ORGANISME INTER-ETATIQUE
RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ II
INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE DÉMOGRAPHIQUES.
Année académique 2004-2005
LA DEPERDITION DES SOINS PRENATALS
AU TCHAD
Mémoire de fin d'études, en vue de l'obtention
du
DIPLÔME D'ETUDES SUPÉRIEURES
SPÉCIALISÉES EN DÉMOGRAPHIE (DESS-D)
Option : Administration et Gestion des Programmes
et Projets de Population
Par Franklin BOUBA DJOURDEBBE
Sous la direction de
Dr. Gervais BENINGUISSE
Yaoundé, Octobre 2005.
Dédicace
A
Fadeuné PAHIMI qui a
perdu la vie en voulant donner la vie.
Nous ne cesserons jamais de te pleurer !
Remerciements
La présente étude sur la déperdition des
soins prénatals au Tchad a été menée à bonne
fin grâce au concours de plusieurs personnes et institutions. Qu'il nous
soit permis de leur adresser notre profonde reconnaissance.
Nos vifs remerciements s'adressent en premier lieu au
Dr. Gervais BENINGUISSE, notre directeur de mémoire,
qui n'a ménagé aucun effort pour l'encadrement de ce travail. Son
objectivité et ses conseils nous ont encouragé dans la
réalisation de ce mémoire.
Nous tenons à remercier de façon
particulière les enseignants de l'IFORD qui, par leurs enseignements ont
fait de nous un membre de la famille des démographes. Une mention
spéciale est une fois de plus réservée au Dr. Antoine N.
BANZA dont la contribution a été déterminante dans la
proposition des ouvrages sur les méthodes d'analyses statistiques.
Nos remerciements vont également à l'endroit des
doctorants et chercheurs de l'IFORD, à nos condisciples de
25é promotion et aux étudiants de la
24è et 26é promotion. Nous pensons
notamment à M. Léon MUDUBU, M. Martin BEKONO, M. Apollinaire
TOLLEGBE, Lansana CAMARA, Prosper LAWE N., Dieudonné SOUBEIGA, Moussa M.
GAPTO, Lazar COULIBALY G., Elvis K. DJEMNA, Khamis DJIBRINE, Charles H.
GNELBIN, Zakaliyat BONKOUNGOU, Amsata CAMARA, Fémi DOSSOU et Beuli
GABRABA BANANEH.
Nous exprimons également notre profonde gratitude
à l'UNFPA Tchad pour le financement de nos études à
l'IFORD. Nos remerciements vont particulièrement à l'endroit de
M. Yacine DIALLO et de Mme Elifas TEDAMBE.
Nos hommages s'adressent à notre père BOUBA
GONGNET DJONTAYA, à notre mère Rebecca EUHBALBO et nos
frères pour tant de sacrifices sans oublier les familles GUINGBE,
PEZOUNE, DANEZOUNE, DIHOULNE, ZEPONGBE, KALKI, PALAYE et BEUDEUNG.
Nos sincères remerciements s'adressent enfin à
tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la
réussite de cette étude.
Table des
matières
Dédicace
ii
Remerciements
iii
Table des matières
iv
Liste des tableaux
vii
Liste des graphiques
viii
Listes des figures
viii
Liste des abréviations
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I : PRESENTATION DU TCHAD
6
I.1 CARACTERISTIQUES DU PAYS
6
I.1.1 SITUATION GEOGRAPHIQUE
6
I.1.2. SITUATION ECONOMIQUE
7
I.1.3 SITUATION DEMOGRAPHIQUE
8
I.1.4 SITUATION SANITAIRE
9
I.1.4a LE SECTEUR PUBLIC
9
I.1.4b LE SECTEUR PRIVE
12
I.1.4c LE SECTEUR TRADITIONNEL
12
I.1.5 LES PROBLEMES DE SANTE AU TCHAD
13
CHAPITRE II : LE CADRE THEORIQUE
17
II.1. REVUE DE LA LITTERATURE
17
II.1.1 LES FACTEURS LIES À LA DEMANDE
20
II.1.1.1 L'AGE
20
II.1.1.2 LA PARITE ATTEINTE
21
II.1.1.3 LE NIVEAU D'INSTRUCTION
22
I.1.1.4 LE STATUT MATRIMONIAL
22
II.1.1.5 LE NIVEAU DE VIE DU MENAGE
23
II.1.1.6 L'ETHNIE
24
II.1.1.7 LA RELIGION
25
II.1.1.8 LE MILIEU DE RESIDENCE
26
II.1.1.9 LE MILIEU DE SOCIALISATION
27
II.1.1.10 L'OPPORTUNITE DE LA GROSSESSE
27
II.1.2 LES FACTEURS LIES À L'OFFRE
28
II.1.2.1 LA DISPONIBILITE
28
II.1.2.2 L'ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE
28
II.1.2.3 LES COUTS
29
II.1.2 LA QUALITE DES SERVICES
31
II.2 LE CADRE CONCEPTUEL
33
II.2.1 SCHEMA CONCEPTUEL
33
II.2.2 DESCRIPTION DU SCHEMA CONCEPTUEL
34
II.2.3 DEFINITION DES CONCEPTS CLES
34
II.2.3.1 SOINS PRENATALS
34
II.2.3.2 RECOURS AUX SOINS PRENATALS
35
II.2.3.3 DEPERDITION DES SOINS PRENATALS
35
II.2.3.4 CARACTERISTIQUES INDIVIDUELLES DE LA
FEMME
36
II.2.3.5 CARACTERISTIQUES DU MENAGE
36
II.2.3.6 ENVIRONNEMENT CULTUREL
36
II.2.3.7 CONTEXTE DE RESIDENCE
36
II.2.3.8 L'ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE ET
QUALITE DES SERVICES
PRENATALS
36
II.3 SCHEMA D'ANALYSE
38
II.4 HYPOTHESES DE TRAVAIL
39
CHAPITRE III : METHODOLOGIE
41
III.1 PRESENTATION DES DONNEES
41
II.1.1 SOURCES DES DONNEES
41
III.1.2 OBJECTIFS DE L'EDST
41
III.1.3 ECHANTILLONNAGE DE L'EDST ET
POPULATION CIBLE DE
42
L'ETUDE
42
III.1.4 QUESTIONNAIRES DE L'ENQUETE
44
III.2 EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES
46
III.2.1 DETERMINATION DU TAUX DE NON REPONSE
46
III.2.2 EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES SUR
L'AGE
47
III.2.2.1 METHODE D'EVALUATION GRAPHIQUE
47
III.2.2.2 METHODE D'EVALUATION GRAPHIQUE
49
III.2.2.2. a INDICE DE WHIPPLE
50
III.2.2.2.b INDICE DE MYERS
50
III.2.2.2.c L'INDICE DE BACHI
51
III.3 VARIABLES, INDICATEURS ET CONSTRUCTION
DES
54
INDICATEURS COMPOSITES
54
III.3.1 INDICATEUR DU NIVEAU DE VIE
55
III.3.2 INDICATEUR DE QUALITE DES SERVICES
PRENATALS
56
III.4 METHODES D'ANALYSE
57
III.4.1 APPROCHE DESCRIPTIVE
57
III.4.2. APPROCHE MULTIVARIEE
59
CHAPITRE IV : DEPERDITION DES SOINS
PRENATALS AU
63
TCHAD: NIVEAUX ET DIFFERENTIELS
63
IV.1 NIVEAU NATIONAL DE LA DEPERDITION DES SOINS
PRENATALS
63
IV.2 LES DIFFERENTIELS
64
IV.2.1 AGE
64
IV.2.2 PARITE
65
IV.2.3 OPPORTUNITE DE LA GROSSESSE
65
IV.2.4 NIVEAU D'INSTRUCTION
66
IV.2.5 NIVEAU DE VIE DU MENAGE
67
IV.2.6 QUALITE DES SERVICES
67
IV.2.7 Distance entre domicile et centre SMI
68
IV.2.8 MILIEU DE RESIDENCE
69
IV.2.9 MILIEU DE SOCIALISATION
69
IV. 2.10 REGION DE RESIDENCE
70
IV. 2.11 APPARTENANCE RELIGIEUSE
73
IV.2.12 ETHNIE
73
CHAPITRE V :
ESSAI D'EXPLICATION DE LA DEPERDITION DES SOINS PRENATALS AU
TCHAD.
78
V.1 EFFETS NETS DES VARIABLES EXPLICATIVES
79
V.1.1 LES FACTEURS LIES À LA DEMANDE
79
V.1.1.1 LE MILIEU DE RESIDENCE
79
V.1.1.2 LE MILIEU DE SOCIALISATION
79
V.1.1.3 LA RELIGION
80
V.1.1.4 LE NIVEAU DE VIE DU MENAGE
80
V.1.1.5 L'AGE
81
V.1.1.6 LA PARITE ATTEINTE
81
V.1.1.7 L'OPPORTUNITE DE LA GROSSESSE
82
V.1.1.8 LE NIVEAU D'INSTRUCTION
82
V.1.1.9 LA REGION DE RESIDENCE ET L'ETHNIE
83
V.1.2 LES FACTEURS LIES À L'OFFRE
84
V.1.2.1 LA DISTANCE ENTRE LE DOMICILE ET LE CENTRE
SMI
84
V.1.2.2 LA QUALITE DES SERVICES
84
CONCLUSION GENERALE
88
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES...........................................................92
ANNEXES..............................................................................................99
Liste des
tableaux
Tableau 1.1 : Evolution du budget
prévisionnel de la santé en milliers de francs CFA.
15
Tableau 3.1 : Taille et couverture de
l'échantillon
43
Tableau 3.2 : Présentation des
variables de l'étude et des taux de non réponse
47
Tableau 3.3 Calcul des indices de Whipple, de
Myers et Bachi.
53
Tableau 3.4 METHODE DE CALCUL DES PROBABILITES DE
DEPERDITION
58
Tableau 4.1 : Probabilités de
déperdition entre la visite t et la visite t+1 pour les gestantes ayant
débuté la 1ère CPN dans le premier trimestre
de la grossesse (EDS Tchad 1996-1997).
76
Tableau 4.2 : Probabilités de
déperdition entre la visite t et la visite t+1 pour les gestantes ayant
débuté la 1ère CPN au-delà du premier
trimestre de la grossesse (EDS Tchad 1996-1997).
77
Tableau 5.1 : Risques relatifs d'observer la
déperdition des soins prénatals pour les gestantes ayant
effectué la CPN1 dans le premier trimestre de la grossesse (odds ratio
associés aux différentes modalités issus des coefficients
j de la régression « Ologit »).
86
Tableau 5.2 : Risques relatifs d'observer la
déperdition des soins prénatals pour les gestantes ayant
effectué la CPN1 au-delà du premier trimestre de la grossesse
(odds ratio associés aux différentes modalités issus des
coefficients j de la régression « Ologit »).
87
Liste des
graphiques
Graphique n°1 : Mortalité
maternelle au Tchad et dans d'autres pays africains.
2
Graphique 3.1 Distribution des personnes
enquêtées selon l'âge et le sexe.
48
Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la
population enquêtée.
49
Graphique 3.3 : Evaluation graphique de la
qualité de l'âge (Méthode de Myers).
51
Graphique 3.4 : Evaluation graphique de la
qualité de l'âge (Méthode de Bachi).
52
Graphique 3.5 : Répartition des
ménages enquêtés selon le niveau de vie.
56
Graphique 4.1 : Evolution des
probabilités de déperdition selon les visites au Tchad (EDST
1996-1997).
64
Graphique 4.2 : Probabilités selon
l'âge au Tchad (EDST 1996-1997).
65
Graphique 4.3 : Probabilités de
déperdition selon la parité auTchad (EDST 1996-1997).
65
Graphique 4.4 : Probabilités de
déperdition selon l'opportunité de la grossesse au Tchad (EDST
1996-1997).
66
Graphique 4.5 : Probabilités de
déperdition selon le niveau d'instruction au Tchad (EDST 1996-1997).
66
Graphique 4.6 : Probabilités de
déperdition selon le niveau de vie des ménages au Tchad (EDST
1996-1997).
67
Graphique 4.7 : Probabilités de
déperdition selon la qualité des services au Tchad (EDST
1996-1997).
68
Graphique 4.8 : Probabilités de
déperdition selon la distance entre le domicile et le Centre SMI au
Tchad (EDST 1996-1997).
68
Graphique 4.9 : Probabilités de
déperdition selon le milieu de résidence au Tchad (EDST
1996-1997).
69
Graphique 4.10 : Probabilités de
déperdition selon le milieu de socialisation au Tchad (EDST
1996-1997).
70
Graphique 4.11 : Probabilités de
déperdition selon l'appartenance religieuse au Tchad (EDST
1996-1997).
73
Graphique 4.12 : Probabilités de
déperdition selon l'ethnie au Tchad (EDST 1996-1997).
74
Listes des
figures
Fig. 1 : CARTE ADMINISTRATIVE DU TCHAD
5
Fig.2 : DEPERDITION DES SOINS PRENATALS AU
TCHAD : DEBUT DE LA CPN1 DANS LE PREMIER TRIMESTRE 71
Fig.3 : DEPERDITION DES SOINS PRENATALS AU
TCHAD : DEBUT DE LA CPN1 AU DELA DU PREMIER TRIMESTRE 72
Liste des
abréviations
BCR: Bureau Central de Recensement.
CEPED: Centre Français sur la Population et le
Développement.
CNAR : Centre National d'Appui à la Recherche.
CNNTA: Centre National de Nutrition et de Technologie.
CPN: Consultation prénatale.
CRDI: Centre de Recherche pour le Développement
International.
EDS : Enquête démographique et de
Santé.
EDST: Enquête démographique et de Santé au
Tchad.
FNUAP: Fonds des Nations Unies pour les Activités en
matière de Population.
HGRN: Hôpital Général de
Référence Nationale.
IEC : Information, Education et Communication.
IFORD: Institut de Formation et de Recherche
Démographiques.
INED: Institut National d'Etudes Démographiques.
ISF: Indice Synthétique de Fécondité.
OMS: Organisation Mondiale de la Santé.
PCA: Paquet Complémentaire d'Activités.
PEV: Programme Elargi de Vaccination.
PIB : Produit Intérieur Brut.
PMA: Paquet Minimum d'Activités.
PNB : Produit National Brut.
PNLS: Programme National de Lutte contre le Sida.
PNUD: Programme des Nations Unies pour le
Développement.
RGPH: Recensement Général de la Population et de
l'Habitat.
SMI: Santé Maternelle et Infantile.
SMI/BEF: Santé Maternelle et Infantile et Bien-être
Familial.
UEPA : Union pour l'Etude de la Population Africaine.
UNESCO: Organisation des Nations pour l'Education, la Science et
la Culture.
UNFPA: United Nations Fund of Population Activities.
UNICEF: United Nation International Children's Emergency Fund.
VAT: Vaccination Antitétanique.
WHO: World Health Organization.
INTRODUCTION GENERALE
Depuis plusieurs années, les problèmes de
santé maternelle et infantile continuent de préoccuper toutes les
sociétés aussi bien dans les pays développés que
dans les pays sous-développés. En effet, toutes les minutes, une
femme meurt des suites d'une grossesse ou d'un accouchement, soit 1 440
décès par jour et plus d'un demi million de décès
chaque année dans le monde (OMS, 1999). Quatre-vingt-dix-neuf pour cent
de ces décès surviennent dans les pays en développement
(PNUD, 2003). Les taux de mortalité maternelle les plus
élevés au monde sont enregistrés en Afrique subsaharienne
et dans une moindre mesure en Asie du Sud et du Centre. La mortalité
maternelle est due à plus de 70% à cinq causes
obstétricales majeures : les hémorragies (25%), les
infections (15%), les avortements à risque (13%), les éclampsies
(12%), les dystocies (8%), (Fatoumata, 1990).
Des estimations récentes de l'OMS, de l'UNICEF et de
l'UNFPA (OMS, 2000) attestent que dans sa vie, une femme vivant en Afrique
subsaharienne a une chance sur 16 de mourir pendant la grossesse ou
l'accouchement. Ce risque n'est que d'un pour 2800 pour une femme dans le monde
développé. Près d'un million d'enfants perdent leur
mère chaque année du fait de décès maternels (OMS,
2000). Ces enfants courent trois à dix fois plus le risque de mourir
dans deux ans que les enfants ayant leurs deux parents (PNUD, 2003). La mort
d'une mère revient pour une famille à perdre celle qui, plus que
tout autre, élevait les enfants et produisait ce dont la famille a
besoin. La mort d'une femme, mère ou non, prive gravement sa famille et
la société (OMS, 1993).
Pourtant, la mortalité maternelle et infantile pourrait
être sensiblement réduite si les femmes avaient accès
à des soins appropriés pendant la grossesse, l'accouchement et le
premier mois suivant l'accouchement, ou période post-partum. La forte
prévalence de la mortalité et de la morbidité
liées à la grossesse ou à l'accouchement s'expliquerait en
grande partie par le recours aux soins obstétricaux essentiels. En
effet, l'Afrique n'est pas seulement la région du monde où les
risques liés à la grossesse et à l'accouchement sont les
plus élevés ; elle est aussi la région du monde
où les femmes ont le moins recours aux services obstétricaux
déployés pour faire face aux problèmes liés
à la maternité (Beninguisse, 2001). L'une des
caractéristiques de ce faible accès est la discontinuité
des soins (Beninguisse et Nikièma, 2005). La fréquentation du
recours aux soins prénatals parmi les femmes enceintes est de 63% en
Afrique contre 97% en Europe, 95% en Amérique du nord, 73% en
Amérique Latine et Caraïbes et 65% en Asie (OMS, 1998). Entre 1990
et 2000, la proportion de femmes ayant effectué au moins une visite
prénatale ne s'est accrue que de 5% en Afrique au sud du Sahara contre
31% en Asie à l'exception de la Chine (UNICEF, 2001). Cette situation
n'est guère réjouissante.
La santé maternelle et infantile a toujours fait
l'objet de grandes conférences internationales parmi les quelles on peut
citer la conférence d'Alma Ata (1978), la conférence de Nairobi
(1987). Au cours de ces rencontres, la réduction de la mortalité
et de la morbidité maternelles a été reconnue comme
étant une priorité en matière de santé publique et
de développement. Ces dernières années, l'attention
internationale s'est portée sur les niveaux de mortalité
maternelle qui restent tragiquement élevés dans de nombreux pays.
En sierra Léone et en Afghanistan, une femme sur 6 meurt de
complications liées à la grossesse ou à l'accouchement.
Rien qu'en Inde, 136 000 femmes meurent chaque année des causes
liées à la grossesse ou à l'accouchement. Parmi les autres
pays à mortalité maternelle élevée figurent par
ordre d'importance le Malawi, l'Angola, le Niger, le Tchad, la Tanzanie, le
Rwanda, le Mali et la Somalie. Suite à ce fléau
dévastateur, les organismes internationaux et les Etats ont
affirmé la volonté de réduire le nombre de femmes qui
meurent en couches de trois quarts d'ici 2015. C'est l'un des objectifs
principaux de la déclaration du millénaire pour le
développement. Cet objectif a été fixé par les
dirigeants de 189 pays réunis à l'ONU en septembre 2000.
Graphique 1 : Mortalité maternelle au
Tchad et dans d'autres pays africains.
Source : EDST (1996-1997)1(*).
Le Tchad n'est pas à l'abri de ce fléau. La
situation sanitaire de la population tchadienne reste très
précaire. Le Tchad est souvent présenté comme l'un des
pays d'Afrique subsaharienne ayant un taux de mortalité maternelle
élevé, bien au-dessus de la moyenne africaine estimée
à 800 cas pour 100 000 naissances vivantes environ. Selon une
enquête menée entre 1996 et 1997, les décès
maternels sont estimés à 827 cas pour 100 000 naissances
vivantes. Le rapport mondial sur le développement humain 2003 fait
mention de 1 500 décès maternels pour 100 000
naissances vivantes et une proportion d'accouchements assistés par un
personnel de santé qualifié de 16%. La situation des gestantes en
matière de recours aux soins prénatals est
particulièrement préoccupante. Les résultats de l'EDST
(EDST, 1996-1997) révèlent que parmi les naissances survenues au
cours des cinq années ayant précédé
l'enquête, environ deux tiers (63%) sont issus de mères n'ayant
effectué aucune consultation prénatale, pour un tiers (32%) les
mères ont consulté un professionnel de santé et pour 4%
les mères ont consulté une accoucheuse traditionnelle non
formée. Pire encore, la minorité de femmes qui suivent les soins
prénatals ne les font pas en général de manière
régulière (UNICEF, 1999). L'un des intérêts de la
consultation prénatale (CPN) est d'aider à la préparation
d'un accouchement sous assistance médicale (avec éventuellement
des soins obstétricaux d'urgence) dont l'efficacité pour la lutte
contre la mortalité maternelle a été empiriquement
démontrée.
En effet, parmi les 33% de femmes qui effectuent au moins une
visite prénatale, nombre d'entre elles n'y reviennent plus assurer la
continuité des soins prénatals. C'est ce que Beninguisse et
Nikièma (2005) appellent déperdition en matière de soins
prénatals. Au Tchad, la probabilité pour une femme ayant
effectué la troisième visite prénatale d'effectuer une
visite supplémentaire demeure faible (0,60)2(*) d'où une
probabilité de déperdition de 0,40 (1-0,60). La
déperdition des soins prénatals n'est pas souhaitable parce que
chaque période de la grossesse comporte son lot de risques avec une
culmination à la fin de la grossesse, période à laquelle
il est estimé que les deux tiers des décès maternels
surviennent (Abou Zahr, cité par Beninguisse et Nikièma, 2005).
Pour être efficaces, les soins prénatals doivent être
reçus à un stade précoce et, ce surtout, ils doivent se
poursuivre avec une certaine régularité jusqu'à
l'accouchement. L'OMS recommande, au moins 4 visites, à intervalles
réguliers tout le long de la grossesse. Compte tenu de la montée
galopante de la pandémie du VIH/SIDA, la déperdition des soins
prénatals contribuerait à compromettre la prévention de la
transmission de la mère-enfant. A défaut de pouvoir atteindre
toute la population cible (femmes enceintes), en arriver à
fidéliser la sous-population utilisatrice dès le premier contact
avec le système de santé, par une continuité de soins le
long du processus d'enfantement, constitueraient une étape importante
vers la réduction de la mortalité maternelle et périnatale
(Beninguisse et Nikièma, 2005). La déperdition des soins
prénatals constitue une menace pour la santé de la femme. Elle
nécessite une attention particulière. Ses fondements sont encore
mal connus et peu documentés. La présente étude
contribuerait à ce manque. Par ailleurs, la plupart des parturientes au
Tchad accouchent à la maison, seules ou assistées par une
parente, une voisine ou une accoucheuse traditionnelle. Le centre de
santé n'est souvent que le dernier recours en cas de complications.
Seulement 25% des accouchements sont médicalement assistés. Cette
proportion masque des disparités notables à l'échelle
nationale. A titre d'illustration, 57% des parturientes qui accouchent à
N'djaména sont assistées par un personnel médical
formé contre 27% dans les autres villes et 16% en milieu rural (UNICEF,
1999). Ces disparités selon le milieu de résidence, peuvent
s'expliquer, en partie, par ce qu'on peut qualifier de « biais
urbain » qui fait référence à une forte
concentration des établissements et du personnel sanitaire
qualifié dans les villes au détriment des campagnes.
Toutes ces considérations suscitent en nous le
questionnement suivant :
Comment expliquer la déperdition en
matière de soins prénatals dans le contexte
tchadien ?
L'objectif général de ce travail est de mettre
à la disposition des chercheurs et décideurs des résultats
pertinents pour l'amélioration de la continuité des soins
prénatals au Tchad.
Plus spécifiquement, il s'agira de :
@ mesurer l'ampleur de la déperdition des soins
prénatals ;
@ identifier les facteurs associés au
phénomène et leurs mécanismes d'action.
La présente étude s'articulera autour de 5
chapitres. Après une description du contexte de l'étude (Chapitre
I), nous ferons le point de la littérature et présenterons les
hypothèses de recherche (Chapitre II). Ensuite, nous présenterons
la méthodologie, plus précisément, les sources de
données et les méthodes d'analyse utilisées (Chapitre
III). Enfin, les chapitres IV et V seront consacrés à l'analyse
des données.
CHAPITRE I : PRESENTATION DU TCHAD
Il est question dans cette partie du travail de
présenter le contexte de l'étude, nécessaire à la
compréhension des résultats. Il s'agit d'un aperçu de la
situation géographique, économique, démographique et
sanitaire du pays.
I.1 CARACTERISTIQUES DU PAYS
I.1.1 SITUATION GEOGRAPHIQUE
Pays continental, le Tchad est situé entre les
7è et 24è degrés de latitude Nord et
les 13è et 24è degrés de longitude Est. Il est le trait
d'union entre le Maghreb et l'Afrique Centrale. Couvrant 1 284 000
km2, le Tchad occupe le 5è rang des pays les plus
vastes d'Afrique après le Soudan, l'Algérie, la République
Démocratique du Congo et la Libye. Il partage des frontières
communes avec la Libye au Nord, le Soudan à l'Est, le Cameroun, le Niger
et le Nigeria à l'Ouest. De par sa position géographique, au Sud
du Tropique du Cancer et au coeur du continent africain, le Tchad est
marqué par une continentalité accrue dont le marasme
économique est l'une des conséquences. Il est un pays doublement
enclavé de l'intérieur comme de l'extérieur. Au niveau
extérieur, le Tchad n'a aucun débouché sur la mer. Le port
Harcourt au Nigeria, le port le plus proche, se trouve à 1 700 km
de N'djaména, la capitale. Au niveau intérieur, le Tchad ne
possède que 664 km de routes bitumées permanentes et 1 609
km de routes permanentes en terre moderne (Tchad, 2005), les communications
entre les différentes parties du pays sont parfois difficiles voire
impossibles durant plusieurs mois à cause des inondations pluviales qui
rendent impraticables certaines d'entre elles. En général, la
meilleure voie pour les produits pondéreux est la voie fluviale. Les
deux fleuves du pays, le Chari et le Logone constituent les
principales artères fluviales mais il se pose le problème de
niveau d'eau entre la saison sèche et la saison pluvieuse. Ces fleuves
se trouvent, en saison sèche, paralysés à la
navigation.
Le Tchad connaît une succession de climats :
soudanien au sud avec un régime tropical semi humide, puis
progressivement sahélien et saharien.
I.1.2. SITUATION ECONOMIQUE
Le Tchad est souvent présenté comme l'un des
pays les plus pauvres de la planète. Depuis longtemps, son
économie est essentiellement dominée par les activités
agro-pastorales qui occupent près de 80% de la population active. Les
principales cultures de rente sont le coton, la gomme arabique, les arachides.
Ce secteur présente cependant une faiblesse énorme puis que
l'agriculture demeure faiblement mécanisée et ne contribuait, en
1993, que pour 48% au PIB (EDST 1996-1997). Le secteur secondaire ne contribue
que pour 14% au PIB en raison de la faiblesse des activités dans ce
secteur. Le secteur tertiaire contribue à son tour à 38% au PIB,
demeure cependant très diversifié et comprend aussi bien
d'activités dites informelles que celles dites formelles,
c'est-à-dire celles qui émanent de l'économie
organisée. Le niveau du PNB est passé de 190 dollars par habitant
en 1993 (PNUD, 1994) à 1060 dollars par habitant en 2003 (INED,
2003).
Le Tchad dispose des potentialités pour son
développement économique : le potentiel agro-pastoral,
minier, artisanal et humain. Ces potentialités qui, en principe,
devraient servir de pivot essentiel à une croissance économique
soutenue se heurtent à un certain nombre de problèmes. Il s'agit
entre autres des guerres interminables, du manque de façade maritime, de
l'avancée du désert, de l'insuffisance d'infrastructures
socio-économiques et sanitaires adéquates, de
l'inadéquation entre la formation et l'emploi, de la
détérioration des termes d'échanges, etc. Comme la plupart
des pays africains au sud du Sahara, le Tchad a été
profondément touché par la crise économique, les
Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), la dévaluation du franc CFA et
surtout l'instabilité politique qui n'ont pas véritablement
favorisé des performances économiques aptes à propulser le
pays vers l'avant. Ainsi, la situation économique a
entraîné une baisse du pouvoir d'achat, lequel pourrait avoir une
influence sur l'accès aux soins et sur la déperdition en
matière de soins prénatals.
A l'heure actuelle, le Tchad fait partie des pays producteurs
du pétrole. Depuis le 15 juillet 2003, l'or noir a commencé
à jaillir, au prix d'un endettement de 3,7 milliards de dollars, le tout
financé par la Banque mondiale dans le cadre d'un programme de
développement durable (Tchad, 2005). L'exploitation du pétrole
ouvre de nouvelles perspectives à l'économie tchadienne
restée très longtemps moribonde (Assemal, 2003). Des revenus
considérables pour ce pays classé par les Nations Unies au
165è rang mondial sur 175 par rapport à l'Indice de
Développement Humain (IDH) en 2004. Avec 64 millions de dollars par an,
les rentes pétrolières doubleront les revenus actuels du
gouvernement (Tchad, 2005).
I.1.3 SITUATION DEMOGRAPHIQUE
Au dernier Recensement Général de la Population
et de l'Habitat (RGPH) d'avril 1993, le Tchad comptait 6 279 931
habitants dont 48% d'hommes et 52% de femmes dont 22% de femmes
âgées de 15-49 ans (Tchad, 1995). La population nomade
s'élevait à 353 489 soit 6% de la population totale.
L'information disponible montre que la population tchadienne se
caractérise par sa jeunesse : 48% de la population a moins de 15
ans, alors que les personnes âgées de plus de 64 ans ne
représentent que 4%. Cette structure est typique d'un régime
où la fécondité et la mortalité sont
élevées. D'un autre côté, cette population est
très inégalement répartie à l'intérieur du
territoire national. Cette inégale répartition de la population
sur le territoire constitue un véritable problème de
développement dans la mesure où elle compromet
l'égalité de chance de différentes régions du pays
d'accéder à des niveaux de développement comparables. En
effet, environ la moitié de la population (47%) est concentrée
sur seulement 10% de la superficie totale (Tchad, 1995). La densité
globale de la population est de l'ordre de 4,9 habitants au kilomètre
carré. On passe de 0,1 habitant au kilomètre carré au
Borkou-Ennedi-Tibesti à 52 habitants au kilomètre carré au
Logone Occidental (ibid.).
L'indice Synthétique de Fécondité (ISF) a
été estimé à 5,6 enfants par femme (Tchad, 1995).
La fécondité y est donc encore élevée. Actuellement
on estime qu'une femme tchadienne met au monde en moyenne près de 7
enfants au cours de sa vie féconde (INED, 2003) ; quant au taux
brut de natalité, un des plus élevé au monde, il est
demeuré à un niveau approximatif de 50 pour 1000. La
fécondité élevée peut donc être
considérée comme une des réponses à la forte
mortalité infantile et juvénile. Pour les parents, en effet, il
faut faire beaucoup d'enfants pour avoir la chance de voir survivre quelques
uns (Tchegho, 1991). La forte fécondité est ainsi associée
à la forte mortalité. Au Tchad, la mortalité infantile
était estimée en 1993 à 132 pour 1000 au niveau national,
et à 103 pour 1000 en 2003, d'après respectivement les
résultats du Recensement Général de la Population et de
l'Habitat, les estimations de l'INED. A l'instar des pays en
développement, le Tchad est caractérisé par une faible
espérance de vie à la naissance, conséquence d'une
mortalité infanto-juvénile très
élevée : 54 ans chez les femmes et 47 ans chez les hommes en
1993 (Tchad, 1995). En effet, la forte mortalité infantile est
généralement associée à un manque ou une
insuffisance de soins pendant la grossesse, l'accouchement et le post
partum. L'une des caractéristiques de la population tchadienne est
aussi la croissance rapide : la population est ainsi passée de
3 254 000 habitants en 1964 à 6 279 931 en 1993. Le
taux d'accroissement naturel atteint 2,5%, ce qui conduit à un
doublement de la population tous les 28 ans. Cette population aurait atteint
7 600 000 habitants en l'an 2001 (EDST, 1996-1997).
Enfin, il convient de noter également que le Tchad est
l'un des pays en développement les moins urbanisés. Le
phénomène urbain au Tchad, comme dans l'ensemble de pays
d'Afrique Centrale, est d'origine récente car ce phénomène
découle du fait de la colonisation. La plupart de grandes villes ont
été créées dans le but de répondre aux
besoins de l'administration coloniale. C'est le cas de Fort Lamy, Fort
Archambault, etc. Actuellement, le réseau urbain tchadien est moins
dense et est composé de 44 villes de moins de 5 000 habitants et de
40 villes de plus de 5 000 habitants (Tchad, 1997a). L'essentiel de la
population urbaine est concentré à N'djaména, la capitale,
avec environ 40% de la population urbaine totale (EDST, 1996-1997). Cela peut
être un début du « phénomène de
macrocéphalie » comme on rencontre dans certains pays
africains parmi les quels on peut citer le Gabon, la Côte d'Ivoire, le
Sénégal, etc.
I.1.4 SITUATION SANITAIRE
Au Tchad, les services de santé sont fournis par le
secteur public, le secteur privé à but lucratif et le secteur
traditionnel.
I.1.4a LE
SECTEUR PUBLIC
Le système public de santé au Tchad est de type
pyramidal à trois niveaux : le central, l'intermédiaire et
le périphérique. Les trois niveaux communiquent entre eux pour
éviter les chevauchements et assurer une utilisation optimale des
ressources.
@ Le niveau central ou stratégique, se charge de la
conception et de l'orientation de la politique sanitaire du pays, du choix des
stratégies, de l'élaboration des modèles et de la
répartition des ressources, de la définition des tâches du
personnel, de l'établissement des profils de postes, de l'adaptation des
contenus de formation. Il est essentiellement constitué du
ministère de la santé publique, la direction
générale, les directions techniques, les institutions
(Hôpital Général de Référence Nationale,
Ecole nationale des agents sanitaires et sociaux, centre national
d'appareillage et de réadaptation, centrale pharmaceutique d'achat) et
les programmes et projets.
@ Le niveau intermédiaire ou niveau d'appui technique
comprend les 14 délégations préfectorales sanitaires,
l'équipe cadre des délégations et les hôpitaux de
préfecture. Il assure la mise en application de la politique sanitaire
nationale, la répartition et l'affectation des ressources,
l'élaboration du plan directeur, l'évaluation de l'avancement du
plan d'action, la mise en place de l'équipe cadre de
délégation et la supervision régulière de ses
composantes.
@ Le niveau périphérique ou niveau d'application
des programmes d'activités, comprend les 49 districts sanitaires et leur
direction, les hôpitaux de district, 646 zones de responsabilité
et les centres de santé intégrés chargés des soins
de base de manière intégrée. Le niveau
périphérique constitue également l'interface entre les
services de santé et les communautés
bénéficiaires.
Les trois niveaux sont liés et s'articulent dans une
dynamique qui fonctionne du périphérique vers le central. A
chaque niveau du système de santé, un ensemble d'activités
concernant les maladies ainsi que des soins préventifs ont
été définis.
Au niveau du centre de santé, le Paquet Minimum
d'Activités (PMA) inclut :
1. Les activités de prévention dans des domaines
comme les consultations prénuptiales, les soins prénatals, les
soins post-partum pour la mère et l'enfant, le conseil et les services
en planification familiale, les activités de santé scolaire et de
surveillance épidémiologique.
2. Les activités curatives, incluant les consultations,
la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques, la
réhabilitation nutritionnelle, les soins curatifs, l'observation avant
l'hospitalisation, les accouchements normaux, les interventions chirurgicales
légères et les analyses de laboratoire.
3. Les activités de promotion, y compris les
activités d'Information, d'Education et de Communication (IEC) ainsi que
les activités de support psychosocial, les activités en
matière de nutrition, la participation communautaire, la gestion et le
financement des services de santé, ainsi que les questions
d'hygiène et de système sanitaire dans la zone de rayonnement du
centre de santé.
Au niveau de l'hôpital de district, le Paquet
Complémentaire d'Activités inclut les activités 2 et 3 du
Paquet Minimum d'Activités pour le niveau périphérique
mais il met l'accent sur le traitement des cas référés.
Les activités supplémentaires suivantes sont incluses dans le
PCA :
1. La prévention, y compris les consultations
préventives pour des cas référés et les
consultations prénatales pour les grossesses à risque ;
2. la planification familiale avec la disponibilité de
toutes les méthodes pour les cas référés y compris
la stérilisation ;
3. les soins curatifs, y compris la prise en charge des cas
référés pour les soins de niveau tertiaire, la prise des
accouchements compliqués, les urgences médicales et
chirurgicales, les interventions chirurgicales légères et
compliquées, les soins hospitaliers les analyses de laboratoire et
l'imagerie médicale ; et
4. la gestion incluant la formation du personnel
paramédical dans les écoles de district et la collaboration avec
le groupe de travail du district pour la formation continue et les
activités de supervision.
Enfin, au niveau de l'Hôpital Général de
Référence Nationale (HGRN), le Paquet Complémentaire
d'Activités fournit les services au stade le plus élevé.
L'hôpital de district transfère le patient dont l'état de
santé dépasse ses compétences vers l'hôpital de
préfecture. Si celui-ci se rend à l'évidence que son
plateau technique ne lui permet pas de prendre le patient en charge, il ordonne
son évacuation à l'Hôpital Général de
Référence Nationale (HGRN), dernier palier pour les cas
extrêmes. Mais dans les faits, le HGRN ne profite qu'aux habitants de
N'djaména et ses environs, les patients référés par
des hôpitaux de préfecture s'y rendent peu à cause
notamment des difficultés de transport (Tchad, 2005).
I.1.4b LE
SECTEUR PRIVE
Au Tchad, le secteur privé s'est
considérablement développé et continue de
s'accroître. Cela se traduit par la prolifération des
établissements privés dotés de capacités
d'hospitalisation voire de services très spécialisés comme
des services de gastro-entérologie, d'ophtalmologie et de
physiothérapie. Ces établissements disposent aussi de personnel
ayant une formation paramédicale.
I.1.4c LE
SECTEUR TRADITIONNEL
La médecine moderne au Tchad cohabite avec la
médecine traditionnelle. Les malades consultent aussi bien les
médecins modernes que les guérisseurs traditionnels,
dépendamment de la nature de la maladie. Ainsi, par exemple, pour les
maladies telles le paludisme, la tuberculose, le cataracte sont comme
couramment prises par la médecine moderne. Les maladies supposées
d'origine surnaturelle telles que les maladies mentales, l'épilepsie
sont l'affaire de la médecine traditionnelle. Parfois, c'est le faible
pouvoir d'achat amène à faire recourir à la
médecine traditionnelle pour se soigner. Des cas d'intoxication due
à l'ingestion des plantes médecinales sont par endroits
constatés (Tchad, 2005). C'est dans ce cadre que la Cellule d'Etude et
de Recherche en Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle
(CERPHAMET), organe rattaché à la faculté des sciences de
la santé de l'Université de N'djaména, a été
créée en 1994. Elle s'est fixée comme objectifs de :
@ promouvoir et réglementer la médecine
traditionnelle au Tchad ;
@ former les tradi-praticiens dans l'exercice de leur
métier ;
@ approfondir les recherches en vue de valoriser les plantes
médecinales pour les formulations correctes et acceptables.
Le nombre de guérisseurs assurant les soins est loin
d'être négligeable. A titre d'illustration, dans le Tchad rural,
la majorité de femmes accouchent à domicile, seules ou
assistées par une parente, voisine ou une accoucheuse traditionnelle.
Cela a conduit le Gouvernement à rechercher la collaboration avec les
accoucheuses dans le cadre du programme d'appui aux structures publiques et
communautaires de santé, financé par la Direction du
Développement et de la Coopération (DDC) dans 4 districts
sanitaires du pays. On attend des accoucheuses traditionnelles qu'elles
encouragent les femmes enceintes à se rendre aux consultations
prénatales, à se faire vacciner et à consulter des
services de planification familiale et également qu'elles apprennent aux
femmes à reconnaître les signes de danger pour lesquels il est
nécessaire d'être référé vers un
hôpital. En général, la formation systématique des
accoucheuses traditionnelles se heurte à la résistance passive
des professionnels de santé qui perçoivent cette stratégie
comme une régression (De Brouwère et Lerberghe, 1998).
I.1.5 LES PROBLEMES DE SANTE AU
TCHAD
Au Tchad, malgré les efforts du Gouvernement en
matière de politique de santé, des maladies endémiques
auxquelles viennent s'ajouter des épidémies ne cessent
décimer la population. Selon l'annuaire des statistiques sanitaires
2002, les problèmes de santé qui constituent les dix
premières causes de consultation restent le paludisme simple (21,1%),
les infections aigues des voies respiratoires inférieures (8,3%), la
diarrhée (6,6%), la dysenterie (2,8%), le paludisme grave (2,6%), la
conjonctivite (2,0%), l'urétrite purulente (1,7%), la toux de 15 jours
et plus (1,6%), le paludisme échec à la chloroquine (1,3%),
l'infection grave des voies respiratoires inférieures (1,2%). A
côté de ces maladies, figurent d'autres pathologies parmi
lesquelles on peut citer entre autres, l'avitaminose A, la cataracte, la
coqueluche, la dysenterie, la rougeole, les pertes vaginales, le
tétanos, le trachome et les complications pendant la grossesse,
l'accouchement et le post partum. La grossesse en elle-même, dans le
processus d'accompagnement médical, n'est pas une cause fréquente
de consultations mais seulement en cas de complication.
En 2002, 1 704 jeunes ont été atteints de
poliomyélite (Tchad, 2002). Au cours de la même période,
les centres de santé ont enregistré au total 10 166 nouveaux
cas d'ulcération génitale et 17 000 autres d'urétrite
purulente (inflammation de l'urètre due à la gonococcie, avec
écoulement de pus), deux pathologies qui affectent surtout la tranche
d'âge en activité sexuelle. D'un autre côté, des
foyers de trypanosomiase dont le vecteur, la mouche tsé-tsé,
s'acclimate très bien dans la zone méridionale du pays, sont
déclarés notamment à Bodo, Tapol, Goré-Ranga,
Timbéri-Békan et Moïssala. Les épidémies
telles que la méningite, le cholera et la rougeole se déclarent
périodiquement et entraînent des centaines de morts au sein de la
population. En 1996, par exemple, on a relevé 7 830 cas de
choléra dont 488 décès. Malheureusement, le pays ne
dispose pas de stratégie appropriée pour combattre ces
épidémies pour de diverses raisons : incapacité de
l'Etat à financer les coûts des interventions
adéquates ; insuffisance de personnel qualifié, etc.
Le Tchad fait face à une insuffisance qualitative et
quantitative des services de santé. Depuis les années 1960
à l'an 2000, la part du budget de l'Etat alloué à la
santé était faible, en moyenne 7%, bien en- deçà
des 10% recommandés par l'OMS. Cette situation s'est vue aggravée
par les décennies de conflits armés et l'instabilité
politique. Mais depuis l'an 2001 le budget de l'Etat alloué à la
santé satisfait largement les normes de l'OMS (Cf. tableau 1.1). Par
ailleurs, le nombre d'hôpitaux est passé de 153 en 1966 à
701 en 1996 (Tchad, 1997b) mais reste insuffisant par rapport au nombre
d'habitants. En l'an 2002, le Tchad comptait, au niveau national, 51 lits pour
100 000 habitants, 271 médecins pour 29 000 habitants,
1 160 infirmiers pour 6 761 habitants et 184 sages-femmes pour
42 621 habitants (Tchad, 2002). Cette insuffisance des ressources dans le
secteur de santé ne va pas sans incidences sur la qualité des
services prénatals et par conséquent sur la continuité des
soins. Traditionnellement, le niveau de financement du secteur de la
santé est faible. Les sources de financement les plus importantes
proviennent des allocations gouvernementales pour le ministère de la
santé et de l'assistance extérieure par le biais de contributions
ou d'accords avec des partenaires multilatéraux, bilatéraux ou
des partenaires non gouvernementaux du ministère de la santé. La
participation communautaire contribue également au financement des
services de santé dans le pays.
Tableau 1.1 : Evolution du budget
prévisionnel de la santé en milliers de francs CFA.
Année
|
Budget
Etat
en milliers de francs CFA
|
Budget
Santé
en milliers de francs CFA
|
% budget national alloué à la
santé
|
%
personnel
|
%
fonctionnement
|
1990
|
40 107 000
|
1 534 761
|
3,83
|
74,2%
|
25,8%
|
1991
|
40 925 878
|
2 180 211
|
5,33
|
71,4%
|
28,6%
|
1992
|
43 692 000
|
1 829 069
|
4,19
|
72,3%
|
27,7%
|
1993
|
41 214 301
|
2 415 147
|
5,86
|
74,8%
|
25,2%
|
1994
|
70 864 889
|
2 148 735
|
3,03
|
60,0%
|
40,0%
|
1995
|
61 652 000
|
2 678 394
|
4,34
|
65,0%
|
35,0%
|
1996
|
56 423 000
|
4 152 954
|
7,36
|
52,4%
|
47,6%
|
1997
|
75 288 000
|
3 957 783
|
5,26
|
51,9%
|
48,1%
|
1998
|
61 845 682
|
4 386 739
|
7,09
|
47,6%
|
52,4%
|
1999
|
69 499 255
|
3 495 996
|
5,03
|
64,1%
|
35,9%
|
2000
|
75 820 076
|
6 581 057
|
8,68
|
39%
|
61%
|
2001
|
81 701 000
|
9 408 537
|
11,52
|
|
|
2002
|
6 279 5000
|
10 596 338
|
16,87
|
|
|
Source : MSP : Annuaire des
statistiques sanitaires du Tchad, 2002.
En guise de synthèse...
Dans ce chapitre, nous avons montré que le Tchad est un
pays continental dépourvu des débouchés sur la mer. Son
économie est essentiellement dominée par les activités
agro-pastorales qui emploient près de 80% de la population active. Sur
le plan démographique, la population tchadienne se caractérise
par sa jeunesse : près de la moitié de la population a moins
de 15 ans. Les femmes en âge de procréer (15-49 ans)
représentent 22% de la population totale. Le taux de mortalité
maternelle est l'un des plus élevés au monde et en Afrique
subsaharienne. Sur le plan sanitaire, un effort considérable reste
à fournir. Le Tchad connaît une réelle insuffisance des
ressources dans le secteur de santé, autant en terme de quantité
qu'en terme de qualité de services de santé. Depuis les
années 1960 à nos jours, la couverture sanitaire demeure encore
embryonnaire. Cette situation pourrait affecter négativement
l'accès et la continuité des soins dans le pays.
CHAPITRE II : LE CADRE THEORIQUE
Ce chapitre comprend essentiellement deux principales
sections. Dans la première section, nous passons en revue les facteurs
liés à l'utilisation des services de santé maternelle. La
seconde section, nous élaborons un cadre conceptuel de notre
étude.
II.1. REVUE DE LA LITTERATURE
Les travaux réalisés sur les déterminants
de l'utilisation des services de santé tout court sont très
nombreux. A l'opposé, les études consacrées
essentiellement à l'utilisation des services de santé maternelle
demeurent encore fragmentaires et peu abondantes. En principe, la
littérature sur les déterminants de l'utilisation des services
des soins obstétricaux devrait avoir un intérêt
renouvelé compte tenu de la mortalité maternelle qui constitue la
pointe la plus extrême de l'inégalité existante entre les
femmes des pays industrialisés et celles des pays en
développement. Parmi les études portant sur les
déterminants de l'utilisation des services de santé maternelle,
aucune étude n'a abordé la problématique de la
discontinuité, ou de la continuité des soins obstétricaux
(Beninguisse et Nikièma, 2005) et particulièrement celle de la
déperdition des soins prénatals.
Dans le monde en développement où la
santé des femmes dépend en premier lieu de leur rôle
reproductif, la grossesse et l'accouchement sont encore trop souvent des
épreuves, parfois fatales. Les soins obstétricaux sont souvent
très discontinus malgré l'amélioration constatée
dans certaines régions en développement (OMS, 1999). Dans
l'ensemble de la région de l'Afrique subsaharienne où l'on
enregistre le taux de mortalité maternelle le plus fort du monde, peu de
progrès ont été accomplis en matière d'accès
aux soins de santé maternelle. En effet, les études montrent que
les femmes ne bénéficient pas systématiquement d'un suivi
durant leur grossesse ou d'une assistance au moment de l'accouchement. Dans la
faible proportion de femmes qui effectuent au moins une visite prénatale
dans un centre de santé maternelle, on observe une forte
déperdition entre les visites subséquentes. Les fondements de
cette déperdition qui constitue un handicap à la lutte contre la
mortalité maternelle3(*) et périnatale sont encore mal connus et peu
documentés. Cette piste de recherche a été jusqu'ici
ignorée des études antérieures se rapportant à
l'utilisation des services de santé maternelle.
Dans le cadre de la santé maternelle, il se
dégage deux grands courants de littérature : la
littérature anthropologique et la littérature
socio-démographique et socio-médicale.
D'après Beninguisse (2001), la littérature
anthropologique se fonde sur l'approche purement culturelle. Elle essaie de
mettre en relation la fréquentation des services de santé avec
les institutions sociales, et permet ainsi d'appréhender ou de saisir
les comportements des femmes vis-à-vis du système de soins
pendant les différents événements relatifs à la
maternité. Toutefois, l'intérêt concédé aux
études ethnologiques et anthropologiques est souvent limité par
l'importance de la description du contexte traditionnel et culturel de la
grossesse et de l'accouchement. D'autre part, il serait erroné de
considérer la faible utilisation des services obstétricaux comme
la seule résultante des pratiques, des représentations et
préférences traditionnelles. Il convient aussi de tenir compte
des facteurs socio-économiques et démographiques.
Au départ, les études démographiques et
biomédicales se confinaient à une approche qui accordait une
importance capitale à la santé de l'enfant au détriment de
celle de la mère. La santé maternelle n'a
bénéficié que d'une attention relativement limitée.
Cette situation déplorable a incité certains auteurs à
s'interroger sur la place de la mère dans la « santé
maternelle et infantile ». Dès lors, la santé
maternelle attire de plus en plus l'attention particulière de la
communauté scientifique. L'approche biomédicale met en avant les
aspects liés à l'offre de soins de santé. Elle explique la
faible fréquentation des services obstétricaux, surtout dans les
pays en émergence par le manque ou l'insuffisance quantitative et
qualitative des services de soins de santé, leur faible
accessibilité financière (coûts prohibitifs de consultation
et traitement) et géographique (éloignement des services). En
effet, la rationalité qui sous-tend cette approche est que
« l'offre crée sa propre demande ». Autrement dit,
l'utilisation des services de santé maternelle dépend d'abord de
l'existence de ceux-ci ; ce qui semble ne pas refléter les
réalités sur le terrain. Suffit-il seulement d'avoir des services
obstétricaux pour que l'on ait une très forte
fréquentation de ceux-ci ? Ce serait très loin d'être
un remède miracle à partir du moment où beaucoup de
travaux indiquent qu'en Afrique, la demande des services obstétricaux
reste largement influencée par le contexte social.
Enfin, l'approche démographique, quant à elle,
met en relation l'utilisation des services de santé maternelle avec les
caractéristiques socio-démographiques telles que l'âge, la
parité atteinte, l'éducation, le niveau de vie,
l'affiliation religieuse, la taille et la structure du ménage. Les
études démographiques ont l'avantage de mettre en relief les
principaux obstacles en matière recours aux soins pendant la grossesse,
l'accouchement et le post partum. Ces études
démographiques reposent essentiellement sur la demande et
présentent parfois des insuffisances liées à la non prise
en compte des facteurs liés à l'offre. De ce fait,
l'intégration des facteurs associés à l'offre
améliorerait notre compréhension.
A travers cette synthèse, l'on se rend compte que le
recours aux soins pendant la grossesse dépend des
caractéristiques socio-culturelles, socio-démographiques et
économiques de la femme et contexte institutionnel. En étudiant
les déterminants de l'utilisation des services de santé
maternelle et infantile à Bamako au Mali, Zoungrana (1993) distingue
deux types de facteurs : ceux affectant l'offre de soins d'une part et
d'autre part, ceux affectant la demande de soins. Ces derniers sont
subdivisés en catégories : les facteurs dits simples
(éducation, statut socio-économique du ménage, âge
et parité de la femme, etc.) et les facteurs de
susceptibilité définis comme ceux pouvant rendre les individus
plus sensibles à l'utilisation des services de santé, tels par
exemple l'état de santé (maladie, fragilité innée)
ou l'expérience antérieure avec les services. Fournier et Haddad
(1995) s'inspirant des travaux de Kroëger (1983) proposent de regrouper en
trois grands groupes, les facteurs associés à l'utilisation des
services de santé en pays en développement. Dans le premier
groupe de facteurs, l'on retrouve les caractéristiques individuelles
prenant en compte les caractéristiques socio-démographiques
telles que l'âge, le sexe ; les caractéristiques du
ménage telles que la taille du ménage, son caractère
nucléaire ou étendu, le nombre d'enfants, les attributs du chef
de ménage et d'autres composantes, l'ethnie et la religion, le milieu de
socialisation, l'occupation, etc. Le second groupe se rapporte aux
caractéristiques liées à la maladie et ses perceptions
comprenant la nature du problème de santé, etc. Le dernier groupe
renferme les caractéristiques des services et les perceptions englobant
la qualité, les coûts d'utilisation et l'accessibilité
géographique.
En clair, nous pouvons déduire que l'utilisation par
les femmes des services de soins prénatals est en général
régie par deux grands types de facteurs :
@ Les facteurs prédisposants ou les facteurs
liés à la demande
(« predisposing
factors »). Les facteurs prédisposants
regroupent entre autres, les caractéristiques
socio-démographiques de la femme (âge, parité atteinte,
situation matrimoniale, etc.), les caractéristiques du ménage
dans lequel vit la femme, et le niveau d'instruction.
@ Les facteurs facilitants ou les facteurs liés
à l'offre (« enabling
factors »). Les facteurs facilitants
renvoient à la disponibilité, à l'accessibilité aux
services de santé et à la qualité des soins
obstétricaux.
II.1.1 LES FACTEURS LIES À LA DEMANDE
II.1.1.1
L'AGE
L'âge est l'une des variables clés dans l'analyse
des déterminants de l'utilisation des services de santé
maternelle et infantile. Dans la plupart des cas, on observe une
corrélation entre l'âge de la femme et le recours aux soins
prénatals. De Sousa (1995), en étudiant la maternité chez
les Bijago de Guinée-Bissau, constate une différence de
comportement sanitaire entre les jeunes et les vieilles
générations : 50% de femmes de moins de 35 ans ont
bénéficié d'une assistance médicale pendant la
grossesse et l'accouchement contre seulement 20% pour les femmes plus
âgées. Selon, Saladiakanda F. (1999), les femmes jeunes sont plus
susceptibles de recourir aux soins pendant la grossesse, l'accouchement et le
post partum que les femmes âgées, ceci en raison de
faible poids des valeurs traditionnelles plus pesantes sur ces
dernières. La relation tend à prendre la forme d'un
« U » dans les travaux de Beninguisse
(2001), Le Grand et Mbacké (1993), Zoungrana (1993), etc. Selon
Beninguisse (2001), partout où les inégalités sont
importantes, à la maternité tardive (plus de 34 ans) et surtout
précoce (moins de 20 ans), est associée une propension plus
faible à recourir aux services obstétricaux et à respecter
les règles de prévention. Le Grand et Mbacké (cités
par Zoungrana, 1993) ont trouvé une relation en forme d'un
« U » inversé respectivement dans
le Maine (USA) et à Bamako (Mali). Pour Zoungrana (1993), les jeunes
(moins de 20 ans) et celles plus âgées (plus de 35 ans), ont
tendance à recevoir des soins prénataux inadéquats. Ces
résultats consolident le constat de Fatoumata (1990) qui a pu observer
des taux élevés des complications obstétricales chez les
jeunes femmes (moins de 20 ans) et celles plus âgées (plus de 35
ans) au Mali.
Cependant, l'effet de l'âge sur l'utilisation des
services des soins prénatals n'est pas toujours très
évident car cette variable a tendance à interagir avec d'autres
caractéristiques comme le revenu, le statut de la femme dans le
ménage, etc. En s'intéressant à la discontinuité
des soins obstétricaux au Bénin, Tollegbé (2004) a
observé que l'âge de la mère à l'accouchement n'est
pas significativement associé à la qualité du
recours4(*) aux
consultations prénatales et conclut que cela pourrait résulter de
mauvaise déclaration de l'âge des mères à
l'accouchement. Pour Sala-diakanda F. (1999), l'absence de corrélation
significative constatée entre la variable âge (groupe d'âge)
et la précocité de la première consultation
prénatale pourrait s'expliquer par le lien étroit que cette
variable entretient avec l'instruction et l'occupation notamment.
Fort de ce qui précède, on s'attend donc
à ce que la déperdition des soins prénatals augmente avec
l'âge de la femme.
II.1.1.2
LA PARITE ATTEINTE
L'âge et la parité de la femme sont des
prédicteurs significatifs de l'utilisation des services de santé
(Zoungrana, 1993). Ainsi, la parité peut influencer le recours aux soins
prénatals. Plusieurs études démontrent que les femmes qui
ont peu ou pas encore d'enfants sont sujettes à recourir aux soins
prénatals. Sala-diakanda F. (1999) a observé qu'à Bafia au
Cameroun, les femmes qui sont à leur première grossesse recourent
le plus tôt aux soins ; elles représentent 72% de l'ensemble
de femmes qui ont effectué la première visite au plus tard
à 3 mois de grossesse contre 61% pour celles ayant un enfant et 55% pour
celles ayant 2 enfants ou plus. Masuy-Stroobant (cité par Beninguisse,
2001) estime que la détérioration de la qualité de la
surveillance prénatale de la grossesse est particulièrement
évidente chez les multipares.
Comme l'association entre l'âge et la parité est
étroite, l'on peut s'attendre à ce que la déperdition des
soins prénatals augmente avec la parité atteinte.
II.1.1.3
LE NIVEAU D'INSTRUCTION
Le niveau d'instruction joue un rôle fondamental dans
l'explication des comportements des hommes dans la société.
Kroëger (1983) estime que l'éducation (la scolarisation) est l'un
des principaux moyens d'exposition à la culture occidentale. Selon
Fournier et Haddad (1995), à mesure que les populations sont
scolarisées, l'on peut s'attendre d'une part à un renforcement de
l'utilisation des soins de santé modernes, d'autre part à une
réduction de l'utilisation des médecines traditionnelles. Dans la
plupart des études, le niveau d'instruction a retenu l'attention
particulière de nombreux chercheurs. Ceux-ci sont parvenus à une
conclusion semblable selon laquelle l'utilisation des services des soins
obstétricaux augmente avec le niveau d'instruction de la femme. Ainsi,
le manque d'instruction de la femme ne pourrait constituer un obstacle à
la prise en charge de la grossesse et à la continuité des soins
prénatals. Au Mali, Zoungrana (1993) a remarqué que les femmes
qui n'ont pas fréquenté l'école ont tendance à
avoir un suivi prénatal de qualité médiocre tandis que
chez celles qui sont instruites, la qualité du suivi augmente avec la
durée de la scolarisation. A Bafia, Sala-diakanda (1999) a pu observer
que plus le niveau d'instruction augmente, plus les femmes ont tendance
à consulter un personnel médical relativement tôt pendant
la grossesse et les femmes du secondaire ou plus représentent 66% de
l'ensemble de femmes ayant effectué leur première visite
prénatale au plus tard à 3 mois de grossesse contre 49% de femmes
de niveau primaire et 39% de femmes sans niveau. Ces résultats
similaires ont été trouvés au Tchad lors de l'analyse de
l'enquête par grappes à indicateurs multiples où les femmes
ayant reçu une éducation secondaire ou plus sont relativement
plus nombreuses (85%) à se vacciner contre le tétanos que celles
qui n'ont reçu aucune instruction (31%) ou qui ont fait des
études primaires (63%).
Toutes choses étant égales par ailleurs, on
s'attend donc à ce que la déperdition des soins prénatals
diminue au fur et à mesure que le niveau d'instruction de la femme
augmente.
I.1.1.4
LE STATUT MATRIMONIAL
Des études mettent en vedette la relation entre
l'état matrimonial et le recours aux soins prénatals. Il ressort
clairement de l'étude de Le Grand et Mbacké (1993) que les femmes
non mariées, en particulier, les adolescentes qui vraisemblablement
fréquentaient encore l'école au moment de la grossesse, ont
tendance à avoir un suivi prénatal moins fréquent
comparativement aux autres femmes. Zoungrana (1993) étaye cela en
observant que les femmes qui ne sont pas mariées semblent plus
désavantagées que les autres femmes. En revanche, dans le cas
tchadien, Assemal (2003) a remarqué que comparativement aux femmes en
union, les femmes « libres » avaient 2,2 fois plus de
chances de recourir aux soins prénatals.
Dans le contexte tchadien, on s'attend à ce que la
déperdition des soins prénatals soit plus importante chez les
femmes en union que chez les femmes « libres ».
II.1.1.5
LE NIVEAU DE VIE DU MENAGE
Le niveau de vie du ménage influence positivement la
prise en charge médicale de la grossesse. Des études
menées dans différents contextes montrent que les couches
sociales plus aisées sont les principales bénéficiaires
des services des soins obstétricaux : au Pakistan, au Cameroun, au
Bénin, etc. Le rapport de l'UNICEF (2004) indique qu'au Pakistan,
seulement 7% de femmes de ménages pauvres reçoivent des soins
prénatals, contre 70% de femmes issues de ménages riches. Au
Cameroun, Beninguisse (2001) constate que le recours à la prise en
charge médicale de la grossesse et la compliance aux recommandations
augmentent significativement avec l'élévation du niveau de vie du
ménage. Dans le cas béninois, Tollegbé (2004) constate que
la discontinuité des soins obstétricaux chez les femmes de faible
niveau de vie (31%) est près de 4 fois plus élevée que les
femmes de niveau de vie élevé.
On remarque que la pauvreté des ménages est
évoquée pour expliquer la fréquentation des services de
santé en général (Akoto et al., 2002 ; Tabutin,
1999 ; Fournier et Haddad, 1995, etc.) et ceux de santé maternelle
en particulier (Zoungrana, 1993 ; Beninguisse, 2001, etc.). La
pauvreté des ménages accentue ainsi les risques encourus par la
femme au cours de sa grossesse ou pendant son accouchement. Plus le niveau de
vie du ménage est faible, moins souvent la femme a recours aux soins
prénatals. C'est dans ce sens que Beninguisse (2001) souligne que les
groupes sociaux les plus défavorisés ne pouvant y accéder,
n'ont souvent d'autre choix que de se soumettre à la consultation
divinatoire dont le coût des prestations n'est souvent que symbolique.
Fort de ce constat, on s'attend à ce que la
déperdition des soins prénatals diminue avec le niveau de vie.
II.1.1.6
L'ETHNIE
L'ethnie joue un rôle majeur dans les différences
de comportements humains. L'appartenance de la femme à un groupe
ethnique quelconque est susceptible d'influencer sur ses décisions en
matière de santé. La variable ethnie agit plus à travers
les croyances, les perceptions, les attitudes, les valeurs relatives au
modèle culturel de référence (Mudubu, 1996). Dans les
régions rurales du Myanmar (ex-Birmanie), des recherches qualitatives
ont révélé que certaines coutumes étaient
parfaitement saines, alors que d'autres présentent des risques pour la
santé des femmes (CRDI, 1995). Pour eux, les pratiques culturelles
saines pendant la grossesse, comme le fait de ne pas porter de lourdes charges,
de manger beaucoup de fruits et de légumes et de ne pas se priver des
aliments tels que les oeufs, les silures, doivent être encouragées
par les pourvoyeurs de soins. D'autres croyances, comme l'idée que
l'oedème est un phénomène normal et que les soins
prénatals sont inutiles si une mère est en bonne santé
peuvent être dangereuses pour les femmes enceintes et ne doivent pas
être entretenues.
Certaines ethnies véhiculent les mythes, les croyances,
les normes et les valeurs susceptibles d'influencer les comportements des
gestantes à ne pas recourir aux soins pendant la grossesse. A El Faour
en Tunisie, Clauss (1966) révèle que :
« La maternité, plus que n'importe quel
autre moment de la vie des femmes, fait l'objet de beaucoup de rites et de
croyances qui entravent le travail des médecins. Ainsi, mis à
part les proches parents, la femme enceinte ne révélera son
secret qu'à ses meilleurs amis (...). Les étrangers ne
remarqueront la chose qu'à la modification de son aspect. Et de plus,
les femmes ne se déplacent pas facilement vers les hôpitaux
pendant les trois premiers mois ; on veillera à ce qu'elle ne soit
pas effrayée à la vue de personnes handicapées de peur que
les malformations observées ne soient transmises à
l'enfant ».
Une telle croyance constitue inévitablement un obstacle
au recours aux soins pendant la grossesse alors que si une gestante est suivie
dès le début de sa grossesse, les infections peuvent être
diagnostiquées et traitées rapidement, et il est plus facile
d'éviter au nouveau-né un certain nombre de problèmes
comme l'insuffisance pondérale à la naissance. D'autres exemples
de même nature sont légions. Une étude menée en
Bolivie par le CRDI (1995) a examiné la réticence des femmes
indigènes à utiliser les services officiels de type occidental du
fait que certains aspects étaient contraires à leurs croyances et
à leurs pratiques culturelles.
« Les femmes de Chapare, en Bolivie, utilisaient
rarement les services de santé de type occidental parce que les
procédures étaient en contradiction avec leurs croyances
culturelles sur ce qui constituait des pratiques désirables. Dans
certains cas, le régime traditionnel et le système d'inspiration
occidentale se complétaient. Parfois, ils étaient très
différents et en opposition, d'où la sous-utilisation des
services ».
Chez les Bijago de Guinée-Bissau, « la
première fois qu'une femme tombe enceinte, elle se confie d'abord
à sa propre mère, qui doit assurer le bon déroulement de
sa grossesse (...). Au cours de la grossesse, il y aura des interdits et des
règles à respecter. Il faut éviter certains lieux
habités par des esprits malfaisants et jaloux de leur grossesse. La
femme enceinte ne doit pas s'approcher du bord de la mer, par crainte des
hippopotames5(*) qui sont
réputés les attaquer particulièrement, ainsi que dans tous
les autres endroits considérés comme dangereux car
fréquentés par les sorciers. Elle ne s'aventurera pas en brousse
ou dehors des sentiers abattus, ni ne s'exposera seule dans l'obscurité
de la nuit » (De Sousa, 1995). En outre, chez les Bijago, la
majorité des femmes enceintes continuent de travailler au même
rythme jusqu'à l'accouchement et reprennent leurs activités une
semaine après la délivrance ; la moitié des femmes
considèrent les complications comme la rançon habituelle de la
grossesse (ibid.). Au Tchad, Goïdi et Dia (2004), dans une étude
portant sur deux régions rurales, ont constaté
qu' « en général, une grossesse est
cachée le plus longtemps possible pour éviter d'attirer le
''mauvais oeil '' ou la ''mauvaise langue '' qui constitue un danger
pour une grossesse. Une personne qui s'approche d'une femme enceinte est
suspectée d'attirer le malheur ».
II.1.1.7
LA RELIGION
Définie comme étant « un
système institutionnalisé de croyances, de symboles, de valeurs
et de pratiques relatives » à la divinité (Akoto,
1993), la religion a une influence sur le mode de vie de ses adeptes. La
religion, comme l'ethnie, joue un rôle capital dans les
différences que l'on observe en matière de recours aux soins
pendant la grossesse ou l'accouchement. La littérature évoque
souvent une opposition entre les chrétiens et les musulmans et/ou les
animistes. Pour la plupart des auteurs, la religion chrétienne
apparaît comme un facteur de changement et d'adaptation ; les
chrétiens sont plus enclins à utiliser les soins de santé
modernes. A l'opposé, la religion musulmane, un peu conservatrice, a
tendance à favoriser le recours à la médecine
traditionnelle (Akoto et al., 2002 ; Fournier et Haddad, 1995). Au
Bangladesh, les notions de pureté et de honte sont importantes pour
déterminer le statut d'une femme que les patientes musulmanes ne peuvent
pas parler directement à leur médecin, c'est le mari ou le
père qui explique le problème de santé au médecin
au nom de la femme (CRDI, 1995).
Fort de ce qui précède, on s'attend à ce
que les musulmanes et les femmes sans religion soient plus enclines à la
déperdition des soins prénatals par rapport aux
chrétiennes au Tchad.
II.1.1.8
LE MILIEU DE RESIDENCE
Le milieu de résidence influence également
l'utilisation des services des soins obstétricaux. Plusieurs
études réalisées dans les pays en développement
tiennent compte du milieu de résidence comme facteur explicatif de la
variation différentielle dans le recours des femmes aux soins pendant la
grossesse et l'accouchement. L'intérêt que l'on accorde à
cette variable découle des inégalités observées
entre le milieu urbain et le milieu rural. En général, on observe
une forte concentration des infrastructures socio-sanitaires en milieu urbain
au détriment du milieu rural. Ainsi, Rakotondrabe (1996) estime que
grâce à ces infrastructures sanitaires, il est plus facile de
mettre en oeuvre des mesures de santé publique dans les villes que dans
les campagnes (contrôle des épidémies, programme
élargi de vaccination, programme de protection maternelle et infantile).
Au vu de cette situation inégalitaire, il n'est donc pas surprenant
d'observer dans la plupart des travaux, des différences significatives
entre les villes et les campagnes concernant la prise en charge médicale
de la grossesse. Au Cameroun, Beninguisse (2001) a constaté que moins de
70% de femmes y recouraient aux soins pendant la grossesse en milieu rural
contre 92% de femmes en milieu urbain. Dans le contexte béninois,
Tollegbé (2004) a constaté que parmi les femmes ayant
effectué au moins une consultation, environ 36% de femmes
résidant en milieu rural ont effectué moins de quatre CPN contre
21% environ pour les femmes résidant en milieu urbain. Au Tchad, Assemal
(2003) a remarqué que la tendance est à une meilleure prise en
charge médicale de la grossesse chez les femmes de la ville.
A la lumière de ce qui précède, on
s'attend à ce que les femmes résidant en milieu rural aient une
déperdition plus importante des soins prénatals que celles
résidant en milieu urbain au Tchad.
II.1.1.9
LE MILIEU DE SOCIALISATION
Le milieu de socialisation6(*) pendant l'enfance joue un rôle non
négligeable en matière de choix thérapeutique. En
psychologie sociale, la socialisation désigne le processus par lequel
les individus apprennent les modes d'agir et de penser de leur environnement,
les intériorisent en les intégrant à leur
personnalité et deviennent membres de groupes où ils
acquièrent un statut spécifique (Ferréol et al., 2003). En
tant qu'élément de modernité culturelle qui modèle
les manières d'agir, de penser et de sentir des hommes, le milieu de
socialisation de la femme pendant l'enfance est à même
d'influencer positivement ou négativement le recours aux soins
prénatals. Selon Sala-diakanda F. (1999), plus on est socialisé
en milieu urbain, plus on adopte des comportements favorables à un
recours de qualité aux soins pendant la grossesse et, ce par
l'intermédiaire du personnel médical que l'on consulte.
On s'attend à ce que les femmes socialisées en
milieu rural observent une forte déperdition des soins prénatals
par rapport à celles socialisées en milieu urbain.
II.1.1.10
L'OPPORTUNITE DE LA GROSSESSE
D'après Beninguisse (2001), l'opportunité de la
grossesse prédispose psychologiquement à la fréquentation
des services prénatals. Les résultats de ses études
montrent qu'en 1998, les femmes ayant des grossesses opportunes ont 30 fois et
10 fois plus de chances de recourir aux services obstétricaux que celles
ayant des grossesses inopportunes respectivement en milieu urbain et en milieu
rural.
Au vu de ce qui précède, on peut s'attendre
à ce que la propension à la déperdition soit plus
importante chez les femmes dont la grossesse a été inopportune
que chez celles dont la grossesse a été opportune.
En fait, il ne suffit pas seulement de se contenter des
facteurs prédisposants susmentionnés pour cerner le
problème lié à la fréquentation des services des
soins prénatals. Procéder de la sorte, c'est traiter les choses
de façon parcellaire. D'où l'intérêt d'explorer les
facteurs facilitants pour mieux cerner le phénomène.
II.1.2 LES FACTEURS LIES
À L'OFFRE
Parmi les facteurs facilitants, nous pouvons citer, entre
autres, la disponibilité, l'accessibilité, le coût et la
qualité de services.
II.1.2.1
LA DISPONIBILITE
La disponibilité des infrastructures socio-sanitaires
explique en partie le recours aux soins de santé. Pour qu'une gestante
ait recours aux soins prénatals, il faudrait que les structures
sanitaires soient disponibles. Or, dans de nombreux de pays en
développement, on note une insuffisance des établissements
sanitaires à l'échelle nationale. Cette situation constitue
vraisemblablement une barrière à « la santé pour
tous ». Par ailleurs, la forte concentration des infrastructures
socio-sanitaires dans les villes est un autre problème. Les campagnes
sont très souvent des
« laissées-pour-compte ». L'inégale
concentration des services de santé entre les villes et les campagnes
explique en partie les inégalités d'accès aux soins entre
ces deux milieux.
Au Tchad, l'action du Gouvernement dans le domaine de la
santé est relayée par les organisations non gouvernementales. En
dépit des efforts consentis, la demande en services et soins de
santé ne cesse d'augmenter en particulier en raison de la poussée
démographique et de l'explosion urbaine (Tchad, 1994).
II.1.2.2
L'ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE
D'une manière générale, diverses
études considèrent l'accessibilité géographique
comme un facteur limitant majeur de l'utilisation des services
obstétricaux. Une étude réalisée par le CRDI entre
1994 et 1995 a révélé que l'éloignement du centre
de santé avait une forte influence sur la fréquence des CPN au
deuxième et au troisième trimestre de la grossesse.
« Les femmes sont frustrées et découragées
lorsqu'elles parcourent de longues distances à pieds pour se rendre au
centre de santé et se font dire que le travailleur de la santé
n'est pas là, qu'une seule personne est disponible, qu'elle doit
s'occuper de beaucoup de gens et qu'elle ne peut donc pas prêter
l'attention nécessaire ni offrir un service personnalisé à
chacun des clients » (CRDI, 1995). A Bamako, Zoungrana (1993) a
pu constaté que la bonne santé (35%) et la distance entre le
domicile et les services de santé (19%) sont les principales raisons
avancées par les 28% de femmes qui n'ont effectué aucune visite
prénatale. Selon Goïdi et Dia (2004), dans le Tchad rural, les
distances pour atteindre un centre de santé sont grandes (jusqu'à
30 km et plus), en plus les routes sont mauvaises, le personnel des centres de
santé est peu qualifié et masculin le plus souvent.
Cependant, l'éloignement géographique des
services de santé n'est pas toujours un obstacle à l'utilisation
en particulier en milieu urbain. C'est dans cette logique que Beninguisse
(2001) a affirmé que l'augmentation de la distance n'est donc pas
forcement un handicap au recours aux soins prénatals. Beninguisse (2001)
a constaté qu'en milieu urbain camerounais, le recours et respect des
règles de prévention en vigueur sont meilleurs au-delà de
14 km, ce qui était loin d'être le cas en milieu rural.
D'après l'auteur, les femmes qui habitent ce rayon (plus de 14 km) sont
issues de quartiers résidentiels en périphérie de la ville
et sont majoritairement issues des ménages économiquement
aisés qui sont matériellement capables de faire face à
l'éloignement géographique.
Fort de ce qui précède, on peut s'attendre
à ce que la déperdition des soins prénatals augmente avec
l'éloignement géographique des services de santé.
II.1.2.3
LES COUTS
Les coûts relatifs à l'utilisation des services
et au transport sont susceptibles de constituer un facteur limitant à
l'accès aux soins de santé (Zoungrana, 1993 ; CRDI, 1995;
Fournier et Haddad, 1995, etc.). Pour Fournier et Haddad (1995), dans le
processus de soins, les populations font face à des coûts de
diverses natures, monétaires ou non monétaires, directs ou
indirects même quand les services publics sont gratuits. Les utilisateurs
doivent supporter des coûts directs (achets des médicaments en
rupture de stock ou pour les dessous-de-table au personnel, etc.) et des
coûts indirects (les coûts de transport, les coûts d'attente,
les pertes de temps et de revenu, etc.). En effet, le manque d'accès aux
ressources nécessaires pour couvrir les coûts du transport, de
services et du traitement est un autre obstacle à l'accès aux
soins de santé maternelle (CRDI, 1995). « Les femmes qui
dépendent économiquement de leur époux ou de leur famille
doivent compter sur les membres masculins de la famille pour payer les frais
associés aux services de santé. Ce sont
généralement les hommes qui ont le dernier mot quand il s'agit de
décider si on peut dépenser l'argent nécessaire pour qu'un
membre de la famille se rende dans un centre de santé »
(ibid.).
« Parmi le peuple Mijikenda du Kenya, les
femmes sont perçues comme la propriété des hommes parce
que les hommes paient une dot pour se marier. Les maladies de quelque nature
qu'elles soient, sont perçues comme une question de vie ou de mort, et
de telles questions ne peuvent être laissées entre les mains des
femmes. Quelqu'un d'autre que la mère doit participer au recours
à l'aide médicale. Les mères avaient aussi besoin d'aide
financière pour payer soit le traitement soit le transport, et
très peu ont de l'argent en liquide » (Mwenesi, 1995).
Lors d'une enquête qualitative, une femme tchadienne
déclarait : « chaque fois, il faut payer 100
francs par ci 100 francs par là .Si on multiplie ces 100 francs par le
nombre de fois qu'on va à l'hôpital, on ne peut pas trouver les
sommes nécessaires » (Wyss et Nandjingar, 1995). Nous
voyons tout de suite que le coût direct des prestations sanitaires
paraît comme un important facteur d'abstention ou de déperdition
thérapeutique. Dans un contexte de pauvreté, la femme enceinte
aura tendance à limiter le nombre de visites afin de faire face à
d'autres besoins de la vie quotidienne.
Certes, le manque de moyens ne se situe pas uniquement au
niveau des individus mais aussi de l'Etat. L'Etat a instauré un
système de tarification des soins de santé depuis la mise en
place de « l'initiative de Bamako »7(*) pour permettre l'autogestion des
formations sanitaires. L'application de cette initiative a contribué
à marginaliser les couches démunies, car il n'existe plus de
gratuité de soins et de médicaments. Tout s'achète, tout
se vend. C'est ainsi que Tizio et Florie ont intitulé un
article : « santé pour tous ou maladie pour
chacun ? Sans argent, on ne peut plus se soigner »
(Tounsida, 2001).
Ainsi, on peut s'attendre à ce que la
déperdition des soins prénatals augmente avec le coût des
prestations sanitaires.
II.1.2
LA QUALITE DES SERVICES
Plusieurs recherches qualitatives reconnaissent clairement que
la qualité des services joue un rôle essentiel dans des
décisions de femmes de revenir ou ne pas suivre les visites
prénatales. La qualité signifie « offrir toute une
gamme de services sûrs et efficaces qui répondent aux attentes et
préférences des clientes » (Kols et Sherman,
cités par Beninguisse et al., 2004). Ainsi définie, la
qualité intègre non seulement la perspective des prestataires,
c'est-à-dire la prestation des soins sûrs efficaces ainsi que les
ressources et l'organisation qui la détermine, mais aussi dans la
perspective des clients, à savoir des soins qui répondent aux
besoins et préoccupations (Beninguisse et al., 2004). Selon
Sala-diakanda F. (1999), « la qualité des services
offerts et l'accueil influent sur la qualité du recours aux
soins8(*), en stimulant les
patientes à revenir dans les formations sanitaires ou non, à
travers les relations interpersonnelles et le comportement du personnel de
santé, la rapidité et l'efficacité dans le traitement, les
caractéristiques organisationnelles des services de santé,
notamment la durée du temps d'attente et la propreté des
locaux ». Dans une étude réalisée au Nigeria,
où l'on a demandé à des personnes de définir la
qualité, les réponses les plus fréquentes ont
concerné la compétence et la courtoisie des professionnels,
l'attention accordée aux patients et la continuité de la
distribution des médicaments (Egunjobi, 1983). Fournier et Haddad (1995)
ont pu remarquer qu'en général, les hôpitaux confessionnels
sont de plus en plus sollicités en raison de leur meilleure
qualité de services par rapport aux hôpitaux publics. En
conséquence la mauvaise qualité des services est susceptible de
provoquer la déperdition en matière de recours aux soins
prénatals. Bon nombre de femmes ont eu de mauvaises expériences
avec les services de soins et hésitent à y retourner, même
si cela doit compromettre leur santé. Tel est le cas observé dans
une étude qualitative menée par le CRDI (1994-1995) dont les
déclarations suivantes à propos de la mauvaise qualité de
services ont retenu notre attention. Une femme a
déclaré : « ils m'ont tellement
maltraitée que je n'ai rien dit, je suis revenue à la maison et
je n'y suis jamais retournée » ; «les
étudiants étaient là, ils m'ont déshabillée,
ils m'ont tous touchée. J'ai peur d'y retourner ».
Il arrive aussi que les femmes refusent de se présenter
à l'examen de suivi parce que le médecin « les examine
et met son doigt dans leur vagin » (Bonino, 1994). Mawajeh et al.
(1995) ont souligné qu'un grand nombre de femmes qui avaient
participé à leur étude sur la qualité des soins
prénatals à Irbid, en Jordanie, étaient irritées
par le manque d'isolement visuel et auditif. Selon une étude
conjointement menée par le FNUAP et l'OMS en 1995, une femme a
avoué que: « tous les gens qui se trouvaient
dans la pièce pouvaient entendre les conversations derrière
l'écran ainsi que les conseils sur le soin des seins et des mamelons et
l'hygiène personnelle, et les réponses aux questions concernant
les écoulements vaginaux et l'activité sexuelle ».
Par ailleurs, les femmes se plaignent souvent qu'on ne leur donne pas
suffisamment d'informations. Par exemple, les femmes d'une région rurale
de la Bolivie ont déclaré qu'elles n'étaient pas
satisfaites parce que le médecin les avait
« tripotées » et qu'il « les avait
examinées de la tête aux pieds » sans leur donner aucune
explication (CRDI, 1995).
Il est généralement reconnu que les femmes
accordent du prix à la qualité de services. De par les
différentes déclarations des femmes, l'on ressent explicitement
que la qualité de services implique à la fois plusieurs
composantes. Parmi les principales composantes d'une meilleure qualité
figurent la compétence technique, le traitement rapide et
adéquat, le respect du patient, la discrétion et le tact,
l'explication ou l'information sur certaines pratiques.
Fort de ce constat, on peut s'attendre à ce que la
déperdition des soins prénatals soit plus élevée
lorsque la qualité des services est déficiente.
II.2 LE CADRE CONCEPTUEL
Le cadre conceptuel est un ensemble cohérent de
propositions qui mettent en relation des concepts. Notre cadre conceptuel
s'inspire de celui de Zoungrana (1993). Il résume les divers facteurs
qui déterminent l'utilisation des services de santé maternelle.
II.2.1 SCHEMA CONCEPTUEL
Contexte de résidence
Environnement culturel
Caractéristiques du ménage
Caractéristiques individuelles
de la femme
Accessibilité géographique,
qualité
des services prénatals
Recours aux soins
prénatals
Déperdition des soins prénatals
O
F
F
R
E
D
E
M
A
N
DE
II.2.2
DESCRIPTION DU SCHEMA CONCEPTUEL
Il se dégage de notre schéma conceptuel trois
grandes étapes :
@ A la première étape, figurent les facteurs
liés à la demande ou les facteurs prédisposants regroupant
l'environnement culturel, les caractéristiques du ménage dans
lequel se trouve la femme ainsi que les caractéristiques individuelles
de la femme. L'environnement culturel détermine à la fois les
caractéristiques individuelles de la femme et celles du ménage.
D'un autre côté, l'on remarque que les caractéristiques du
ménage et les caractéristiques individuelles de la femme
s'influencent réciproquement et agissent directement sur la
déperdition des soins prénatals ou indirectement à travers
le recours aux soins prénatals.
@ A la deuxième étape, se situent les facteurs
liés à l'offre ou les facteurs facilitants englobant
l'accessibilité géographique et la qualité des services
prénatals. Ces facteurs de l'offre influencent directement le recours
aux soins prénatals et la déperdition des soins
prénatals.
@ A la troisième étape, nous retrouvons le
recours aux soins prénatals qui se traduit par une continuité ou
par une déperdition des soins prénatals.
Le déroulement de toutes ces étapes
s'opère dans un contexte donné : le contexte agit sur la
déperdition en passant par l'environnement culturel ou
l'accessibilité géographique et la qualité des services
prénatals ou encore par le recours aux soins prénatals.
II.2.3 DEFINITION DES CONCEPTS CLES
Il s'agit de la définition des concepts couramment
employés dans cette étude.
II.2.3.1
SOINS PRENATALS
Les soins prénatals visent à maintenir les
femmes enceintes en bonne santé, à détecter de
manière précoce les complications et à les traiter. Les
soins prénatals devraient répondre aux besoins psychologiques et
médicaux de la femme dans le cadre de la fourniture de soins de
santé et de son environnement (WHO/FRH/MSM/96.24). Les visites
prénatales sont l'occasion de fournir des services essentiels
recommandés pour toute femme enceinte, tels que la vaccination à
l'anatoxine tétanique, la prévention de l'anémie, par
l'éducation à la nutrition et la fourniture de cachets de fer ou
d'acide folique (ibid.). C'est une opportunité par excellence de
prévenir et de prendre en charge le paludisme ainsi que d'autres
maladies prioritaires qui touchent les gestantes (tension artérielle,
anémie, etc.). Les soins prénatals au Tchad comptent quatre
composantes principales : dépistage des risques pour
reconnaître les femmes les plus exposées à une issue
défavorable de grossesse et de l'accouchement. C'est aussi la prise en
charge appropriée, le dépistage et le traitement des affections
connexes, la protection de la nutrition et de la santé de la mère
et éducation sanitaire concernant l'accouchement sans risque et la
détection précoce et le traitement des complications (OMS,
1996).
II.2.3.2
RECOURS AUX SOINS PRENATALS
Ce concept désigne le fait pour une femme d'avoir
effectué au moins une consultation prénatale lors de sa
dernière grossesse.
II.2.3.3
DEPERDITION DES SOINS PRENATALS
En matière de scolarisation, la déperdition
désigne la sortie prématurée d'une partie des effectifs
scolaires engagés dans un cycle ou dans un programme d'études
(UNESCO, 2004).
Dans la présente étude, la déperdition
fait référence à une rupture dans la continuité des
soins. Opérationnellement, la déperdition des soins
prénatals fait référence aux interruptions entre les
visites prénatales après un premier contact avec les services et
dans l'intervalle des quatre CPN recommandées. Cette
discontinuité des visites prénatales n'est pas souhaitable parce
que chaque période de la grossesse comporte son lot de risques avec une
culmination à la fin de la grossesse, période à laquelle
il est estimé que les deux tiers des décès maternels
surviennent (Abou Zahr cité par Beninguisse et Nikièma, 2005). A
défaut de pouvoir atteindre toute la population cible (femmes
enceintes), en arriver à fidéliser la sous population
utilisatrice dès le premier contact avec le système de
santé, par une continuité de soins le long du processus
d'enfantement, constituerait une étape importante vers la
réduction de la mortalité maternelle et périnatale
(Beninguisse et Nikièma, 2005). Dans cette étude, la
déperdition des soins prénatals sera mesurée par des
probabilités d'interruption (ou de déperdition) entre les
visites, approche proposée par BENINGUISSE et al. (2005).
II.2.3.4
CARACTERISTIQUES INDIVIDUELLES DE LA FEMME
Il s'agit ici de l'âge, de la parité atteinte, du
niveau d'instruction, du statut matrimonial, de la durée de la gestation
à la première visite, etc. Dans ce travail, les
caractéristiques individuelles seront essentiellement saisies à
travers l'âge, la parité, l'opportunité de la grossesse et
le niveau d'instruction.
II.2.3.5
CARACTERISTIQUES DU MENAGE
Il s'agit ici du niveau de vie du ménage mesuré
dans une approche multidimensionnelle à partir de
caractéristiques de l'habitat et la possession de biens de
confort ; à la taille de ménage, à la composition
démographique du ménage, etc. (cf. chapitre III pour les
détails méthodologiques). Les caractéristiques du
ménage seront saisies essentiellement à l'aide du niveau de vie
du ménage dans cette étude.
II.2.3.6
ENVIRONNEMENT CULTUREL
L'environnement culturel désigne l'ensemble de normes
et valeurs traditionnelles et culturelles qui façonnent les attitudes et
les comportements de la femme vis-à-vis des soins prénatals. Ce
concept renvoie à l'ethnie, au milieu de socialisation pendant
l'enfance, à l'affiliation religieuse, etc. Dans cette étude,
l'environnement culturel sera approché à l'aide de l'ethnie, du
milieu de socialisation de la femme pendant l'enfance et la religion.
II.2.3.7 CONTEXTE DE RESIDENCE
Il s'agit ici de la région de résidence et du
milieu de résidence.
II.2.3.8
L'ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE ET QUALITE DES SERVICES
PRENATALS
L'accessibilité géographique est la
facilité avec laquelle on a recours aux soins du point de vue de
l'éloignement géographique des services. Dans la
présente étude, l'accessibilité géographique sera
saisie à travers la distance entre le domicile et le centre SMI le plus
proche.
La qualité des services prénatals fait
référence à la disponibilité et compétence
du personnel de santé, à la qualité des équipements
en place, aux rapports interpersonnels entre les professionnels de santé
et les femmes enceintes. Ici, la qualité des services
prénatals sera approchée par un indicateur composite
intégrant un certain nombre de variables telles que la prise de taille,
du poids, de la tension artérielle, le test d'urine, le
prélèvement du sang et la vaccination antitétanique (cf.
chapitre III pour les détails méthodologiques).
II.3 SCHEMA D'ANALYSE
* Région de résidence
* Milieu de résidence
* Ethnie
* Milieu de socialisation
* Religion
* Niveau de vie du ménage
* Age
* Parité atteinte
* Opportunité de la grossesse
* Distance entre le domicile et le centre SMI
* Indicateur de qualité des services
* Nombre de CPN
* Durée de la gestation à
la 1ère CPN
Déperdition des soins prénatals
D
E
M
A
N
D
E
O
F
F
R
E
II.4 HYPOTHESES DE
TRAVAIL
A la lumière de la littérature et de notre
schéma conceptuel, nous avons élaboré des
hypothèses de recherche.
HYPOTHESE GENERALE
Nous anticipons que la déperdition des soins
prénatals est la conséquence d'un ensemble de barrières
associées aux caractéristiques des ménages, aux
caractéristiques individuelles des femmes à la
disponibilité, à l'accessibilité, aux coûts et
à la qualité perçue des services prénatals.
De cette hypothèse générale,
découlent les hypothèses spécifiques suivantes :
H1 : La déperdition des soins prénatals
augmente avec l'âge.
H2 : La déperdition des soins prénatals
augmente avec la parité.
H3 : La propension à la déperdition des
soins prénatals est plus élevée chez les femmes dont la
grossesse n'a pas été opportune que chez celles dont la grossesse
a été opportune.
H4 : La déperdition des soins prénatals
diminue à mesure que le niveau d'instruction augmente.
H5 : La déperdition des soins prénatals
diminue à mesure que le niveau de vie augmente.
H6 : Les femmes résidant en milieu rural ou
socialisées en milieu rural, ont une déperdition plus importante
des soins prénatals, comparées aux femmes résidant en
milieu urbain ou socialisées dans ce même milieu.
H7 : Comparées aux femmes chrétiennes,
les femmes musulmanes, athées ou adeptes de religions traditionnelles
sont plus sujettes à la déperdition des soins
prénatals.
H8 : La déperdition des soins prénatals
augmente avec la distance par rapport au centre SMI.
H9 : La déperdition des soins prénatals
est plus importante lorsque la qualité des services est
déficiente.
En définitive...
Dans ce chapitre, nous avons fait le point de la
littérature ayant un lien avec notre étude. La théorie
générale montre que deux grands groupes de facteurs à
savoir les facteurs prédisposants et les facteurs facilitants
influencent la fréquentation des services des soins obstétricaux.
Cette théorie générale nous a permis de bâtir une
théorie auxiliaire dans le cadre de cette étude. Celle-ci
réitère que tous les facteurs sus-mentionnés exercent une
influence sur la déperdition des soins prénatals au Tchad. Sur
cette base, nous avons construit les cadres conceptuel et analytique et
formuler les hypothèses de recherche relatifs à la
déperdition des soins prénatals. Mais avant de procéder
aux analyses proprement dites, il importe de présenter la source des
données, la méthodologie à utiliser dans cette
étude. C'est ce qui fera l'objet du prochain chapitre.
CHAPITRE III : METHODOLOGIE
Dans la recherche en sciences sociales, la méthodologie
constitue une étape importante. Dans ce chapitre, elle portera sur la
présentation des sources des données, l'évaluation des
données pour apprécier leurs limites, et sur le choix de la
méthode d'analyse permettant de vérifier les hypothèses de
travail.
III.1 PRESENTATION DES DONNEES
II.1.1 SOURCES DES DONNEES
Les données utilisées dans la présente
étude proviennent de l'Enquête Démographique et de
Santé du Tchad (EDST) de 1996-1997. L'EDST fait partie du programme
international d'enquêtes comparatives réalisées par Macro
International Inc. (Demographic and Health Surveys-DHS). Elle a
enregistré des informations permettant d'étudier la
déperdition des soins prénatals. L'EDST a été
instituée par arrêté n° 006/MPC/DG/DSEED/95 du 4
janvier du ministère du plan et de la coopération. Sa
réalisation a été possible grâce aux ressources du
Gouvernement tchadien, à un crédit de la Banque mondiale, aux
contributions de l'UNFPA et de l'UNICEF. L'exécution technique de cette
opération a été assurée par le Bureau Central du
Recensement (BCR) avec l'assistance de Macro International Inc. des Etats-Unis
et des experts du bureau régional de l'UNFPA.
III.1.2 OBJECTIFS DE L'EDST
L'EDST répond aux objectifs du programme de la
politique nationale de population pour le développement
économique, social et sanitaire du pays. L'objectif de l'EDST 1996-1997
est de :
@ Recueillir les données au niveau national permettant
de calculer les taux de fécondité et de mortalité
infantile, juvénile et maternelle.
@ Analyser les facteurs associés aux niveaux et
tendances de la fécondité et de la mortalité infantile,
juvénile et maternelle. Les indicateurs obtenus aideront les
planificateurs et autres responsables à élaborer des plans et une
stratégie de développement économique et social.
@ Evaluer les niveaux de connaissance et d'utilisation des
moyens contraceptifs, estimer la pratique potentielle future, évaluer le
niveau de connaissance des MST/Sida ainsi que les attitudes vis-à-vis de
la planification familiale.
@ Evaluer la santé de la mère et de
l'enfant : la couverture vaccinale, la prévalence et le traitement
de la fièvre, des maladies respiratoires et de la diarrhée, les
soins prénatals et l'assistance à l'accouchement, l'allaitement
et l'état nutritionnel des enfants.
@ Recueillir des données sur les services sanitaires
ainsi que leurs prestations.
@ Contribuer au développement des capacités et
ressources nécessaires à la réalisation périodique
d'enquêtes démographiques et de santé. En outre, faisant
partie d'un vaste programme international, les données seront
insérées dans une base des données utilisables par les
chercheurs qui s'intéressent aux problèmes de population et de
santé dans le monde entier.
III.1.3 ECHANTILLONNAGE DE L'EDST ET POPULATION CIBLE DE
L'ETUDE
L'EDST (1996-1997) a couvert un échantillon de 7705
femmes de 15-49 ans et de 2467 hommes de 15-59 ans. Cet échantillon
était basé sur un sondage auto pondéré à
deux degrés.
@ Au premier degré, 250 grappes ont été
tirées à partir de la liste des Zones de Dénombrement (ZD)
du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de
1993. Toutes les grappes sélectionnées ont fait l'objet d'une
cartographie et d'un dénombrement exhaustif des ménages.
@ Au deuxième degré, des ménages ont
été sélectionnés à partir de la liste des
ménages lors de l'opération d'énumération. Toutes
les femmes âgées de 15-49 ans (résidentes habituelles ou
visiteuses) qui se trouvaient dans les ménages ont été
enquêtées. De plus, dans un ménage sur trois, tous les
hommes de 15-59 ans (résidents habituels ou visiteurs) ont
été enquêtés.
Les strates de l'enquête étaient
constituées de la ville de N'djaména, des autres villes et du
milieu rural. Chaque strate, constituant chacune un domaine d'étude, a
fait l'objet de taux de sondage en fonction de sa taille et les
résultats ont été pondérés à
l'échelle nationale. Par contre, l'échantillon a
été auto-pondéré au niveau de chaque domaine. En
gros, 7345 ménages ont été sélectionnés pour
l'enquête ménage : 6930 ont été
identifiés, 6840 ont été effectivement
enquêtés avec succès soit un taux de réponse de
98,7% (Tableau 3.1). S'agissant des femmes âgées de 15-49 ans, sur
les 7705 femmes éligibles, 7454 ont été effectivement
enquêtées, soit un taux de réponse de 96,7%. Ce taux de
réponse apparaît satisfaisant puis qu'il était
supérieur à celui proposé dans le plan de sondage.
Dans le cadre de notre étude, nous nous
intéressons exclusivement aux femmes ayant au moins une consultation
prénatale, ce qui correspond à une taille d'échantillon de
1706 personnes.
Tableau 3.1 : Taille et couverture de
l'échantillon
Effectifs des ménages, des femmes et des hommes
sélectionnés, identifiés et enquêtés, et taux
de réponse selon le milieu de résidence, EDST (1996-1997)
|
Enquête
|
Résidence
|
N'djaména
|
Autres villes
|
Ensemble
urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Enquête ménage
Nombre de logements sélectionnés
Nombre de ménages identifiés
Nombre de ménages enquêtés
Taux de réponse des femmes
|
1521
1458
1400
96,0
|
1534
1463
1456
99,5
|
3055
2921
2856
97,8
|
4290
4009
3984
99,4
|
7345
6930
6840
98,7
|
Enquête individuelle femme
Nombre de femmes éligibles
Nombre de femmes enquêtées
Taux de réponse des femmes
|
1483
1355
91,4
|
1699
1658
97,6
|
3182
3013
94,7
|
4523
4441
98,2
|
7705
7454
96,7
|
Taille de l'échantillon de
l'étude
|
290
|
398
|
688
|
1018
|
1706
|
Source : Enquête Démographique et de
Santé du Tchad 1996-1997 et traitement des données.
III.1.4 QUESTIONNAIRES DE L'ENQUETE
L'EDST a utilisé 4 types de questionnaire :
@ le questionnaire communautaire;
@ le questionnaire ménage;
@ le questionnaire individuel femme;
@ le questionnaire individuel homme.
Le questionnaire communautaire :
Il a permis de recueillir des informations sur les
infrastructures socio-économiques (écoles, marchés,
services de transport, etc.) et sanitaires (hôpitaux, centres de
santé communautaires, etc.) disponibles dans chacune des grappes de
l'enquête. C'est dans ce questionnaire que nous avons extrait
l'information sur l'accessibilité géographique des services de
santé.
Le questionnaire ménage :
Le questionnaire ménage a permis de collecter les
informations sur tous les membres du ménage et visiteurs, telles que le
nom, le lien de parenté avec le chef du ménage, etc. Par
ailleurs, il a permis de collecter les informations sur les
caractéristiques du logement (approvisionnement en eau, types de
toilettes, etc.). Ces différentes informations ont servi à
évaluer les conditions socio-économiques et environnementales
dans lesquelles vivent les femmes et les hommes qui étaient
enquêtés individuellement. Enfin, le questionnaire ménage a
fourni des informations permettant d'établir le dénominateur pour
le calcul des taux démographiques. Les informations portant sur les
caractéristiques du logement et sur la possession des biens dans ce
questionnaire ont servi à la construction de l'indicateur de niveau de
vie dans cette étude.
Le questionnaire individuel femme :
Le questionnaire individuel femme constituait le document
principal de l'EDST. Ce questionnaire a été élaboré
sur la base du questionnaire Modèle B du programme DHS (questionnaire
pour les pays à faible prévalence contraceptive). Il a permis
d'enregistrer toutes les informations démographiques concernant les
femmes âgées de 15-49 ans. Au total, le questionnaire comportait
12 sections :
Section 1 : caractéristiques
socio-démographiques des enquêtées ;
Section 2 : reproduction ;
Section 3 : contraception
Section 4 : grossesse et allaitement ;
Section 5 : vaccination et santé ;
Section 6 : causes de décès des enfants
nés dans les cinq dernières années ;
Section 7 : mariage ;
Section 8 : préférences en matière
de fécondité ;
Section 9 : caractéristiques du conjoint et
activités économiques de la femme ;
Section 10 : Sida et autres maladies sexuellement
transmissibles ;
Section 11 : mortalité maternelle ;
Section 12 : taille et poids des mères et des
enfants.
Dans le cadre spécifique de cette recherche, seulement
2 sections nous intéressent pour la compréhension de la
déperdition des soins prénatals à savoir la section 1 et
la section 4.
@ Caractéristiques socio-démographiques :
cette section porte sur le lieu et la durée de résidence,
l'âge et la date de naissance, la scolarisation,
l'alphabétisation, la nationalité, la religion, l'ethnie,
l'accès aux médias et les caractéristiques des logements
des femmes qui sont en visite dans le ménage enquêté.
ü Grossesse et allaitement : cette section porte
uniquement sur les naissances ayant eu lieu au cours des cinq années
précédant l'enquête. Elle a recueilli les informations sur
les soins prénatals y compris la vaccination antitétanique, le
lieu d'accouchement et la qualification de la personne ayant assisté la
femme pendant l'accouchement, le retour des règles et la reprise des
rapports sexuels après la naissance de l'enfant. Concernant
l'allaitement, les questions portent sur sa fréquence et sa
durée, sur le type de compléments nutritionnels.
III.2 EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES
Les données de l'EDST 1996-1997 comme celles issues de
toute opération de collecte ne peuvent pas être exemptes
d'erreurs. Il est important dès lors de procéder à une
analyse permettant de fournir des indications qualitatives et quantitatives sur
la confiance que l'on peut accorder aux résultats. Ceci peut
déboucher sur la correction des données brutes voire sur un
ajustement de données.
III.2.1 DETERMINATION DU TAUX DE NON REPONSE
En général, l'indicateur couramment
calculé pour apprécier la qualité des données avant
de tester toute autre méthode (graphique ou statistique) est le taux de
non réponse. Les non réponses peuvent entraîner des biais
considérables dans l'analyse des données. En
général, le taux de non réponse est jugé acceptable
quand il est inférieur à 10%.
Tableau 3.2 : Présentation des variables
de l'étude et des taux de non réponse
Variables
|
Réponses valides
|
Valeurs manquantes
|
Taux de non réponse
en pourcentage
|
Nombre de visites
|
1691
|
15
|
0,88
|
Age
|
1706
|
0
|
0,00
|
Parité
|
1706
|
0
|
0,00
|
Durée de la gestation à la 1ère
CPN
|
1696
|
10
|
0,59
|
Opportunité de la grossesse
|
1704
|
2
|
0,12
|
Niveau d'instruction
|
1706
|
0
|
0,00
|
Religion
|
1702
|
4
|
0,23
|
Région
|
1706
|
0
|
0,00
|
Ethnie
|
1706
|
0
|
0,00
|
Milieu de résidence
|
1706
|
0
|
0,00
|
Milieu de socialisation
|
1704
|
2
|
0,12
|
Distance
|
1559
|
147
|
8,62
|
Source : Traitement des données de l'EDST
(1996-1997).
III.2.2 EVALUATION DE LA QUALITE DES DONNEES SUR L'AGE
Il existe plusieurs méthodes permettant de rendre
compte de la qualité des données sur l'âge. On distingue
d'une part la méthode d'évaluation graphique et d'autre part la
méthode d'évaluation statistique.
III.2.2.1
METHODE D'EVALUATION GRAPHIQUE
Cette méthode consiste à disposer sur l'axe des
abscisses des âges des personnes enquêtées et sur l'axe des
ordonnées les effectifs. La distribution des individus par année
permet ainsi d'avoir une idée sur la qualité des données
recueillies. On s'attend à ce que la courbe de distribution de ces
effectifs diminue régulièrement à mesure que l'âge
augmente.
Graphique 3.1 Distribution des personnes
enquêtées selon l'âge et le sexe.
On observe sur le graphique ci-dessus une diminution des
effectifs en « dents de scie ». Les saillies et les creux
dénotent une mauvaise déclaration des âges. D'une
manière générale, la population enquêtée a
une préférence pour les âges se terminant par 0 et 5. Les
âges ronds et semi- ronds sont plus attractifs chez le sexe
féminin que le sexe masculin. Pour minimiser les biais que peuvent
entraîner l'imprécision de la déclaration des âges
dans l'interprétation des résultats, nous avons
procédé à un regroupement des effectifs par groupes
d'âges quinquennaux. Ce procédé a conduit à la
construction d'une pyramide des âges (graphique 3.2) permettant
d'analyser l'évolution des structures par âge des deux
sous-populations (masculine et féminine). La pyramide des âges est
un instrument privilégié de l'analyse de la qualité des
données. Car la répartition par sexe et par âge d'une
population obéit à certaines règles (Gendreau, 1993).
Graphique 3.2 : Pyramide des âges de la
population enquêtée.
En construisant regroupant les effectifs par grands groupes
d'âges, nous avons résolu en partie les problèmes
liés à la mauvaise déclaration des âges (attraction
pour certains âges et répulsion pour d'autres). La pyramide des
âges ainsi construite présente une allure presque
régulière, caractéristique des pays à
fécondité et mortalité élevées : une
base large qui se rétrécit rapidement avec l'âge. Par
ailleurs, on peut signaler également un léger
déséquilibre entre les deux sexes, notamment chez les adultes de
15-49 ans au détriment des hommes qui sont relativement moins nombreux
que les femmes issues de la même tranche d'âges. La distribution de
la population par groupes d'âges quinquennaux se caractérise par
une proportion importante des jeunes de moins de 15 ans représentant
près de la moitié de la population totale. Les personnes
âgées de 15-64 ans représentent 47% et de 65 ans et plus ne
correspondent qu'à une faible proportion (3%). Cette répartition
de la population par grands groupes d'âges est pratiquement la même
que celle trouvée au RGPH de 1993, ce qui rend compte de la bonne
représentativité de l'échantillon de l'enquête
EDS.
III.2.2.2
METHODE D'EVALUATION GRAPHIQUE
Plusieurs indices permettent de déceler l'attraction ou
la répulsion de certains âges, ou mesurer la
régularité, ou de mesurer la régularité de
répartition par sexe et par âge. Les indices les plus couramment
calculés sont : l'indice de Whipple, l'indice de Myers, l'indice de
Bachi et l'indice combiné des Nations Unies. Seuls les trois premiers
indices sont calculés dans le cadre de l'évaluation des
données par la méthode statistique en recourant à la
procédure SINGAGE du Logiciel PAS.
III.2.2.2. a INDICE DE WHIPPLE
C'est l'indice le plus simple à calculer manuellement.
Il mesure l'attraction ou la répulsion des âges ronds et
semi-ronds en compensant l'effet dû à la décroissance
normale des effectifs dans les groupes d'âges successifs. Il est
calculé en rapportant à l'effectif des 23-62 ans, l'effectif de
personnes d'âges se terminant par 0 ou 5 entre ces limites, et en
multipliant le résultat par 5.
Si tous les âges enregistrés se terminent par 0
ou 5, l'Indice vaut 5 ; s'il n y a aucune attraction ou répulsion
pour ces âges, il vaut 1 ; s'il y a contraire répulsion pour
ces âges, il est inférieur à 1 et vaut 0 si aucun âge
ne se termine par 5 (Gendreau, 1993). L'avantage de cet indice est sa
simplicité. Son inconvénient est de ne mesurer que la
préférence pour les chiffres 0 et 5.
On trouvera dans le tableau 3.2 ci-dessous le calcul de
l'indice de Whipple (IW). D'une manière
générale, on note une mauvaise qualité de la
déclarations des âges pour l'ensemble de la population
enquêtée (IW=2,12). La population enquêtée
a tendance à préférer les âges se terminant par 0 et
5. On constate que la qualité de la déclaration des âges
pour le sexe masculin est relativement meilleure pour le sexe féminin.
Cette situation peut être imputable au faible niveau d'instruction
observé chez les femmes par rapport aux hommes.
III.2.2.2.b INDICE DE MYERS
L'indice de Myers (IM) traduit les
préférences (ou aversions) pour les âges se terminant par
chacun des chiffres de 0 à 9. Il est compris entre 0 et 180. L'indice de
Myers est nul si les déclarations d'âge sont exactes. Sa valeur
est d'autant plus élevée que les préférences ou
aversions pour les âges se terminant par certains chiffres sont plus
grandes. Sa valeur maximale est atteinte lorsqu'il y a préférence
pour tous les âges se terminant par un même chiffre, et vaut 180
(ibid.).
L'indice de Myers est de 35,5 pour l'ensemble des deux sexes,
31,8 pour le sexe masculin et 38,6 pour le sexe féminin. Cette situation
illustre bien les préférences ou aversions pour certains
âges. Bien que la qualité de la déclaration des âges
soit mauvaise, le rapprochement de différents indices de Myers 0 par
rapport à 180 permet d'admettre les données sur l'âge comme
acceptables. Comme l'indice de Whipple, l'indice de Myers confirme l'attraction
qu'il y a pour les âges ronds et semi-ronds pour l'ensemble de la
population enquêtée quel que soit le sexe. D'un autre
côté, on constate une répulsion pour les âges se
terminant par les chiffres 1, 3,4 et 9 pour l'ensemble des deux sexes, le sexe
masculin et le sexe féminin.
Graphique 3.3 : Evaluation graphique de la
qualité de l'âge (Méthode de Myers).
III.2.2.2.c L'INDICE DE BACHI
L'indice de Bachi (IB) varie entre 0 et 90.
IB=0, lorsqu'il y a aucune préférence ou aversion.
IB= 90, lorsque tous les âges déclarés se
terminent par le même chiffre. D'une manière
générale, les résultats illustrés par le graphique
ci-dessous, sont peu différents de ceux fournis par l'indice de Myers.
On remarque que les personnes enquêtées ont une
préférence pour les âges ronds et semi-ronds. Cependant,
les âges se terminant par 1 ; 9 ; 4 ; 3 ; 6 7, 2 et 8
n'exercent pas d'attrait suivant un ordre d'importance.
Graphique 3.4 : Evaluation graphique de la
qualité de l'âge (Méthode de Bachi).
Tableau 3.3 Calcul des indices de Whipple, de Myers
et Bachi.
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
Indice de Whipple
|
2,06
|
2,17
|
2,12
|
Indice de Myers
|
31,8
|
38,6
|
35,5
|
0
|
9,2
|
10,8
|
10,1
|
1
|
-4,3
|
-4,5
|
-4,4
|
2
|
-0,1
|
-0,1
|
-0,1
|
3
|
-2,4
|
-2,7
|
-2,5
|
4
|
-2,6
|
-4,4
|
-3,6
|
5
|
5,7
|
7,3
|
6,6
|
6
|
-1,6
|
-1,7
|
-1,6
|
7
|
-0,8
|
-1,7
|
-1,3
|
8
|
1,0
|
1,1
|
1,0
|
9
|
-4,2
|
-4,3
|
-4,3
|
Indice de Bachi
|
22,2
|
24,2
|
23,4
|
0
|
14,0
|
14,3
|
14,2
|
1
|
-4,9
|
-5,1
|
-5,0
|
2
|
-1,6
|
-0,2
|
-0,8
|
3
|
-3,4
|
-3,4
|
-3,4
|
4
|
-4,4
|
-5,4
|
-4,9
|
5
|
8,3
|
9,6
|
9,0
|
6
|
-2,1
|
-2,2
|
-2,2
|
7
|
-0,4
|
-2,0
|
-1,3
|
8
|
-0,6
|
-0,7
|
-0,6
|
9
|
-4,8
|
-5,4
|
-5,4
|
Source : Traitement des données de l'EDST
(1996-1997).
III.3 VARIABLES, INDICATEURS ET CONSTRUCTION DES
INDICATEURS COMPOSITES
Dans cette étude, nous
avons retenu comme variables d'analyse :
ü la région de résidence : elle compte
12 modalités : Grand Nord, Chari Baguirmi, Guéra, Kanem,
Logone Occidental, Logone Oriental, Mayo Kebbi, Moyen Chari, Ouaddaï,
Salamat, Tandjilé et N'djaména.
ü Le milieu de résidence est mesuré par le
milieu de résidence de fait dont les modalités sont :
grandes villes, petites villes et rural.
ü L'ethnie est saisie à travers l'ethnie de la
femme. Les modalités de cet indicateur sont : gorane, arabe,
ouaddaï, baguirmi-kanembou, fitri-batha, hadjaraï-iro, sara,
tandjilé et kebbi.
ü Le milieu de socialisation est saisi par l'endroit
où l'enquêtée a passé les 12 premières
années de son enfance. Les modalités de cet indicateur
sont : grandes villes, petites villes et rural.
ü La religion est opérationnalisée par la
religion de la femme. Ses modalités sont : chrétienne,
musulmane et autres.
ü Le niveau de vie du ménage est saisi par les
biens possédés par le ménage et les
caractéristiques de l'habitat. Cet indicateur sera construit dans le
cadre de cette étude (cf. paragraphe suivant).
ü L'âge est mesuré par l'âge de la
femme au moment de l'enquête regroupé en 3 modalités :
jeunes (15-24 ans), adultes (25-34 ans) et âgées (35 ans et
plus).
ü La parité atteinte est mesurée par le
nombre d'enfants nés vivants déclaré par la femme au
moment de l'enquête, elle est regroupée en 3
modalités : primipares, multipares et grandes multipares.
ü L'opportunité de la grossesse :
l'opportunité de la grossesse au moment de l'enquête est
l'indicateur de cette variable. Ses modalités sont : opportune et
inopportune.
ü Le niveau d'instruction de la femme est mesuré
par la dernière classe atteinte par la femme dont les modalités
sont : sans niveau, primaire, et secondaire ou plus.
ü L'accessibilité géographique est
mesurée par la distance par rapport au centre SMI le plus proche. Ses
modalités sont : < 5 km, 5-14 km et 15 km et plus.
ü La qualité des services prénatals est
saisie à travers un certain nombre d'éléments tels que la
prise du poids, de taille, de la tension artérielle, etc. (cf.
paragraphe suivant).
ü La durée de la gestation à la CPN1 a 2
modalités : dans le premier trimestre de la grossesse et
au-delà du premier trimestre.
ü La déperdition des soins prénatals est
saisie indirectement à partir de nombre des visites prénatales
(il faudrait que la femme ait effectué au moins une CPN relative
à son dernier enfant).
III.3.1 INDICATEUR DU NIVEAU DE
VIE
Plusieurs approches multidimensionnelles permettent de rendre
compte du niveau de vie des ménages. On peut citer entre autres
l'approche monétaire, l'approche subjective et l'approche par les
conditions de vie. L'approche monétaire est de loin la plus
répandue. Elle tient compte des revenus du ménage et cherche
à fixer un seuil plus adapté selon la taille du ménage.
L'approche dite subjective a été conçue par Van PRAAG
(1968) pour contourner les inconvénients de la première approche.
Elle intègre l'opinion de la personne enquêtée sur sa
propre situation financière et son bien-être, du nombre d'enfants
qu'il y a dans le ménage. Enfin, l'approche dite par les conditions de
vie est élaborée à partir de nombreux indicateurs comme le
manque de bien-être matériel ou de possibilité de
participation à la vie sociale. Pour les tenants de cette approche, ce
qui permet de définir la catégorie des pauvres ce n'est pas le
manque de tel ou tel bien matériel élémentaire mais
plutôt le cumul des handicaps.
Notre choix s'est porté sur l'approche par les
conditions de vie que nous jugeons adaptable au contexte tchadien. Car les
revenus ont toujours fait l'objet d'une mauvaise déclaration pour des
raisons culturelles et fiscales. Outre, la principale raison, la nature des
données dont nous disposons permet d'approcher une mesure des conditions
de vie des ménages. L'identifiant de la construction de l'indicateur du
niveau de vie prend en compte aussi bien les caractéristiques de
l'habitat que les biens d'équipement du ménage :
matériaux de construction du mur, du plancher et du toit, à la
possession de biens tels que l'électricité, le
téléphone, la radio, le téléviseur, le
réfrigérateur, le vélo, la moto, la voiture, le mode
d'approvisionnement en eau de boisson et le type de toilette. La valeur sociale
et économique de ces biens n'étant pas la même en ville et
en campagne, le niveau de vie a été créé
séparément pour le milieu urbain et le milieu rural. Ces
variables (caractéristiques des biens) ont été d'abord
ordonnées selon échelle croissante en fonction de la
cherté. Par exemple, la source d'approvisionnement d'eau ayant les
modalités suivantes : eau de surface, puits non
aménagé, puits aménagés et robinet. L'eau de
surface a ainsi 1 point, le puits non aménagé 2 points, le puits
aménagé 3 points et le robinet 4 points. Ces variables
ordonnées ont ensuite été soumises à une Analyse en
Composantes Principales (ACP). Enfin, la première composante (qui
explique la plus grande part de la variance) a été soumise
à une analyse de classification par la méthode des nuées
dynamiques. La procédure a conduit à la construction de
l'indicateur de niveau de vie à 3 modalités :
« élevé », « moyen »
et « faible ». Cette approche multidimensionnelle de
construction du niveau de vie est la plus indiquée dans les EDS
(Beninguisse et Kobiané, 2005). D'après cet indicateur, 63% des
ménages sont de niveau de vie faible (pauvreté), 30% sont de
niveau moyen et 7% de niveau élevé.
Graphique 3.5 : Répartition des
ménages enquêtés selon le niveau de vie.
Source : Traitement des
données de l'EDST (1996-1997).
III.3.2 INDICATEUR DE QUALITE DES SERVICES PRENATALS
En raison des objectifs poursuivis et de la nature des
variables disponibles, nous avons trouvé indispensable de construire un
indicateur de qualité des services prénatals. La construction de
cet indicateur a considéré un certain nombre de variables telles
que la prise de taille, du poids, de la tension artérielle, le test
d'urine, le prélèvement du sang, la vaccination
antitétanique, les comprimés de fer, la prévention contre
le paludisme et l'éducation sanitaire sur les signes de complications de
la grossesse. Ces composantes font partie des caractéristiques du
système de santé et du minimum du standard médical
à offrir à une femme pendant la grossesse. La qualité des
services est considérée comme étant bonne
lorsqu'une gestante, au cours de la visite prénatale relative à
son dernier enfant, a été soumise à une prise de la
taille, du poids, de la tension artérielle, de l'urine, du sang, a
reçu au moins une dose de vaccination antitétanique, les
comprimés de fer, la prévention contre le paludisme et
l'éducation sanitaire sur les signes de complications de la grossesse.
La qualité des services est considérée comme étant
moyenne lorsque la prestation ne recouvre pas les
éléments des soins susmentionnés. Enfin, la qualité
des services est considérée comme étant mauvaise
lorsque aucun élément des soins n'a été
presté.
III.4 METHODES D'ANALYSE
Pour atteindre les objectifs fixés par l'étude,
nous avons recouru à deux approches d'analyse : l'approche
descriptive et l'approche multivariée.
III.4.1 APPROCHE DESCRIPTIVE
Dans le volet descriptif, nous nous sommes
intéressés aux femmes ayant effectué au moins une
consultation prénatale dans un centre biomédical. A ce stade
descriptif, l'analyse a été menée en deux temps. Cette
méthode d'analyse s'inspire des travaux de Beninguisse et collaborateurs
(2005) sur la discontinuité des soins obstétricaux en Afrique.
Dans un premier temps, nous avons cherché à
générer les probabilités de déperdition des soins
à partir du nombre de visites prénatales à l'aide d'une
feuille de calcul EXCEL. Pour y arriver, nous avons d'abord
considéré les femmes ayant effectué au moins une visite
prénatale pour leur naissance survenue au cours des 5 dernières
années avant l'enquête selon le nombre de visites et la
durée de la gestation à la première consultation
prénatale (CPN1). Les femmes ont été
stratifiées en deux principales catégories du fait que toutes les
femmes ne débutent pas la CPN1 au même moment. Nous avons
ainsi distingué les femmes qui ont débuté la CPN1 dans le
premier trimestre de la grossesse de celles qui ont débuté la
CPN1 au-delà du premier trimestre de la grossesse. Ensuite, nous
avons généré les femmes ayant effectué au moins n
visites puis les probabilités de continuité entre la visite t et
la visite t+1. Enfin, nous avons donc déduit les probabilités de
déperdition (complément à 1 de la probabilité de
continuité) selon la méthodologie développée par
Beninguisse et collaborateurs (2005) et dont les détails figurent au
tableau 3.3.
Dans un second temps, nous avons croisé la variable
nombre de visites avec toutes les autres variables indépendantes
retenues à l'aide de la procédure
« Crosstabs » du logiciel SPSS pour l'analyse pour ainsi
apprécier la relation à l'aide de la statistique de Khi-deux.
Tableau 3.4 METHODE DE CALCUL DES PROBABILITES DE
DEPERDITION
Nombre de visites
Prénatales
(1)
|
Nombre de femmes
Concernées
(2)
|
Nombre de femmes
Ayant effectué au
moins n visites
(3)
|
Probabilités de continuité entre la visite
t et
la visite t+1
(4)
|
Probabilité de déperdition
(complément à 1 de la probabilité de
continuité)
(5)
|
1
|
n2
|
N- (n1+n2)
|
[N-(n1+n2)]/ [(N-n1)]
|
1- [N-(n1+n2)]/ [(N-n1)]
|
2
|
n3
|
N- (n1+n2+n3)
|
[N- (n1+n2+n3)]/ [N- (n1+n2)]
|
1- [N- (n1+n2+n3)]/ [N- (n1+n2)]
|
3
|
n4
|
N- (n1+n2+n3+n4)
|
[N- (n1+n2+n3+n4)]/ [N- (n1+n2+n3]
|
1- [N- (n1+n2+n3+n4)]/ [N- (n1+n2+n3]
|
...
|
...
|
...
|
...
|
...
|
Total
|
N
|
|
|
|
En guise d'exemple de calcul des probabilités de
déperdition auTchad (1996-1997) selon le niveau
d'instruction : Cas de femmes sans niveau.
Début de CPN1= premier trimestre
|
Visites
|
A
|
B
|
C
|
D
|
1
|
61
|
376
|
0,92
|
0,08
|
2
|
107
|
315
|
0,84
|
0,16
|
3
|
68
|
208
|
0,66
|
0,34
|
4
|
64
|
140
|
0,67
|
0,33
|
5
|
48
|
76
|
0,54
|
0,46
|
6
|
13
|
28
|
0,37
|
0,63
|
7
|
7
|
15
|
0,54
|
0,46
|
8
|
1
|
8
|
0,53
|
0,47
|
9
|
6
|
7
|
0,88
|
0,13
|
...
|
...
|
...
|
...
|
...
|
Total
|
409
|
|
|
|
Début de CPN1= au-delà du premier
trimestre
|
Visites
|
A
|
B
|
C
|
D
|
1
|
186
|
512
|
0,84
|
0,16
|
2
|
167
|
326
|
0,64
|
0,36
|
3
|
94
|
159
|
0,49
|
0,51
|
4
|
37
|
65
|
0,41
|
0,59
|
5
|
17
|
28
|
0,43
|
0,57
|
6
|
4
|
11
|
0,39
|
0,61
|
7
|
4
|
7
|
0,64
|
0,36
|
8
|
1
|
3
|
0,43
|
0,57
|
9
|
1
|
2
|
0,67
|
0,33
|
...
|
...
|
...
|
...
|
...
|
Total
|
610
|
|
|
|
A : nombre de femmes
concernées dans les grandes villes;
B : nombre de femmes ayant
effectué au moins n visites ;
C : probabilités de
continuité entre la visite t et la visite t+1 ;
D : probabilité de
déperdition (complément à 1 de la probabilité de
continuité).
III.4.2. APPROCHE MULTIVARIEE
Pour l'approche multidimensionnelle, nous avons
appliqué la régression logistique ordonnée à l'aide
du logiciel STATA. Le modèle logit ordonné ou le modèle
« Ologit » est une variante des modèles logit. Sa
particularité réside dans l'estimation de la relation entre une
variable dépendante ordinale9(*) et plusieurs variables indépendantes. La
condition sine qua non exigée pour le recours au logit ordinal
est que les modalités de la variable dépendante doivent avoir
une
relation d'ordre entre elles, être classées suivant un ordre
donné. En dehors du caractère ordinal, une autre condition doit
être remplie pour que le logit ordonné soit appliqué :
le nombre de modalités doit être supérieur à
deux ; dans le cas contraire, le modèle
« Ologit » est confondu au modèle logit ordinaire.
Les variables indépendantes, quant à elles, peuvent être de
n'importe quelle nature : catégorique ou quantitative.
D'entre les modèles logit, le modèle
« Ologit » s'apparente au modèle logit multinomial.
La seule différence entre les deux réside dans la nature de la
variable dépendante. La variable dépendante est ordinale pour le
premier et polytomique pour le second. L'utilisation d'un modèle logit
multinomial, lorsque la variable dépendante est ordinale, introduit un
biais dans les résultats par le fait que le logit multinomial ne tient
pas compte du caractère ordinal des modalités de la variable
dépendante.
Comme notre variable dépendante est déduite
à partir de nombre de visites (au moins une CPN), pour
répondre aux exigences du modèle, nous avons ainsi classé
ses modalités selon une échelle numérique.
Principe du modèle
Le modèle « Ologit » estime un
score donné (Sj) comme une fonction linéaire des
variables indépendantes et une série de points d'intersections
(« cuts points »). La probabilité de
réaliser l'événement i de la variable dépendante
pour un individu ayant la modalité j d'une variable donnée
correspond à la probabilité que la somme de Sji et du
terme d'erreur aléatoire Uj appartienne à l'intervalle
délimité par des points d'intersection estimés
correspondant à chacune des modalités de la variable
dépendante (Ki) :
Pr (modalité j=i)= Pr (Ki-1< Sji
+ Uj <= Ki)
Avec Sji = 1X1j +
2X2j + ...+ kXkj
Où Uj est supposé être
distribué de manière logistique et où K désigne le
nombre de variables indépendantes. On obtient ce qui suit après
simplification :
Pr (modalité j=i) = Pr (Ki-1< Sji
+ Uj <= Ki)
Pr (Uj <
Ki -Sji) - Pr (Uj <
Ki-1-Sji)
Pour la première modalité de la variable
dépendante, on a :
Pr (modalité j=1) = Pr (Uj <
K1- Sj1) - Pr (Uj < K0 -
Sji), or par définition, K0 est égal
à -.
D'où :
Pr (modalité j = 1) = Pr (Uj <
K1- Sj1) - Pr (Uj < -)
Pr (modalité j = 1) = Pr (Uj <
K1 - Sj1) - 0.
Pour la modalité la plus élevée (I), on
a :
Pr (modalité j = I) = Pr (Uj < KI - Sji) - Pr (Uj
< KI-1 - SjI),
Or par définition, K1 est égal
à +. D'où :
Pr (modalité j = I) = Pr (Uj < +) - Pr
(Uj < KI-1 - SjI),
Pr (modalité j= I) = 1 - Pr (Uj <
KI-1 - SjI),
Pr (modalité J = I) = Pr (Uj > KI-1
- SjI),
En fin de compte, la formule d'estimation de la
probabilité de réaliser l'une des modalités de la variable
dépendante lorsqu'elle appartient à la modalité j de la
variable indépendante est fournie par
l'expression mathématique :
1/ [1 + e-(Ki - Sji)] - 1/ [e-(Ki-1 +
Sji)].
La régression logistique ordonnée fournit par la
méthode du maximum de vraisemblance, les coefficients 1,
2, 3,... j au même moment que les « cuts
points » (points d'intersection) K1, K2,
...KI-1 où I désigne le nombre de
modalités possibles de la variable dépendante, K0 est
supposée être égal à - et KI est
supposé être égal à +. Les Ki
«modélisent » la catégorisation de la variable
dépendante.
En dehors des coefficients j, le modèle
« Ologit » fournit, entre autres, la statistique de
Khi-deux et la probabilité de Khi-deux y rattachée au
modèle, le pseudo R2, le seuil de signification des
paramètres et l'intervalle de confiance (au seuil de 5%) des
paramètres pour chacune des modalités des variables
considérées dans le modèle.
Comme le modèle génère uniquement les
coefficients j, pour le cas de la présente étude, on
faillait avoir nécessairement l'inverse de l'exponentiel des
coefficients j (1/ej) pour appréhender la
déperdition. Ceci nous a conduit à exporter les coefficients
j générés par le modèle
« Ologit » sur une feuille de calcul EXCEL. En
procédant de la manière, nous obtenons directement les odds
ratio qui sont faciles à interpréter.
Comment interprète-t-on les résultats ?
L'interprétation porte sur deux séries
d'éléments : la validité et la vraisemblance du
modèle d'une part, et les influences respectives des variables
explicatives sur la variable expliquée d'autre part. La vraisemblance du
modèle s'apprécie à l'aide de la signification de la
statistique de Khi-deux y rattachée. Cette significativité
renseigne sur la corrélation entre la ou les variables explicatives et
la variable dépendante (à expliquer). Le seuil de signification
retenu dans ce travail s'étend de 1% à 10% compte tenu de ce
domaine de recherche encore non défriché par les chercheurs. Le
degré d'adéquation du modèle est donné par le
coefficient de détermination appelé aussi le pseudo
R2 . Celui-ci permet d'apprécier le pouvoir prédictif
du modèle en donnant la contribution dans l'explication de la variable
dépendante (la part expliquée par le modèle).
L'interprétation de l'inverse de l'exponentiel des
coefficients j (1/ej) se fait en le comparant à la
valeur attendue de la modalité de référence qui est
à 1. Lorsque l'inverse de l'exponentiel des coefficients j
(1/ej) > 1, la modalité j a plus de risques ou de chances
d'observer une déperdition que de la modalité de
référence. A l'opposé, lorsque l'inverse de l'exponentiel
des coefficients j (1/ej) < 1, la modalité j a
1- (1/ej) moins de risques (en pourcentage) d'observer une
déperdition que celle la modalité de référence.
Par exemple, pour la niveau d'instruction, si la modalité de
référence est « primaire » et que les odds
ratio sont respectivement 2,5 et 0,3 pour la modalité « sans
niveau » et la modalité « secondaire ou
plus ». On interprétera ces résultats comme suit :
Comparées aux femmes du primaire, celles sans niveau ont 2,5 fois
plus de risques (ou de chances) d'observer une déperdition. En revanche,
par rapport aux femmes du primaire, celles du secondaire ou plus ont 70%
[(1-0,3)100] moins de risques d'observer une déperdition.
En somme...
Dans le présent chapitre, nous avons d'abord
présenté les données de l'EDST (1996-1997), ensuite,
procédé à l'évaluation de ces données des
méthodes statistiques. D'une manière générale, les
données sont d'une qualité acceptable pour l'étude sur la
déperdition des soins. Toujours dans ce chapitre, nous avons
exposé la procédure de construction de quelques
indicateurs : le niveau de vie des ménages et la qualité de
la visite prénatale. Enfin, nous avons présenté les
méthodes d'analyse utilisées dans le cadre de cette recherche.
L'analyse des résultats fera l'objet des prochains chapitres (IV et
V).
CHAPITRE IV : DEPERDITION DES SOINS PRENATALS AU
TCHAD: NIVEAUX ET
DIFFERENTIELS
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons
essentiellement à l'analyse descriptive. Celle-ci permettra de mettre en
évidence les différentes relations existantes entre la variable
dépendante et les autres variables (variables indépendantes et
variables de contrôle).
IV.1 NIVEAU NATIONAL DE LA DEPERDITION DES SOINS PRENATALS
Au Tchad, parmi les femmes utilisatrices des services
prénatals, nombre d'entre elles ne se fidélisent pas au
système des soins comme les normes de l'OMS le recommandent (4 visites
au minimum avant l'accouchement, à intervalles réguliers). En se
référant au tableau 4.1 illustré par le graphique 4.1, on
constate d'une manière générale que la déperdition
augmente avec le nombre de visites quelle que soit la durée de la
gestation à la CPN1. Les probabilités de déperdition sont
nettement plus faibles lorsque les CPN commencent dans le premier trimestre.
Par ailleurs, ce qui apparaît plus frappant, c'est que la
déperdition devient particulièrement très importante entre
la CPN3 et la CPN4 quelle que soit la durée de la gestation à la
CPN1. Cela montre l'intérêt de renforcer l'éducation
sanitaire à la troisième visite sur l'intérêt de la
continuité de visites.
En effet, la déperdition est de 0,05 ; 0,12 et
0,31 respectivement entre la CPN1 et la CPN2, entre la CPN2 et la CPN3, et
entre la CPN3 et la CPN4 lorsque les CPN commencent dans le premier trimestre.
Autrement dit, lorsqu'on a une cohorte fictive de 100 femmes qui
débutent la CPN1 dans le premier trimestre, 5 femmes, 11 femmes et
26 femmes ne reviennent plus assurer la continuité des soins
respectivement entre la CPN1 et la CPN2, entre la CPN2 et la CPN3, et
entre la CPN3 et la CPN4. Lorsque les CPN commencent au-delà du premier
trimestre, la déperdition est de 0,15 ; 0,33 et 0,48 respectivement
entre la CPN1 et la CPN2, entre la CPN2 et la CPN3, et entre la CPN3 et CPN4.
Ce qui signifie que 15 femmes, 28 femmes et 27 femmes sortent du système
de santé respectivement entre la CPN1 et la CPN2, entre la CPN2 et la
CPN3, et entre la CPN3 et la CPN4. Là encore, le niveau de
déperdition à l'échelle nationale masque d'énormes
disparités selon un certain nombre de caractéristiques retenues
dans cette étude.
Graphique 4.1 : Evolution des probabilités
de déperdition selon les visites au Tchad (EDST 1996-1997).
IV.2 LES DIFFERENTIELS
IV.2.1 AGE
Le test de Khi-deux montre qu'il n'existe pas d'association
entre la déperdition et l'âge de la femme quelle que soit la
durée de la gestation à la CPN1. Ce résultat ne conforte
pas entièrement l'hypothèse qui postule que la déperdition
augmente avec l'âge. Toutefois, nous constatons que les
différences selon l'âge sont faibles entre les femmes qui
commencent leur consultation au premier trimestre. En revanche, elles sont
nettement plus importantes parmi les femmes qui commencent leur CPN
au-delà du premier trimestre, les probabilités de
déperdition étant plus élevées chez les plus
âgées (35 ans et plus) que chez les jeunes (15-24 ans) et les
adultes (25-34 ans) (graphique 4.2).
Graphique 4.2 : Probabilités selon
l'âge au Tchad (EDST 1996-1997).
IV.2.2 PARITE
La parité n'est pas significativement associée
à la déperdition des soins prénatals quelle que soit la
durée de la gestation à la CPN1. Ni le statut de
primiparité ni celui de grande multiparité n'influencent de
façon particulière la déperdition. En effet, on constate
que les différences sont faibles entre les femmes qui débutent la
CPN dans le premier trimestre. A l'opposé, elles sont nettement plus
importantes entre les femmes qui débutent leur CPN au-delà du
premier trimestre. Les probabilités de déperdition sont plus
élevées chez les grandes multipares que chez les primipares et
les multipares (graphique 4.3).
Graphique 4.3 : Probabilités de
déperdition selon la parité auTchad (EDST 1996-1997).
IV.2.3 OPPORTUNITE DE LA GROSSESSE
Au niveau bivarié, on note une association
significative entre la déperdition et l'opportunité de la
grossesse mais cette relation est de nature variable selon l'âge de la
grossesse à la première CPN. En effet, lorsque les femmes
commencent la CPN1 dans le premier trimestre de la grossesse, les
probabilités de déperdition sont plus élevées chez
les femmes dont la grossesse n'a pas été souhaitée que
chez celles dont la grossesse a été souhaitée. En
revanche, lorsque les femmes qui commencent les visites au-delà au
premier trimestre, les probabilités de déperdition sont nettement
plus importantes chez les femmes dont la grossesse a été
souhaitée que chez celles dont la grossesse n'a pas été
souhaitée (graphique 4.4).
Graphique 4.4 : Probabilités de
déperdition selon l'opportunité de la grossesse au Tchad (EDST
1996-1997).
IV.2.4 NIVEAU D'INSTRUCTION
Au niveau bivarié, on constate que le niveau
d'instruction de la femme est significativement associé à la
déperdition au seuil de 1% quel que soit le moment du début des
CPN. Mis à part le fait que les probabilités de
déperdition sont nettement plus faibles lorsque la CPN1 commence dans le
premier trimestre que lorsqu'elle commence au-delà du premier trimestre,
on constate que quelle que soit la durée de la gestation à la
CPN1, les risques de déperdition diminuent à mesure que le niveau
d'instruction augmente (graphique 4.5).
Graphique 4.5 : Probabilités de
déperdition selon le niveau d'instruction au Tchad (EDST 1996-1997).
IV.2.5 NIVEAU DE VIE DU MENAGE
A l'examen du tableau 4.1, on constate qu'il existe une
relation négative et significative entre la déperdition et le
niveau de vie du ménage au seuil de 1% quel que soit le moment de
début des CPN. En effet, quelle que soit la durée de la gestation
à la CPN1, les risques de déperdition diminuent lorsque le niveau
de vie du ménage augmente (graphique 4.6). Notre hypothèse selon
laquelle la déperdition des soins prénatals diminue à
mesure que le niveau de vie augmente est ainsi confortée. La
démarcation est très nette entre le niveau élevé
d'une part et les niveaux moyen et faible d'autre part. En revanche, les
différences de déperdition de probabilités de
déperdition entre les niveaux de vie moyen et faible sont faibles
(graphique 4.6).
Graphique 4.6 : Probabilités de
déperdition selon le niveau de vie des ménages au Tchad (EDST
1996-1997).
IV.2.6 QUALITE DES SERVICES
La qualité des services est significativement et
positivement associée à la déperdition au seuil de 1%
quelle que soit la durée de la gestation à la CPN1. On constate que les risques de déperdition
diminuent avec la qualité des services quel que l'âge de la
grossesse à la CPN1 (graphique 4.7). Les différences de
probabilités de déperdition demeurent importantes entre les
gestantes quel que soit le début des CPN. Ces écarts se creusent
au détriment des femmes ayant bénéficié des
services de mauvaise qualité par rapport à celles ayant
bénéficié des services de bonne ou moyenne qualité.
L'hypothèse selon laquelle la déperdition des soins
prénatals est plus importante lorsque la qualité des services est
déficiente est donc confortée.
Graphique 4.7 :
Probabilités de déperdition selon la qualité des services
au Tchad (EDST 1996-1997).
IV.2.7 Distance entre domicile et centre SMI
Quel que soit le moment de la grossesse à la CPN1, la
distance qui sépare le domicile d'une gestante et le centre SMI est
significativement associée à la déperdition au seuil de
1%. Les probabilités de déperdition
augmentent avec la distance par rapport au centre SMI. On constate que les
différences entre les femmes sont plus importantes lorsqu'elles
commencent la CPN1 dans le premier trimestre. Les probabilités de
déperdition sont plus élevées chez les femmes
résidant à plus de 14 km que chez celles qui résident
à moins de 5 km et de 5 à14 km des centres SMI. Lorsque les
femmes débutent leur consultation au-delà du premier trimestre,
la démarcation est très nette entre les femmes qui
résident à moins de 5 km des centres SMI d'une part et les femmes
qui résident de 5 à 14 km et celles qui résident à
plus de 14 km des centres SMI d'autre part. Les différences de
probabilités de déperdition entre les femmes résidant de 5
à 14 km et celles résidant à plus de 14 km des centres
sont peu perceptibles (graphique 4.8).
Graphique 4.8 :
Probabilités de déperdition selon la distance entre le domicile
et le Centre SMI au Tchad (EDST 1996-1997).
IV.2.8 MILIEU DE RESIDENCE
Le milieu de résidence est significativement
associé à la déperdition au seuil de 1% quel que soit le
début des CPN. En effet, les probabilités de déperdition
sont plus élevées chez les femmes rurales que chez celles femmes
de petites et grandes villes lorsque les femmes consultent un personnel de
santé dans le premier trimestre. A
l'opposé, lorsque les femmes consultent un personnel de santé
au-delà du premier trimestre, les femmes de grandes villes se
distinguent par des probabilités de déperdition nettement plus
faibles par rapport aux femmes rurales et celles de petites villes alors que
les différences de probabilités de déperdition entre ces
dernières (femmes de petites villes et leurs congénères du
milieu rural) s'atténuent sensiblement (graphique 4.9).
Graphique 4.9 :
Probabilités de déperdition selon le milieu de résidence
au Tchad (EDST 1996-1997).
IV.2.9 MILIEU DE SOCIALISATION
Le milieu de socialisation est significativement
associé à la déperdition au seuil de 1% à n'importe
quel moment de la grossesse à la CPN1. En effet, les probabilités
de déperdition sont nettement plus faibles chez les femmes
socialisées dans les grandes et petites villes que chez celles
socialisées en milieu rural lorsque les CPN commencent dans le premier
trimestre. Par ailleurs, ces différences de probabilités de
déperdition au-delà du premier trimestre sont plus importantes
entre les femmes socialisées dans les grandes villes et celles
socialisées dans les petites villes d'une part et les femmes
socialisées en milieu rural d'autre part (graphique 4.10). Ces
écarts se creusent au détriment du milieu rural par rapport au
milieu urbain. Ce résultat vient ainsi conforter l'hypothèse qui
postule que les femmes résidant en milieu rural ou socialisées en
milieu rural, ont une déperdition plus importante des soins
prénatals, comparées aux femmes résidant en milieu urbain
ou socialisées dans ce même milieu.
Graphique 4.10 : Probabilités de
déperdition selon le milieu de socialisation au Tchad (EDST
1996-1997).
IV.
2.10 REGION DE RESIDENCE
Au niveau bivarié, le test de Khi-deux montre qu'il
existe une association entre la déperdition et la région de
résidence quel que soit l'âge de la grossesse à la CPN1. En
effet, lorsque les CPN débutent dans le premier trimestre, on
s'aperçoit que la région du Kanem, du Mayo Kebbi, du Moyen Chari,
du Guéra et celles des Logone occidental et oriental se
démarquent des autres régions par des probabilités de
déperdition nettement plus élevées. En revanche, les
faibles probabilités de déperdition s'observent dans la
région de Salamat, du Chari Baguirmi, du Ouaddaï et celle de
N'djaména. Au-delà du premier trimestre, les probabilités
de déperdition les plus importantes sont enregistrées dans la
région du Grand Nord, du Logone occidental, du Ouaddaï, du
Guéra et du Mayo Kebbi. Tandis que les probabilités de
déperdition les plus faibles sont observées dans la région
de N'djaména, le Logone Oriental, le Salamat et la Tandjilé (cf.
cartes).
D'un autre côté, il convient de noter que quelle
que soit la durée de la grossesse à la CPN1, la région de
N'djaména qui abrite la capitale enregistre des probabilités plus
faibles. Cette situation pourrait s'expliquer pat le fait que la région
de N'djaména est de loin la région plus lotie aussi bien en
infrastructures socio-sanitaires qu'en personnel de santé
qualifié au Tchad.
IV.
2.11 APPARTENANCE RELIGIEUSE
La religion n'est significativement associée à
la déperdition que lorsque les CPN débutent dans le premier
trimestre (au seuil de 5%). En effet, lorsque les
CPN commencent dans le premier trimestre, on remarque que les
probabilités de déperdition sont plus élevées chez
les femmes athées ou adeptes de religions traditionnelles que chez les
chrétiennes et les musulmanes. Au-delà du premier trimestre, le
test de Khi-deux montre qu'il n'existe pas d'association entre la
déperdition et la religion. Toutefois, on observe que les
probabilités de déperdition sont relativement faibles chez les
femmes athées ou adeptes de religions traditionnelles que chez les
chrétiennes et les musulmanes. Ce dernier résultat ne conforte
pas entièrement l'hypothèse selon laquelle comparées aux
femmes chrétiennes, les femmes musulmanes, athées ou adeptes de
religions traditionnelles sont plus sujettes à la déperdition des
soins prénatals.
Graphique 4.11 :
Probabilités de déperdition selon l'appartenance religieuse au
Tchad (EDST 1996-1997).
IV.2.12 ETHNIE
La variable ethnique n'est significativement associée
à la déperdition que lorsque les CPN commencent dans le premier
trimestre. En effet, lorsque les femmes consultent un personnel médical
dans le premier trimestre, les femmes gorane, arabe, baguirmi-kanembou et
tandjilé se distinguent des autres par de faibles probabilités
de déperdition. En revanche, les femmes kebbi, sara, hadjaraï-iro
et fitri-batha ont des fortes probabilités de déperdition.
Au-delà du premier trimestre, le test de Khi-deux montre qu'il n'existe
pas d'association entre la déperdition et l'ethnie. En d'autres termes,
les différences de probabilités de déperdition sont
relativement faibles entre les femmes quelle que soit l'appartenance ethnique
(graphique 4.12).
Graphique 4.12 : Probabilités de
déperdition selon l'ethnie au Tchad (EDST 1996-1997).
Que peut-on retenir des
résultats descriptifs ?
En somme, nous pouvons retenir que le niveau de
déperdition des soins prénatals est relativement
élevé au Tchad. Dans ce chapitre, nous avons examiné les
corrélations existant entre la déperdition et d'autres variables
retenues pour cette étude. L'opportunité de la grossesse, le
niveau d'instruction, le niveau de vie du ménage, la qualité des
services, la distance par rapport au centre SMI, le milieu de résidence,
le milieu de socialisation, la région de résidence sont fortement
associées à la déperdition des soins prénatals
quelle que soit la durée de la gestation à la CPN1. Cependant,
les variables telles que la religion et l'ethnie ne sont significativement
associées à la déperdition que lorsque les CPN commencent
dans le premier trimestre. Par ailleurs, l'âge et la parité
atteinte ne sont pas associés à la déperdition. Le dernier
chapitre nous permettra d'examiner en profondeur les associations
observées ci-haut. Plus précisément, il s'agira de mesurer
les effets des variables indépendantes sur la variable dépendante
en contrôlant l'effet des autres variables. Nous établirons
également les mécanismes d'action.
Tableau 4.1 :
Probabilités de déperdition entre la visite t et la visite t+1
pour les gestantes ayant débuté la 1ère CPN
dans le premier trimestre de la grossesse (EDS Tchad 1996-1997).
Caractéristiques socio-économiques,
culturelles et sanitaires
|
Effectif des gestantes à la 1ère
visite
|
Visites
|
1 2
|
2 3
|
3 4
|
Age
Jeunes
Adultes
Agées
|
274
299
138
|
ns
0,07
0,04
0,04
|
ns
0,11
0,12
0,14
|
ns
0,30
0,32
0,32
|
Parité
Primipares
Multipares
Grandes multipares
|
264
365
85
|
ns
0,07
0,04
0,05
|
ns
0,11
0,14
0,09
|
ns
0,28
0,32
0,34
|
Opportunité de la grossesse
Opportune
Inopportune
|
597
112
|
**
0,06
0,03
|
**
0,13
0,08
|
**
0,29
0,42
|
Niveau d'instruction
Sans niveau
Primaire
Secondaire et +
|
409
227
77
|
***
0,08
0,03
0,00
|
***
0,16
0,08
0,05
|
***
0,34
0,30
0,22
|
Niveau de vie
Elevé
Moyen
Faible
|
55
286
371
|
***
0,04
0,07
0,05
|
***
0,08
0,12
0,13
|
***
0,14
0,32
0,33
|
Qualité des
services
Mauvaise
Moyenne
Bonne
|
205
314
191
|
***
0,19
0,00
0,00
|
***
0,22
0,14
0,01
|
***
0,38
0,30
0,28
|
Distance entre domicile et centre SMI
<5 km
5-14 km
15 km et +
|
362
110
228
|
***
0,03
0,05
0,10
|
***
0,07
0,14
0,20
|
***
0,27
0,42
0,34
|
Milieu de résidence
Grandes villes
Petites villes
Rural
|
173
180
359
|
***
0,03
0,02
0,09
|
***
0,05
0,08
0,18
|
***
0,23
0,28
0,38
|
Milieu de socialisation
Grandes villes
Petites villes
Rural
|
129
196
368
|
***
0,02
0,02
0,09
|
***
0,05
0,07
0,18
|
***
0,22
0,26
0,49
|
Région de résidence
Grand Nord
Chari Baguirmi
Guéra
Kanem
Logone Occidental
Logone Oriental
Mayo Kebbi
Moyen Chari
OuaddaÏ
Salamat
Tandjilé
N'djaména
|
20
69
20
29
54
45
98
101
24
17
66
173
|
***
0,00
0,01
0,05
0,10
0,06
0,04
0,12
0,07
0,13
0,00
0,05
0,03
|
***
0,25
0,10
0,11
0,31
0,18
0,19
0,16
0,14
0,10
0,06
0,06
0,05
|
***
0,27
0,21
0,35
0,28
0,48
0,37
0,44
0,33
0,11
0,13
0,36
0,23
|
Appartenance religieuse
Chrétiennes
Musulmanes
Autres
|
379
298
31
|
***
0,05
0,04
0,16
|
***
0,13
0,11
0,15
|
***
0,36
0,24
0,50
|
Ethnie
Gorane
Arabe
Ouaddaï
Baguirmi-Kanembou
Fitri-Batha
Hadjaraï-Iro
Sara
Tandjilé
Kebbi
|
36
72
31
73
20
43
252
61
110
|
***
0,06
0,01
0,10
0,03
0,05
0,07
0,05
0,07
0,09
|
***
0,18
0,07
0,07
0,15
0,32
0,08
0,12
0,07
0,14
|
***
0,07
0,23
0,31
0,28
0,31
0,30
0,34
0,25
0,36
|
Ensemble
|
712
|
0,05
|
0,12
|
0,31
|
Note : *** Significatif à
1% ; ** Significatif à 5% ; *
Significatif à 10% ; ns non
significatif.
Tableau 4.2 :
Probabilités de déperdition entre la visite t et la visite t+1
pour les gestantes ayant débuté la 1ère CPN
au-delà du premier trimestre de la grossesse (EDS Tchad
1996-1997).
Caractéristiques socio-économiques,
culturelles et sanitaires
|
Effectif des gestantes à la 1ère
visite
|
Visites
|
1 2
|
2 3
|
3 4
|
Age
Jeunes
Adultes
Agées
|
409
388
169
|
ns
0,15
0,15
0,14
|
ns
0,32
0,32
0,41
|
ns
0,47
0,48
0,56
|
Parité
Primipares
Multipares
Grandes multipares
|
374
498
97
|
ns
0,16
0,15
0,13
|
ns
0,33
0,32
0,39
|
ns
0,48
0,48
0,51
|
Opportunité de la grossesse
Opportune
Inopportune
|
845
125
|
**
0,15
0,11
|
**
0,35
0,24
|
**
0,50
0,39
|
Niveau d'instruction
Sans niveau
Primaire
Secondaire et +
|
610
309
49
|
**
0,16
0,14
0,06
|
**
0,36
0,30
0,20
|
**
0,51
0,45
0,41
|
Niveau de vie
Elevé
Moyen
Faible
|
27
399
543
|
***
0,07
0,17
0,14
|
***
0,16
0,32
0,35
|
***
0,33
0,48
0,50
|
Qualité des
services
Mauvaise
Moyenne
Bonne
|
447
394
122
|
***
0,30
0,02
0,02
|
***
0,44
0,34
0,03
|
***
0,54
0,48
0,47
|
Distance entre domicile et centre SMI
<5 km
5-14 km
15 km et +
|
355
165
440
|
***
0,10
0,15
0,19
|
***
0,26
0,40
0,37
|
***
0,43
0,60
0,50
|
Milieu de résidence
Grandes villes
Petites villes
Rural
|
116
214
640
|
***
0,10
0,09
0,18
|
***
0,13
0,27
0,39
|
***
0,36
0,53
0,50
|
Milieu de socialisation
Grandes villes
Petites villes
Rural
|
81
231
639
|
***
0,15
0,08
0,18
|
***
0,16
0,25
0,39
|
***
0,43
0,50
0,49
|
Région de résidence
Grand Nord
Chari Baguirmi
Guéra
Kanem
Logone Occidental
Logone Oriental
Mayo Kebbi
Moyen Chari
OuaddaÏ
Salamat
Tandjilé
N'djaména
|
25
71
25
49
142
106
150
183
16
12
77
116
|
***
0,32
0,23
0,12
0,12
0,15
0,08
0,17
0,10
0,06
0,17
0,27
0,10
|
***
0,47
0,35
0,36
0,35
0,44
0,22
0,32
0,40
0,40
0,30
0,34
0,13
|
***
0,67
0,53
0,57
0,54
0,69
0,34
0,50
0,52
0,67
0,29
0,38
0,36
|
Appartenance religieuse
Chrétiennes
Musulmanes
Autres
|
624
298
47
|
ns
0,15
0,15
0,06
|
ns
0,34
0,32
0,23
|
ns
0,48
0,49
0,50
|
Ethnie
Gorane
Arabe
Ouaddaï
Baguirmi-Kanembou
Fitri-Batha
Hadjaraï-Iro
Sara
Tandjilé
Kebbi
|
31
56
29
97
19
31
478
70
145
|
ns
0,13
0,14
0,21
0,12
0,32
0,19
0,12
0,30
0,16
|
ns
0,33
0,27
0,43
0,27
0,31
0,40
0,36
0,31
0,29
|
ns
0,39
0,40
0,62
0,55
0,44
0,47
0,52
0,35
0,44
|
Ensemble
|
970
|
0,15
|
0,33
|
0,48
|
Note : *** Significatif à
1% ; ** Significatif à 5% ; *
Significatif à 10% ; ns non
significatif.
CHAPITRE V : ESSAI D'EXPLICATION DE LA DEPERDITION DES
SOINS PRENATALS AU TCHAD.
L'objet du présent chapitre est d'identifier, dans une
approche multivariée, les facteurs associés à la
déperdition des soins prénatals au Tchad. Pour ce faire, nous
avons utilisé les modèles pas à pas de la
régression logistique ordonnée dont les fondements ont
été succinctement présentés au chapitre III. Les
coefficients j fournis par le modèle de régression logistique
ordonnée (« Ologit ») ont été
transformés en rapports de chances (« odds
ratio ») dans le souci de faciliter l'interprétation des
résultats. Nous rappelons à nouveau que dans la présente,
la déperdition des soins est saisie indirectement à travers le
nombre de visites. Au total, nous avons élaboré cinq
modèles de régression à pas croissant correspondant aux
cinq dimensions de notre cadre analytique :
@ Le modèle 1 (M1): les variables
contextuelles (région de résidence et la résidence) ont
été considérée comme les variables de base.
@ Le modèle 2 (M2): ce
modèle a pris en compte les variables contextuelles plus les variables
liées à l'environnement culturel à savoir l'ethnie, le
milieu de socialisation et la religion.
@ Le modèle 3 (M3) : il a
intégré toutes les variables du modèle
précédent et le niveau de vie.
@ Le modèle 4 (M4) : il a pris en
compte les variables contextuelles, celles liées à
l'environnement culturel, aux caractéristiques du ménage ainsi
que les variables liées aux caractéristiques individuelles de la
femme (âge, parité atteinte, opportunité de la grossesse,
le niveau d'instruction).
@ Le modèle 5 (M5) : en plus de
toutes les variables dans le modèle 4 ont été introduites
les variables liées aux caractéristiques du système de
santé, la distance par rapport au centre SMI et la qualité des
services. C'est le modèle saturé.
V.1 EFFETS NETS DES VARIABLES
EXPLICATIVES
V.1.1 LES FACTEURS LIES
À LA DEMANDE
V.1.1.1 LE MILIEU DE RESIDENCE
Le milieu de résidence n'influence significativement la
déperdition des soins prénatals que lorsque les CPN
débutent dans le premier trimestre. En effet, la propension à ne
pas continuer les CPN est plus élevée en milieu rural qu'en
milieu urbain (43% moins de risques). Ces différences s'expliqueraient
par les inégalités d'offre sanitaire entre les milieux rural et
urbain (« biais urbain »). En revanche, lorsque les CPN
débutent au-delà du premier trimestre, le milieu de
résidence n'a pas un impact significatif sur la déperdition des
soins prénatals. On constate que les facteurs liés à
l'offre (accessibilité géographique et qualité)
médiatisent totalement les effets du milieu de résidence sur la
déperdition des soins prénatals. En d'autres termes, la
déperdition différentielle observée au niveau
bivarié entre les femmes qui commencent les CPN au-delà du
premier trimestre s'explique plutôt par l'accessibilité
géographique et la qualité des services.
Ainsi, l'hypothèse selon laquelle les femmes
résidant en milieu rural ont une déperdition plus importante des
soins prénatals, comparées aux femmes résidant en milieu
urbain, est partiellement confirmée.
V.1.1.2 LE MILIEU DE SOCIALISATION
Quelle que soit la durée de la grossesse à la
CPN1, le milieu de socialisation ne discrimine pas significativement les femmes
en matière de déperdition des soins pendant la grossesse.
Qu'elles soient socialisées en milieu rural, dans les petites villes ou
dans les grandes villes, les femmes courent presque un même risque
d'observer une déperdition. Les effets du milieu de socialisation sur la
déperdition sont entièrement médiatisés par les
caractéristiques individuelles de la femme, du ménage et celles
du système de santé.
Au vu ces résultats, l'hypothèse selon
laquelle les femmes socialisées en milieu rural ont une
déperdition plus importante des soins prénatals comparées
aux femmes socialisées en milieu urbain n'est pas
confirmée.
V.1.1.3 LA RELIGION
Au niveau net, on constate que l'appartenance religieuse
n'influence plus significativement la déperdition des soins
prénatals lorsque les CPN commencent dans le premier trimestre. La
relation observée au niveau bivarié accordant un fort risque de
déperdition aux chrétiennes par rapport aux musulmanes
s'avère fallacieuse. Autant que les chrétiennes, les musulmanes,
athées ou adeptes de religions traditionnelles courent presque un risque
similaire d'observer une déperdition.
En revanche, lorsque les CPN commencent au-delà du
premier trimestre, l'affiliation religieuse influence significativement la
déperdition des soins prénatals. De prime abord, on s'attendrait
à ce que les chrétiennes aient une déperdition nettement
faible par rapport aux musulmanes, athées ou adeptes de religions
traditionnelles. Les résultats de cette étude montrent le
contraire. En effet, les femmes athées ou adeptes de religions
traditionnelles ont 52% moins de risque d'observer une déperdition alors
que les musulmanes ont à peu près une même propension
à la déperdition que les chrétiennes. Cette situation
pourrait s'expliquer par le fait que les femmes athées ou adeptes de
religions traditionnelles au Tchad sont beaucoup plus soumises à
l'emprise des pesanteurs culturelles qui les interdisent de déclarer la
grossesse dans les 3 premiers mois afin de protéger le foetus contre les
attaques sorcières et les paroles maléfiques. Une fois cette
période dépassée, elles sont relativement
débarrassées de certaines contraintes traditionnelles
(liées à la déclaration de la grossesse) et lorsqu'elles
s'engagent dans un système de santé, elles deviennent plus
assidues.
Au vu de ces résultats, l'hypothèse selon
laquelle comparées aux femmes chrétiennes, les femmes musulmanes,
athées et adeptes de religions traditionnelles sont plus sujettes
à la déperdition des soins prénatals n'est donc pas
confirmée.
V.1.1.4 LE NIVEAU DE VIE DU MENAGE
La déperdition des soins prénatals diminue
significativement à mesure que le niveau de vie du ménage
augmente. La pauvreté des ménages constitue ainsi une
véritable barrière à la continuité des soins quel
que soit le début des CPN. Lorsque la CPN1 débute dans le premier
trimestre, comparées à leurs congénères issues des
ménages de niveau de vie faible, les femmes des ménages de niveau
de vie élevé et celles de niveau moyen ont respectivement 48% et
30% moins de risques d'observer une déperdition. Les différences
de risques de déperdition entre les niveaux de vie faible et
élevé sont de 1 à 0,3 lorsque les CPN commencent
au-delà premier trimestre. Autrement dit, les femmes des ménages
de niveau de vie faible sont plus enclines à rompre le contact avec le
système des soins pour des raisons financières. C'est ainsi que
lors d'une enquête qualitative, une femme déclarait :
«chaque fois, il faut payer 100 francs par là. Si on multiplie
ces 100 francs par le nombre de fois qu'on va l'hôpital, on ne peut pas
trouver les sommes nécessaires» (Wyss et Nandjingar, 1995).
Ainsi, la pauvreté constitue sans doute un obstacle à la
continuité des soins au Tchad.
L'hypothèse selon laquelle la déperdition
des soins prénatals diminue à mesure que le niveau de vie
augmente est vérifiée.
V.1.1.5 L'AGE
L'âge n'influence significativement la
déperdition des soins prénatals que lorsque les CPN commencent
au-delà du premier trimestre. L'âge agit sur la déperdition
de manière additive avec d'autres variables. En effet, nous constatons
que les femmes jeunes (OR= 1,31) et celles ayant un âge avancé
(OR= 1,39) ont une forte propension à la déperdition par rapport
aux femmes adultes. Nous observons que la relation entre l'âge et la
déperdition des soins prénatals tend à prendre la forme
d'un « U ». C'est dire que la déperdition est plus
élevée aux âges jeunes, décroît aux âges
adultes, puis se relève aux âges avancés chez les femmes
tchadiennes. Une relation similaire a été observée par
certains chercheurs intéressés par la santé maternelle et
infantile (Le Grand et Mbacké, 1993 ; Zoungrana, 1993 ;
Beninguisse, 2001).
Ainsi, l'hypothèse selon laquelle la
déperdition des soins prénatals augmente avec l'âge n'est
pas confirmée.
V.1.1.6 LA PARITE ATTEINTE
On s'attendrait à ce que la multiparité soit
fortement associée à la déperdition car les femmes
multipares ont tendance à faire passer la santé et le
bien-être de leur famille, particulièrement ceux des enfants,
avant leur propre santé et, en conséquence, n'ont pas recours
à l'aide médicale pour elles-mêmes. Ce n'est
véritablement pas le cas dans le contexte tchadien. Ceci pourrait
s'expliquer la mauvaise déclaration des naissances vivantes des cinq
dernières années pendant l'enquête pour des raisons
diverses : omissions, perceptions culturelles, etc.
L'hypothèse selon laquelle la déperdition
des soins prénatals augmente avec la parité n'est donc pas
vérifiée.
V.1.1.7 L'OPPORTUNITE DE LA
GROSSESSE
L'opportunité de la grossesse influence
significativement la déperdition des soins prénatals quel que
soit le début des CPN. Cette influence est de nature variable selon
l'âge de la grossesse à la CPN1. En effet, lorsque les CPN
commencent dans le premier trimestre, comparées aux gestantes dont la
grossesse a été souhaitée, celles dont la grossesse n'a
pas été souhaitée courent près de 2 fois plus de
risques d'observer une déperdition. En revanche, lorsque les CPN
commencent au-delà du premier trimestre, l'inopportunité de la
grossesse est plutôt associée à une bonne continuité
des soins prénatals. En effet, on constate que les femmes dont la
grossesse n'a pas été souhaitée lorsqu'elles commencent
les CPN au-delà du premier trimestre s'adonnent beaucoup plus aux CPN.
Elles ont 46% moins de risques de sortir du système des soins
comparées à leurs congénères dont la grossesse a
été souhaitée. Ce résultat apparaît peu
surprenant. Cette situation pourrait s'expliquer par le fait que les femmes
dont la grossesse n'a pas été souhaitée prennent beaucoup
de temps pour accepter une grossesse non planifiée. En
général, ces femmes commencent les CPN tardivement
(au-delà du premier trimestre). Et, dès qu'une grossesse non
souhaitée est acceptée, malgré le retard du début
des CPN, les femmes ont tendance à mieux observer une continuité
des soins prénatals. Par ailleurs, il convient de signaler que dans un
contexte où la fécondité est relativement
élevée et encouragée comme c'est le cas au Tchad, on finit
toujours par accepter une grossesse non souhaitée malgré le temps
cela prend. Car après tout « une grossesse, c'est toujours une
grossesse ».
Notre hypothèse selon laquelle la propension
à la déperdition des soins prénatals est plus
élevée chez les femmes dont la grossesse n'a pas
été opportune que chez celles dont la grossesse a
été opportune est partiellement confirmée.
V.1.1.8 LE NIVEAU D'INSTRUCTION
Le niveau d'instruction constitue un facteur discriminant
vis-à-vis de la déperdition des soins prénatals lorsque
les CPN débutent dans le premier trimestre. En effet, comparées
aux femmes sans niveau, les femmes du primaire et celles du secondaire ou plus
ont respectivement 34% et 37% moins de risques d'observer une
déperdition que leurs homologues sans niveau. Autrement dit, lorsqu'une
gestante atteint le niveau primaire, autant qu'une gestante du secondaire ou
plus, elle a une faible propension d'observer une déperdition. Ceci
montre bien la nécessité d'assurer l'éducation à
tous (surtout l'éducation de base).
En revanche, lorsque les CPN commencent au-delà du
premier trimestre, les différences de risques de déperdition
entre les femmes ne sont pas statistiquement significatives selon le niveau
d'instruction. En d'autres termes, qu'elles soient instruites ou non lorsque
les CPN débutent au-delà du premier trimestre, toutes les femmes
ont presque une même propension à la déperdition.
Notre hypothèse selon laquelle la
déperdition des soins prénatals diminue à mesure que le
niveau d'instruction augmente est partiellement vérifiée.
V.1.1.9 LA REGION DE RESIDENCE ET
L'ETHNIE
Toutes choses égales par ailleurs, la propension
à la déperdition des soins prénatals varie peu selon la
région de résidence. Les différences régionales
s'expliqueraient en partie par les facteurs liés à l'offre
(disponibilité, accessibilité géographique et
qualité des services). En effet, la région de la Tandjilé
a 67% moins de risques d'observer une déperdition par rapport à
la région de N'djaména quel que soit le début des CPN. Cet
avantage s'expliquerait par le fait que la Tandjilé est l'une des
régions du Tchad qui regorge plus de femmes alphabétisées.
La présence des missionnaires catholiques depuis l'ère coloniale
a contribué à encourager la scolarisation de jeunes dans cette
région méridionale du pays. La Tandjilé est aussi la
région où l'offre sanitaire est la plus disponible.
En présence des autres variables, l'appartenance
ethnique influence la déperdition des soins prénatals quel que
soit le début des CPN. Toutefois, il convient de signaler qu'en
présence des variables liées aux caractéristiques
individuelles, l'ethnie perd totalement sa significativité. Ce qui
signifie que les caractéristiques individuelles médiatisent les
effets de l'appartenance ethnique sur la déperdition
(modèle 4). En effet, les femmes fitri-batha et leurs
congénères hadjaraï-iro ont 2 fois plus de risques
d'observer une déperdition des soins comparativement aux femmes sara.
Lorsque les CPN commencent au-delà du premier trimestre, la propension
des femmes fitri-batha s'élève à 3,5 fois plus que celle
des Sara. Ces différences pourraient s'expliquer par les pesanteurs
culturelles (coutumes et préférences) qui pèsent plus sur
les femmes fitri-batha et hadjaraï-iro par rapport aux femmes appartenant
à d'autres groupes ethniques.
V.1.2 LES FACTEURS LIES
À L'OFFRE
V.1.2.1 LA DISTANCE ENTRE LE DOMICILE
ET LE CENTRE SMI
L'accessibilité géographique n'influence pas la
déperdition des soins prénatals lorsque les CPN débutent
dans le premier trimestre. Ainsi, la relation observée au niveau
bivarié entre la distance par rapport au centre SMI le plus proche et la
déperdition serait donc fallacieuse. En effet, quelle que soit la
distance par rapport au centre SMI le plus proche, les femmes qui
débutent la CPN1 dans le premier trimestre sont exposées presque
à un même risque de déperdition. En revanche, lorsque les
CPN commencent au-delà du premier trimestre, l'éloignement des
centres SMI constitue un facteur favorisant la déperdition des soins
prénatals. En effet, les femmes résidant à plus de 14 km
des centres SMI sont plus sujettes à la déperdition que celles
résidant à moins de 5 km ou de 5 à 14 km de ces centres.
Ces résultats viennent consolider ceux obtenus par les études
antérieures sur l'utilisation des services prénatals (Zoungrana,
1993 ; CRDI, 1995 ; Goïdi et Dia, 2004 ; etc.).
L'hypothèse selon laquelle la déperdition
des soins prénatals augmente avec la distance par rapport au centre SMI
est partiellement confirmée.
V.1.2.2 LA QUALITE DES SERVICES
La qualité des services est un facteur de
discrimination en matière de déperdition des soins
prénatals quel que soit le début des CPN. Ceci montre que la
qualité des services est d'une importance capitale dans le
système des soins de santé. Elle détermine en partie le
maintien de la gestante dans le système de prise en charge. En effet,
lorsque les CPN commencent dans le premier trimestre, les femmes ayant
bénéficié des services de bonne qualité ont 37%
moins de risques d'observer une déperdition par rapport aux femmes ayant
bénéficié des services de moyenne qualité. En
revanche, comparées aux femmes ayant bénéficié des
services de moyenne qualité, celles ayant bénéficié
des services de mauvaise qualité ont 2,69 fois plus de risques
d'observer une déperdition. Lorsque les CPN commencent au-delà du
premier trimestre, la propension à la déperdition est 3, 32 fois
plus chez les femmes ayant bénéficié des services de
mauvaise qualité que chez celles ayant bénéficié
des services de moyenne qualité. Des résultats semblables ont
été révélés dans la littérature sur
l'utilisation des services prénatals dans les pays en
développement (Egunjobi, 1983 ; Fournier et Haddad, 1995 ;
Mawajeh et al.; 1995).
L'hypothèse selon laquelle la déperdition
des soins prénatals est plus importante lorsque la qualité des
services est déficiente est donc vérifiée.
Que peut-on retenir de ces résultats
explicatifs ?
Toutes les étapes de l'analyse que nous avons
menées avaient pour objet de dégager les facteurs associés
à la déperdition des soins prénatals au Tchad et de
montrer les mécanismes par les quels les variables agissent sur ce
phénomène considéré. Les résultats montrent
que le niveau de vie du ménage, l'opportunité de la grossesse, la
qualité des services, la région de résidence, l'ethnie
constituent des facteurs associés à la déperdition des
soins prénatals au Tchad quel que soit le début des CPN. Par
ailleurs, le milieu de résidence et le niveau d'instruction ne sont
associés à la déperdition que lorsque les CPN commencent
dans le premier trimestre. Alors que l'âge, la religion et la distance
par rapport au centre SMI ne sont associés à la
déperdition des soins prénatals que lorsque les CPN commencent
au-delà du premier trimestre. Cependant, le milieu de socialisation et
la parité atteinte n'ont pas un impact significatif sur la
déperdition des soins prénatals quel que soit le début des
CPN.
Tableau 5.1 : Risques relatifs d'observer la
déperdition des soins prénatals pour les gestantes ayant
effectué la CPN1 dans le premier trimestre de la grossesse (odds ratio
associés aux différentes modalités issus des coefficients
j de la régression « Ologit »).
Variables explicatives
|
Effets bruts
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
Région de résidence
N'djaména
Grand Nord
Chari Baguirmi
Guéra
Kanem
Logone Occidental
Logone Oriental
Mayo Kebbi
Moyen Chari
Ouaddaï
Salamat
Tandjilé
Milieu de résidence
Rural
Petites villes
Grandes villes
|
R
1,93
1,14
2,27**
2,53**
3,03***
2,77***
3,19***
1,68**
0,97
1,00
1,55
R
0,41***
0,36***
|
R
1,92
0,90
2,32
1,99
2,83*
2,34
2,83**
1,70
1,32
1,00
1,11
R
0,56
0,38***
|
R
0,96
1,68
1,00
1,46
1,65
1,58
1,68
1,04
0,66
0,50
0,47
R
0,47
0,53***
|
R
0,84
0,66
1,00
1,38
1,68
1,45
1,67
0,99
0,68
0,47
0,50
R
0,43
0,42***
|
R
1,00
0,76
1,21
1,73
1,79
0,57
1,95
3,22
0,73
0,55
0,53
R
0,53
0,46***
|
R
0,84
0,61
1,00
1,26
1,11
1,05
1,25
0,96
0,57
0,41
0,33*
R
0,57
0,57**
|
Ethnie
Sara
Gorane
Arabe
Ouaddaï
Baguirmi -Kanembou
Fitri-Batha
Hadjaraï-Iro
Tandjilé
Kebbi
Milieu de socialisation
Rural
Petites villes
Grandes villes
Religion
Chrétiennes
Musulmanes
Sans religion
|
R
0,49**
0,61**
0,92
0,79
1,28
1,09
1,08
1,34
R
0,41***
0,36***
R
0,64***
2,34**
|
|
R
0,79
1,32
1,88
1,35
2,53*
2,12*
1,60
0,93
R
0,64**
0,58**
R
0,76
1,86
|
R
1,01
1,40
1,99
1,46
2,53*
2,18*
1,58
1,08
R
0,68*
0,63**
R
0,74
1,58
|
R
0,90
1,23
1,97
1,42
2,48
2,14
1,67
1,07
R
0,66
0,73
R
0,68
-0,49
|
R
0,98
0,98
1,80
1,16
1,84
2,14*
2,29**
1,05
R
0,89
0,77
R
0,70
1,75
|
Niveau de vie du ménage
Faible
Moyen
Elevé
|
R
0,92
0,41***
|
|
|
R
0,64**
0,42**
|
R
0,68**
0,49**
|
R
0,70**
0,52**
|
Age
Adultes
Jeunes
Agées
Parité atteinte
Multipares
Primipares
Grandes multipares
Opportunité de la grossesse
Opportune
Inopportune
Niveau d'instruction
Sans niveau
Primaire
Secondaire et plus
|
R
0,99
1,02
R
0,89
0,90
R
1,19
0,63***
0,42***
|
|
|
|
R
1,20
1,35
R
0,93
0,79
R
1,62**
R
0,69**
0,63*
|
R
1,22
1,17
R
0,92
0,79
R
1,68***
0,66**
0,63**
|
Distance entre domicile et centre SMI
<5 km
5-14 km
15 km
Qualité des services
Moyenne
Mauvaise
Bonne
|
R
1,60**
2,34***
R
3,60***
0,61***
|
|
|
|
|
R
0,96
1,22
R
2,69***
0,63**
|
Khi Carré
Pseudo R2
|
|
77,21***
0,0428
|
94,33***
0,0557
|
105,20***
0,0622
|
111,57***
0,0690
|
161,81***
0,0967
|
Note : *** Significatif à 1% ; ** Significatif
à 5% ; * significatif à 10%. R
désigne la modalité de référence.
Tableau 5.2 : Risques
relatifs d'observer la déperdition des soins prénatals pour les
gestantes ayant effectué la CPN1 au-delà du premier trimestre de
la grossesse (odds ratio associés aux différentes
modalités issus des coefficients j de la régression
« Ologit »).
Variables explicatives
|
Effets bruts
|
M1
|
M2
|
M3
|
M4
|
M5
|
Région de résidence
N'djaména
Grand Nord
Chari Baguirmi
Guéra
Kanem
Logone Occidental
Logone Oriental
Mayo Kebbi
Moyen Chari
Ouaddaï
Salamat
Tandjilé
Milieu de résidence
Rural
Petites villes
Grandes villes
|
R
1,16***
3,16***
2,86***
2,20***
3,46***
1,20
2,51***
2,03***
2,66**
2,48*
3,10***
R
0,61***
0,33***
|
R
1,88
0,94
1,01
0,58
1,03
0,33**
0,66
1,55
0,97
1,00
0,90
R
0,52***
0,23***
|
R
2,25
1,36
1,11
0,82
1,75
1,73
1,46
1,16
1,00
1,54
1,45
R
0,57***
0,32***
|
R
1,48
0,98
0,70
0,47
1,14
0,36*
0,90
0,73
0,71
1,00
0,90
R
0,52***
0,21***
|
R
2,12
1,43
0,89
0,66
1,42
0,46
1,19
0,99
1,00
1,39
1,25
R
0,54***
0,31**
|
R
0,84
0,61
1,00
1,26
1,11
1,05
1,25
0,96
0,57
0,41
0,33*
R
0,84
0,46
|
Ethnie
Sara
Gorane
Arabe
Ouaddaï
Baguirmi -Kanembou
Fitri-Batha
Hadjaraï-Iro
Tandjilé
Kebbi
Milieu de socialisation
Rural
Petites villes
Grandes villes
Religion
Chrétiennes
Musulmanes
Sans religion
|
R
0,83*
0,72
1,60
0,89
2,01**
1,46
1,31
1,07
R
0,54***
0,43***
R
0,94
1,45
|
|
R
1,12
0,78
1,42
1,04
3,53***
1,63
1,11
0,74
R
0,28
0,89*
R
1,28
0,52*
|
R
1,34
0,77
1,40
1,01
3,35***
1,58
1,2
0,80
R
0,78
0,91
R
1,28
0,54
|
R
1,14
0,68
1,30
1,08
3,39
1,68
1,21
0,75
R
0,84
1,02
R
1,17
0,47**
|
R
1,25
0,81
1,60
1,05
3,53*
1,54
1,04
0,81
R
0,90
1,06
R
0,95
0,48**
|
Niveau de vie du ménage
Faible
Moyen
Elevé
|
R
0,94
0,32**
|
|
|
R
0,84
0,30***
|
R
0,88
0,33***
|
R
0,95
0,30***
|
Age
Adultes
Jeunes
Agées
Parité atteinte
Multipares
Primipares
Grandes multipares
Opportunité de la grossesse
Opportune
Inopportune
Niveau d'instruction
Sans niveau
Primaire
Secondaire et plus
|
R
1,00
1,30
R
3,06
3,10
R
0,54***
0,67***
0,42***
|
|
|
|
R
0,76
1,43*
R
1,46**
0,95
R
0,70*
R
0,83
0,72
|
R
1,31*
1,39*
R
1,17
0,91
R
0,70*
0,88
0,76
|
Distance entre domicile et centre SMI
<5 km
5-14 km
15 km
Qualité des services
Moyenne
Mauvaise
Bonne
|
R
1,68***
1,90***
R
4,22***
0,43***
|
|
|
|
|
R
1,31
1,39*
R
3,32***
0,40***
|
Khi Carré
Pseudo R2
|
|
92,93***
0,0325
|
114,84***
0,0423
|
126,38***
0,0539
|
146,04***
0,0539
|
281,77***
0,1058
|
Note : *** Significatif à 1% ; ** Significatif
à 5% ; * significatif à 10%. R
désigne la modalité de référence.
CONCLUSION GENERALE
La mortalité maternelle et infantile est aujourd'hui au
centre des préoccupations de toutes les sociétés. Chaque
année, plus d'un demi million de femmes meurent des complications
liées à la grossesse et à l'accouchement ; plus de 50
millions de femmes souffrent de graves maladies ou invalidités
liées à la grossesse et à l'accouchement ; au moins
1,2 millions de nouveaux-nés meurent suite à des complications
lors de l'accouchement dans le monde (OMS, 1997). La mortalité
maternelle et infantile demeure encore plus élevée dans le monde
et en particulier dans le monde en développement. Le Tchad est souvent
présenté comme l'un des pays d'Afrique noire ayant un taux de
mortalité maternelle élevé, bien au dessus de la moyenne
africaine estimée à 800 décès pour 100 000
naissances vivantes. Le rapport mondial sur le développement humain
(2003) fait mention de 1 500 cas pour 100 000 naissances vivantes.
Par ailleurs, les données de l'EDST (1996-1997) ont montré que
parmi les naissances enregistrées au cours des cinq années ayant
précédé l'enquête, environ deux tiers (63,5%) n'ont
fait l'objet d'aucune consultation prénatale, environ un tiers (32,5%)
dont les mères ont consulté un professionnel de santé et
4% dont les mères ont consulté un professionnel de santé
non formée. Ce qui apparaît très préoccupant, c'est
que parmi les 33% des femmes qui effectuent au moins une CPN, nombre d'entre
elles ne reviennent plus assurer la continuité des soins. Ainsi, on
assiste à une déperdition des soins prénatals dans la
mesure où la rétention des gestantes dans le système de
santé n'est pas assurée. La déperdition des soins n'est
pas souhaitable car elle constitue un obstacle à la lutte contre la
mortalité maternelle et périnatale. Tout au long du processus
d'enfantement, une femme devrait effectuer au minimum 4 visites, à
intervalles réguliers comme l'OMS le recommande. La problématique
de la discontinuité ou de la continuité des soins
obstétricaux, moins encore celle de la déperdition des soins
prénatals reste non soulevée par la communauté
scientifique, la présente étude vient à point nommé
compenser partiellement ce vide.
En entreprenant cette étude, notre objectif fondamental
était de mettre à la disposition des chercheurs et
décideurs des résultats pertinents pour l'amélioration de
la continuité des soins prénatals au Tchad. Pour cela, nous avons
défini un certain nombre d'objectifs spécifiques à
savoir :
@ mesurer l'ampleur de la déperdition des soins
prénatals ;
@ identifier les facteurs associés au
phénomène et leurs mécanismes d'action.
Pour tester les hypothèses de recherche, nous avons eu
recours à deux types d'approches d'analyse : l'approche descriptive
et l'approche multidimensionnelle. A travers l'approche descriptive, le test de
Khi-deux nous a permis de dégager les relations existant entre les
variables indépendantes et la déperdition des soins
prénatals. Au niveau bivarié, les variables telles que
l'opportunité de la grossesse, le niveau d'instruction, le niveau de vie
du ménage, la qualité des services, la distance par rapport au
centre SMI, le milieu de résidence, le milieu de socialisation et la
région de résidence sont fortement associées à la
déperdition des soins prénatals quelle que soit la durée
de la gestation à la CPN1. D'autres variables telles que la religion et
l'ethnie ne sont associées à la déperdition que dans le
premier trimestre. L'approche multidimensionnelle a permis d'examiner les
mécanismes d'action entre différentes variables mises en
évidence par la régression logistique ordonnée pas
à pas et de cerner les variables les plus associées à la
déperdition des soins au Tchad. Parmi les facteurs associés
à la déperdition des soins prénatals quel que soit le
début des CPN, on a entre autres le niveau de vie du
ménage, l'opportunité de la grossesse, la région de
résidence, l'ethnie (facteurs liés à la demande)
et la qualité des services (facteur
lié à l'offre). Lorsque les CPN commencent dans le
premier trimestre de la grossesse, les facteurs associés à la
déperdition des soins prénatals sont notamment le
milieu de résidence, le niveau d'instruction (facteurs liés
à la demande). A l'opposé, l'âge,
la religion (facteurs liés à la demande) et la distance par
rapport au centre SMI ne sont associés à la
déperdition des soins prénatals que
lorsque les CPN commencent au-delà du premier
trimestre.
Au cours de ces analyses, certaines hypothèses que nous
avons formulées ont été vérifiées :
H3 : La propension à la déperdition des
soins prénatals est plus élevée chez les femmes dont la
grossesse n'a pas été opportune que chez celles dont la grossesse
a été opportune (partiellement).
H4 : La déperdition des soins prénatals
diminue à mesure que le niveau d'instruction augmente
(partiellement).
H5 : La déperdition des soins prénatals
diminue à mesure que le niveau de vie augmente.
H6 : Les femmes résidant en milieu rural ou
socialisées en milieu rural, ont une déperdition plus importante
des soins prénatals, comparées aux femmes résidant en
milieu urbain ou socialisées dans ce même milieu
(partiellement).
H8 : La déperdition des soins prénatals
augmente avec la distance par rapport au centre SMI (partiellement).
H9 : La déperdition des soins prénatals
est plus importante lorsque la qualité des services est
déficiente.
Nous ne saurions terminer ce travail sans relever ses limites
relatives à :
@ La non disponibilité du calendrier de toutes les
autres CPN qui auraient permis d'approfondir la problématique dans une
approche dynamique.
@ La non prise en compte du qualitatif dans l'étude.
Compte tenu de la complexité du social, le jumelage des données
quantitative et qualitative aurait permis de mieux cerner les raisons
culturelles associées à la déperdition des soins. Faute
des données qualitatives, dans cette étude, les
préférences et attentes liées aux coutumes ancestrales et
comportements vis-à-vis des soins prénatals n'ont pas
été prises en compte. L'hybridation méthodologique est
d'une importance capitale.
RECOMMANDATIONS
RECOMMANDATIONS PROGRAMMATIQUES
@ Compte tenu de la forte déperdition observée
entre la CPN3 et la CPN4, nous suggérons que l'Etat tchadien, les
institutions et organismes intervenant dans le cadre des soins prénatals
renforcent la sensibilisation de femmes à partir de la troisième
visite prénatale, pour que celles-ci ne reviennent nécessairement
à la quatrième visite assurer la continuité des soins.
Ainsi, ce nombre minimum requis permettant de mettre relativement les femmes
à l'abri de complications liées à la grossesse ou à
l'accouchement.
@ Nous recommandons que la sous-population utilisatrice
(surtout les femmes âgées) des services prénatals soit
sensibilisée et suivie de manière à la fidéliser au
système de santé jusqu'à ce que la continuité des
soins se garantisse. Cette sensibilisation pourrait consister à
expliquer aux femmes les bienfaits de consultations prénatales.
@ Il serait recommandable de mettre en place des programmes de
CCC (Communication pour le Changement de Comportement) dans les campagnes et
petites villes afin d'amener les femmes issues de ces milieux à
effectuer quatre CPN au minimum de façon régulière avant
l'accouchement. Il faudrait que CCC soit particulièrement
renforcée à partir de la troisième visite prénatale
(CPN3), visite à partir de laquelle la prochaine devient moins
sûre.
@ Il est également important d'améliorer la
qualité des soins et des services de telle sorte que toute une panoplie
de prestations puisse attirer les gestantes à revenir aux prochaines
visites. Faire que le contact entre un prestataire des soins et une gestante
soit harmonieux et plein de confiance.
@ Il serait, tout de même, indispensable de
déclarer une guerre contre la pauvreté, obstacle majeur à
l'accessibilité des services prénatals en encourageant la
scolarisation de filles, la promotion les activités
génératrices de revenus pour les femmes et en partageant le
pouvoir de décision avec la femme.
RECOMMANDATIONS SCIENTIFIQUES
@ La déperdition des soins prénatals demeure
encore un domaine inexploré, il serait souhaitable que des études
comparées soient menées afin de cerner les fondements qui
sous-tendent ce phénomène à travers les différents
pays en développement. La bonne connaissance des facteurs
associés à ce phénomène contribuerait à
résoudre en partie la mortalité materno-infantile, jusqu'ici,
élevée dans ces régions du monde.
@ La prise en compte des enquêtes qualitatives dans le
cadre des études sur la déperdition des soins prénatals
aiderait à combler les insuffisances des enquêtes essentiellement
quantitatives.
@ Enfin, nous recommandons que les EDS saisissent le
calendrier de toutes les visites prénatales permettant d'obtenir des
informations plus raffinées afin de mieux appréhender les
facteurs associés à la déperdition des soins
prénatals à travers les pays du monde et ceux du monde en
développement en particulier.
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Annexes
Modèle 1
. sort dgest
. by dgest: ologit visite reg1 reg2 reg3 reg4 reg5 reg6 reg7 reg8
reg9 reg10 re
> g11 res1 res2
Premier trimestre
-> dgest=1er trime
Ordered logit estimates Number of obs
= 904
LR chi2(12)
= 77.21
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -864.12454 Pseudo R2
= 0.0428
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | -.6506023 .6488384 -1.003 0.316
-1.922302 .6210977
reg2 | .1138362 .5581112 0.204 0.838
-.9800416 1.207714
reg3 | -.8386637 .6358319 -1.319 0.187
-2.084871 .4075438
reg4 | -.6936018 .6212148 -1.117 0.264
-1.911161 .5239568
reg5 | -1.039533 .5467882 -1.901 0.057
-2.111218 .0321524
reg6 | -.8477687 .5687559 -1.491 0.136
-1.96251 .2669723
reg7 | -1.040383 .5251298 -1.981 0.048
-2.069618 -.0111472
reg8 | -.5313331 .5240567 -1.014 0.311
-1.558465 .4957992
reg9 | -.2757231 .6280454 -0.439 0.661
-1.506669 .9552232
reg11 | -.0981098 .5560191 -0.176 0.860
-1.187887 .9916675
res1 | .9514504 .5135148 1.132 0.000
-.4250202 1.587921
res2 | .5859161 .1765702 5.414 0.258
.6098448 1.301987
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -3.128396 .5218087 (Ancillary
parameters)
_cut2 | -1.800142 .5043852
_cut3 | -.3299721 .4997581
------------------------------------------------------------------------------
Au-delà du premier trimestre
-> dgest=au delà d
Ordered logit estimates Number of obs
= 1066
LR chi2(12)
= 92.93
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -1383.2308 Pseudo R2
= 0.0325
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | -.6340418 .56168 -1.129 0.259
-1.734914 .4668307
reg2 | .056682 .5208942 0.109 0.913
-.9642519 1.077616
reg3 | -.0082717 .5706933 -0.014 0.988
-1.12681 1.110267
reg4 | .5440493 .5465382 0.995 0.320
-.5271458 1.615244
reg5 | -.0297202 .4939171 -0.060 0.952
-.9977799 .9383395
reg6 | 1.111163 .5120629 2.170 0.030
.1075386 2.114788
reg7 | .4134281 .5013769 0.825 0.410
-.5692526 1.396109
reg8 | .4362273 .4868521 0.896 0.370
-.5179854 1.39044
reg9 | .0293975 .5982332 0.049 0.961
-1.143118 1.201913
reg11 | .0993553 .5229265 0.190 0.849
-.9255618 1.124272
res1 | 1.485456 .4994595 2.974 0.003
.5065329 2.464378
res2 | .6465083 .1345434 4.805 0.000
.3828081 .9102084
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -1.224531 .4850002 (Ancillary
parameters)
_cut2 | .2769385 .4826834
_cut3 | 1.563914 .4849692
------------------------------------------------------------------------------
Modèle 2
. by dgest: ologit visite reg1 reg2 reg3 reg4 reg5 reg6 reg7 reg8
reg9 reg10 re
> g11 res1 res2 eth1 eth2 eth3 eth4 eth5 eth6 eth8 eth9 soc1
soc2 rel2 rel3
Premier trimestre
-> dgest=1er trime
Ordered logit estimates Number of obs
= 842
LR chi2(24)
= 94.33
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -798.82834 Pseudo R2
= 0.0557
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | .0449053 .6695047 0.067 0.947
-1.2673 1.35711
reg2 | .5195527 .5412977 0.960 0.337
-.5413713 1.580477
reg4 | -.3782965 .6371373 -0.594 0.553
-1.627063 .8704697
reg5 | -.4976074 .5341488 -0.932 0.352
-1.54452 .5493051
reg6 | -.4567127 .5619284 -0.813 0.416
-1.558072 .6446467
reg7 | -.5232008 .5554042 -0.942 0.346
-1.611773 .5653714
reg8 | -.0381037 .5123103 -0.074 0.941
-1.042213 .9660061
reg9 | .4100814 .6220717 0.659 0.510
-.8091568 1.62932
reg10 | .7030753 .7002467 1.004 0.315
-.6693831 2.075534
reg11 | .7122655 .6046243 1.178 0.239
-.4727764 1.897307
res1 | .7543989 .4942658 1.526 0.004
-.2143442 1.723142
res2 | .6358492 .2205161 2.883 0.127
.2036456 1.068053
eth1 | .2448556 .4683966 0.523 0.601
-.6731848 1.162896
eth2 | -.2764913 .3793372 -0.729 0.466
-1.019979 .4669959
eth3 | -.6291257 .442943 -1.420 0.156
-1.497278 .2390266
eth4 | -.2975475 .3790643 -0.785 0.432
-1.0405 .4454048
eth5 | -.9265582 .4979175 -1.861 0.063
-1.902459 .0493421
eth6 | -.7509729 .4072538 -1.844 0.065
-1.549176 .0472298
eth8 | -.473689 .3999771 -1.184 0.236
-1.25763 .3102517
eth9 | .0666485 .3317664 0.201 0.841
-.5836016 .7168986
soc1 | .5477556 .2300975 2.381 0.017
.0967728 .9987383
soc2 | .4525897 .2028823 2.231 0.026
.0549476 .8502318
rel2 | .2701501 .3036617 0.890 0.374
-.325016 .8653162
rel3 | -.6160508 .3820525 -1.612 0.107
-1.36486 .1327584
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -2.664457 .5157327 (Ancillary
parameters)
_cut2 | -1.337778 .4976202
_cut3 | .1806721 .4950026
----------------------------------------------------------------------²²--------
Au-delà du premier trimestre
-> dgest=au delà d
Ordered logit estimates Number of obs
= 1011
LR chi2(24)
= 114.84
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -1300.3384 Pseudo R2
= 0.0423
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | -.8064842 .5038774 -1.601 0.109
-1.794066 .1810975
reg2 | -.3122519 .4953503 -0.630 0.528
-1.283121 .6586169
reg3 | -.0982997 .5736414 -0.171 0.864
-1.222616 1.026017
reg4 | .1971688 .5396071 0.365 0.715
-.8604416 1.254779
reg5 | -.5755903 .4852819 -1.186 0.236
-1.526725 .3755447
reg6 | .5542502 .4983022 1.112 0.266
-.4224042 1.530905
reg7 | -.3758337 .5158638 -0.729 0.466
-1.386908 .6352407
reg8 | -.1511354 .4706858 -0.321 0.748
-1.073663 .7713918
reg10 | -.4273932 .6489811 -0.659 0.510
-1.699373 .8445863
reg11 | -.3723095 .5370099 -0.693 0.488
-1.42483 .6802106
res1 | 1.145093 .4800202 2.386 0.007
.2042703 2.085915
res2 | .5740457 .1820976 3.152 0.002
.2171409 .9309505
eth1 | -.119008 .4068755 -0.292 0.770
-.9164694 .6784534
eth2 | .2499687 .3693537 0.677 0.499
-.4739513 .9738887
eth3 | -.3514443 .4415874 -0.796 0.426
-1.21694 .514051
eth4 | .0351044 .3339412 0.105 0.916
-.6194084 .6896172
eth5 | -1.259924 .4676525 -2.694 0.007
-2.176506 -.3433415
eth6 | -.4934328 .4489211 -1.099 0.272
-1.373302 .3864363
eth8 | -.1034853 .3143972 -0.329 0.742
-.7196925 .5127219
eth9 | .2973032 .2889358 1.029 0.303
-.2690005 .863607
soc1 | .1156505 .2287323 0.506 0.613
-.3326566 .5639576
soc2 | .2805656 .167297 1.677 0.094
-.0473304 .6084616
rel2 | -.249249 .2911102 -0.856 0.392
-.8198145 .3213165
rel3 | .646519 .3329245 1.942 0.052
-.006001 1.299039
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -1.758377 .4735409 (Ancillary
parameters)
_cut2 | -.2004172 .4685664
_cut3 | 1.121039 .4704237
------------------------------------------------------------------------------
Modèle 3
. by dgest: ologit visite reg1 reg2 reg3 reg4 reg5 reg6 reg7 reg8
reg9 reg10 re
> g11 res1 res2 eth1 eth2 eth3 eth4 eth5 eth6 eth8 eth9 soc1
soc2 rel2 rel3 vie
> 1 vie2
Premier trimestre
-> dgest=1er trime
Ordered logit estimates Number of obs
= 842
LR chi2(26)
= 105.20
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -793.38946 Pseudo R2
= 0.0622
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | .17409 .6724007 0.259 0.796
-1.143791 1.491971
reg2 | .4121701 .5401768 0.763 0.445
-.646557 1.470897
reg4 | -.3258011 .6405056 -0.509 0.611
-1.581169 .9295667
reg5 | -.5331129 .535718 -0.995 0.320
-1.583101 .5168751
reg6 | -.3739845 .5625319 -0.665 0.506
-1.476527 .7285577
reg7 | -.5071225 .5555447 -0.913 0.361
-1.59597 .5817251
reg8 | .0111218 .5131167 0.022 0.983
-.9945685 1.016812
reg9 | .3938898 .625708 0.630 0.529
-.8324754 1.620255
reg10 | .7524921 .7001282 1.075 0.282
-.6197339 2.124718
reg11 | .6953783 .6032506 1.153 0.249
-.4869712 1.877728
res1 | .8454552 .4950246 1.708 0.008
-.1247751 1.815686
res2 | .8656471 .2344359 3.692 0.189
.4061612 1.325133
eth1 | -.0091249 .4846542 -0.019 0.985
-.9590297 .9407799
eth2 | -.3413535 .3828026 -0.892 0.373
-1.091633 .4089259
eth3 | -.6852698 .4470602 -1.533 0.125
-1.561492 .190952
eth4 | -.3815228 .382879 -0.996 0.319
-1.131952 .3689062
eth5 | -.9322883 .4996614 -1.866 0.062
-1.911607 .0470301
eth6 | -.7820477 .4094497 -1.910 0.056
-1.584554 .020459
eth8 | -.4560055 .399807 -1.141 0.254
-1.239613 .3276019
eth9 | -.081805 .335622 -0.244 0.807
-.7396121 .576002
soc1 | .4616164 .2331584 1.980 0.048
.0046344 .9185984
soc2 | .3789486 .2050622 1.848 0.065
-.0229659 .7808632
rel2 | .3044187 .3067744 0.992 0.321
-.296848 .9056855
rel3 | -.4552531 .3855721 -1.181 0.238
-1.210961 .3004543
vie1 | .8728385 .350741 2.489 0.013
.1853989 1.560278
vie2 | .4377687 .1695241 2.582 0.010
.1055076 .7700299
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -2.439632 .5206745 (Ancillary
parameters)
_cut2 | -1.106083 .5031476
_cut3 | .4277796 .501483
------------------------------------------------------------------------------
Au-delà du premier trimestre
-> dgest=au delà d
Ordered logit estimates Number of obs
= 1011
LR chi2(26)
= 126.38
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -1294.5697 Pseudo R2
= 0.0465
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | -.3927104 .5896868 -0.666 0.505
-1.548475 .7630544
reg2 | .0258456 .5483878 0.047 0.962
-1.048975 1.100666
reg3 | .3605326 .5980468 0.603 0.547
-.8116176 1.532683
reg4 | .7478822 .6008655 1.245 0.213
-.4297925 1.925557
reg5 | -.1326811 .5424415 -0.245 0.807
-1.195847 .9304848
reg6 | 1.015028 .5577638 1.820 0.069
-.0781693 2.108224
reg7 | .1144824 .5701868 0.201 0.841
-1.003063 1.232028
reg8 | .3168949 .5301646 0.598 0.550
-.7222086 1.355998
reg9 | .3428623 .6536907 0.525 0.600
-.938348 1.624073
reg11 | .1143045 .5949117 0.192 0.848
-1.051701 1.28031
res1 | 1.54865 .5397263 2.869 0.004
.4908056 2.606494
res2 | .6602304 .1874996 3.521 0.000
.2927379 1.027723
eth1 | -.2875548 .4119605 -0.698 0.485
-1.094983 .5198729
eth2 | .2649236 .3705501 0.715 0.475
-.4613412 .9911884
eth3 | -.3443992 .4427614 -0.778 0.437
-1.212196 .5233972
eth4 | -.0129969 .3344516 -0.039 0.969
-.6685101 .6425163
eth5 | -1.213364 .4667439 -2.600 0.009
-2.128165 -.298563
eth6 | -.4565245 .4497284 -1.015 0.310
-1.337976 .424927
eth8 | -.2197533 .3177913 -0.692 0.489
-.8426129 .4031063
eth9 | .222903 .289488 0.770 0.441
-.344483 .790289
soc1 | .0852809 .231353 0.369 0.712
-.3681627 .5387244
soc2 | .251666 .1679695 1.498 0.134
-.0775481 .5808801
rel2 | -.2512357 .2916181 -0.862 0.389
-.8227967 .3203254
rel3 | .6236371 .33341 1.870 0.061
-.0298345 1.277109
vie1 | 1.19275 .377762 3.157 0.002
.4523497 1.933149
vie2 | .1733983 .1309829 1.324 0.186
-.0833234 .43012
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -1.233063 .5359628 (Ancillary
parameters)
_cut2 | .3313123 .5337796
_cut3 | 1.663048 .536139
------------------------------------------------------------------------------
Modèle 4
. by dgest: ologit visite reg1 reg2 reg3 reg4 reg5 reg6 reg7 reg8
reg9 reg10 re
> g11 res1 res2 eth1 eth2 eth3 eth4 eth5 eth6 eth8 eth9 soc1
soc2 rel2 rel3 vi
> e1 vie2 age1 age3 par1 par3 opo2 niv2 niv3
Premier trimestre
-> dgest=1er trime
Ordered logit estimates Number of obs
= 841
LR chi2(33)
= 116.51
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -786.35647 Pseudo R2
= 0.0690
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg2 | .2745509 .576992 0.476 0.634
-.8563326 1.405434
reg3 | -.1927992 .6767151 -0.285 0.776
-1.519136 1.133538
reg4 | -.5481076 .6378516 -0.859 0.390
-1.798274 .7020586
reg5 | -.5793103 .5803142 -0.998 0.318
-1.716705 .5580847
reg6 | -.5703493 .6011142 -0.949 0.343
-1.748511 .6078128
reg7 | -.6702119 .5858583 -1.144 0.253
-1.818473 .4780492
reg8 | -.1707521 .547212 -0.312 0.755
-1.243268 .9017638
reg9 | .3095176 .664301 0.466 0.641
-.9924884 1.611524
reg10 | .5858546 .7369061 0.795 0.427
-.8584548 2.030164
reg11 | .6472261 .6372639 1.016 0.310
-.6017883 1.89624
res1 | .6384057 .5393277 1.184 0.001
-.4186571 1.695468
res2 | .7743374 .241583 3.205 0.237
.3008435 1.247831
eth1 | .1121829 .4965908 0.226 0.821
-.8611171 1.085483
eth2 | -.2142377 .3937244 -0.544 0.586
-.9859233 .5574479
eth3 | -.6801104 .4549302 -1.495 0.135
-1.571757 .2115364
eth4 | -.3523063 .3890194 -0.906 0.365
-1.11477 .4101578
eth5 | -.9099381 .5107207 -1.782 0.075
-1.910932 .091056
eth6 | -.7581748 .4143635 -1.830 0.067
-1.570312 .0539627
eth8 | -.512131 .4077425 -1.256 0.209
-1.311292 .2870295
eth9 | -.0690215 .3373168 -0.205 0.838
-.7301503 .5921074
soc1 | .4067708 .2472316 1.645 0.100
-.0777944 .8913359
soc2 | .3149491 .2112062 1.491 0.136
-.0990074 .7289056
rel2 | .3778913 .3148076 1.200 0.230
-.2391202 .9949028
rel3 | -.4670949 .3882181 -1.203 0.229
-1.227988 .2937986
vie1 | .7197562 .3633412 1.981 0.048
.0076205 1.431892
vie2 | .3948748 .173547 2.275 0.023
.054729 .7350206
age1 | -.1767174 .2086453 -0.847 0.397
-.5856546 .2322198
age3 | -.0304225 .2254821 -0.135 0.893
-.4723594 .4115144
par1 | .0683205 .207793 0.329 0.742
-.3389462 .4755872
par3 | .2423608 .2675854 0.906 0.365
-.282097 .7668187
opo2 | -.4849091 .1904389 -2.546 0.011
-.8581624 -.1116558
niv2 | .3749946 .1835695 2.043 0.041
.0152051 .7347842
niv3 | .4698068 .2847197 1.650 0.099
-.0882337 1.027847
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -2.577238 .5710633 (Ancillary
parameters)
_cut2 | -1.238366 .5550304
_cut3 | .3049446 .5528824
------------------------------------------------------------------------------
Au-delà du premier trimestre
-> dgest=au delà d
Ordered logit estimates Number of obs
= 1010
LR chi2(33)
= 146.04
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -1282.7242 Pseudo R2
= 0.0539
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | -.7490638 .5091594 -1.471 0.141
-1.746998 .2488702
reg2 | -.3598288 .5004795 -0.719 0.472
-1.340751 .621093
reg3 | .1195843 .5829697 0.205 0.837
-1.023015 1.262184
reg4 | .4205269 .5480921 0.767 0.443
-.6537139 1.494768
reg5 | -.3537092 .4952623 -0.714 0.475
-1.324405 .616987
reg6 | .77283 .5071635 1.524 0.128
-.2211922 1.766852
reg7 | -.1653059 .5261344 -0.314 0.753
-1.19651 .8658986
reg8 | .0065952 .4787298 0.014 0.989
-.9316978 .9448883
reg10 | -.3286622 .6517024 -0.504 0.614
-1.605975 .9486511
reg11 | -.2213888 .5484449 -0.404 0.686
-1.296321 .8535436
res1 | 1.179758 .4870353 2.422 0.015
.2251865 2.13433
res2 | .6128086 .191326 3.203 0.001
.2378165 .9878008
eth1 | -.1288965 .417941 -0.308 0.758
-.9480458 .6902529
eth2 | .3940797 .3763238 1.047 0.295
-.3435013 1.131661
eth3 | -.2620856 .4456235 -0.588 0.556
-1.135492 .6113204
eth4 | .0800371 .3403318 0.235 0.814
-.587001 .7470752
eth5 | -1.219843 .4748905 -2.569 0.010
-2.150611 -.2890748
eth6 | -.5176373 .4512227 -1.147 0.251
-1.402018 .366743
eth8 | -.1916844 .3201089 -0.599 0.549
-.8190862 .4357175
eth9 | .2871483 .293171 0.979 0.327
-.2874564 .861753
soc1 | -.0232077 .2389905 -0.097 0.923
-.4916205 .4452051
soc2 | .1757634 .1708053 1.029 0.303
-.1590089 .5105357
rel2 | -.1624943 .2967052 -0.548 0.584
-.7440258 .4190371
rel3 | .7533953 .3375356 2.232 0.026
.0918377 1.414953
vie1 | 1.098153 .381977 2.875 0.004
.3494921 1.846814
vie2 | .1348087 .1328576 1.015 0.310
-.1255874 .3952048
age1 | .2733856 .1660594 1.646 0.100
-.0520849 .5988561
age3 | -.3551774 .1964341 -1.808 0.071
-.7401811 .0298263
par1 | -.3759916 .1662741 -2.261 0.024
-.7018828 -.0501003
par3 | .0452654 .2351291 0.193 0.847
-.4155791 .50611
opo2 | .3478032 .1781707 1.952 0.051
-.0014051 .6970114
niv2 | .1897907 .1439306 1.319 0.187
-.0923081 .4718895
niv3 | .3302432 .2733494 1.208 0.227
-.2055118 .8659983
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -1.51811 .4961189 (Ancillary
parameters)
_cut2 | .0659767 .4917008
_cut3 | 1.419267 .4939962
------------------------------------------------------------------------------
->
Modèle 5
. by dgest: ologit visite reg1 reg2 reg3 reg4 reg5 reg6 reg7 reg8
reg9 reg10 re
> g11 res1 res2 eth1 eth2 eth3 eth4 eth5 eth6 eth8 eth9 soc1
soc2 rel2 rel3 vi
> e1 vie2 age1 age3 par1 par3 opo2 niv2 niv3 dis2 dis3 qvi1
qvi3
-> dgest=1er trime matsize too small; type -help matsize-
r(908);
. set matsize 150
. by dgest: ologit visite reg1 reg2 reg3 reg4 reg5 reg6 reg7 reg8
reg9 reg10 re
> g11 res1 res2 eth1 eth2 eth3 eth4 eth5 eth6 eth8 eth9 soc1
soc2 rel2 rel3 vi
> e1 vie2 age1 age3 par1 par3 opo2 niv2 niv3 dis2 dis3 qvi1
qvi3
Premier trimestre
-> dgest=1er trime
Ordered logit estimates Number of obs
= 832
LR chi2(37)
= 161.81
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -755.62926 Pseudo R2
= 0.0967
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | .1843666 .6988983 0.264 0.792
-1.185449 1.554182
reg2 | .5017596 .5608865 0.895 0.371
-.5975578 1.601077
reg4 | -.2324475 .6537288 -0.356 0.722
-1.513732 1.048837
reg5 | -.0972222 .5640628 -0.172 0.863
-1.202765 1.008321
reg6 | -.0465088 .5853374 -0.079 0.937
-1.193749 1.100731
reg7 | -.2238849 .5698045 -0.393 0.694
-1.340681 .8929114
reg8 | .0413458 .528771 0.078 0.938
-.9950264 1.077718
reg9 | .5748623 .6449829 0.891 0.373
-.6892809 1.839006
reg10 | .889438 .711746 1.250 0.211
-.5055586 2.284435
reg11 | 1.115838 .6283211 1.776 0.076
-.115649 2.347324
res1 | .5588456 .5178965 1.079 0.031
-.456213 1.573904
res2 | .561005 .2607882 2.151 0.281
.0498696 1.07214
eth1 | .0189637 .4935293 0.038 0.969
-.9483359 .9862634
eth2 | .0189643 .3967752 0.048 0.962
-.7587008 .7966294
eth3 | -.5943966 .4579001 -1.298 0.194
-1.491864 .3030712
eth4 | -.1506757 .395467 -0.381 0.703
-.9257768 .6244254
eth5 | -.6132659 .519844 -1.180 0.238
-1.632142 .4056097
eth6 | -.7134415 .4173498 -1.709 0.087
-1.531432 .1045491
eth8 | -.8258269 .4189538 -1.971 0.049
-1.646961 -.0046926
eth9 | -.0549872 .342674 -0.160 0.873
-.7266158 .6166414
soc1 | .25721 .2548811 1.009 0.313
-.2423477 .7567677
soc2 | .1279004 .2192956 0.583 0.560
-.3019111 .5577118
rel2 | .3506454 .3156659 1.111 0.267
-.2680483 .9693391
rel3 | -.5634928 .3901453 -1.444 0.149
-1.328164 .2011779
vie1 | .6617515 .3689376 1.794 0.073
-.0613529 1.384856
vie2 | .36267 .1777418 2.040 0.041
.0143025 .7110376
age1 | -.2044251 .2118357 -0.965 0.335
-.6196155 .2107654
age3 | -.1643713 .2314022 -0.710 0.478
-.6179113 .2891686
par1 | .0832618 .2108282 0.395 0.693
-.3299539 .4964775
par3 | .2416435 .2745369 0.880 0.379
-.2964389 .7797259
opo2 | -.5203107 .194023 -2.682 0.007
-.9005888 -.1400326
niv2 | .4198602 .1882342 2.231 0.026
.050928 .7887924
niv3 | .4708744 .2899514 1.624 0.040
-.0974198 1.039169
dis2 | .0433845 .2267068 0.191 0.848
-.4009527 .4877217
dis3 | -.2079863 .2344371 -0.887 0.375
-.6674746 .2515019
qvi1 | -.9915869 .1945565 -5.097 0.000
-1.372911 -.6102632
qvi3 | .463066 .1822948 2.540 0.011
.1057747 .8203573
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -2.82294 .5770332 (Ancillary
parameters)
_cut2 | -1.412769 .5585588
_cut3 | .1986523 .5556922
------------------------------------------------------------------------------
Au-delà du premier trimestre
-> dgest=au delà d
Ordered logit estimates Number of obs
= 991
LR chi2(37)
= 281.77
Prob > chi2
= 0.0000
Log likelihood = -1191.2191 Pseudo R2
= 0.1058
------------------------------------------------------------------------------
visite | Coef. Std. Err. z P>|z| [95%
Conf. Interval]
---------+--------------------------------------------------------------------
reg1 | -.1755609 .6163081 -0.285 0.776
-1.383503 1.032381
reg2 | -.4293323 .5544053 -0.774 0.439
-1.515947 .6572821
reg3 | .1017655 .5987967 0.170 0.865
-1.071855 1.275385
reg4 | .3417424 .614794 0.556 0.578
-.8632316 1.546716
reg5 | .0850927 .5490414 0.155 0.877
-.9910086 1.161194
reg6 | 1.1116 .5711257 1.946 0.052
-.0077853 2.230986
reg7 | .4233753 .5806517 0.729 0.466
-.7146811 1.561432
reg8 | .1190301 .5366154 0.222 0.824
-.9327167 1.170777
reg9 | .1671123 .6553552 0.255 0.799
-1.11736 1.451585
reg11 | .1177761 .615885 0.191 0.848
-1.089336 1.324888
res1 | .773125 .549521 1.407 0.159
-.3039163 1.850166
res2 | .1771314 .2149992 0.824 0.410
-.2442593 .5985221
eth1 | -.2520184 .4420986 -0.570 0.569
-1.118516 .614479
eth2 | .2053069 .4016918 0.511 0.609
-.5819945 .9926083
eth3 | -.4731442 .4624943 -1.023 0.306
-1.379616 .4333279
eth4 | -.0453307 .3640118 -0.125 0.901
-.7587808 .6681193
eth5 | -1.259095 .4874606 -2.583 0.010
-2.214501 -.3036903
eth6 | -.4306593 .4609988 -0.934 0.350
-1.3342 .4728818
eth8 | -.0368531 .3290647 -0.112 0.911
-.6818081 .608102
eth9 | .211181 .3014338 0.701 0.484
-.3796184 .8019804
soc1 | -.0589432 .2475728 -0.238 0.812
-.5441769 .4262906
soc2 | .1048786 .1769268 0.593 0.553
-.2418915 .4516488
rel2 | .04663 .3170717 0.147 0.883
-.5748191 .668079
rel3 | .7386025 .3538681 2.087 0.037
.0450337 1.432171
vie1 | 1.204989 .3944469 3.055 0.002
.431887 1.97809
vie2 | .0485921 .1368368 0.355 0.723
-.2196032 .3167873
age1 | - .275687 .1731449 1.043 0.097
-.158789 .5199265
age3 | -.3337286 .2005784 -1.564 0.078
-.706855 .0793979
par1 | -.1635879 .1731526 -0.945 0.345
-.5029608 .1757851
par3 | .0871775 .2402013 0.363 0.717
-.3836084 .5579633
opo2 | .3589972 .183195 1.960 0.050
-.0000583 .7180528
niv2 | .1333303 .1469855 0.907 0.364
-.1547561 .4214167
niv3 | .2710432 .2803495 0.967 0.334
-.2784318 .8205182
dis2 | -.267635 .1957765 -1.367 0.172
-.6513499 .1160799
dis3 | -.3284527 .1822477 -1.802 0.072
-.6856517 .0287463
qvi1 | -1.200157 .1464795 -8.193 0.000
-1.487251 -.9130625
qvi3 | .9159681 .1889943 4.847 0.000
.545546 1.28639
---------+--------------------------------------------------------------------
_cut1 | -2.161863 .5674322 (Ancillary
parameters)
_cut2 | -.4176092 .5619805
_cut3 | 1.05433 .5630383
------------------------------------------------------------------------------
. log close
Depuis plusieurs décennies, les problèmes
de santé maternelle et infantile ne cessent de préoccuper toutes
les sociétés à travers le monde. Chaque année,
plus de 500 000 femmes dont la majorité vit dans les pays en
développement décèdent des suites d'une grossesse ou d'un
accouchement (OMS, 1999). Le Tchad n'est pas à l'abri de ce fléau
dévastant. Il est l'un des pays d'Afrique subsaharienne ayant un taux de
mortalité maternelle élevé largement au-dessus de la
moyenne africaine estimé à 800 cas pour 100 000 naissances
vivantes. La forte prévalence de la mortalité maternelle dans ce
pays s'explique en partie par la déperdition des soins prénatals.
Les études montrent que seulement 33% de femmes recourent aux soins de
santé modernes pendant la grossesse. Parmi la sous-population
utilisatrice des services prénatals, une large majorité ne
revient plus à la prochaine visite assurer la continuité des
soins. La déperdition des soins prénatals constitue ainsi un
blocage à la lutte contre la mortalité maternelle et
périnatale. Cette étude vise à identifier les facteurs
associés à ce phénomène de façon à
améliorer la santé maternelle et infantile au Tchad.
Since many decades, the societies worldwide are
unceasingly concerned with the problem of infant and maternal health. Every
year, more than 500 000 women living in underdeveloped countries die of
pregnancy or delivery (WHO, 1999). Chad is not exempted from this reality. It
is one of the subsaharian african countries having a high maternal mortality
rate, far above the average which is 800 cases per 100 000 children ever
born. This high maternal death rate is partly the consequence of some loss in
resorting antenatal care. This study has shown that only 33% of women resort to
modern health care during pregnancy. Among the subpopulation using the
antenatal services, a great majority does not come back for the next visits in
order to assure the continuity of care. Loss in care is therefore a hindrance
to the fight against maternal and perinatal death. The study aims at
identifying the factors that can likely explain this phenomenon, so as to
improve the infant and maternal health in Chad.
* 1 Les années qui
suivent le nom du pays indiquent la période pour laquelle les taux de
mortalité maternelle ont été calculés
(décès de mères pour 100 000 naissances vivantes).
* 2 Probabilité
générée à partir des données de l'EDST
(1996-1997).
* 3 La lutte contre la
mortalité est reconnue désormais comme un droit fondamental des
femmes.
* 4 Le concept qualité du
recours fait référence au respect de la régularité
des CPN, à la personne consultée pendant la visite
prénatale, etc.
* 5 Les hippopotames de cette
région habitent les estuaires des rivières. On les rencontre
souvent près des plages, nagent dans une eau saumâtre.
* 6 Il s'agit de l'endroit
où l'on a passé la plus grande partie de son enfance
(jusqu'à 12 ans).
* 7 L'Initiative de Bamako
(1987) a suscité une réforme des services de santé de base
face à l'incapacité des Etats à assurer l'accès
universel aux services sociaux de base. Cela s'est traduit par le partage des
coûts entre usagers, l'Etat et les collectivités locales, etc.
* 8 Le concept qualité de
recours aux soins renvoie au fait qu'une femme consulte un personnel
médical à temps et respecte les prescriptions.
* 9 Les variables ordinales sont
des variables dont les catégories peuvent être rangées
selon une échelle numérique (par exemple l'âge, le nombre
de visites, etc.).
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