SECTION 5 : LA SUPPRESSION DES PRETS INTERNES A LA
COPHES COMME TENTATIVE DE LEGITIMATION DE LA PERMEABILITE DES NORMES
INSTITUTIONNELLES
CHAPITRE I
DES PRETS AUTOGERES AUX PRETS BANCAIRES
1- La suppression des prêts internes à la
coopérative
Le non-remboursemnt des prêts à la cophes ne sera
pas sans impact ou incidence sur le fonctionnement de cette structure. En
effet, quand nous avons parcouru les entretiens que nous avons eus avec les
membres de la coopérative,il se révèle cette
réalité. Nos enquêtés nous ont
révélé la suppression des prêts
autogérés et internes à la coopérative.
A ce titre, nos entretiens avec le Président de ladite
structure nous ont été d'une importance sociologique.
Ainsi, nous a -t-il révélé ce qui
suit : « face au non- remboursement des prêts
par les membres de notre coopérative, nous nous sommes vus
obligés de mettre fin à ces prêts » Ces
propos du premier responsable de cette institution donnent à comprendre
l'incapacité de la coopérative à résorber ce
phénomène. Nous pouvons donc lire à travers la suppression
des prêts autogérés et octroyés par la cophes
à ses membres comme le symbole, la reconnaissance implicite de la
perméabilité des normes institutionnelles de cette
institution.
2- La nouvelle trajectoire sociale des
prêts : La caisse mutuelle d'épargne et de crédit de
songon (CMEC)
Le phénomène du non-remboursement des
prêts ayant conduit leur suppression, la cophes trouvera un autre
mécanisme de demande de prêts. Ainsi, a-t-elle trouvé un
nouveau « tuteur » à l'ensemble de ses
adhérents.
Et depuis l'année 2008, l'octroi des prêts aux
membres de la cophes n'est devenu possible qu'auprès d'une institution
bancaire dénommée, caisse mutuelle d'épargne et de
crédit de songon (CMEC).Ainsi, à la question de savoir pourquoi
la coopérative à désormais confié l'octroi des
prêts à la caisse mutuelle d'épargne et de crédit,
le Président de la coopérative nous a laissé entendre
que : « C'est une solution que nous avons
trouvée pour mettre fin aux mauvais comportements des membres de la
cophes ;comme ça, désormais lorsque tu sais que tu dois de
l'argent, tu sais à qui te référer et à qui tu as
affaire »
A la lecture de ces propos une chose mérite
d'être retenue ; en fait ces propos laissent entrevoir une sorte de
déresponsabilisation du président de la cophes de ce qui pourrait
advenir à ses membres qui se reconstruiraient dans ce nouvel espace
social de prêts comme des débiteurs récidivistes. Or, nos
enquêtés nous ont révélé que pour les
demandes de prêts à la CMEC ils sont tenus d'informer le
président de la coopérative puisque ce n'est à la vue de
sa signature que les prêts sont désormais octroyés à
tel ou tel autre membre demandeur. En clair, confier les prêts à
la CMEC apparaît pour la direction de la cophes comme une
stratégie trouvée pour lui confier une partie de ses
prérogatives. Ainsi, dans leur imaginaire, le confiage des demandes de
prêts à cette institution consisterait à créer chez
leurs membres un sentiment de crainte et de respect du délai de
remboursement.
3- Les conditionnalités de demande et d'octroi
de prêts à la CMEC
Les demandes de prêts à la caisse mutuelle
d'épargne et de crédit de songon M'Brathé sont à
l'instar de celles de la cophes avec le système de prêts internes
maintenant supprimé, sont soumises à des exercices auxquels les
membres de la coopérative des planteurs d'hévéa de songon
ne sauraient se départir.
En effet, à la CMEC tout demandeur de prêts devra
se soumettre à l'exercice suivant :
- les demandes de prêts sont signifiées à
la CMEC trois jours avant le jour indiqué pour son obtention.
- Les demandeurs de prêts, c'est-à-dire les
membres de ladite coopérative devront retirer une fiche de prêt
auprès de la CMEC ; une fois que cette fiche est retirée et
remplie, elle devra passer inéluctablement par la signature du
président de la cophes après quoi, cette fiche est
acheminée de nouveau auprès de l'institution prêteuse pour
le décaissement des fonds sollicités.
Et ces conditions d'octroi de prêts semblent ne pas
rencontrer l'assentiment de la plupart des membres de la cophes ;et, ils
l'ont signifié en ces termes : « La CMEC nous
aide, c'est vrai,mais quand on nous demande de prévenir trois jours
avant que nous aurons besoin de prêts,alors ça devient un peu
compliqué ;parce que personne ne peut prédire ses
problèmes,c'est lorsqu'il y a un problème qu'on peut demander des
prêts ». Ces propos nous laisse apprécier la
façon donc la demande de prêts à la caisse mutuelle et de
crédit de songon M'Brathé est perçue par les
adhérents. En réalité, ces propos laissent entrevoir que
les membres de la coopérative perçoivent ce modèle de
demande de prêts comme une machine rigoureuse.
CHAPITRE II
LES MODALITES DE REMBOURSEMENT DES PRETS A LA CMEC DE
SONGON M'BRATHE
1- Le remboursement des prêts sociaux
Selon les résultats que nous avons obtenus de notre
enquête, en ce qui concerne les mécanismes sociaux de
remboursement des fonds prêtés, les demandeurs de prêts sont
tenus de rembourser leurs dettes dans un intervalle de temps compris entre
trois (03) et neuf (09) mois selon la nature et l'ampleur de la somme
sollicitée. C'est pourquoi, selon les membres de la cophes, en ce qui
concerne les prêts scolaires, ils leur est demandé de les
rembourser sur une période de neuf (09) mois ; et les autres types
de prêts c'est-à-dire les prêts d'autres natures,
l'intervalle de remboursement varie selon la somme sollicitée
c'est-à-dire de trois à six mois.
2- Les sanctions liées au non-remboursement des
prêts
Comme la première forme de prêts
c'est-à-dire les prêts octroyés par la cophes
elle-même, la deuxième institution prêteuse
symbolisée par la caisse mutuelle d'épargne et de crédit
de songon M'Brathé a elle aussi en sa possession une série de
sanctions pour contrôler le déroulement du partenariat entre ces
deux institutions c'est-à-dire la coopérative des planteurs
d'hévéa de songon M'Brathé et la CMEC.
En effet, comme sanctions en cas de non-remboursement des
prêts, la CMEC est en mesure de saisir la plantation du débiteur
et ceci avec bien entendu la complicité de la direction de ladite
coopérative ; elle a encore une autre possibilité pour
entrer en possession de son dû par l'extraction de ses fonds du bulletin
de solde de leur débiteur. En clair, lorsqu'un membre rechigne a ne pas
rembourser ses dettes la CMEC a en sa possession la capacité de retirer
son argent avant de procéder à la paie de ce dernier,car en
réalité tous les membres de la cophes sont payés à
la caisse mutuelle d'épargne et de crédit de songon. Cela
voudrait dire que de cette façon, les membres débiteurs sont en
posture de pouvoir rembourser toutes leurs dettes parce que leur paie se
faisant auprès de cette institution ; à moins que le
débiteur ne livre plus sa production à la cophes. Même si
ce cas se présentait, la caisse mutuelle d'épargne et de
crédit de songon M'Brathé est en mesure d'user du dernier
recours, c'est à dire la saisie de la plantation du débiteur
chronique.
3- Relations entre les membres de la cophes et la
CMEC
A travers les relations entre les membres de la cophes et la
caisse mutuelle d'épargne et de crédit de songon M'Brathé,
nous entendons mettre en évidence la nature des rapports sociaux
entretenus par ses deux institutions partenaires.
A la question de savoir quelle est la nature des rapports
entre la cophes et la CMEC depuis instauration au sein de cette institution du
système de prêts, notre interlocuteur c'est-à-dire le
président de la cophes nous a confié qu' en sa connaissance il
s'y déroulent de bons rapports entre leurs deux institutions dans la
mesure où jusqu'au moment où il nous parlait, aucun cas de
non-remboursement de prêts ne lui avait été soumis, et
qu'il espérait que cela continue afin de pérenniser leur
partenariat. Et, ces propos sont d'une grande
importance : « La CMEC est une structure qui nous aide
énormément ; car, grâce à elle plusieurs
membres de la coopérative ont obtenu plusieurs prêts qui leur ont
servi à atteindre leurs objectifs respectifs ; donc, si nos
relations s'améliorent au fil des jours, je pense que c'est une bonne
chose pour nous tous ».
Comme nous le constatons le respect des engagements pris par
les membres de la coopérative auprès de la CMEC est ce à
quoi le premier responsable de la structure aspire pour le bon fonctionnement
pour leurs relations
Conclusion Partielle
Cette dernière partie de notre analyse et
interprétation des données qui a débuté avec " de
la perméabilité des normes institutionnelles à la
cophes " jusqu'à "la nouvelle trajectoire sociale des prêts",
nous a permis de mettre en évidence les normes institutionnelles de la
cophes, leur applicabilité et la façon dont le non-remboursement
des prêts par les membres a un lien avec l'applicabilité de ces
normes, à l'effet de voir comment les acteurs sociaux
c'est-à-dire les membres de la cophes semblent récupérer
cet état de fait pour construire leurs rapports à ladite
structure par l'entremise du non-remboursement. L'insertion du chapitre sur la
caisse mutuelle d'épargne et de crédit de songon M'Brathé
dans l'analyse a pour but de dresser une comparaison des normes
institutionnelles, les relations que les membres de la cophes entretiennent
avec cette institution (CMEC) en termes de remboursement ou non des
prêts.
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