2. 1. 4. Approche Institutionnelle
A. Un Cadre juridique restrictif au recours à
l'avortement.
Bien que le cadre juridique se soit amélioré ces
dernières années dans plusieurs pays, l'avortement fait encore
l'objet de mesures très restrictives notamment dans la majorité
des pays africains, au Proche-orient et en Amérique Latine.
De nos jours, l'avortement n'est totalement interdit que dans
15 pays (sur 190). Dans les autres pays, la situation varie d'une limitation
très stricte à une politique très libérale : dans
55 pays (44% de la population), l'avortement est possible sur demande ou pour
des raisons économiques et sociales (United Nations, 1994
b).
En Afrique francophone, les législations sur
l'avortement sont encore souvent des réminiscences de la loi
française de 1920, qui condamnait l'avortement et réprimait toute
personne le pratiquant ; dans les pays anglophone, elles s'inspirent de la loi
britannique de 1861 sur les délits contre la personne. ; puis de la loi
britannique de 1861 sur les délits contre la personne.
En 1999, sur les 54 pays africains, l'avortement n'est
autorisé sans restriction que dans trois pays : Tunisie, Afrique du Sud
et Cap Vert. Dans 26 pays, il peut être autorisé uniquement
pour la survie de la mère ; tel est le cas du Gabon. Dans
24 autres pays, les femmes peuvent y recourir seulement si leur santé
physique et/ou morale est menacée (Guillaume, 2000).
Dans les pays où le recours à l'avortement est
libéralisé, quelques restrictions limitent toujours sa pratique :
en Tunisie par exemple, les centres de santé où ces actes peuvent
être pratiqués légalement sont peu nombreux, notamment en
milieu rural
(Gastineau, 2000). En Afrique du Sud, la loi
prévoit un âge légal de la grossesse pour avorter
(The Alan Guttmacher Institute, 1999). Au Soudan et en Zambie,
l'autorisation de 2 ou 3 médecins est nécessaire pour avorter
(Gautier, 2002). Toutes ces restrictions pénalisent les
femmes. Au lieu d'empêcher les avortements, elles contribuent
plutôt à des pratiques clandestines et dangereuses. La
fréquence de celles-ci s'explique par les nombreuses consultations
médicales observées dans les centres de santé
consécutives à des complications d'avortements. En Afrique de
l'Ouest, on estime à un million par an le nombre d'avortements
clandestins faits en dehors de toute surveillance médicale officielle
par an, mais la région du continent la plus touchée est l'Afrique
de l'Est avec 1,34 million d'avortements clandestins par an. (The Alan
Guttmacher Institute, 1999).
B. L'avortement en l'absence de contraception ou en
cas d'échec d'une méthode.
L'avortement a été longtemps utilisé
comme méthode de régulation de naissance bien avant l'apparition
des méthodes contraceptives. Le développement des programmes de
planification familiale a contribué à une plus
grande utilisation de la contraception, même s'il n'a pas toujours eu
l'effet escompté d'une réduction, voire d'une disparition du
recours à l'avortement.
Dans les pays où l'usage des méthodes
contraceptives est élevé, les échecs de la contraception
restent très fréquents, comme en atteste la persistance des
grossesses non désirées qui se concluent par une interruption de
grossesse (Bajos N. et Al. 2002.). Dans ce cas, le recours
à l'avortement peut intervenir après un échec de la
contraception, consécutif à une mauvaise utilisation d'une
méthode ou à son inefficacité.
Dans les pays en voie de développement et
particulièrement en Afrique, les individus utilisent très peu les
méthodes contraceptives modernes, l'intensité et la
fréquence de l'activité sexuelle fait croître le risque de
grossesse non désirée, et partant, le recours sans cesse à
l'avortement clandestin.
A l'île Maurice, pays réputé pour
l'efficacité de son programme de planification familiale, avec une
prévalence est de 75%, le recours aux avortements clandestins persiste
pour différentes raisons dont la plus fréquente est
l'entrée en sexualité précoce sans usage de contraception.
(N'yong' o D. et Oodit G., 1996, Djoke 2004).
En Ethiopie, Madebo T. et
Tadiè GT (1993) ont constaté que 83% des femmes
n'utilisaient pas de contraception avant la grossesse qu'elles ont interrompue,
11% en utilisaient une, mais sans respecter les normes d'usage et 6% ne
s'expliquent pas les raisons de cet échec.
Les contraceptions post-abortum peuvent contribuer à la
réduction du recours à l'avortement, mais dans bon nombre de pays
africains la qualité et l'existence du counselling post-abortum
constitue un problème. Par contre, l'amélioration de la prise en
charge des complications d'avortements est de plus en plus fréquente
dans ces pays.
Hormis les facteurs précités à savoir,
socio-économiques, démographiques socioculturels et le cadre
institutionnel, d'autres facteurs expliquent le recours à l'avortement
provoqué. Il s'agit notamment des facteurs sanitaires et
sociologiques.
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