INTRODUCTION
Longtemps acceptée comme un instrument de politique
économique dans le cadre du modèle néokeynésien;
conçue comme une technique de gestion moins centralisée et moins
pesante que l'administration, l'entreprise publique est écartelée
entre une gestion de type commercial conforme à sa logique d'entreprise
et la recherche de la satisfaction de l'intérêt
général que lui commande son caractère public.
La gestion de l'entreprise publique constitue cependant un
véritable défi, car elle échappe souvent aux
modèles conçus pour l'entreprise privée qui subordonnent
tous les paramètres de gestion à la rentabilité du
capital.
Historiquement, dans nos pays, on observe que, quelle que soit
leur option idéologique, l'évolution des économies des
pays du Sud du Sahara s'est accompagnée d'une forte intervention de
l'Etat, ce qui justifie l'existence prépondérante des entreprises
publiques au sein de l'économie congolaise. Abattues peu à peu
par les crises socio-économiques et la mauvaise gestion, les entreprises
publiques ont laissé entrevoir de multiples turbulences : elles ont dans
leur grande majorité cessé d'être rentables mieux elles ne
réalisent plus que d'énormes pertes financières. Ces
entreprises se sont ainsi transformées en une charge insoutenable pour
le budget et le système bancaire de ces pays, devenant ainsi de
véritables fardeaux pour les Etats - actionnaires.
Depuis environ deux (2) décennies, l'option de l'Etat
congolais est celle du libéralisme, c'est-à-dire de la promotion
de l'initiative privée qui est le principal gage de la création
de richesses et d'emplois. Autrement dit, l'Etat doit se désengager
autant que possible du secteur productif et marchand pour se consacrer
davantage à sa mission de régulation. C'est dire que, sur le
principe, la réforme ou la restructuration des entreprises publiques est
désormais irréversible par le processus de privatisation. A
défaut de la reforme, l'Etat affiche de façon informelle un
comportement de désengagement passif1. L'OCI, entreprise
publique à caractère industriel et commercial n'échappe
certainement pas au fléau qui frappe ces organisations, surtout qu'il
exerce son activité dans un secteur fortement concurrentiel (concurrence
nationale et internationale).
1 Attitude de l'Etat qui consiste à laisser
confronter les entreprises, dites publiques ou para-publiques, aux lois d'un
environnement libéral sans mesure d'accompagnement.
Compte tenu du rôle1 significatif que peuvent
encore jouer les entreprises publiques dans nos économies en
développement ; et compte tenu de l'échec que rencontre certaines
privatisations, il sied de revoir les causes de la déconfiture des
entreprises publiques avec circonspection. Voilà ce qui justifie
l'intérêt du choix de notre thème.
Dans le cadre de notre étude, nous allons
considérer à titre expérimental, l'expérience
vécue par l'OCI sur une période de cinq ans allant de 2003
à 2008.
Bien que les entreprises publiques se retrouvent dans une
situation calamiteuse, nécessitant des réformes ou
restructurations, ne valait-il pas la peine de commencer par le plus urgent,
c'est-à-dire réorganiser ou réhabiliter la gestion de ces
entreprises publiques? Quels sont alors les facteurs qui contribuent à
l'inefficacité des entreprises publiques et constituent un frein
à leur croissance ? L'inadéquation du cadre juridique qui
organise le fonctionnement des entreprises publiques ou le problème de
gouvernance d'entreprise2 et la mauvaise gestion interne des
entreprises publiques ne constituent-ils pas les principaux facteurs qui
influencent l'efficacité et la croissance de ces entreprises? La
privatisation constitue t-elle le seul et bon remède aux
problèmes des entreprises publiques ? Y a-t-il d'autres approches de
solution et perspectives de relance de l'efficacité et de la croissance
des entreprises publiques ?
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous proposons de
valider un certain nombre d'hypothèses qui pour nous semblent assez
pertinentes :
- Les entreprises publiques sont pour la plupart inefficaces et
éprouvent des problèmes de gestion et de croissance. Cependant,
les entreprises privées sont pour la plupart plus performantes que les
entreprises publiques;
- La gouvernance d'entreprise à travers ses
composantes, est un mécanisme qui participe à la gestion de
l'entreprise : désigne l'équipe dirigeante ; prend les grandes
décisions engageant la vie de l'entreprise ; développe des
systèmes d'incitations, de contrôle et de contraintes à
l'égard de la technostructure ; influence3 la performance de
l'entreprise;
- La solution aux problèmes des entreprises publiques ne
demeure pas seulement dans la privatisation pure.
1 Notamment dans la fourniture des biens et
services qui visent les clients les moins rentables, tels que les plus
démunis ou les personnes vivant dans des régions
éloignées ; car l'intervention publique sur les marchés
des biens et services se justifie pour corriger ces imperfections du
marché.
2 Traduction de la corporate gouvernance encore
appelée gouvernement d'entreprise.
3 Les impératifs des politiques
structurelles et conjoncturelles nationales s'opposent parfois aux
impératifs d'efficacité et de compétitivité propres
de l'entreprise publique : le GE peut être source de performance ou de
contre-perfermance.
L'objectif général de cette étude est de
montrer d'une part que les pouvoirs publics à travers le GE participent
au déclin des entreprises publiques dans leurs pratiques ainsi que les
dirigeants de ces entreprises dans leur gestion interne ; et d'autre part
montrer que la privatisation ne demeure pas le seul remède convenable
aux problèmes que connaissent les entreprises publiques et qu'il existe
bien d'autres perspectives qui peuvent leur assurer efficacité,
croissance et pérennité.
De manière spécifique, notre étude consiste
à :
- Donner l'essentiel sur les généralités
des entreprises publiques : définir les concepts de base du
thème, présenter les justifications théorique et
historique de l'existence des entreprises publiques dans le circuit
économique ; et présenter un modèle d'organisation
d'entreprise publique (cas de l'OCI) ;
- Etablir un lien de cause à effet entre d'un
côté le cadre juridique qui organise le fonctionnement de ces
organisations, les attributs du gouvernement de l'entreprise publique à
travers ses composantes1; et de l'autre, l'efficacité et la
pérennité des entreprises publiques ;
- Montrer l'impact de la gestion opportuniste et hasardeuse des
dirigeants des entreprises
publiques sur l'efficacité et la croissance de ces
organisations en s'inspirant de l'OCI;
- Présenter les limites de certaines solutions2
applicables aux problèmes des entreprises publiques ;
- Proposer des approches de solutions en termes de perspectives
et de modèles de gestion applicables aux entreprises publiques,
pouvant leur assurer efficacité et croissance interne.
Les conclusions des travaux3 de G. Charreaux, de C.
Bernard et M. Toumi ainsi que ceux d'Ahmed Bensaid sur les entreprises
publiques sont des travaux antérieurs plus ou moins relatifs à
notre thème qui ont constitué dans une certaine mesure notre
revue de littérature.
Pour réunir les informations contenues dans cette
étude, nous avons procédé à la recherche
documentaire en nous référant particulièrement aux
enseignements du cours de management des organisations, d'analyse et gestion
financière, d'audit et contrôle interne et aux divers ouvrages
cités en bibliographie. L'internet a été aussi d'un grand
apport. Nous nous sommes également servis d'une étude
expérimentale (démarche empirique) effectuée à
l'OCI.
1 Pour les entreprises publiques il s'agit du conseil
d'administration, du comité de direction et d'autres organes
rattachés.
2 Notamment celles qui découle de la reforme
classique: liquidation pure et simple et privatisation.
3 G. Charreaux: Le gouvernement
des entreprises, Editions Economica, 1997.
C. Bernard et M. Toumi : La
privatisation, une fausse solution pour l'Afrique. Sciences et Vie
Economie. Paris, n° 38, p. 25-3 1. Avril 1988.
A. Bensaid : Le dilemme autonomie /
contrôle au sein des entreprises publiques, publication revue
économique 1997.
Ainsi, notre mémoire comptera trois (3) parties à
savoir :
Première partie : les pratiques du
gouvernement d'entreprise et problématique de l'efficacité des
entreprises publiques ;
Deuxième partie : l'impact de la gestion
interne des entreprises publiques sur leur croissance ;
Troisième partie : les limites de la reforme et
approches de solutions aux problèmes des entreprises publiques.
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES ENTREPRISES PUBLIQUES
Il importe dans ce chapitre de conceptualiser le thème
c'est-à-dire d'isoler certains mots des notions pour leur donner un
caractère de concept utilisé dans le cadre de notre étude.
Ce chapitre évoque aussi le rôle non négligeable que peut
jouer l'entreprise publique dans le circuit économique.
SECTION 1 : DEFINITION DES CONCEPTS DE BASE
a- Problématique
Le Dictionnaire Universel1 définit la
problématique comme un ensemble des problèmes concernant une
question2. La problématique, c'est aussi la
présentation d'un problème sous différents aspects,
écrit l'encyclopédie wikipédia.
b- Efficacité
D'après le lexique de gestion3,
l'efficacité désigne le rapprochement des résultats
obtenus et des objectifs fixés ou tout simplement l'atteinte de ces
objectifs. Ainsi, un système est efficace lorsqu'il permet d'atteindre
les résultats les plus proches des objectifs tracés. Mais
l`efficacité est un concept qui fait appel à d'autres concepts
suivants4 :
· La performance : concept difficile
à définir, néanmoins il est utilisé en
contrôle de gestion par transposition facile à son sens en anglais
où il signifie d'abord « résultat ». Ainsi, une
organisation serait déclarée performante, si elle réalise
de bons résultats.
Le lexique de gestion définit la performance comme un
indicateur mesurant le degré d'accomplissement des buts, des objectifs,
des plans, des programmes que l'entreprise s'est fixée.
Plusieurs spécialistes identifient quatre (4)
dimensions de la performance organisationnelle : la pérennité de
l'organisation, l'efficience économique, la valeur des ressources
humaines et la légitimité de l'organisation auprès des
groupes externes.
Pour une entreprise privée, il peut s'agir par exemple
de la réalisation d'un profit maximum
(rentabilité financière). Mais pour une entreprise publique,
la réponse paraît plus complexe et délicate. On ne peut
1 Editions Hachette-2002.
2 Par exemple la question de l'efficacité et de
la croissance dans les entreprises publiques. 3Editions
Dalloz-2003.
4Les trois définitions des concepts
tirées sur internet (cf. sites en bibliographie).
pas se baser uniquement sur la rentabilité
financière pour apprécier la performance des entreprises
publiques.
Pour mesurer la performance des entreprises publiques, il faut
se référer aux missions que l'Etat leur assigne. Trois (3)
missions principales sont identifiées à savoir : le
développement économique et industriel, l'intérêt
général1, au niveau macroéconomique puis au
niveau microéconomique, la rentabilité financière.
· L'efficience : désigne la
capacité à atteindre des objectifs au mieux : c'est-à-dire
le plus rapidement avec le moins de moyens. Ainsi, une entreprise est
efficiente lorsqu'elle maximise ses résultats en utilisant le minimum de
moyens. On peut donc dire que l'efficience économique se
réfère aux trois éléments suivants :
1 Les ressources : degré auquel l'organisation
réduit la quantité d'inputs tout en assurant un bon
fonctionnement du système ;
1 La productivité : quantité ou qualité de
biens et services produits par l'organisation par
rapport à la quantité de ressources
utilisées pour leur production durant une période ; 1 Le
délai : date ou période prévue à l'avance.
· Pertinence : elle met en rapport
objectifs et moyens. Pour qu'un système soit pertinent il faut qu'il
mette en oeuvre les moyens adaptés en quantité et en
qualité aux objectifs escomptés.
c- La croissance de l'entreprise
Selon plusieurs sources2, c'est un mouvement de
développement de l'activité de l'entreprise, lequel
développement peut se mesurer de manière quantitative
(augmentation du chiffre d'affaires, du profit, de la part de marché,
des effectifs employés et de ses ressources) et s'apprécier de
manière qualitative (accroissement de la capacité d'influence de
la firme sur son marché, élargissement de sa
notoriété, développement de son image etc....).
Est retenue dans notre cas d'étude : la croissance
interne de l'entreprise publique.
d- La croissance interne
Elle désigne le mode principal de croissance de
l'entreprise. C'est donc un processus (quantitatif et qualitatif) de
développement par lequel une entreprise se développe en
investissant dans les capacités
1 Bien être collectif.
2 Cours, Manuel de gestion, lexique de gestion et
sites internet cités en bibliographie.
nouvelles de production et de vente en utilisant des ressources
propres ou empruntées (lexique de gestion).
e- Entreprise publique
Ce que nous présentons ici n'est qu'une tentative de
définition car ce concept reste pour beaucoup de scientifiques
très complexe. Néanmoins tout le monde s'accorde que l'entreprise
publique constitue une des composantes du secteur public.
Le lexique de gestion déjà évoqué
plus haut donne une tentative de définition simplifiée : c'est
une organisation dotée de la personnalité juridique, de
l'autonomie financière et de gestion placée sous
l'autorité ou la tutelle de l'Etat ou d'une collectivité publique
et exerçant une activité industrielle et commerciale.
Cependant plusieurs définitions données par les
spécialistes1 de gestion permettent de mieux la distinguer de
l'entreprise privée :
V' L'entreprise publique est « toute entreprise sur
laquelle les Pouvoirs Publics peuvent exercer une influence dominante du fait
de la participation financière ou des règles qui la
régissent ». L'entreprise publique se distinguerait ainsi de
l'entreprise privée de par le contrôle de droit qu'exerce l'Etat
dans la définition de sa stratégie. L'ensemble des entreprises
publiques se trouve ainsi élargi aux entreprises faisant place à
d'autres actionnaires que l'Etat, à condition que ce dernier, même
actionnaire minoritaire, conserve un pouvoir déterminant sur la
composition du capital et la nomination des dirigeants.
V' Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle
l'Etat peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du
fait de la propriété ou de la participation financière, en
disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des
voix attachées aux parts émises.
SECTION 2 : FONDEMENTS THEORIQUES a- Théorie
des entreprises publiques
Selon cette théorie2, l'intervention de
l'Etat se justifie pour corriger les défaillances du marché. Les
entreprises publiques sont des organisations qui cherchent donc à
concilier l'objectif public avec celui de profit. Cette forme organisationnelle
est critiquée pour son manque d'efficacité par la théorie
de la capture, théorie de la bureaucratie, théorie des droits de
propriété qui l'accusent d'absolument inefficace.
1 G. Charreaux, Le gouvernement
des entreprises, Editions Economica, 1997.
2 Théorie néo-keynésienne.
b- Justifications théoriques de l'existence de
l'entreprise publique et son importance dans le circuit
économique
L'accent est mis ici sur le débat relatif à
l'intervention de l'Etat dans l'activité économique. Pour les
uns, l'Etat est un simple arbitre et doit laisser le marché
s'autoréguler, c'est la main invisible d'Adam Smith1. Une
autre thèse2 veut que l'Etat assure la restauration de
l'équilibre du marché en cas d'altération de ce dernier.
Cependant, outre ce débat une autre justification de l'existence de
l'entreprise publique est dans sa mission de service public. En effet, la
justification de l'existence de ces organisations prend source à la
théorie keynésienne qui considère que l'Etat doit
chercher, par l'intermédiaire de ses entreprises, à limiter les
faiblesses conjoncturelles de l'investissement privé par des
augmentations de la formation brute du capital fixe des entreprises
publiques.
Malgré la perception populaire, encouragée par
les journaux, les théories économiques, les idées
traditionnelles dominantes et la rhétorique contemporaine, les
entreprises publiques peuvent être à la fois efficaces et bien
gérées. Cela peut paraître anodin. Déjà la
théorie des entreprises publiques justifie que celles-ci constituent un
secteur indispensable du circuit économique. Le problème
d'exclusion des consommateurs par exemple cité parmi les
défaillances du marché évoque le problème
d'équité, car pallier les défaillances du marché
c'est aussi résoudre les problèmes d'équité. Nous
insistons sur l'importance et le rôle fondamental que jouent les
entreprises publiques dans nos économies en développement
à travers ces trois (3) illustrations :
Illustration 1 : ceux qui vivent dans des
régions éloignées peuvent être privées de
services essentiels tels que les services postaux, les services informatiques,
l'eau, et les transports, si l'approvisionnement des dits services
dépend du bon vouloir d'entreprises ne visant que la rentabilité
(entreprise privée). Dans de telles situations, la création d'une
entreprise publique est un moyen facile d'assurer un accès universel aux
services essentiels pour tous les citoyens.
Illustration 2: il se peut que les
régimes de retraite ou d'assurance maladie refusent de prendre en charge
les cas à "haut risque", généralement les plus pauvres. La
gestion de tels systèmes en tant qu'entreprise publique dans les pays en
voie de développement ferait en sorte que les personnes les plus
vulnérables aient accès à la sécurité
sociale.
Illustration 3 : dans l'état actuel des
choses dans nos pays, la plupart des individus vivant
dans l'arrière-pays n'ont pas accès à certains biens et
services (la navigation sur internet par exemple). Pour
1 Courant néoclassique.
2 Courant keynésien.
assouvir ce besoin de façon permanente, ces individus
son obligés d'abandonner le monde rural, et migrer vers les grands
centres urbains : c'est l'exode rural. L'exode rural par conséquent va
entrainer non pas seulement une mauvaise répartition1 de la
densité mais aussi le surpeuplement des grands centres urbains. Par
manque de politique adéquat de logement, nous assistons de nos jours
à la flambée des loyers avec augmentation de la caution de
garantie de bail à loyer (de 2 on est passé à 4 mois ou
plus). Par ailleurs, par manque d'investissement (privé ou public), on
assiste passivement à la précarité et à la
paupérisation des grands centres urbains.
L'apparition de ces phénomènes sociaux serait
estompée pourquoi pas éradiquée par l'action efficace des
entreprises publiques. En effet, l'entreprise publique au nom de
l'équité, intervient en premier lieu là où
l'actionnariat privé ne peut oser en raison d'un risque très
élevé. Les charges liées à la mission publique
étant assurées par les accords préférentiels, les
subventions ... l'entreprise publique se présente comme celle qui vient
déblayer le chemin et favoriser les conditions propices à
l'investissement privé. Ainsi l'investissement public à travers
les entreprises publiques associé à l'investissement privé
permettra d'augmenter la formation brute du capital fixe : facteur important du
développement économique, car un pays sans investissement est
condamné au sous développement. Les ruraux pourront donc
accéder sur place à des biens et services au même titre que
les citadins ou presque ; et ceci va casser la chaîne d'apparition des
phénomènes sociaux cités plus haut que nous observons
malheureusement aujourd'hui dans nos pays en développement (cas du
Congo).
c- Raisons historiques et
économiques d'existence des entreprises publiques : expérience
congolaise
En 1988, 2959 entreprises publiques étaient
officiellement recensées à travers l'Afrique, assurant
très souvent plus de 50 % de la production totale2. Cette
importance est due à l'héritage colonial (grandes compagnies de
transport, d'exploitation minière, de banques...) repris, au moment des
indépendances, par le seul opérateur à peu près
organisé : l'Etat. Ces entreprises ont très souvent
été créées pour pallier l'absence d'entrepreneurs
privés aptes à gérer l'industrie locale. De plus les
gouvernements africains n'ont jamais fait que suivre une mode longtemps
répandue : l'étatisation des entreprises comme panacée
à toutes les difficultés économiques.
1 Forte densité dans les grands centres urbains
et très faible densité dans les régions rurales,
entrainant un déséquilibre économique et un retard du
développement économique.
2 Bernard C. et Toumi M. La
privatisation, une fausse solution pour l'Afrique. Sciences et Vie
Economie. Paris, 1988.
Le Congo n'a pas échappé à cette
réalité africaine. Au lendemain de son indépendance, la
nécessité de prendre en main son économie s'est
imposée. Il est trivial de dire que les années d'avant
indépendance sont caractérisées par une mise à
l'écart des nationaux de la vie politique et économique du
pays.
En raison de l'absence, mieux du manque de maturité de
l'initiative privée, ce rôle d'impulsion de l'économie va
être pris en charge par l'Etat au moyen de la création de
nombreuses entités économiques et juridiques que l'on regroupe
sous le vocable d'entreprises publiques. Ce vaste mouvement est animé
par ce qui était appelé à cette époque :
libéralisme planifié. Il faut dire aussi que cela aura valu
d'énormes sacrifices, notamment sur le plan financier. Cependant les
chocs pétroliers de 1974 et de 1980 ont aidé le
délabrement économique mondial et national entrainant dans une
situation calamiteuse les entreprises publiques congolaises qui souffraient
déjà d'une mauvaise gestion.
Les entreprises publiques devraient bénéficier
d'un certain nombre de largesses comme les statuts de monopoles, les
prêts concessionnels, les subventions, les exonérations
douanières et autres, de la part de l'Etat. Mais déçu des
coûts élevés et des maigres performances des entreprises
publiques, l'Etat congolais opte pour le libéralisme dès 1988
puis en 1994 une loi portant privatisation des entreprises publiques avait
été promulguée, ouvrant la voie à la
réforme.
d- Formes juridiques et classification des
entreprises publiques
Selon l'autonomie de gestion, l'entreprise publique peut donc
prendre plusieurs formes. Ainsi, on peut distinguer dans un cadre
général, plusieurs sortes d'entreprises publiques : les offices,
les sociétés d'Etat, les concessions, les entreprises nationales
ou nationalisées, les régies autonomes, les régies
directes, les sociétés d'économie mixte.
En référence à la loi N°21-94 du 10
Août 19941, on distingue au Congo les formes suivantes
d'entreprises publiques: les entreprises d'Etat, les entreprises pilotes
d'Etat, les sociétés d'économie mixte, les
établissements publics à caractères industriel et
commercial, les offices.
N.B : on distingue deux catégories
d'offices à savoir : les offices à caractère social,
scientifique ou culturel et les offices à caractère industriel
et/ou commercial. Les offices à caractère social, scientifique ou
culturel sont gérés comme des établissements publics
administratifs ; on ne peut exiger à ces offices de réaliser des
bénéfices. Quant aux offices à caractère industriel
et/ou commercial, ils sont tenus à être performants.
CHAPITRE II : PRESENTATION ET ORGANISATION
DES ENTREPRISES PUBLIQUES : CAS DE L'OCI
Ce chapitre nous présente une vue panoramique de l'OCI.
SECTION 1 : PRESENTATION DE L'OCI
a- Historique
Peu avant les indépendances, La sous-région AEF
ne resta pas marginalisée face à l'évolution de
l'informatique, elle créa à l'époque le CITE regroupant
quelques Etats de l'actuelle Afrique Centrale. Mais cet établissement
disparut, laissant à chaque Etat la responsabilité de
développer avec ses moyens de bord, le domaine de l'informatique.
C'est ainsi qu'après la dissolution du CITE et douze
(12) ans après son indépendance, le Congo entrainé par ce
vent irrésistible, resta arrimé à la logique informatique.
L'idée de la création d'un centre à part entière
s'imposa pour succéder au CITE et pour servir de conseil à l'Etat
en la matière. Ainsi sous la tutelle du Ministère des Finances,
de l'Economie et du Budget fût créé par ordonnance
n°14/72 du 10 Avril 1972, l'Office Congolais de l'Informatique (O.C.I),
une entreprise publique à caractère industriel et commercial.
Compte tenu de la libéralisation de l'économie
en 1988, de l'abolition du monopole conféré à l'office en
1975, du désengagement1 de l'Etat, l'OCI en 2006 s'est
arrogé le droit de consulter un cabinet de management béninois
afin d'élaborer un plan2 stratégique et d'assurer son
développement. Une vision qui se propose de faire de l'OCI non pas
seulement conseil de l'Etat en matière informatique, mais aussi un
établissement public à but lucratif et à vocation
internationale.
b- Tutelle
L'OCI est placé depuis sa création sous la tutelle
du Ministère des Finances de l'Economie et du Budget.
1 Désigne relativement un faible niveau
d'implication de la tutelle dans la résolution des problèmes
stratégiques de l'office ; l'absence d'un plan de succession....
2 Ce plan est connu sous la terminologie « OCI :
Vision 2010 ».
c- Statut juridique
L'OCI placé sous la tutelle du Ministère de
l'Economie, des Finances et du Budget, est une entreprise publique à
caractère industriel et commercial, créée par ordonnance
n°14/72 du 10 Avril 1972, dotée de la personnalité morale et
de l'autonomie financière.
d- Missions et Objectifs
Les missions statutaires suivantes sont assignées
à l'OCI :
1 vulgariser et stimuler l'utilisation de l'outil informatique
;
1 participer à l'étude de processus à
informatiser ;
1 concevoir et développer les logiciels informatiques
dans les administrations et entreprises ; 1 assurer la formation des
techniciens et des utilisateurs de l'informatique ;
1 conseiller l'Etat en matière informatique.
En outre, l'OCI s'est fixé le noble objectif
d'accroitre l'efficacité économique et sociale afin de contribuer
pour sa part à l'effort du développement national. A travers son
plan stratégique « OCI : vision 2010 », l'Office
exécute un éventail de projets d'expansion qui s'articule autour
de cinq (5) pôles à savoir:
1 Pôle 1 : OCI-Production
1 Pôle 2: OCI-International 1 Pôle 3 :
OCI-Hinterland 1 Pôle 4 : OCI-Distribution 1 Pôle 5 : OCI-Net
e- Localisation
Son siège social est à Brazzaville au Congo, dans
la rue Laptot Matouffa, quartier M'pila.
f- Taille de l'OCI
L'OCI est une moyenne entreprise selon la typologie des
entreprises du cadre OHADA. Sa taille en terme de critère «
effectif du personnel », est de deux cent quatre-vingt-quatorze (294)
salariés au 30 novembre 2008.
SECTION 2 : ORGANISATION ADMINISTRATIVE DE L'OCI
L'OCI présente une structure de type
hiérarchico-fonctionnel1 subdivisée en directions,
services et sections. La Direction Générale coiffée par Le
Directeur Général, regroupe quatre (4) directions divisionnaires
à savoir : la Direction Technique ; la Direction Commerciale, la
Direction Administrative et du Personnel, la Direction Financière et
Comptable.
Il est rattaché à la Direction
Générale, un cabinet servant d'état-major, composé
essentiellement d'attachés, de conseillers, d'un contrôleur de
gestion et d'une secrétaire particulière. Sont rattachées
au même niveau hiérarchique que les directions centrales
(divisionnaires), les Directions Départementales à savoir : la
Direction Départementale de Pointe-Noire (Kouilou) ; de Dolisie (Niari)
; de Mossaka, Oyo (Cuvette) et de Ouesso (Sangha).
On distingue au sein des directions : des services et des
sections. L'OCI est un établissement public dont Le Directeur
Général répond de ses actes devant le Comité de
Direction qui se réunit deux fois par an.
1 Cf. organigramme OCI en annexe II
CHAPITRE III: INCIDENCES DES PRATIQUES DES
POUVOIRS PUBLICS SUR LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES PUBLIQUES
SECTION 1 : CADRE THEORIQUE SUR LE GE
a- Définition générique
Le monde de l'entreprise pour être de plus en plus
compétitif sur le marché a fait l'objet de profondes mutations,
notamment avec l'avènement du concept de GE. Le GE découle de la
traduction approximative de l'expression américaine « corporate
governance », laquelle désigne un puissant courant d'opinion ayant
pris naissance au Etats-Unis au début des années 1970, en
réaction à une série de scandales occasionnés par
certaines entreprises en particulier en Angleterre1 et aux Etats
Unis2. Ainsi, le phénomène de Gouvernement ou
Gouvernance d'Entreprise s'est répandu dans le monde dans les
années 1990 dans le but de prôner plus de transparence et
d'éthique au sein de nos sociétés afin de délimiter
les responsabilités des dirigeants.
Plusieurs définitions sont attribuées au concept
GE :
o On entend par GE : l'ensemble des relations
entre la direction d'une entreprise, son conseil d'administration, ses
actionnaires et les autres parties prenantes ;
o Le GE désigne un ensemble de règles, de
mécanismes mises en place dans les sociétés afin de
garantir l'équilibre de pouvoir entre les organes de direction, de
gestion, et de contrôle de la société.
L'analyse de ces définitions montre que le GE touche
alors différents thèmes notamment la séparation des
pouvoirs entre le conseil d'administration et le dirigeant d'entreprise, les
relations entre dirigeants, administrateurs et actionnaires mais
également les contrôles sur la gestion des dirigeants qu'ils
soient menés en interne par le conseil d'administration ou en externe
par les auditeurs. Le conseil d'administration est alors un
élément ou encore une composante particulière du GE.
b- Les différentes approches de GE :
définitions
Selon certains auteurs3, le GE concerne la
responsabilité en matière de performance et que, le
problème central du GE est de concevoir des systèmes
spécialisés d'incitation, de sauvegarde et de
réglementation des différends de nature à favoriser la
continuité au sein de l'entreprise de relations qui soient efficientes
en présence d'un opportunisme régi par l'intérêt
personnel.
1 Affaires Maxwell, Poly Peck et BCCI
2 Affaires Savings & Loans
3 Cf. sites internet en bibliographie.
D'après G. Charreaux le GE 1 se
définit comme : l'ensemble des mécanismes organisationnels ayant
pour objet de délimiter les pouvoirs et d'influencer les
décisions2 des dirigeants, autrement dit, qui gouvernent leur
conduite et définissent leur espace discrétionnaire. Mais aussi
poursuit G. Charreaux, le GE désigne l'ensemble des relations
qu'entretiennent l'entreprise avec ses différents
stakeholders3
Il apparaît donc que les problèmes
rencontrés dans la gestion des entreprises publiques présentent
de nombreux symptômes communs avec ceux qui retiennent l'attention
lorsque l'on analyse le gouvernement des entreprises en général
car une gouvernance inefficace, suppose « la disparition certaine de
l'organisation ».
SECTION 2 : ROLE ET DEFAILLANCE DU SYSTEME DE GE
Les entreprises publiques n'ont pas respecté les
règles de bonne gouvernance qu'elles s'étaient fixées et
se sont ainsi brutalement retrouvées dans des situations
délicates les menant directement à la faillite.
Le GE pose donc des nombreuses exigences à
l'égard des dirigeants des entreprises aussi bien cotée que non
en tenant compte des intérêts des actionnaires qui, en tant
qu'opérateurs de marché apportent leur capital et attendent des
résultats qui supposent de la part des dirigeants un comportement propre
à assurer une bonne gestion de la société. Il faut donc se
poser la question de savoir si le conseil d'administration en tant que
mécanisme interne de gouvernance joue véritablement son
rôle dans les entreprises publiques.
a- Mécanisme de gouvernance interne :
le conseil d'administration
Il joue un rôle important dans les entreprises. On lui
attribue la mission de contrôler les principaux dirigeants.
Théoriquement, il doit s'assurer que les décisions prises par ces
derniers servent les intérêts des actionnaires. Notons toutefois
que le rôle disciplinaire du conseil d'administration peut être
limité, surtout si le nombre d'administrateurs sous l'autorité de
la haute direction est élevé. C'est souvent le cas lorsque les
administrateurs internes4 sont dominants.
Certains auteurs5 soutiennent en effet que plus la
proportion des administrateurs externes siégeant au conseil
d'administration est élevée, plus la convergence entre les
intérêts des administrateurs et ceux
1 Charreaux G. : Le gouvernement des
entreprises, Editions Economica, 1997, 540 p.
2 Décision notamment de financement,
d'investissement et de planification.
3 Ensemble des agents détenant une «
créance légitime » sur l'entreprise. Dans le cas des
entreprises publiques on distingue: les pouvoirs publics, les hommes
politiques, les salariés, les clients, les fournisseurs....
4 C'est-à-dire les administrateurs qui sont au
service de l'entreprise ou qui sont d'anciens employés retraités.
5Charreaux G. et Pitol-Belin J.P. : Le conseil
d'administration, Editions Vuibert, 1990.
des actionnaires augmente. La probabilité de renvoi
d'un DG suite à une mauvaise performance est significativement plus
élevée dans ce cas que dans le cas où les administrateurs
externes sont minoritaires.
D'après G. Charreaux, « la plupart des
propositions émanent du président du conseil d'administration.
Les propositions des autres administrateurs n'interviennent en moyenne que dans
30% des cas, ce qui confirme le rôle prépondérant du
président dans la composition et dans le fonctionnement du conseil
». Alors, si le directeur général cumule ce poste avec celui
de président du conseil d'administration, on peut craindre que
même les administrateurs externes ne soient pas à l`abri de son
influence. Le DG peut en effet s'entourer de personnes dociles et passives qui
serviront mieux ses propres intérêts que ceux des actionnaires.
Notons toutefois que les administrateurs externes ont plusieurs raisons de
faire preuve d'une certaine indépendance vis-à-vis de la
direction et de ne pas être soupçonnés de collusion avec la
direction.
b- Les mécanismes de gouvernance
externe
La gouvernance externe est le fait que le contrôle de la
direction soit assuré par des parties extérieures à
l'entreprise tels que le marché du travail, le marché des
capitaux, la réglementation, etc. Dans le cas des entreprises publiques
le comité de direction fait partie des mécanismes de gouvernance
externe.
En définitive, dans l'hypothèse que
l'inefficacité relative des entreprises publiques congolaises soit
établie, il semble que cette inefficacité, analysée
notamment au travers l'exemple particulier de l'OCI, soit due à
plusieurs défaillances du système de GE :
-- une défaillance des mécanismes externes,
notamment l'absence d'une discipline suffisante de marché des dirigeants
: choix politique des dirigeants, non paiement des dettes de l'Etat envers les
entreprises publiques ;
-- une défaillance des mécanismes internes,
attribuable à plusieurs facteurs :
Premièrement, la complexité des
relations avec les Pouvoirs Publics, représentant l'actionnaire
principal, dont les horizons de décision dictés par des
considérations politiques et les objectifs multiples peuvent s'opposer
à l'intérêt direct de l'entreprise.
Deuxièmement, la multiplicité
des contrôles, aux objectifs également contradictoires, qui non
seulement ne conduisent pas à aligner les intérêts des
dirigeants avec ceux, mal définis des Pouvoirs Publics, mais incitent
parfois les dirigeants à entreprendre des stratégies
risquées et non pertinentes de façon à accroître
l'espace discrétionnaire.
Troisièmement, la nature et la forme de
ces contrôles (contrôle financier à l'OCI par exemple),
qui sont principalement des contrôles a posteriori et de
régularité comptable et financière, et qui,
notamment au nom de l'autonomie de gestion des entreprises
publiques, ne portent pas sur la pertinence économique et
stratégique des décisions prises (cas de la stratégie :
OCI vision 2010).
SECTION 3: INEFFICACITE DUE AU DILEMME AUTONOMIE ET
CONTROLE AU SEIN DES
ENTREPRISES PUBLIQUES
Le problème de la dichotomie du contrôle et de
l'autonomie de gestion dans les entreprises publiques permet de répondre
sérieusement aux questions suivantes :
- Quelles sont les incidences du contrôle étatique
et les conséquences de l'autonomie de gestion sur
la performance des entreprises publiques? Comment se
manifestent-elles dans la pratique ?
- Un surcroît de contrôle est-il garant d'une
meilleure gestion, et un trop grand laisser-faire
n'entraîne-t-il pas le danger d'abus ? Comment
réaliser le compromis nécessaire?
En dépit des déclarations officielles en faveur
de l'autonomie de gestion des entreprises publiques, force est de constater la
multiplication des pressions et des interventions de l'Etat dans des domaines
et à des niveaux qui devraient rester l'apanage des dirigeants.
Le Gouvernement à travers la tutelle, dans ses rapports
avec les entreprises publiques, porte en effet un double rôle. Toutes ces
interventions risquent de changer les entreprises publiques en « gouffre
budgétivore », de les faire sombrer dans le déficit et de
faire du secteur public « l'hôpital des entreprises malades
».
La conciliation de ces impératifs, passablement
contradictoires, ne peut se réaliser que si l'on distingue «
orientation » et « intervention ». L'Etat doit certes
définir à la limite les grandes missions des entreprises
publiques, mais ne doit pas s'immiscer dans la définition de leur
stratégie au risque de faire admettre aux responsables des entreprises
que, tous leurs problèmes relèvent de l'environnement sur lequel
ils n'ont pas prise et qu'ils n'ont plus alors qu'à se croiser les
bras.
Rappelons que ces entreprises mêmes quasi-monopolistiques,
ne peuvent résister à la plasticité des choix
économiques, à l'évolution des techniques et à
l'ouverture des frontières.
SECTION 4 : ANALYSE DE LA PERFORMANCE AU SEIN
DES ENTREPRISES PUBLIQUES a- Cadre théorique de
la gestion de performance des entreprises publiques
Afin d'obtenir des performances optimales, une entreprise doit
harmoniser ses actions et ses objectifs stratégiques. Sans les outils
permettant d'articuler une stratégie, de la communiquer et la suivre au
sein de l'entreprise, un décalage peut exister entre la stratégie
définie au niveau exécutif et les activités quotidiennes
exécutées par les collaborateurs. Pour atteindre les objectifs
fixés, les entreprises ont
besoin d'une solution qui guide et améliore le processus
de prise de décision, de la décision stratégique des
cadres dirigeants aux employés, en passant par les cadres
intermédiaires.
En partie, les problèmes que connaissent les
entreprises publiques sont issus d'un manque de mise en place de système
de mesure de performance qui aiderait ses hauts dirigeants et les membres de
son conseil d'administration à évaluer l'efficacité de la
mise en oeuvre de sa stratégie. Certaine entreprises publiques ont
établi des systèmes de mesure de performances financières
en négligeant des mesures de la performance non financière qui
pourtant contribuent à l'amélioration du GE.
b- Gestion de la performance à
l'OCI
b-1 Mesure de la performance non
financière de l'OCI
Le système de mesure de performance non financière
au niveau de l'OCI est assuré par deux (2) organes à savoir :
o contrôle de gestion
o audit interne et contentieux.
L'efficacité de ces organes dépend de l'influence
de la direction générale auprès de laquelle ils rendent
compte. Cela peut expliquer les limites de ces organes.
b-2 Mesure de la performance
financière de l'OCI
Le système de mesure de performance financière
au niveau de l'OCI se fait à partir des états financiers de
synthèse1. L'OCI utilise donc des mesures traditionnelles de
performance c'est-à-dire, les approches comptables et financières
qui s'appuient sur la détermination du résultat net, des soldes
significatifs de gestion, de la CAF, de la rentabilité économique
et financière afin d'apprécier ses performances.
Ce système est défectueux à l'OCI, du
fait que les états financiers (source d'informations comptables) sont
établis avec un grand retard2. En novembre 2008 à la
fin de notre stage nous n'avions pu obtenir les états financiers de
2007, seuls ceux de 2003 et 2004 étaient disponibles et ceux de 2005 et
2006 étaient en cours d'élaboration. Ce qui revient à dire
que, jusqu'en 2008 (3 ans environ), l'OCI ne savait pas encore la nature de son
résultat (perte ou bénéfice) pour l'exercice 2005. Cela
montre simplement de la mauvaise gestion de la performance et de la faiblesse
du GE. A partir de ce
1 Etats périodiques établis pour
rendre compte du patrimoine, de la situation financière et du
résultat de l'entreprise ; formant un tout indissociable, ils
comprennent le bilan, le compte de résultat, le TAFIRE de l'exercice et
l'état annexé. Nous n'avions pu obtenir de l'OCI que les
états financiers sans états annexés de 2003/2004 (Cf.
Annexe III).
2 Retard chiffré en années.
comportement de gestion peu orthodoxe, nous pouvons d'ores et
déjà affirmer que l'OCI est loin de poursuivre les attributs de
l'efficacité : performance, efficience et pertinence.
Notre thème, comme nous l'avons précisé
à l'avant-propos est abordé dans l'optique de gestion et analyse
financière. Ce qui nous permet d'utiliser une des méthodes de
l'analyse financière afin de procéder à un diagnostic
financier permettant d'analyser l'efficacité et la croissance de
l'OCI.
· Objectifs de l'analyse financière
L'analyse financière permet une appréciation
globale de la situation de l'entreprise pour aider à la prise de
décision managériale. Béatrice et Francis
Grandguillot1 précisent que, l'analyse financière est
un ensemble de méthodes d'analyse exploitant des informations
financières et économiques destinées à
apprécier l'entreprise dans sa globalité et à porter un
jugement sur sa performance, sa situation financière, ses risques.
Un récapitulatif des objectifs de l'analyse
financière est donné dans le tableau suivant :
Partenaires concernés en
priorité
|
Objectifs principaux de l'analyse
|
Dirigeants
|
Recherche des opportunités et des
vulnérabilités ; Rentabilité ; Autonomie
financière ; Pérennité ; Dotation de ressources
|
Salariés
|
Solvabilité de l'entreprise ; Pérennité ;
Risque de recentrage des activités ; Allocations de ressources
|
Actionnaires
|
Rentabilité de l'entreprise ; Rendement financier
; Sécurisation
|
Banquiers
|
Solvabilité ; Rentabilité ; Liquidité ;
Risque sectoriel
|
Fournisseurs
|
Solvabilité ; Liquidité ; Risque sectoriel
|
Nous avons donc fait appel aux calculs de rapports entre deux
(2) grandeurs significatives communément appelés « ratios
», pour réaliser l'analyse financière interne. Les ratios
s'expriment par un nombre, un pourcentage ou une durée. La
méthode repose sur l'utilisation de données brutes extraites des
documents de synthèse de fin d'exercice. Ils sont établis
à un instant t, et donc statiques : c'est l'analyse statique.
1 Béatrice et Francis
Grandguillot, Mémentos LMD : Analyse
financière, 5ème édition Gualino
éditeur Paris 2008, P. 17
Pour être révélateurs1, les ratios
ne doivent pas être analysés individuellement, mais en «
batterie ». C'est ainsi qu'en analyse financière les ratios sont
généralement classés en trois (3) groupes :
V' Les ratios d'activité : pour analyser
l'évolution de l'activité et de la performance de
l'entreprise ;
V' Les ratios de structure : pour apprécier les
équilibres financiers ;
V' Les ratios de rentabilité : pour mesurer les
rentabilité économique et financière de l'entreprise.
Nous signalons tout de même que l'information comptable
(états financiers, notamment comptes de résultat, bilans et
TAFIRE 2003-2004) que nous disposons est insuffisante car elle devrait
être complétée par d'autres informations difficilement
accessibles en l'occurrence les rapports d'activité et états
annexés.
· Analyse de l'activité et de la performance
financière de l'OCI
Elle se fait à partir de l'analyse du tableau des SSG et
du calcul de la capacité d'autofinancement et de l'autofinancement.
+ Tableau des soldes significatifs de
gestion2
1 C'est-à-dire suivre et mesurer
l'évolution des performances économiques et financières
ainsi que les structures de l'entreprise dans le temps sans oublier le risque
de défaillance.
2 Détermination des soldes significatifs de
gestion : Cf. Bernard Dansou Govoei, Précis de
comptabilité générale, 2ème
édition 2006-2007, P. 428
N.B : tous les montants utilisés dans ce
mémoire sont libellés en FCFA.
Comptes
|
Intitulés
|
Exercice 2004
|
Exercice 2003
|
Montant
|
Soldes
|
Montant
|
Soldes
|
701
|
|
|
|
|
|
601
|
|
|
|
|
|
6031
|
|
|
|
|
|
1321
|
Marge Brute sur Marchandises
|
|
0
|
|
0
|
702 ; 703 ; 704
|
Vente de produits fabriqués
|
|
|
|
|
705 ; 706
|
Travaux, services vendus
|
1 930 520 499
|
|
2 336 941 551
|
|
73
|
Production stockée
|
|
|
|
|
72
|
Production immobilisée
|
|
|
|
|
602
|
Achats de matières premières et fournitures
liées
|
|
|
|
|
6032
|
Variations de stocks
|
|
|
|
|
1322
|
Marge Brute sur Matière
|
|
1 930 520 499
|
|
2 336 941 551
|
1321
|
Marge Brute sur Marchandises
|
|
|
|
|
1322
|
Marge Brute sur Matière
|
1 930 520 499
|
|
2 336 941 551
|
|
707
|
Produits accessoires
|
52 392 455
|
|
52 564 603
|
|
71
|
Subventions d'exploitation
|
|
|
|
|
75
|
Autres produits
|
15 163 930
|
|
4 268 085
|
|
604 ; 605 ; 608
|
Achats stockés et autres achats
|
(296 210 569)
|
|
(108 390 582)
|
|
6033
|
Variations de stocks
|
|
|
|
|
61
|
Transports
|
(51 598 110)
|
|
(43 048 552)
|
|
62 ; 63
|
Services extérieurs
|
(184 996 708)
|
|
(202 099 908)
|
|
64
|
Impôts et taxes
|
(45 608 112)
|
|
(71 229 333)
|
|
65
|
Autres charges
|
(1 071 000)
|
|
(2 094 600)
|
|
133
|
Valeur Ajoutée
|
|
1 418 592 385
|
|
1 966 911 264
|
133
|
Valeur Ajoutée
|
1 418 592 385
|
|
1 966 911 264
|
|
66
|
Charges de personnel
|
(997 402 015)
|
|
(1 051 173 415)
|
|
134
|
Excédent Brut d'Exploitation
|
|
421 190 370
|
|
915 737 849
|
134
|
Excédent Brut d'Exploitation
|
421 190 370
|
|
915 737 849
|
|
791 ; 798
|
Reprises de provisions et amortissements
|
|
|
|
|
781
|
Transferts de charges
|
|
|
|
|
681 ; 691
|
Dotations aux amortissements et aux provisions
|
(210 006 274)
|
|
(831 748 363)
|
|
135
|
Résultat d'Exploitation
|
|
211 184 096
|
|
83 989 486
|
77 (776)
|
Revenus financiers
|
|
|
|
|
776
|
Gains de change
|
|
|
|
|
797
|
Reprises de provisions
|
|
|
|
|
787
|
Transferts de charges
|
|
|
|
|
67 (sauf 676)
|
Frais financiers
|
(2 557 797)
|
|
(3 032 278)
|
|
676
|
Pertes de change
|
|
|
|
|
687 ; 697
|
Dotations aux amortissements et aux provisions
|
|
|
|
|
136
|
Résultat financier
|
|
- 2 557 797
|
|
- 3 032 278
|
135
|
Résultat d'Exploitation
|
211 184 096
|
|
83 989 486
|
|
136
|
Résultat financier
|
- 2 557 797
|
|
- 3 032 278
|
|
137
|
Résultat des Activités
Ordinaires
|
|
208 626 299
|
|
80 957 208
|
82
|
Produits des cessions d'immobilisations
|
|
|
|
|
84 (sauf 848) ; 88
|
Produits H.A.O
|
|
|
|
|
848
|
Transferts de charges
|
|
|
|
|
86
|
Reprises H.A.O
|
|
|
|
|
81
|
Valeurs comptables des cessions d'immobilisations
|
|
|
|
|
83
|
Charges H.A.O
|
|
|
|
|
85
|
Dotations aux amortissements et aux provisions
|
|
|
|
|
138
|
Résultat Hors activités
Ordinaires
|
|
0
|
|
0
|
137
|
Résultat des Activités Ordinaires
|
208 626 299
|
|
80 957 208
|
|
138
|
Résultat Hors activités Ordinaires
|
|
|
|
|
87
|
Participation des travailleurs
|
|
|
|
|
89
|
Impôts sur le résultat
|
|
|
|
|
131 ou 139
|
Résultat net (bénéfice ou
perte)
|
|
208 626 299
|
|
80 957 208
|
Ce tableau comprend neuf (9) soldes successifs dont trois (3)
soldes destinés à l'analyse de l'activité de l'entreprise
et six (6) autres consacrés à l'analyse du résultat. Ces
analyses quantitatives devraient être complétées par des
analyses qualitatives (relatives au secteur d'activité) que nous n'avons
pas pu obtenir, ce qui permettrait de mesurer l'évolution des postes et
des performances puis de situer l'entreprise par rapport à son
passé et par rapport à ses concurrents.
Néanmoins plusieurs ratios peuvent être
dégagés :
o RATIOS D'ACTIVITE
Taux de croissance du CA HT
Soit -17%
Interprétation
Ce ratio permet de mesurer le taux de croissance de l'OCI et
l'évolution de son CA. Il apparaît que le CA a baissé de
17% ainsi que la croissance de l'OCI entre 2003 et 2004. Vérifions - le
avec le ratio de la VA.
· Taux de croissance de la VA
|
|
|
|
Soit -28%
|
|
|
Interprétation
Les deux (2) indicateurs de croissance montrent que la croissance
de l'OCI a eu un retard entre 2003 et 2004 en raison d'une baisse
d'activité.
·
Facteur capital2003 soit 47%
· Facteur capital2004 soit 29,7%
Interprétation
Le capital investi par l'OCI est mieux renouveler en 2003 (47%)
que celui investi en 2004 (29,7%) : il y a bien eu baisse d'activité de
l'entreprise entre 2003 et 2004.
Durée moyenne du crédit
, soit ? 4,7 ans
×360j
Durée moyenne du crédit360j soit ?
6,3 ans
Interprétation
Les chiffres de ces deux (2) ratios sont inédits, pour
un plafond fixé sensiblement à 90 j. Nous pouvons émettre
un doute sur la qualité des données mises à notre
disposition. Mais nous notons quand même que le recouvrement des
créances de l'OCI est un casse - tête (par exemple, envers
l'Etat). Ce qui traduit une très mauvaise gestion de la relance des
clients et une très mauvaise qualité de la clientèle
à qui l'OCI continue de faire confiance puisqu' il a allongé ce
délai d'environ une année de plus en 2004. Néanmoins ce
délai doit être comparé au délai de rotation du
crédit fournisseur avant toute conclusion.
Durée moyenne du crédit
fournisseurs200 3 ×360j
, soit ? 6,7 ans
Durée moyenne du crédit
fournisseurs2004 ×3 60j
, soit ? 2,6 ans
Interprétation
Cependant, en admettant même que ces chiffres soient
fiables, il demeure toujours un problème au niveau de l'année
2004 : le crédit fournisseur inférieur au crédit client.
L'OCI court un risque permanent de carence de liquidité l'obligeant
à faire recourt de façon récurrente aux crédits
à court terme, ce qui explique d'ailleurs une dette colossale à
court terme de 11 269 416 857 (en 2003) et de 11 950 182 766 (en 2004).
o LES RATIOS DE RENTABILITE
· Taux de rentabilité
financière
|
|
|
· 2003
·
Taux de rentabilité financière2004
%
Interprétation
Ce ratio mesure l'aptitude de l'OCI à rentabiliser les
fonds apportés par l'actionnaire unique : l'Etat. Cependant,
l'année 2004 s'avère plus rentable que l'année 2003, ce
qui devrait avoir une incidence sur la politique financière de l'office,
mais le retard avec lequel sont établis les états financiers ne
permet pas de dresser une politique financière pertinente : l'office
pratique en réalité un pilotage à vue.
· Taux de rentabilité
économique
· 2003
· Taux de rentabilité
économique2004
Interprétation
Ce ratio permet de mesurer la capacité de l'OCI
à rentabiliser les fonds qu'apportent l'Etat et les prêteurs. En
d'autres termes ce ratio répond à la question : quelle est la
rentabilité des capitaux investis dans l'OCI. La tendance est à
la baisse (baisse de plus de la moitié : 26,77% - 1 1,61%= 15,16%) et
à la sous performance.
· Taux de marge nette
· 2003
· 2004
Interprétation
La capacité de l'OCI à générer un
bénéfice net à partir du CA s'est améliorée
en 2004 même quand le CA a baissé. Cela s'explique par une baisse
d'activité qui a entrainé une baisse de
CAFG = Total (II) - Total (I) CAFG2004 = 418 632
573
o Autofinancement (AF)
AF = CAFG - Distribution de dividendes dans l'exercice
AF2004 = 418 632 573
De la même façon on trouve : CAFG2003 =
AF2003 = 912 705 571
La CAFG et l'AF contribuent à l'analyse de la
stratégie de l'office. La CAFG est un indicateur qui permet
d'apprécier la capacité de l'entreprise à dégager
les ressources internes de financement de sa propre activité et
constitue de ce fait l'autofinancement potentiel. Cependant, l'AF contribue
à la consolidation de la structure financière et à son
extension. On peut constater que l'AF est décroissante. En 2004, l'AF
tombe à 418 632 573, la différence entre les dotations et les
reprises d'amortissements et de provisions est nulle ; on se demande comment
alors assurer l'expansion lorsque l'on ne peut garantir le maintien des
existants ? Les conséquences sont immédiates : l'OCI ne peut
investir, ou renouveler l'outil de production sans faire appel aux dettes
extérieures. Mais comment renouveler quand il ne peut emprunter
?(emprunts nuls, Cf. annexe III : bilan 2003 - 2004) puisque ne pouvant
élaborer de planification1 financière à long
terme (bilan et compte de résultat prévisionnels pluriannuels)
afin d'intéresser et persuader ses créanciers. Nous insistons
pour l'intérêt de l'OCI, qu'il établisse désormais
les plans de financement qui est un instrument permettant de :
· Vérifier la pertinence de la stratégie ;
· Rechercher par ajustements successifs, la meilleure
combinaison possible des ressources et des emplois ;
· Justifier le recours aux financements externes.
Le plan de financement demeure un outil puissant de
négociation auprès des apporteurs de fonds externes.
L'OCI est obligé de survivre en se lançant aux
dettes à court terme : le court terme évoque déjà
la non pertinence de la stratégie de l'entreprise. Or pour
prétendre préserver son équilibre financier, l'OCI doit
faire appel au financement externe du genre emprunt. Ceci est la preuve d'un
frein à la croissance interne de l'entreprise puisque même
l'office ne peut emprunter. L'OCI devrait se méfier de
1 Implique la définition des objectifs, la
prévision des variables décisionnelles, l'analyse des
opportunités d'investissement et de financement, la détermination
et l'analyse des écarts entre la performance prévue par le plan
financier et celle de l'opportunité sélectionnée.
l'autofinancement excessif, au risque de ralentir son
développement et mettre en cause sa relative compétitivité
face à la concurrence.
D'ailleurs, l'office est loin d'atteindre les objectifs
fixés en 2006 et ce faisant à une année environ de la fin
de l'horizon temporel 2010. Nous pouvons accuser de ce fait la faiblesse du
contrôle interne qu'exerce le conseil d'administration ; et la faiblesse
des incitations au contrôle que devait exercer les pouvoirs publics par
l'intermédiaire du comité de direction pour obtenir de meilleures
performances de l'office.
Tout au long de ce chapitre nous avons montré que
l'OCI est une entreprise publique en difficulté et peu efficace. Les
causes de ces difficultés sont les pratiques (prenant la forme des
décisions peu orthodoxes) et la largesse des pouvoirs publics agissant
à travers le GE, contribuant ainsi à la sous performance des
entreprises publiques en général et en particulier à celle
de l'OCI. Ces pratiques peu orthodoxes consistent notamment à :
o mener des pressions (sous forme d'injonctions contraires
à l'efficacité des entreprises) visant les intérêts
particuliers en faisant fi de l'autonomie de gestion accordée à
l'entreprise;
CHAPITRE I : GESTION DES GRANDES FONCTIONS DE
L'ENTREPRISE :
INVESTISSEMENT, FINANCEMENT, EXPLOITATION
SECTION 1 : CADRE THEORIQUE SUR L'INVESTISSEMENT ET LE
FINANCEMENT
Les dirigeants au sein de l'entreprise sont tenus par
l'obligation de mettre à exécution le plan stratégique
sous forme de la prise de décisions d'investissement, de financement et
de planification, qui doivent permettre une exploitation efficiente de
l'ensemble des ressources de l'entreprise.
a- Investissement des entreprises publiques
On distingue traditionnellement plusieurs classifications
d'investissement : · Classification de A.
Cotta1
Il distingue :
V L'investissement de création ;
V L'investissement de remplacement ; V L'investissement de
productivité.
1 A. Cotta, Théorie générale
du capital, de la croissance et des fluctuations, Dunod 1966
· Classification de J. Dean1
Il distingue :
V' L'investissement de remplacement ; V' L'investissement de
productivité ; V' L'investissement d'expansion ;
V' L'investissement d'innovation ; V' Les investissements
stratégiques ; V' Les investissements sociaux ;
V' Les investissements d'utilité publique.
· Classification de J. de Guerny et de J.C.
Guiriec2
Objet
|
Type
|
Exemple
|
Satisfaire une nécessité
|
Obligatoire
|
Création des locaux administratifs
|
|
Intégration verticale pour s'assurer une source de
matière rare et indispensable
|
Réduire les coûts
|
Renouvellement
|
Remplacement d'une immobilisation de même type par
une autre suite à l'usure
|
|
Remplacement d'une immobilisation non encore usé par
une autre plus moderne et plus rentable
|
|
Automatisation d'un poste de travail
|
Accroître les recettes
|
Expansion
|
Accroissement de la capacité d'un atelier ou d'une
usine
|
|
Lancement d'un nouveau produit
|
|
b- Financement des entreprises publiques
b-1 Le financement à court terme
· Les besoins d'exploitation
Le cycle d'exploitation1 donne naissance à
des besoins de financement. Ces besoins proviennent du décalage entre la
période de décaissement (achat de matières
premières et marchandises, paiement des services et des salaires) et la
période d'encaissement (vente et règlement des produits finis et
marchandises). La partie des besoins non financés par les ressources du
cycle d'exploitation représente le BFRE (BFE en terminologie OHADA).
C'est la différence entre les actifs d'exploitation qui engendrent des
besoins de financement (stock + créances clients) et les passifs
circulants qui engendrent des ressources de financement (dettes fournisseurs).
Le BFRE doit être financé par des ressources stables. Le FRNG est
la différence entre les ressources stables et durables et les emplois
stables et durables.
· L'équilibre financier
L'équilibre financier suppose un financement
adapté pour chaque type de besoin. Pour respecter la règle de
l'équilibre financier, l'entreprise doit disposer d'un FRNG au moins
égal à son BFR (BFG en terminologie OHADA):
1 Si FRNG > BFR, la firme dispose alors d'un excédent
de ressource en trésorerie (ensemble des actifs liquides détenus
par l'entreprise et immédiatement disponibles).
1 Si FRNG < BFR, la différence doit alors être
financée.
· Le financement du BFRE
1 L'ajustement interne : les déficits actuels sont
financés par les excédents passés (épargne de
l'entreprise).
1 L'ajustement externe non bancaire :
o Le crédit interentreprises sous forme de crédit
(ou délai de paiement) consenti par le fournisseur à son
client.
o Billet de trésorerie : titre négociables,
émis par les entreprises à besoin de financement
et placé auprès des entreprises à
trésorerie excédentaire.
1 L'ajustement externe bancaire ou financier :
1 Phase d'approvisionnement + phase de production +
phase de commercialisation de l'activité principale de l'entreprise
o Crédits de trésorerie, facilités de
caisse, découverts, crédits relais.
o Crédit de campagne (pour financer une augmentation
passagère des besoins de financement en raison d'une augmentation de sa
production).
o Opérations d'escompte (opération de
crédit par lequel le banquier met à disposition de son client le
montant d'une remise d'effets avant l'échéance de ces derniers,
moyennant un intérêt appelé escompte), dont le
crédit de mobilisation de créances commerciales (CMCC).
o L'affacturage (factoring).
b-2 Le financement à long terme ou financement
stable
Pour préserver son équilibre financier, la
firme doit financer ses besoins à long terme par des ressources stables,
restant durablement à la disposition de l'entreprise. Ces besoins
à long terme sont généralement des besoins
d'investissement.
Le financement des investissements peut être assuré
par :
· Ressources propres :
1 Ressources propres d'origine interne
o L'autofinancement
L'autofinancement représente les ressources
dégagées par la firme afin de financer ses propres
investissements. La CAF disponible est égale à la CAF globale
diminuée des dividendes versés aux
actionnaires/propriétaires au cours de l'exercice.
o Cession d'éléments de l'actif
immobilisé ou désinvestissement
Ce financement est souvent utilisé dans le cadre d'une
stratégie de recentrage 1 Ressources propres d'origine
externe
o L'augmentation de capital, par apport en numéraire o
Les primes et les subventions
o Les quasi- capitaux propres
· Endettement ou dettes
1 Donné par les formules : tf , s'il existe
l'impôt ; tf , si
L'endettement constitue le complément indispensable du
financement par les capitaux propres. On distingue trois (3) grandes
catégories d'endettement :
o Les emprunts classiques auprès des
établissements de crédit (emprunts indivis) ; o Les emprunts
auprès du public (emprunts obligataires) ;
o Le crédit - bail.
SECTION 2 : CADRE THEORIQUE SUR LES CHOIX DU MODE DE
FINANCEMENT
a- Les choix du financement à long terme
(financement stable)
· L'autofinancement : permet de financer des
investissements risqués, de maintenir l'indépendance
financière, et de conserver intact la possibilité d'emprunt
externe. L'analyse de l'effet de levier financier peut cependant justifier du
recours à l'endettement bancaire.
· L'apport en capital : garantit l'autonomie
financière de la firme mais entraîne une dilution du pouvoir et un
partage du résultat entre des mains plus nombreuses.
· L'endettement bancaire : dont le choix d'endettement
dépend de la prise en compte de trois contraintes : le prix de
l'autonomie financière; le coût de l'emprunt; le degré de
risque du projet. Ce choix dépend souvent de l'analyse de l'effet de
levier1, c'est-à-dire du mécanisme quiconsiste, pour
l'entreprise, à accroître la rentabilité de ses capitaux
propres en recourant partiellement à l'emprunt pour financer ses
investissements. La firme bénéficie d'un effet de levier positif
si le coût de l'emprunt (taux d'intérêt et coûts
annexes) est inférieur à la rentabilité des capitaux, et
d'un effet de levier négatif dans le cas inverse.
· Le crédit bail : est un mode de financement
rapide et souple qui n'entraîne pas d'immobilisation de fond, avantageux
dans le cas des technologies à renouvellement rapide (informatique).
Cependant son coût est généralement élevé
(sauf possibilité de déduction fiscale partielle).
b- Les choix du financement à court
terme
· Le crédit interentreprises : dont l'importance
varie avec la taille et le secteur d'activité de l'entreprise (important
dans le cas de la grande distribution) n'induit pas de charges fixes,
échappe au système bancaire, mais peut poser des problèmes
de trésorerie (aux PME et TPE notamment).
· Les crédits de trésorerie : comme les
autorisations de découverts bancaires sont souples et rapides mais leurs
coûts sont généralement élevés.
· L'affacturage : reporte pour l'entreprise le risque
d'insolvabilité du client sur le factor, mais le coût de cette
technique est relativement élevé.
· L'escompte et le CMCC : sont répandus car moins
risqués pour la banque (qui se retourne vers l'entreprise en cas de
défaillance du débiteur) mais le volume escomptable est
limité par un plafond.
SECTION 3 : CADRE THEORIQUE SUR LA TRESORERIE DE
L'ENTREPRISE
La trésorerie d'une entreprise, est la somme de tous les
avoirs et dettes à court terme. La trésorerie permet de :
· contrôler les entrées et sorties de fonds
;
· optimiser la gestion de trésorerie, dans un sens
de sécurité et de rentabilité ;
· s'assurer de la bonne application des conditions
bancaires : jours de valeur, frais appliqués sur flux de
trésorerie.
La gestion de trésorerie consiste à veiller,
à maintenir une liquidité suffisante pour faire face aux
échéances, tout en optimisant la rentabilité des fonds.
Le cadre théorique évoquée dans ce chapitre
permet de le comparer avec la pratique exercée à l'OCI.
CHAPITRE II : LA GESTION DE TRESORERIE DE L'OCI
SECTION 1 : LES MOUVEMENTS DE TRESORERIE
a- Mouvements de la banque
On distingue :
V' Mouvements débiteurs de la banque V' Mouvements
créditeurs de la banque
b- Mouvements de la caisse V' Mouvements
débiteurs de la caisse
Ces mouvements sont constitués des retraits de fonds en
banque pour alimenter la CMD encore appelée caisse d'avance. Le montant
fonctionnel de la CMD est de 500 000FCFA.
Illustration :
Le 20 Octobre 2005 : retrait de fonds à La Congolaise de
Banque (LCB) pour alimenter la caisse d'avance. Montant : 500 000 FCFA
Ecritures comptables
20/10/05
Virement de fonds interne
Banque LCB/BZV Notre chèque n°0012367
Dito
CMD/BZV
Virement de fonds Alimentation caisse d'avance. Bon de
réception n° 244
585100
521100
581100
585100
500 000
500 000
500 000
500 000
V' Mouvements créditeurs de la caisse
Ces mouvements sont constitués de différentes
sorties de fonds qui permettent de faire face aux petites dépenses
relatives au fonctionnement de l'entreprise et le montant de la dépense
ne doit pas excéder 50 000 FCFA.
SECTION 2 : LES SOURCES DE FINANCEMENT DE LA TRESORERIE
DE L'OCI
a- Financement interne C'est le financement
opéré à partir des ressources
générées par les activités de l'OCI.
b- Financement externe
Ce sont des ressources d'origine externe à l'office
notamment les banques. En cas de déficit de trésorerie, l'OCI
recourt :
V' A la facilité de caisse ; V' Au découvert
bancaire.
comptes de l'office en fonction des mouvements financiers. Elle
trouve son authenticité lorsqu'elle reçoit les visas et
signatures de six responsables et peut être considérée
comme un état de trésorerie.
c- Contrôle de la
trésorerie
L'OCI utilise la technique comptable de rapprochement bancaire
pour vérifier les différents comptes de trésorerie :
comparaison des soldes théoriques aux soldes réels.
L'office ne pratique pas en matière de
trésorerie, la gestion prévisionnelle1. En effet,
l'office pour optimiser sa gestion de trésorerie devrait se servir d'un
budget ou plan de trésorerie. Le budget est établi annuellement,
divisé en période d'un mois, elles-mêmes affinées
à la semaine et au jour pour permettre de déterminer de
façon très précise la politique de placement/financement
à court terme à mettre en oeuvre. Cet outil (gestion
prévisionnelle) permettrait aux dirigeants de contrôler et
prévoir la trésorerie en amont (avant d'engager tout mouvement
financier) au lieu d'effectuer uniquement des contrôles en aval par des
rapprochements bancaires, ce qui présuppose d'une gestion opaque et
opportuniste de la part des dirigeants.
SECTION 3 : ANALYSE FONCTIONNELLE DE L'OCI
a- Bilan fonctionnel exercice 2004
Nous avons utilisé uniquement le bilan de l'exercice
2004 à partir duquel est établi le bilan fonctionnel ci-contre
car celui de l'exercice 2003 ne nous fournit pas les valeurs brutes de l'actif
immobilisé (Cf. Annexe III).
Ce bilan comptable avant répartition du
résultat, retraité en masses homogènes selon trois (3)
fonctions (investissement, financement, exploitation), permet
d'apprécier non seulement l'équilibre financier mais aussi
détecter le risque de défaillance à partir de trois (3)
soldes financiers : le FRNG, le BFR (BFE+BFHAO) et la TN.
1 Planification à court terme : budget de
trésorerie
Vérification : TN= Actif de trésorerie -
Passif de trésorerie
= 252 989 240 - 13 622 946
TN= 239 366 294
Indicateurs
|
Formules
|
|
Calculs
|
|
Montant
|
Fonds de Roulement Net Global (FRNG)
|
Ressources stables - Actif stable
|
10 982 747
|
538
|
- 1
|
711 839 035
|
9
|
270
|
908
|
503
|
Besoin en Fonds de Roulement d'Exploitation
(BFRE)
|
Actif circulant d'exploitation - Dettes d'exploitation
|
20 981 724
|
975
|
- 11
|
950 182 766
|
9
|
031
|
542
|
209
|
Actif ou Emplois
|
Montant
|
Passif ou Ressources
|
Montant
|
Actif stable brut
|
1 711 839 035
|
Ressources stables
|
10 982 747 538
|
· Immobilisations incorporelles
|
2 667 070
|
· Capitaux propres appelés
|
2 167 243 415
|
· Immobilisations corporelles
|
1 684 425 825
|
· Amortissements et dépréciations
|
1 210 550 028
|
· Immobilisations financières
|
24 736 140
|
· Provisions
|
6 143 361 739
|
Actif circulant brut
|
21 234 714 215
|
· Dettes financières
|
1 461 592 356
|
· Actif circulant Hors Activité Ordinaire
|
0
|
Passif circulant
|
11 963 805 712
|
· Actif circulant d'exploitation
|
20 981 724 975
|
· Dettes Hors Activité ordinaire
|
|
|
|
|
0
|
· Actif de trésorerie
|
252 989 240
|
· Dettes d'exploitation
|
11 950 182 766
|
|
|
· Passif de trésorerie
|
13 622 946
|
|
Trésorerie Nette (TN) FRNG - BFR (BFRE+
BFRHAO) 9 27 0 9 08 503 - (9031542209 + 0) 239 366 294
b- Appréciation des équilibres
financiers
· BFR= BFRE
· FRNG BFR, nous permet d'ores et déjà
d'affirmer dans un cadre général qu'il y a équilibre
financier de la structure de l'OCI. Nous allons le vérifier avec le
calcul des ratios.
· Les ratios de structure
|
42
|
· Autonomie financière2003
|
|
· Autonomie financière2004
|
|
|
Interprétation
Ce ratio mesure la capacité de l'OCI à
s'endetter. Ce ratio n'est pas satisfaisant, puisque les capitaux propres ne
couvrent même pas un tiers des dettes. Ce qui revient à dire que
la marge de sécurité financière est très faible et
l'OCI court un risque de rupture de liquidité garantie par le FRNG.
Cependant, on constate une nette amélioration peu significative due
à une augmentation sensible des capitaux propres.
Couverture des capitaux investis2004
Interprétation
Ce ratio étant proche de 1,
l'équilibre financier de l'OCI en 2004 était à la limite
respecté.
· Capacité de remboursement2003/2004
? 1,6
· Autofinancement2003 ?
0,46
· Autofinancement2004 ?
0,64
Interprétation
Ce ratio n'excédant pas 4 fois la CAFG, l'OCI peut
rembourser ses dettes financières.
En 2004, l'OCI a consacré une part plus importante
qu'en 2003 de sa VA pour autofinancer ses dépenses. Cela peut contribuer
avec l'évolution à la non amélioration de la VA.
L'autofinancement excessif, une fois de plus peut retarder sa croissance.
~ Couverture de l'actif circulant par le FRNG2004
?
0,44
Interprétation
Ce ratio indique la part du FRNG qui finance l'actif
circulant. Le FRNG finance à 44% l'actif circulant. Ceci traduit que la
liquidité provenant de l'activité de l'OCI représente que
44%. Les 56% restant proviennent des dettes à court terme. Ce qui est
dangereux et explique une fois de plus l'insuffisance de liquidité, le
montant colossal des dettes à court terme et un appel incessant et
croissant à la trésorerie passif.
~ Evolution du FRNG2004 ? 1683
j
~ Evolution du BFRE2004 ? 1640
j
Interprétation
Le ratio de l'évolution du FRNG mesure la marge de
sécurité financière en nombre de jours de CA, tandis que
celui de l'évolution du BFRE, mesure l'importance du BFRE en nombre de
jours de CA. Après comparaison des deux (2) ratios, il apparaît
que le BFRE évolue plus rapidement que le FRNG (1 640J étant
inférieur à 1 683J), ce qui implique un
déséquilibre dû à la non maîtrise par l'OCI de
la durée d'exploitation en terme de crédit clients et
crédit fournisseurs. Ce résultat vient confirmer celui
trouvé plus haut.
~ Solvabilité générale2003
? 1,15
~ Solvabilité générale2004
? 1,16
44
Ce ratio étant supérieur à 1, l'OCI est
capable de payer ses dettes au sortir de l'exercice 2003 avec une nette
amélioration en 2004, même s'il présente des risques
d'illiquidité tel que constaté par le ratio de « couverture
de l'actif circulant par le FRNG ».
Ici une fois de plus le retard sur l'établissement des
états financiers pose problème pour l'analyse de ce
paramètre jusqu'en 2008, afin de vérifier si réellement la
structure financière de l'office, lui permet comme en 2004 de financer
sa croissance sans dégrader sa trésorerie de manière
inquiétante. On peut donc douter de l'adaptabilité, de la
réactivité et surtout de la
compétitivité1 de l'office face aux mutations de son
environnement. En plus, L'obligation d'établir les états
financiers de synthèse résulterait de l'obligation
légale2 de la déclaration de l'IS au plus tard chaque
30 Avril de l'année N+1. Car lors de la déclaration de l'IS, le
comptable de l'office devrait se présenter avec sa liasse comptable afin
de justifier les retraitements affectant le résultat comptable et qui
auraient permis la formation de l'assiette fiscale. L'OCI jusqu'en 2008 se
passait de payer l'IS, en conséquence, le résultat qu'il nous
présente n'est pas un résultat net d'impôts3,
alors qu'il n'en est pas légalement exonéré. Ceci peut
être assimilé non pas seulement comme évasion fiscale, mais
aussi comme une violation des principes de gestion favorisée par le
GE.
Dans cette partie, en utilisant l'approche fonctionnelle nous
avons analysé l'efficacité et la croissance interne à
partir de la gestion des grandes fonctions (investissement, financement et
exploitation) par les dirigeants de l'OCI, une illustration de gestion des
dirigeants des entreprises publiques. Le calcul des ratios et leurs
interprétations ont montré une défaillance de gestion
caractérisée par des pratiques qui consistent à faire fi
des méthodes applicables à la gestion d'une entreprise.
En plus, les techniques utilisées dans une entreprise
notamment industrielle (analyse financière, comptabilité
analytique et prévisionnelle, utilisation des systèmes de
performance et de contrôle de gestion adéquats...) n'étant
pas pratiquées à l'OCI suppose que celui-ci poursuit autres buts
que ceux de la rentabilité et du rendement. C'est donc dire que l'OCI ne
peut adopter planification et prospective, diminuant ainsi l'efficacité
de sa stratégie, freinant sa croissance et jetant un doute sur sa
pérennité.
La gestion d'une entreprise ne doit pas s'improviser comme le
fait l'OCI au risque d'arriver à une cessation de paiement et donc
à la faillite. L'entreprise pour survivre doit donc rassembler tous les
moyens efficients pour prévoir les éventuelles évolutions
de son environnement et saisir les opportunités qui peuvent se
présenter.
1 Carré de la compétitivité :
qualité, flexibilité, productivité et innovation.
2 Cf. Article 107, Tome I du CGI.
3 Cf. tableau des SSG p.28 supra.
A partir des analyses précédentes, nous venons
de réaliser tristement que les causes de la déconfiture des
entreprises publiques proviennent des propriétaires ( les pouvoirs
publics comme actionnaire unique ou dominant) et de ceux qui ont reçu
mandat (dirigeant d'entreprise) de les diriger.
Comment alors relever le défi de rendre efficace ces
entreprises qui ont longtemps souffert de la mauvaise gestion ? La prochaine et
dernière partie de ce document nous en apportera quelques
éléments substantiels.
46
CHAPITRE I : REFORME DES ENTREPRISES PUBLIQUES ET SES
LIMITES
SECTION 1 : REFORME DES ENTREPRISES PUBLIQUES
Au Congo comme dans certains pays la reforme des entreprises
publiques désigne une restructuration des ces organisations,
fondée sur deux axes principaux :
· La liquidation pure et simple des entreprises
considérées non viables ;
· la privatisation de celles qui ne présentent pas
un intérêt stratégique pour l'Etat.
Il est à noter que toutes les entreprises publiques au
Congo ne sont pas encore passées au crible de la reforme. Il existe
encore des entreprises pour lesquelles l'Etat n'a affiché pour l'instant
qu'un désengagement : suppression des monopoles, subventions, accords
préférentiels.... C'est le cas de l'OCI.
SECTION 2 : LES LIMITES DE LA PRIVATISATION
Selon la loi cadre1 sur la privatisation en
République du Congo, la privatisation s'entend comme o Un transfert de
propriété de la puissance publique vers le secteur privé
;
o Un recours au capital, à l'expertise du secteur
privé par des formules de concession ou de contrat de gestion pour mener
à bien une activité du secteur public.
Malgré l'absence de freins spécifiques à
la bonne performance des entreprises publiques, il est vrai que dans de
nombreux pays, en général, les entreprises publiques ont eu une
performance moindre comparées aux entreprises privées. C'est la
raison pour laquelle la privatisation a été promue avec
insistance afin de poursuivre plusieurs objectifs : réduction des
déficits budgétaires, croissance économique et objectifs
démocratiques.
Seulement, plus d'une décennie après le lancement
de cette réforme dans notre pays, les résultats sont loin de ce
qu'on pouvait escompter.
Ainsi pour décider de privatiser telle ou telle autre
entreprise publique, il faut mettre en place des objectifs clairs, une
évaluation correcte des techniques appropriées et une
volonté politique de réussir le processus. Il faudra commencer
par mettre en place tous les garde-fous nécessaires contre les
dérapages qui ne manqueront pas de se présenter dans le processus
d'exécution de la privatisation. Trois ensembles de conditions devraient
être scrupuleusement pris en compte avant de décider de la
privatisation d'une entreprise publique :
1 Cf. Loi cadre N°21-94 du 10 Août 1994,
portant privatisation des entreprises publiques, Annexe I
· Les facteurs en faveur de la
privatisation1
· Les facteurs contre la privatisation2
· Les conditions indispensables d'une privatisation
réussie3
A partir de ce chapitre, nous venons de montrer qu'il est
très difficile de retrouver tous les aléas dans la
réalité, qui soit favorables à la privatisation. Il y a
donc une très faible probabilité de succès d'une
privatisation, d'ailleurs un nombre très limité de pays a
exceptionnellement réussi sa politique de privatisation et bien beaucoup
d'autres ont conduit par leur échec à des troubles sociaux. Ceci
implique que la privatisation de l'OCI n'est pas une panacée, encore
moins une solution prioritaire aux problèmes qu'il traverse, mais
plutôt l'assainissement de sa gestion au niveau du GE, peut redynamiser
sa croissance. Quels sont alors les grands axes de relance de
l'efficacité et de la croissance des entreprises publiques en
générale et de l'OCI en particulier ? La réponse à
cette question est traitée au chapitre suivant.
1 Exemple : les réformes organisationnelles au
sein des entreprises publiques sont impossibles pour des raisons politiques.
2 Exemple : le gouvernement est considéré comme
étant assez corrompu ou qu'il manque de capacités
règlementaires adéquates (au plan national,
fédéral, local, etc.) au niveau qui convient.
3 Exemple : définir une stratégie
globale claire et transparente, comprenant un échéancier des
différentes étapes à franchir pour le processus de
privatisation.
48
CHAPITRE II : ALTERNATIVES A LA REFORME CLASSIQUE
Il existe des alternatives possibles pour régler les
problèmes auxquels les entreprises publiques sont confrontées.
Au lieu de résoudre les problèmes des
entreprises publiques par les mutations de la reforme classique1, on
peut plutôt recourir à ce qu'on peut appeler : reforme
organisationnelle, assainissement, réhabilitation ou
réorganisation de la gestion des entreprises publiques.
Nous présentons ici, des solutions à chaque niveau
de décision du GE, solutions valables pour l'OCI, aussi bien que pour
l'ensemble des entreprises publiques en difficulté2.
SECTION 1 : SOLUTIONS AU NIVEAU DU DES POUVOIRS
PUBLICS
a- Amélioration du cadre juridique qui
organise les entreprises publiques : les reformes organisationnelles
Les objectifs des entreprises publiques devraient être
revus. Très souvent, les entreprises publiques sont chargées de
remplir des fonctions trop nombreuses, les objectifs de création
d'emplois, d'industrialisation et de la fourniture de services de base.
Le fait qu'une entreprise publique ait des objectifs multiples
n'est pas mauvais en soi, mais cela peut nuire à la performance des
entreprises, si les objectifs et la priorité relative entre eux ne sont
pas très clairs. Par conséquent, chaque entreprise publique
devrait avoir des objectifs clairs, avec un poids explicite accordé
à chaque objectif. Il serait également utile de réduire le
nombre d'objectifs et fournir des lignes directrices pour concilier des
objectifs potentiellement contradictoires.
Ainsi, le cadre juridique qui organise les entreprises publiques
autonomes devra s'appuyer sur six (6) principes fondamentaux:
1. La constitution d'un nouveau modèle d'organisation
interne qui se rapproche du modèle des entreprises privées ;
2. Une nouvelle approche du concept même de service public
;
3. Une nouvelle répartition des responsabilités
entre l'Etat et les gestionnaires, fondée sur une plus grande autonomie
et sur une clarification des relations entre l'Etat et ces entreprises dans le
cadre d'un contrat de gestion pluriannuel ;
4. Une amélioration de la qualité des
informations concernant la performance des entreprises publiques et un
renforcement de la capacité de l'organisme de surveillance pour traiter
cette information et agir par la suite. Dans certains pays comme le notre les
organismes contrôlant les entreprises publiques ne disposent même
pas de la plupart des informations de base (par exemple, les états
financiers). Par conséquent, il est essentiel que ces informations
soient produites, et que des lignes claires d'audit et un
échéancier soient spécifiés et respectés ;
ceci afin de les utiliser efficacement, de les surveiller et améliorer
le rendement des dites entreprises, sans que le gouvernement ait à avoir
recours à une micro-gestion externe ;
5. Une amélioration du système des primes mis
en place pour ceux qui travaillent pour les entreprises publiques. Un
système d'incitations claires et efficaces devraient être
conçu pour récompenser les gestionnaires et les employés
d'une meilleure efficacité, productivité et d'une meilleure
satisfaction des consommateurs. Toutefois, les "incitations" ici ne devraient
pas nécessairement être étroitement
interprétées comme étant des incitations
matérialistes à titre individuel. Elles devraient inclure divers
types de motivations collectives et non matérialistes ;
6. La création d'un seul organisme dédié
aux entreprises publiques et doté d'un personnel compétent
pourrait également améliorer la surveillance des dites
entreprises.
b- Les contrats plans
L'introduction du régime de contrat de gestion
substitue partiellement la négociation à la définition
unilatérale des missions. Dans un contrat, l'engagement est pris dans le
cadre d'une relation du type principal-agent : l'agent s'engage sur un certain
nombre d'objectifs à atteindre, et le principal garantit qu'un certain
nombre de moyens seront mis à disposition de l'agent pour la poursuite
de missions définies. La condition de transparence de ces contrats est
exigée.
En effet, Les contrats de plan ou de gestion visent
traditionnellement l'amélioration de la performance des entreprises
publiques puisque, dans leur principe, il s'agit d'expliciter les attentes de
l'État-tutelle sous forme d'objectifs et de veiller aux
intérêts de l'État-actionnaire en s'assurant des
résultats atteints. Ces contrats visent plusieurs objectifs à
savoir :
· Rapprocher les objectifs des entreprises publiques
d'objectifs entrepreneuriaux classiques, en posant comme principe
l'équilibre du compte d'exploitation plutôt que la tarification au
coût marginal ;
· Limiter le caractère « multitâches
» de la gestion publique, en individualisant autant que possible les
obligations de service public, dont la charge est alors compensée, et en
évitant d'impliquer le secteur public dans la politique de
redistribution, qui peut recourir à d'autres instruments ;
· Limiter les coûts de transaction entre
l'entreprise publique et l'Etat, en précisant a priori les conditions
dans lesquelles les risques sont partagés ;
· Crédibiliser les engagements de l'Etat ;
· Clarifier la stratégie des entreprises publiques,
en se livrant régulièrement à un exercice de prospective
dépassant l'horizon du court terme.
c- Les injonctions légitimes des
pouvoirs publics
Elles peuvent être de plusieurs natures et intervenir au
moment opportun. Ces impératifs consiste à :
· Réduire le nombre des entreprises publiques
à travers la liquidation, les fusions, ou même la privatisation de
certaines entreprises publiques non essentielles dans le but de réduire
la demande de surveillance des ressources ;
· Mettre en place un bon système de
comptabilité ;
· Améliorer le flux d'informations aux organismes de
surveillance en exigeant régulièrement des rapports
détaillés et réguliers de la part des entreprises
publiques.
· Créer une concurrence accrue si possible ;
· Eviter les nominations politiques aux postes de
direction, car les nominations politiques ont tendance à nuire à
la performance ;
· Améliorer la qualité de la bureaucratie
économique.
d- Règles de fonctionnement
irréductibles du conseil d'administration
· Le conseil d'administration doit se réunir
régulièrement, déterminer un contrôle plein et
effectif sur l'entreprise et assurer la supervision de l'action de ses
dirigeants.
· Une répartition des responsabilités
clairement définie et acceptée doit être mise en place
à la tête de l'entreprise, afin d'assurer un équilibre dans
la structure de pouvoir et d'autorité tel qu'aucune personne ne dispose
d'un pouvoir illimité de décision. Si le Président est
aussi directeur général, la présence au sein du conseil
d'un administrateur indépendant avec une forte personnalité
reconnue est indispensable.
· La stature et le nombre des administrateurs non
dirigeants doivent être tels que leurs avis puissent peser
réellement sur les décisions du conseil.
· Le conseil doit disposer de façon formelle de
domaines de compétence exclusive, afin de lui assurer une maîtrise
réelle de la direction et du contrôle de l'entreprise.
· Il est de la responsabilité du conseil de
présenter une évaluation claire et objective de la situation de
l'entreprise.
· Les administrateurs doivent expliciter
l'étendue de leurs responsabilités dans l'établissement
des comptes, et ce, dans une déclaration figurant dans le rapport annuel
immédiatement avant le rapport des auditeurs où ceux-ci
précisent également leur propre responsabilité.
· Les administrateurs doivent établir un rapport sur
l'efficience des systèmes de contrôle interne dans
l'entreprise.
· Les administrateurs doivent confirmer dans le rapport
annuel la continuité d'exploitation, en indiquant, si nécessaire,
les hypothèses retenues et les points d'incertitudes.
SECTION 2 : SOLUTIONS AU NIVEAU DE LA
GESTION DE L'ENTREPRISE : TRANSPARENCE ET BONNES PRATIQUES
La mise en place d'un certain nombre de dispositifs qui tendent
à améliorer l'efficacité et garantir la croissance des
entreprises publiques est nécessaire.
a- Mise en place d'un outil efficace de
contrôle de gestion
a-1 Le tableau de bord
Le tableau de bord est un support du contrôle
budgétaire. Il permet le pilotage de l'action du responsable
budgétaire. C'est un véritable outil d'aide à la
décision et à la prévision. Avec les modifications
intervenues dans l'environnement technologique, concurrentiel et la structure
des organisations, les indicateurs financiers ne suffisent plus à eux
seuls pour aider à la prise de décision. Le tableau de bord
prospectif apporte une réponse à cela, il est construit suivant
quatre axes :
· axe financier qui prend en compte les indicateurs
financiers ;
· axe client qui traduit la satisfaction des clients ainsi
que leur fidélité ;
· axe processus interne qui rend compte des processus de
production et d'innovation ;
· axe apprentissage organisationnel qui permet
d'apprécier la qualité des ressources humaines.
a-2 La comptabilité analytique
La comptabilité analytique est une comptabilité
tournée vers le futur, construite pour fournir aux dirigeants
d'entreprise des données utiles aux prises de décision. La
comptabilité analytique a trois missions essentielles :
· connaissance des coûts : connaître le
coût de revient en vue de déterminer la politique tarifaire de
l'entreprise ;
· base au contrôle de gestion : l'organisation de
l'entreprise en sections et en coût standard constituent une base pour le
contrôle de gestion surtout pour la notion de centre de
responsabilité et l'analyse des écarts ;
· outil d'aide à la décision : la
comptabilité analytique permet aux dirigeants de prendre des
décisions sur :
V' l'opportunité de l'externalisation ou de la
sous-traitance d'une activité ; V' l'acceptation ou le refus d'une
commande spéciale ;
V' l'abandon d'un produit ou le développement d'un
nouveau produit.
b- Mise en place d'un système
adéquat de mesure de performance
Il s'agit ici de déterminer les indicateurs de
performance qui permettent d'avoir une transparence dans la gestion. Ces
indicateurs sont les ratios significatifs calculés dans le cadre de
l'analyse et de la gestion financière.
En fait, l'amélioration des procédures de
contrôle et de pilotage de gestion, de mesure de performance, est
centrée sur :
· L'audit de performance des services ;
· La définition et mise en place d'outils de
pilotage et de contrôle, de mesure de performance ;
· La modernisation des outils de gestion ;
· La maîtrise d'ouvrage relative aux marchés
publics ;
· La définition de procédures visant à
instaurer une démarche qualité dans une optique de certification
ISO 90001.
SECTION 3 : EXEMPLE DE MANAGEMENT ET
CROISSANCE DES ENTREPRISES D'ETAT DE LA REPUBLIQUE DE COREE:
REORGANISATION DU SECTEUR DES ENTREPRISES PUBLIQUES
En 1984, le gouvernement coréen a réformé
son système d'évaluation des entreprises publiques. Il visait
à répondre aux critiques contre le secteur des entreprises
publiques du pays, qui étaient performantes dans l'ensemble mais qui
pourraient faire encore davantage.
1 ISO 9000 ne représente pas seulement
l'ensemble des normes portant sur la qualité et les moyens, de
l'améliorer, mais aussi et surtout, représente un consensus
international sur de bonnes pratiques du management. Cf. Annexe IV
Les axes de cette réforme étaient les suivantes:
une plus grande autonomie en termes de gestion, un meilleur système
d'évaluation de la performance, et un meilleur système de
primes.
Pour assurer une plus grande autonomie en termes de gestion,
le contrôle du gouvernement quant au budget, aux achats, et à la
gestion du personnel a été réduit. Par exemple,
précédemment tous les achats pour les entreprises publiques ont
dû être faits par le Bureau des ressources. Or, grâce
à la nouvelle disposition, le chef de la direction centrale d'une
entreprise publique pouvait acheter directement de l'extérieur ou de
mandater l'achat au bureau des ressources. Pour éliminer des influences
politiques dans la nomination du gestionnaire, le nouveau système
interdit la nomination de candidats de l'extérieur aux postes de
direction.
Autre changement: l'inspection. Auparavant, le gouvernement
avait suivi les entreprises publiques de très près à
travers diverses vérifications et inspections menées par la
Commission de vérification et d'inspection ainsi que les
ministères concernés. En conséquence, une quantité
énorme de temps et d'énergie de la part des gestionnaires des
entreprises étaient consacrée à la préparation de
ces inspections. Par exemple, en 1981 seulement, la compagnie
d'électricité coréenne a subi huit inspections pendant une
période de 108 jours. Dans le nouveau système, la Commission de
vérification et d'inspection a été désignée
comme le seul organisme d'inspection pour les entreprises d'Etat,
réduisant ainsi le fardeau des inspections tant du côté des
ministères que du côté des gestionnaires des entreprises
publiques.
Cette réforme a aussi introduit un nouveau
système d'évaluation, système auquel le paiement des
primes des employés de l'entreprise était lié. La
performance s'évaluait en utilisant des critères multiples, y
compris les mesures quantitatives (ayant un poids de 70%) telles que la
rentabilité privée, la rentabilité publique, et la
productivité, d'une part, et les mesures qualitatives (ayant un poids de
30%) comme les dépenses en recherche et développement, le projet
de l'entreprise à long terme, les améliorations
organisationnelles, la qualité du produit, et l'amélioration du
système d'encadrement. L'indicateur de la rentabilité pris en
compte était celui du bénéfice brut d'exploitation,
reflétant l'idée qu'essentiellement les activités sans
valeur ajoutée telles que celles d'économies d'impôt ou de
prêts, bien qu'elles ne soient pas activement découragées,
ne devraient pas faire partie de l'évaluation de la performance.
Suite à la réforme, il y avait des changements
apparents dans l'attitude des gestionnaires, qui a conduit à l'adoption
universelle de la planification de l'entreprise à long terme, ce que
toutes les entreprises publiques n'avaient pas mise en oeuvre avant la
réforme. Le bénéfice d'exploitation était en hausse
de 50% en 1984 et de 20% en 1985. Le rapport entre les ventes/recherche et
développement a augmenté
de 1,0% à 1,2% entre1 984 et 1985. En outre, des
améliorations perceptibles en matière de qualité de
produit (des marchandises et des services) ont été
constatées1.
Dans ce chapitre nous avons étalé la liste des
perspectives et solutions qui est loin d'être exhaustive mais qui
cependant peut renouer avec l'efficacité et la croissance des
entreprises publiques que certaines théories2 qualifient
à tort d'inefficaces. La réforme organisationnelle de la
République de Corée en est une illustration.
1 Source: Chang & Singh (1993)
2 Théorie des droits de
propriété
CONCLUSION
Le problème de l'avenir des entreprises publiques a
toujours intéressé plus d'un gestionnaire. Les circonstances de
leur déclin, le rôle non négligeable qu'elles jouent dans
le circuit économique et la reforme en mal de réussite qui a
suivi leur déclin a suscité notre intérêt à
rechercher les causes de l'inefficacité de ces organisations afin de
leur trouver des solutions concrètes autres que celles définies
par la réforme. Aussi il aurait valu d'organiser un travail autour de ce
thème. Avec une expérience acquise lors du passage du stage
à l'OCI nous nous somme fixés l'objectif de montrer à
partir de cette étude, les causes principales qui favorisaient
l'inefficacité de ces organisations et freinaient leur croissance afin
d'en tirer des solutions durables.
Ainsi notre travail a consisté d'abord à
définir les concepts de base inhérents au thème. Cette
conceptualisation a permis de relever que l'efficacité en termes de
performance des entreprises publiques ne peut être évaluée
de la même façon que celle des entreprises privées. La
performance des entreprises publiques semble plus complexe à cerner car
au-delà de l'évaluation de la rentabilité
financière (aspect microéconomique), pour être performantes
elles doivent aussi atteindre des objectifs macroéconomiques :
développement économique et industriel, bien être collectif
et équité. Atteindre ces deux objectifs s'avère
très délicat pour ces organisations, ce qui conduit à ce
qu'elles soient souvent inefficaces.
Seulement il important de préciser que les charges
liées à la poursuite des objectifs macroéconomiques ont
été plus ou moins couvertes par des statuts de monopoles, les
subventions, les accords préférentiels.... Et que cette
inefficacité ne peut trouver justification. Plutôt les causes de
l'inefficacité sont imputables aux pratiques des pouvoirs publics
à travers le GE et à la gestion opportuniste et hasardeuse des
dirigeants d'entreprise. Mais avant d'identifier ces causes nous avons
insisté sur les justifications théorique et historique de
l'existence des entreprises publiques qui sont conçues pour limiter les
imperfections (ou défaillances) du marché et pour limiter les
faiblesses conjoncturelles de l'investissement privé par des
augmentations de la formation brute du capital fixe de ces organisations. Nous
avons également montré à travers trois
illustrations1, l'importance de ces organisations en matière
d'endiguement des phénomènes sociaux qui contribuent à
freiner le processus de développement économique. Aussi, à
partir de l'expérience vécue par l'OCI, il est établi que
certaines pratiques des pouvoirs publics à travers le GE, contribuent
largement à la sous
1 Illustrations 1, 2, 3 Cf. P. 15-16 supra
performance des entreprises publiques. Ces pratiques se
manifestent souvent sous la forme de pressions visant les intérêts
particuliers en faisant fi de l'autonomie financière et de gestion
accordée à l'entreprise. Elles se manifestent aussi sous forme
d'un laxisme notoire manifesté envers les dirigeants de l'entreprise, en
raison de la déviation par ceux-ci de la stratégie fixée
et des missions assignées. Par ailleurs, à partir d'une analyse
statique et de l'approche fonctionnelle malgré l'insuffisance d'un
certain nombre d'informations substantielles (les rapports d'activité,
les états financiers....), nous avons décelé des carences
de gestion, notamment au niveau des dirigeants des entreprises publiques qui
font fi des méthodes et techniques1 applicables à la
gestion d'une entreprise surtout industrielle. Le pilotage par ces dirigeants
consiste en fait à aller au contre-sens de la planification et de la
prospective, diminuant ainsi l'efficacité de la stratégie
menée par ces organisations, freinant leur croissance et jetant un doute
sur leur pérennité. C'est en fait le comportement peu orthodoxe
des organes du GE qui est le véritable ennemi de la croissance des
entreprises publiques.
Cette étude a permis également d'évaluer
le risque de pouvoir recourir promptement à la reforme classique
notamment la privatisation menée par nos gouvernements sans tenir compte
d'un certain nombre de conditions pour la réussite de ce processus. Ce
qui revient à dire que la privatisation comme solution ne convient pas
à tous les coûts et qu'elle ne peut être
considérée comme panacée aux problèmes que
connaissent les entreprises publiques. Ainsi, l'intervention de l'Etat à
travers les politiques économiques du genre « entreprises publiques
» doit être promue afin d'assurer équilibre et
développement économique, car « la main invisible » du
libéralisme a montré ses limites sur le plan sous-régional
et même mondial2
Enfin il a bien fallu dans l'intérêt de donner un
sens à ce travail de mémoire, de rechercher et présenter
les alternatives à la reforme sous forme de perspectives, approches de
solutions et illustrations (réforme organisationnelle de la
République de Corée) . Cette liste de solutions non exhaustive,
contribuera tant soit peu à redorer l'image et la
notoriété3 des entreprises publiques au sens où
ces solutions une fois bien appliquées, permettront de relancer leur
efficacité et leur croissance tout en assurant leur
pérennité.
Il reste cependant à s'interroger sur des
modèles à mettre en place ou des mécanismes de mise en
place, de l'applicabilité et du suivi de ces perspectives et approches
de solutions au niveau des entreprises publiques.
1 Analyse financière, comptabilité
analytique et prévisionnelle, existence des systèmes de
performance et de contrôle de gestion adéquats...
2 Crise financière déclenchée
depuis 2008.
3 Malgré la perception populaire,
encouragée par les journaux, les théories économiques, les
idées traditionnelles dominantes et la rhétorique contemporaine,
qui accusent les entreprises publiques d'inefficaces
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Auteur : TIME
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Date de création : 11/07/2009 23:07:00
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Dernière impression sur : 30/08/2009 18:02:00
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