REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE DE KISANGANI
B.P. 1010 / KISANGANI
Section Licence
MICRO FINANCE ET LUTTE CONTRE LA
PAUVRETE
Cas des microcrédits octroyés par le CERP
- Gala Letu à la population de Kisangani
De septembre 2007 à décembre
2008
Par
Kim BWANGA M'VUANDA
MEMOIRE
Présenté en vue de l'obtention du
diplôme de LICENCE en Sciences Commerciales
Option : COMPTABILITE
Directeur : Pr Dr Ir MUANASAKA
KABUITA
Encadreur : Ass. J.J. MATETE OSAKO
HERI
Année Académique 2008 - 2009
Première session
SYNTHESE DU MEMOIRE
Ce travail est intitulé « Micro finance et
lutte contre la pauvreté : Cas des microcrédits
octroyés par le CERP - Gala Letu à la population de Kisangani. De
septembre 2007 à décembre 2008 ».
Ce travail étant une étude de cas, nous avons
centré nos efforts sur le Crédit et Epargne pour la
Réduction de la Pauvreté, CERP - Gala Letu en sigle. Etant nous
même membre de cette institution de micro finance, nous avons
porté notre choix sur ce cas d'abord pour la facilité
d'accéder aux données fiables, mais aussi et surtout pour la
concordance de la mission de cette institution à l'objet de notre
étude, la réduction de la pauvreté.
Préoccupation de l'homme depuis des temps antiques, la
pauvreté - disons mieux la réduction de la pauvreté - fait
l'objet, depuis la nuit de temps, d'une grande espérance qui mobilise
toutes les cultures et toutes les communautés humaines. La situation de
la pauvreté extrême devenue un phénomène de masse
généralisé en République Démocratique du
Congo, et à Kisangani en particulier, a ainsi mobilisé notre
énergie intellectuelle jusqu'à nous engager à la
réalisation de cette étude.
L'objectif global poursuivi a consisté à
comprendre le phénomène de la pauvreté et sonder la mesure
dans laquelle la micro finance peut être un outil efficace de lutte
contre la pauvreté. Ceci constitue également
l'intérêt scientifique de ce travail qui permettra, nous
l'espérons, à tout lecteur, même non averti, de comprendre
le phénomène de la pauvreté et le mécanisme de sa
réduction par la micro finance comme outil à la portée de
l'Etat et des populations les plus démunies.
Notre hypothèse de recherche a émis deux
postulats, notamment :
- Primo : L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation
à Kisangani, n'aurait pas encore contribué à
réduire la pauvreté dans les ménages des
bénéficiaires de ses microcrédits dans la mesure
où, non seulement leurs revenus seraient modiques mais aussi n'arrivent
pas à stimuler l'épargne et l'investissement comme valeur
ajoutée. Malgré l'appui de la micro finance, ces
bénéficiaires ne seraient toujours pas à mesure de stocker
les aliments de base, de manger trois fois par jour, de faire face aux
dépenses d'eau et d'électricité et scolariser leurs
enfants.
- Secundo : Les difficultés rencontrées par
les responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de
remboursement de prêts à échéance, signe du manque
d'amélioration de la situation financière des
bénéficiaires, ou du côté de ceux-ci, il y aurait
les problèmes de faible volume du montant octroyé, des conditions
d'obtention de microcrédit et de délai de remboursement.
Dans l'entreprise de la vérification de ces
hypothèses, nous avons recouru à la méthode dialectique et
la méthode d'enquête soutenues par les techniques documentaire,
d'interview structurée, de questionnaire et d'observation
participative.
Au bout de cette entreprise, les résultats obtenus ont
démontré que les microcrédits octroyés par le CERP
- Gala Letu à la population de Kisangani ont permis dans 78 % des cas,
d'augmenter les revenus de leurs bénéficiaires ; d'augmenter
le nombre de repas consommés par les ménages par jour ;
d'améliorer la capacité de stockage des aliments de base dans les
ménages ; et de faire évoluer positivement les
activités exercées. Par contre, ces microcrédits n'ont pas
encore permis d'améliorer la scolarisation des enfants ; la
problématique de l'accès à l'eau et à
l'électricité reste non résolue ; la capacité
d'épargne et d'investissement ainsi que l'indépendance des
débiteurs vis-à-vis du créancier n'ont pas
été assurées. Néanmoins, les crédits
octroyés ont été remboursés dans 84 % des cas.
Nos enquêtés ont exprimé une opinion
optimiste sur le microcrédit, estimant à 46 % des cas, que la
micro finance peut être une activité intéressante à
long ou à moyen terme et 24 % d'entre eux pensent que cette
activité doit être mieux organisée pour être plus
efficace et, par ce fait, faire bénéficier au meilleur des cas,
ses effets d'outils de réduction de la pauvreté à la
population. La modicité des sommes prêtées,
l'échéance de remboursement jugée trop courte et le
ralentissement brusque de l'activité en fin d'année 2008 ont
constitué des difficultés majeures relevées par les
bénéficiaires des microcrédits. Pour les responsables de
l'IMF par contre, le non respect des échéances de remboursement,
la méfiance de la population et le manque d'implication de
l'autorité publique dans la sensibilisation des populations sur la
culture de l'épargne et l'importance de la micro finance ont
constitué des contraintes à l'exercice de leur
activité.
Ainsi, par rapport à nos hypothèses, les
résultats ci-dessus résumés nous ont amené à
infirmer et à confirmer nos hypothèses. Nous pensons en effet
que, contrairement à l'impression que cela puisse donner, l'IMF CERP -
Gala Letu a commencé à contribuer à la réduction de
la pauvreté. Mais, ces effets positifs sont limités dans leur
impact sur la réduction de la pauvreté, les
bénéficiaires des microcrédits n'ayant pas réussi
à améliorer leur capacité d'accès à l'eau et
à l'électricité, moins encore celle d'épargne et
d'investissement.
Dans la discussion de ces résultats, nous avons
rencontré les avis de MPANZU BALOMBA, qui estime que la micro finance
est une alternative sérieuse aux diverses politiques de
développement expérimentées jusqu'ici, et de KUVITUANGA
NSIMBA pour qui l'étude de l'évolution du secteur de la micro
finance montre qu'elle est une solution durable pour le développement du
pays. Ce qui va de pair avec la conclusion de MOHAMMED AMINE BENJELOUN qui a
trouvé que le microcrédit a pu, à lui seul, relever le
défi d'une stratégie de lutte contre la pauvreté solide et
fiable au Maroc.
Au revers de la situation, nous nous sommes accordé
avec IRAGI RUGAMBWA Adolphe qui a constaté que les microcrédits
assuraient la survie et non l'émergence des ménages. En ce sens,
aucune croissance d'une micro entreprise ne saurait être attendue comme
l'a démontré MENIKO NDIBO en étudiant le financement des
PME par la micro finance à Kisangani.
Les enquêtés de MPANZU BALOMBA à Kinshasa
comme ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu, ont exprimé la même
difficulté que les nôtres quant à la modicité des
sommes prêtées et le délai de remboursement trop court.
Au-delà de ces difficultés, nous disons que les
microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la
population de Kisangani ont des effets positifs, mais pas encore significatifs
sur la réduction de la pauvreté. Ce qui nous a fait consigner une
note d'espoir dans notre conclusion, conformément à l'avis de nos
enquêtés qui se sont dits plus optimistes que satisfaits,
émettant le voeu de voir l'activité de la micro finance
être pérennisé et mieux organisée. Donnant ainsi
raison à Clément WONOU pour qui, l'utilisation de la micro
finance comme moyen de réduction de la pauvreté ou comme outil de
développement tout court, passe par la constitution d'institutions de
micro finance solides, viables et pérennes.
Ce travail a été plus une étude
qualitative, au regard de la courte période qu'il couvre. Sans
prétention d'avoir accompli une oeuvre parfaite, nous gardons espoir
qu'elle pourra servir de référence aux futurs chercheurs qui
pourront mener une étude plus quantitative qui compléterait nos
résultats.
Kim Bwanga M'vuanda
Introduction
Alors que le monde n'a jamais été aussi riche,
plus d'un milliard de personnes souffrent d'extrême pauvreté.
L'UNESCO fait le constat d'une tragédie silencieuse, l'extrême
pauvreté qui touche 1,2 milliard de personnes. Forte de sa mission
éthique et intellectuelle, l'organisation s'engage à faire
prendre conscience qu'être libre de la pauvreté est un droit
humain fondamental.1(*)
La pauvreté, en effet, est une préoccupation
des hommes depuis les temps antiques. Sa réduction fait l'objet depuis
la nuit des temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les
cultures et toutes les communautés humaines. Les dirigeants du monde
réunis à l'occasion du sommet du millénaire en septembre
2000, se sont donné huit objectifs dits « du
millénaire pour le développement » (OMD) dont le
premier vise la réduction de moitié de l'extrême
pauvreté et la faim à l'horizon 2015.
L'une des contraintes à l'atteinte de cet objectif est
certainement l'absence des services financiers inclusifs et donc la
capacité de susciter une autopromotion par les activités
génératrices de revenus. Le secteur financier inclusif pouvant
permettre l'accès d'une majorité de la population aux services
financiers, la micro finance est apparue comme un support essentiel à la
réduction de la pauvreté dans les pays en
développement. 2(*)
Plusieurs études et publications ont été
rendues possibles et disponibles sur cette problématique. Nous avons pu
lire, pour notre part, le Document de la Stratégie de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté (DSCRP) de la République
Démocratique du Congo3(*) ainsi que les travaux de Mohammed AMINE
BENJELLOUN4(*), Patience
MPANZU BALOMBA5(*), Djibril
KUVITUANGA NSIMBA6(*),
Adolphe IRAGI RUGAMBWA7(*),
Joujou MENIKO NDIBO8(*) et
Agathe KALINDE MAKETA9(*).
Le DSCRP pose un diagnostic sévère de la
pauvreté en République Démocratique du Congo. Il passe en
revue les perceptions de la pauvreté et son profil par la base, pose un
diagnostic sectoriel et thématique de la pauvreté avant d'en
déterminer la stratégie de réduction reposant sur cinq
piliers dont l'appui à la dynamique communautaire. Ce document qui
reconnaît le rôle du secteur informel dans l'économie
nationale et dans la réduction de la pauvreté en RDC, annonce
entre autres que seul un changement d'approche de développement et la
mise en place d'une stratégie cohérente d'interventions qui
recueille l'assentiment et l'adhésion de tous les partenaires au
développement et en particulier les bénéficiaires
eux-mêmes permettront au pays de sortir de cette situation
d'extrême pauvreté.10(*)
Mohammed AMINE BENJELLOUN11(*) conclut que le microcrédit a pu relever le
défit en constituant, à lui tout seul, une stratégie de
lutte contre la pauvreté solide et fiable, malgré les
difficultés qu'affrontent différentes associations et fondations
dans les initiatives (de lutte contre la pauvreté) au Maroc.
Malgré cet apport incontestable du microcrédit, souligne Mohammed
Amine, le renforcement du secteur informel s'impose ; puisque la
majorité des activités échappent à toute
réglementation sectorielle.
Sans être considérée comme une
panacée, la microfinance se présente aujourd'hui comme une
alternative sérieuse aux diverses politiques de développement
expérimentées jusqu'ici. C'est l'avis de Patience MPANZU
BALOMBA.12(*) Cet auteur
estime que le secteur micro financier congolais mérite qu`on lui accorde
une attention particulière, en raison de son potentiel de
développement remarquable. L`ampleur du phénomène est
telle qu'on ne peut plus se permettre de continuer à l`ignorer notamment
dans la formulation des politiques économiques. Il constate que l'offre
sur le marché financier congolais est encore insuffisante par rapport
aux besoins exprimés, alors que sur le site maraîcher de N'djili /
CECOMAF où il a mené son étude, on relève une
opinion généralement négative sur la façon dont la
micro finance a fonctionné jusqu'ici. La petitesse de crédit
octroyé (100 $us en moyenne) et le délai de remboursement
jugé trop court sont les deux raisons évoquées pour
justifier ce manque de satisfaction.
Djibril KUVITUANGA NSIMBA13(*) estime quant à lui, que lutter contre la
pauvreté dans les proportions de la République
Démocratique du Congo nécessite une intervention
multidimensionnelle et de longue durée. Aussi mentionne-t-il que
l'étude de l'évolution du secteur de la micro finance montre
qu'elle est une solution durable pour le développement du pays,
étant donné qu'elle est encore dans sa première phase de
développement. Il reconnaît que la micro finance est un outil
indispensable dans la lutte contre la pauvreté en République
Démocratique du Congo dans la mesure où elle peut permettre la
création des petites et moyennes entreprises et industries qui
contribueraient à réduire la pauvreté dans la
société.
Pour Adolphe IRAGI RUGAMBWA14(*) qui a étudié l'impact des
microcrédits sur le bien-être socio-économique des
ménages de Bukavu, le constat était que les microcrédits
assuraient la survie des ménages et non leur émergence. La
constitution d'un capital d'investissement est rare à cause de la
modicité du montant de crédit obtenu et les taux
d'intérêts très élevés appliqués par
les IMF (20,3 à 40 % l'an).
Joujou MENIKO NDIBO15(*) a constaté pour sa part, que les institutions
de micro finance n'ont pas permis la croissance des PME par une augmentation de
capital à base de microcrédits octroyés. Au contraire, ces
crédits ont une allure croissante tandis que les remboursements ont
baissé pendant la même période, signe que l'obtention de
crédit n'a pas favorisé l'accroissement de capital, encore moins
le pouvoir d'investissement de leurs bénéficiaires.
Par contre, Agathe KALINDE MAKETA16(*) confirme dans son travail de
fin de cycle sur le microcrédit et la lutte contre la pauvreté,
cas des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani que les
microcrédits accordés par le Bureau Diocésain de
Développement aux femmes maraîchères de Kisangani ont
produit des effets rentables pour leurs bénéficiaires qui
arrivent à nourrir, scolariser et soigner leurs familles.
De même que Pitt et Khandker17(*) qui ont analysé en 1994
l`impact de la Banque Grameen et du « Bangladesh Rural Advancement
Commitee » sur le bien-être de la population ont constaté que
la participation à des programmes de crédit avait des effets
positifs et significatifs sur la scolarisation, les avoirs des ménages,
la consommation et l'état nutritionnel des enfants.
Notre point de convergence avec ces auteurs se situe au niveau
de ce thème qu'est la micro finance et la lutte contre la
pauvreté. Autrement dit, la question commune qui nous préoccupe
consiste à examiner l'impact des microcrédits apportés par
les IMF sur la réduction de la pauvreté. Cependant, notre ligne
de démarcation se situe non seulement sur le champ d'étude, mais
également sur la période de recherche. Pour ce qui nous concerne,
notre travail étant une étude de cas, celui-ci voudrait
spécifiquement vérifier si l'IMF CERP - Gala Letu, depuis son
implantation à Kisangani, a déjà contribué à
réduire la pauvreté.
Naturellement, les avis divergent : pour certains
auteurs, la micro finance ou le microcrédit est une stratégie
capable de relever le défît ou une alternative sérieuse aux
diverses politiques de développement. Pour d'autres, les
microcrédits assurent la survie et non l'émergence, ils n'ont pas
réussi à bâtir le capital des micros entreprises viables...
Il ressort de la simple observation que, les divergences ont tendance à
se rattacher à l'espace géographique de l'étude. En effet,
les études menées en dehors de la République
Démocratique du Congo aboutissent globalement sur des conclusions
positives en faveur de la micro finance alors que celles menées sur le
territoire Congolais accusent une défaillance de cette stratégie
pour des raisons diverses.
Cependant, nous savons, pour notre part, que
« l'argent appelle l'argent dit un proverbe,... Si vous en avez un
peu, vous pouvez en avoir beaucoup. Le plus difficile, c'est d'avoir ce peu
là... », comme dit Adam Smith.18(*) («Money, says the proverb, makes money. When
you have got a little, it is often easy to get more. The great difficulty is to
get that little»)
Or, la problématique de la pauvreté en
République Démocratique du Congo s'apparente au manque de ce peu
là. La population dispose d'immenses atouts et est pleine d'initiatives
dont la mise en oeuvre est handicapée par le manque de capital et le
manque d'accès au marché financier. L'insuffisance d'institutions
bancaires ou leur inexistence pure et simple dans plusieurs localités du
pays, le dysfonctionnement de ce circuit et l'impossibilité d'y
accéder pour la majorité de la population Congolaise est une
réalité qui aggrave l'état de la pauvreté devenue
un phénomène de masse en RDC.
A la recherche de solution pour la survie, la population de
Kisangani se livre à des activités du secteur informel
(artisanat, petit commerce, agriculture, ...) presque sans encadrement ni
soutien de l'Etat, ou de tout autre organisme. La micro finance surgit sur ce
terrain fertile comme une alternative apparemment salvatrice. Les hommes et les
femmes s'y livrent, parfois sans réflexion, comme poussés par
cette croyance populaire selon laquelle « qui ne risque rien n'a
rien ». Mais, malheureusement la mesure du risque n'est pas toujours
prise de manière suffisante. Et l'Etat revient à la charge, tente
d'organiser et de réglementer ce secteur de la micro finance qui octroie
de petits crédits à la population de manière plus facile
et plus inclusive que les banques traditionnelles. En outre, notre constat est
également que, malgré la présence d'un certain nombre
d'IMF à Kisangani, la pauvreté de masse semble prendre toujours
l'ascenseur.
Fort de ce constat, nous nous sommes posé les
questions ci-après :
- Les microcrédits octroyés par l'IMF CERP -
Gala Letu améliorent-ils les conditions de vie des populations
bénéficiaires ? Autrement dit, est-ce que ces
microcrédits contribuent à la réduction de la
pauvreté dans les ménages de leurs
bénéficiaires ?
- Quelles sont les difficultés rencontrées aussi
bien par cette institution que par ses abonnés ou membres ?
Ces questions font appel aux hypothèses que
voici :
- L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à
Kisangani n'aurait pas encore contribué à réduire la
pauvreté dans les ménages des bénéficiaires de ses
microcrédits dans la mesure où, non seulement leurs revenus
seraient modiques mais aussi n'arrivent pas à stimuler l'épargne
et l'investissement comme valeur ajoutée. Malgré l'appui de la
micro finance, ces bénéficiaires ne seraient toujours pas
à mesure de stocker les aliments de base, de manger trois fois par jour,
de faire face aux dépenses d'eau et d'électricité et de
scolariser leurs enfants.
- Les difficultés rencontrées par les
responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de remboursement
de prêts à échéance, signe du manque
d'amélioration de la situation financière des
bénéficiaires, ou du côté de ces derniers, il y
aurait les problèmes de faible volume du montant octroyé, des
conditions d'obtention de microcrédit et de délai de
remboursement.
Dans l'entreprise de la vérification de nos
hypothèses, nous avons recouru à la méthode dialectique et
la méthode d'enquête soutenues par les techniques documentaire,
d'interview structurée, de questionnaire et d'observation
participative.
Madeleine GRAWITZ définit une méthode comme un
ensemble concerté d'opérations mises en oeuvre pour atteindre un
ou plusieurs objectifs. Un corps de principes présidant à toute
recherche organisée, un ensemble de normes permettant de
sélectionner et de coordonner les techniques.19(*) La méthode, ainsi
entendue, a comme finalité l'explication de phénomène
étudié du fait qu'elle implique « le moyen de parvenir
à un aspect de la vérité, de répondre plus
particulièrement à la question :
comment ? »
Comme nous l'avons déjà annoncé, nous
avons recouru à la méthode dialectique pour tenter d'atteindre la
vérité du phénomène étudié. GRAWITZ
précise à ce sujet, que la méthode dialectique part de la
constatation très simple de contradictions qui nous entourent. Celles-ci
existent dans la réalité elle-même. La pensée de
l'homme doit donc franchir un double écran : celui de ses propres
limitations et contradictions, ensuite celui de l'incohérence des
choses. Les limitations et les contradictions de l'homme ainsi que
l'incohérence des choses doivent être saisies dans une perspective
totalisante.20(*) Le
phénomène de la micro finance plutôt récent à
Kisangani ainsi que l'activité de lutte contre la pauvreté qui
lui est associée dans cette étude ont donc été
saisi dans leur totalité, leur dynamique et leurs contradictions. La
problématique de la lutte conte la pauvreté dans l'étude
de cas concerné par ce travail a été étudiée
et vérifiée au travers de la méthode adoptée.
Par ailleurs, nous avons appris de CHEVALIER J. et LOSHAK, que
la technique est un outil, un instrument qui permet de découvrir les
différentes données sur ces faits. Dans ce sens, nous avons lu la
documentation disponible et accessible pour nous en passant par les travaux de
fin d'études, les mémoires, les ouvrages et les publications sur
Internet pour construire l'armature conceptuelle, théorique et empirique
de notre étude. Compte tenu des difficultés d'ordre technique
pour atteindre la totalité de notre population d'étude, un
échantillon de 50 bénéficiaires a été
interviewé de manière structurée alors que 2 responsables
de l'IMF CERP - Gala Letu / Kisangani ont bien voulu répondre à
notre questionnaire d'enquête.
L'échantillonnage a été fait de
manière occasionnelle du fait qu'il s'est basé sur la
disponibilité des individus ayant accepté de répondre
à nos questions. Lors du dépouillement, nous avons
procédé question par question avant de mesurer les opinions de
nos sujets sur le phénomène étudié.
Le choix de ce sujet nous a été dicté
par la situation d'instabilité économique que traverse la RDC
avec comme corollaire la pauvreté extrême entraînant la
médiocrité des conditions de vie, la vulnérabilité,
le manque d'accès aux services sociaux de base, la non scolarisation des
enfants, etc.
L'intérêt scientifique de notre travail est de
contribuer à la compréhension du phénomène de la
pauvreté et du mécanisme de sa réduction par la micro
finance comme outil privilégié à la portée de
l'Etat et des populations les plus démunies.
Sur le plan social, il pourra aider :
- les IMF à améliorer leurs méthodes de
travail et bénéficier davantage du capital de confiance populaire
en apportant le plus de service à leurs clients ou membres et en
exploitant pleinement le potentiel du marché ;
- et les bénéficiaires des microcrédits
à comprendre le bien-fondé du crédit et le meilleur moyen
de son bénéfice qui passe par une orientation par objectif de
crédits obtenus et par une gestion efficiente de ceux-ci.
En ce sens, l'objectif global poursuivi dans cette
étude consiste à comprendre le phénomène de la
pauvreté et sonder la mesure dans laquelle la micro finance peut
être un outil efficace de lutte contre ce phénomène. Tout
lecteur, même non averti, pourrait ainsi trouver dans cette
rédaction les informations nécessaires à la
compréhension de la pauvreté et du crédit, du rôle
de celui-ci dans la réduction de la pauvreté et de la
manière la plus efficace de l'utilisation ou du recours au crédit
sans aggraver les difficultés de la vie et l'endettement. Les dirigeants
des IMF pourraient aussi en tirer un vrai profit scientifique susceptible
d'apporter une amélioration dans leur travail.
Nous avons limité notre sujet d'étude au cas de
l'institution de micro finance CERP - Gala Letu, pour la période allant
de septembre 2007 à décembre 2008, période retenue
après observation, comme celle d'activité la plus
prononcée de la micro finance à Kisangani. Nous avons pour cela,
mené une enquête tant du côté des dirigeants de l'IMF
que de leurs membres bénéficiaires de microcrédits durant
cette période.
Quant aux difficultés rencontrées pour la
rédaction de ce mémoire, nous pouvons citer la rareté de
la documentation relative à notre thème de recherche, le manque
des données statistiques fiables sur l'état de la pauvreté
et l'utilisation de la micro finance en RDC ainsi que la méfiance de nos
enquêtés qui ne comprennent pas d'une manière
générale l'importance d'une étude scientifique sur ce
qu'ils considèrent comme une activité privée. A ceci s'est
ajouté l'effet tache d'huile de la crise financière mondiale qui
aurait affecté les avoirs des initiateurs des IMF au point de faire
manquer aux institutions leur capacité de paiement à vue. Les
retraits de l'épargne du public et l'octroi de crédit ont connu
des perturbations sérieuses, engendrant ainsi une crise de confiance
sévère vis-à-vis des IMF.
Mais par détermination à atteindre notre
objectif, nous avons surmonté ces difficultés notamment par une
recherche abondante sur l'Internet pour avoir une documentation fiable et
actuelle en dépit du temps et du coût que cela exige ; autant
que nous avons expliqué et convaincu à la limite de nos
capacités, nos enquêtés pour avoir les données
analysées dans ce travail.
Par besoin d'élaboration et de clarté, nous
avons scindé notre étude en trois chapitres, hormis
l'introduction et la conclusion. Le premier chapitre porte sur les
considérations théoriques, le deuxième parle de la
pauvreté à Kisangani alors que le dernier s'intéresse au
CERP - Gala Letu et la lutte contre la pauvreté Kisangani.
Chapitre premier
CONSIDETATIONS THEORIQUES
Afin de faciliter la compréhension des concepts
utilisés, nous allons préciser leur contenu dans les lignes qui
suivent.
I.1. Des concepts clés
I.1.1. Pauvreté
Selon le Nouveau Petit Robert, la pauvreté c'est
l'état d'une personne qui manque de moyens matériels,
d'argent ; insuffisance de ressources.21(*) Elle est synonyme de besoin, de dénuement, de
gêne, d'indigence, de nécessité, de paupérisme, de
privation et peut être une insuffisance matérielle ou morale. Elle
se traduit par la stérilité (pauvreté du sol), la
faiblesse ou la médiocrité (pauvreté intellectuelle), etc.
La pauvreté est le contraire de l'aisance, du bien-être, de la
fortune, de la richesse, de l'abondance, de la fertilité.
Majid RAHNEMA,22(*) cité dans l'encyclopédie libre
www.wikipédia.org,
renseigne que la pauvreté est l'insuffisance de ressources
matérielles, comme la nourriture, l'accès à l'eau potable,
les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également de ressources intangibles comme
l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Cet auteur admet sans
réserve que la révolte viscérale que la pauvreté
suscite en chacun de nous est tout à fait compréhensible et
justifiée.
Le document de la stratégie de croissance et de
réduction de la pauvreté (DSCRP) de la République
Démocratique du Congo23(*) perçoit la pauvreté comme une situation
de faible production, de manque d'acheteurs et d'inexistence des voies
d'évacuation. Elle est aussi perçue comme un manque d'emplois,
d'initiatives et de vision à long terme du fait de l'inexistence
d'entreprises capables de créer de l'emploi pour la population active.
La pauvreté, c'est aussi le manque du capital qui se traduit par
l'incapacité d'accéder au crédit pour démarrer une
activité productive.
La pauvreté peut toucher des personnes isolées
ou des groupes et populations entières ; elle est
généralement considérée comme un
phénomène multidimensionnel. La dimension pécuniaire est
la plus fréquemment prise en compte.
La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent,
entraînant les difficultés pour se nourrir, s'habiller, se
loger,... La pauvreté pécuniaire ou de revenu résulte
d'une insuffisance de ressources, et est estimée au moyen de
seuil de
pauvreté.
I.1.1.1. Types de pauvreté
a. Du point de vue matériel, on distingue deux types de
pauvreté : la pauvreté relative et la pauvreté
absolue.
La pauvreté relative, c'est lorsque les personnes ont
moins de ressources que les autres et n'ont pas suffisamment d'argent pour
vivre normalement dans une société.
La pauvreté absolue, c'est celle où les
personnes n'ont pas assez pour survivre physiquement, par exemple pas assez de
nourriture pour s'alimenter.24(*)
b. ARJUN SENGUPTA, expert indépendant sur la question
des droits de l'homme et l'extrême pauvreté a expliqué le
concept de l'extrême pauvreté dans son rapport qui a
été débattu au Conseil des droits de l'homme à
Genève, du 11 au 12 juin 2007, comme une combinaison de trois types de
pauvreté : la pauvreté en terme de revenus, la
pauvreté en matière de développement humain et, une autre,
nouvelle, l'exclusion sociale en tant que pauvreté particulière
des personnes qui sont exclues socialement et qui est le fait des structures
sociales.
L'auteur rappelle que la pauvreté est un concept
multidimensionnel et estime qu'il faut un consensus particulier entre les pays
pour fixer l'élimination de l'extrême pauvreté comme
priorité essentielle. Ainsi, si le droit d'être à l'abri de
l'extrême pauvreté est un droit fondamental, il en résulte
des obligations pour les Etats. L'extrême pauvreté définie
comme violation de droit de l'homme implique obligations pour les Etats et mise
en place de politiques nationales pour l'éradiquer, a-t-il
insisté.25(*)
I.1.1.2. Formes de pauvreté
Serge PAUGAM qui analyse la sociologie de la pauvreté
comme étant avant tout une sociologie du lien social, distingue trois
formes élémentaires de pauvreté qui sont la
pauvreté intégrée, la pauvreté marginale et la
pauvreté disqualifiante.
La pauvreté intégrée,
caractéristique de pays dont le développement économique
est faible et où la pauvreté monétaire est
répandue, apparaît comme faiblement stigmatisée et ne
s'accompagne pas d'une expérience de rupture des liens affectifs. Comme
la pauvreté est depuis longtemps largement répandue, les pauvres
ne sont pas stigmatisés et bénéficient de la
solidarité familiale ou de la socialisation par une pratique religieuse
qui reste intense. L'
économie
informelle est particulièrement développée. C'est une
pauvreté sans
exclusion (ou, plus
exactement, l'exclusion suit sa dynamique propre indépendamment de la
pauvreté).
La pauvreté marginale apparaît comme une
pauvreté résiduelle, quasi structurelle, dans les phases
d'ascension économique. Occultée comme problème politique,
la pauvreté marginale est vécue de façon honteuse, et
s'accompagne d'une problématique de l'inadaptation sociale. Elle
correspond à la pauvreté d'une petite partie de la population au
sein d'une société prospère. Ces pauvres,
considérés comme des « cas sociaux »
inadaptés au monde moderne sont fortement stigmatisés.
La pauvreté disqualifiante, quant à elle, est
caractéristique des situations de crise économique dans les pays
riches : elle frappe des populations nombreuses, qui font pour la
première fois l'expérience de la relation d'assistance.
L'Etat-providence s'étant substitué aux solidarités
traditionnelles, et l'intégration par le travail jouant un rôle
prépondérant conformément au modèle de la
société salariale, cette pauvreté s'inscrit le plus
souvent dans une dynamique cumulative de rupture des relations sociales et
familiales. Les pauvres sont considérés à travers l'image
de la chute ou de la déchéance.26(*)
I.1.2. Seuil de pauvreté27(*)
Le seuil de pauvreté est un niveau de
revenus au-dessous duquel un
ménage est considéré comme
pauvre. Ce seuil prend
des valeurs radicalement différentes selon les pays
considérés : pays développés ou pays en
développement. Le seuil de pauvreté peut être défini
de manière absolue (en fonction d'un panier de consommation minimale) ou
relative (en pourcentage du revenu médian ou moyen).
La notion de pauvreté monétaire étant
difficile à cerner avec précision, plusieurs conventions sont
utilisées pour déterminer le seuil de pauvreté. On
distingue en général un seuil de pauvreté absolue,
utilisé pour les
pays en
développement et plusieurs
pays
développés, et un seuil de pauvreté relative,
utilisé dans quelques
pays
développés.
Pour déterminer le seuil de pauvreté on cherche
généralement à établir combien coûtent au
total toutes les ressources essentielles qu'en moyenne un adulte consomme en un
an. Cette approche se fonde sur l'évaluation qui est faite de la
dépense minimale pour assurer un
niveau de vie
tolérable... Il existe plusieurs méthodes d'évaluation
absolue de la pauvreté. Toutes ces méthodes se basent sur des
conventions normatives admises à un moment donné dans le pays ou
dans une communauté donnée. Une de ces méthodes est
fournie par la
Banque mondiale avec
comme critère un seuil normatif de un dollar (de 1990) par personne et
par jour ; un seuil de deux dollars est également couramment
employé. Le nombre de personnes sous ce seuil dans un pays est
délicat à estimer : d'une part, les pays concernés
n'ont pas les moyens de tenir des statistiques nationales
détaillées, d'autre part à ce niveau de revenu il faut
tenir compte d'activités non marchandes, comme l'
autoconsommation ou
l'accès possible à des
services publics.
Cette méthode s'applique essentiellement dans le cadre des comparaisons
internationales entre pays.
Afin de pouvoir faire des comparaisons internationales, les
seuils doivent être exprimés en
parité
de pouvoir d'achat, ce qui permet de s'affranchir des différences de
pouvoir d'achat des différentes
devises. Toutefois,
cette méthode est sujette à caution, puisque la consommation des
ménages pauvres peut être différente de celle du
ménage représentatif, servant à l'établissement des
taux de parité de pouvoir d'achat.
Le seuil de pauvreté relative par contre, tient compte
du
niveau de vie d'un
pays. Le plus souvent, on utilise une fraction du revenu médian :
50 % pour la
France, 60 % pour l'
Union
européenne. Le nombre de personnes sous le seuil est donc davantage
une mesure de l'
inégale
répartition des revenus qu'une véritable mesure de la
pauvreté (si le revenu de tous les habitants augmente de 20 %, le
seuil augmente lui aussi de 20 %, et le taux de pauvreté reste
identique). Cette mesure peut apporter un éclairage sur la
pauvreté ressentie par une partie de la population, en comparaison avec
les autres individus.
A l'échelle mondiale, la
Banque mondiale, qui
étudie surtout les
pays en
développement, retient des seuils de pauvreté absolus
identiques (1,25 dollar/jour, 2 dollars/jour, etc.), et tient compte dans ses
mesures des
parités
de pouvoir d'achat.
I.2. Microfinance
I.2.1. Notions
Mot composé constitué de deux termes
clés, la micro finance pourrait être entendue dans l'esprit du
Dictionnaire Le Petit Robert selon le sens de chacune de ses composantes.
D'abord Micro dérivé du grec Mikros qui signifie petit.
C'est le préfixe qui indique la division par un million de
l'unité dont il précède le nom28(*). Et Finance qui signifie
ressources pécuniaires.29(*) On dirait donc que c'est une infime unité des
ressources pécuniaires, de l'argent.
L'instruction n° 1 de la Banque Centrale du Congo (BCC)
qui régit l'activité de micro finance en RDC précise que
par micro finance il faut entendre « la prestation de services de
crédit et/ou d'épargne aux agents économiques
vulnérables, exclus du système bancaire, en vue de leur permettre
de réaliser des activités génératrices de revenus,
de créer des emplois et ainsi de lutter contre la
pauvreté ».30(*)
Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en
particulier, la micro finance se confond avec le microcrédit. Elle
désigne les dispositifs permettant d'offrir de très petits
crédits (microcrédit) à des familles très pauvres
pour les aider à conduire des activités productives ou
génératrices de revenus leur permettant ainsi de
développer leurs très petites entreprises.
De façon plus générale, la microfinance
se réfère à une vision du monde où « le
maximum de foyers pauvres ou assimilés peuvent avoir un accès
permanent à une gamme de services financiers de grande qualité et
adaptés à leurs besoins, incluant non seulement le crédit
mais l'épargne, l'assurance et les transferts de
fonds ».31(*)
Avec le temps et le développement de ce secteur
particulier de la finance partout dans le monde, y compris dans les pays
développés, la micro finance s'est élargie pour inclure
désormais une gamme de services plus large (crédit,
épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et une clientèle
plus étendue également. Dans ce sens, la micro finance ne se
limite plus aujourd'hui qu'à l'octroi de microcrédit aux pauvres
mais bien à la fourniture d'un ensemble de produits financiers à
tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou
formel.32(*)
L'expérience montre que la micro finance peut aider les
pauvres à augmenter leur revenu, créer des entreprises viables et
sortir ainsi de la pauvreté.
Elle peut également constituer un puissant instrument
d'émancipation en permettant aux pauvres, et en particulier aux femmes,
de devenir des agents économiques du changement. En effet, en donnant
accès à des services financiers, la microfinance joue un
rôle important dans la lutte contre les nombreuses dimensions de la
pauvreté. Par exemple, les revenus générés par une
activité non seulement permettent à cette activité
à se développer mais ils contribuent également au revenu
du ménage, et par là même à la
sécurité alimentaire, à l'éducation des enfants,
à la prise en charge des soins de santé, à
l'amélioration de l'habitat, etc.
Selon Michel Lelart33(*), membre du Réseau Entrepreneuriat de l'Agence
universitaire de la francophonie (AUF) : "La micro finance repose sur le lien
social et s'en sert"....."La micro finance est une finance de proximité,
proximité géographique bien sûr, mais surtout culturelle
car les personnes se connaissent et se cautionnent parfois mutuellement. Elle
est toujours adaptée aux besoins, c'est pourquoi elle innove en
permanence : ce sont des services d'assurance, ce sont aussi les services de
transferts de fonds utilisés par les migrants".
I.2.2. Enjeux de la microfinance34(*)
Normalement, les
banques ne fournissent pas de
services financiers à des clients dépourvus d'un minimum de
revenus. Pour gérer un compte clients, les banques doivent supporter un
coût fixe assez substantiel qui ne dépend pas du montant des
sommes d'argent mises en jeu. Par exemple, le total des profits
dégagés par une centaine de
crédits de
1 000 unités monétaires chacun est à peu près
égal au profit dégagé par un crédit de 100 000
unités monétaires, alors que la gestion de cent crédits
implique cent fois plus de travail et de diverses dépenses que la
gestion d'un seul. La même équation de base régit
l'économie d'autres services financiers. Il y a un
seuil de
rentabilité associé au crédit ou au
dépôt
qui veut dire que la banque perd de l'argent lorsqu'elle effectue une
transaction au-dessous d'un certain montant. Les besoins financiers des pauvres
se situent généralement au-dessous de ce seuil.
De plus, les pauvres ne possèdent pas suffisamment de
biens qui puissent être considérés comme un
collatéral,
c'est à dire qui puissent servir de garantie. Même lorsqu'ils
possèdent leurs terres, ils n'en ont souvent aucun titre de
propriété. Cela implique que les banques n'ont pratiquement pas
de recours contre les
emprunteurs
défaillants.
D'un point de vue plus général, on a longtemps
accepté l'idée que le développement d'un
système financier
national prospère est un objectif intermédiaire important qui
peut ensuite servir de catalyseur pour le
développement
économique national qui est l'objectif final. Cependant, tant les
responsables de la planification des États concernés que les
experts internationaux privilégient le développement du
secteur bancaire commercial
spécialisé dans les opérations mettant en jeu des sommes
importantes, tant ils négligent souvent les institutions à
même de fournir des services aux ménages disposant de moyens
limités, alors que ces catégories de ménage
représentent la plus grande partie de la population.
A cause de ces difficultés, lorsque les pauvres sont
amenés à emprunter, ils doivent souvent faire appel à leur
famille ou à des prêteurs locaux qui pratiquent des
taux
d'intérêts trop élevés. Ces prêteurs
pratiquent généralement pour les plus pauvres des taux plus
élevés que pour les moins pauvres. Alors que ces prêteurs
sont souvent stigmatisés et traités d'
usuriers, leurs services
sont accessibles, rapides et très flexibles lorsque les emprunteurs
doivent faire face à des problèmes. Les espoirs qu'on a pu
caresser de les éliminer du circuit se sont avérés
irréalistes même dans des contextes où les institutions de
microfinance étaient très actives.
I.2.3. Historique de la microfinance
On peut noter dans le passé les pratiques visionnaires
de certains moines
franciscains qui ont
fondé au quinzième siècle des
Monts de
piété35(*) qui présentaient des orientations
communautaires. Toujours en Europe, en 1849, un bourgmestre prussien
Friedrich
Wilhelm Raiffeisen, fonde en
Rhénanie la
première
société
coopératives d'épargne et de crédit, une institution
qui offre des services d'
épargne aux
populations ouvrières pauvres et exclues des banques classiques.
L'épargne collectée permet de consentir des crédits
à d'autres clients. Ces organismes sont dits
mutualistes. Plus tard,
les organismes et institutions se développent sur cette base en Europe
et en Amérique du Nord, puis, après la seconde guerre mondiale
dans les pays du Sud se focalisent sur l'épargne et offrent peu de
services de crédit.
Dans les années 1970, avec la
Grameen Bank,
Muhammad Yunus
développe le
microcrédit
au
Bangladesh ouvrant ainsi
la voie à de nombreuses autres expériences menées dans le
monde entier. Des institutions sont créées pour fournir aux
pauvres des moyens de créer leur gagne-pain et les outils pour
gérer le risque associé, c'est-à-dire les services
financiers normaux qui sont proposées aux catégories plus riches.
Le succès de la
Grameen Bank qui compte
maintenant comme clients plus de 7 millions de Bangladaises pauvres a connu un
écho dans le monde entier, dans la pratique, il s'est
avéré difficile de recopier cette expérience. Dans les
pays où les densités de population sont plus faibles, il est
beaucoup plus problématique de réunir les conditions de
rentabilité pour créer des services et commerces de
proximité. Il n'empêche que la Grameen a démontré
que non seulement les pauvres remboursent leurs crédits, mais qu'ils
peuvent payer des intérêts élevés et que
l'institution peut donc couvrir ses propres coûts.
A la fin des années 1980, les initiatives se
multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des
crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais sans
subvention. L'
ONG
bolivienne
PRODEM
créée en 1986 décide de « filialiser »
ses activités de microfinance sous forme de banque en créant la
Banco Solario SA, plus connue sous le nom de
BancoSol.
C'est l'émergence d'une « industrie de la micro
finance ».
Beaucoup de progrès ont été
effectués, mais tous les problèmes n'ont pas été
résolus, et la grande majorité de la population qui gagne moins
d'un dollar par jour, spécialement dans les zones rurales, ne
bénéficie toujours d'aucun accès au secteur financier
normal. Le secteur de la microfinance a connu une croissance
régulière jusqu'à atteindre en 2007 25 milliards de
dollars pour l'ensemble des crédits relevant de la microfinance. Il en
faudrait dix fois plus pour fournir aux populations pauvres le capital dont
elles ont besoin. Le secteur de la microfinance a connu une forte croissance,
au point qu'on a pu se demander s'il n'y avait pas un risque potentiel à
laisser filer autant de capitaux vers un secteur qui n'était pas
forcément géré correctement.36(*)
Du point de vue de la forme, on a vu se développer au
cours des vingt dernières années, de nombreuses organisations
actives en micro finance. Il existe de nombreux cas plus ou moins
différents de par le monde et trois courants essentiels coexistent dans
cette démarche :
· Le premier, d'inspiration plus coopératif, a
cherché à mettre en place ou à renforcer des organisations
populaires où les micro entrepreneurs étaient à la fois
épargnants et emprunteurs du système. Sa
spécificité est de vouloir construire des institutions à
partir de leurs bénéficiaires, c'est en cela qu'on y retrouve un
côté coopératif plus affirmé.
· Le second, illustré notamment par la BRI en
Indonésie, a consisté à transformer une banque existante
(ou dans le cas de la BRI une partie de cette banque) de manière
à la spécialiser en direction des micro entrepreneurs.
· Le troisième a mis sur pied des ONGs ayant pour
vocation de réaliser elles-mêmes l'intermédiation
financière. On a ainsi vu la création d'ONG de microfinancement
qui, après s'être procuré des fonds, soit au travers de
donations soit au travers d'emprunts, octroyaient elles-mêmes des
crédits aux micro-entrepreneurs. Dans ce dernier cas, l'accent a surtout
été mis sur l'octroi de crédit, la collecte de
l'épargne étant généralement interdite aux ONGs.
Parallèlement, on doit souligner que depuis une dizaine
d'années à peine, il existe aussi des cas de banques
privées à vocation commerciale qui pour des raisons de
stratégie propre, se sont orientées vers la micro
finance.37(*)
En République Démocratique du Congo, il est
généralement reconnu que l`histoire de la micro finance se
subdivise en trois périodes, à savoir de la période
coloniale à 1970 ; de 1970 à 1990 ; et de 1990 à nos
jours.38(*)
1. De la période coloniale à 1970
Par le décret du 24 mars 1956, le législateur a
organisé la création et le fonctionnement des «
sociétés coopératives indigènes » dont l`objet
social était de promouvoir, par la mise en oeuvre des principes de la
coopération, les intérêts économiques et sociaux de
leurs membres exclusivement. Toutes les sociétés de type
coopératif, y compris les coopératives d`épargne et de
crédit ou COOPEC, étaient assujetties à cette loi et
placées sous la tutelle du Gouverneur de province.
De cette période, aucune structure financière de
proximité formelle d`initiative privée n`a été
agréée. Par contre, le pouvoir colonial a créé la
Caisse d`Epargne du Congo (CADECO), Institution de droit public, afin de
collecter les petites épargnes.
2. De 1970 à 1990
Cette période est caractérisée par
l`émergence des coopératives d`épargne et de crédit
(COOPEC), en raison notamment de l`accessibilité des services offerts
aux membres et de leur implantation dans les milieux les plus reculés du
pays dépourvus de banques. Toutefois, faute d`un cadre légal
spécifique, ces dernières continueront à se conformer aux
dispositions du décret de 1956 et de ce fait seront désormais
placées sous la tutelle du Ministère du Développement
Rural.
En 1987, les coopératives détenaient
l`équivalent de 7% de l`épargne du secteur bancaire. Elles
étaient pour la plupart affiliées à des centrales
provinciales regroupées à leur tour au niveau national en une
Union des Coopératives Centrales d`Epargne et de Crédit «
UCCEC ».
3. De 1990 à nos jours
Depuis 1991, le contexte socio-économique et politique
difficile caractérisé notamment par les pillages,
l`hyperinflation, la prise des mesures monétaires incohérentes et
l`instabilité politique, a contribué à fragiliser le
système financier en RDC et particulièrement les COOPEC.
Ainsi, les coopératives ont perdu, entre 1991 et 1993,
près de 80 % de leur clientèle et 66 % des fonds placés
dans les banques de dépôt, justifiant ainsi le climat de
méfiance des membres envers ce mouvement. Aujourd`hui, la plupart des
COOPEC se sont regroupées en centrales et ont adhéré
à des structures faîtières de 3ème niveau, à
savoir l`Union des Coopératives Centrales d`Epargne et de Crédit
(UCCEC) et la Confédération Nationale des Coopératives
d`Epargne et de Crédit (CONACEC). Les Institutions de micro finance
autres que les COOPEC, se sont développées en RDC dans les
années 1990, dans le secteur informel. Elles sont l`oeuvre, dans la
quasi majorité des cas, des Organisations Non Gouvernementales «
ONG » et des initiatives locales de Développement.
De nos jours, un bref aperçu de l`organisation du
système bancaire congolais permet de dégager deux constats
majeurs à savoir, la couverture bancaire insuffisante du pays et les
distorsions existant dans l`implantation provinciale des guichets des banques
commerciales. Ce constat a rendu plus pressant la nécessité de
promouvoir des structures alternatives de financement capables d'assurer la
mobilisation de la petite épargne, d`octroyer du crédit en milieu
rural et milieux urbains défavorisés, et de créer des
conditions d`une insertion progressive du secteur informel dans
l`économie moderne.
Par ailleurs, de nombreux ménages, confrontés au
problème de pauvreté, ont entrepris des activités
nouvelles capables de générer des revenus. Cette situation les a
amenés à concevoir des microprojets en quête de micro
financements. En réponse à ces attentes, on a assisté
à l`éclosion d`une catégorie d'institutions
chargées de mobiliser des ressources tant internes qu`externes et
capable d'octroyer des microcrédits. Elles ont donc commencé
à offrir des services financiers, de crédit et/ou
d`épargne, aux personnes les plus démunies ne pouvant
accéder aux avantages du système bancaire classique. Mais, comme
qui dirait l'histoire se répète, au moment où nous
rédigeons notre mémoire, comme nous l'avons mentionné au
chapitre des difficultés rencontrées, la méfiance à
l'égard de ces institutions a refait surface à Kisangani suite
à la défaillance observée à leurs guichets de payer
à vue les demandes de retrait de l'épargne déposée
à leurs soins. Cette situation serait un simple effet tache d'huile de
la crise financière mondiale qui aurait frappé les avoirs de
certains initiateurs des IMF.
I.2.4. Forces et faiblesses de la microfinance
Posant un diagnostic revu du secteur de la micro finance au
Togo, KPIZING ESODONG,39(*) Coordonnateur CAS-IMEC, relève les forces et
faiblesses de la micro finance ci-dessous.
a. Forces
- Une prise de conscience de l'importance du secteur et des
engagements en faveur de son développement ;
- Un secteur informel dynamique entraînant une forte
demande de services financiers de proximité ;
- Un secteur de la micro finance en cours d'assainissement et
structuré ;
- Un secteur touchant de plus en plus les femmes ;
- Un secteur bénéficiant d'une offre en
matière de renforcement institutionnel ;
- Un secteur intéressant des investisseurs non
publics.
b. Faiblesses
- L'insuffisance du cadre légal, réglementaire
et institutionnel ;
- L'insuffisance de surveillance et de contrôle du
secteur ;
- L'insuffisance de professionnalisation du secteur ;
- L'insuffisance des ressources humaines et de leurs
formations ;
- L'insuffisance de systèmes de gestion de
l'information fiables ;
- Les difficultés d'accès aux ressources pour
donner les crédits ;
- L'insuffisante articulation avec les banques.
En conclusion, l'auteur décèle des
opportunités du secteur de la micro finance ; opportunités
parmi lesquelles nous pouvons retenir la volonté politique du
gouvernement et des partenaires, la force de la demande de produits, la
volonté de concertation des acteurs, l'élaboration d'une
stratégie nationale pour la micro finance et l'intérêt des
partenaires en développement et des banques.40(*)
Nous épousons le diagnostic de cet auteur pour le cas
du secteur de la micro finance en République Démocratique du
Congo car, selon nos observations, celui-ci bénéficie en effet
des opportunités et présente des forces et des faiblesses
similaires à celui du Togo.
I.2.5. Rôle de l'Etat dans la micro finance
Les économistes sont divisés en deux blocs sur
le rôle de l'État. D'un coté les libéraux et de
l'autre les interventionnistes. Mais, bien que le débat sur le
rôle de l'État ne soit pas encore épuisé, le constat
est que l'État intervient très souvent dans la vie
économique et sociale avec pour objectif d'assurer l'efficacité
et la stabilité.
En matière de développement économique,
la théorie économique a été dominée par les
partisans de l'interventionnisme en raison de leur appréciation
pessimiste sur la capacité du marché à impulser les
mutations structurelles de l'économie. En ce sens, l'État est un
développeur qui joue un rôle important voire principal dans la
production des biens et services... Au niveau de la formation et de
l'éducation des populations l'État joue un rôle
prépondérant aussi bien dans les domaines de la santé, de
la protection sociale, etc. Dans les pays en voie de développement, les
théoriciens vont encore plus loin en stipulant que l'État est le
seul acteur susceptible d'agir pour l'intérêt
général tandis que le secteur privé n'avait que pour
unique objectif la maximisation du profit. Par conséquent, elles ne
peuvent agir dans l'intérêt général, d'où sa
marginalisation dans le processus de développement. Du fait,
l'État devient l'unique entrepreneur susceptible de parvenir au
développement.40(*)
Il a fallu attendre les années 80 pour avoir le retour
des arguments et théories prônant un État minimum. Ainsi,
l'État devrait se retirer de la production industrielle et laisser
l'entière place au secteur privé et se recentrer sur les
activités régaliennes qui lui sont dévolues,
principalement les activités de réglementation. Cette tendance
découle de ce que les économistes ont qualifié de
néoclassique, donc l'analyse préconise la liberté
d'entreprendre qui est source d'efficacité économique et
l'échange par le marché est garant d'une allocation optimale des
ressources. Le marché est présenté comme le lieu de la
rencontre de l'offre et de la demande. Et que le mécanisme de
marché conduit à une situation optimale.41(*)
Toutefois, en dépit de cette argumentation, force est
de reconnaître qu'il existe des défaillances de marché qui
entraînent une divergence entre les allocations optimales et celles de
l'équilibre. Ces écarts justifient de remanier l'analyse
néoclassique avec la théorie de l'économie du
bien-être. Car, dans la théorie du bien-être, s'il y a
échec du marché, l'intervention étatique est
justifiée. Avec pour mission pour l'État de rapprocher
l'équilibre et l'optimum. Cette conception de l'intervention de
l'État se veut restrictive dans la mesure où aucune place n'est
laissée à l'intérêt général. De plus,
l'État est un agent non doté d'une spécificité
particulière par rapport aux autres agents économiques dont il
est le reflet.
STIGLITZ42(*) nous montre les caractéristiques de
l'État plutôt en tant que organisation. A ce propos, il explique
que l'État est caractérisé par le pouvoir de contrainte et
de participation universelle de tous à cette organisation. Par
conséquent, en référence à ces
caractéristiques il présente deux avantages certains par rapport
aux autres organisations dans la mesure où le gouvernement est une
organisation pré établie tandis que le pouvoir de contrainte fait
de lui un instrument d'orientation de la politique et de surveillance des
activités de manière plus efficace qu'une organisation
privée.
Le fait que le gouvernement soit pré établi fait
qu'il peut intervenir en subissant des coûts de transaction
inférieurs à ceux des nouvelles organisations. Il est aussi bien
placé pour réduire les coûts de transaction dans les cas
où il y a absence de certains marchés et information
incomplète. Donc, il est bien placé pour aider les institutions
de micro finance, les activités de celles-ci étant fortement
liées à l'existence de coût de transaction et de manque
d'information que constitue le marché du microcrédit.
Compte tenu de l'échec des entreprises publiques (de
collecte, distributions et d'affectations de ressources), les pouvoirs publics
misent sur les PME et la micro finance pour assurer aussi bien la croissance
que l'emploi dans les pays en voie de développement. Ceci grâce
aux proximités sociologiques que cette dernière a avec le secteur
informel qui occupe une place considérable dans leurs économies.
Les IMF constituent le maillon indispensable de soutien à la micro
entreprise. Leurs activités se doivent d'être
protégées par un cadre réglementaire adapté
à leur spécificité. En raison du caractère
récent de leur émergence, les IMF méritent un soutien en
formation, et des aides au démarrage de l'activité de la part de
l'Etat et de ses partenaires extérieurs en l'occurrence les organismes
d'aide au développement. D'autre part, du fait des incertitudes qui
prévalent sur ce type de marché, il est indispensable que
l'état intervienne pour fixer les règles de bonne conduite en vue
de protéger les transactions.
C'est ainsi qu'en République Démocratique du
Congo,43(*) la loi n°
005/2002 du 7 mai 2002 relative à la constitution, à
l'organisation et au fonctionnement de la Banque Centrale du Congo (BCC)
confère à celle-ci en son article 6, le pouvoir de
réglementer et de contrôler l'activité des IMF. En vertu de
ces dispositions légales, la BCC a édicté l'Instruction
n° 1 du 12 septembre 2003, modifiée en date du 18 décembre
2005. Cette instruction met en place un cadre général
régissant l'activité de ces structures de financement
décentralisées, en attendant l'élaboration d'une loi
spécifique portant régime applicable à ces
dernières.
Au terme de cette instruction, il existe en RDC trois
catégories d'IMF, à savoir les entreprises de microcrédit
de première catégorie, les entreprises de microcrédit de
deuxième catégorie et les sociétés de micro
finance. L'exercice de cette activité est subordonné à
l'obtention préalable de l'agrément de la BCC, moyennant
accomplissement des conditions d'ordre juridique et économique bien
définies.
En vue de garantir une meilleure protection de
l'épargne, une IMF doit se constituer en personne morale même si
aucune forme sociale particulière n'est prescrite, et une
société de micro finance doit se constituer sous la forme de
S.A.R.L. pour pouvoir collecter l'épargne. L'instruction fixe le capital
minimum pour la constitution d'une IMF à l'équivalent en Francs
Congolais de 15 000 usd pour les entreprises de microcrédit de
première catégorie, 50 000 usd pour celles de
deuxième catégorie et 100 000 usd pour les
sociétés de microcrédit.
Elle prévoit la possibilité pour dix IMF de se
regrouper en réseau pour constituer une Centrale des IMF, en sigle CIMF
qui doit aussi être agréée par la BCC. Dans l'exercice de
son activité, une IMF est tenue de transmettre un rapport mensuel
à la BCC, suivant les modalités précises, alors que cette
dernière est habilitée à infliger des sanctions
administratives et disciplinaires aux IMF ou à leurs dirigeants en cas
de violation des textes légaux et règlements en la
matière.
Par ailleurs, cette instruction qui est un acte
réglementaire ne modifie pas les textes légaux régissant
le commerce de la monnaie en RDC, notamment la loi n° 002/2002 du 2
février 2002 portant dispositions applicables aux Coopératives
d'Epargne et Crédit et la loi n° 003/2002 du 2 février 2002
relative à l'activité et au contrôle des
établissements de crédit. Les opérations de micro finance
étant assimilées aux opérations de banque
réputées actes de commerce par le Code de commerce, les banques
et les coopératives d'épargne et de crédit ne sont pas
interdites légalement de les réaliser pour autant qu'elles se
conforment à la réglementation, notamment une simple autorisation
de la BCC.
La législation en vigueur en RDC distingue donc les
IMF des coopératives d'épargne et de crédit et des
établissements de crédit qui sont elles, régies par les
lois 002/2002 et 003/2002 du 2 février 2002 ci-dessus
évoquées. Quant aux IMF, elles ne sont régies
actuellement que par l'instruction n° 1 de la BCC. Plusieurs
études, renseigne l'analyse de MASANGU MULONGO, ont
préconisé par souci de cohérence réglementaire,
soit d'incorporer les IMF dans la loi bancaire, soit d'en extraire les COOPEC.
Ce qui reviendrait à opérer un choix entre élaborer une
loi unique qui s'adresserait aussi bien aux établissements de
crédit qu'aux IMF, ou mettre en place, à côté de la
loi bancaire, un cadre légal qui régirait l'ensemble des
systèmes financiers décentralisés. Une enquête
socio-économique a été initiée par la BCC et
pourrait, le moment venu, aider à lever une option définitive sur
ces deux alternatives.
Ainsi, en vue d`encadrer et de promouvoir ce nouveau
secteur44(*), deux
structures d`encadrement ont vu le jour, l`une au niveau professionnel et
l`autre au niveau institutionnel. Au niveau professionnel, le Regroupement des
Institutions du Système de Financement Décentralisé au
Congo (RIFIDEC) fut créé en l`an 2000, pour principalement trois
objectifs, à savoir assainir et promouvoir le secteur de la microfinance
en RDC ; assurer la défense des intérêts des
opérateurs du système de financement
décentralisé ; et renforcer les capacités
institutionnelles de ses membres à travers des formations, des
échanges d`informations, des appuis techniques et des conseils. Au
niveau institutionnel, l'encadrement est assuré par la Banque Centrale
du Congo (BCC). En effet, le secteur de la microfinance étant devenu un
outil d`émancipation économique et sociale, une Sous-Direction
chargée de la microfinance a été mise en place au mois de
septembre 2000 au sein de la BCC.
I.3. La lutte contre la pauvreté
Depuis la nuit des temps, l'homme ne cherche que son
mieux-être. Des actions de lutte contre la pauvreté avaient eu
lieu dans les sociétés
mésopotamiennes
plusieurs siècles avant le début de l'
ère
chrétienne
.
En
Europe, l'essor du
christianisme implique une forme de solidarité nouvelle, puisqu'elle est
prise en charge par des institutions et qu'elle devient un devoir
chrétien. Malgré tout, il existait une solidarité
antérieure.
Ce changement implique une nouvelle conception, la
pauvreté théologique. La pauvreté est dans la conception
chrétienne un état de fait qui dans le cadre d'un monde
régi par le divin ne peut être éliminée. Elle est
souvent perçue comme un châtiment et menace l'âme du
chrétien de l'
oisiveté,
mère de tous les vices. La lutte contre la pauvreté passe donc
par la remise au travail. Ainsi la pauvreté n'est pas due à un
dysfonctionnement de la société mais aux individus
eux-mêmes. Le traitement de la pauvreté est laissé à
la volonté individuelle des riches.
Les
XVIIe
et
XVIIIe siècles
apportent sur cette notion un grand bouleversement. En France, l'
abbé
de Saint-Pierre en 1724 est l'un des premiers à
réfléchir sous un jour nouveau à cette question. Non pas
sur la cause fondamentale des inégalités mais il cherche à
concilier utilité et
philanthropie. Il
préconise le retour au travail comme moyen principal de la lutte contre
la pauvreté et dans le même temps contre un facteur d'entropie
sociale. C'est dans ce cadre de pensée qu'est mis en place le
système de l'
hôpital
général. Très rapidement la population enfermée
dans les établissements parisiens atteint le seuil de 6.000 personnes,
soit 1% de la population de l'époque. Les provinces furent
également gagnées par ce mouvement de réaction à la
misère et, à la veille de la Révolution, on comptait 32
hôpitaux généraux dans tout le pays. Mais ce mouvement
dépasse largement la France, cette politique d'internement forcé
des pauvres a affecté l'ensemble des états européens. En
Angleterre, dès 1575, un acte d'
Elisabeth I instituait
des établissements visant « la punition des vagabonds et le
soulagement des pauvres ». Les "Houses of correction" qui auraient
dues être présentes dans chaque comté vont laisser la place
aux workhouses qui dans la seconde moitié du
XVIIIe siècle
trouveront leur véritable expansion. FOUCAULT note qu'en
« quelques années, c'est tout un réseau qui a
été jeté sur l'Europe. » En Hollande, en Italie,
en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux
d'internement de même nature.
Cette politique d'enfermement systématique
apparaît maintenant inhumaine et dangereuse au plan sanitaire. Elle fut
contestée par les philosophes des Lumières et finalement
abandonnée. En France, la révolution enclenche une
évolution dans la conception de la pauvreté. La pauvreté
devient l'expression de dysfonctionnements dans la société. Un
traitement laïc et social de celle-ci nécessite un questionnement
de son origine et induit de nouvelles réponses. À partir du
moment où le principal facteur est le facteur économique, bien
que le discours moral ne soit pas absent des débats de l'époque,
le principe de la redistribution des richesses et des allocations devient
possible et même nécessaire aux nouveaux principes de la
République. Les personnes prises en charge font partie de certaines
catégories : veuves, orphelins.
La mise en place de l'
État-providence
dans des pays développés étend l'
aide sociale.45(*)
De nos jours, à l'échelle
internationale46(*), la
lutte contre la pauvreté est considérée comme une
priorité consensuelle. L'on reconnaît que le monde a connu un
réel progrès économique avec des avancées en
matière de développement humain et un recul de la pauvreté
relative, au cours des dernières décennies. Mais, en valeur
absolue, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté
reste le même... En situant le seuil de pauvreté à 2 $ par
jour, presque la moitié de la population mondiale se trouve à
l'écart des circuits de la richesse. Sous l'impulsion de la
libéralisation des échanges, il y a eu effectivement croissance
et réduction de la pauvreté, mais également croissance des
inégalités. La croissance profite plus aux riches qu'aux pauvres,
que l'on parle des pays ou de catégories sociales.
Les instabilités, les exclusions, les pertes de lien
social créées par de telles situations de pauvreté et
d'inégalité, dans les pays en développement comme dans les
pays émergents et même dans les pays développés,
suscitent de vives inquiétudes... De plus, face à ce
développement inégalitaire largement lié à la
mondialisation, la société civile internationale prend une
position nettement critique et se fait de plus en plus pressante dans les
débats et les négociations, notamment sur les questions de
libéralisation et/ou de régulations.
La prise de conscience de l'aspect choquant de ces
évolutions a progressivement amené la communauté
internationale à réaffirmer l'importance de la priorité en
faveur de la lutte contre la pauvreté : des engagements
renouvelés et plus précis sont pris à l'horizon de 2015.
La pauvreté a été remise au centre des
préoccupations et les manières de l'aborder ont été
modifiées par les résultats de plusieurs sommets internationaux
comme celui de Copenhague sur le développement social (1995), les
contributions de différents groupes de travail (Programme Spécial
Afrique, CAD/OCDE, etc.), la réflexion sur la dimension sociale de
l'ajustement structurel, les remises en question au sein de la Banque mondiale
et bien d'autres contributions, un peu partout dans le monde, traduisent cette
prise de conscience consacrée par les objectifs du millénaire
pour le développement.
Ces objectifs du millénaire dont la déclaration
fut signée en septembre 2000, concernent notamment huit objectifs que
les Etats membres de l'Organisation des Nations Unies (ONU) ont convenu
d'atteindre d'ici l'an 201547(*). Il s'agit de :
1. Réduire l'extrême
pauvreté et la
faim.
2. Assurer l'
éducation
primaire pour tous.
3. Promouvoir l'égalité et l'autonomisation des
femmes.
4. Réduire la
mortalité
infantile.
5. Améliorer la
santé maternelle.
6. Combattre le
VIH/
SIDA,
le
paludisme et d'autres
maladies.
7. Assurer un
environnement durable.
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le
développement.
Le monde s'accorde aujourd'hui, dans cette lancée de la
recherche des voies et moyens de réduire, sinon d'éliminer la
pauvreté, à reconnaître que la micro finance est un
instrument adapté à ce combat d'autant plus qu'il repose sur le
lien social et s'en sert, comme le démontre Michel LELART.48(*) Mohammad YUNUS, prix Nobel de
la paix 2006 considéré comme père du microcrédit,
conduit quant à lui « vers un monde sans
pauvreté »49(*), construit à base de la micro finance.
En République Démocratique du Congo, le
gouvernement s'est engagé à « faire de cette terre de
nos aïeux, un lieu de paix, de prospérité,
d'espérance et de bonheur pour tous, spécialement pour les plus
démunis ».50(*)
Thierry NGOY51(*), Conseiller au Ministère de l'industrie,
petites et moyennes entreprises a développé dans le cadre d'un
colloque sur la lutte contre la pauvreté tenu à Kinshasa en 2005,
une pensée sur le thème « Le gouvernement de transition
face à son engagement de lutter contre la pauvreté ».
De sa pensée nous retenons que la situation macro économique
s'est détériorée énormément jusqu'à
devenir catastrophique à l'issue du conflit armé de 1998. Avec
l'avènement de Joseph KABILA au pouvoir, le gouvernement a
décidé de renouer avec ses principaux partenaires au
développement. Plusieurs mesures ont été prises avec
l'appui des institutions de Bretton Woods en vue de rayer les distorsions
introduites dans la gestion de l'économie.
Parmi ces mesures, nous pouvons citer le Programme
Intérimaire Renforcé, PIR en sigle, mis en place avec pour
objectifs la stabilisation, le redressement et la relance économique
pour une croissance durable. Des résultats palpables ont
découlé de ce programme, notamment la stabilisation du taux de
change, l'arrêt de l'hyperinflation, l'augmentation des revenus fiscaux
et la stabilisation des dépenses publiques.
Dans le cadre du Programme Economique du Gouvernement (PEG)
développé avec le concours des bailleurs des fonds, plusieurs
réformes structurelles ont été initiées ainsi que
quelques programmes solides et ambitieux pour stimuler la croissance
économique et s'attaquer aux contraintes structurelles qui ont
entravé le développement économique du pays. Le PMURR
(Programme Multisectoriel d'Urgence de Reconstruction et
Réhabilitation), le PUCER (Programme Cadre d'Urgence de Création
d'emplois et de Revenus), la création de l'ANAPI et du COPIREP ainsi que
la mise sur pied de la loi garantissant l'indépendance de la Banque
Centrale, le Nouveau Code des Investissements et le Nouveau Code Minier sont
une illustration des résultats de ce programme.
Sur le plan sécuritaire, la paix a été
négociée dans le cadre du Dialogue Inter Congolais et un
gouvernement de transition a été mis en place ... jusqu'à
l'organisation des élections en 2006. La finalisation de la
rédaction du Document de la Stratégie de Croissance et de
Réduction de la Pauvreté (DSCRP) en juillet 2006 est un
aboutissement de tant d'efforts et de détermination du gouvernement
congolais à lutter contre la pauvreté qui frappe l'ensemble du
territoire national.
Au terme de ce DSCRP notamment, il est attesté le
rôle de la micro finance dans la lutte contre la pauvreté en
République Démocratique du Congo à l'instar de plusieurs
pays d'Afrique et du monde.
I.4. Microcrédit dans la lutte contre la
pauvreté
Avant d'aborder la question du microcrédit, il
s'avère important de préciser le terme
« crédit » dont le microcrédit n'est qu'un
diminutif.
Etymologiquement, crédit vient du latin
credere qui signifie croire. Selon une expression de MOLIERE reprise
dans le dictionnaire Le Petit Robert, le crédit est la confiance
qu'inspire quelqu'un ou quelque chose. De façon empirique, c'est la
confiance dans la solvabilité de quelqu'un. Et d'un point de vue
financier, c'est l'opération par laquelle une personne met une somme
d'argent à la disposition d'une autre.52(*)
L'encyclopédie libre
www.wikipédia.org53(*) revient sur le sens
étymologique du mot crédit qui exprime la confiance
accordée à autrui. Il définit le crédit comme une
créance pour un
prêt et
relève le fait qu'en
comptabilité
générale, le mot crédit est un terme technique qui
désigne une des deux colonnes de la
comptabilité
à partie double. Par convention, cette colonne est toujours celle de
droite et elle sert à enregistrer l'origine des fonds (apports en
capital), les gains de l'entreprise (les ventes réalisées, les
produits financiers) et les dettes de l'entreprise envers les fournisseurs,
l'État ainsi que les emprunts faits à la banque. La notion
complémentaire du crédit est le
débit.
En finance, Le crédit englobe les diverses
activités de prêt d'argent, que ce soit sous la forme de contrats
de prêts bancaires ou de délais de paiement d'un fournisseur
à un client.
Le crédit est généralement porteur d'un
intérêt
que doit payer le
débiteur (le
bénéficiaire du crédit, appelé aussi emprunteur) au
créditeur
(celui qui accorde le crédit, appelé aussi prêteur).
L'intérêt représentant ici la rémunération du
risque du prêteur ou du créditeur.
Parlant justement des risques de crédit, KABONGO
KANDA54(*) enseigne que
l'octroi du crédit entraîne une série de conséquence
dont l'immobilisation des capitaux, le risque de trésorerie et le risque
de perte. Il note que malgré ces effets néfastes, les entreprises
ne peuvent pas ne pas accorder des délais de paiement aux clients. Mais
il faut définir une politique de crédit à suivre et la
mettre en pratique : accorder escompte ou délai et doser le mode de
recouvrement tout en fixant les critères de sélection et le seuil
maximum de crédit par client.
Comme pour affirmer la dimension sociale et intangible de la
pauvreté décelée par Majid Rahnema en
terme d'insuffisance de respect (nous aurions dû ajouter `'et de
confiance'') reçu des autres citoyens, la micro finance étant
orientée vers une cible particulière, les pauvres, fixe ainsi ce
seuil maximum à un niveau très bas qui réduit le
crédit au microcrédit.
Le microcrédit peut ainsi s'entendre comme une infime
unité du crédit, si nous nous en tenons à
l'étymologie Mikros et Credere.
Il est défini comme une petite quantité d'argent
mise à la disposition d'un client par une banque ou une autre
institution. Un microcrédit bien réalisé personnalise
à la fois ses termes, ses prix, ses critères, ses
évaluations et sa diffusion, afin de proposer le meilleur accès
possible aux clients, de limiter les risques et de proposer des services
à long terme. On peut proposer un microcrédit à une
personne ou à travers un modèle de garantie de groupe.
Selon l'encyclopédie libre
www.wikipédia.org55(*), l'activité de
microcrédit consiste généralement en l'attribution de
prêts de faible montant à des entrepreneurs ou des artisans qui ne
peuvent accéder aux prêts bancaires classiques. Elle se
développe surtout dans les
pays en
développement, où il permet de concrétiser des
microprojets favorisant
ainsi l'activité et la création de richesse mais se pratique
aussi bien dans les pays développés ou en transition.
Du point de vue historique, cette encyclopédie libre
précise que l'on peut trouver des antécédents au
microcrédit dans la pratique de prêt sur gage à taux
faibles ou nuls des
Monts de
Piété56(*), dans les
mutuelles de crédit
agricole créées en Europe à la fin du
XIXe siècle.
Le système a été développé par le professeur
d'économie
Muhammad Yunus au
cours des 30 dernières années. Lors d'une séance de
travaux pratiques d'un cours d'investissement, Muhammad Yunus propose à
ses étudiants d'interroger les fabricants de tabourets en bambou des
plus proches villages. Les 42 femmes artisans ont besoin de 27 dollars au total
pour développer leur activité. Or toutes les banques refusent de
financer ce trop faible montant à des clients a priori
insolvables. Yunus déclare avoir eu honte de cette situation et
prête la somme de sa propre poche. En permettant aux producteurs
d'acheter d'avance le
bambou sans subir les
variations importantes de prix, ils réussissent à créer
des emplois et à rembourser intégralement Yunus.
Depuis
1999, la méthodologie de
crédit adoptée par les institutions de microfinance prend de
manière croissante la forme d'un produit individuel flexible,
ressemblant plus aux produits bancaires classiques. La forme choisie à
l'origine était basée sur la méthodologie de crédit
collectif, utilisant les mécanismes d'épargne locale et de
caution solidaire et la supervision des pairs pour couvrir le risque de
crédit...
L'activité de microcrédit encourage les
microprojets au niveau
local. Cela permet d'induire des mutations "à la base". Celles-ci sont
souvent plus efficaces et ont un plus grand effet d'entraînement - en
créant un maillage économique dans le pays - que certaines
infrastructures ou certains gros projets industriels qui
bénéficient rarement aux plus pauvres. Cet effet de levier permet
d'agir efficacement auprès de ceux qui prennent des initiatives en
s'engageant personnellement, c'est-à-dire les entrepreneurs ou les
artisans.
Mais au-delà du simple aspect financier, les programmes
de microcrédit ont aussi un impact sur le développement local. En
effet, ils touchent des secteurs aussi divers que l'agriculture (groupements
villageois, coopératives paysannes, organisations professionnelles
agricoles), l'artisanat (groupements d'artisans, associations artisanales
féminines), le financement de l'économie sociale (mutuelles
d'épargne et de crédit, banques villageoises), la
protection
sociale (mutuelles de santé, caisses de santé primaire).
Ainsi, ils contribuent à l'amélioration de l'accès aux
services sociaux de base, aux soins de santé, aux services de
planification familiale et à l'eau potable.
Aujourd'hui, il est admis que le microcrédit constitue
un espoir pour les pauvres. Il désigne les programmes qui fournissent
des petits prêts, et d'autres services y inclus des épargnes, aux
gens les plus pauvres pour des activités indépendantes qui
produisent des revenus, en leur offrant des moyens d'existence pour
eux-mêmes et leurs familles.57(*)
A ce titre, le portail de micro finance enseigne qu'une bonne
gestion de crédit inclus le rachat de crédits. Contrairement
à ce que l'on pense souvent, le crédit, le microcrédit en
particulier, n'est pas destiné à vous rendre la vie plus
difficile en vous permettant de vous endetter. Non, le microcrédit doit
être considéré et utilisé comme un instrument
financier à votre disposition.
Que ce soit pour financer un projet, étaler des
créances immédiatement exigibles, mettre en place un programme de
retraite complémentaire en utilisant le crédit comme levier
financier, tous ces besoins peuvent être comblés par l'utilisation
judicieuse du crédit.
Bien évidemment, le microcrédit, comme tout
crédit d'ailleurs, ne doit pas être utilisé de façon
impulsive mais réfléchie. Ne jamais perdre de vue qu'un
crédit n'est pas un don ou une subvention, mais une avance qui vous est
accordée sur un temps plus ou moins long et qu'il faudra rembourser
chaque mois ; augmenté éventuellement
d'intérêt. De ce fait, si l'on n'y prend garde, nos achats
impulsifs risquent de nous coûter très cher... Par contre, le
crédit utilisé judicieusement est un fabuleux levier nous
permettant de réaliser nos projets, tout en continuant de vivre
agréablement sans se priver inutilement.
Ne pas confondre « vivre avec le
crédit », donc utiliser tous ses avantages, et
« vivre à crédit », c'est-à-dire vivre
au dessus de ses moyens. Dans ce dernier cas, le crédit est
néfaste alors que si nous l'utilisons judicieusement en fonction de nos
besoins réels et non de nos impulsions et, que nous limitons notre
endettement en fonction de nos capacités de remboursement
réelles, le crédit est un merveilleux outil.58(*)
Jean-Philippe de Schneval, fondateur de BlueOrchard Finance
à Genève,estime que ce secteur rentable, est censé
établir « un lien entre deux mondes qui ne se parlaient
pas : d'une part, les démunis qui n'avaient aucune chance
d'accéder au crédit et, d'autre part, les clients des banques
privées, les fonds de pension et les investisseurs
institutionnels »...59(*)
Selon l'approche théorique de Castillo60(*) Le microcrédit a pour
objectif de créer des revenus supplémentaires en octroyant des
crédits de petites tailles aux personnes pauvres. Les organismes qui
octroient des microcrédits définissent la pauvreté de
manière spécifique pour chacun et se prêtent, en
général, aux caractéristiques reprises dans le tableau
ci-dessous :
Prêts
|
Emprunteurs
|
Faibles montants
|
Pauvres
|
Pas de caution ou caution modique
|
Principalement des femmes
|
Offres de services autres que le crédit
|
Peu instruits
|
Remboursements réguliers
|
Géographiquement isolés
|
Responsabilité collective
|
Possèdent peu d'actifs
|
Financés par des donateurs
|
Activités liées à l'agriculture
|
Emettant sur une toute autre longueur d'onde, Sylvie BRUNEL
conclut que sans nier l'utilité du microcrédit dans certaines
situations bien précises, il faut se garder d'en faire la solution
miracle ou l'instrument unique de l'aide aux populations pauvres ; les
sommes consenties servent surtout à créer de petites
activités de service, qui donnent un tout petit peu plus d'aisance
financière à leurs promoteurs, mais en aucun cas ne leur
permettent de sortir de la pauvreté.61(*)
Chapitre deuxième
LA PAUVRETE A KISANGANI
Dans ce chapitre, nous examinons la situation de la
pauvreté à Kisangani. A cet effet, nous avons articulé le
chapitre en trois volets. Le premier nous présente la ville de
Kisangani, le deuxième nous fait part de la situation de la
pauvreté et le troisième nous ramène aux institutions de
micro finance dans cette ville.
II.1. Présentation de la ville de
Kisangani
Présenter la ville de Kisangani, revient donc à
parler de la situation géographique de la ville, de son histoirique, de
sa population, de ses aspects sociopolitiques et de son économie.
II.1.1. Aspect géographique
Du point de vue géographique, la ville de Kisangani
est située dans la cuvette centrale congolaise, avec une superficie
d'environ 1 910 km2 à 25°11' de longitude Est et
à 0,31' de latitude Nord.62(*) Elle est située dans la cuvette centrale de la
RDC et a les caractéristiques d'une région
équatoriale : chaleur constante, forte pression
atmosphérique, précipitations abondantes et absence relative de
saison sèche. Chef-lieu de la Province Orientale, Kisangani est
entourée des territoires du district de la Tshopo : au Nord, le
territoire de Banalia ; au Sud, le territoire d'Ubundu ; au
Sud-Ouest, les territoires d'Opala, de Yahuma et de Basoko ; à
l'Est le territoire de Bafwasende.63(*)
II.1.2. Aspect historique
Sur le plan historique, Kisangani, autre fois Stanleyville
jusqu'en 1966, tire son origine du poste colonial fondé en 1883 par
l'explorateur Henry Morton Stanley sur l'île « Wana
Rusari ». L'île était habitée par des clans des
pêcheurs Enya, en plein milieu des chutes « Wagenia »
surnommées « Stanleyfalls » par Stanley. Avant de
s'appeler Stanleyville, on l'a longtemps appelée « Poste de
Stanleyfalls » ou les « Falls » tout court ou
encore « Boyoma » du nom africain des chutes. D'autre part,
Kisangani est le nom swahili qui signifie « le village dans
l'île ». Ce nom a été usité de
façon constante, semble-t-il, par les indigènes, concurremment
avec la dénomination de Stanleyville.64(*)
Le 15 juillet 1898, le district de Stanleyfalls devient la
Province Orientale avec comme chef-lieu Stanleyville, qui obtient le statut de
ville grâce à l'ordonnance n° 12/357 du 6 septembre 1958 qui
la divisait en quatre communes : Belge I (mangobo et Tshopo), Belge II
(Lubunga), Bruxelles (Kabondo) et Stanley (Makiso). Vers la fin de 1958, la
ville est devenue la forteresse de Patrice Emery Lumumba qui y lance le
Mouvement National Congolais (MNC). Après l'assassinat de Lumumba en
1961, Antoine Gizenga y a installé un gouvernement qui a rivalisé
avec le gouvernement central de Léopoldville, Kinshasa actuelle. De 1964
à 1967, la ville a été le théâtre de troubles
sanglants avec les grandes exécutions publiques des autorités
insurgées (16 condamnés) à la place des martyrs en 1964.
Par décret-loi du 5 septembre 1964, la République Populaire du
Congo est créée et la présidence est confiée
à Christophe Gbenye qui devient chef du gouvernement constitué
à Kisangani et reconnu par sept pays dont l'ancienne URSS et l'Egypte.
Le 24 novembre 1964, la ville tombe aux mains des parachutistes belges du
premier bataillon de Diest qui accueillent la 5ème Brigade
mécanisée de l'Armée Nationale Congolaise (ANC). La
12ème brigade commandos katangais (Diabos) vint en renfort
à la garnison, et chaque habitation de la ville fut fouillée
à la recherche des rebelles simbas et d'armes.
Le 23 juillet 1966, les katangais du régiment Baka se
mutinent pour une question de solde et les Diabos assassinent le Colonel
Tshatshi, commandant de la 5ème brigade
mécanisée de l'ANC. Quatre jours plus tard, un cessez-le feu est
obtenu entre les katangais et les mercenaires du 6ème
bataillon commando européen de Bob Denard, sous l'impulsion du premier
ministre, le Général de brigade Léonard Mulamba
accompagné du ministre de l'intérieur, Etienne Tshisekedi wa
Mulumba. Deux mois plus tard, les katangais sont chassés de la ville par
les mercenaires de Bob Denard... Le 5 juillet 1967, les mercenaires conduits
par Bob Denard et Jean Schramme se mutinent à leur tour pour tenter de
ramener Moïse Tshombe au pouvoir et ils s'emparent de la ville
après de durs combats, ...avant d'y être chassés une
semaine plus tard par l'ANC.
Avec la politique d'authenticité du président
Mobutu, Stanleville devient Kisangani, Stanleyfalls chutes Wagenia, et les
communes sont rebaptisées de leurs noms actuels le 27 octobre
1977.65(*)
Cette page d'histoire a donné à Kisangani un
qualificatif peu enviable de ville martyre qui a connu encore en 1997 la guerre
dite de libération menée par l'AFDL, la ville est tombée
aux mains de l'AFDL le 15 mars 1997. En 1998, le RCD a imposé une
nouvelle guerre et Kisangani a connu ses guerres de trois jours en 1999 puis de
six jours en 2000. Le tout avec comme corollaire l'aggravation de la situation
de pauvreté dans la ville qui s'est faite baptiser plus tard, ville
d'espoir.
II.1.3. Population de la ville de Kisangani
Au delà de cette histoire aussi riche que les
potentialités naturelles du pays, Kisangani connaît une grande
population, diversifiée culturellement qui, si elle était bien
exploitée, devrait constituer une supplémentation en richesses
socio-économique, estime Vicky YAAYA LIAGOLOGA.66(*) Benoit VERHAEGEN
déclare à ce sujet que Kisangani s'est constituée
grâce à des vagues migratoires successives de différents
peuples : des orientaux arabes et arabisés, des riverains
avoisinants, des ethnies venues de l'Equateur, de l'Est et du Nord-Est du pays
ou du Kasaï, chacune de ces vagues y a laissé ses
empreintes...67(*) Selon
les estimations de l'I.N.S., cette population s'élevait à
près de 700 000 habitants en 2005.
II.1.4. Aspect sociopolitique
Sur le plan sociopolitique, nous retenons avec Vicky
YAAYA68(*) que Kisangani
connaît des moments de violence plus ou moins vive tout au long de son
histoire, depuis ses origines et qui marqueront et jalonneront son
évolution. Elle a subi les affres de l'esclavagisme, celles de la
colonisation et encore des crises politiques post-coloniales
accompagnées des troubles, des violences, des rébellions et les
pillages qui s'en suivaient, etc. La ville garde la réputation
d'être un bastion des nationalistes, unitaristes et lumumbistes.
Kisangani, ville d'espoir, est le berceau du nationalisme congolais.
II.1.5. Aspect économique
Du point de vue économique, la
pénétration des arabes à Kisangani en 1875 a fait de cette
ville un centre essentiellement commercial ; et le régime colonial
est venu organiser le commerce dans cette ville, déclare
JEWSIEWICKI.69(*) Cet
auteur indique que le commerce et l'artisanat ont commencé à se
développer vers les années 1967 et 1971 dans la mesure où,
avec son statut de troisième ville du pays et son rôle colonial de
ville transit, elle a soutenu une économie fondée sur un commerce
et une agriculture d'exportation pour vitaliser la métropole et
dévitaliser la colonie.
Mais, à la suite du dépérissement
économique et de la chute du secteur secondaire constaté par
NGUB'USIM et STREIFFELER70(*), au fil des événements, la plupart des
entreprises manufacturées ont fermé leurs portes, d'autres ne
travaillent qu'à un rythme réduit. Il s'en suit que petit
à petit, Kisangani offre l'image paradoxale d'une ville dont l'emploi
salarié est relativement stable à partir de 1952 puis à
partir de 1974, alors que la population en âge d'activité est
multipliée.
La rébellion, les affrontements militaires et les
pillages qu'a connus la ville dans les années 1964, 1967, 1991, 1992 et
1997 à 2000 ont eu entre autres comme conséquence
économique, la suppression ou, au meilleur de cas, la diminution
sensible de certaines unités de production qui assuraient un important
marché d'emploi. Les cas des usines B.A.T., le groupe Englebert pour les
pneumatiques, la SORGERI, LA FORESTIERE, AMEXBOIS, la SOTEXKI et de nombreuses
entreprises commerciales ou d'exploitation agricole peuvent illustrer ces
propos. Il est aussi bien évident que, quand les infrastructures de
transport étaient bien entretenues, Kisangani était un
véritable entrepôt, comme dit OMASOMBO cité par Vicky
YAAYA.
Au fil des événements, l'économie de la
ville de Kisangani se retrouve sinistrée. Elle est concentrée sur
les activités informelles tenues par des PME qui font bien preuve de
créativité et de dynamisme, mais n'assurent malheureusement pas
la production attendue pour la croissance économique. Aussi la
population vit-elle, d'une manière générale, dans un
état de pauvreté de masse généralisée comme
c'est le cas pour toute la RDC.
II.2. Situation de la pauvreté à
Kisangani
Notre analyse part d'une présentation plus globale au
niveau national, avant de circonscrire la situation particulière de la
ville de Kisangani.
En effet, Kisangani est une ville de la RDC. Par ce fait, la
situation de la pauvreté vécue à Kisangani est comprise
par rapport à la situation générale du pays. Rappelons que
selon les termes du DSCRP, en RDC la pauvreté extrême est une
situation de masse généralisée.
Le PNUD71(*) remarque d'abord que la RDC est un pays de paradoxes.
Dotée d'immenses ressources naturelles variées, la RDC figure
parmi les trois derniers pays du classement mondial sur la base du PIB par
tête d'habitant.
Au chapitre de la pauvreté extrême de masse, ce
rapport observe que la pauvreté humaine est élevée (40,4 %
en 2006) et elle a tendance à s'accentuer. Plus de la moitié des
Congolais sont privés d'accès à l'eau potable (57 %) et
aux soins de santé de base (54 %) ; plus de 3 enfants sur 10 sont
mal nourris, et la probabilité pour un citoyen congolais de
décéder avant de fêter son 40ème
anniversaire s'élève à 47 %.72(*)
Cette observation a conduit le PNUD à calculer
l'indice de pauvreté humaine (IPH) tel que repris dans le tableau 2
ci-après.
Tableau 2 : Indice de Pauvreté Humaine en RDC
|
1995
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Probabilité de décéder
Avant 40 ans
|
34.70
|
36.10
|
37.50
|
39.00
|
40.50
|
42.10
|
43.70
|
45.40
|
Taux d'analphabétisme
Des adultes
|
37.00
|
36.80
|
36.30
|
35.90
|
35.40
|
35.00
|
34.40
|
34.00
|
Proportion des enfants
De moins de 5 ans souf
frant de l'insuffisance pondérale
|
34.40
|
33.80
|
33.30
|
32.70
|
32.20
|
31.60
|
31.10
|
30.60
|
Proportion de la population privée de l'eau potable
|
58.50
|
57.70
|
57.20
|
56.50
|
55.80
|
55.10
|
54.40
|
55.70
|
Proportion de la population privée d'accès aux
services de santé
|
78.10
|
76.20
|
74.60
|
67.60
|
71.80
|
66.50
|
61.80
|
58.30
|
IPH-1
|
40.05
|
40.04
|
40.08
|
40.16
|
40.27
|
40.48
|
40.70
|
41.42
|
Source : PNUD, Rapport annuel sur le Développement
Humain 2008, p. 40
En dépit de cette situation générale
déjà faible, la RDC connaît de grandes disparités
spatiales en matière de développement humain. Le tableau 2
ci-dessous renseigne sur ces disparités spatiales.
Tableau 3 : Indicateur de Développement Humain par
province
|
IDH
|
ISDH
|
IPH-1
|
|
2001
|
2003
|
2006
|
2001
|
2003
|
2006
|
2001
|
2002
|
2003
|
Kinshasa
|
0.587
|
0.582
|
0.583
|
0.580
|
0.573
|
0.574
|
22.4
|
24.6
|
25.1
|
Bas-Congo
|
0.467
|
0.458
|
0.465
|
0.455
|
0.446
|
0.448
|
39.2
|
41.4
|
42.6
|
Bandundu
|
0.348
|
0.346
|
0.345
|
0.327
|
0.327
|
0.326
|
44.6
|
45.9
|
44.8
|
Equateur
|
0.290
|
0.290
|
0.291
|
0.256
|
0.258
|
0.257
|
47.2
|
48.0
|
46.9
|
Kasai occidental
|
0.412
|
0.410
|
0.409
|
0.390
|
0.389
|
0.387
|
45.2
|
46.9
|
45.8
|
Kasai Oriental
|
0.420
|
0.420
|
0.425
|
0.404
|
0.406
|
0.412
|
38.4
|
40.3
|
39.0
|
Katanga
|
0.408
|
0.403
|
0.407
|
0.390
|
0.390
|
0.400
|
39.5
|
41.4
|
40.4
|
Province Orientale
|
0.326
|
0.330
|
0.330
|
0.304
|
0.308
|
0.307
|
41.0
|
42.1
|
39.7
|
Nord Kivu
|
0.367
|
0.363
|
0.361
|
0.347
|
0.350
|
0.355
|
43.4
|
44.5
|
45.0
|
Sud Kivu
|
0.341
|
0.343
|
0.344
|
0.320
|
0.329
|
0.333
|
47.5
|
47.8
|
44.8
|
Maniema
|
0.387
|
0.389
|
0.389
|
0.363
|
0.370
|
0.378
|
45.2
|
46.7
|
45.8
|
Source : PNUD, Rapport annuel sur le Développement
Humain 2008, p. 41
Mais la RDC est aussi parmi les 189 signataires de la
Déclaration du Millénaire en 2000. Par cette déclaration,
le pays s'est engagé à oeuvrer pour la promotion d'un monde
meilleur pour tous... Par rapport justement à cette déclaration,
la situation de la RDC en rapport avec les OMD fait preuve de l'existence d'une
pauvreté extrême de masse. L'analyse par objectif faite par le
PNUD73(*) nous
éclaire à ce point.
Objectif 1 : Réduire de moitié
l'extrême pauvreté et la faim d'ici 2015
71 % de la population vivent en dessous du seuil de
pauvreté de 1 $/jour/tête, plus de 92 % des ménages
consomment en moyenne moins de trois repas par jour, et 73 % des Congolais
n'atteignent pas le niveau minimal d'apport calorique.
Objectif 2 : Assurer l'éducation primaire
à tous
Plus de 3 enfants Congolais sur 10 âgés de 6
à 14 ans n'ont jamais fréquenté l'école, le taux
net de scolarisation primaire est de 52 % et seul 1 enfant sur 4 entrant en
première année primaire achève la cinquième
année.
Objectif 3 : Promouvoir l'égalité des
sexes et l'autonomie des femmes
Le rapport fille/garçon est de 90 % dans l'enseignement
primaire, 54-56 % dans le secondaire et près de 30 % dans le
supérieur. Les femmes occupent 8 % des sièges au parlement.
Objectif 4 : Réduire la mortalité
infantile
Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est
de 213 %o. Le taux de vaccination des enfants de moins d'un an
contre la rougeole est de moins de 50 %.
Objectif 5 : Améliorer la santé
maternelle
Le taux de mortalité maternelle est de 1 289
décès pour 100 000 naissances, soit parmi les plus
élevés au monde. Le taux d'accouchements assistés par du
personnel de santé qualifié est de 60 %.
Objectif 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et
d'autres maladies
Le taux de prévalence du VIH/SIDA est estimé
à 5 % pour la population de 15 à 49 ans et à 8 % pour les
femmes enceintes de 15 à 24 ans.
Objectif 7 : Assurer un environnement durable
La proportion des zones forestières est de 52 % et le
taux d'accès à l'eau potable est de 54 %.
Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial
pour le développement
La dette extérieure est estimée à 11,5
milliards de dollars à fin 2006, le pays a atteint le point de
décision au titre de l'initiative PPTE en juillet 2003.
Ce rapport démontre que malgré l'adoption par
le Gouvernement en 2006 d'un Document de la Stratégie de Croissance et
de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), et l'adoption par le
Parlement d'un Programme du Gouvernement 2007 - 2011, le pays ne dispose pas
encore d'un cadre de planification et de programmation approprié pour
stabiliser et inverser d'une manière durable les tendances
régressives constatées en matière de développement
humain.
Comme toute l'étendue de la RDC, la ville de Kisangani
connaît, tel que l'indique l'IDH de la Province Orientale dans le tableau
3 ci-dessus, une pauvreté extrême de masse. Vicky YAAYA
LIAGOLOGA74(*) a
démontré dans son étude que 85,5 % des ménages
à Kisangani croupissent dans une hyper pauvreté avec un revenu
moyen par personne par jour de 0,254 usd. Il y distingue trois
catégories des ménages pauvres dont les revenus moyens par
personne par jour sont de 0,49 $us pour les plus pauvres (85,5 % des
ménages), 0,754 usd pour la deuxième catégorie avec une
pauvreté relative (7,7 % des ménages) et 1,338 usd pour les
ménages vivant au dessus du seuil de pauvreté de 1 $ par personne
par jour (6,7 %).
Après analyses, cet auteur a noté que le revenu
moyen par personne par jour de toutes catégories combinées
était de 0,782 usd. Ce qui l'a poussé à considérer
que par rapport au seuil de pauvreté reconnu universellement, à
Kisangani on vit dans des conditions relativement bonnes de pauvreté.
Par ailleurs, il constate que la ligne acceptable de la pauvreté de 1
$us comme minimum traduisant la non pauvreté n'est pas applicable
à Kisangani, compte tenu de la modicité du pouvoir d'achat
réel que représente ce montant par rapport aux prix
pratiqués sur le marché.
Vicky YAAYA affirme alors que tout le monde est pauvre
à Kisangani en dépit des disparités de rang social que
l'on peut y observer. Il s'est ainsi rendu compte que l'indicateur de 5 usd
comme revenu moyen par personne par jour conviendrait à Kisangani pour
vivre dans une pauvreté moyennement supportable.
Sur le plan humain et social, sur 100 %
d'enquêtés, le même auteur a retenu que 50,6 % des
ménages n'accèdent pas à l'eau de la REGIDESO, 58,9 %
n'ont pas accès à l'électricité, 88 % n'ont pas le
moyen de faire un contrôle médical annuel alors que 69,5 %
recourent à l'automédication ou à la médecine
traditionnelle avec une alternance vers la médecine moderne.
Concernant l'indicateur alimentaire, ce chercheur a
trouvé que sur 100 % de ménages enquêtés, 70 % ne
prennent qu'un repas par jour contre 27,2 % qui en prenaient deux et 2,8 % qui
mangeaient trois fois par jour. D'où l'existence d'une pauvreté
matérielle et mentale selon l'auteur, qui n'a pas manqué de
déceler des effets à la fois positifs et négatifs de cette
pauvreté.
D'un point de vue positif, cette pauvreté a donc
réveillé le génie créateur des habitants de la
ville de Kisangani dont la majorité vit du secteur informel (petit
commerce, jardinage, le maraîchage, l'artisanat, l'élevage
domestique de survie, ...). L'autre paire de manches, c'est la prostitution, la
corruption, le détournement, l'escroquerie, l'invention des taxes
illégales, l'extorsion, la tricherie, l'automédication, ... comme
pratiques à effets négatifs de la pauvreté vécue
à Kisangani. Or, le développement du secteur informel est un
signe de pauvreté dans la société. Et si les
activités et pratiques relevant de ce secteur sont fonctionnels, les
effets négatifs cités par contre restent dysfonctionnels et
empoisonnent l'organisme social et aggravent la pauvreté,
renchérit cet auteur.
II.3. Les institutions de micro finance (IMF) à
Kisangani
En termes simples, une institution de micro finance est une
organisation qui offre des services financiers à des personnes à
revenus modestes qui n'ont pas accès ou difficilement accès au
secteur financier formel.
Au sein du secteur, le terme institution de micro finance
renvoie aujourd'hui à une grande variété d'organisations,
diverses par leur taille, leur degré de structuration et leur statut
juridique (ONG, association, mutuelle/coopérative d'épargne et de
crédit, société anonyme, banque, établissement
financier etc.).
Selon les pays, ces institutions sont
réglementées ou non, supervisées ou non par les
autorités monétaires ou d'autres entités, peuvent ou ne
peuvent pas collecter l'épargne de leur clientèle et celle du
grand public.
L'image que l'on se fait le plus souvent d'une IMF est celle
d'une ONG « financière », une organisation totalement et
presque exclusivement dédiée à l'offre de services
financiers de proximité qui vise à assurer l'auto promotion
économique et sociale des populations à faibles revenus.75(*)
Clément WONOU76(*), expert international des Nations Unies en micro
finance, enseigne que l'utilisation de la micro finance comme moyen de
réduction de la pauvreté ou comme outil de développement
tout court, passe par la constitution d'institutions de micro finance solides,
viables et pérennes. La viabilité d'une IMF pouvant être
définie comme sa capacité à couvrir, par ses produits
(hors subvention), l'ensemble de ses charges et à constituer des
réserves pouvant appuyer son développement et, au besoin, lui
servir d'amortisseurs systémiques. Cette définition sous-entend
que l'IMF dispose d'une gouvernance à toute épreuve et a une
assise organisationnelle conséquente.
C'est ainsi que l'auteur ci-dessus cité s'applique
dans son article, à rappeler entre autres, les quatre piliers importants
dans la construction d'une IMF viable. Il s'agit de la constitution d'une masse
critique d'activités comme soubassement à la
viabilité ; la maîtrise de l'intermédiation micro
financière ; la maîtrise des charges d'exploitation ; et
la maîtrise des impayés.
A Kisangani, nous avons identifié huit IMF dont Le
Crédit Boyomais, Le Crédit Congolais pour la Reconstruction
(CCR), Le Crédit et Epargne pour la Réduction de la
Pauvreté (CERP - Gala Letu), La Mutuelle d'Epargne et de Crédit
de Kisangani (MECREKIS), La Congolaise d'Epargne et de Crédit pour la
Relance Economique (CECRE), IMF HOPE, BARAKA PRECE et Gold Money Trust
(GMT).
Notre travail étant une étude de cas comme nous
l'avons précisé en introduction, nous avons centré nos
efforts sur le Crédit et Epargne pour la Réduction de la
Pauvreté, CERP - Gala Letu en sigle. Nous étant nous-même
fait membre de cette IMF, nous avons porté notre choix sur le CERP -
Gala Letu, d'abord pour la facilité d'accéder aux données
fiables, mais aussi et surtout à cause de la concordance de la mission
de cette IMF à l'objet de notre étude, la réduction de la
pauvreté.
En effet, cette institution qui inclut le thème
même de notre étude dans sa dénomination se veut être
un grenier, notre grenier à nous tous, exprimé en langue Swahili
par le suffixe GALA LETU (notre grenier) qui complète la
dénomination sociale de l'IMF. Elle se fixe pour mission de contribuer
d'une manière significative et progressive à la réduction
de la pauvreté en RDC, avec comme objectifs globaux :
a. La promotion de la culture de l'épargne au sein de
la population ;
b. L'élévation relative du niveau de revenus de
la population par l'appui aux activités génératrices de
revenus, au moyen des microcrédits ;
c. La participation à la réduction du
chômage par la création de l'emploi ; et
d. La facilitation des déplacements des fonds en toute
sécurité à travers différentes villes, cités
et agglomérations du pays.
Le CERP - Gala Letu organise les activités ordinaires
reconnues à une IMF, notamment la collecte de l'épargne du
public, l'octroi des microcrédits, les transferts d'argent et la
formation de ses clients et/ou membres. Pour accéder aux avantages
offerts par cette IMF, il faut compléter six conditions
suivantes :
1. Payer les frais d'ouvertures de compte suivant votre choix
fait parmi les six classes suivantes :
N°
|
Classe
|
Frais à payer
|
Crédit disponible
|
1
|
I
|
5 usd
|
De 1 à 100 usd
|
2
|
II
|
10 usd
|
De 1 à 500 usd
|
3
|
III
|
20 usd
|
De 1 à 2000 usd
|
4
|
IV
|
30 usd
|
De 1 à 5000 usd
|
5
|
V
|
50 usd
|
De 1 à 10 000 usd
|
6
|
VI
|
100 usd
|
De 1 à plus de 10 000 usd
|
2. Effectuer pendant une période de trois mois, des
mouvements jugés suffisants en compte
3. Rémunérer ordinairement le crédit
obtenu avec un intérêt mensuel de 3 %
4. Avoir en 5 mois la capacité de remboursement du
prêt reçu
5. Se rassurer de ses capacités ainsi que de ses
qualités (garantie matérielle et/ou morale)
6. Pour l'intérêt communautaire, mobiliser six
autres clients pour bénéficier aussi des services de Gala
Letu.
Comme on peut le remarquer, le crédit est ainsi
accordé à des conditions peu exigeantes, moins rigoureuses que
celles qu'imposerait une banque traditionnelle. La catégorisation des
classes est inclusive, toutes les catégories sociales sont prises en
comptes, chacun pouvant devenir membre, ouvrir un compte et accéder au
crédit dans la limite de ses propres capacités.
En pratique :
- les crédits sont accordés sur la base de
garantie immobilière, de garantie salariale ou d'un simple gage
collectif. En fonction de crédit demandé et de la capacité
de remboursement offerte, seuls les biens immeubles sont acceptés
à titre de garantie. A défaut, une garantie salariale est
acceptée pour les travailleurs sous contrat. L'aval de l'employeur
constitue dans ce cas un gage suffisant. Sinon, pour des personnes ne disposant
d'aucune forme de garantie, les plus pauvres, une garantie collective est
admise pour des groupes organisés (par exemple, groupe de femmes
vendeuses de légumes verts du marché central, association de
cyclistes transporteurs, association de menuisiers, ...). Les membres du groupe
assurent la surveillance du membre bénéficiaire du crédit,
suivent l'utilisation des fonds et procèdent au recouvrement à
l'échéance. Le crédit peut être rotatif parmi les
membres à des intervalles de temps différents. Le responsable du
groupe se charge en définitive de rendre les sommes recouvrées au
CERP - Gala Letu alors que chaque membre supporte seul les
intérêts.
- Les crédits accordés sont remboursables en
cinq tranches étalées sur cinq mois. A la fin du premier mois, le
bénéficiaire du crédit paye théoriquement 3 %
d'intérêt de la somme empruntée. Au deuxième mois,
il paye 3 % de la somme restant à payer, ainsi de suite jusqu'à
la fin du cinquième mois, au point que le cumul des
intérêts payés atteint les 9 % de la somme
empruntée.
- Le total des intérêts ainsi calculés est
payable anticipativement par rapport à l'obtention du crédit.
Ainsi, pour obtenir un crédit de 100 usd par exemple, le débiteur
doit payer anticipativement ses intérêts soit 9 usd
composés de 3 % de chaque tranche de remboursement soit 3 usd de 100 usd
dus au premier mois, 2,40 usd de 80 usd restant dus au deuxième mois,
1,80 usd de 60 usd restant dus au troisième mois, de 1,20 usd de 40 usd
restant dus au quatrième mois et de 0,6 usd des 20 usd restant dus au
dernier mois.
- L'agence de Kisangani est habileté à octroyer
des crédits jusqu'à 3000 usd maximum. Pour tout crédit de
plus de 3000 usd, l'agence reçoit la demande de crédit, l'examine
et la soumet à l'approbation de sa direction.
Ces conditions souples et inclusives d'octroi de crédit
ont conduit, selon notre observation, à une très forte
mobilisation, une adhésion massive de la population de Kisangani
à l'activité des IMF et du CERP - Gala Letu en particulier. Nous
analysons dans le chapitre suivant la contribution de cette IMF à la
réduction de la pauvreté à Kisangani.
Chapitre Troisième
CERP - GALA LETU ET LUTTE CONTRE LA PAUVRETE A
KISANGANI
Dans ce dernier chapitre qui constitue le socle de notre
étude, nous analysons l'impact des microcrédits octroyés
par le CERP - Gala Letu sur la réduction de la pauvreté à
Kisangani.
III.1. Aperçu sur l'activité du CERP - Gala
Letu à Kisangani
III.1.1. Historique et organisation
Le CERP - Gala Letu est une institution de micro finance
créée depuis 2005. Elle a ouvert officiellement ses portes
à Kisangani le 1er septembre 2007. Elle emploi 14
travailleurs dont un Gérant, un Comptable, un Chargé de
crédit et onze autres agents de collaboration et/ou d'exécution.
En vue d'une organisation efficace du travail, quatre guichets sont ouverts
pour la caisse recettes ou versements, la caisse recettes, la documentation et
le visa. La direction générale du CERP - Gala letu est
basée à Goma avec huit agences à Kinshasa, Lubumbashi,
Mbuji-Mayi, Bukavu, Bunia, Beni, Butembo et Kisangani.
III.1.2. Effectif des abonnés ou membres de CERP -
Gala Letu à Kisangani
Tableau 4 : Effectif des abonnés ou membres de CERP
- Gala Letu à Kisangani
Catégorie membre
|
Nombre
|
%
|
Catégorie I
|
802
|
38,39
|
Catégorie II
|
392
|
18,76
|
Catégorie III
|
306
|
14,65
|
Catégorie IV
|
246
|
11,78
|
Catégorie V
|
267
|
12,78
|
Catégorie VI
|
76
|
3,64
|
TOTAL
|
2 089
|
100
|
Source : Rapports du CERP - Gala Letu
A la lecture de ce tableau, nous découvrons que le
CERP - Gala Letu enregistre un effectif de 2089 membres répartis selon
le choix de chacun, à :
· 38,39 % pour la catégorie I, celle qui paye 5
usd de droit d'adhésion et a droit à un crédit qui va de 1
à 100 usd maximum ;
· 18,76 % pour la catégorie II, qui paye 10 usd
de droit d'adhésion et peut emprunter jusqu'à 500 usd
maximum ;
· 14,65 % pour la catégorie III, avec 20 usd de
droit d'adhésion pour un crédit maximum de 2 000
usd ;
· 11 ;78 % pour la catégorie IV, qui paye 30
usd de droit d'adhésion pour un crédit maximum de 5 000
usd ;
· 12,78 % pour la catégorie V, avec 50 usd de
droit d'adhésion pour crédit maximum possible de 10 000
usd ; et
· 3,64 % pour la catégorie VI qui paye 100 usd de
droit d'adhésion etpeut emprunter jusqu'au delà de 10 000
usd.
Signal fort du degré de pauvreté, la
catégorie I qui n'a droit qu'à 100 usd maximum de crédit
pour un membre n'ayant payé que 5 usd de frais d'adhésion occupe
la première place avec 38,39 % alors que la catégorie VI qui
donne droit jusqu'à plus de 10 000 usd de crédit pour 100
usd de frais d'adhésion payés vient en dernière position
avec seulement 3,64 % des membres.
Nous pouvons en déduire que les plus pauvres se sont
le plus intéressés à la micro finance à la
recherche de l'accroissement de leur capacité de financement.
Très limités dans leur capacité réelle, ils ont
adhéré pour la catégorie la moins coûteuse pendant
que les moins pauvres, disposant d'un peu plus de moyens de leur action, ont
opté pour la catégorie la plus coûteuse, à la
recherche certainement des financements plus importants et des
bénéfices qu'ils pourraient apporter.
III.1.3. Nombre de bénéficiaires de
microcrédits de CERP - Gala Letu
Tableau 5 : Nombre de bénéficiaires de
microcrédits de CERP - Gala Letu
Catégorie membre
|
Nombre
|
%
|
Catégorie I
|
307
|
38,33
|
Catégorie II
|
73
|
9,11
|
Catégorie III
|
101
|
12,61
|
Catégorie IV
|
84
|
10,49
|
Catégorie V
|
127
|
15,86
|
Catégorie VI
|
109
|
13,60
|
TOTAL
|
801
|
100
|
Source : Rapports du CERP - Gala Letu
Comme au tableau 4, la catégorie I occupe la
première place. Ce qui confirme le besoin de financement exprimé
par les plus pauvres, mais aussi l'enthousiasme avec lequel cette
catégorie de la population a accueilli l'activité de micro
finance à Kisangani. La catégorie VI gagne 13,60 % de
crédits obtenus. Ceci exprime également le besoin de financement
par cette catégorie de la population composée essentiellement de
commerçants et hommes d'affaires en quête de financement toujours
plus accru en vue de la redynamisation de leurs activités.
III.1.4. Répartition des
bénéficiaires de microcrédits
III.1.4.1. Selon le statut socioprofessionnel
Tableau 6 : Répartition selon le statut
socioprofessionnel
Statut
|
Crédit obtenu
|
%
|
Commerçant
|
138 500 usd
|
22,28
|
Vendeur au marché
|
216 695 usd
|
34,86
|
Artisan
|
79 500 usd
|
12,79
|
Agriculteur
|
87 000 usd
|
13,99
|
Fonctionnaire
|
100 000 usd
|
16,08
|
TOTAL
|
621 695 usd
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Ce tableau renseigne que les vendeurs du marché
viennent en première position avec 34,86 % suivis des commerçants
avec 22,28 % et des fonctionnaires qui ont pris 16,08 % des microcrédits
octroyés. Or, nous savons que l'économie de la ville de Kisangani
est dominée par les activités du secteur informel. Ce secteur est
tenu par les détenteurs de petits capitaux, ce qui explique qu'il
caractérise une situation de pauvreté dans l'économie
générale d'un pays.
Ainsi, forts de leur esprit d'initiative et inventif, les
commerçants, les vendeurs du marché et même les
fonctionnaires, artisans et autres agriculteurs se sont livrés à
la recherche des moyens de financement de leurs initiatives respectives au
travers de la micro finance. Les activités du niveau tertiaire ont
bénéficié de 57,14 % si nous mettons les
commerçants et les vendeurs ensemble ; les activités de
production ont reçu 26,78 % de crédit accordé aux artisans
et aux agriculteurs alors que 16,08 % ont servi à des activités
difficiles à cerner tenues par les fonctionnaires.
III.1.4.2. Selon le statut matrimonial
Tableau 7 : Répartition selon le statut
matrimonial
Statut
|
Crédit obtenu
|
%
|
Marié
|
512 695 usd
|
82,47
|
Célibataire
|
109 000 usd
|
17,53
|
TOTAL
|
621 695 usd
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Nous constatons sur base de ce tableau que 82,47 % de
microcrédits octroyés ont été accordés aux
hommes et aux femmes mariés. Cette catégorie sociale de la
population est normalement la plus vouée à rechercher
l'amélioration des conditions d'existence.
III.1.4.3. Selon l'âge
Tableau 8 : Répartition selon l'âge
Tranche d'âge
|
Nombre
|
%
|
20 à 25 ans
|
7 695 usd
|
1,24
|
25 à 30 ans
|
26 000 usd
|
4,18
|
30 à 35 ans
|
83 000 usd
|
13,35
|
35 à 40 ans
|
327 500 usd
|
52,68
|
40 à 45 ans
|
161 500 usd
|
25,98
|
Plus de 45 ans
|
16 000 usd
|
2,57
|
TOTAL
|
621 695 usd
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Ce tableau démontre que les crédits
octroyés par le CERP - Gala Letu ont bénéficié aux
adultes dans la tranche d'âge de 35 à 40 ans à la hauteur
de 52,68 % suivi de ceux de 40 à 45 ans avec 25,98 % des cas. D'une
manière globale, nous pouvons observer que ces deux tranches
d'âges sont constituées d'adultes, murs, responsables et actifs
qui ont l'espoir en l'avenir et qui luttent pour améliorer leurs
conditions de vie et celle de leurs dépendants. Ceci explique
suffisamment qu'ils soient d'abord plus attentifs à la micro finance, et
ensuite plus habiles à rechercher des financements pour leurs
initiatives.
III.1.4.4. Selon le sexe
Tableau 9 : Répartition selon le sexe
Sexe
|
Crédit obtenu
|
%
|
Masculin
|
432 000 usd
|
69,49
|
Féminin
|
189 695 usd
|
30,51
|
TOTAL
|
621 695 usd
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Contrairement à la tendance générale
connue de la micro finance, les hommes ont été plus nombreux
à solliciter et à obtenir les microcrédits de CERP - Gala
Letu. Les hommes, en effet, prennent 69,49 % des microcrédits
octroyés contre 30,51 % pour les femmes. Ceci nous semble être
lié au statut matrimonial des bénéficiaires des
microcrédits (voir tableau 7) qui sont pour la plus part des
mariés et chefs de ménages.
III.1.4.5. Selon le niveau d'études
Tableau 10 : Répartition selon le niveau
d'études
Niveau d'études
|
Crédit obtenu
|
%
|
Primaire
|
216 695 usd
|
34,85
|
Secondaire
|
335 500 usd
|
53,97
|
Supérieur
|
69 500 usd
|
11,18
|
TOTAL
|
621 695 usd
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Par rapport au niveau d'études, la catégorie
post-primaire ou secondaire constitue la majorité des
bénéficiaires des microcrédits de CERP - Gala Letu avec
53,97 % des cas enregistrés. La catégorie des études
primaires représente 34,85 et celle des études supérieures
ou universitaires enregistre 11,18 % des cas. Ceci donne à penser que
l'on retrouve moins d'intellectuels dans le secteur informel de
l'économie de Kisangani.
III.1.4.6. Selon le montant reçu
Tableau 11 : Répartition selon le montant
reçu
Catégorie membre
|
Crédit obtenu
|
%
|
Catégorie I
|
237 695 usd
|
38,23
|
Catégorie II
|
57 000 usd
|
9,17
|
Catégorie III
|
78 500 usd
|
12,63
|
Catégorie IV
|
65 000 usd
|
10,46
|
Catégorie V
|
98 500 usd
|
15,84
|
Catégorie VI
|
85 000 usd
|
13,67
|
TOTAL
|
621 695 usd
|
100
|
Source : Rapports de CERP - Gala Letu
Nous avons déjà constaté aux tableaux 4
et 5 que la catégorie I était la plus intéressée
à devenir membre et à obtenir le crédit offert par CERP -
Gala letu. Le tableau 11 ci-dessus atteste ce fait avec 38,23 % des
microcrédits octroyés à la catégorie des plus
pauvres.
III.2. Impact socio-économique des
microcrédits sur les ménages des
bénéficiaires
Dans ce point, nous analysons les données recueillies
lors de nos enquêtes auprès d'un échantillon de 50
bénéficiaires de microcrédits rencontrés au hasard
aux guichets du CERP - Gala Letu. L'impact des microcrédits est
analysé sous divers angles, notamment l'évolution du revenu,
l'évolution du nombre des repas par jour, la scolarisation des enfants,
l'accès à l'eau et à l'électricité, la
capacité de stockage des aliments essentiels, la capacité
d'épargner et l'évolution des activités
exercées.
Nous utilisons indifféremment les termes
« crédit » et
« microcrédit », termes dont le sens a
déjà été précisé au chapitre
premier.
III.2.1. Evolution du revenu des
bénéficiaires de microcrédits
A ce point, nous avons analysé dans nos enquêtes
si les revenus des bénéficiaires des microcrédits avaient
augmenté ou diminué après obtention du crédit. Le
tableau ci-dessous rend compte des résultats obtenus.
Tableau 12 : Evolution du revenu des
bénéficiaires de microcrédits
Revenu
|
Clients
|
%
|
Augmenté
|
39
|
78
|
Diminué
|
11
|
22
|
TOTAL
|
50
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
78 % de nos enquêtés ont reconnu avoir
constaté une augmentation de leur revenu à partir des
microcrédits reçus, alors que 22 % se plaignent d'avoir
enregistré une baisse de leur revenu sous l'effet de la micro finance.
Ceci reflète une bonne gestion des crédits obtenus pour 78 % des
cas, alors que pour 22 % des cas, le crédit reçu a
été confondu à une subvention ou à un don, avec
comme conséquence qu'au moment de remboursement, ces
enquêtés ont vu leur revenu diminuer de la somme affectée
à des activités ou à des achats non productifs. Des cas
d'achat de motos, de téléviseurs, de radios ou de vêtements
nous ont été rapportés. Pour d'autres encore, des
investissements précoces ont été réalisé
avec les fonds empruntés ; c'est le cas d'un client qui a
financé la poursuite des travaux de construction de sa maison avec le
microcrédit lui octroyé par CERP - Gala Letu. Le remboursement
dans ce cas a dû se faire sur le revenu ordinaire du
bénéficiaire qui a omis de comptabiliser son investissement et
estimait que son revenu avait diminué.
III.2.2. Nombre de repas par jour
Nous avons admis pour l'analyse de ce paramètre, que
trois repas par jours constituaient une amélioration de la situation du
bénéficiaire de crédit.
Tableau 13 : Nombre de repas par jour
Nombre de repas
|
Avant
|
Après
|
Un repas
|
16
|
9
|
Deux repas
|
22
|
31
|
Trois repas
|
12
|
10
|
TOTAL
|
50
|
50
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Après obtention des microcrédits du CERP - Gala
Letu, les ménages qui prenaient un seul repas par jour ont
amélioré leur situation comme ceux à deux repas
journaliers, alors qu'à l'inverse, ceux qui en prenaient trois ont vu
leur situation se détériorer. L'évolution respective est
de 16 à 9 cas ; 22 à 31 et 12 à 10 cas
observés. La proportion entre différentes évolutions reste
tout de même à l'avantage de l'amélioration. Ce qui nous
fait dire que les microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu
ont amélioré les conditions de vie des
bénéficiaires. La primauté de deux repas, traduit bien la
situation de Kisangani. En effet, comme vu précédemment, le grand
nombre des bénéficiaires de crédits était
constitué des commerçants et vendeurs au marché, qui
partent le matin au lieu de service pour ne revenir que le soir et penser
à préparer ou à prendre le repas.
III.2.3. Situation scolaire des enfants
Par rapport à la scolarisation des enfants, nous avons
établi le tableau ci-après.
Tableau 14 : Situation scolaire des enfants des
bénéficiaires de microcrédits
Situation scolaire
|
Clients
|
%
|
Améliorée
|
0
|
0
|
Restée la même
|
50
|
50
|
TOTAL
|
50
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Le tableau ci-dessus établit que sur 50
enquêtés, aucun n'a améliorée la situation scolaire
des enfants. Ceci est dû au temps très bref sur lequel a
porté notre analyse. En effet, au bout de deux années, il n'est
pas évident d'observer ou d'organiser une amélioration de la
scolarité des enfants.
III.2.4. Accès à l'eau
L'eau et l'électricité ont été
retenues comme paramètre de vérification du niveau de vie ou de
la pauvreté de nos enquêtés. Les résultats obtenus
pour l'accès à l'eau de la REGIDESO sont consignés dans le
tableau ci-après.
Tableau 15 : Accès à l'eau de la REGIDESO
Accès
|
Avant
|
Après
|
OUI
|
47
|
47
|
NON
|
3
|
3
|
TOTAL
|
50
|
50
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Pour l'accès à l'eau, aucune modification n'a
été enregistrée par rapport à la situation avant
l'obtention du crédit. Cette situation est à imputer à
l'adresse de résidence de nos enquêtés.
III.2.5. Accès à
l'électricité
Les résultats obtenus pour l'accès à
l'électricité sont repris dans le tableau 16.
Tableau 16 : Accès à
l'électricité
Accès
|
Avant
|
Après
|
OUI
|
47
|
47
|
NON
|
3
|
3
|
TOTAL
|
50
|
50
|
De même que pour l'accès à l'eau,
l'accès à l'électricité n'a donné aucune
observation particulière. Le même motif de lieu de
résidence est aussi valable pour ce paramètre.
III.2.6. Capacité de stockage des aliments de
base
Constituer un stock d'aliments de base à la maison
nous a semblé être un autre signe de niveau de vie acceptable.
Aussi, avons-nous évalué la situation de nos
enquêtés par rapport à ce paramètre.
Tableau 17 : Capacité de stockage des aliments de
base
Capacité de stockage
|
Avant
|
Après
|
OUI
|
33
|
36
|
NON
|
17
|
14
|
TOTAL
|
50
|
50
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Une légère amélioration est
observée à ce point. Sur 50 enquêtés, 36 soit 72 %
sont capables de stocker les aliments de base après obtention du
crédit contre 33 soit 66 % des cas avant.
III.2.7. Capacité d'épargne
Epargner c'est mettre de côté une partie du
revenu non consommé immédiatement, ou pour une consommation
future. Celui qui épargne donc est supposé être
détenteur d'un revenu lui permettant de couvrir ses besoins
immédiats et constituer une réserve pour ses besoins futurs. Ce
paramètre a été mesuré pour apprécier le
niveau de vie de nos enquêtés.
Tableau 18 : Capacité d'épargne des
bénéficiaires
Capacité d'épargne
|
Avant
|
Après
|
OUI
|
26
|
29
|
NON
|
24
|
21
|
TOTAL
|
50
|
50
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Epargner, c'est aussi une culture. A lire le tableau 18
ci-dessus, il ressort clairement que les microcrédits octroyés
par le CERP - Gala Letu n'ont eu qu'un effet très limité dans le
sens de l'amélioration de la capacité d'épargne.
III.2.8. Evolution d'activités
exercées
Le sens de l'évolution des activités
exercées par nos enquêtés est un signe d'enrichissement ou
d'appauvrissement, selon qu'il est positif ou négatif. Nos observations
à ce sujet sont contenues dans le tableau ci-après.
Tableau 19 : Evolution d'activités
exercées
Evolution
|
Clients
|
%
|
Positive
|
37
|
74,00
|
Négative
|
13
|
26,00
|
TOTAL
|
50
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Les activités exercées par les
bénéficiaires de crédits de CERP - Gala Letu ont
évolué positivement à 74 %.
III.2.9. Capacité de remboursement
La mesure de la capacité de remboursement des capitaux
empruntés traduit le degré d'enrichissement ou d'appauvrissement,
mais aussi l'expression de la personnalité des
bénéficiaires de microcrédits. Le tableau 20
ci-après renseigne sur ce paramètre.
Tableau 20 : Capacité de remboursements des
crédits reçus
Capacité de remboursement
|
Clients
|
%
|
A l'échéance
|
42
|
84,00
|
Après échéance
|
8
|
16,00
|
TOTAL
|
50
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
La capacité de remboursement à
échéance est assurée à 84 %. Ceci témoigne
de l'intérêt porté par les bénéficiaires
à garder et à promouvoir la micro finance ; une simple
expression de la personnalité de ceux-ci. Mais aussi, ce taux de
remboursement dans le délai est un signe d'enrichissement pour les
bénéficiaires de crédits.
III.2.10. Capacité d'investissement
Nous avons cherché à vérifier à
base de ce paramètre si les crédits octroyés ont permis
à leurs bénéficiaires d'améliorer leur
capacité d'investissement. Nous consignons les résultats obtenus
dans le tableau ci-dessous.
Tableau 21 : Capacité d'investissement de
bénéficiaires de microcrédits
Capacité d'investir
|
Clients
|
%
|
Améliorée
|
11
|
22,00
|
Diminuée
|
3
|
6,00
|
Restée la même
|
36
|
72,00
|
TOTAL
|
50
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
La lecture de ce tableau démontre que dans 72 % des
cas, la capacité d'investissement de nos enquêtés est
restée la même ; elle a même diminué pour 6 %
contre une hausse dans 22 % des cas. Cette évolution est due d'abord
à la modicité des capitaux propres exploités puis par
celle des sommes reçues à titre de microcrédits.
III.2.11. Indépendance vis-à-vis du
créancier
En dernier ressort, nous avons estimé la
capacité des bénéficiaires à devenir
indépendants vis-à-vis du créancier. Le tableau 22
résume les résultats obtenus.
Tableau 22 : Indépendance vis-à-vis du
créancier
Indépendance acquise
|
Clients
|
%
|
Plus besoin de recourir au microcrédit
|
7
|
14,00
|
Besoin persiste
|
43
|
86,00
|
TOTAL
|
50
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
Seuls 14 % de nos enquêtés estiment ne plus
avoir besoin de recourir au microcrédit contre 86 % de notre
échantillon pour qui le besoin de microcrédit persiste. Nous
pensons qu'à ce stade, nos enquêtés comprennent le
bien-fondé du microcrédit et restent disposés à
travailler avec ce système pour accroître leur capacité
d'autofinancement jusqu'à devenir indépendants vis-à-vis
du créancier.
III.3. Opinion des bénéficiaires sur le
microcrédit
Notre étude a cherché aussi à
connaître l'opinion de la population de Kisangani sur les
microcrédits. Les réponses reçues sont condensées
dans le tableau 23.
Tableau 23 : Opinion des bénéficiaires sur
le microcrédit
Le microcrédit
|
Clients
|
%
|
Aide à améliorer les conditions de vie à
court terme
|
9
|
18,00
|
Peut être intéressant à long ou moyen
terme
|
23
|
46,00
|
Doit être encore bien organisé
|
12
|
24,00
|
Est une activité d'appauvrissement
|
6
|
12,00
|
TOTAL
|
50
|
100
|
Source : Enquêtes de l'auteur
46 % des personnes enquêtées pensent que le
microcrédit peut être plus intéressant à long ou
moyen terme ; 24 % pensent que l'activité doit être encore
bien organisée avant de devenir un vrai outil de lutte contre la
pauvreté et 9 % se disent simplement satisfaits de la marche actuelle de
la micro finance pendant que 6 % sont pessimistes et estiment qu'il s'agit
d'une activité d'appauvrissement des plus pauvres.
Au regard de tous les résultats enregistrés
plus haut, nous épousons l'avis majoritaire qui estime que la micro
finance peut devenir une activité plus intéressante et donc un
outil efficace de réduction de la pauvreté à long ou moyen
terme. Ceci nécessite bien entendu une organisation plus
structurée que celle que présentent les IMF aujourd'hui.
III.3. Contraintes rencontrées par les
bénéficiaires
Au chapitre des contraintes rencontrées par les
bénéficiaires de microcrédits, nos enquêtés
ont évoqué :
- La modicité des sommes prêtées ;
- La durée de l'échéance de
remboursement ; et
- Le ralentissement trop brusque de l'activité en fin
d'année 2008.
Notre observation conduit à confirmer ces
difficultés : la majorité des bénéficiaires de
microcrédits appartiennent à la catégorie la plus pauvre
de la classification de CERP - Gala Letu et reçoit au maximum 100 usd de
crédit. Ceux qui sollicitent des sommes plus élevées ne
bénéficient pas des mêmes facilités que les
premiers ; à partir de 3000 usd et plus, l'autorisation d'octroi du
crédit doit être accordée par la direction
générale... Par ailleurs, pour une somme empruntée pour
besoin de financement d'une activité génératrice de
revenu, le délai d'un mois avant le remboursement de la première
tranche nous paraît trop court. En effet, en trente jours, il n'est pas
évident d'avoir investi et produit jusqu'à la hauteur de 20 %
soit le cinquième constituant la première tranche à
rembourser. Par besoin d'honneur personnel, il est plus probable que les
bénéficiaires de crédits aient commencé à
rembourser avant d'avoir tiré tout dividende.
En plus, le ralentissement de l'activité à la
suite de la crise économique mondiale qui aurait touché les
avoirs des initiateurs d'IMF est un fait négatif dans l'histoire de la
jeune micro finance de Kisangani. L'insolvabilité accusée par une
IMF implantée à Kisangani vers le début du dernier
trimestre 2008 a généré un climat de méfiance
généralisée au sein d'une population qui n'était
qu'à ses premières appréhensions dans les IMF et
COOPEC.
III.4. Difficultés rencontrées par l'IMF
CERP - Gala letu
Pour l'IMF, les difficultés rencontrées peuvent
se résumer en termes de manque de respect des délais de
remboursements, de la méfiance développée trop facilement
et trop rapidement par leurs membres et clients à base d'informations
pas toujours vérifiées et de l'insuffisance de l'implication de
l'autorité publique à mieux organiser le secteur.
En effet, les IMF octroient des microcrédits sur
contrat express. Celui-ci précise les modalités de remboursements
conformément d'ailleurs aux statuts et règlements de
l'institution. Pour rentrer dans ses droits, le CERP - Gala Letu est souvent
obligé de se déplacer pour recouvrer ou d'engager des frais
divers pour cette fin. Malgré les efforts consentis à
l'intérieur de l'institution, la déception est parfois grande de
se retrouver en face d'une clientèle devenue de plus en plus hostile
à une activité qui leur a octroyé des crédits et
à soutenu tant soit peu l'épanouissement de leurs
activités.
Face à tout ceci, l'Etat reste indifférent,
aucune intervention du pouvoir public ni pour sensibiliser la population
à la culture de l'épargne, ni pour organiser le secteur.
III.5. Discussion des résultats
Les résultats de notre étude démontrent
que les microcrédits octroyés par l'IMF CERP - Gala Letu à
la population de Kisangani ont permis dans 78 % des cas, d'augmenter les
revenus de leurs bénéficiaires ; d'augmenter le nombre de
repas consommés par les ménages par jour ; d'améliorer
légèrement la capacité de stockage des aliments de base
dans les ménages ; et de faire évoluer positivement les
activités exercées. Par contre, ces microcrédits n'ont pas
encore permis d'améliorer la scolarisation des enfants ; la
problématique de l'accès à l'eau et à
l'électricité reste non résolue ; la capacité
d'épargner n'a pas connu un changement significatif autant que la
capacité d'investissement n'a pas évolué et que
l'indépendance vis-à-vis du créancier n'a pas
été assurée. Néanmoins, les crédits
octroyés ont été remboursés dans 84 % des cas.
46 % de nos enquêtés ont exprimé une
opinion optimiste sur le microcrédit, estimant qu'il peut être une
activité plus intéressante à long ou à moyen terme
alors que 24 % d'entre eux pensent que l'activité doit encore être
bien organisée pour faire bénéficier au meilleur des cas,
ses effets d'outil de réduction de la pauvreté à la
population. La modicité des sommes prêtées,
l'échéance de remboursement jugée trop courte et le
ralentissement brusque de l'activité en fin d'année 2008 ont
constitué des difficultés majeures relevées par les
bénéficiaires de microcrédits. Pour les responsables de
l'IMF par contre, les difficultés rencontrées se résument
dans le non respect des échéances de remboursement, la
méfiance de la population et le manque d'implication de
l'autorité publique dans la sensibilisation des populations sur la
culture de l'épargne et l'importance de la micro finance.
Par rapport à nos hypothèses de recherche, les
résultats ci-dessus décrits nous amènent à la fois
à infirmer et à confirmer notre première hypothèse.
Nous pensons donc, que contrairement à l'impression que cela puisse
donner, l'IMF CERP - Gala Letu a commencé à contribuer à
la réduction de la pauvreté. Les revenus des
bénéficiaires ont augmenté et leurs activités ont
évolué positivement. Ce qui pourrait conforter l'avis de MPANZU
BALOMBA qui estime que la micro finance est une alternative sérieuse aux
diverses politiques de développement expérimentées
jusqu'ici. Mais aussi celui de KUVITUANGA NSIMBA pour qui l'étude de
l'évolution du secteur de la micro finance montre qu'elle est une
solution durable pour le développement du pays.
Tout ceci pouvant réjouir MOHAMMED AMINE qui a conclu
que le microcrédit a pu, à lui seul, relever le défi d'une
stratégie de lutte contre la pauvreté solide et fiable au
Maroc.
Ces effets positifs sont pourtant limités dans leur
impact sur la réduction de la pauvreté des
bénéficiaires qui n'ont pas réussi à
améliorer leur capacité d'accès à l'eau et à
l'électricité, moins encore celle d'épargne et
d'investissement. Ceci tend donc à confirmer notre première
hypothèse au point de rencontrer l'avis émis par IRAGI RUGAMBWA
qui a constaté que les microcrédits assuraient la survie des
ménages et non leur émergence. En ce sens, aucune croissance
d'une micro entreprise ne saurait être attendue comme le démontre
MENIKO NDIBO qui a constaté que les IMF de Kisangani n'ont pas permis la
croissance de PME par une augmentation de capital à base de
microcrédits.
Notre deuxième hypothèse postule que les
difficultés rencontrées par les responsables des IMF seraient
entre autres le problème de remboursement de prêts à
échéance, signe du manque d'amélioration de la situation
financière des bénéficiaires. La première partie de
cette hypothèse se confirme, la deuxième ne se vérifie
pas. En effet, le manque de remboursement des prêts reçus à
échéance constitue une difficulté évoquée
par les responsables de CERP - Gala Letu. Mais, le problème nous a paru
être seulement du délai, de l'échéance calendrier
car en définitive, les crédits octroyés sont
remboursés à la hauteur de 84 % ; ce qui ne traduit pas un
manque d'amélioration de la situation financière des
bénéficiaires.
Par contre, pour ces derniers, la modicité des sommes
empruntées et le délai trop court de remboursement sont des
difficultés réellement vécues. Le remboursement
effectué, surtout au premier mois, est plus une expression de la
personnalité et du sens de l'honneur que celle de l'amélioration
de la situation financière. Nous avons soutenu cette inquiétude
de nos enquêtés, nous estimons que pour une somme de 100 usd
empruntée en vue de financer une activité
génératrice de revenu, il n'est pas évident de produire
suffisamment en un mois pour pouvoir rembourser 20 usd en trente jours. Le
premier remboursement est souvent fait sur le capital emprunté,
diminuant ainsi l'impact attendu du prêt.
Les enquêtés de MPANZU BALOMBA à Kinshasa
- N'djili / CECOMAF et ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu ont
exprimé la même difficulté quant à la
modicité des sommes prêtées et le délai de
remboursement trop court. A la seule différence avec IRAGI RUGAMBWA que
dans le cas étudié ici, le taux d'intérêt est de 9 %
contre 20 à 40 % pratiqué en son temps à Bukavu.
Nonobstant ces difficultés, nos enquêtés
semblent plus optimistes que satisfaits. Exprimant leur opinion sur le
microcrédit, 46 % ont estimé que la micro finance peut être
plus intéressante à long ou à moyen terme, 24 % souhaitent
que l'activité soit mieux organisée et 18 % pensent qu'elle aide
à améliorer les conditions de vie à court terme contre 12
% des pessimistes qui pensent que la micro finance est une activité
d'appauvrissement des plus pauvres.
Ainsi, contrairement à PITT et KHANDLER qui ont
constaté que la participation à des programmes de crédit
avait des effets positifs et significatifs au Bangladesh, nous pensons que les
microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la
population de Kisangani ont des effets positifs, mais pas encore significatifs
sur la réduction de la pauvreté. Pour ce faire, il nous
paraît impérieux de faire fonctionner le système de
microcrédit en RDC selon l'idée de Clément WONOU, pour qui
l'utilisation de la micro finance comme moyen de réduction de la
pauvreté ou comme outil de développement tout court, passe par la
constitution d'institutions de micro finance solides, viables et
pérennes. La viabilité d'une IMF pouvant être
définie comme sa capacité à couvrir, par ses produits
(hors subvention), l'ensemble de ses charges et à constituer des
réserves pouvant appuyer son développement et, au besoin, lui
servir d'amortisseurs systémiques.
CONCLUSION
Nous arrivons au terme de notre étude sur la
« micro finance et lutte contre la pauvreté : cas des
microcrédits octroyés par le CERP - Gala Letu à la
population de Kisangani. De septembre 2007 à décembre
2008 ». A ce niveau, revenons à l'essentiel.
Dans le présent travail, nous avons abordé la
problématique de la pauvreté et de sa réduction.
Préoccupation de l'homme depuis des temps antiques, la pauvreté -
mieux la réduction de la pauvreté - fait l'objet, depuis la nuit
de temps, d'une grande espérance qui mobilise toutes les cultures et
toutes les communautés humaines. La situation de la pauvreté
extrême comme conséquence de l'instabilité
économique que traverse la République Démocratique du
Congo a réussi à mobiliser aussi notre énergie
intellectuelle. Tentant de rechercher un mécanisme capable de
réduire cet état de médiocrité et de
vulnérabilité vécue par la population de notre pays en
général et celle de Kisangani en particulier, nous nous sommes
intéressé à la micro finance comme outil de lutte contre
la pauvreté.
Deux hypothèses ont sous-tendu cette étude,
à savoir :
- L'IMF CERP - Gala Letu, depuis son implantation à
Kisangani n'aurait pas encore contribué à réduire la
pauvreté dans les ménages des bénéficiaires de ses
microcrédits dans la mesure où, non seulement leurs revenus
seraient modiques mais aussi n'arrivent pas à stimuler l'épargne
et l'investissement comme valeur ajoutée. Malgré l'appui de la
micro finance, ces bénéficiaires ne seraient toujours pas
à mesure de stocker les aliments de base, de manger trois fois par jour,
de faire face aux dépenses d'eau et d'électricité et de
scolariser leurs enfants.
- Les difficultés rencontrées par les
responsables de l'IMF seraient entre autres le problème de remboursement
de prêts à échéance, signe du manque
d'amélioration de la situation financière des
bénéficiaires, ou du côté de ces derniers, il y
aurait les problèmes de faible volume du montant octroyé, des
conditions d'obtention de microcrédit et de délai de
remboursement.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons recouru
à la méthode dialectique soutenue par les techniques
documentaire, d'interview structurée et d'observation participative.
Par besoin d'élaboration et de clarté, ce
travail est subdivisé en trois chapitres. Le premier porte sur les
considérations théoriques. Afin de faciliter la
compréhension des concepts utilisés, nous avons tenu à
préciser leur contenu dans ce chapitre.
Le deuxième parle de la pauvreté à
Kisangani où nous avons examiné la situation de la
pauvreté en RDC et à Kisangani. Nous y avons d'abord
présenté ici la ville de Kisangani, cadre physique de nos
enquêtes, avant d'analyser la situation de la pauvreté qui y est
vécue et de fixer les esprits sur les institutions de micro finance dans
cette ville.
Le CERP - Gala Letu et la lutte contre la pauvreté
à Kisangani a été au centre de la réflexion
contenue dans le troisième chapitre. A ce stade, nous avons
analysé l'impact des microcrédits octroyés à la
population de Kisangani. A partir des résultats enregistrés, il
se dégage des appréhensions suivantes :
- Le CERP - Gala Letu est installé à Kisangani
depuis le 1er septembre 2007 et, conformément à son
organisation interne, a octroyé ses premiers crédits trois mois
seulement après soit au 1er novembre 2007. A ce jour,
2 089 personnes ont adhéré à l'institution et 801
microcrédits ont été octroyés pour une somme
globale de 621 695 usd en plus de la collecte de l'épargne du
public, de la tenue des comptes et de l'intermédiation
financière ;
- 82 % des bénéficiaires de ces
microcrédits sont des hommes et des femmes mariés, pour la plus
part chefs de ménage. Les tranches d'âges de 35 à 40 ans et
de 40 à 45 ans ont raflé respectivement 52,68 % et 25,98 % soit
un total de 78,66 % pour une population active, à l'âge mur et
responsables de foyers ;
- Contrairement à la tendance générale
connue de la micro finance, les hommes ont été plus nombreux
à solliciter et à obtenir les microcrédits de CERP - Gala
Letu dans une proportion de 69,49 % contre 30,51 % pour les femmes ;
- Les crédits octroyés étant plus
orientés vers le secteur informel, les intellectuels de niveau
supérieur et universitaire occupent la dernière place avec 11,18
% contre ceux du niveau post-primaire qui viennent en tête avec 53,97 %
des cas observés ;
- Du point de vue des sommes reçues, la
catégorie I de la structure étudiée se place en
première position avec 38,23 % des sommes reçues sur le total.
Cette catégorie se compose des personnes les plus pauvres qui n'ont
droit qu'à un maximum de 100 usd par prêt octroyé.
A l'analyse de l'impact socio-économique des
microcrédits sur les ménages des bénéficiaires, les
résultats de notre étude établissent que :
1. Les revenus des bénéficiaires de
microcrédits ont augmenté. 78 % de nos enquêtés
attestent cette vérité.
2. L'état nutritionnel des ménages de ces
bénéficiaires de microcrédits s'est
amélioré : la catégorie 1 repas par jour a
baissé de 16 à 9 cas ; celle de 2 repas par jour a
augmenté de 22 à 31 cas alors que celle de 3 repas a
diminué de 12 à 10 cas observés.
3. La situation scolaire des enfants est restée la
même autant que l'accès à l'eau et à
l'électricité qui n'ont connu aucune modification.
4. Les ménages ont commencé à stocker
tant soit peu les aliments de base à la maison et l'évolution des
activités de nos enquêtés est positive à 74 %.
5. La capacité d'épargne et d'investissement n'a
pas été améliorée de manière significative
bien que les capitaux empruntés aient été
remboursés à 84 %. Les microcrédits ont plus servi comme
fonds de roulement que comme un levier efficace capable de faire remonter la
pente.
6. Seuls 14 % de nos enquêtés ont reconnu que les
crédits obtenus avaient assuré l'indépendance
économique vis-à-vis du créancier. 86 % d'autres gardent
intact leur besoin de financement.
Cette oscillation de l'impact induit cependant une opinion
plus optimiste que satisfaisante de la part de nos enquêtés, en
dépit des difficultés rencontrées de part et d'autre.
C'est ainsi que l'on peut lire l'intention des bénéficiaires que
l'activité de micro finance soit mieux organisée et
pérennisée, que les sommes prêtées et les
délais de remboursement soient revues à la hausse pendant que les
IMF elles, émettent le voeu de voir la puissance publique s'impliquer
dans la sensibilisation du public à la culture de l'épargne.
Ces résultats nous ont permis à la fois
d'infirmer et de confirmer notre première hypothèse de recherche.
En effet, nous pensons que l'IMF CERP - Gala Letu a commencé à
contribuer à la réduction de la pauvreté à
Kisangani, mais compte tenu du temps resté au court terme, ces effets
n'ont pas encore permis l'amélioration de tous les paramètres
mesurables, tels l'accès à l'eau et à
l'électricité ou la capacité d'épargne et
d'investissement qui traduiraient une réelle amélioration des
conditions de vie de la population. Nous avons pour cela épousé
l'avis de MPANZU BALOMBA admettant que la micro finance est une alternative
sérieuse aux politiques de développement, ainsi que celui de
KUVITUANGA NSIMBA pour qui le secteur de la micro finance est une solution
durable pour le développement du pays.
Mais aussi, les limites auxquelles se soumettent les effets
positifs nous ont fait croire, comme IRAGI RUGAMBWA que ces microcrédits
ont assuré la survie des ménages et pas encore leur
émergence.
La deuxième hypothèse, elle aussi, est
vérifiée en partie. Le manque de remboursement à
l'échéance des prêts accordés constitue en effet une
difficulté évoquée par les responsables de l'IMF, mais au
regard du taux de remboursement définitif qui est de 84 %, il y a lieu
de dire que ces microcrédits n'ont pas manqué d'influer
positivement les avoirs de leurs bénéficiaires même si,
pour ces derniers la modicité des sommes reçues à titre de
microcrédits et les délais de remboursement trop courts sont des
difficultés réellement vécues.
A ce point, nous attestons avec les enquêtés de
MPANZU BALOMBA à Kinshasa et ceux de IRAGI RUGAMBWA à Bukavu, que
la modicité des sommes prêtées et le démarrage du
cycle de remboursement au terme d'un mois constituent des difficultés
réelles.
C'est ainsi que nous disons, à l'opposé de PITT
et KHANDLER que les microcrédits octroyés par CERP - Gala letu
à la population de Kisangani ont certes des effets positifs, mais pas
encore des effets significatifs. Aussi, à l'opposé de MENIKO
NDIBO qui démontre de manière un peu pessimiste que les IMF n'ont
pas permis la croissance des PME à Kisangani, nous consignons dans cette
conclusion une note d'espoir, un optimisme quant à la capacité
des IMF à diminuer les effets nocifs de la pauvreté sur le
vécu du Congolais en général, et du Boyomais en
particulier.
Il faut pour cela réorganiser le secteur,
éduquer la population et appuyer la constitution des IMF solides,
viables et pérennes comme envisage Clément WONOU.
Loin de nous l'idée d'avoir réalisé une
oeuvre parfaite, nous pensons néanmoins que cette étude a le
mérite d'aider à comprendre le phénomène de la
pauvreté et le mécanisme de sa réduction basé sur
la micro finance. Elle pourra servir de référence aux chercheurs
futurs tant au Congo qu'en Afrique ou ailleurs, la question de la
pauvreté étant une question universelle. On trouve des pauvres
partout.
Ce travail étant presque qualitatif, vue la
période très courte qu'il traite, un travail quantitatif pourrait
compléter sérieusement notre étude. C'est ainsi qu'il
faudra quantifier l'amélioration de certains paramètres plus
tard.
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www.stanleyville.be
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TABLE DES MATIERES
* 1 UNESCO,
Texte d'information sur le thème « Lutter contre la
pauvreté », développé lors de la
7ème semaine du 60ème anniversaire de
l'UNESCO, Paris, Octobre 2005
* 2 Carrefour
Microfinance, n° 2, Mars 2008, p. 4
* 3
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* 4 MOHAMMED
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* 5 MPANZU
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Congo : Cas du site maraîcher de N'djili / CECOMAF à
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* 6 KUVITUANGA NSIMBA
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* 7 IRAGI RUGAMBWA
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socio-économique des ménages, Mémoire de licence,
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* 8 MENIKO NDIBO Joujou,
Le financement des petites et moyennes entreprises par le mécanisme
de micro-finance, Cas de la COPEMECO/Province Orientale, de 1999 à
2004, Mémoire de licence, ISC/Kisangani, 2007-2008,
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* 9 KALINDE MAKETA
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des communes Tshopo et Kabondo à Kisangani, TFC en
développement rural, ISDR/Kisangani, 2007-2008, (inédit)
*
10Ministère du Plan, DSCRP, Op. Cit., p.
27
* 11 MOHAMMED
AMINE Benjelloun, Op. Cit., p. 78
* 12 MPANZU
BALOMBA Patience, Op. Cit., p. 69
* 13 Djibril
KUVITUANGA NSIMBA, Op. Cit., p. 73
* 14 IRAGI
RUGAMBWA Adolphe, Op. Cit., p. 56
* 15 MENIKO
NDIBO Joujou, Op. Cit., p. 47
* 16 KALINDE
MAKETA Agathe, Op. Cit., p. 39
* 17 Pitt et
Khandker, cités par KALINDE MAKETA, A., Idem, p. 2
* 18 SMITH, A.
cité par MPANZU BALOMBA, P., Op. Cit., p. 4
* 19 GRAWITZ,
M., Méthodes en sciences sociales, Paris, 2ème
édition, Dalloz, 1974, P. 673
* 20
Idem, p. 142
* 21 Le Petit
Robert, Dictionnaire de la langue Française, éd. N°
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* 22 Majid
Rahnema, Quand la misère chasse la pauvreté, Fayard/Actes
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* 23 DSCRP,
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* 24 La pauvreté in
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* 25 ARJUN
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l'extrême pauvreté comme violation de l'un des droits de l'homme
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* 26 Serge
PAUGAN, Les formes élémentaires de la pauvreté,
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* 27 Seuil de
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www.fr.wikipedia.org
lu le 22 septembre 2008
* 28 Le Petit
Robert, Op. Cit., p. 1628
* 29
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* 30 Banque
Centrale du Congo, Instruction n° 1 aux Institutions de Micro
finance, du 12/09/2003
* 31 Robert
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lu le 25 novembre 2008
* 32 Qu'est-ce
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www.lamicrofinance.org
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* 33 Michel
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* 34
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www.wikipedia.org lu
le 25 novembre 2008
* 35 Un Mont de
piété est un organisme qui a pour mission de faciliter les
prêts d'argent, notamment en faveur des plus démunis, fondé
sur le but de combattre l'usure et les taux d'intérêt abusifs
pratiqués à l'époque.
* 36
Microfinance,
www.wikipedia.org,
Op. Cit., 24/11/2008
* 37
Idem
* 38 Patience
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* 39 KPIZING
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* KPIZING ESODONG, Op. Cit.,
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* 40 Bernard
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empirique de la relation, Mémoire DEA, Mémoire on line,
Faculté d'économie appliquée, Aix-en-Provence,
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* 41 Dirat J-R
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* 42 STIGLITZ
cité par Hermann Didier TEBILI, Op. Cit, p.
* 43 MASANGU
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* 44 LEBUGH
cité par Patience MPANZU B., Op. Cit., p.23
* 45
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lu le 23 septembre 2008
* 46
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* 47
www.fr.wikipedia.org/wiki/Objectifs_du_mill%C3%A9naire_pour_le_d%C3%A9veloppement
lu le 25 septembre 2008
* 48 Michel
LELART cité dans
www.lamicrofinance.org
Op. Cit., lu le 23 septembre 2008
* 49 Muhammad
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* 50 EKOFO
PANZOKO Jean François, Le secteur de la microfinance : une
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2007
* 51 Thierry
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* 52
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* 53
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le 3 octobre 2008
* 54 KABONGO
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* 55
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www.wikipedia.org lu
le 15 novembre 2008
* 56 Un mont de
piété est un organisme de prêt sur gage né vers
1462, qui a pour mission de faciliter les prêts d'argent notamment en
faveur des plus démunis. (
www.wikipedia..org)
* 57 Campagne
du Sommet de Microcrédit in
www.microcredisummit.org
lu le 12 novembre 2008
* 58 Bonne
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www.portailmicrofinance.com
lu le 12 novembre 2008
* 59 Alexander
COCKBUM, « Le microcrédit : solution ou
mythe ? » in Le Temps du 14/10/2006, p.
* 60 CASTILLO,
Le micro-crédit, outils de financement pour les micro-entreprises dans
les pays en développement : Le cas de Perou, Thèse de
doctorat, lu dans
www.wikipédia.com
le 13 novembre 2008
* 61 Sylvie
BRUNEL, Micro crédit : Fiction et réalité,
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* 62 NYAKABWA
M., cité par Vicky YAAYA L., Pauvreté absolue et/ou relative
à Kisangani : recherche d'antidotes sociologiques de
réduction, Mémoire de DES, inédit, UNIKIS, FSSAP,
2005-2006, p. 31
* 63
STREIFFELER, F. et MBAYA, cités par YAAYA, V., Idem, p.
31
* 64 Jean Luc
Ernst sur
www.stanleyville.be
lu le 24 juin 2009
* 65 Jean Luc
Ernst, Op. Cit., lu le 24 juin 2009
* 66 YAAYA, V.,
Op. Cit., p. 33
* 67 VERHAEGEN,
B., cité par YAAYA, V., Op. Cit., p. 33
* 68 YAAYA, V.,
Idem, p. 36
* 69
JEWSIEWICKI, B, cité par YAAYA, V., Ibidem, p. 43
* 70 NGUB'USIM,
M. et STREIFFELER, F., cité par YAAYA, V., Ibidem., p. 43
* 71 PNUD,
Rapport National sur le Développement Humain 2008, PNUD,
Kinshasa, 2008, p. 17
* 72
Idem, p. 40
* 73 PNUD,
Op. Cit., p. 42
* 74 YAAYA
LIAGOLOGA, V., Op. Cit., pp. 175-181
* 75 Michel
LELART, Op. Cit.
* 76 Clément
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2007