralisée. Selon le chargé de
jumelages et de partenariats de cette direction, « après les
aspects administratifs des accords dans lesquels on est impliqué, le
reste, bien que nous intéressant, se passe entre les
collectivités. Nous leurs avons souvent exigé des documents afin
de suivre leurs actions, mais c'est toujours le silence ». Mais ne
disposant pas les ressources (matérielles, humaines) nécessaires
pour aller vers les autres acteurs, la direction éprouve
d'énormes difficultés pour assurer son rôle.
En plus du problème de communication entre les acteurs
de la coopération décentralisée, on évoque souvent
les difficiles rapports entre certains acteurs (collectivités et
société civile). Selon le secrétaire permanent du
comité national de jumelages, malgré les efforts dudit
comité qui fait entrer au minimum 50 millions pour la commune de
Ouagadougou chaque année, les besoins de fonctionnement de la structure
ne sont pas comblés. La commune de Ouagadougou n'accorde que 1 million
par an à ce comité pour son fonctionnement. En outre, les
rivalités entre acteurs locaux se transportent souvent dans leurs
rapports avec les collectivités françaises et elles sont souvent
stratégiquement exploitées par ces dernières (le
Responsable du service chargé de jumelages et de partenariats du MATD).
La perception des avantages diffère d'un acteur à l'autre.
Certaines relations qui auraient pu rapporter plus sont abandonnées au
profit d'autres. Le secrétaire du comité national de jumelages
note le cas d'une ville française qui a fait le premier pas vers
Ouagadougou et qui n'a pas reçu réciproquement
l'intérêt de cette dernière. Selon ses termes, «
Ouagadougou a toujours clamé qu'elle n'a pas les ressources
nécessaires pour payer le voyage du comité de jumelage afin de
sceller
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
53
définitivement cette relation ». Si pour la
mairie de Ouagadougou, cette relation paraît peu importante, pour le CNJ,
c'est une opportunité à exploiter.
Les difficultés ainsi mentionnées entachent la
synergie d'action et remet en cause la compétence des acteurs de
Ouagadougou. Il faut souligner aussi le problème de ressources humaines
que connaissent les mairies de Ouagadougou. Malgré les efforts de
formation et de recyclage, la diversité des actions, l'envergure de la
mairie centrale et des autres mairies et les moyens dont elles disposent,
exigent plus de personnels qualifiés. « On relève le peu
de personnels qualifiés et l'insuffisance de personnels comme l'une des
difficulté de la mise en oeuvre de la coopération
décentralisée » (Secrétaire du CNJ). L'absence
de spécialistes de certaines questions impose dans les accords, la mise
en oeuvre de la dimension technique de la coopération (l'envoi par la
collectivité « bailleur» d'un conseiller technique).
Le faible nombre de collectivités françaises (5)
intervenant à Ouagadougou constitue un défi à relever par
les autorités communales. Il est certes vrai que le nombre de
collectivités françaises intervenant à Ouagadougou est
plus important que celui des autres pays, mais il reste encore faible pour la
ville. Si pour une raison quelconque, certaines collectivités cessaient
de coopérer, les conséquences seront, sans doute, importantes. En
effet, le retrait d'un ou de plusieurs acteurs peut causer des dommages
énormes pour la collectivité de Ouagadougou, si celle-ci ne
trouve pas d'autres partenaires. On constate aussi que malgré les 5
jumelages-coopérations, c'est seulement le jumelage avec Loudun (France)
qui fonctionne bien. Ce faible nombre de partenariat et son faible
fonctionnement constitue une limite que la commune doit travailler à
combler pour faciliter son développement.
Enfin, les difficultés observées relèvent
de la faible implication des populations. « Malgré les
nombreuses sensibilisations, la base semble ignorer l'existence de cette forme
de coopération » (Secrétaire CNJ). Le
désintérêt constaté de la population par rapport aux
activités de la coopération décentralisée montre
certainement que les sensibilisations qui leur sont adressées ne sont
peut être pas encore bien comprises. Ainsi, les premiers responsables de
la commune doivent s'investir au mieux pour trouver la formule la plus commode
de les y intéresser.
1.2. Les non-dits de la coopération
décentralisée
Dans les relations entre communautés humaines, tout
acte posé ne saurait être une simple manifestation de
charité, car comme le reconnaît le sociologue (Marcel Mauss avec
le don.), il n'ya pas de don sans contre don. En d'autres termes, il n'existe
pas d'action neutre
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
54
ou de charité désintéressée entre
collectivités, surtout quand on sait que chacune vise la
réalisation de ses intérêts propres. La coopération
décentralisée apparaît dès lors comme un
investissement stratégique pour les collectivités du Nord. Pour
l'analyse de ces points, nous ferons cas des formes de
réciprocités qui sont développées et les non-dits
de cette coopération qui se manifestent dans la pratique.
La coopération se déclenche sur l'initiative
d'élus ou d'acteurs par des échanges mutuels mais souvent, elle
se fait dans un seul sens. Dans ce denier cas, la coopération
décentralisée se transforme en assistance ou aide, car la
réciprocité qui est souvent évoquée n'y est pas un
concept opératoire. Ousmane Syll (2005) n'hésite pas à
parler de coopération à sens unique, puisque, seule une partie
(les acteurs du Sud) bénéficie des actions
développées. Cette analyse est assez simplificatrice et peu
fondée car les formes de sociabilités que crée la
coopération décentralisée sont fonction des enjeux
géostratégiques des acteurs. Tout en reconnaissant le
caractère stratégique de la coopération
décentralisée Nord-Sud, Ousmane Syll (2005) remarque que certains
acteurs du Nord n'évoquent le principe de réciprocité que
de manière philosophique. Cependant, il estime que cette forme de
coopération Nord-Sud n'est porteuse de développement que lorsque
la relation de réciprocité est assurée.
La coopération décentralisée n'est qu'un
pan de la coopération entre Etats et de ce fait, elle répond aux
mêmes logiques : la construction ou le maintien des rapports
stratégiques répondant aux intérêts
spécifiques des acteurs. En d'autres termes, derrières les
intérêts dits communs sur lesquels se fondent officiellement la
coopération, se trouvent les véritables mobiles inavoués.
Comme le souligne le chargé de jumelages et de partenariats de la
direction de la coopération décentralisée, «
certaines actions sont posées par les partenaires hors de toute
médiatisation parce que ces partenaires exigent cette démarche
sans que l'on sache la raison ». Il est étonnant cette
attitude, ci-dessus soulignée, car, en général, les
partenaires prennent les médias pour témoins de leurs actions. En
effet, par l'intervention médiatique, les actions
réalisées sont immortalisées. En outre, les images
rapportées servent d'outils pour montrer la fidélité des
partenaires auprès de leurs contribuables locaux. Vu l'importance de la
médiatisation dans la mise en évidence de la
crédibilité des partenaires, ces derniers ne peuvent
déroger, à son utilisation, que s'ils ont des justifications plus
pertinentes. En effet, sans toute fois vouloir nous verser dans des jugements
de valeur, il apparaît qu'il y a anguille sous roche dans l'attitude des
collectivités françaises. Des sociétés ont souvent
été créées en Afrique pour assurer le blanchiment
d'argent. En outre, certains acteurs du Nord ont souvent profité de
leurs bonnes relations
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
55
avec le Sud pour écouler des produits défendus
(la drogue par exemple). Soulignons que les produits acheminés par les
partenaires arrivent hors taxe, hors douane, ce qui signifie que des esprits
malins pourraient faire venir des colis spécifiques destinés
à d'autres fins. Cette analyse s'inscrit juste dans une tentative de
compréhension de l'attitude des partenaires français et non une
incrimination, voire une confirmation de ce qui est fait. Il demeure cependant
que cela peut être une explication du maintien des relations entre les
collectivités françaises et Ouagadougou qui n'a pratiquement rien
à donner mais qui passe son temps à recevoir.
Le secrétaire du comité national du jumelage,
interpelé sur cette question, reconnaît le caractère flou
des interventions de certains partenaires, mais s'empresse de signaler que
« lorsque les attitudes des partenaires ne portent pas atteinte
à notre dignité, on peut les accepter ».
L'atteinte à la dignité humaine peut être
diversement appréciée, mais il est évident que la
satisfaction d'un intérêt inavoué passe par une attitude
consistant à passer sur les attentes des autres. A quoi sert-il
d'ailleurs à une communauté de tirer profit d'une action dans
l'immédiat, et d'y rester continuellement dépendante?
La coopération décentralisée franco
burkinabé apparaît pour les partenaires français comme un
moyen de recherche des opportunités d'emplois pour leurs populations.
Cette perspective a été développée aussi bien par
des auteurs (Antoine Vion et Emmanuel Négrier, 200261) que
par les résultats des entretiens. La question de l'emploi se pose avec
acuité dans nombre de pays occidentaux et la France n'échappe pas
à cette réalité. C'est ainsi que les voies ouvertes par
les collectivités dans leurs rapports avec les partenaires du Sud
constituent pour les responsables politiques français une voie pour
résoudre cette problématique. En effet, l'envoi d'assistants
techniques dans l'exécution des projets permet de trouver quelques
postes d'emploi aux diplômés du Nord. Tout personnel technique
envoyé laisse un poste libre à combler dans les
collectivités du Nord. Il facilite en outre, le rapatriement, vers le
Nord, d'une part important du capital investi au Sud.
Le Secrétaire du comité national de jumelage
souligne par ailleurs qu'à travers la cellule SCAC (service de la
coopération et de l'action culturelle) de l'ambassade, l'Etat
français forme ses futurs agents. Ce service reçoit, en effet,
chaque année des jeunes diplômés français. Ces
derniers sont formés à travers l'intervention dudit service dans
la coopération
61 Antoine Vion et Emmanuel Négrier, La
coopération décentralisée, un étape du jeu
diplomatique, CEPEL Montpellier Contribution à l'atelier Les
nouvelles formes de la diplomatie, Congrès AFSP, Lille, 21 septembre
2002.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
56
décentralisée. Ces stages une fois
terminés, ces jeunes sont rappelés pour occuper des postes de
responsabilité dans l'administration française.
Outre cet aspect, l'accompagnement par le volet technique de
la coopération décentralisée ouvre des portes d'emploi aux
diplômés français. Les collectivités du Sud en
général n'ont pas les ressources humaines nécessaires au
suivi et contrôle d'exécution, ou même lorsqu'elles en
disposent, celles-ci ont un niveau faible dans les domaines techniques. C'est
ainsi qu'elles ont souvent recours aux spécialistes que proposent ou
imposent certaines collectivités finançant les activités.
Par ce canal, les collectivités françaises profitent pour
résorber le problème de chômage, en intégrant dans
leurs interventions, l'appui technique par l'envoi d'experts.
Il est ressorti dans l'analyse que la commune a
bénéficié d'un important appui en équipements et
consommables. Grâce aux dons, aux tarifs préférentiels qui
sont plus bas que les tarifs locaux, les partenaires français
préfèrent envoyer ces équipements et consommables de la
France. Si l'intention est bonne, les implications ne sont pas toujours
positives pour les bénéficiaires et leur environnement. La
recherche d'une pièce quelconque de rechange implique
nécessairement un recours aux partenaires qui maintiennent ainsi les
ficelles de la dépendance. Une telle attitude n'est pas de nature
à faire émerger des structures de vente fiables et un service
après vente de qualité au Sud.
II. Les perspectives pour améliorer l'impact de
la coopération
2.1. Les Insuffisances de la coopération
décentralisée
A l'issu de cette analyse, on retiendra que malgré les
efforts de partenariat entre Ouagadougou et les collectivités
françaises, certains maux continuent de miner les rapports des acteurs.
Ces maux, si importants soient-ils réduisent l'efficacité des
actions de la coopération.
Les insuffisances suivantes peuvent être
répertoriées :
- le faible niveau de la maîtrise d'ouvrage de la commune
de Ouagadougou ;
- le problème de ressources humaines (insuffisance de
personnel et absence de personnel qualifié) que connaît la mairie
de Ouagadougou ;
- le faible nombre de partenaires français (5)
intervenant à Ouagadougou ; - la difficulté de coordination des
activités par la DGCOD ;
- l'absence de transparence de certains intervenants et acteurs
locaux ;
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
57
- l'insuffisance de ressources financières;
- le problème d'entente au sein des acteurs de la
coopération décentralisée; - le problème de
communication entre les acteurs ;
- l'insuffisance dans la fourniture de services de bases aux
populations ;
- la faible implication des populations dans les actions de la
coopération décentralisée.
- Etc.
Des efforts importants doivent être faits par tous les
partenaires et acteurs afin de rendre la coopération
décentralisée plus bénéfique. Ainsi, quelques
propositions ont été faites en vue d'améliorer l'impact de
la coopération décentralisée entre Ouagadougou et les
collectivités françaises.
2.2 Des propositions d'action de renforcement de la
coopération 2.2.1 Pour les autorités communales de
Ouagadougou,
- renforcer la maîtrise d'ouvrage de la
collectivité (notamment par la formation et le
recrutement d'un personnel qualifié pour faciliter la
gestion et l'exécution des projets);
- améliorer les rapports entre les acteurs locaux et leur
adhésion par le renforcement des activités de concertation ;
- rechercher l'adhésion des populations dans la
définition des actions et leur mise en oeuvre ;
- accroître l'investissement dans la réalisation
des services sociaux de base afin d'améliorer leur offre, surtout, dans
les périphéries de la ville ;
- augmenter le nombre de partenaires français par la
signature de nouvelles conventions de coopération ;
- rechercher des mécanismes facilitant la
participation tels que : le partage de l'information, le partage de la
décision, le partage des responsabilités dans l'exécution,
la mise en place de comités conjoints (Commune-populations- partenaires,
etc.) de pilotage.
2.2.2 Pour les services techniques en charge de la
coopération décentralisée
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
58
- renforcer l'arsenal juridique contraignant tout intervenant et
acteur de la coopération décentralisée au respect de la
clause de la transparence. Ceci impliquera que les données (rapports
d'activités, rapports techniques, etc.) soient transmises à la
DGCOD;
- veiller à ce que la DGCOD soit consultée au
début et à la fin de l'action de l'intervenant ;
- impliquer les services de la DGCOD dans la mise en oeuvre des
actions. Une telle
option suppose que ladite direction dispose de toutes les
compétences nécessaires pour assurer le suivi-contrôle. Les
entretiens ont cependant révélé que cette direction est
très peu fournie en personnel et en matériel roulant. Il s'impose
la nécessité d'augmenter le personnel de la DGCOD, de lui
apporter un matériel répondant à ses tâches ;
- promouvoir la culture de l'évaluation ;
- renforcer la concertation entre la DGCOD et les acteurs locaux
pour faciliter la communication entre acteurs et résoudre ainsi, les
tensions.
2.2.3 Pour les partenaires
français
- rechercher la transparence dans les interventions par la
médiatisation des actions et la mise à disposition des services
techniques d'appui, des informations nécessaires ; -
privilégier les achats locaux d'équipements et de
consommables;
3. Synthèse des propositions selon les
insuffisances
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
59
insuffisances
|
Solutions proposées
|
Le faible niveau de la maîtrise d'ouvrage de la commune
de Ouagadougou ;
|
Formation des agents de la maîtrise à la
maîtrise d'oeuvre
|
Le problème de ressources humaines
(insuffisance de personnel et absence de personnel
qualifié) que connaît la mairie de Ouagadougou ;
|
Recrutement et la formation de personnels
|
le faible nombre de partenaires français (5) intervenant
à Ouagadougou
|
Rechercher de nouveaux partenaires en vue de
renforcer les opportunités de ressources pour la ville de
Ouagadougou
|
La difficulté de coordination des activités par
la DGCOD
|
· Améliorer la capacité de
suivi-contrôle de la DGCOD par le recrutement du personnel
· Rendre le dépôt des rapports
d'activités obligatoires pour tout intervenant
|
L'absence de transparence de certains
intervenants et acteurs locaux
|
Etablir un cahier de charge clair et contraindre les acteurs
à un respect rigoureux
|
Le problème d'entente au sein des acteurs de la
coopération décentralisée Le
problème de communication entre les acteurs
|
Améliorer l'état des rapports entre les acteurs
par la création d'un cadre de concertation qui aura des rencontres
périodiques
|
L'insuffisance dans la fourniture de services de bases aux
populations
|
Améliorer les services de base par un investissement
stratégique
|
La faible implication des populations dans les actions de la
coopération décentralisée.
|
· Renforcement de la sensibilisation
· L'implication des populations dans
les décisions communales par la prise en compte de leurs points de
vue
|
|
Conclusion
Ce travail a permis de faire un état des lieux des
différents intervenants et les facilités institutionnelles
mises sur pied par ceux-ci dans le sens de l'amélioration de la
coopération
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
60
décentralisée. Un autre aspect a consisté
à faire un diagnostic de cette coopération. De ce travail, il se
ressort que la coopération décentralisée permet le
rapprochement entre les peuples. En outre, la diversité des actions
réalisées, en répondant aux besoins des populations,
influence le développement de leurs environnements. Les retombées
financières et économiques issues de ces réalisations
renforcent les capacités de fonctionnement de la commune.
L'hypothèse secondaire n°1 se trouve ainsi justifiée.
Cependant, loin de se présenter comme un simple cadre
de manifestation de la solidarité Nord-Sud, la coopération
décentralisée, telle que pratiquée, semble pour certaines
collectivités françaises, apporter beaucoup plus de
bénéfices que cela paraît pour Ouagadougou. Cette analyse
trouve tout son sens dans la mesure où la réciprocité
n'est pas toujours observée dans les relations entre Ouagadougou et les
collectivités françaises. Tandis que celles-ci sont des
pourvoyeurs en ressources, la part contributive de Ouagadougou est presque
insignifiante, axée surtout sur les échanges culturels. Les
entretiens montrent que contrairement à l'idée répandue
selon laquelle seules les collectivités du Sud (comme celle de
Ouagadougou), tirent réellement partie de cette coopération, les
collectivités françaises n'en ressortent pas perdantes.
D'abord, comme le dit la sagesse populaire, « la main
qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit », ce qui
confirme l'analyse sociologique du don source de pouvoir. Donner c'est marquer
une position de force que celui qui reçoit doit reprendre en rendant.
Sur ce point, les collectivités françaises occupent une meilleure
position grâce à leurs dons, soutiens et réalisations
visibles. Donner, recevoir et rendre, participent d'un même
phénomène, car étant trois dimensions inséparable
d'un acte social apparemment banal mais coercitif. N'est-on donc pas en droit
de s'interroger sur ce que Ouagadougou donne pour compenser ce qu'elle
reçoit ? En effet, incapable elle-même, de réunir les
ressources indispensables à son développement, l'évolution
de Ouagadougou reste tributaire de l'intervention des partenaires. Le
matériel et autres ressources envoyés par ces derniers,
constituent cependant, une source de perpétuation de la
dépendance lorsqu'ils ne peuvent être trouvés à
Ouagadougou. Il est évident qu'à leur expiration, la commune doit
faire recours à ces mêmes partenaires pour les remplacer.
Dès lors, l'hypothèse n°2 formulée dans ce travail se
trouve confirmée par cette analyse.
Outre cela, les collectivités du Nord, en refusant souvent
que certaines de leurs actions de solidarité soient
médiatisées, prouvent qu'elles cachent certaines intentions.
Du point de vue institutionnel, plusieurs efforts sont faits de
part et d'autre pour rendre cette forme de coopération plus
opérationnelle. Nonobstant ces apports, des mesures
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
61
complémentaires devraient être prises par la
commune pour permettre à cette coopération d'avoir plus d'impact.
On note entre autres mesures, le renforcement des compétences des
acteurs communaux, le recrutement et la formation de personnels
qualifiés pour le montage des projets, et le suivi de
l'exécution.
Un constat a cependant été fait que les
populations de la commune sont faiblement impliquées dans cette
coopération. Ce désintéressement est-il le fait d'un
manque d'appropriation de la décentralisation et du développement
local par les populations ou le fait d'une expropriation de ces questions par
les techniciens locaux ? Une analyse poussée, répondant à
ces questions, permettra de situer les responsabilités : les habitants
sont-ils associés à l'élaboration des budgets et à
la mobilisation des ressources ? Sont-ils informés de l'utilisation des
ressources de la commune ? Ont-ils connaissance des réalisations
effectuées par leur commune sur la base de l'impôt qu'ils paient ?
Les élus rendent-ils compte de leur gestion aux populations ?
BILBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
Konaté Yaya et Sanou Doti Bruno,( 1995),
Décentralisation comme pro-jet, Bobo Dioulasso, Imprimerie de
la Savane, 144p.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
62
Jaglin Sylvy,(1995), Gestion urbaine
partagée à Ouagadougou, pouvoirs et périphéries,
ed Karthala-ORSTOM, Paris,
Institut de la décentralisation,
(1996), La décentralisation en France. L'état des
politiques publiques, la dynamique des réformes locales, la dynamique
européenne, Paris, La découverte, 1996, 546p.
Meister Albert,(1997), La participation pour
le développement, Paris, éd. Economie et
humanisme/éd. Ouvrières, 1977, pp66-70.
Magnard Franck, Tenzer Nicolas,(1998), La
crise africaine : quelle politique de coopération pour la France,
PUF, Paris
Husson Bernard (CIEDEL), (1998), La
coopération décentralisée, Légitimer un espace
public local au Sud et à l'Est, 20p.
Vion Antoine et Négrier
Emmanuel,(2002), La coopération
décentralisée, un étage du jeu diplomatique, CEPEL
Montpellier Contribution à l'atelier « Les nouvelles formes de la
diplomatie », Congrès AFSP, Lille, 21 septembre 2002, 55p.
Bonnard Ivonne, (2005), Les
collectivités territoriales en France, EMD S.A.S, 180p.
CONACOD, (2003), Manuel de formation des acteurs de la
coopération décentralisée, 55p.
Boyarm Félix Idrissou, (2005),
Histoire de la coopération décentralisée au Burkina
Faso, 25 p.
Marie Alain,(2005), La coopération
décentralisée et ses paradoxes. Dérives bureaucratiques et
notabiliaires du développement local en Afrique^ Paris, Karthala,
2005, 229 p.
IIED (international Institute for environment
and development),(2006), Réussir la décentralisation pour une
gestion durable des ressources naturelles au sahel, London, 62 P.
OIF,(2007), coopération décentralisée et
développement durable, Institut de l'Energie et de l'Environnement
de la Francophonie, 105p.
II. RAPPORTS
Commune de Ouagadougou, DASE, (septembre 1999),
Bilan du premier Mandat municipal 1995- 2000, 53p.
Cités unies,(2000), la cellule
d'animation du groupe-pays Burkina-Faso. La coopération
décentralisée franco-burkinabé : vers une
coopération de territoire à territoire, rencontre
régionale sur la coopération décentralisée,
Ouagadougou, le 30 octobre 2000,
CUF,(2000), La coopération décentralisée
franco-burkinabé : vers une coopération de territoire à
territoire, 10p.
RESACOP, (2000), Les partenariats entre
acteurs de Rhône -Alpes et du Burkina Faso, 66p.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
63
CL)F, CONACOD, (2002), Rencontres nationales
sur la coopération décentralisée franco-burkinabédu
02 au 04 décembre (2002), Ouagadougou, Burkina Faso, 206 p.
Commune de Ouagadougou, DASE, (novembre 2005),
Bilan du deuxième Mandat municipal 2001-2005 93 p.
A.C.D.I.L., (2006), Evaluation du Programme de
coopération Décentralisée entre les villes de
Chambéry (France) et de Ouahigouya (Burkina Faso), 82p.
Rapport Sommet Africités, 18-22 septembre
2006, Nairobi, 10p.
Diallo Moussa,(2006), la
coopération décentralisée dans la coopération au
développement. L'expérience de la commune de Gorom Gorom au
Burkina Faso, Communication à l'occasion de l'audition publique
organisée par le parlement européen sur « la
coopération décentralisée et le rôle des
autorités locales dans la politique de développement »
septembre 2006, p.
Conseil général de la
Gironde,(2006), La coopération décentralisée avec la
province du Houet,
Rapport 2006 - 2007, 63p.
G2 Conception, (2007), Etude diagnostique de
l'agglomération de Ouagadougou, Rapport définitif, 157p.
MATD,(2007), Contribution des acteurs de la
Coopération décentralisée au développement des
collectivités territoriales au Burkina Faso, Ouagadougou 6-7
décembre 2007, .
III. MEMOIRES, REVUES ET COMMUNICATIONS
Bako-Arifari (Nassirou), Laurent (Pierre-Joseph),
(1998), «la décentralisation comme ambition multiple
» in Bulletin de l'APAD N°15, Mai 1998 :1-7
Barré François,(1999), «Le
patrimoine urbain des villes en développement», in Ville
en développement, N° 45 de mars 1999, 9p
Elong Jean Pierre M.,(2000), « Le
financement de l'urbanisation et de la décentralisation »,
in Ville en développement, N° 47 de mars 2000, 8p.
Quenum J. P.,(2000), Coopération
décentralisée, moteur du développement local au Burkina
Faso, Ouagadougou, mémoire de fin de cycle, ENAM, 2000, 78p.
Bianco Jean Loui, (2000), «
Stratégie de coopération urbaine », in Ville et
développement, n°48, 2000, 8p.
Kaboré Salfo,(2001), Assainissement de la ville de
Ouagadougou : la gestion des composantes eaux pluviales et eaux usées,
mémoire A.G., ENAM, 2001, 93p.
Dah K. N.,(2002),
Jumelage-coopération et le développement local en milieu
rural : une analyse de l'expérience Mirabeau- Bassemyam. ,
Ouagadougou, mémoire de fin de cycle, ENAM, 2002, 101p.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
64
Somana Boubakar, (2003), Partenariat et
développement des collectivités territoriales
décentralisés : cas de la commune de N'djamena,
mémoire de fin de cycle, ENAM, 86p.
Prayaud Claude, (2003), « Professionnel
de la coopération urbaine », in Ville et
développement,
Balima Justin O., (2003), La croissance urbaine
et l'aménagement de la commune de Bobo Dioulasso, mémoire de fin
de cycle, ENAM, 2003, 78p.
La Gazette, n° 34/1708 du 15 septembre
2003, P22-42.
Compaoré Robert, (2004), « La
coopération décentralisée franco-burkinabé :
l'exemple du jumelage coopération Ouagadougou/ Loudun. »,
Ouagadougou, mémoire de fin de cycle, ENAM, 2004, 72p.
Roamba A., (2004), «Les ONG dans la
coopération au développement au Burkina Faso.»,
Ouagadougou, ENAM, 2004, 72p.
AFD,( 2005), Partenariat entre l'AFD et la coopération
décentralisée, Mars 2005,15p.
Syll Ousmane, (2005), Les échanges
entre les collectivités décentralisées d'Afrique
subsaharienne et de l'Union Européenne : une réussite si la
condition de réciprocité est respectée, mémoire de
Master, Université Franche-Comté, Besançon, 106p.
Philippe Etienne, (2005), « Gouvernance
des territoires et coopération urbaine », in Bulletin Ville en
Développement, n° 67-68,
Elong Jean Pierre M.,( 2005), « Quelle
gouvernance pour les villes d'Afrique ? » in Bulletin Ville en
Développement, N° 67-68 ? Juin-Juillet, 2005, 54p.
Aubourg Guillaume, Grodin Pierre-Marie et al.,
(2007), Guide de la coopération décentralisée pour
l'eau potable et l'assainissement, Paris, 55 P.
Severino Jean Michel,(2007),
Décentralisation et développement urbain, in Ville et
développement, n°77, 2007,8 p.
Severino Jean Michel, (2005), « villes et
risques, la ville durable, enjeux du XXIe siècle »,
8p.
Duge Yves, (2005), Coopération
décentralisée et professionnel du développement urbain,
in Ville et développement, n°70, 2005,8 p.
Observateur paalga, n° 7024 du 03 décembre 2007
IV-
LEGISLATION ET CONVENTIONS
Constitution du 02 juin 1991, J.O. BF du 13 juin
1991, p794.
Loi N°10-92/ADP du 21 décembre 1992
portant liberté d'association au Burkina Faso.
Décret N°92-131 du 26 mai 1992
portant autorisation et création des Etablissements Publics
Communaux de Développement.
MEMOIRE DE DESDRI DE KOLOGO OUMAROU. Contact : +226 70224179 ;
mail :
kologo_jean@yahoo.fr Page
65
Décret N° 2000-274/PRES/PM/MATS/MEF du 17 mai
2000 portant création, attributions et fonctionnement de
CONACOD.
Décret N° 2000-276/PRES/PM/MATS du 21 juin
2000 portant organisation et fonctionnement des comités de
jumelage.
Loi N° 055-2004/ AN du 21 décembre 2004
portant code général des collectivités
territoriales au Burkina Faso et textes d'application.
Décret N° 2006-568/PRES/PM/MEDEV du 22
novembre 2006 portant organisation du Ministère de l'Economie
et du Développement.
Décret N° 2007-306 /PRES/PM/MATD du 18 mai
2007 portant organisation du Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation au Burkina Faso.
Délibération n° 2006-3590, du 11
septembre 2006, portant Coopération décentralisée
avec la ville de Ouagadougou - Programme et convention de coopération
décentralisée 2007-2009.
IV. SITES WEB
www.cites-unies-france.org
www.resacoop.org
www.cercoop.org
www.mcdburkina.bf
www.lefaso.net
www.cota.be.
www.ecdpm.org
www.ong.ngo.org
www.diplomatie.gouv.fr
|