UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT -
LOUIS
UFR DE LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
SECTION DE SOCIOLOGIE
THEME : Coopération au
développement et renforcement des capacités
locales
SUJET : Intervention des ONG
et marges d'autonomie des acteurs à la base : cas des ONG GADEC et
DIAPANTE
SOUS LA DIRECTION
DU :
Pr. Issiaka-P. Latoundji
LALÈYÊ
PRESENTE
PAR :
Mamadou DIOUF
ANNEE ACADEMIQUE 2006 / 2007
« J'ai la conviction que rien de solide ne
pourra se faire en matière d'organisation -ni d'ailleurs dans aucun
autre domaine- sans que ne s'instaure un dialogue permanent avec les premiers
intéressés, c'est-à-dire les acteurs eux-mêmes. Et
s'il est une seconde conviction que j'espère partager c'est celle de
l'extraordinaire capacité des paysans africains à soutenir un
tel dialogue, à y participer pleinement et à l'enrichir de leur
réflexion ».
BELLONCLE (G). Coopération et Développement
en Afrique noire sahélienne. Collection du CEDEC N°10, Canada,
1978, p.28.
introduction
Au courant de la décennie 80-90, les politiques de
coopération au développement ont connu d'importantes
réformes qui en ont modifié la configuration de façon
décisive. De la forme classique de l'aide publique au
développement, le système international de l'aide est, en effet,
passé à une tout autre forme de coopération
essentiellement basée sur la filière non gouvernementale
(ONG) 1(*). Il peut
paraître évident, à première vue, que si les ONG ont
progressivement joué les « premiers rôles »
dans le système de l'aide au développement c'est dû au fait
que le système classique de coopération avait montré ses
limites. Mais, le fait reste aussi que pour bien comprendre l'importance sans
cesse grandissante acquise par ces organisations dans le système de
l'aide au développement il faut, comme le suggère Moussa BA, se
référer « aux différentes politiques de
développement économique et social adoptées par les Etats
et aux dures réalités vécues par les populations dans les
années 70 »2(*). C'est dire que les raisons profondes de la
montée en puissance des ONG dans le champ de la coopération au
développement sont bien plus à chercher dans les crises
multiformes des années 70 (crise des théories et modèles,
crise des Etats, crise du monde rural et des activités agricoles,
sécheresses, famines...) et dans les réponses que les pouvoirs
publics et leurs partenaires au développement ont essayé d'y
apporter.
En s'appropriant les théories et approches sur l'auto
développement3(*) et
le développement participatif, et en se déclinant d'emblée
comme des institutions d'appui à l'auto développement (IAAD) les
ONG ont vite fait d'attirer l'intérêt, la convoitise et la
confiance du public, des bailleurs, des Etats et des agences internationales de
coopération. Etant d'avis avec Jean Paul DELER que
« l'importance croissante des ONG dans le processus du
développement de nos pays ainsi que sur les mécanismes de l'aide
(....) justifie assez largement que s'engage une réflexion d'ensemble et
un bilan collectif autour d'un phénomène contemporain mais encore
obscur » 4(*), nous avons choisi, dans le cadre du
présent mémoire de maîtrise, de travailler sur la
thématique générale de la coopération au
développement et plus spécifiquement sur la question des marges
d'autonomie dévolues aux acteurs à la base dans le cadre des
interventions des ONG. La pertinence d'un tel sujet nous est parue d'autant
plus grande qu'à l'heure où d'aucuns émettent des
réserves sur la capacité des ONG de prendre en charge les
défis d'un développement auto centré et durable, il est
clair que l'enjeu d'action et de réflexion sur la nature réelle
des rapports que ces organisations entretiennent avec les populations à
la base n'en est que plus important. Ainsi notre objectif principal a
été de nous interroger sur deux aspects de l'intervention des
ONG:
1. Quelle est la nature réelle des rapports que les ONG
entretiennent avec les populations à la base ?
2. Est-ce que ces rapports sont conformes aux dimensions
endogènes, participatives et humaines du développement?
Conscient qu'aucune ONG ne ressemble « traits pour
traits » à une autre, nous avons fait le choix de mener cette
étude auprès de deux ONG nationales. Il s'agit du Groupe d'Action
pour le Développement Communautaire (GADEC) et de DIAPANTE5(*). Les enquêtes de terrain
ont été menées auprès de trois organisations
communautaires de base (OCB) avec lesquelles ces ONG travaillent respectivement
dans les régions de Tambacounda et de Saint Louis. La
méthodologie utilisée repose sur deux piliers que sont la
recherche documentaire et les enquêtes de terrain.
Le plan du mémoire est établi autour de trois
parties. Dans la première intitulée cadres théoriques et
méthodologiques de la recherche nous exposons la problématique de
recherche, faisons l'état de la question, déclinons les objectifs
et hypothèses de recherche, construisons nos concepts clés,
établissons le cadre opératoire de la recherche, précisons
et justifions nos outils de collecte de données ainsi que les techniques
d'échantillonnage pour enfin revenir sur l'histoire de la collecte des
données et sur les difficultés rencontrées.
Dans la seconde partie titrée présentation du
cadre de l'étude, nous présentons à la fois les ONG
étudiées, les organisations communautaires de base auprès
desquels les enquêtes de terrain se sont menées de même que
les cadres géographiques et humains qui ont vu se dérouler nos
enquêtes.
La troisième et dernière partie du
mémoire est quand à elle consacrée à la
présentation, à l'analyse et à l'interprétation des
données de nos enquêtes. Il s'agit aussi bien des données
de l'analyse de contenu que des données obtenues grâce aux
enquêtes de terrain.
Rédigée en deux chapitres, cette première
partie du mémoire nous permet d'exposer, à la fois, les cadres
théoriques et méthodologiques de référence. Par
cadre théorique de référence nous entendons la
problématique de recherche, l'état de la question, les objectifs
de recherche, les hypothèses ainsi que la construction
(définition) des concepts sur lesquels repose la recherche. Dans la
problématique nous revenons, après une brève
définition du concept de coopération au développement, sur
l'historique des différentes politiques qui, dans ce domaine, ont
marqués les rapports Nord Sud notamment depuis les années 50.
Cette revue historique nous permet par la même occasion de mettre un
accent particulier sur les ONG, leur définition, leur typologie, le
contexte historique de leur émergence, leur philosophie........
L'objectif visé étant, d'une part, de mieux comprendre les
différents tournants qui ont marqué ces politiques et, d'autre
part, d'aider à mieux cerner le contexte à la faveur duquel les
ONG se sont vues propulsées au devant de la scène internationale
de la coopération au développement.
L'état de la question se présente sous la forme
d'une revue de la littérature sur les ONG et leurs interventions. Il
s'agit en effet, d'une restitution synthèse de ceux d'entre les
éléments de connaissance auxquels nous avons eu accès au
cours de nos recherches bibliographiques et qui traitent de la
problématique générale de la coopération au
développement et plus spécifiquement de la question du
renforcement des capacités locales dans le cadre des interventions des
ONG. Nous nous efforçons ainsi d'y rendre compte aussi bien des points
de vue laudatifs que des analyses critiques sur les ONG et leurs interventions.
Les objectifs de l'étude sont exposés à la section 3,
alors qu'à la section 4 nous procédons à la formulation
des hypothèses de recherche ainsi qu'à la construction des
concepts de l'étude.
Le cadre méthodologique qui constitue le second et
dernier chapitre de cette première partie, recoupe quatre (4) sections.
Il s'agit, après avoir défini et précisé le cadre
théorique de notre recherche ; d'exposer et de justifier nos
principaux choix méthodologiques (le modèle d'analyse, les
techniques et outils de recueil de données utilisés, la technique
d'échantillonnage, le choix des personnes ressources). Nous en profitons
aussi pour faire l'historique de la collecte des données en exposant les
différentes étapes par lesquelles nous sommes passés et
les principales difficultés que nous avons eu à rencontrer
à chacune de ces étapes.
Chapitre un (1) : Cadre théorique de la
recherche
Section une (1) : Problématique
Contrairement à une conception assez répandue,
l'histoire de la coopération au développement remonte bien avant
la période des indépendances nationales. Cette histoire
reflète, à y regarder de plus près, les différentes
conceptions et approches du développement qui se sont
succédées dans les pays en développement.
Selon une approche classique, le concept de Coopération
au développement désigne les transferts des pays
développés vers les pays en voie de développement (PVD) de
ressources financières, techniques et humaines d'origine publique
(agences d'aide bilatérales ou multilatérales) ou privée
(Organisations Non Gouvernementales). Le motif de ces transferts étant
le rattrapage du développement économique, la recherche d'une
plus grande justice sociale et la diminution des disparités. Le principe
est donc de favoriser le développement économique et social des
régions les moins avancées par des transferts de moyens du Nord
vers le Sud à des conditions plus favorables que celles des
marchés financiers. Même s'il est rare de rencontrer des auteurs
qui établissent la distinction entre ce concept et ceux d'aide
publique au développement ou de système d'aide, il
reste toujours important de garder en tête que le concept de
coopération au développement « peut revêtir
bien des formes de collaboration différentes de l'aide financière
et/ou technique tels les programmes culturels, les accords commerciaux, les
conventions sur les migrations... »6(*).
Pour de nombreux auteurs, l'idée même
d'instaurer un système de coopération au développement
remonte aux années 50. Cette thèse repose sur le fait que les
pratiques de coopération au développement ont fortement
été inspirées par les expériences initiées
dans les pays industrialisés au lendemain de la seconde guerre mondiale
(Plan Marshall) et par les mesures appliquées ensuite dans les relations
entre pays industrialisés et pays décolonisés.
Claude FREUD7(*) montre bien, cependant, qu'il est tout à fait
possible de retrouver dès la période coloniale déjà
des tentatives métropolitaines de promouvoir le développement
économique et social des colonies. Il va même jusqu'à faire
remonter la naissance de la coopération au développement aux
années vingt (20) « Un bref point d'histoire s'impose
donc : sous la colonisation, à partir de quel moment les pouvoirs
publics vont-ils s'engager dans la mise en valeur des possessions d'outre-
mer ? En fait, très tardivement, à partir des années
vingt ; jusque là les rapports économiques relèvent
de ce que l'on a appelé le pacte colonial8(*)»9(*) .
La signature des accords de Yaoundé dans les
années 1965-1967 constitue de la même sorte un tournant dans
l'histoire de la coopération au développement puisqu'elle
consacre l'association des ex- colonies à la Communauté
Economique Européenne (CEE).
En tout état de cause, ce qu'il nous paraît
essentiel de retenir de ce débat d'experts sur la date de naissance de
la coopération au développement c'est qu'en définitive le
contexte dans lequel est née celle-ci à savoir la volonté
des autorités coloniales de promouvoir le développement
économique et social des colonies, a très fortement
conditionné son modèle pendant de nombreuses décennies.
Des indépendances nationales jusqu'au début des années 80,
en effet, l'essentiel des efforts de coopération bilatérale et/ou
multilatérale s'est fait sous la houlette des Etats et des agences
publiques de coopération. Autrement dit ce que l'on nomme
communément la coopération au développement
«classique» ou «publique» a été pendant
près de trois décennies l'apanage exclusif des Etats et, dans une
moindre mesure, celle des agences et institutions internationales de
coopération « elle s'est établi suivant un axe
gouvernemental qui mettait en rapport des organisations bureaucratiques de
grande taille»10(*).
L'hypothèse de base de la coopération publique
telle que posée par l'économiste ROSTOW était que le
progrès économique et social suit un parcours linéaire,
identique pour toutes les nations. Dès lors l'idée était
qu'un apport massif de ressources financières, d'assistance technique ou
d'assistance en marchandises allait permettre aux économies du Sud de se
lancer vers la voie de la croissance et du développement. On comprendra
dès lors que les options étaient claires ; il s'agissait
pour les pays du Nord de combattre la pauvreté, de soutenir la
croissance économique et de développer les échanges
internationaux par des approches globales consistant notamment à
recourir à de grands projets et à promouvoir des types de
productions (cultures de rente) ne tenant souvent pas compte des contextes
locaux, des traditions ou même des besoins réels.
Comme le souligne CASSEN, il est difficile de faire une
analyse détaillée des réussites et des échecs de la
coopération au développement classique «car
malheureusement, on manque d'analyses sérieuses de cette période
de la coopération au développement»11(*). Néanmoins et
même s'il faut reconnaître que grâce aux transferts
opérés des souffrances ont été apaisées, le
niveau d'instruction relevé et beaucoup de cadres formés ;
le fait reste que globalement il est à déplorer l'existence de
problèmes de fond qui ont profondément remis en cause la
contribution effective et efficace de cette forme de coopération
à la solution de situations économiques et sociales difficiles.
D'une part, les acteurs extérieurs (agences d'aide, bailleurs de fonds,
Etats du Nord...) ont toujours voulu jouer un rôle
prépondérant dans l'identification, la conception, la
négociation, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des
actions de coopération.... Dans toutes ces étapes, l'implication
des acteurs locaux est restée faible ; Alain PIVETEAU note que dans
un tel contexte «les motivations réelles des politiques
publiques qu'elles soient bilatérales ou multilatérales
s'avèrent incompatibles avec la nature profonde d'une aide au
développement»12(*). D'autre part, en voulant mettre l'accent sur la
réalisation d'objectifs à court terme (ce qui est inhérent
à l'approche projet qui a caractérisé la
coopération publique), la dimension institutionnelle du
développement a généralement été
négligée. Au milieu des années quatre vingt (80), trois
organismes de poids dans le domaine de la coopération au
développement avaient soulevé cette question récurrente
dans l'analyse du système d'aide publique et avaient proposé
à l'appui de publications sérieuses des réformes du
système. Il s'agissait d'un document de l'OCDE, d'un ouvrage
rédigé par le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et d'une publication de l'European Center for
Development Policy Management (ECDPM). Pour Daniel FINO ces trois
documents critiquaient assez clairement et assez radicalement aussi le
système de coopération classique dans la mesure où leurs
auteurs estimaient que «les aspects institutionnels ont
été fortement négligés et ce, malgré qu'il
ne puisse y avoir de développement durable sans institutions bien
structurées à l'intérieur du pays récepteur. (...),
la coopération n'aurait pas atteint l'un de ses objectifs principaux
à savoir renforcer l'autonomie des institutions locales et
nationales»13(*). Il est, par ailleurs, souvent posé la
question de l'importante disproportion entre les résultats obtenus et le
coût exorbitant de la Coopération14(*).
Dans son ouvrage consacré à l'analyse des
politiques de coopération au développement; Sylvie BRUNEL
écrit que «la façon dont l'aide a été
affectée aux différentes époques reflète assez
fidèlement les différentes conceptions du développement
qui se sont succédées»15(*). C'est dans cet ordre d'idée qu'elle soutient,
s'inspirant des grands courants mobilisateurs de l'aide mis en
évidence par l'économiste Jean-Jacques GABAS16(*), que d'une approche
quantitative qui partait du postulat que seul un apport massif de capitaux dans
les secteurs dits lourds pouvait engendrer le décollage, on est
passé progressivement à une nouvelle approche qualitative
insistant sur l'importance de la ressource humaine. Inspirée des
théories émergentes de l'époque, la nouvelle approche mise
sur d'autres types d'interventions en mesure de prendre en charge les nouvelles
préoccupations que sont la participation populaire et la
responsabilisation des groupes humains. Les ONG vont se présenter comme
les porteurs de cette nouvelle approche.
En tant que formations sociales, les ONG ne sont, en aucune
façon, un produit des années 70 ou 80. De telles organisations
existent en effet, depuis plus longtemps que la majeure partie des
gouvernements bien que leur dénomination ait été
initialement différente. Jean Pierre LEWIS17(*) rappelle que durant le
17ème et le 18ème siècles les britanniques oeuvraient
déjà en faveur de groupes sociaux et de minorités
opprimés en fournissant une aide philanthropique aux missionnaires et
aux écoles pour les indiens, les esclaves et pauvres blancs
d'Amérique du Nord. En France, le 17ème siècle
qualifié de grand siècle eu égard à
l'influence politique, diplomatique et culturelle de l'Etat monarchique, voit
apparaître au même moment au sein de la haute bourgeoisie et d'une
partie de la noblesse un vaste mouvement de charité privée qui ne
cessera de se développer au cours des siècles suivants. Alexis De
TOCQUEVILLE18(*) mettait
à jour, dès 1840 déjà, la pierre angulaire de la
démocratie en Amérique en pointant du doigt le fait
associatif. Ces initiatives collectives ou communautaires tournées ou
non vers la satisfaction de leurs auteurs rendent compte selon RYFMAN d'une
véritable tradition pluraliste d'auto assistance dont les ONG sont
l'expression contemporaine. Des études très sérieuses ont
montrées en ce sens que les ONG contemporaines sont fortement
marquées du sceau de deux empreintes culturelles datant du 19ème
siècle. Il s'agit tout d'abord de l'idéale démocratique et
des valeurs libérales portées par la bourgeoisie occidentale, et
ensuite, de la projection outre mer de la charité chrétienne
traditionnellement axée vers le territoire d'origine. Il faut
reconnaître concernant cette seconde empreinte culturelle que les
églises ont été parmi les premiers à tracer la voie
d'une coopération que J.TENDLER qualifie de People to
people19(*).
Ainsi une approche historique des ONG, permet de se rendre
compte de l'indépendance et de la primauté d'une aide
internationale privée par rapport à l'engagement des
gouvernements. C'est dire qu'il est difficile de ne percevoir dans
l'émergence des organisations non gouvernementale qu'une simple remise
en cause de la légitimité et de l'efficacité du
traditionnel «tête à tête» des Etats dans la
coopération Nord Sud. L'antériorité d'actions collectives
d'assistance issues de la société civile tant dans les pays
d'origine (Nord) que sur la scène internationale conduit à
rejeter toute analyse confinant à la réaction un mouvement social
dont l'histoire révèle qu'il procède initialement de
l'action indépendante et autonome. Cependant même si la
présence et l'émergence des ONG ne jettent pas l'anathème
sur le rôle et l'efficacité des Etats dans les rapports Nord Sud,
la réalité reste que la montée en puissance des ONG de
développement au cours des années 70-80 s'appuie quant à
elle sur une critique souvent virulente du rôle de la coopération
publique durant les deux précédentes décennies.
Section deux (2) : Etat de la question
La littérature aujourd'hui disponible sur les ONG est
suffisamment substantielle mais souffre encore «de
préjugés trop faiblement maîtrisés ou reflète
des prises de position relevant d'idéaux pratiques qui l'exposent encore
aux biais opposés mais tout aussi dérisoires de l'enchantement
naïf et du dénigrement commode (...) »20(*) . L'espace non gouvernemental
fait, en effet, l'objet d'analyses polémiques, les opinions
émises à son propos étant pour la plupart soit laudatives
soit accusatrices. Si certains observateurs estiment tout à fait
satisfaisantes leurs interventions d'autres, par contre, émettent des
réserves quant à leur capacité effective de
répondre à l'engouement qu'elles avaient suscité notamment
à travers leurs professions de foi.
Pour les premiers malgré les déficiences
constatées ça et là, les réponses données
par ces organisations aux besoins pratiques des ruraux constituent une
stimulation capitale et non négligeable pour les franges les plus
pauvres des sociétés rurales africaines. Ils se demandent, par
exemple, ce qu'il y a de plus stimulant ou de plus motivant :
§ qu'un projet de case de santé résolvant
les problèmes de santé d'une population qui jusqu'alors devait
pour ses soins les plus élémentaires parcourir des dizaines de
kilomètres ?
§ que de voir un jeune d'un village devenir agent de
santé communautaire, grâce à un projet, ou des femmes des
matrones accoucheuses ?
§ que d'entendre les batteuses, les moulins à mil,
les motopompes tournaient à plein régime pour
alléger les travaux des femmes, irriguer les terres ou tirer l'eau des
puits récemment creusés ?......
Comme pour dire qu'aujourd'hui nombre de réalisations
sont à l'actif de ces organisations qui comme le juge Abdou
SARR21(*) ont très
tôt su venir à la rescousse des associations et organisations
communautaires.
Par ailleurs, de nombreuses études ont mis l'accent sur
le fait que les projets réalisés par les ONG ont eu comme
résultat de prendre en charge les besoins de populations longtemps
restées brimées par des systèmes de développement
qui leur ont laissé si peu de liberté. Ces micro projets furent
de réelles opportunités pour elles de se mettre à
l'épreuve et de recouvrer une confiance en leurs propres
capacités de trouver les solutions à leurs problèmes.
Cette prise de conscience a été essentielle dans les mutations
qui se sont enclenchées au sein des collectivités rurales
dès la fin des années 70. Il est en ce sens important de
souligner que la complicité des ONG qu'elles soient locales ou
étrangères a été un stimulant fort dans les
mutations du milieu rural subsaharien vers des associations villageoises de
développement (AVD), «elles ont en fait très fortement
contribué à l'émergence et au progrès du mouvement
associatif qui a trouvé à travers elles des alliés
naturels»22(*).
On peut aussi enregistrer à l'actif des ONG la prise en
compte dans les stratégies de coopération au développement
et de lutte contre la pauvreté, d'une masse relativement importante de
populations souvent exclues, marginalisées et/ou très mal
intégrées dans les modèles étatiques de
développement. Il s'agit d'une part des populations des zones
géographiques les plus reculées que les autorités et leurs
services techniques avaient tendance à délaisser et, d'autre
part, des femmes que les modèles de développement importés
ou étatiques avaient exclues ou mal intégrées. Ainsi, par
exemple, plusieurs projets d'allègement des travaux des femmes, de
protection maternelle et infantile, d'accès au crédit,
d'alphabétisation, d'économie familiale...ont été
largement encouragés et financés par les ONG.
Sans rejeter ni nier la réalité de ces
résultats beaucoup d'auteurs comme Marie RAVEL, P.J ROCA, Valérie
BOULOUDANI, Serge GHINET, K. VERHAGEN, B. LECOMTE, P. C DAMIBA..., se montrent
tout de même très réservés et critiques à
l'égard des ONG.
La grande contradiction dans les démarches et les
luttes entreprises pour changer radicalement de stratégie sur le
thème des «pauvres d'abord» est selon Pierre Claver DAMIBA,
«Celle qui existe entre le discours et l'action de
la coopération internationale. Le souci exprimé pour les pauvres
est affirmé à temps et à contre temps par les pouvoirs en
place et leurs technostructures ainsi que par les donateurs et les ONG. La
diversité des analyses sur la pauvreté, la variété
des projets concernant les dimensions sociales de l'ajustement, la richesse des
recherches académiques, témoignent de la préoccupation des
parties intéressées, au Nord et au Sud au sujet de
l'éradication de la pauvreté. Cependant, l'impact des politiques,
des programmes et des actions proposées n'atteint pas le degré de
générosité exprimé dans les
rhétoriques»23(*).
A propos de ce décalage entre discours et pratique des
ONG Claude FREUD écrit « qu'en y regardant de plus
près le discours que ces organisations tiennent à propos
d'elles-mêmes n'est pas tout aussi harmonieux qu'il y
parait »24(*). Pour lui25(*), lorsque les ONG parle :
- d'atteindre les pauvres :
force est de constater que ce n'est pas évident quand on examine de
près l'impact de leurs actions. La faiblesse de leurs ressources
sélectionne objectivement l'accès aux progrès techniques
qu'elles proposent. Elles partent toujours de l'hypothèse erronée
qu'un contrôle lâche au niveau local entraînera
automatiquement une répartition équitable des avantages
distribués. Or, semences, engrais, matériel, crédit,
proposés en petit nombre ne pourront être acquis que par les
personnes les plus aisées ou ayant le plus de pouvoirs dans la
communauté ; voire par des élites étrangères
au milieu rural (fonctionnaires, commerçants ...) qui saisissent
à travers l'intervention une possibilité d'accéder
à de nouveaux profits. De ce point de vue, les résultats ne se
différencient guère, de ceux des grands projets
qui sont à l'origine de l'émergence des paysans pilotes ou
dynamiques ;
- de répondre à une demande
locale et de participation des pauvres aux décisions : quand
on s'attache à l'historique des décisions et des actions des ONG,
on s'aperçoit que celles-ci n'accompagnent que très rarement un
projet préexistant lancé par les populations. Bien au contraire,
l'ONG crée son projet, l'élabore, suit ses étapes et une
connaissance insuffisante du milieu d'intervention peut empêcher que
l'action bénéficie aux plus défavorisés
(paysans sans terre, groupes socialement marginaux, femmes...) dont on ignore
la représentation et le poids dans les processus de décision de
la collectivité. Par contre, l'investissement en travail de cette
dernière est généreusement sollicité ;
- d'une contribution qui n'est pas
substitution : là aussi il faut nuancer le discours. Tout
d'abord si l `ONG tient à se caractériser par son type
d'action, son fonctionnement lui ne la démarque aucunement de celui
d'une bureaucratie banale. Toute ONG est classiquement pyramidale
(siège, délégués régionaux, volontaires de
terrain...). Cette bonne hiérarchie entre souvent en contradiction avec
le principe de la souplesse, de la confrontation d'homme à homme :
les conflits de pouvoirs existent bel et bien. De ce fait, trop souvent le
partenariat ne se différencie pas d'une prestation d'un service public
à une collectivité. Puisque par ailleurs, la formation
d'homologues nationaux est délicate (le problème de leur futur
statut et de leur rémunération se pose toujours après le
départ de l'ONG) l'ONG a aussi tendance à ignorer les personnels
du service public qui travaillent dans le même domaine et cela aboutit
à des situations conflictuelles. Tout cela contribue à rendre
délicate la prise en charge de l'action par la communauté une
fois l'ONG partie. Trop souvent l'arrêt de l'intervention signifie
l'arrêt de l'action. Même quand la question de la formation est
réglée, il reste celle de la capacité des villageois
d'entretenir et de renouveler tous les équipements qui ont
été mis en place : c'est tout le problème de
l'héritage des charges récurrentes ;
- d'action non assujettie à une
relation de gouvernement à gouvernement : outre le
problème des relations avec l'autorité au niveau local, il faut
constater que plus on gravit les échelons plus les liens se distendent.
On assiste à une quasi-rivalité avec l'Etat qui a
débouché dans certains endroits sur un antagonisme ouvert. Cette
attitude naïve conduit non seulement à ignorer les
représentants de l'Etat (qui régissent quoiqu'on en dise la vie
des collectivités) mais aussi la politique (même si elle est
contestable). On va agir dans une région sans vouloir savoir ce qu'elle
représente dans le pays, sans vouloir savoir quelle est la part de biens
et d'équipements variés (écoles, dispensaires,
crédits, eau, intrants agricoles...) fournis par le secteur publique ou
les grandes aides, sans se demander si les dépenses du petit projet sont
comparables à l'ensemble des besoins régionaux. Fi du plan, fi de
l'aménagement du territoire, fi des ministères techniques !
Mais une fois l'ONG partie la communauté aidée devra bien vivre
ce monde. Ces rapports difficiles sont encore aggravés par la lutte que
mènent entre elles les ONG, toutes jalouses de leur indépendance
elles agissent chacune de son côté. Dans certains Etats
particulièrement démunis, elles présentent le spectacle
affligeant de leur zizanie. Certains pays s'en inquiètent et rendent
obligatoire le respect d'une charte et d'une concertation ;
- de petite taille, souplesse, petit
coût : est-ce que l'échelle d'intervention est porteuse
d'innovations ? En premier lieu, les thèmes techniques
diffusés sont les mêmes et sont autant importateurs
d'équipements et d'intrants que les grands projets. Les effets
multiplicateurs sont faibles, les réalisations spontanées
étant dépendantes d'un approvisionnement extérieur. En
second lieu, la diffusion des thèmes ne va pas toujours dans le sens
souhaité. On constate que les thèmes porteurs sont toujours ceux
qui encouragent la promotion individuelle et que ceux qui ne marchent pas sont
ceux qui sont liés au développement communautaire. Cela va
à l'encontre de l'objectif initial, qui est de venir en aide à
l'ensemble des populations et non à une catégorie
particulière. Enfin concernant le rapport coût/avantages, il est
difficile d'estimer le coût de l'activité, car très souvent
le montant de la main-d'oeuvre et celui des autres contributions ne sont pas
dissociés. Quand on peut le faire pour effectuer des estimations du
coût par bénéficiaire (par unité de production par
exemple) et que l'on compare ces estimations à celles de projets
similaires du secteur public, on constate que les avantages ne sont pas
forcément du côté des ONG : ces dernières
fonctionnent à des prix bien supérieurs aux normes
nationales ; en outre elles laissent des charges récurrentes aux
collectivités ;
- par rapport aux grandes
opérations sur financements extérieurs, il n'est pas
évident non plus que les ONG soient moins chères. Le coût
de fonctionnement des premières ramené à l'espace
touché par les secondes peut révéler des surprises (si le
volontaire est moins payé et peut être moins luxueusement
logé que les expatriés des grands projets, il a les mêmes
moyens de fonctionnement : véhicules et entretien) ;
- le personnel des ONG : c'est
pour Claude FREUD à coup sûr le principal atout. Ce personnel est
en général doté d'une expérience pratique et il est
motivé idéologiquement. Il veut vivre en symbiose avec le milieu
pour mieux y lancer ses actions au ras du sol par la force de la
démonstration et de l'animation. Cela dit les ONG qui oeuvrent dans le
développement rural ne tiennent pas plus compte des contraintes
inhérentes à toute intervention dans ce domaine que les grands
projets. A l'image de ces derniers, elles prônent des messages
productivistes, qui se heurtent aux mêmes obstacles faute de prendre en
considération les stratégies paysannes de minimisation des
risques.
C'est dire qu'un immense fossé sépare les
objectifs avoués de la coopération non gouvernementale (combattre
la pauvreté, favoriser le développement économique des
régions les plus défavorisées, promouvoir la participation
populaire...) des pratiques et résultats observés sur le terrain.
Les raisons profondes de ce déphasage sont nombreuses et variables selon
les auteurs.
D'un côté, beaucoup d'auteurs insistent sur la
nécessité de relativiser la rupture que les démarches
participatives prétendent réaliser d'avec les démarches
classiques d'intervention. J. C. NGUINGUIRI montre bien dans son article que
trop souvent la méthode participative telle que mise en pratique sur le
terrain se réduit à de simples dialogues
«participatifs», en des échanges ritualisés
où les acteurs ne font que valider ou alimenter les analyses et les
choix faits par les agents extérieurs,
«La planification participative même si elle
était à ses débuts considérée comme un
processus évolutif dépourvu de toute ambition exhaustive comme
c'était le cas dans les démarches précédentes, elle
a toutefois perdu ses principes fondateurs qui ont été vite
évacués par la plupart des intervenants avides de produits et
à la recherche de diagnostics correspondant à leurs propres
perceptions des enjeux de développement. Dans la plupart des cas les
diagnostics participatifs et les analyses d'experts impliquent
déjà des choix de développement en amont de ce qui aurait
dû être une concertation interne sur les options futures de
développement du territoire»26(*).
Ce que l'on nomme dans les projets participatifs le
pilotage par les besoins exprimés par les populations est en
vérité largement un fait de rhétorique. Des auteurs comme
J.P.CHAUVEAU et Philippe Lavigne DELVILLE insistent, par exemple, sur le fait
que la structure de la demande est souvent largement déterminée
par l'offre. Autrement dit le choix des usagers (acteurs à la base) est
généralement surdéterminé par les propositions des
intervenants,
«Beaucoup d'intervenants prétendent
partir des demandes tout en les orientant nettement vers leur offre. Les
diagnostics participatifs menés par les projets dans le but de faire
émerger les vrais besoins des populations peuvent être une
sophistication supplémentaire dans la manipulation des populations par
le projet (il est rare qu'un diagnostic participatif mené par un projet
agro - forestier ne débouche pas sur une demande de
reboisement...)»27(*).
La question des sources de financement est également
une question qui revient très souvent dans la vaste littérature
critique consacrée aux ONG «pour beaucoup de personnes, la
dépendance des ONG vis-à-vis de l'argent fédéral et
d'une manière plus générale de l'argent officiel constitue
un réel motif de polémique»28(*) .
Schématiquement, l'argument des sceptiques se
résume à une question de fond : Comment une
Private Voluntary organization peut-elle
véritablement être privée et indépendante dans ses
choix lorsqu'elle est financée à près de 80% par un
gouvernement ou une institution dont les options de développement ne
sont pas toujours celles qui correspondent aux attentes réelles et
à la conception profonde des populations ?
Ce qui se pose c'est donc la question de l'indépendance
ou de l'autonomie des ONG car il est largement démontré que le
mode de financement peut influencer la nature des opérations, les
régions d'intervention.....et par conséquent restreindre les
marges d'initiative et de manoeuvre des ONG.
Il est vrai que certaines ONG refusent catégoriquement
tout subside et cela pour préserver une indépendance totale et
exprimer leur engagement vis-à-vis d'un type de développement
différent. Mais il est tout aussi vrai que de telles ONG sont
aujourd'hui pour ainsi dire une «espèce rare et/ou en voie de
disparition ». Un tel constat n'est pas sans soulever un certain
nombre d'interrogations toutes plus ou moins relatives à l'espace de
liberté (d'autonomie) effectivement dévolu aux ONG.
Valérie BOULOUDANI et Serge GHINET, par exemple, s'interrogent avec
Sophie BESSIS en ces termes,
«L'étroitesse des rapports qui lient les plus
importantes d'entre elles (les ONG) aux organismes étatiques et/ou
publics d'aide au développement n'en fait-elle pas des otages des
stratégies d'aide au tiers monde et des alibis commodes pour des
bailleurs de fonds soucieux de rectifier leur image de marque, surtout aux yeux
des peuples du Sud»29(*).
Dans son article consacré à l'étude de la
relation donateur/ONG, Myriam DONSIMONI soutient que don et altruisme ne vont
pas forcément de paire en cela elle cite l'exemple du potlatch
ou don de rivalité (Marcel MAUSS). Elle explique que le don
considéré par les anthropologues comme un phénomène
social total est pour l'homme d'affaires un produit qui s'échange sur le
marché de la solidarité. Ainsi l'une des définitions
classiques de la science économique est qu'elle a pour sujet
l'allocation des biens «rares et utiles»30(*). La thèse de cet auteur
est en fait que le don est bien plus qu'un simple transfert de capitaux, de
biens ou de services ; il s'accompagnerait de relations sociales,
d'attitudes et sentiments qui engendrent d'autres sentiments, attitudes et
comportements «chaque transfert par don a une utilité directe,
une utilité affective et une utilité d'établissement de
relations sociales»31(*). Dès lors le don devrait selon elle être
perçu comme un système économique régi par la
satisfaction morale, autrement dit, par son geste le donateur doit maximiser sa
satisfaction morale sinon il ne restera pas donateur «afin que son don
se transforme en aide, le donateur doit accompagner son geste d'un certain
altruisme ou d'un altruisme certain»32(*).
Pour le Dr VERHAGEN, il ne s'agit pas de mettre en doute la
sincérité des organes donatrices lorsqu'elles expriment leur
préoccupation d'appuyer un processus autoporteur et spontané
(self-sustaining) de mobilisation et d'organisation à la base.
Selon lui il s'agit plutôt de s'interroger sur l'efficacité de
l'outil principal forgé par l'aide internationale pour atteindre ce but
en l'occurrence le projet « même s'il est souvent dit, par
abus de slogan, petit ou de petite envergure »33(*).
L'idée principale de la thèse du Dr VERHAGEN est
que l'aide par projets ne semble non seulement favoriser « ni
l'initiative locale, ni la mobilisation des ressources
locales » ; mais en plus «elle ne favorise pas
également la participation de la base à la conception et à
la planification des activités »34(*). Pour lui si,
«Les milieux du développement expriment des
critiques croissantes à l'égard de l'aide par projet, celles-ci
ne s'adressent pas spécifiquement au concept de projet lui-même.
Elles s'élèvent contre la manière dont le projet est
géré et enchâssé dans un système
international dont les limites structurelles entravent plutôt qu'elles ne
facilitent la participation populaire»35(*).
A travers une étude comparative de trois ONG il en
arrive à faire trois constats:
1. les fonds arrivent trop tard provoquant presque une crise
des disponibilités financières ou bien il faut les
dépenser dans certaines limites de temps,
2. il arrive fréquemment que ces ONG n'aient pas eu le
temps de discuter en détail et tout en profondeur des projets avec les
populations cibles,
3. ou inversement lorsque les agents de terrain ont bien
conduit ces entretiens participatifs à la base, les délais de
mise en oeuvre ou l'attente des fonds en provenance des sources internationales
provoquent frustrations et complications.
Il est bien évident de l'avis du Dr VERHAGEN que de
tels constats contrastent fortement d'avec les procédures participatives
qui exigent l'emploi de fonds souples assortis de la garantie que l'assistance
financière requise sera disponible au moment requis et en
quantité requise,
«L'une des faiblesses les plus évidentes du
système actuel se réfère au temps considérable
absorbé par des prés opérations dédiées soit
à l'examen minutieux soit à l'estimation des budgets de projets.
Ces prés opérations s'effectuées au sein des organismes de
financement et de leurs services administratifs qui se trouvent à des
milliers de kilomètres du point d'implantation prévu,
interrompent ou entravent un suivi rapide des processus de recherche
participative et de planification rapide»36(*).
Pierre Claver DAMIBA semble abonder dans le même sens,
lorsqu'il parle de «non proximité physique ».
Pour lui le premier paramètre d'inadéquation est celui de la non
proximité des instances de financement et de leur personnel, autrement
dit leur éloignement géographique du terrain de lutte contre la
pauvreté « qu'elles soient basées à
Washington, à New York, à Abidjan ou à Bruxelles, ou
qu'elles aient des représentations locales d'aide et de
coopération ne change pas la nature de
l'éloignement»37(*). L'auteur conforte sa position en expliquant que, la
pauvreté étant un phénomène de masse sans
l'immersion sociale qui donne la proximité et facilite
l'adéquation ; les techno structures demeurent isolées
installées «là bas dans le lointain», elles
ont une capacité limitée sinon nulle d'enregistrer à
temps, d'analyser et de réagir de manière adéquate aux
pulsions des différentes strates sociales. Selon lui leurs missi
dominici sont sans doute des visiteurs ou des résidents
respectés mais c'est également un fait qu'ils n'arrivent pas
à réduire les distances dans le cadre des procédures
opérationnelles qui leur servent de législation.
Les ONG du Sud ou ONG locales sont de l'avis de la plupart
des observateurs les plus exposées et les moins nanties face à la
situation de dépendance financière. Par exemple sur la question
de la disponibilité trop souvent tardive des fonds, Bernard LECOMTE nous
fait noter que les «apports d'aide extérieure sont
découpés par opérations particulières et ne forment
en aucune façon un flux d'aide continu»38(*). En fait ce que déplore
l'auteur, c'est surtout le fait que quelquefois il se passe 6, 12, 18 mois au
plus entre le moment où les deux parties commencent à entrer en
discussions et le moment où le contrat est signé. Plus
gênant encore, note t'il, c'est le rythme imprévisible
d'arrivée des financements eux-mêmes si l'on sait par exemple dans
le cas des ONG donatrices du Nord qu'elles cherchent d'abord à assurer
en priorité leur propre fonctionnement et à constituer des
provisions c'est-à-dire essayer de garder en permanence une
trésorerie suffisante,
«La préoccupation d'envoyer à temps une
trésorerie, même minima à leurs partenaires du Sud, n'est
pas essentielle. Beaucoup d'entre elles dépendent pour constituer leurs
ressources (parfois à 90%) du rythme de décaissement des
programmes dont elles ont obtenu le cofinancement auprès des agences
d'aide publiques ou des grandes agences privées»39(*).
Pour échapper à cette dépendance
vis-à-vis d'un organisme ou agence de financement, nombre d'ONG du Sud
préfèrent, comme le révèlent de nombreuses
études, répartir leurs attaches entre plusieurs institutions.
Cette pratique bien connue et largement répandue dans le milieu des ONG
du Sud ne procure selon le Dr VERHAGEN qu'une autonomie bien relative. Il
soutient en effet, qu'il pourrait résulter de cette situation des effets
pervers en ce sens que l'ONG en question pourrait du fait de la multitude de
ses bailleurs (institutions donatrices) être confrontée à
un «bizarre amalgame de concepts, de stratégies et de
projets»40(*).
Bernard HUSSON analyse la question des sources de financement
sous un tout autre angle. Après avoir constaté que certaines ONG
pour échapper au risque d'instrumentalisation, valorisent de plus en
plus leur enracinement dans la société civile HUSSON
s'interroge sur la pertinence d'un tel choix. Il se pose les questions de
savoir:
1. Pourquoi acquérir et conserver les faveurs des
citoyens, les ONG ne risquent t-elles pas de coller à leurs
«états d'âme» ?
2. Si l'accès à des financements publics est
assimilé à une perte d'autonomie, en quoi la collecte de dons
privés rend t-elle les ONG plus autonomes ?
Les réponses auxquelles ses analyses le mènent
sont sans équivoque. Pour lui les ONG ne peuvent échapper,
pour collecter des fonds, à «caresser dans le sens du
poil» l'opinion publique, à affecter les dons reçus
à des actions qui répondent à l'idée que les
citoyens du Nord se font du développement au Sud. Il estime qu'il y a
là justement une forme d'instrumentalisation des ONG,
«Cette instrumentalisation peu ou pas
évoquée n'en demeure pas moins constante, et bien
réelle ; les puits et le dispensaire, l'école et
l'aménagement d'un gué sont plus vendables que le renforcement
des collectivités, la mise en place des fonds d'investissements locaux
ou l'adaptation des systèmes de formation aux conditions de
développement d'une zone»41(*).
En résumé, l'état de la question sur les
interventions des ONG, notamment en rapport aux marges d'autonomie des acteurs
à la base, révèle une opposition fondamentale de points de
vue et d'analyses chez les observateurs, experts et chercheurs. Si les uns se
montrent optimistes et laudatifs ; les autres, par contre, se montrent
beaucoup plus réservés, prudents et parfois même
sceptiques.
Les arguments sur lesquels reposent les points de vues et
analyses des premiers sont principalement :
1. le fait que les réponses données par ces
organisations aux besoins pratiques des ruraux, ont été des
stimulations capitales pour les franges les plus pauvres des
sociétés rurales africaines,
2. le rôle déterminant joué par ces
organisations dans l'émergence, la formation et le développement
des associations paysannes,
3. le fait que les projets réalisés par ces
organisation aient contribué à la prise en charge des besoins de
populations trop longtemps restées brimer par des systèmes de
développement qui leur ont soit laissé trop peu de place soit
exclu, marginalisé et/ou mal intégré.
Bien que reconnaissant la plupart de ces arguments, les
tenants du camp opposé justifient leur scepticisme par les
faits :
1. qu'il existe une grande contradiction entre le discours et
les pratiques des ONG,
2. qu'il est nécessaire aujourd'hui de relativiser la
rupture que les démarches participatives (cheval de bataille des ONG)
prétendent réaliser d'avec les démarches classiques
d'intervention,
3. que la question des sources de financement de ces
organisation est aujourd'hui suffisamment problématique au point qu'elle
ne semble favoriser ni l'initiative locale, ni la mobilisation des ressources
locales, ni encore la participation de la base à la conception et
à la planification des activités,
4. qu'il existe comme le nomme P.C. DAMIBA une non
proximité physique qui fait les techno structures ont une
capacité limitée sinon nulle d'enregistrer à temps,
d'analyser et de réagir de manière adéquate aux pulsions
des différentes strates sociales.
L'intérêt qu'a pu revêtir ce rapide
état de la question est qu'il nous aura permit en toute connaissance de
cause de nous fixer non seulement des objectifs de recherche, mais aussi et
surtout de formuler des hypothèses et variables de recherche
suffisamment cohérentes et pertinentes vu l'état des
connaissances actuelles.
Section trois (3) : Objectifs de recherche
Définir l'objectif d'une recherche c'est surtout se
demander « quelle est la question que je pose et à
laquelle je cherche une réponse »42(*), il est en ce sens utile de
rappeler que nous nous proposons à travers cette étude de faire
un état des lieux de la participation des populations
(communautés de base) aux projets et programmes de développement
réalisés par les ONG GADEC et DIAPANTE. C'est ainsi que le
principal objectif théorique que nous nous sommes fixés a
été de voir si les acteurs à la base sont effectivement et
suffisamment impliqués et responsabilisés dans les projets mis en
oeuvre par le ONG GADEC et DIAPANTE, l'objectif secondaire étant le cas
échéant de mettre en lumière les mécanismes par
lesquels ces acteurs sont impliqués et responsabilisés.
Formulée en une question générale de recherche notre
objectif théorique a été de savoir si : dans
leurs interventions respectives les ONG GADEC et DIAPANTE, laissent
effectivement et suffisamment de place à l'expression des marges
d'autonomie des acteurs à la base ?
Au-delà de cet objectif théorique
général, nous nous sommes fixé un certain nombre
d'objectifs spécifiques de recherche que nous déclinons
ci-dessous sous la forme de questions spécifiques de recherche :
1) Quelles sont les modalités de participation des
acteurs à a base aux projets du GADEC et de DIAPANTE ?
2) Les acteurs à la base sont-t-ils effectivement
(selon les exigences de l'auto développement) les
« décideurs » dans les processus de planification,
d'exécution et d'évaluation des projets du GADEC et de
DIAPANTE ? L'initiative populaire est-elle souveraine dans les projets du
GADEC et de DIAPANTE?
3) Quelles sont les contraintes et contradictions que
soulèvent cette participation tant du point de vue de ces deux (2) ONG
que de celui de leurs OCB partenaires ?
4) Quels sont les impacts des cadres juridico -institutionnels
et politiques sur la participation des acteurs à la base aux projets du
GADEC et de DIAPANTE?
5) L'origine des sources de financement a-t-elle effectivement
une incidence sur l'autonomie du GADEC et de DIAPANTE et donc sur leurs
capacités à promouvoir effectivement et efficacement le
renforcement des capacités locales ?
Section quatre (4) : Hypothèses et construction
des concepts de la recherche
Les éléments de connaissance tirés de la
revue littéraire ainsi que les données de nos pré
enquêtes nous ont permis de formuler, dès le départ de
notre recherche, une hypothèse générale en réponse
à notre question de départ C' elle-ci est que :
Du fait de la composition d'un certain nombre de facteurs,
les marges d'autonomie des acteurs à la base même si elles sont
effectivement prises en compte dans les interventions du GADEC et de DIAPANTE
se retrouvent tout de même limitées.
Partant de cette hypothèse principale, une seconde
hypothèse a été formulée à savoir
que :
Ces dits facteurs en composition ont essentiellement
trait au fait que d'une part, ces ONG sont perpétuellement
à la quête de la performance, de la crédibilité et
de la visibilité et au fait que, d'autre part, les cadres juridico
institutionnels et financiers dans lesquels elles évolues sont devenus
de plus en plus contraignants.
Emile DURKHEIM dans Les règles de la méthode
Sociologique (1895) insistait sur la nécessité pour le
chercheur de définir les choses dont il traite afin que l'on sache et
qu'il sache bien de quoi il est question « une théorie ne
peut être contrôlée que si l'on sait reconnaître les
faits dont elle doit rendre compte »43(*). L'étape de la
construction des concepts correspond à cet exercice de définition
provisoire qui permet dans ses grandes lignes de délimiter le champ de
la recherche et de désigner les phénomènes dont il sera
question.
Dans la présente recherche les concepts qui nous ont
paru centraux au point de mériter un travail de construction sont
ceux : d'intervention des ONG, de marges d'autonomie (des acteurs à
la base), d'effectivement et suffisamment de place (à l'expression des
marges d'autonomie) et/ou d'effectivement mais limitées et de
composition (de divers facteurs).
- Intervention des ONG : sans
vouloir nous étendre sur le concept d'intervention et sur toute la
littérature qu'il a pu susciter, nous remarquerons que de manière
générale l'intervention qu'elle soit politique,
économique, sociologique ou autre suppose une action où prennent
part (volontairement ou non) des acteurs précis dans le but de produire,
d'encourager et/ou de susciter une dynamique de changement sous quelque forme
que ce soit dans un milieu donné. Ainsi en sociologie, le concept
d'intervention est toujours à lier à celui de changement.
L'intervention des ONG ne semble pas échapper à cette logique
dans la mesure où elle devra essentiellement être comprise comme
l'ensemble des actions (construction d'ouvrages,
formation/alphabétisation/sensibilisation, introduction de nouvelles
variétés culturales ou de nouvelles techniques.....)
menées par ces dernières sur le terrain du développement
en vue d'atteindre des objectifs c'est-à-dire de produire et/ou de
susciter un processus de changement social, économique, politique...tel
la réduction de la pauvreté. Ces actions ou interventions se
déclinent généralement sous la forme de projets et
programmes. Selon R.DECLERCK « les projets ne sont que des
ensembles d'activités limités dans le temps et dans l'espace,
insérés et en interaction avec un environnement politico
socio-économique et tendus historiquement vers un but redéfini
progressivement par la dialectique entre la pensée (plan du projet) et
la réalité ». Ainsi si le projet est la dimension
essentielle de l'intervention des ONG, DECLERCK semble vouloir lui assigner les
indicateurs suivants : le temps, l'espace, l'environnement politique et
socio-économique, le but.
Ces « indicateurs de DECLERCK » sont dans
le cadre de cette étude regroupés autour de deux indicateurs
principaux :
1. Les déterminants structurels et/ou conjoncturels
2. Les modalités de mise en oeuvre
S'agissant des déterminants structurels et/ou
conjoncturels (ou plus simplement des contraintes et contradictions de
l'intervention) nous pourrons retenir les indices suivants :
1. Les sources de financement ou les partenaires
financiers,
2. Les cadres juridiques, institutionnels et politiques,
3. Les aspects idéologiques ou les options sous
jacentes
Quant aux modalités de mise en oeuvre (modes
opératoires) elles concernent surtout :
- L'identification / analyse des besoins
- La planification des activités
- La réalisation du projet
- Le suivi - évaluation
Remarquons pour terminer que les processus de décision
occupent une place centrale dans l'intervention des ONG ; elles sont comme
qui dirait à la « croisée des chemins ».
- Marges d'autonomie des acteurs à
la base : La marge se définit dans un sens
générique comme l'espace ou la latitude dont on dispose entre
certaines limites « possibilité d'action entre une limite
théorique et un limite pratique »44(*). L'autonomie quant à
elle se dit d'une personne, d'un groupe ou d'une chose qui a la capacité
(liberté) de se gouverner par ses propres lois45(*).
L'étude retiendra cependant deux dimensions principales
pour ce qui est du concept de marges d'autonomie des acteurs à la
base :
1. Les marges d'initiative
2. Les marges de manoeuvre
Il faut rappeler tout simplement que notre cadre conceptuel
général s'articule autour de la problématique de l'auto
développement qui suppose une liberté des acteurs alors que
celle-ci (la liberté) chez l'homme ne saurait très
concrètement se manifester qu'à travers l'initiative et la
manoeuvre.
L'initiative (marges d'initiative) est définie comme
l'action de celui qui est le premier à proposer, à entreprendre,
à organiser quelque chose. Ici donc il s'agit pour les acteurs à
la base de « décider par soi » ; c'est ce que
nous pourrions nommer le principe de l'auto détermination. La marge
d'initiative suppose dès lors que l'action soit dès le
départ la plus indépendante possible d'une animation
extérieure,
« Le premier principe de
l'endogénéité est que l'accompagnement technique
(l'intervention) ne se fixe aucun objectif préalable à sa
démarche d'appui si ce n'est tout au plus d'être disponible pour
l'émergence d'une dynamique endogène de décision et de
planification »46(*) .
La manoeuvre (marges de manoeuvre) est selon le Larousse
« la manière de régler le
jeu »47(*) ; ce qu'il est important de retenir à ce
niveau de l'étude c'est que cette dimension renvoie surtout à
la liberté d'action et de contrôle qu'ont les acteurs
à la base dans le cadre des projets et programmes initiés par
les ONG. Il s'agit donc pour eux d'agir « pour et par soi »
c'est le principe de l'auto gestion.
L'initiative (auto détermination) et la manoeuvre (auto
gestion) sont donc les deux dimensions des marges d'autonomie auxquelles nous
pourrions associer quatre indicateurs selon la formule de G.
BELLONCLE « les quatre mots de l'auto développement
sont : auto analyse ; auto programmation ; auto
organisation ; auto évaluation »48(*) . Ainsi nous aurons :
Pour les marges d'initiative :
1. L'auto analyse
2. L'auto programmation
Et pour les marges de manoeuvre :
1. L'auto organisation
2. L'auto évaluation
- Effectivement et suffisamment de place et/ou
Effectivement mais Relativement limitées : Contrairement
à « l'intervention des ONG » et aux
« marges d'autonomie » qui sont les deux variables
fondamentales de cette étude et pour lesquelles nous nous sommes
attachés au-delà d'une définition à identifier des
dimensions, des indicateurs et des indices ; ici et pour le concept de
« composition » il s'agira plus pour nous de
préciser par rapport à nos objectifs et options théoriques
le contenu qu'il faudra donner à ces concepts. S'il est exact comme le
remarquent R. BOUDON et F. BOURRICAUD que les questions que le sociologue se
pose n'impliquent pas toutes des problèmes de mesure, il est
également tout aussi vrai que certaines de ces questions comportent
d'inévitables problèmes de mesure. Si nous avons pu jusque
là éviter de parler de mesure, le fait reste que cette
étude ne saurait atteindre ses objectifs en occultant
l'inévitable question du niveau de participation des acteurs de la base
aux projets et programmes du GADEC et de DIAPANTE « la
nécessité de définir des mesures, fussent-elles ordinales
découle donc de la nature même de certains
concepts »49(*). Ainsi l'usage des concepts de
« effectivement et suffisamment » ou de
« effectivement mais relativement limitée » doit
être comprise comme une volonté de définir une
échelle ordinale50(*) de mesure de la participation des acteurs à la
base. Cette échelle s'établit selon les degrés
suivants :
- Effectivement et suffisamment
- Effectivement mais moyennement
- Effectivement mais passablement (ou relativement
limitée)
- Effectivement mais nulle
- Non effectivement
- Composition : Tout comme pour
le dictionnaire Larousse le dictionnaire robert
définit la composition dans son sens familier comme l'action ou la
manière de former un tout en assemblant plusieurs éléments
c'est à dire donc comme la disposition des éléments. Sous
cet angle « composition de divers facteurs » doit
être compris de l'action ou de la manière de former un tout par
l'assemblage de divers facteurs. Ici nous concevons d'une part que ce tout
c'est le « partenariat ONG / acteurs à la base
(OCB) » et que d'autre part ces divers facteurs assemblés
sont à la fois les déterminants structurels et/ou conjoncturels
de l'intervention, ses modalités de mise en oeuvre, les marges
d'initiative et les marges de manoeuvre. En outre, le concept de composition
doit être compris en référence à ce que Jean Michel
BERTHELOT51(*) nomme les
schèmes de composition par différenciation aux schèmes de
dépendance et aux schèmes de signification. Ici le principe est
que l'explication (explicandum) du phénomène
étudié est la résultante de la composition
d'éléments divers s'opérant soit par agrégation
(schème actanciel) soit par insertion dans un système de forces
antagonistes (schème dialectique).
Cadre opératoire de la recherche
Marges d'autonomie
Marges d'autonomie
Suiv./Eva
Gest.Inter
F. Inter
M. Inter
Souveraineté des AB
Aspirations
Besoins
Suivi/Eval..
RP
PA
IABA
AI
CJIP
SF.
Auto-Ev.
Auto-Org.
Auto-Prog.
Auto-Ana
M.M.OE
D.S et/ou Conj.
Marges d'initiatives
Projets
Intervention des ONG
Variable dépendante
Variable indépendante
++
LÉGENDE DU CADRE OPÉRATOIRE
Abréviations
|
Significations
|
DS et/ou Conj.
|
Déterminants structurels et/ou Conjoncturels
|
M. M. OE
|
Modalités de Mise en OEuvre
|
S.F
|
Sources de financement
|
CJIP
|
Cadres Juridico- Institutionnels et Politiques
|
A.I
|
Aspects idéologiques
|
IABA
|
Identification Analyse des Besoins et Aspirations
|
PA
|
Planification des activités
|
R.P
|
Réalisation du Projet
|
Suiv. Eva.
|
Suivi / Evaluation du Projet
|
Auto Ana
|
Auto Analyse
|
Auto Prog.
|
Auto Programmation
|
Auto Org.
|
Auto Organisation
|
Auto Ev.
|
Auto Evaluation
|
A.B (Souveraineté des AB)
|
Acteurs à la base
|
M. inter.
|
Mode de l'intervention
|
F. inter.
|
Forme de l'intervention
|
Gest. Inter.
|
Gestion de l'intervention
|
Chapitre deux (2) : Cadre méthodologique de la
recherche
Section cinq (5) : Le modèle d'analyse
Pour J. M. BERTHELOT un schème
d'intelligibilité ou schème explicatif est «une matrice
d'opérations permettant d'inscrire un ensemble de faits dans un
système d'intelligibilité, c'est-à-dire d'en rendre raison
ou d'en fournir une explication »52(*). Suivant la logique de notre
hypothèse qui postule que c'est du fait de la composition entre divers
facteurs liés à l'intervention des ONG que les marges d'autonomie
des acteurs à la base, même si elles sont effectivement pris en
compte se retrouvent limitées dans le cadre des interventions du GADEC
et de DIAPANTE ; notre modèle d'analyse pour rendre raison du
phénomène (procès) étudié a dû faire
recours aux schèmes de composition et plus précisément au
schème dialectique, dont la forme idéale typique se retrouve dans
la fonction mathématique :
(A l B) = (a & non a) B
Avec ici :
a = déterminants structurels et/ou
conjoncturels et modalités de mise en oeuvre.
Non a = les exigences de l'auto
développement (auto analyse, auto programmation, auto organisation, auto
évaluation)
B = le procès étudié
(partenariat ONG/acteurs à la base).
|
Pour BOUDON et BOURRICAUD l'histoire officielle de la notion
de dialectique au sens moderne du mot commence avec Emmanuel KANT, ils
insistent cependant sur le fait que c'est principalement à partir de
HEGEL et à sa suite de Karl MARX que la notion connaît un
engouement considérable et prend une signification qui concerne
directement les sciences sociales. Pour ces auteurs du Dictionnaire
critique de la sociologie, chez HEGEL comme chez MARX la notion de
dialectique et celle de contradiction qui l'accompagne sont incontestablement
polysémiques mais désignent dans l'autre sens,
« (Par delà les différences entre
les deux auteurs que résume l'opposition traditionnelle entre
l'idéalisme de Hegel et le matérialisme de Marx) une intuition
d'une importance fondamentale dans l'analyse des phénomènes
sociaux à savoir que les agents sociaux peuvent, par le fait même
qu'ils poursuivent un objectif contribuer à provoquer un état de
chose distinct (et éventuellement contradictoire) avec l'objectif
recherché »53(*).
Abondant dans le même sens J. M. BERTHELOT explique que
dans la tradition philosophique la dialectique implique un noyau à
travers l'idée de contradiction :
(A l B)= (a & non a) B ((A l B) = (forme simple
forme développée) = (a & non a) B
? base matérielle
(M)
Cette double détermination interne et externe, formelle
et matérielle relève, selon lui, d'une même logique qui
pourrait se résumer de la sorte : le développement du
procès étudié (B) dépend d'un
double rapport d'interactions dynamiques entre les éléments
constituants (a et non a) d'une part, et
entre ceux-ci et leurs déterminants matériels d'autre part
(M). Ce rapport de conditionnement réciproque et de
déséquilibre relatif secrète la dynamique rendant compte
du procès étudié autrement dit a rend
possible B qui en se développant nécessite la
transformation de a.
Concrètement, il s'agit d'envisager le partenariat
ONG/OCB ou plus exactement les marges d'autonomie des acteurs à la base
dans le cadre des interventions des ONG GADEC et DIAPANTE sous l'optique, par
exemple, de la loi de la baisse tendancielle du taux de profit54(*) développée par
Karl MARX. Etant en situation de concurrence les uns par rapport aux autres
(notamment pour se construire une légitimité ou pour attirer les
flux de capitaux émanant des bailleurs ou, tout simplement, pour assurer
leur survie dans la « jungle » de la coopération au
développement); les ONG (celles nationales surtout) ont
intérêt à rechercher constamment à améliorer
leur productivité en diversifiant, par exemple, leurs sources de
financement ou en ayant de plus en plus tendance à ajuster leurs
approches, options, modes opératoires........aux exigences des
partenaires/bailleurs ou aux textes réglementaires (accords cadres) de
leurs Etats hôtes. Mais, ce faisant, elles contribuent à laminer
la base à partir de laquelle le « profit »
(l'atteinte des véritables objectifs de développement) est
possible, puisqu'elles sont amenées à reléguer au second
plan les véritables exigences de l'auto développement à
savoir la participation effective, suffisante et centrale des acteurs à
la base. C'est dire qu'elles sont progressivement amenées à force
de rechercher la compétitivité, la crédibilité et
le professionnalisme à limiter sinon à négliger
l'importance des marges d'autonomie dont les acteurs à la base doivent
disposer dans la conception, l'organisation, l'exécution et
l'évaluation des projets de développement.
Schéma Récapitulatif du Modèle
d'analyse
(A l B) = (a & non a) B
(A l B) = (D.S et/ou Conj. et M.M.OE) (Partenariat ONG/acteurs
à la base)
D.S et/ou Conj. et M.M.OE
MI et .M.M
Source de financement
Cadre J.I & Pol.
Aspects Idéo.
IABA
P.A
RP
Suivi/Eva
Besoins
Aspirations
Souveraineté des Act. B
Mode de l'intervention
Forme de l'intervention
Gestion des projets
Suivi/Eva
(M)
Avec = rapports de conditionnement et de
déséquilibre relatif
Section six (6) : Les techniques de recueil de
données
Deux (2) techniques ont été utilisées
pour le recueil de données, il s'agit :
1. des techniques vivantes à travers l'usage du
questionnaire et du guide d'entretien,
2. et des techniques documentaires (analyse de contenu)
6.1 : Le questionnaire
Il a été, avec l'analyse de contenu, l'un de nos
principaux outils de collecte ; le guide d'entretien n'étant venu
qu'en appoint. Il faut préciser, cependant, que ce n'est pas un seul et
même modèle de questionnaire qui a été
administré à toutes les personnes enquêtées. Trois
(3) modèles de questionnaires ont été confectionnés
et utilisés sur la base d'une distinction simple et fondamentale entre
personnel ou membres des ONG et membres ou sympathisants des OCB partenaires.
Les deux (2) premiers modèles de questionnaires ont
ainsi été appliqués au personnel ou membres des ONG
à l'étude selon leurs statuts respectifs au sein de celles ci.
Quant au troisième modèle de questionnaire, il a
été administré aux personnes membres ou sympathisants des
OCB partenaires de ces deux ONG.
Pour le premier modèle de questionnaire appliqué
au personnel ou membres des ONG à l'étude, il a surtout
concerné les délégués, coordonnateurs, responsables
des programmes, responsable genre et développement (RGD), responsable
éducation animation et développement (READ) et chargés de
programmes au sein de DIAPANTE et du GADEC. Il a été bâti
en plus de l'identification sociologique autour de cinq (5) rubriques :
· Rubrique I : L'élaboration des
projets et programmes
· Rubrique II : La
planification des activités
· Rubrique III : L'exécution des
projets et programmes
· Rubrique IV : Le
suivi/évaluation des projets et programmes
· Rubrique V : Le projet ou
programme : son environnement social, juridique, politique, institutionnel
et financier
Le second modèle de questionnaire appliqué au
personnel ou membres du GADEC et de DIAPANTE a été quant à
lui soumis aux délégués, coordonnateurs, administrateurs
financiers et/ou responsables de l'auto financement ainsi qu'aux
secrétaires exécutifs de ces deux ONG. Outre l'identification
sociologique ce modèle de questionnaire comportait quatre (4)
rubriques:
· Rubrique I : Les partenaires
financiers classiques de l'ONG et leurs visions/ exigences en
matière de programmes de développement
· Rubrique II : Les termes des
partenariats financiers
· Rubrique III : La
qualité des partenariats financiers
· Rubrique IV : L'auto
financement : défis et écueils
S'agissant du troisième modèle de questionnaire
il a été appliqué aux membres ou sympathisants des OCB
cibles (comités de jumelage et EIVC). Mis à part la partie
identification sociologique55(*), ce modèle de questionnaire était
bâti autour de quatre (4) rubriques:
· Rubrique I : L'OCB : son
historique, son organisation, son mode de fonctionnement et
ses difficultés.
· Rubrique II : L'ONG et son rôle
dans le renforcement des capacités institutionnelles, organisationnelles
et financières de l'OCB.
· Rubrique IV : L'OCB dans les
programmes de l'ONG.
6.2 : Le guide d'entretien
Comme nous le remarquions, le guide d'entretien n'a en fait
été utilisé qu'en appoint par rapport aux questionnaires
et à l'analyse de contenu. Il convient de dire que l'usage de cet outil
s'est justifié par la nécessité pour l'étude de ne
pas seulement se limiter à aborder la question de la participation des
acteurs à la base sous une perspective quantitative. Nous avons, en
effet, été profondément convaincu (dès le
début de cette recherche déjà) par l'idée que
certes il est tout à fait possible de quantifier la participation des
acteurs à la base, mais l'important restait que ces acteurs donnent un
sens à l'intervention des ONG. Autrement dit ils ont une
vision/perception de la relation qui les lie aux ONG, des opportunités
que leur offre la présence de ces acteurs, de leur intérêt
à collaborer ou à ne pas le faire.... Bref ils assignent une
portée au contexte qui se met en place grâce à
l'intervention des ONG. Dans cette logique l'usage du guide d'entretien, nous
a permis d'aborder « à bâtons rompus » avec
les populations concernées56(*) un certain nombre de thèmes. Ce guide
d'entretien semi directif, était articulé en cinq (5)
thèmes :
· Thème I : Le village :
quelles potentialités, quelles contraintes et quels besoins?
· Thème II : L'ONG et les
opportunités qu'elle offre ou qu'elle pourrait offrir
· Thème
III : L'ONG : ses
interventions/réalisations et la prise en charge des besoins et
aspirations des populations à la base
· Thème IV : Le
programme : quelle participation pour les populations
· Thème
V : Le partenariat ONG / OCB du village :
qui décide et quelles difficultés majeures ?
6.3 : L'analyse de contenu
En appoint aux techniques de collecte sur le terrain, nous
avons fait recours à l'analyse de contenu avec comme objectif de
recouper certaines données. Les documents consultés ont
été des documents émis (produits) par ou pour le compte
des ONG GADEC et DIAPANTE (fiches synoptiques, rapports d'activités,
documents de diagnostics internes et organisationnels, documents de
planification stratégiques, textes d'orientation, statuts, documents de
capitalisation, conventions cadre ou de partenariat, lettres de mission...).
Section sept (7) : Echantillonnage, choix des personnes
ressources et histoire de la collecte des données
D'une façon générale les sciences
sociales disposent de deux (2) techniques ou méthodes
d'échantillonnage :
1. les méthodes probabilistes ou méthodes du
choix au hasard
2. les méthodes des quotas ou méthodes du choix
raisonné
Pour leurs qualités de simplicité et de
rapidité, nous avons dans la constitution de nos échantillons
opté pour les méthodes des quotas. C'est dire que l'essentiel des
échantillons desquels émanent les données de
l'enquête de terrain s'est construit selon un choix raisonné.
Qu'il s'agisse du personnel ou membre des deux ONG à l'étude ou
encore des membres ou sympathisants des OCB partenaires de ces ONG, nous avons
dû opérer par choix raisonné afin de satisfaire à
deux (2) exigences qui n'ont cessé de nous hanter tout au long de cette
étude :
1. recueillir des informations qui seraient précises,
fiables et au maximum détaillé,
2. respecter au mieux la règle de la
représentativité
Dès lors nous avons dû, pour les deux
catégories de personnes ressources sus citées,
procéder par sélection rigoureuse ou systématique selon
des critères de représentativité moyenne.
C'est-à-dire que partant d'un modèle de la population de ces
structures (organigrammes) nous avons opéré à des choix
raisonnés selon un critère de représentativité
assez simple : la maîtrise de l'information. Ainsi pour le
recueil d'informations au GADEC et à DIAPANTE deux types de
questionnaires ayant étaient confectionnés sur des
thématiques différentes (les questions financières, les
projets/programmes et l'état de la participation), il nous fallait
identifier dans les organigrammes de ces structures les personnes ressources
qui à priori paraissaient les plus indiquées pour parler de ces
questions. Il nous est apparu après examen des organigrammes que
s'agissant du questionnaire traitant des questions financières les
personnes ressources les plus indiquées étaient :
· au GADEC : le secrétaire
exécutif, le coordonnateur et le responsable de l'auto financement
(RAF)
· à DIAPANTE : le
délégué et l'administrateur financier (assistant
administratif et financier)
S'agissant par contre du questionnaire N°2, nous avons
retenu comme personnes ressources :
· pour le GADEC : le secrétaire
exécutif, le coordonnateur, le responsable genre et développement
(RGD), le responsable éducation animation et développement
(READ), le responsable du suivi évaluation, les chargés de
programmes et les animateurs paysans
· pour DIAPANTE : le
délégué, le responsable des programmes, les chargés
de programmes.
Notons qu'au GADEC, nous n'avons pu rencontrer qu'un seul
chargé de programmes et deux (2) animateurs paysans. C'est ce qui fait
que la collecte de données au niveau de ces ONG s'est faite avec des
échantillons représentatifs de six (6) personnes pour DIAPANTE
soit 100% de la structure opérationnelle et de neuf (10) personnes pour
le GADEC (35%).
Pour le recueil de l'information au niveau des OCB
concernées par l'enquête, nous sommes également partis
d'une base de sondage constituée par les organigrammes pour, par la
suite, nous exercer à identifier les personnes ressources susceptibles
de nous être d'un apport quelconque au regard des informations que nous
souhaitions recueillir. Pour les comités de jumelage de Mbagam et de
Ndiathène, les personnes ressources retenues ont
été : les coordonnateurs des BE, dix (20) parmi les 72
coordonnateurs de commissions techniques (soit 10 coordonnateurs par
comité de jumelage), les responsables techniques (2), les
secrétaires à l'organisation (2) et les chefs de village. Pour
l'EIVC l'échantillon s'est composé de quinze (15)
représentants d'associations villageoises à l'AG (soit 1/5 des
représentants d'associations villageoises), trois (3) membres du BE
(président, vice président et secrétaire
général) soit 34% des membres de ce bureau, trois (3) animateurs
et un (1) relais principal ou contrôleur. De fait le questionnaire
N°3 a été appliqué à un échantillon de
vingt (30) personnes pour l'ensemble des deux comités de jumelage (un
peu moins de 45%) et de vingt deux (22) personnes pour l'EIVC (20%).
L'application du guide d'entretien ayant répondu
à d'autres préoccupations ; la démarche
d'échantillonnage aura par conséquent été tout
autre. Rappelons tout simplement que l'usage de cet outil de collecte s'est
justifié par l'exigence qui nous semblait s'imposer de ne pas nous
limiter uniquement au recueil de données quantitatives sur la
participation des populations aux projets et programmes du GADEC et de
DIAPANTE. Autrement dit en tant qu'outil qualitatif le guide d'entretien devait
nous aider à appréhender les problèmes de la participation
sous une perspective qualitative. Dès lors il devenait
méthodologiquement impossible de vouloir définir à
priori un échantillon d'enquête d'autant plus que les outils
qualitatifs ne sauraient se prêter à un tel exercice. Le
critère d'échantillonnage retenu ne pouvait être dans cet
ordre d'idée que la « saturation des réponses».
L'histoire de la collecte des données peut être
résumé en deux (2) étapes :
1. La pré enquête :
Elle correspond à la période qui va de l'ébauche de notre
sujet de recherche à l'élaboration définitive de nos
outils de collecte de données. Cette période a consisté en
deux (2) activités principales : la recherche bibliographique et la
quête d'ONG avec qui travailler sur cette étude.
2. L'enquête proprement dite : Elle s'est
faite en deux ou trois mois. Pour le GADEC et l'EIVC, elle s'est faite au mois
de septembre 2004 alors que nous étions en stage au GADEC à
Tambacounda, alors que pour DIAPANTE et les comités de jumelage les
choses se sont quelque peu faites autrement. C'est à dire que nous avons
dans un premier temps ( Août 2004) tenu une série d'enquêtes
à DIAPANTE même et ce n'est que bien plus tard entre
Décembre 2004 et Janvier 2005 que nous sommes allés sur le
terrain à Mbagam et à Ndiathène.
Articulée en trois (3) chapitres, cette partie du
mémoire présente les cadres géographiques et humains de
l'étude (chapitre 5) ainsi que les ONG et organisations à la base
sur lesquelles nos enquêtes de terrain ont portées (chapitre 3 et
4).
Chapitre trois (3) : Présentation des ONG
étudiées
Selon la direction du développement communautaire (DDC)
de la mise en place du nouveau cadre de coopération Etat/ONG57(*) à 2000, le nombre d'ONG
agrées au Sénégal était de 339 dont 198 ONG
nationales et 141 ONG étrangères. Au 31 octobre 2003, ce chiffre
de 339 ONG était passé à 410 ONG comprenant près de
65% d'ONG nationales (265). Sur la même période 165 programmes
d'investissements ont été signés entre les ONG et le
gouvernement du Sénégal pour un investissement
prévisionnel global de 77.394.512.456 Fcfa. Cet investissement
prévisionnel global est passé, de 2000 à 200358(*), de 27.000.000.000Fcfa
à plus de 65.000.000.000Fcfa avec au total la signature de 114
programmes d'investissements couvrant l'ensemble du territoire national ainsi
que tout les secteurs d'activités des populations rurales et
urbaines.
Années
|
Nombre d'ONG
|
Nombre de programmes d'investissements
signés
|
Montant des programmes d'investissements
(FCFA)
|
1996 -2000
|
339
|
165
|
77.394.512.456
|
2000-2003
|
410
|
114
|
65.843.102.685
|
Source : DDC (Ministère de la famille du
développement social et de la solidarité nationale)
D'un autre côté, alors qu'en 1996 le CONGAD
estimait à près de 200 les ONG présentes au
Sénégal (avec au moins plus de 180 ONG effectivement
agrées)59(*) ;
en 2000 ces mêmes chiffres ont été revus à la hausse
puisque le nombre d'ONG présentes sur le territoire national
était à nouveau évalué à près de 600
(ONG nationales et étrangères confondues).
Tableau N°1 : ONG membres du CONGAD
par région d'intervention
Régions
|
Nombre d'ONG membres du CONGAD
présentes
|
Dakar
|
85
|
Diourbel
|
42
|
Fatick
|
46
|
Kaolack
|
55
|
Kolda
|
40
|
Louga
|
46
|
Tambacounda
|
43
|
Thiès
|
76
|
Saint-Louis
|
64
|
Ziguinchor
|
54
|
Total
|
551
|
Source: CONGAD. Répertoire des Organisations
non gouvernementales membres du CONGAD. Dakar, 3éme trimestre 1999,
ed. CID / CONGAD
Il ressort de ce qui précède que l'augmentation
des ONG entre 1996 et les années 2000 a été fulgurant avec
une nette prédominance des ONG nationales. Les projets et programmes mis
en oeuvre par ces organisations concernent tous les secteurs d'activité
des populations et couvrent l'ensemble des régions du pays. A ce titre
DIAPANTE et le GADEC paraissent assez représentatifs de la configuration
(morphologie) des ONG que l'on trouve au Sénégal. Dans cette
présentation que nous faisons d'elles, nous nous
efforçons :
1. de revenir sur l'historique de leur création
2. d'établir leurs profils organisationnels et/ou
institutionnels
3. d'identifier leurs différents axes
stratégiques d'intervention (domaines d'activité) ainsi que leurs
principaux objectifs, missions et partenaires
Section huit (8). DIAPANTE : Association de
développement
La création en Mai 1987 de l'association de
développement DIAPANTE fait suite à une action de volontariat
menée par un groupe de jeunes marseillais venus réaliser dans la
vallée du fleuve Sénégal un dispensaire de brousse. Il est
important, pour bien cerner le contexte de la création de l'ONG, de
faire remarquer que dès le début des années 80
déjà il s'était engagé à Marseille et sous
la houlette du centre socioculturel Baussenque une intense réflexion sur
l'appui au développement Nord/Sud. L'une des principales recommandations
qui en était ressortie était qu'il fallait de plus en plus
envisager les actions d'aide au développement non plus
« en des termes économiques mais plutôt en terme
d'urgence ». L'idée de mettre sur pied une organisation
basée au Sénégal et durablement engagée à
soutenir l'émergence de dynamiques endogènes de
développement venait d'être lancée.
Il est difficile de classer DIAPANTE dans le schéma
classique que constitue la distinction entre ONG nationales (locales) et ONG
internationales (étrangères), dans la mesure où elle
dispose d'un double statut d'association française et
sénégalaise. C'est pourquoi, par commodité
théorique, nous retiendrons que DIAPANTE est une ONG locale disposant de
la « double nationalité »
franco-sénégalaise. C'est en effet, une association
franco-sénégalaise à but non lucratif (ABNL) ayant le
statut d'association française constituée depuis 1987,
agrée ONG au Sénégal en 1989 (N°00049 MINT/ DDC/
DONG) et bénéficiant du statut d'association
sénégalaise depuis 1992.
L'association de développement DIAPANTE est
organisée autour de deux (2) organes statutaires que sont la structure
associative (SA) basée en France (conseil d'administration) et la
structure opérationnelle (SO) active dans la région de
Saint-Louis et chargée de l'exécution des projets et programmes.
Après quinze (15) années d'intervention
exclusive dans la vallée du fleuve Sénégal, DIAPANTE tente
aujourd'hui d'élargir son champ d'action à l `ensemble du
territoire sénégalais. Elle s'est parallèlement aussi,
lancée dans un processus de diversification de ses domaines
d'intervention en explorant des secteurs aussi variés que : le
développement social, l'éducation de base, l'appui aux
organisations à la base, l'hydraulique villageoise, le
développement local, la coopération décentralisée,
la gestion des ressources naturelles, la gestion des ressources humaines, la
santé, la prévention, l'animation rurale, la recherche-action en
ingénierie de formation, la communication/information...Soulignons
cependant, que le CONGAD la classe au rang d'organisation
spécialisée dans le domaine de la formation en milieu rural,
c'est ainsi que selon des chiffres de la DDC le montant de l'investissement
prévisionnel global de l'ONG dans ce domaine s'élevait en 2003
à près de 124.303.000Fcfa.
En Avril 2002 l'ONG s'était exercée, à
l'occasion de l'atelier de planification stratégique organisé
pour l'élaboration de son Plan Stratégique 2003-2007, non
seulement à actualiser sa vision et ses missions mais aussi
à (re)définir ses orientations, axes stratégiques
d'intervention et objectifs stratégiques. La vision de l'organisation
est celle d'une « organisation forte et attractive à la
pointe de la réflexion et de l'action et bénéficiant de la
confiance des acteurs locaux, nationaux et internationaux oeuvrant pour une
société juste et équitable »60(*), ce qui explique qu'elle est
très impliquée dans les dynamiques de la société
civile et quelle, est à ce titre, membre du CONGAD et de nombreux autres
réseaux d'ONG et organisations de la société civile. Elle
se fixe comme mission de,
« Favoriser la promotion d'une
société équitable permettant l'expression et le
développement des plus pauvres par le renforcement du dialogue social et
le développement des économies locales »61(*).
Les axes stratégiques d'intervention de DIAPANTE
touchent à des domaines tels:
1. le développement socioéconomique et la
gestion des ressources naturelles,
2. la décentralisation, le développement local
et le renforcement de la société civile,
3. l'accès aux services de base et à
l'information pour les plus démunis,
4. la prévention et la préparation à
l'urgence,
5. le renforcement institutionnel de l'organisation et le
développement du réseautage ;
Dans son Plan Stratégique 2003-2007 l'ONG se fixe cinq (5)
objectifs stratégiques que sont:
1. Promouvoir les activités économiques
alternatives prenant en compte la préservation des ressources naturelles
et renforcer les potentialités endogènes pour
un développement local durable ;
2. Renforcer les cadres de concertation et les
capacités de dialogue des acteurs locaux et en particulier de la
société civile ;
3. Favoriser l'accès à l'information et aux
services de base aux groupes sociaux les plus démunis et/ou
marginalisés ;
4. Participer à la prévention et à la
résolution des situations d'urgence ;
5. Consolider les structures associatives et
opérationnelles de DIAPANTE et s'impliquer dans les dynamiques
fédératives.
Pour mener à bien sa mission l'association travaille
avec un certain nombre de partenaires au rang desquels nous citerons:
· Le ministère sénégalais de la
famille, du développement social et de la solidarité nationale,
· L'administration territoriale et les services
déconcentrés et/ou techniques de l'Etat
sénégalais,
· Le Fonds Mondial pour l'Environnement (FEM/PNUD)
· Le ministère français des affaires
étrangères
· Les collectivités locales et territoriales
françaises et sénégalaises
· La ville de COMMERCY en France à travers
l'Office Municipal de Coopération Internationale (OMCI)
· Les ONG locales et étrangères intervenant
au Sénégal
· Les organisations villageoises et professionnelles de
la région de Saint-Louis et d'autres régions du
Sénégal
Section neuf (9). Le GADEC : Groupe d'action pour le
développement communautaire
Créé le 28 Août 1987 à Tambacounda
par des animateurs et des intellectuels techniciens, le GADEC, comme le note
Karine TRIOLET, « se définit comme une structure
ouverte, mixte et démocratique »62(*). La création de l'ONG
apparaît comme la résultante d'un processus de collaboration et de
coordination entre les animateurs et appuis techniques de trois (3) projets de
développement intervenant dans la région de Tambacounda:
· Le projet COMIBAR (coordination mini barrages)
intervenant essentiellement dans le domaine de l'environnement grâce
à des partenaires comme Terre Nouvelle une ONG Belge et ASRADEC
(Association sénégalaise de Recherche et d'Appui pour le
Développement Communautaire).
· Et les projets de développement
intégré de Tamba Est et du Wuli financés par une ONG
française le GRDR (groupe de recherche et de réalisations pour le
développement rural dans le tiers monde).
Pour les animateurs et appuis techniques qui ont
été à la base de ce processus de collaboration et de
coordination ; il était question, à travers la
création du GADEC, de satisfaire à trois exigences
particulières :
1. « d'abord et plus fondamentalement, celle de
mettre en place des mécanismes de coordination, d'harmonisation et de
gestion des 3 projets qui en définitive partageaient non seulement la
même conception du développement communautaire mais
réalisaient aussi des actions similaires et /ou complémentaires
et intervenaient de surcroît dans les mêmes terroirs,
2. ensuite, celle de contribuer plus efficacement à
la satisfaction des besoins fondamentaux des populations de la région
orientale du Sénégal qui bien que disposant de réelles
potentialités naturelles se trouvaient handicapées par une
faiblesse des actions publiques et privées de développement et un
enclavement qu'un désengagement brutal de l'Etat avait
accentué,
3. enfin, l'exigence de doter la région d'une ONG
locale autonome, basée sur le terrain même des opérations
et capable d'intégrer les dynamiques, préoccupations et attentes
paysannes pour un développement communautaire »63(*)
Association sans but lucratif (ASBL), le GADEC a
été reconnu d'utilité publique par le
récépissé N°6112 MINT/DAGAT du 8 Février 1990
et agréé ONG le 21 Juin 1990 (agrément N°06414
MINT/DDC/DONG).
L'ONG est structurée en deux (2) entités que
sont la structure associative (SA) et la structure professionnelle (SP). Alors
que la première regroupe l'ensemble des membres de l'organisation et
est, à la fois, chargée de la définition des politiques
et orientations de l'ONG, et du contrôle de leur exécution ;
la SP quant à elle est chargée d'exécuter les
activités liées aux projets et programmes de terrain (c'est elle
qui regroupe le personnel salarié du GADEC). Comprenant une douzaine
d'organes (l'assemblée générale, le bureau
exécutif, le secrétariat exécutif, la coordination de la
SP, la coordination des projets et programmes, la représentation de
Dakar, la cellule d'animation du GADEC, la cellule genre et
développement, la commission de politique d'auto financement, le
comité de sélection des projets, le conseil consultatif paysan et
le forum des partenaires techniques et financiers), le GADEC compte un effectif
de 30 à 35 personnes comprenant à la fois le personnel
salarié (34%), les membres de l'association (62%) et les volontaires
et/ou bénévoles (4%).
Dix-sept (17) ans après sa création, les
activités du GADEC se localisent principalement encore dans trois (3)
régions du Sénégal :
· la région de Tambacounda
(département de Tamba et département de Bakel) : dans le
département de Tamba la présence du GADEC est effective dans les
communautés rurales de Natéboulou, Missirah, Dialocoto, Maka
Coulibantang, Sinthiou Maléme (sous préfecture de Koussanar) et
koupeuntoum. Dans celui de Bakel par contre il est présent dans les
communautés rurales de Koulore, de Goudiry, de Kothiari et de Bala dans
la sous préfecture de Bala,
· la région de Kolda (département
de Vélingara) : dans ce département l'action du GADEC se
limite à la zone du Cantora communauté rurale de Sinthiou
Coundara (sous préfecture de Bonconto)
· et la région de Kaolack
(département de Kaffrine) où les interventions du GADEC ne
touchent pour le moment que le village de Douba Lampour dans la
communauté rurale de Ida Mouride (sous préfecture de Maka
yopp).
C'est cependant, la région de Tambacounda qui polarise
l'essentiel de l'activité du GADEC dont les interventions couvrent
l'ensemble des quatre (4) zones géo écologiques et historiques de
la région:
· le Wuli, situé au centre du département
de Tambacounda, elle correspond à la zone d'emprise du fleuve
Gambie ;
· le Niani, situé à l'extrême Est du
département de Tambacounda, il correspond essentiellement aux
arrondissements de Koussanar et de Koupeuntoun. Les cultures vivrières y
dominent et la zone enregistre d'importants taux d'émigration ;
· le Cantora, situé dans le département de
Vélingara dans la région de Kolda ;
· et le Bundu, qui recoupe les arrondissements de Bala et
de Kidira.
C'est au total une cinquantaine (50) de villages, comptant
approximativement une population de plus de 20.000 personnes, qui est
touchée par les interventions du GADEC dans la région de
Tambacounda.
L'ONG GADEC se veut une ONG
« généraliste » dont les
interventions embrassent de nombreux aspects du développement
rural : hydraulique villageoise (puits, micros barrages...), agriculture
(maraîchage et arboriculture) et élevage, formation, animation et
sensibilisation, santé communautaire, artisanat, appui à
l'épargne et au crédit, les questions de genre et de
développement local..... Remarquons que pendant longtemps, cependant,
ses interventions étaient exclusivement orientées vers les
investissements communautaires lourds (micros barrages, puits...) ainsi ce
n'est qu'au cours de la seconde moitié des années 90 que l'ONG
s'est progressivement tournées vers la promotion des initiatives
génératrices de revenus autour notamment des grands
aménagements (maraîchage, riziculture....).
Depuis 1995 le GADEC s'efforce aussi d'inscrire ses
interventions dans ce qu'il convient de nommer un « cadre
programmatique général » dénommé
GRTV (Gestion Réhabilitation des Terroirs Villageois). Celle-ci
s'articule autour de dix (10) axes d'interventions :
1. l'appui et renforcement des organisations paysannes et des
collectivités locales
2. l'éducation / Alphabétisation
3. l'animation
4. le renforcement organisationnel et institutionnel du
GADEC
5. la valorisation des vallées
6. la diversification des sources de revenus
7. la sécurisation des productions agricoles
8. les infrastructures et équipements
9. l'aménagement et la gestion des espaces
partagés
10. la recherche / développement
Définie comme une,
« Approche de développement participatif
et durable qui tient compte des ressources (naturelles et humaines), de leurs
potentialités et contraintes, des problématiques qui se posent
dans les terroirs, des dynamiques et des opportunités d'action, des
acteurs et des interrelations entre les ressources, activités et acteurs
(internes et externes) »64(*) ;
la GRTV se fixe comme objectif global de « jeter
les bases d'un développement durable dans les zones d'intervention du
GADEC »65(*) .
De 1987 à nos jours, le GADEC a connu un
développement institutionnel remarquable et a enregistré
d'importantes réalisations allant du fonçage de puits à
l'aménagement de périmètres maraîchers en passant
par la construction de barrages de retenu (12 barrages entre 1987 et 1993),
l'ouverture de centres d'alphabétisation, la mise sur pied de banques
céréalières, la formation juridique et civique des
populations sur des questions telles le code forestier, l'Etat, la
décentralisation, les législations en matière de
sécurité des personnes et des bien, l'animation et la
sensibilisation (organisation de conférences publiques, de
séminaires, d'ateliers de formation ou d'information, de forum....) ou
encore la construction et/ou la rénovation d'infrastructures
communautaires. De fait, la DDC estimait en 2005 que les diverses interventions
du GADEC touchent environ 25.000 à 30.000 personnes à travers les
régions de Tambacounda, Kaolack et Kolda.
Au départ, en 1987, l'organisation s'était
fixée pour principale mission de « contribuer au
développement communautaire, par la mise en oeuvre de programmes
étudiés et élaborés à la base en rapport
avec les associations villageoises de
développement »66(*) , dix (10) ans plu tard il en avait
déjà adopté une nouvelle et clairement défini (et
même systématisé) sa nouvelle stratégie et ce qu'ils
ont appelé une « vision propre du monde et du
développement ». C'est dire que le GADEC a effectivement
connu un développement institutionnel remarquable que l'on peut faire
remonter à 1993 avec notamment la mise en oeuvre du programme de
renforcement institutionnel (94-95) sur financement de la fondation rurale pour
l'Afrique de l'Ouest (FRAO).
La nouvelle vision que le GADEC se donne du
développement est que celui-ci se résume en un
« épanouissement intégral de l'individu et de la
collectivité, celui-ci ne pouvant se faire en l'absence d'un processus
continu centré sur l'homme en vue de l'expression de son potentiel et de
la réalisation de son bien être économique, social et
culturel »67(*) voilà pourquoi il doit
« impliquer un processus démocratique ayant pour fondement
la liberté de parole, d'association, d'action et d'expression reconnue
par tous les citoyens »68(*) . C'est à ce titre que l'ONG
considère que le développement doit non seulement être
global, mais aussi durable c'est-à-dire économiquement,
socialement et écologiquement soutenable pour que
les « intérêts des générations
actuelles ne compromettent pas ceux des générations
futures »69(*).
Dès lors le GADEC se fixe comme nouvelle mission de
contribuer à « promouvoir un développement local
durable dans ses zones d'intervention par des appuis aux initiatives de base
individuelles et collectives »70(*). L'ONG compte aujourd'hui une grande diversité
de partenaires dont nous citerons :
· l'African Development Foundation (ADF)
· l'ONG belge Terre Nouvelle
· la coopération belge
· l'ONG hollandaise CORDAID
· la Lutheran World Relief (LWR), une ONG Hollandaise
· la FRAO
· la coopération suisse à travers VECO
· l'ONG Bilance
· OXFAM / América
· le Catholic Relief Service (CRS)
· Le FEM / PNUD
Chapitre quatre (4) : Présentation des OCB
concernées par les enquêtes de terrain
Pour avoir le point de vue des acteurs à la base sur
les marges d'autonomie dont ils disposent dans le cadre des interventions du
GADEC et de DIAPANTE, nous avons dû mener des enquêtes de terrain
auprès de certaines organisations communautaires de base (OCB) avec
lesquelles le GADEC et DIAPANTE travaillent. C'est ainsi que les comités
de jumelage de Mbagam et de Ndiathène ainsi que l'Entente Inter
Villageoise de Coulibantang (EIVC) ont été les OCB sur lesquels
nos enquêtes de terrain ont porté. Ce sont ces organisations que
nous présentons dans le présent chapitre.
Section dix (10) : Les comités de jumelage de
Mbagam et de Ndiathène
Institués entre 1995 (Mbagam) et 1997
(Ndiathène), les comités de jumelage doivent leur création
à la relation de jumelage qui s'est nouée entre la ville de
Commercy et la communauté rurale de Ronkh. En théorie le
comité de jumelage est une structure à forme associative
régie par les textes de loi sur les groupements d'intérêt
économique (GIE).
Sur le plan organisationnel, les comités de jumelage
fonctionnent selon un règlement intérieur et des statuts
clairement édictés. Ils sont composés de quatre (4)
organes que sont : l'assemblée générale (AG), le
conseil d'administration (CA), le bureau exécutif (BE) et les bureaux
des commissions techniques qui sont au nombre de cinq (5).
1. L'assemblée générale peut
être composée de tout membre du comité de jumelage
âgé de 18 à 70 ans et s'étant acquitté de sa
cotisation annuelle. Elle a principalement les rôles de
délibération sur le rapport moral et financier du jumelage,
d'approbation du programme d'activités annuelles et de renouvellement du
CA ;
2. Le conseil d'administration composé d'un
représentant de la mairie de Commercy, du chef de village, d'un
représentant de l'office municipal de coopération internationale
de la ville de COMMERCY (OMCI), d'un secrétaire à la
communication, de quatre (4) notables mandatés par le village et de
membres actifs du comité de jumelage ; il est l'organe
délibérant du comité de jumelage. Le CA est en effet
chargé de la coordination et de l'administration du jumelage à
travers la définition des orientations du programme de
coopération, l'élaboration annuelle des programmes
d'activités, le vote et l'approbation des budgets et enfin à
travers l'élection et le contrôle du BE. Réuni en session
ordinaire tous les 3 mois, le CA organise par ailleurs tous les ans une
assemblée générale au cours de laquelle se tient le
renouvellement de son bureau ;
3. Le bureau exécutif, organe
opérationnel du comité de jumelage il est chargé outre de
l'exécution et du suivi des programmes, de l'étude technique des
documents de projet qui devront être validés par le CA.
Composé de quatre (4) postes permanents (coordonnateur
général, secrétaire administratif, trésorier
général et commissaire aux comptes) en dehors des dix (10)
représentants issus des commissions techniques (à raison de deux
(2) représentants par commission) ; le BE se réunit une fois
tous les mois pour statuer sur les dossiers en cours ;
4. Les bureaux des commissions techniques : les
commissions techniques sont les organes chargées de l'identification des
projets et de leur exécution sur le terrain ; au nombre de 5
(commission assainissement, commission santé, commission
éducation, jeunesse et culture, commission économique, commission
femme) chaque commission se compose d'un coordonnateur, d'un secrétaire
à l'organisation, d'un responsable technique et d'un responsable du
budget.
Section onze (11) : L'entente inter villageoise de
Coulibantang (EIVC)
Officiellement reconnue par l'Etat du Sénégal le
06 avril 2000 sous le numéro DTC/062000, l'Entente Inter Villageoise de
Coulibantang est une association de développement à la base dont
la création le 17 septembre 1989 a été l'aboutissement
d'un long et difficile processus entamé dés la seconde
moitié des années 80 (1984). Si l'on en croit, en effet, les
données recueillies sur l'historique de la création de l'EIVC
tout serait parti en 1984 d'une association sportive (AS) de quartier
basée dans le village de Coulibantang ASJAMA. Ibrahima DABO, un
jeune ressortissant du village étant rentré d'Espagne a voulu
mobiliser toute l'énergie que pouvait susciter l'engouement des jeunes
pour l'AS, autour d'un idéal de développement du terroir. Ainsi
naissait l'association villageoise des jeunes de Coulibantang. C'est par la
suite que l'idée fit peu à peu jour de sceller l'union d'avec
d'autres associations villageoises de la communauté rurale de Maka.
Entre 1989 et 1992 se seront ainsi 5 villages qui adhéreront à la
jeune entente ; entre 1992 et 1994, 7 à 8 de plus ;
enfin entre 1994 et 1997 l'entente en était à plus d'une
dizaine de villages membres (11).
Intervenant exclusivement dans la communauté rurale de
Maka Coulibantang l'entente inter villageoise dont le siége se trouve
à Coulibantang regroupe, à ce jour, 14 villages soit 24
associations villageoises de développement de toute nature (GPF,
associations de jeunes, associations d'exploitants.....).
Tableau N°2 : Liste des
associations villageoises de développement (AVD) membres de
l'EIVC
Villages
|
Associations
|
Colibatang
|
Association des jeunes et GPF Kamben Kaffo
|
Fadya
|
AVD de Fadya et GPF Kamben Kaffo
|
Baracounda
|
GPF Kamben
|
Dyabougou
|
AVD de Dyabougou et GPF Teesito
|
Sandougou
|
AVD de Sandougou et GPF Kamben Kaffo
|
Boulémbou
|
Meere Guimou, GPF Soxaana Fedde, GPF Sabou Siré et GPF
Djické
|
Samba ngaye
|
GPF de Samba ngaye
|
Sao Soukouta
|
GPF Ala tentu et AVD de Sao Soukouta
|
Walia
|
GPF de Walia
|
Maka cissé
|
GPF de Maka cissé
|
Minigui Kolikossa
|
GPF de Minigui Kolikossa et AVD de Minigui Kolikossa
|
Madina Moussa
|
GPF de Madina Moussa et Association des hommes de Madina
Moussa
|
Kassedy Barkeyel
|
GPF de Kassedy
|
Sinthiou Kaldin
|
GPF de Sinthiou Kaldin
|
L'EIVC se fixe comme mission de « contribuer
à l'émergence d'une société civile bien
armée pour le développement économique et durable et
s'engager pour l'auto prise en charge du développement
rural »71(*). Dans cette optique elle se donne deux (2) objectifs
principaux :
1. développer toute production agricole et pastorale en
amont et en aval de sa zone d'intervention,
2. promouvoir le développement économique et
social dans sa zone d'intervention et plus précisément dans les
villages de la communauté rurale.
Ceux-ci, se retrouvent scindés en une batterie d'objectifs
spécifiques:
1. assurer la survie des populations par l'amélioration
des productions agricoles,
2. maintenir les populations dans les villages par la
création d'emplois,
3. appuyer les organisations par l'animation,
l'éducation et la formation,
4. participer à la lutte contre la pauvreté,
à la préservation de la santé et à la
sécurité alimentaire / autosuffisance alimentaire,
5. participer à la lutte pour la préservation de
l'environnement pour un développement durable,
6. sensibiliser les populations à la gouvernance
locale,
7. harmoniser les projets de développement dans sa zone
d'intervention,
8. améliorer le système de communication des
populations,
9. promouvoir la solidarité inter villageoise,
10. renforcer les capacités institutionnelles et
organisationnelles des groupements membres de l'EIVC,
11. diversifier les sources de revenus des populations
Dans le souci de remplir convenablement sa mission l'EIVC
s'investit dans divers domaines du développement rural qui vont des
actions d'IEC (formation, animation, sensibilisation, alphabétisation)
à l'appui à la coopération décentralisée en
passant par la promotion d'activités productives
génératrices de revenus et l'appui à l'acquisition
d'équipements et à la réalisation d'infrastructures.
En terme d'organisation, l'EIVC est structurée autour
de trois (3) instances que sont l'assemblée générale (AG),
le conseil d'administration (CA) et le bureau exécutif (BE). Organe au
fonctionnement collégial, l'AG regroupe l'ensemble des organisations
membres de l'EIVC à raison de 3 représentants par organisation.
Première instance de décision de l'EIVC, le rôle de l'AG
consiste essentiellement à définir les orientations et politiques
de développement de l'entente. Composé d'un
délégué par village, le CA quant à lui est un
organe central dans le dispositif de l'entente même si dans les faits il
reste non fonctionnel depuis de nombreuses années. Le BE enfin est
l'organe exécutif de l'EIVC, il se compose de 9 membres élus par
le CA. En dehors de ces trois instances charnières, l'EIVC comprend
diverses commissions (riziculture, épargne/crédit,
maraîchage, appui au renforcement des capacités...),
composées d'animateurs, de relais principaux (chargés de
contrôler le travail des relais techniques) et enfin de relais
techniques ; au nombre de 8 ces derniers sont polyvalents (riz,
maraîchage, élevage, alphabétisation...).
Chapitre cinq (5) : Présentation des cadres
géographiques et humains de l'étude
Il s'agit de présenter les différents villages
des régions de Saint Louis et de Tambacounda dans lesquels nos
enquêtes de terrain se sont déroulées. Ces villages sont
les villages de Mbagam, de Ndiathène, de Coulibantang et de
Diyabougou.
Section douze (12) : Le village de MBAGAM
Le village de Mbagam dans la région de saint Louis,
département de Dagana (communauté rurale de Ronkh) est
situé au bord du fleuve Sénégal à 2 km à
l'Est de Rosso Sénégal et à 100 km de la ville de
Saint-Louis. D'une population de prés de 300 hbts composée de
Wolofs, de Toucouleurs, de Maures, de Peuls et de Diolas ; le village a
pour principale activité économique l'agriculture qui fait vivre
la grande majorité de ses habitants. Le phénomène d'exode
(notamment chez les jeunes) vers la capitale régionale, les grandes
agglomérations urbaines du Sénégal et vers
l'étranger y est assez développé. Bien que les habitants
du village ne soient pas des éleveurs, ils possèdent tout de
même pour la plupart quelques têtes de bétails
composés de bovins, d'ovins, de caprins d'ânes et de chevaux.
Au plan sanitaire, le village dispose d'un poste de
santé construit grâce au Programme de Coopération
Décentralisée Commercy Mbagam Ndiathène (1992). Les
infrastructures ne s'en limitent pas là puisque le village dispose
également d'une école construite entre 1970 et 1986 grâce
aux efforts des villageois eux mêmes qui n'ont reçu aucun concours
extérieur. L'école compte aujourd'hui 6 classes, une
bibliothèque communautaire une clôture et des latrines construites
grâce au PCD / CMN.
Section treize (13) : Le village de NDIATHENE
Situé également dans la communauté rurale
de Ronkh, le village de Ndiathène est limité au Nord Est par la
région de Matam, au Sud par la commune de Richard Toll et à
l'Ouest par celle de Rosso Sénégal. La création du village
remonte au temps du royaume du Walo, l'un des compagnons du brack Althiaka
THIAM l'avait, en effet, créé pour y installer sa famille. Le
village était une sorte de base arrière où il pouvait se
replier après les combats qui opposaient son royaume aux Maures de la
rive droite du fleuve et aux Halpoularènes du Fouta Toro.
Du fait de sa proximité de quelques mètres
d'avec le fleuve, le village tire ses principaux revenus de l'agriculture
traditionnelle. La sécheresse des années 70-80, a favorisé
l'introduction de la culture irriguée qui, semble-t-il, a fini de gagner
les populations. La population résidente du village de Ndiathène
s'évalue à prés de 1923 hbts répartis dans 216
concessions soit une moyenne de 8,9 individus par concession.
La question sanitaire souvent complexe et sensible dans les
villages du Sénégal (manque d'infrastructures adéquates,
d'équipements, de ressources humaines de qualité....) ne l'est
malheureusement pas moins pour le village de Ndiathène. Il ne dispose
que d'une case de santé souffrant de l'exiguïté des lieux,
de l'insuffisance de matériel, de l'absence d'électricité,
du manque d'eau et de personnel. Par ailleurs le village ne dispose que d'un
seul établissement scolaire construit en 1974.
Section quatorze (14) : Le village de COULIBANTANG
Située dans le département de Tambacounda, la
communauté rurale de Maka Coulibantang dans laquelle se trouve les
villages de Coulibantang et de Diyabougou est limitée au Nord par celle
de Malém Niani, à l'Est par celle de Ndoga Babacar, à
l'Ouest par celles de Bamba et de Kahéne et au Sud par la
république de Gambie. Selon des données du service de l'expansion
rurale (MINT), la communauté rurale couvre une superficie de 937 km2
dont 35.000 ha cultivables et compte plus d'une cinquantaine de villages.
Créé il y a de cela prés de trois (3)
siècles par un certain Mamadou Diawara Kane ; le village de
Coulibantang est situé à quelques 3 km à l'Est du
célèbre village de Maka (station marabout) et à
prés de 80 km de Tamba. Le village est limité à l'Est par
le village de Diyabougou, au Nord par celui de Sinthiou Pathé BALDE, au
Sud par les villages de Tambadiang Souna et de Yoly Souna et à l'Ouest
par les villages de Maka (station marabout) et de Maka village. D'une
population d'environ 2.000 hbts, Coulibantang abrite une grande
diversité d'ethnies (Mandingue, Peuhls, Wolofs, Sarakolés,
Sosseh....). Les Mandingues et les Sosseh y sont, cependant, les ethnies les
plus représentatives. Doté d'une école primaire de 3
classes et d'une case de santé le village reste néanmoins
très peu nanti du point de vue de ses infrastructures communautaires de
base. La principale activité économique y est l'agriculture
(arachide, maïs, fonio...) même si le commerce avec la Gambie
frontalière est une activité en plein essor. L'immigration s'y
présente également comme une donnée démographique
non négligeable.
Section quinze (15) : Le village de DIYABOUGOU 72(*)
Créé entre 1925 et 1940 par Harfang BOUGOU et
ses compagnons venus de Ségou Koura et de ses environ, Diyabougou est un
village Soninké situé à une vingtaine de kilomètres
à l'Est de Tambacounda (au Nord de la piste Tamba-Kidira). D'une
population estimée entre 200 et 800hbts73(*), Diyabougou regroupe différentes ethnies
Peuhls, Toucouleurs, Bambara, Mandingues, Soninké, Wolofs.... Cette
diversité ethnique découle selon de nombreux experts d'un
phénomène migratoire très intense provenant
essentiellement de l'Ouest (Wolofs) et de l'Est (Bambaras, Mandingues...).
Les résultats d'une étude socio anthropologique
menée par Andrée DEFOIS et Thierry DUDERMEL,
révèlent que l'organisation sociale du village demeure
fondamentalement de type lignager même s'il peut être donné
de constater un début de crise de la famille élargie
«dû peut être à
l'émigration » 74(*). La même étude révèle que
l'organisation sociale du village ne repose en aucune manière sur un
système de caste bien qu'il y existe des corps de métiers
traditionnels (forgerons, tisserands....). Moins bien nanti que Coulibantang,
Diyabougou connaît en matière d'infrastructures un déficit
alarmant (ni école, ni case de santé).
La démarche que nous empruntons dans la
rédaction de cette partie du mémoire répond à notre
souci de restituer l'essentiel des données collectées tant au
moyen de l'analyse de contenu que de nos enquêtes de terrain.
Voilà pourquoi elle est rédigée en deux chapitres l'un
étant consacrée à la présentation, à
l'analyse et à l'interprétation des résultats de l'analyse
de contenu et l'autre à celles (la présentation, l'analyse et
l'interprétation) des résultats de nos enquêtes de
terrain.
Chapitre six (6) : Présentation, analyse et
interprétation des résultats de l'analyse de contenu
L'analyse de contenu nous a permis de mettre en lumière
un certain nombre d'éléments d'analyse relatifs notamment aux
caractéristiques, valeurs, stratégies d'intervention.......des
ONG GADEC et DIAPANTE. Ce que l'on peut retenir, de prime abord, c'est
qu'à l'exception de leurs méthodes respectives et de leurs
statuts, les ONG GADEC et DIAPANTE ont un profil similaire qui repose sur des
valeurs partagées, des stratégies ou domaines d'intervention
similaires et une philosophie commune.
Graphique N°1
Sources : Données de l'analyse de contenu
Un premier élément pertinent d'analyse
réside, pensons nous, dans le fait que l'une des caractéristiques
qui est le plus souvent mis en avant par ces ONG est leur performance et leur
crédibilité. Ce caractère d'organisations performantes et
crédibles rejoint, dans le discours des ONG GADEC et DIAPANTE, celui
d'organisations professionnelles. C'est comme qui dirait que l'un ne peut aller
sans l'autre : le professionnalisme étant gage de performance et de
crédibilité ; et la performance et la
crédibilité un critère de mesure du degré de
professionnalisme.
Ainsi à la question de savoir si la concurrence et le
besoin de faire des résultats sont des valeurs pour leurs organisations
respectives, la majorité des membres ou personnels du GADEC et de
DIAPANTE répondent par l'affirmative.
Graphique N° 2
Source : données de l'enquête
(questionnaire n°2)
Il faut dire que même s'ils rejettent toute idée
de concurrence ; le fait reste que ces responsables ne cachent pas que le
besoin de faire des résultats est bel et bien réel chez leurs
organisations respectives. Pour M. WELE du GADEC, son organisation ressent le
besoins de faire des résultats par rapport, surtout, à trois (3)
acteurs de son environnement:
1. le GADEC lui-même
2. les populations
3. et les bailleurs
Ce qui retiendra notre attention se sont, au-delà de
l'ONG lui-même, les deux autres catégories d'acteurs. Il est
clair, de notre point de vue, que si le GADEC et DIAPANTE recherchent
l'efficacité d'action par rapport aux populations c'est qu'elles
nourrissent un fort idéal de développement pour ces
dernières. Mais, le fait est aussi que l'efficacité d'action par
rapport à ces dernières procure une certaine
légitimité auprès des bailleurs. Comment
interpréter, en plus de cela, le besoin de faire des résultats
vis-à-vis de ces derniers?
L'autre caractéristique notable qui ressort de
l'analyse de contenu c'est le souci permanent des ONG GAEDEC et DIAPANTE de
s'auto garantir une certaine crédibilité et/ou visibilité.
Dans les deux cas il s'agit, comme on le retrouve dans de nombreux documents,
de gagner la confiance des populations et des bailleurs de fonds.
C'est-à-dire que ces ONG, il faut rendre les structures crédibles
et les actions visibles afin de gagner la confiance des principaux acteurs que
sont les populations et les bailleurs. Ce qui nous ramène à notre
précédente interrogation : quel peut être le sens de
ce besoin de gagner la confiance des bailleurs...et des populations ?
Comme on le soulignait plus haut, leurs méthodes
respectives et leurs statuts sont les seules caractéristiques que les
ONG GADEC et DIAPANTE ne partagent pas en commun. S'agissant de leurs
méthodes respectives, nous retiendrons que même si les ONG GADEC
et DIAPANTE ne les partagent pas (GRTV pour le GADEC et IFOSE pour
DIAPANTE) ; il reste quand même que, que ce soit la GRTV ou l'IFOSE,
la démarche et les principes directeurs demeurent presque toujours les
mêmes « les choses doivent se faire de manière
participative sur la base d'une analyse des besoins et
priorités qui impliquent au premier chef les
bénéficiaires »75(*). Ainsi alors que les concepteurs de la GRTV la
définisse comme une approche « (...) globale, non sectorielle
et mettant en avant le principe de la participation consciente des
populations..... »76(*) ; ceux de l'IFOSE par contre y voient
« une approche originale, proactive et plaçant les
dynamiques et attentes populaires au coeur de ses
préoccupations ».
La différence dans les différents statuts de ces
ONG réside dans le fait qu'alors que le GADEC se présente comme
une « ONG locale et mixte » ; le DIAPANTE par contre
présente la particularité d'être comme nous le disions
d'une « double nationalité »
(Franco-sénégalaise).
Sur la question des valeurs ou de la philosophie de ces ONG en
matière de projets et programmes de développement, les
résultats de l'analyse de contenu permettent d'identifier trois (3)
valeurs fondamentales:
1. L'altruisme,
2. L'endogénéité du
développement,
3. L'autonomie et l'indépendance vis-à-vis des
différents partenaires.
L'altruisme doit être compris comme une valeur morale
ou éthique, il se manifeste dans les deux cas par une forte
détermination à promouvoir une société
équitable où règne une véritable justice sociale.
Comme il ressort très clairement du discours qu'elles
tiennent sur elles mêmes, ces ONG partagent tous les principes et valeurs
sur l'auto développement (développement endogène) et le
développement participatif. Voilà pourquoi d'ailleurs on retrouve
chez elles des objectifs tels le renforcement des capacités
endogènes, la promotion des potentialités locales, l'appui et le
renforcement des organisations paysannes, la promotion d'un
développement rural intégré...... ; toutes choses qui
participent d'une seule conviction qui est que « Le
développement signifie un épanouissement intégral de
l'individu et de la collectivité qui ne peut se faire sans un processus
continu centré sur l'être humain en vue de l'accomplissement de
son potentiel et de son bien être économique, social et
culturel..... »77(*) .
Ce qui s'exprime à travers la valeur
« autonomie et indépendance vis-à-vis des
partenaires financiers et de l'environnement structurel », c'est
une volonté du GADEC et de DIAPANTE de « prendre de la
distance » par rapport à leurs différents partenaires
financiers et institutionnels. Ainsi dans son plan stratégique
2003-2007, DIAPANTE réaffirme d'emblée que
« l'autonomie est l'un des principes fondamentaux de
l'organisation, ceci participe de sa volonté de développer une
capacité d'auto financement lui permettant de conserver sa
liberté vis-à-vis des partenaires »78(*). C'est dire qu'il est
clairement question pour ces organisations de préserver leur
liberté par l'affirmation de leur autonomie et de leur
indépendance. C'est en ce sens qu'il faut comprendre tous les efforts
mis en oeuvre par ces organisations pour se garantir un minimum
d'autonomie financière (prestations de services -photocopie, traitement
de textes...-). Ainsi à la question de savoir s'ils pensent que
l'autonomie financière est une chose déterminante dans
l'efficacité et l'indépendance de leurs interventions, la
totalité des responsables du GADEC et de DIAPANTE que nous avons
interviewé sur les questions financières nous répond par
l'affirmative.
Graphique N°3
Source : données de l'enquête (questionnaire
n°1)
Les résultats de l'analyse de contenu sur les
stratégies d'intervention des ONG GADEC et DIAPANTE
révèlent une large palette de stratégie qu'elles mettent
en oeuvre afin de promouvoir un développement harmonieux et durable dans
leurs zones d'intervention.
Nous retiendrons par exemple: renforcement des
capacités de l'ONG et de celles des communautés de base ; la
préservation et/ou une meilleure gestion des ressources naturelles; la
prise en charge des besoins prioritaires des populations ; la
promotion de l'initiative privée et des initiatives à la
base ; la promotion des économies locales; le renforcement du
dialogue politique et social ; l'ouverture et/ou le dialogue permanent
avec les autorités territoriales, les collectivités locales,
les services techniques et les communautés de base ; la prise
en compte des questions de genre et des opportunités offertes par les
nouvelles technologies de l'information et de la communication
(NTIC)........
Chapitre sept (7) : Présentation, analyse et
interprétation des résultats des enquêtes de terrain
La présentation et l'exploitation des résultats
de nos enquêtes de terrain nous permet, dans un premier temps, d'analyser
les mécanismes, la nature et la portée de la participation des
acteurs à la base aux différentes étapes des projets et
programmes et, dans un second temps, de nous prononcer sur les marges
d'autonomie des acteurs à la base dans le cadre des interventions du
GADEC et de DIAPANTE.
Section seize (16) : Les acteurs à la base et
leur participation aux projets et programmes des ONG
GADEC et DIAPANTE
16.1 : A l'élaboration
des documents de projets ou de programmes
Il semblerait sur la question de l'élaboration des
documents de projets et programmes que le GADEC et DIAPANTE recherchent
effectivement à valoriser la connaissance que les populations ont de
leurs propres situations. C'est là il faut le reconnaître tout
l'enjeu de l'approche participative qui postule que « la prise
en compte des savoirs locaux renforce considérablement l'efficience et
l'efficacité des actions de
développement »79(*).
Les résultats des enquêtes sur le terrain
confirment en effet que cette préoccupation est bel et bien pris en
charge par les ONG GADEC et DIAPANTE puisqu' à la question de savoir
quelle était la place des acteurs à la base dans le processus
d'élaboration des documents de projets ou programmes, 93% des personnes
membres ou sympathisants des OCB partenaires du GADEC et DIAPANTE, estiment
qu'ils sont effectivement associés à l'élaboration des
projets et programmes qui les lient à ces ONG.
Graphique N°4
Source : données de l'enquête (questionnaire
n°1)
En terme de pouvoirs dans les processus de prise de
décision, ces populations elles mêmes jugent pour leur
majorité (74%) ceux-ci déterminant. Au GADEC et à DIAPANTE
les avis des responsables enquêtés semblent corroborer cet
état de fait, c'est ainsi qu'une personne à DIAPANTE nous
révélait que les populations ont une place cruciale dans
l'élaboration des documents de projets et programmes notamment pour tout
ce qui a trait aux diagnostics et à la formulation d'activités
alternatives « rien ne se fait sans eux et ils peuvent même
avoir un droit de veto »80(*). Il est intéressant de remarquer à ce
propos, l'importance toute particulière accordée aux phases de
restitution/négociation qui jalonnent les processus
d'élaboration. C'est comme qui dirait qu'après chaque
étape il est impérieux de valider les éléments
d'information collectés ainsi que leur même compréhension
par tous. Cette démarche traduit à notre sens un réel
désir chez le GADEC et DIAPANTE de trouver des solutions consensuelles
sur les enjeux locaux de développement. Consensuelles non seulement
entre elles et les populations locales mais aussi entre les différents
groupes stratégiques en présence.
Il ressort également que les partenaires financiers et
bailleurs interviennent bel et bien dans le processus d'élaboration des
documents de projets et programmes. La plupart des responsables
rencontrés tant au GADEC qu'à DIAPANTE (97%) nous confient, en
effet, que ces derniers interviennent dans les processus d'élaboration
des documents de projets et programmes.
Graphique N°5
Source : données de l'enquête
(questionnaire n°1)
Pour M. Ibrahima NDIAYE du GADEC « c'est
généralement pour voir si le projet ou programme en passe
d'être ficelé est en adéquation avec leurs cadres
stratégiques. Si c'est le cas tant mieux, si non il faut trouver des
alternatives »81(*) , des propos qui rejoignent ceux
d'Amicolé BADJI de DIAPANTE pour qui « les partenaires
financiers interviennent dans l'élaboration des documents de projets et
programmes en référence à leurs préoccupations
spécifiques »82(*). C'est dire que leur rôle est d'ordre
consultatif et vise surtout à harmoniser les documents de projets
d'avec les cadres stratégiques des bailleurs en vue de garantir aux
futurs documents de projets ou programmes un maximum de
bancarité.
Lorsqu'on interroge les responsables du GADEC et de DIAPANTE
sur les difficultés que pose la participation des acteurs à la
base à l'élaboration des documents de projets et programmes, la
réponse qui revient le plus souvent (48%) a trait à la
priorisation. Beaucoup de ces responsables déplorent en effet le fait
qu'il peut souvent arriver que les différents groupes
stratégiques, c'est-à-dire les principaux acteurs en
présence (hommes/femmes, agriculteurs/éleveurs.....) ne tombent
d'accord sur les besoins prioritaires auxquels il faut rapidement apporter des
solutions au travers du futur projet ou programme. En d'autres termes on ne
tombe presque jamais vraiment d'accord sur quel doit être parmi les
besoins identifiés celui (ou ceux) auquel il faut expressément
apporter des solutions. Pour Amicolé BADJI le problème est que
« l'intérêt commun n'est pas toujours bien
perçu »83(*).
L'analphabétisme ou encore le manque de formation
adéquate sont également des difficultés qui ont
été souvent soulevées par les responsables du GADEC et de
DIAPANTE. Il est important de signaler cependant que la question ne se pose pas
véritablement dans le cas des OCB concernées par les
enquêtes, car l'essentiel des personnes membres ou sympathisants de ces
OCB rencontrés ont été si ce n'est à l'école
tout au moins dans des cycles d'alphabétisation fonctionnelle.
Graphique N°6
Source : données de l'enquête (questionnaire
n°3)
Il est vrai (l'analyse de contenu le révèle et
les données recueillies au GADEC et à DIAPANTE le confirment) que
le désir est réel du côté des ONG GADEC et DIAPANTE
d'impliquer du début jusqu'à la fin les populations à
l'élaboration des documents de projets et programmes. Cela se
réalise effectivement aux étapes d'identifications des besoins,
de priorisation et de définition des activités..... A toutes ces
étapes en effet, les populations sont très fortement
associées et leurs pouvoirs de décision y sont
déterminants. Mais il ressort, aussi, des données et
résultats de nos enquêtes qu'à l'étape de la
planification les ONG GADEC et DIAPANTE paraissent moins enclines à
écouter les populations.
Ici le véritable problème n'est pas le fait de
les « associer » au processus mais plutôt celui de
les « écouter » et de leur conférer un
certain pouvoir de décision. Elles peuvent en effet bel et bien y
être associées comme le révèlent d'ailleurs les
données recueillies auprès des responsables du GADEC et de
DIAPANTE.
Graphique N° 7
Source : données de l'enquête (questionnaire
n°2)
Mais, cette implication ne leur donne pas, pour autant, un
pouvoir de décision déterminant sur les processus
« le dernier mot ne leur revient pas ». En
d'autres termes ils sont présents aux réunions et séances
de planification, y participent même mais leur pouvoir de décision
n'est déterminant que dans certaines limites comme le
révèlent plus de 50% des réponses à la question de
savoir si les populations ont un réel pouvoir de décision
dans la planification des activités ?
Graphique N°8
Source : données de l'enquête (questionnaire
n°2)
M. DIOP du comité de jumelage de Ndiathène
déplore à ce propos ce qu'il nomme le « manque de
confiance »84(*) de la part de l'ONG « comment pouvons
nous être censés mettre en oeuvre ensemble un projet, sans nous
être clairement convenu sur l'organisation au quotidien
(modalités) ; je trouve que c'est à la limite un manque de
confiance »85(*). Ce qui ressort généralement c'est, en
effet, un sentiment de frustration lié au fait que ces populations
estiment majoritairement qu'elles sont comme qui dirait laissées pour
compte.
Quoiqu'il en soit, le fait reste que pour ce qui est de
l'organisation du projet, de la définition des inputs
et outputs, de la détermination des périodes
d'évaluations..., le GADEC et DIAPANTE se réservent le droit de
prendre les décisions. C'est-à-dire que bien qu'elles s'attachent
à analyser et à intégrer les dynamiques sociales en
présence, à prendre en charge les besoins, potentialités,
limites et aspirations des populations ; ces ONG ne s'en réservent
pas moins le privilège de donner le ton dés qu'il s'agit de
planification opérationnelle. Comment peut-on analyser et
interpréter un tel état de fait ?
Tout d'abord nous commencerons par avancer en partant d'un
certain nombre de données tirées de l'analyse de contenu que ces
ONG se voulant performantes, crédibles et visibles, il est tout à
fait compréhensible que sur des décisions touchants des aspects
aussi sensibles et décisifs pour un document de projet que la
planification ; le pouvoir de décision et d'orientation soit
détenu par la « technostructure »
c'est-à-dire les cadres de conceptions et techniciens. Ce que nous
voulons dire c'est que cet état de fait qui consiste en ce que l'ONG se
réserve le dernier mot en ce qui concerne tout au moins la
planification des activités du projet ou programme, peut s'analyser sous
l'angle de ce désir profond qu'il y a au GADEC et à DIAPANTE de
faire les choses de manière professionnelle, transparente, performante
et crédible. Cette interprétation pousse à se dire en
définitive que c'est parce que ces ONG souhaitent paraître
professionnel et crédible vis-à-vis de certains partenaires
qu'elles se refusent à croire véritablement et
profondément en la capacité d'auto organisation des populations.
Ce qui rejoint pour une large part les propos de M. DIOP que nous citions
tantôt et qui se plaignait d'un manque de confiance.
L'autre élément d'analyse que nous pourrions
avancer pour tenter d'expliquer l'absence visible d'un pouvoir de
décision suffisamment déterminant conféré aux
populations dans le processus de planification, c'est peut être ce que
nous pourrions nommer les exigences des bailleurs. Cet élément
d'analyse est d'ailleurs fortement lié au premier à savoir la
recherche de performance et de crédibilité. Mais il a aussi cela
de particulier qu'au lieu de braquer le regard du côté des ONG
(comme c'est le cas du premier élément d'analyse), il incite
plutôt à orienter l'analyse du côté des bailleurs. Il
faut dire qu'à partir de la planification déjà le projet
ou programme commence à être ficelé, et l'identification
des potentiels bailleurs commence à hanter l'esprit des promoteurs
(responsables d'ONG)86(*).
Il est donc aisé de comprendre qu'à partir de ce stade l'ONG
cherche déjà à se conformer à certaines exigences,
à respecter certains termes de références, cahiers de
charges et protocoles d'engagements. Grâce à l'analyse de contenu
on a pu, par exemple, se rendre compte en étudiant des protocoles de
collaboration, contrats d'exécution, lettres de mission, convention de
partenariat... que les bailleurs exigent (en terme de contrôle
financier et de régularité des procédures) entre autres la
totale régularité des montages financiers des projets et
programmes qui leur sont soumis. Vu que ce montage financier se fait
principalement à l'occasion de la planification (définition des
inputs), on peut comprendre que ces ONG ne veuillent pas pâtir
par manque de professionnalisme et de clairvoyance. Ce qui rejoint le premier
élément d'analyse.
Chacun pourra juger de la pertinence de ces
éléments d'interprétation que nous avançons, mais
ce qu'il est surtout intéressant de retenir c'est que les populations
bien qu'elles soient consultées et associées au processus de
planification ; n'y disposent pas pour autant de réels pouvoirs de
décision. Nous n'irons pas jusqu'à dire que leurs opinions n'ont
aucun poids, mais il est clairement démontré que leur pouvoir
décisionnaire est limité et n'entre en compte que lorsqu'il
convient aux exigences des bailleurs c'est-à-dire lorsqu'il correspond
aux critères de professionnalisme et surtout de
crédibilité et de performance.
Bien qu'elle soit déterminante dans les processus de
planification des activités, la participation des bailleurs et
partenaires financiers n'en est pas moins tacite ou implicite. Ce qu'il faut
comprendre c'est que cette participation n'est pas physique, autrement dit les
bailleurs ou partenaires financiers ne sont pas explicitement et
concrètement associés à chaque processus de planification
d'un projet et programme (sauf s'ils sont eux-mêmes les porteurs de
projet ou d'anciens partenaires sur d'autres phases d'un même projet ou
sur d'autres projets du même genre). Dés lors leur participation
devient tacite en ce sens ou c'est à travers l'idée ou les
informations que les responsables d'ONG ont des cahiers de charges ou autres
termes de référence des potentiels bailleurs, qu'il s'invitent
par la petite porte aux processus de planification où ils finissent par
prendre toute la place.
Cette réalité de terrain, ils ne sont pas
nombreux les responsables au GADEC et à DIAPANTE qui osent le
reconnaître. Ainsi sur l'ensemble de nos questionnaires soumis aux
coordonnateurs, délégués, administrateurs financiers et
autres responsables administratif et financier à la question de savoir
s'il est une fois arrivé dans l'histoire de l'ONG que des partenaires
financiers aient à édicter des stratégies, des types
d'actions ou zones particulières d'intervention ; les
réponses affirmatives recueillies ont été de loin beaucoup
moins importantes que celles négatives (20%).
Graphique N°9
Source : données de l'enquête
(questionnaire n°2)
Partout c'est un «non
catégorique», pour reprendre M. DIALLO du GADEC, qui a
fusé même si le fait reste que sur le terrain tout laisse à
penser que c'est généralement et de façon implicite le
contraire. Oui, il arrive que les partenaires financiers parce que l'on calcul
avec eux s'immiscent dans le processus de planification pour y voler la vedette
et cela l'analyse de contenu le confirme.
Si les responsables des ONG GADEC et DIAPANTE opposent un
certain nombre de difficultés et manquements imputables aux populations
et qui justifieraient qu'elles ne soient pas trop écoutées dans
les ateliers de planification (manque de formations adaptés et parfois
même d'éducation, inaptitude à participer
valablement à des exercices qui exigent un niveau de technicité
suffisamment pointu comme c'est le cas au cours du montage financier, conflits
d'intérêts et autres luttes de pouvoir) ; les populations
elles aussi ne manquent pas de fustiger un certain nombre de faits. En fait
elles déplorent surtout c'est le manque de confiance flagrant dont font
preuve leurs partenaires (les ONG) dés qu'on parle de planifier quelque
chose. De ce constat découle une certaine frustration qui donne
l'impression que les ONG négligent les savoirs et capacités des
populations.
Certaines populations aussi comme c'est le cas pour Khaly
KANE de l'EIVC reconnaissent et acceptent les griefs qui leur sont faites en
terme de manque d'organisation et de conflits d'intérêts. Ce
Monsieur nous répondant à la question de savoir à son
avis, quelles sont les difficultés que pose leur participation à
la planification des activités et programmes de l'ONG nous
déclarait « la difficulté principale se situe au
niveau des rapports entre le groupement du village de Diyabougou et
l'EIVC ». Pour dire que même ces populations reconnaissent
aujourd'hui les limites de leurs propres organisations et devinent nettement
les enjeux et conflits d'intérêt qui se dessinent sur leurs
terroirs.
16.2 : A l'exécution des projets et
programmes
Chaque projet ou programme, selon son contenu, présente
une spécificité du point de vue de ses modalités de mise
en oeuvre (exécution). On ne mettra pas en oeuvre de la même sorte
des projets de d'hydraulique villageoise ou de construction d'infrastructures
et des projets de sensibilisation/animation ou de promotion d'une
variété culturale (sésame). De la même sorte le
rôle et l'intensité de la participation des différentes
catégories d'acteurs, et plus particulièrement des acteurs
à la base, varient en fonction des contenus des projets et
programmes.
Il est clair, de notre point de vue, que les acteurs à
la base constituent une catégorie d'acteurs qu'il est impératif
d'associée à l'exécution des projets ou programmes de
développement ; tout doit être fait pour que les populations
puissent s'approprier par elles mêmes les projets ou programmes de
développement qui les touchent directement, qu'elles en assurent
l'entière réalisation et qu'elles en garantissent la
pérennité.
Il semblerait au regard des résultats de nos
enquêtes que le GADEC et DIAPANTE sont aussi de cet avis. On s'est, en
effet, rendu compte à travers des projets comme le projet Adduction
d'Eau Potable (AEP) du Programme de Coopération
Décentralisée Commercy Mbagam Ndiathène (PCD/CMN), que les
populations sont au coeur de l'exécution des projets ou
programmes ; s'il y a quelque chose à construire ce sont elles qui
le font, s'il faut aménager des périmètres agricoles ce
sont elles aussi qui le font et s'il faut sensibiliser ou former c'est elles
qu'on sensibilise ou forme.
Il faut comprendre qu'à chaque fois qu'il s'agit
d'exécuter des projets ou programmes, ce sont elles qui se
retrouvent en première ligne. L'ONG ou ses partenaires techniques
peuvent bien les appuyer et les conseiller mais elles sont concrètement
celles qui exécutent le projet ou programme. Dans le cas du PPS qui
recoupe le volet sécurité alimentaire du PADEL nous avons ainsi
pu nous rendre compte, comme nous le disait M. WELE, qu'il appartenait aux
populations d'identifier au cours de l'exécution du programme
« les périmètres sur lesquels le sésame sera
cultivé, de faire les démarches auprès des
autorités compétentes pour l'affectation de ces terres, de
cultiver, de récolter et de commercialiser les
productions »87(*).
L'implication va même, dans certains cas, au-delà
de l'investissement physique (humain) jusqu'à l'investissement financier
ou monétaire. C'est-à-dire que les populations peuvent même
être amenées à engager leurs ressources financières
dans l'exécution des projets ou programmes. Dans le cas du projet AEP,
par exemple, il est convenu qu'une fois la réalisation de la station de
pompage terminée, il appartiendra aux populations elles mêmes de
supporter les coûts d'exploitation en payant notamment les notes
d'électricité.
Les choses auraient pu être parfaites s'il ne se
trouvait que les processus de prise de décision qui ponctuent cette
étape du projet ou programme sont le plus fréquemment
biaisés. Nous trouvons qu'ils sont biaisés dans le sens où
les faits révèlent qu'à ce niveau les exécutants
qui logiquement auraient dû détenir les pouvoirs de
décision, n'en sont pas véritablement les détenteurs.
C'est-à-dire que les populations qui dans les faits exécutent
les différentes phases de mise en oeuvre des projets ou programmes, n'en
disposent pas pour autant d'un réel pouvoir de décision. Ils ne
décident par exemple ni des décaissements, ni des périodes
d'évaluation....
En un mot elles n'organisent pas et ne gèrent pas. Dans
la majeure partie des cas, les réponses que nous avons recueillies sur
le terrain à la question de savoir si les populations ont un pouvoir de
décision dans la gestion (technique, financière, humaine..) et
l'organisation des projets ou programmes, ont soit été
nuancées (54%) soit catégoriquement négatives (35%).
Graphique N°10
Source : données de l'enquête (questionnaire
n°1)
A part peut être le fait que dans quelques rares cas
elles peuvent décider de la localisation des activités (exemple
lieu d'implantation d'un forage) ; à aucun moment de
l'exécution elles ne sont réellement les décideurs. Tout
vient de l'ONG, c'est elle qui prend les grandes décisions. Et cela
ressort à travers les données recueillies auprès des
populations. Alkali SAO de l'EIVC déplorait, par exemple, le fait
qu'à l'étape d'exécution le projet devient «un
projet du GADEC»88(*). C'est pour lui comme qui dirait que l'ONG, à
l'étape d'exécution des projets ou programmes, fait
délibérément l'impasse sur les populations qui
disparaissent comme par enchantement des sphères de décision.
Autrement dit bien qu'elles soient, par exemple,
chargées de la construction le puits dans le cas d'un projet
d'hydraulique villageoise; elles n'en demeure pas moins écartées
de la gestion et de l'organisation de ces projets. Ce qui nous fait penser par
métaphore à la théorie des entreprises de TAYLOR, les
populations tels les ouvriers de TAYLOR ne sont que des bras à qui on
demande d'exécuter et non de réfléchir d'autres sont
là et qui savent mieux le faire.
Si l'on cherche à analyser les choses en terme de
difficultés que pose la participation des populations à
l'exécution des projets ou programmes, on peut tout simplement relever
un certain nombre de réponses qui nous ont été fournies
par des responsables du GADEC et de DIAPANTE et qui parlent d'elles
mêmes. Pour M. NDIAYE le responsable du Suivi/Evaluation au GADEC, par
exemple, il faut déplorer que de manière générale
ce sont « les femmes qui sont les plus impliquées dans
l'exécution alors que ce sont les hommes qui obtiennent toujours les
crédits »89(*). Sur un autre registre Alain KASRIEL regrettait les
tiraillements et autres luttes d'intérêts auxquels on peut
généralement assister « quand il y a de petites
réalisations à faire ou tout simplement des choses à
mettre en oeuvre, on rencontre très souvent des formes de favoritisme et
de lobbying venant de leur part. Chacun cherche à se positionner ou tout
au moins à placer un proche»90(*).
Du côté des populations, le constat paraît
amer pour tous « on fait semblant de nous impliquer, le plus
souvent même c'est nous qui supportons l'essentiel des charges mais au
fond tout n'est que leurre car nous ne décidons en fait de
rien ». Il en découle ce même de sentiment de
frustration latent dont nous parlions un peu plus en arrière.
16.3 : Au Suivi/Evaluation des projets et
programmes
Pour Amicolé BADJI de DIAPANTE, le
suivi/évaluation des projets et programmes de développement peut
être résumé en trois (3) démarches :
1. Le suivi quotidien
2. L'évaluation à mi parcours
3. L'évaluation externe ou finale
Chacune de ces démarches vise un objectif bien
spécifique et interpelle, par conséquent, différemment tel
ou tel autre acteur de l'environnement du projet ou programme.
Le suivi quotidien vise à assurer la conformité
des activités et résultats obtenus sur le terrain en rapport aux
objectifs du projet ou programme. C'est-à-dire qu'il est question pour
l'ONG d'assurer au jour le jour la concordance et la cohérence entre
objectifs, axes stratégiques d'intervention, exigences de
l'environnement et réalités de terrain. Cette activité de
gestion au quotidien cherche à éviter tout dérapage
et à garantir le respect de la planification et des
conditionnalités de financement.
Il est flagrant que dans ce processus ce sont l'ONG et les
populations qui sont les acteurs les plus impliqués ; il s'agit
notamment d'entretenir un échange permanent sur le déroulement
des opérations. Au GADEC, par exemple, nous avons pu nous rendre compte
que ce sont les animateurs de terrain qui sont surtout les moyens de cette
démarche. Ainsi nous avons été témoin, pendant tout
le temps que nous étions en stage à Tambacounda, que chaque jour
3 ou 5 animateurs de terrain quittaient à motocyclettes leurs villages
pour se rendre au GADEC et y rencontrer des responsables. Ces visites,
hebdomadaires pour certains, s'inscrivent justement dans l'optique de cette
démarche de suivi quotidien. Dans le cadre du projet AEP du PCD/CMN nous
avons, personnellement aussi, eu à participer à une rencontre du
comité de gestion qui s'inscrivait dans l'optique d'une gestion directe
et en temps réel de l'exécution du projet.
Nous avons aussi et à maintes reprises était
témoin au GADEC comme à DIAPANTE de nombreuses visites de terrain
que devaient effectuer tel responsable de programme ou tel autre. C'est dire
que le suivi quotidien est bel et bien réel au GADEC et à
DIAPANTE et que outre l'ONG il se fait essentiellement avec les
exécutants c'est-à-dire les populations elles mêmes.
Au GADEC, par exemple, les choses se passent de la
façon suivante : chaque jour les animateurs se rendent sur le
terrain (d'où d'ailleurs leur appellation d'animateurs de terrain) pour
recueillir auprès des populations des données quantitatives
qu'ils se chargeront une fois par semaine de restituer aux chargés de
programmes. C'est sur la base de ces données quantitatives fournies par
les populations que les fiches de suivi quotidien sont établies.
L'évaluation à mi parcours est au projet ou
programme ce qu'est un brevet de fin d'études moyennes dans le cursus
d'un élève. C'est en quelque sorte un examen de passage qui se
tient à mi parcours de l'exécution du projet ou programme.
Schématiquement il s'agit lorsque, par exemple, le projet ou programme
est étalé sur 2 ans ; de procéder au bout de la
première année d'exécution à un contrôle
(audit) qui peut porter sur différentes rubriques (contrôle
financier, audit de gestion, audit de procédures, audit des
outputs....).
Les populations y sont associées et nous avons pu
d'ailleurs nous rendre compte qu'elles y occupaient une place centrale. Pour
Ibrahima NDIAYE le responsable du suivi/évaluation au GADEC, cela semble
aller de soi « dans la mesure où ce sont elles qui doivent
assurer le remboursement du crédit, acheter le gasoil, payer
l'eau ; ils ont intérêt à suivre si les choses se
passent bien »91(*).
Il ne faut en effet pas perdre de vue que, dans certains cas,
l'implication des populations dans l'exécution des projets ou programmes
peut aller bien au-delà de l'investissement physique (humain)
jusqu'à l'investissement financier. Dans de tels cas il est, pensons
nous, fort compréhensible qu'elles veuillent s'assurer de l'utilisation
et de la gestion rationnelle de leurs fonds. C'est pourquoi on constate
qu'elles participent très activement aux activités
d'évaluation et apportent sur de nombreuses rubriques leurs avis.
Plus fondamentalement cependant, ce qu'il faudra surtout
retenir c'est que même s'ils ne s'investissent pas financièrement
dans l'exécution d'un projet ou programme donné l'implication des
acteurs à la base reste toujours effective (elle est presque même
nécessaire) à l'étape de suivi/évaluation à
mi parcours. A chaque fois en effet, qu'une mission d'évaluation descend
sur le terrain c'est à elles prioritairement qu'elle s'adresse ;
c'est dire que c'est principalement auprès d'elles que les
données d'évaluation qualitatives sont recueillies.
L'évaluation externe ou finale est, non seulement, un
contrôle qui se tient en fin de projet ou programme mais c'est, en plus,
un contrôle qui se fait le plus généralement avec le
concours d'observateurs et/ou de structures externes. La chose la plus
intéressante à retenir reste, nous semble t-il, que c'est un
processus qui voit la participation effective des différents acteurs qui
ont concouru à l'élaboration, la planification et à
l'exécution du projet ou programme qui arrive à terme.
Généralement les choses se passent de
manière très simple : bailleurs, ONG, populations, instances
de l'Etat, structures techniques déconcentrées,
représentants des collectivités locales et souvent aussi des
structures externes indépendantes du projet ou programme, se retrouvent
autour d'une table pour tirer le bilan de ce qui a été fait, des
résultats qui ont été atteints et de leur
conformité d'avec les objectifs de départ. C'est à l'ONG
au cours de ces rencontres d'évaluation, de faire les exposés et
de diriger les échanges ; bailleurs, partenaires techniques et
populations n'étant là que pour apporter leurs remarques et
contributions (ce n'est surtout pas pour dire que c'est tout juste une affaire
de l'ONG).
On se doute bien cependant que les contributions des uns ou
des autres varieront selon qu'il s'agit de tel ou tel autre acteur. Le bailleur
est surtout là pour évaluer la rentabilité
économique et sociale de son « investissement » et
là les critères d'appréciation peuvent être de
divers ordres :
· L'exécution budgétaire
· L'efficacité d'action
· La pérennité des actions qui ont
été mises en oeuvre
· L'atteinte des objectifs
· Le respect de la planification.....
Tout en aidant donc à tirer le bilan de ce qui a
été fait les bailleurs focalisent généralement leur
attention sur des critères d'évaluation quantitatifs qui leur
permettront de juger si oui ou non le projet ou programme qui arrive à
terme a été une bonne
« opération ».
Dans le cas où elles s'investissent
financièrement les populations peuvent, elles aussi, entretenir la
même démarche. Mais ce à quoi on assiste le plus
fréquemment c'est à une ferme volonté d'aider à
tirer tous les enseignements sur des questions ayant notamment trait à
l'atteinte des objectifs, à la satisfaction des besoins
identifiés lors de l'élaboration du projet ou programme, aux
futures actions à entreprendre.... Ce que nous voulons dire c'est que
même si elles peuvent être là pour évaluer la
rentabilité économique de leur participation financière,
les populations saisissent toujours l'opportunité de ces rencontres pour
participer sérieusement aux débats et donner leurs opinions sur
ce qui a été fait et ce qui reste à faire.
Il ressort de ce bref survol des démarches de
suivi/évaluation des projets et programme au GADEC et à DIAPANTE
que, globalement, trois (3) dispositifs ont cours chez ces ONG. Comme on a pu
le voir, chacun de ces dispositifs vise un ou des objectifs différents
et implique donc à des degrés différents chacun des
acteurs de l'environnement du projet ou programme. Tantôt ce sont les
populations et l'ONG qui sont à l'oeuvre, tantôt ce sont les
bailleurs et des structures externes qui le sont plus. Il est dés lors
très aisé de comprendre que les processus de décision
soient elles aussi entachées de ces variations.
Dans certaines situations la décision revient à
l'ONG et dans d'autres elle est plutôt du ressort du ou des bailleurs.
Dans le cas du suivi quotidien, par exemple, il est clair que c'est surtout
à l'ONG qu'il appartient de corriger toute dérive sur le terrain.
C'est à elle qu'il appartient, au jour le jour, de prendre les
décisions qui s'imposent et de s'assurer de leur bonne application.
Pour l'évaluation à mi parcours et
l'évaluation externe, par contre, on s'est très rapidement rendu
compte que les véritables décisions venaient des bailleurs. C'est
à eux qu'il pouvait appartenir de juger de la qualité des
résultats et donc de décider de la reconduction ou non d'un
projet ou programme car tels sont, en vérité, les enjeux
réels de ces deux procédures.
Il est vrai que lorsqu'on interroge les responsables du GADEC
et de DIAPANTE pour savoir si oui ou non les populations disposent d'un pouvoir
de décision sur les procédures de suivi/évaluation, la
majeure partie des réponses que l'on recueil est affirmative (83%) et de
surcroît ils soutiennent presque tous que ce pouvoir de décision
est déterminant.
Graphique N°11
Source : données de
l'enquête (questionnaire n°2)
Mais, le fait reste aussi que ces mêmes populations
soutiennent mordicus le contraire. Sagni TOURE de l'EIVC parlait, par
exemple, de « responsabilité partagée selon les
compétences requises »92(*) pour dire que presque jamais leur avis n'est
déterminant dans les processus de suivi/évaluation dans la mesure
où ils n'ont presque aucune compétence
avérée pour ce qui est de la plupart des rubriques du
suivi/évaluation. Il semble rejoindre en cela A. SOW du comité de
jumelage de Mbagam qui lui se plaignait surtout du fait que les acteurs
à la base ignorent presque tout des indicateurs de performance qui
permettent d'évaluer un projet ou programme. L'adage dit « qui
souhaite noyer son chien, l'accuse de rage », pour dire qu'il est
tout à fait permis de se demander si l'on ne fait pas croire aux
populations qu'elles sont incompétentes pour mieux les écarter
des véritables sphères de décision ?
Dans tous les cas le fait reste que nos études sur le
terrain révèlent que même si les populations participent de
différentes manières, mais toujours très activement, aux
processus de suivi /évaluation ; très concrètement,
cependant, elles ne disposent d'aucun pouvoir de décision. Le ton est
surtout donné par les bailleurs puis ensuite par l'ONG.
S'agissant des différents types de difficultés
que nous avons eu à relever concernant la participation des acteurs
à la base aux processus de suivi/évaluation des projets et
programmes, nous retiendrons que les responsables du GADEC et de DIAPANTE se
sont plaints du manque de compétences, des rivalités
personnelles, de l'absence d'une vision claire des véritables
enjeux..... ; alors que du côté des populations on a surtout
déploré le manque de moyens (par exemple le fait que leurs
organisations ne soient dotées de motocyclettes), l'absence de
motivation et surtout l'unilatéralisme des décisions qui sont
prises. Ce qui nous pousse à aborder la question proprement dite des
marges d'autonomie dévolues aux acteurs à la base dans les
projets et programmes (interventions) du GADEC et de DIAPANTE.
Section dix-sept (17) : Les marges d'autonomie des
acteurs à la base dans le cadre des interventions des ONG GADEC et
DIAPANTE
Analyser les marges d'autonomie des acteurs à la base
dans le cadre des interventions des ONG GADEC et DIAPANTE tel était
notre objectif principal, pour y parvenir nous avons défini deux (2)
niveaux d'analyse à savoir les marges d'initiative et les marges
d'autonomie. Sans revenir sur le contenu précis que nous donnons
à ces 2 dimensions rappelons qu'elles couvrent, à notre sens,
chacune deux (2) indicateurs principaux que nous avons empruntés
à G. BELLONCLE; il s'agit de l'auto analyse et de l'auto programmation
pour les marges d'initiative et de l'auto organisation et de l'auto suivi pour
les marges de manoeuvre. C'est justement au regard de ces indicateurs que nous
chercherons à tirer des conclusions de nos analyses
précédentes en partant notamment des données qualitatives
recueillies sur le terrain et des résultats de l'analyse de contenu.
17.1 : Les marges d'initiative des acteurs
à la base dans le cadre des interventions du GADEC et de DIAPANTE
Derrière les marges d'initiative ou d'auto
détermination il y a, comme nous le disions, cette capacité
(pouvoir) pour les populations d'identifier par elles mêmes les
problèmes et besoins prioritaires auxquels elles sont confrontées
et d'initier par elles mêmes, aussi, les actions à entreprendre
pour y remédier. En d'autres termes, quant on parle de marge
d'initiative des populations dans une optique de développement
endogène et participatif c'est surtout en référence aux
capacités de ces dernières à prendre en charge leurs
propres besoins et à leur trouver par la même des solutions
adéquates.
Dès lors si on doit juger valablement de la
qualité ou du niveau d'initiative dont jouissent ces mêmes
populations dans le cadre des interventions du GADEC et de DIAPANTE il est plus
pertinent, pensons nous, de beaucoup plus s'intéresser à
l'étape de l'élaboration des documents de projets ou programmes.
Non pas que c'est uniquement au cours de cette phase que l'initiative des
populations peut être amenée à s'exprimer, mais tout
simplement parce que c'est surtout au courant de ce processus que l'on
procède à l'identification des besoins, qu'on les priorise et que
l'on défini et planifie les actions ou activités à
entreprendre.
S'agissant de l'identification des besoins et de leur
priorisation il est clair, au regard des résultats de nos
enquêtes, que les marges d'initiative dont jouissent les acteurs à
la base dans le cadre des interventions du GADEC et de DIAPANTE sont plus que
larges. On s'est bien rendu compte, en effet, que cette phase des projets ou
programmes était celle où les approches et les méthodes de
ces deux ONG laissent véritablement cours au principe d'auto
détermination. Que ce soit pour les diagnostics ou tout simplement pour
la priorisation des besoins identifiés, les ONG GADEC et DIAPANTE
cherchent à chacune de ces étapes, non seulement, à
impliquer les populations mais surtout aussi à leur laisser les
coudés libres en terme de pouvoir décisionnaire.
Là où le bât blesse c'est qu'à
partir de la planification et plus généralement de tout le
processus de « ficelage » du futur projet ou
programme les marges d'initiative dont jouissent les populations commencent
véritablement à être limitées. Il est vrai, et cela
est à encourager, qu'elles sont effectivement invitées à
émettre des avis et à proposer des alternatives...Mais nous
pensons, comme le démontre d'ailleurs notre analyse sur ce point, que
cette participation (qui ne devient en fait qu'une contribution) est
très largement limitée dans le sens où en terme
d'initiative (auto programmation) ce ne sont pas ces mêmes populations
qui décident. Comme il ressort, en effet, des données de
l'enquête de terrain plus de 50% des responsables du GADEC et DIAPANTE
reconnaissent que le pouvoir de décision dont jouissent ces
dernières dans de tels processus n'est déterminant que dans
certaines limites.
Grâce à l'analyse de contenu nous avons
également pu relever dans le cas de DIAPANTE, par exemple, un fait qu'il
nous paraît pertinent d'exposer ici pour mieux illustrer tout ceci. Dans
le cadre de son atelier de planification stratégique tenu en avril 2002,
il avait été établi un modèle d'analyse des
relations entre DIAPANTE et ses environnements. Ce modèle d'analyse
distinguait cinq (5) éléments constitutifs du système de
relation entre DIAPANTE et ses environnements.
Dans les différents classements proposés, les
acteurs à la base (comités de jumelage de Mbagam et de
Ndiathène) figuraient dans l'élément environnement
immédiat. Mais le fait qui a surtout attiré notre attention est
que dans les conclusions de l'atelier on note que parmi les différents
constats qui ont été fait figure le fait que l'environnement
immédiat en général et les populations en particulier,
n'ont aucune incidence sur le sous système stratégique de
DIAPANTE. Autrement dit il n'a pas de rôle déterminant dans la
détermination des stratégies d'intervention.
On peut dans la même veine citer, dans le cas du GADEC,
une donnée de l'analyse de contenu portant sur la catégorie
générique expérience et qui confirme que les protocoles
d'élaboration des documents de projets ou programmes (et un peu plus
particulièrement les phases de planification) laissent souvent à
désirer. Dans le texte introductif à la première session
du forum des partenaires, le GADEC reconnaît qu'un premier bilan sur
l'exécution du PTDI (programme triennal de développement
intégré) en attendant une évaluation qualitative globale
de ses actions, leur permet d'avancer quelques éléments parmi
lesquels le point suivant « bien que la conception de ce
programme ait été faite de manière participative sur une
longue durée (6 mois environ), il y a eu des insuffisances dans sa
méthodologie d'élaboration..... »93(*).
Le plus important, pour nous n'est pas de se dire que dans le
cadre du PCD/CMN par exemple lorsqu'il s'est agit de déménager le
village de Ndiathène, le besoin de disposer d'une source permanente
d'eau a était un besoin exprimé (identifié) par les
populations elle mêmes (bien que cela soit encore une fois
nécessaire et à encourager). Mais l'important reste plutôt
de se demander si ce sont vraiment ces mêmes populations qui ont
décidé que la source d'eau soit plutôt une station de
pompage qu'un puit communautaire (ce qui leur aurait épargné des
coûts financiers supplémentaires) ?
Ceci est une question parmi d'autres qu'il est essentiel de se
poser. Mais ce que nous voulons surtout dire c'est qu'il était
primordial pour nous d'aller au-delà des intentions et du discours afin
de mieux nous rendre compte des marges d'initiative qui sont effectivement
laissées aux populations dans le cadre des interventions des ONG GADEC
et DIAPANTE.
De cela, il ressort que dans le fond même si les
populations sont appelées à contribuer au processus de
définition et de planification des activités ; il reste
qu'elles n'en demeurent pas moins dépourvues de tout véritable
pouvoir de décision. L'auto programmation est presque nulle dans le sens
où ce n'est que quand les idées (initiatives) de l'EIVC ou des
comités de jumelage rejoignent les schémas et cadres de
référence (termes de référence) des potentiels
bailleurs que l'ONG les valide et les fait figurer dans la programmation. Cette
analyse des faits se confirme au regard des données qualitatives
recueillies sur le terrain. Par saturation on remarque, en effet, que sur le
thème 3 du guide d'entretien la plupart des personnes rencontrées
estiment que même si des efforts sont fait pour prendre en charge leurs
besoins spécifiques reste que le niveau d'implication, de
responsabilisation et de concertation d'avec les acteurs à la base sur
les actions et activités à mettre en oeuvre est plus que
déplorable et mérite d'être revu sur de nombreux points.
17.2 : Les marges de manoeuvre des acteurs à
la base dans le cadre des interventions du GADEC et DIAPANTE
Les marges de manoeuvre recoupent deux principaux indicateurs
que sont l'auto organisation et l'auto évaluation. L'analyse des niveaux
d'auto organisation dans les procédures d'intervention du GADEC et de
DIAPANTE peut se faire à l'étape d'exécution ou de mise en
oeuvre. En ce sens il peut être facile, à première vue,
d'affirmer que l'auto organisation est effective en ce sens où les
populations qui exécutent par elles mêmes les tâches
à mettre en oeuvre parviennent d'une manière ou d'une autre
à s'auto organiser. Autrement dit, il y a toujours dans
l'exécution des projets et programmes une certaine part d'auto
organisation du côté des populations surtout si elles en sont les
principaux exécutants (ce sont les jeunes ou les femmes qui vont
chercher l'eau et ce sont les hommes mûrs qui font les briques...).
Mais, ceci n'est qu'une échelle d'auto organisation
peu déterminante dans le processus d'exécution. Les rubriques les
plus déterminantes dans l'organisation et la gestion de
l'exécution des activités sont, comme nous avons pu le voir,
à la charge des ONG. Pour tout ce qui est décaissement,
approvisionnement en inputs ou encore définition des
critères de suivi, l'ONG est en effet seul maître du jeu. Cette
situation déteint bien évidemment sur les marges de manoeuvre
dont disposent effectivement les populations, d'autant plus que c'est une
situation similaire qu'il est donné de constater pour ce qui est de
l'auto évaluation.
Comme nous avons eu a le voir, en effet, autant leur
participation à l'étape d'exécution est biaisée
autant également elle l'est à l'étape de
suivi/évaluation. Ce que confirment les données qualitatives.
Jusqu'à saturation les populations auxquelles nous avons soumis le guide
d'entretien estiment sur le thème 5 que l'ONG est celui à qui
appartient les « grandes décisions ».
conclusion
Au terme de cette étude, il est important de
préciser que notre prétention n'a pas été
d'épuiser la question des marges d'autonomie des acteurs à la
base dans le cadre des interventions des ONG. A la vérité nous
pensons n'avoir qu'esquissé des pistes de réflexion qui pourront
faire l'objet d'études plus poussées.
L'importance sans cesse grandissante des ONG dans le
système international de l'aide au développement s'est surtout
justifiée par les approches et méthodes que celles-ci ont mis en
avant dès leur apparition ; approches et méthodes se
réclamant des théories de l'auto développement.
L'objectif de cette étude était justement de
nous interroger non seulement sur la nature réelle des rapports que ces
structures entretiennent avec les populations à la base, mais aussi et
surtout, sur la conformité de ceux-ci avec la dimension endogène
et/ou humaine du développement.
Pour cela nous sommes partis d'une démarche empirique
reposant sur deux piliers méthodologiques que sont la recherche
documentaire et les enquêtes de terrain. Les données
collectées nous ont permis d'une part d'analyser dans le détail
le profil des ONG concernées par l'enquête (nature, valeur, moyens
...), puis d'analyser la nature, la forme et l'intensité (ou la
portée) de la participation des différentes catégories
d'acteurs gravitant autour des interventions du GADEC et de DIAPANTE pour finir
par nous prononcer sur les marges d'autonomie dont jouissent effectivement les
acteurs à la base dans les interventions de ces ONG. Sur chacun de ces
points nous pouvons retenir en guise de conclusion :
1. concernant le profil des
ONG : a l'exception de leurs méthodes
respectives et de leurs statuts, les ONG GADEC et DIAPANTE ont un profil
similaire qui repose sur des valeurs partagées, des stratégies ou
domaines d'intervention similaires et une philosophie commune.
2. concernant la participation des
différentes catégories d'acteurs aux projets ou
programmes du GADEC et de DIAPANTE : nous l'avons
analysé aux phases d'élaboration des documents de projets,
d'exécution ou de mise en oeuvre et de suivi/évaluation.
· L'élaboration des documents de projets ou
programmes : Il ressort des résultats de l'étude
qu'autant à l'étape d'identification/priorisation qu'à
l'étape de planification, les populations sont effectivement et
volontairement associées par les ONG GADEC et DIAPANTE. Là ou le
bât blesse cependant, c'est qu'en terme de pouvoir de décision les
choses ne sont pas tout à fait les mêmes à l'étape
d'identification/priorisation qu'à l'étape de planification.
Lorsqu'il ne s'agit que d'identifier et de prioriser des besoins, les ONG GADEC
et DIAPANTE sont effectivement promptes à conférer aux
populations de réels pouvoirs de décision puisque
déterminants dans le processus. Mais dès lors qu'il s'agit de
planifier, les modalités de participation de ces dernières ne
sont plus tout à fait les mêmes dans la mesure où elles
(les populations) ne jouissent plus que d'un pouvoir de décision qui
n'est déterminant que « dans certaines limites ».
· L'exécution des projets ou
programmes : dans la plupart des projets et programmes mis en oeuvre
par le GADEC et DIAPANTE, les populations participent effectivement à
l'exécution dans la mesure où elles sont dans la plupart des cas
les principaux exécutants. Parfois même cet investissement humain
ou physique s'accompagne d'un investissement financier ou monétaire.
Au-delà de ces modalités de participation cependant,
l'idée même de participation est biaisée à cette
étape du projet ou programme dans la mesure où ces mêmes
populations sont à la vérité absentes des
véritables sphères de décision. Autrement dit bien
qu'elles soient les premiers exécutants, elles n'en demeurent pas moins
écartées de la gestion et de l'organisation du projet ou
programme (elles ne décident par exemple pas des décaissements).
· Le suivi/évaluation : les
populations y sont effectivement associées mais elles n'y disposent d'un
pouvoir de décision qui n'est déterminant que « dans
certaines limites ».
3. concernant les marges d'autonomie : elles
comprennent les marges d'initiative et les marges de manoeuvre
· Les marges d'initiative, au terme de cette
étude l'appréciation que nous pouvons faire des marges
d'initiative dont jouissent les acteurs à la base dans le cadre des
interventions du GADEC et de DIAPANTE, est une appréciation
mitigée. Il faut comprendre que sur les deux indicateurs principaux que
nous avions eu à dégager concernant les marges d'initiative (auto
analyse et auto programmation) on s'est rendu compte que si le premier est
effectif et suffisamment appréciable ; le second par contre reste
effectif mais néanmoins limité dans le sens où le pouvoir
de décision dont les populations y jouissent est un pouvoir de
décision qui n'est déterminant que dans certaines limites.
· Les marges de manoeuvre, sur cet aspect par
contre notre appréciation peut être catégorique dans la
mesure où sur les deux indicateurs identifiés (auto organisation
et auto évaluation) les résultats des enquêtes ont
révélé que même si les populations sont
appelées à participer ; cette participation reste de
façade en ce sens où les pouvoirs de décision dont elles y
disposent ne sont déterminants que « dans certaines
limites ». Autrement dit, même si elles sont associées
l'auto organisation et l'auto évaluation quant à elles restent
quasi nulles puisque ce ne sont pas elles qui au fond prennent les
décisions.
En définitive, cette étude nous aura permis de
nous rendre compte que même si les ONG GADEC et DIAPANTE se font les
portes drapeaux des théories de l'auto développement, ce qu'il
est possible de retrouver au travers de leur rhétorique ainsi qu'au
travers de leurs méthodes respectives, le fait reste qu'à
l'épreuve de la réalité (terrain) toute cette
rhétorique et toutes ces professions de foi restent vaines du simple
fait que ces ONG ne parviennent pas à échapper à des
pesanteurs qui le plus souvent ont pour nom les bailleurs. L'autonomie et
l'indépendance vis-à-vis de leurs partenaires financiers
étant de moins en moins facile, les ONG GADEC et DIAPANTE en arrivent
par «excès de professionnalisme» à négliger les
marges d'autonomie des acteurs à la base .
Cela ne veut aucunement dire que les populations ne sont pas
associées aux protocoles d'intervention. Mais, le plus important
étant de les responsabiliser et de les écouter, l'étude
révèle que les ONG GADEC et DIAPANTE en arrivent très
souvent à limiter très largement leurs marges d'initiative et de
manoeuvre dans le sens où, sur les trois (3) étapes phares des
procédures d'intervention elles (les populations) ne disposent presque
jamais de réels pouvoirs de décision. A part l'auto
analyse ; ni l'auto organisation, ni l'auto évaluation ne sont d'un
niveau suffisamment appréciable pour garantir l'émergence d'une
réelle dynamique d'auto prise en charge des questions de
développement local par les populations elles mêmes. C'est dire
que même s'il est bien de faire participer tout comme il est bien de
recueillir des avis ; le plus important reste au-delà de tout
d'écouter et surtout de faire confiance.
Pour nous, le projet quel qu'il soit et quelque puisse
être ses bailleurs doit être dans son fond comme dans sa forme non
seulement une initiative des populations mais aussi, et surtout, une
possibilité de manoeuvre pour ces dernières. Que ce soit pour
l'identification/priorisation, la planification des activités, la mise
en oeuvre (exécution) ou tout simplement le suivi/évaluation les
populations doivent être les décideurs centraux. Ceux là
qui après toutes les consultations d'usage seront ceux que l'on
écoutera le plus et à qui l'on fera surtout, le plus confiance.
De tous les avis recueillis les leurs doivent, à notre sens, être
impérativement celles qui comptent le plus et qui pèsent plus
lourd sur la balance parce que le développement endogène tel
qu'il doit être pour satisfaire aux exigences de durabilité et de
pérennité nécessite cela.
Formulons, pour clore, quelques recommandations que nous ont
suggérées les résultats de nos enquêtes :
1. Vu que les moyens de créer un certain
détachement vis-à-vis des cadres juridico institutionnels et
financiers (bailleurs) sont largement limités pour les ONG, des
stratégies comme le forum des partenaires du GADEC sont de notre point
de vue à encourager et à vulgariser. Il s'agira d'établir
et de conforter des cadres de concertation permanents avec l'ensemble des
partenaires en vue de promouvoir des formes de collaborations
sincères et respectueuses de la philosophie et des options de l'ONG. Il
faut de plus en plus que les ONG aillent au-delà des discours et quelles
cherchent, à travers une plus large concertation avec les bailleurs et
autres partenaires, à faire comprendre qu'il leur faut plus de
liberté pour que les exigences de participation à la base soit
efficacement satisfaites,
2. En appoint à cela, il nous parait également
opportun que ces organisations pensent de plus en plus à
développer des stratégies de collecte de fonds et de plaidoyer
(en un mot de véritables plans de communication) adaptés à
la société de l'information que nous vivons, et à
renforcer leurs politiques d'auto financement en les rendant
économiquement plus efficaces et socialement plus durables. Pour cela
il faut par exemple, susciter (encourager) les vocations messianiques à
travers des campagnes de sensibilisation et de communication de masse. Tout
cela doit se faire tout en prenant garde de ne pas tomber dans le piège
de la perversion c'est-à-dire finir par devenir autre chose que des
organisations à buts non lucratifs,
3. Les populations elles aussi ont de plus en plus
intérêt à prendre en compte les exigences de
professionnalisme. Ce que nous voulons dire c'est qu'au moins les associations
à la base doivent de plus en plus relever leur niveau d'aptitude, il
leur faut de plus en plus tendre vers un renforcement de leurs capacités
de participer valablement aux projets et programmes qui les concernent. En cela
nous pensons que le système de coopération au
développement doit de plus en plus axer le financement sur des modules
de formation ayant trait à la planification, au montage de projet,
à l'évaluation et au suivi de projets et programmes de
développement......
BIBLIOGRAPHIE
BÂ (M). « Le mouvement ONG au
Sénégal : outil de développement
participatif » dans Les cahiers du CONGAD n°1 :
symposium sur l'identité des ONG (12,13 et 14 novembre 1997 Saly/
Mbour). CONGAD, Janvier 1999, pp. 12-19.
BELLONCLE (G). Coopération et Développement
en Afrique noire sahélienne. Collection du CEDEC N°10, Canada,
1978, 173 p.
BELLONCLE (G). Le chemin des villages : Formation des
Hommes et Développement en Afrique. Paris/ACCT, 1979, 148 p.
BERTHELOT (J.M). L'intelligence du Social. Collection
Sociologie d'aujourd'hui, Paris, PUF, 1990, 446 p.
BOUDON et BOURRICAUD. Dictionnaire critique de la
sociologie. Quadrige/PUF, Paris, 1982, 714 p.
BOULOUDANI (V) et GHINET (S). Le financement
extérieur du développement en Afrique de l'Ouest :
étude des transferts et réflexions sur l'aide au
développement 1960-1990. Abidjan, ed. CINERGIE, 1994, 137 p.
BRUNEL (S). Le Sud dans la nouvelle économie
mondiale. Paris, PUF, 1994, 213 p.
CETRI. « Les ONG : instruments du néo
libéralisme ou alternatives populaires » dans Alternatives
Sud IV cahiers trimestriels du CETRI. Paris, l'Harmattan, 1997, pp. 71-89
CONGAD. Du cadre institutionnel de l'intervention des
ONG. Dakar, 1994, 28 p.
D'AQUINO (P) et SECK (S.M). « Et si les
approches participatives étaient inadaptées à la gestion
décentralisée du territoire ? » dans
Geocarrefour Vol.76. Mars 2001, pp. 233-238.
DEFOIS (A) et DUDERMEL (T). Organisation sociale et
structures de la parenté chez les Soninké de la région
orientale du Sénégal. Université de Metz, 1988, 212
p.
Décret N°96-103 du 8 février 1996
modifiant le décret 89-775 du 30 juin 1989 et fixant les
modalités d'intervention des ONG. Journal Officiel du
Sénégal, juillet 1989, 9 p.
DIAPANTE. Fiche de présentation (dépliant
synoptique).
DIAPANTE. Plan Stratégique 2003-2007. Saint
Louis, Juillet 2002, 12 p.
DIAPANTE. Programme de coopération
décentralisée Commercy- Ndiathène- Mbagam/ Rapport
d'activités 2000, Avril 2001, 22 p.
DOLEZ (B). « Nouvelles perspectives de la
coopération décentralisée » dans Regard sur
l'actualité N°107. Juin 1992, pp. 27-39.
D'ORFEUIL (H.R). Coopérer autrement :
l'engagement des ONG aujourd'hui. L'Harmattan, Paris, 1984, 278 p.
DURKHEIM (E). Les règles de la méthode
Sociologique. Paris, PUF, 1968,149 p.
FINO (D). Impasses et Promesses :
l'Ambiguïté de la Coopération au Développement.
Paris, PUF, 1996, 218p.
FREUD (C). Quelle coopération ? Un bilan de
l'aide au développement. Paris, ed. Karthala, 1998, 270 p.
GABAS (J.J). L'Aide contre le développement :
l'exemple du Sahel. Paris, Economia, 1988, 187 p.
GADEC / FRAO. Evolution institutionnelle d'une ONG
africaine : Le GADEC. 1997,38p.
GADEC. DIP / EIVC dans 4 villages de sa zone
d'intervention (Coulibantang, Boulémbou, Diyabougou et Fadya). Mars
1992, 25 p.
GADEC. Texte introductif à la première session
du forum des partenaires. 1993, 7 p.
GADEC. Texte d'orientation.1997, 18 p.
GADEC. Fiche de présentation du PAISA
(dépliant).
GAUTHIER (B). Recherche Sociale : de la
problématique à la collecte de données. Ed.
Siller/Presses de l'université du Québec, 1984, 449 p.
GRAWITZ (M). Méthodes des Sciences Sociales.
Paris, Col. Dalloz, 1993, 316 p.
Groupe sur la participation des ONG/Département de la
lutte contre la pauvreté et de la politique sociale de la Banque.
Partenariat de la Banque Mondiale avec les ONG. Mai 1996, 40 p.
KI-ZERBO (J). La Natte des autres. Paris, 1992, ed.
Karthala, 249 p.
KOFFI (B.E). Le pouvoir de la brousse : ni
Démocratie ni Développement en Afrique noire sans les paysans
organisés. L'Harmattan, Paris, 1993, 119 p.
MARADEIX (M.S). Les ONG américaines en
Afrique : activités et perspectives de 30 ONG américaines en
Afrique. Paris, éd. Syros -Alternatives, collection Ateliers du
Développement, 1990, 144 p.
MACE (G). Guide d'élaboration d'un projet de
recherche. Université De Boeck, 1992, 115 p.
NGUINGUIRI (J.C). « Approches participatives et
développement local en Afrique Subsaharienne : faut-il repenser la
forme contemporaine du modèle participatif ? » dans
Bulletin Arbres, Forêts et Communautés rurales 15-16
FTTP/AOC. Douala, pp.40-62.
PETITEVILLE (F). La coopération
décentralisée : les collectivités locales dans la
coopération Nord Sud. Paris, l'Harmattan, 1995,269 p.
RAHMANI (T).Coopération
décentralisée : l'Union Européenne
en Méditerranée. Mayenne, 1995, 297 p.
ROCA (P.J). ONG et développement :
Société, économie, politique. Paris, ed.
Karthala / collection « Hommes et
Sociétés », Unité mixte de recherche REGARDS
(CNRS-ORSTOM), 1998, 684 p.
RIZIKI MOHAMED (A.A). Contribution des ONG au
développement en Afrique : Cas des Comores. Mémoire
d'Etudes Supérieures (droit public - Relations Internationales), Rabat
(Maroc), Université Mohamed V, 189 p.
SALL (B). De la modernité paysanne en Afrique Noire
(Sénégal) : Pour une Sociologie de la norme et de la
ruse. Paris, l'Harmattan, 1993, 225 p.
SARR (A). Le Mouvement Associatif du Milieu Rural en
Afrique Subsaharienne : les péripéties d'une
Révolution Tranquille. Dakar, édité par l'Association
de lutte contre la faim et la pauvreté (ALFP), 2002, 246 p.
THIANE (A.B.M). Les ONG, une panacée...?. Ed.
XAMAL, Saint Louis, 1996, 128 p.
TRIOLET (K). Le développement rural au
Sénégal oriental : l'appui du GADEC aux OP.
Mémoire de maîtrise de Sociologie sous la direction de Pierre
Dubois, université ParisX Nanterre, Octobre 1997, 136 p.
VERHAGEN (K). L'auto développement? Un défi
posé aux ONG : Eléments comparatifs (Brésil,
Indonésie, Thaïlande) pour des ONG en Recherche Action, Paris,
l'Harmattan, 1996, 355 p.
WEBOGRAPHIE
www.afriqueindex.com/
. Humanitaire Afrique : ONG de développement, ONG
humanitaire et de bénévolat dans les pays africains. Association
d'aide au développement d'Afrique noire.
www.cercle.lu/.
Le cercle de coopération des ONG de
développement.
www.coordinationsud.org/. Portail
des ONG françaises de solidarité.
www.euforic.org/
. La valorisation des capacités locales pour la paix rôle des
ONG.
www.forumdesong.org/.
Forum des ONG pour le développement durable.
www.lusotopie.sciencespobordeaux.fr/
. Feux croisés sur les ONG.
www.notre-planete.info/.
ONG perspectives développement durable BENIN.
www.ue.com/.
Coopération décentralisée : comment
institutionnaliser une nouvelle approche de la lutte contre la pauvreté
et de développement local dans les système de gestion de la
commission Européenne ?
www.unige.ch/.
Le rôle des ONG dans la politique de
développement : forces et faiblesses.
* 1 DELER (J.P). ONG et
développement : Société, économie,
politique. Paris, ed. Karthala, 1998, p.2. (Avant propos).
* 2 BA (M). « Le
mouvement ONG au Sénégal : outil de développement
participatif » dans Les cahiers du CONGAD n°1 :
symposium sur l'identité des ONG (12,13 et 14 novembre 1997
Saly/ Mbour). Dakar, CONGAD, Janvier 1999, p.13.
* 3 Remarquons avec Yves A.
FAURE (« Les ONG : de l'action à la recherche, de la
compréhension à la banalisation » dans ONG et
développement p.11) la proximité de la plupart des ONG
d'avec les théories économiques de la dépendance ou de
l'échange inégal ; théories qui ont été
au point de départ du paradigme de l'auto développement.
* 4 DELER (J.P), op.cit, p. 5.
* 5 Le terme signifie
littéralement en wolof « se donner la main ».
* 6BOULOUDANI (V) et GHINET
(S). Le financement extérieur du développement en Afrique de
l'Ouest : étude des transferts et réflexions sur l'aide au
développement 1960-1990. Abidjan, ed. CINERGIE, 1994, p.2.
* 7 FREUD (C). Quelle
coopération ? Un bilan de l'aide au développement.
Paris, ed. Karthala, 1998, 270 p.
* 8 Si l'on en croit Claude
FREUD le système du «pacte colonial» imposait aux colonies de
développer des productions dont la métropole avait besoin et de
recevoir en retour ce que cette dernière produisait. Dans un tel
contexte les colonies étaient considérées comme des
marchés réservés au profit exclusif de la Métropole
et se trouvait ainsi placées dans une dépendance
économique totale. Ainsi le pacte reposait sur cinq (5) principes
fondateurs :
· Une colonie ne pouvait importer que les produits de la
métropole.
· Elle ne pouvait exporter ses produits naturels que vers
la métropole.
· Elle ne devait avoir aucune industrie qui ferait
concurrence à celles de la métropole.
· Entre elle et la Métropole tous les transports
devaient se faire sous pavillon national.
· Les seuls produits coloniaux admis en franchise dans la
Métropole étaient ceux de ses colonies, les autres étaient
prohibés ou frappés de droits d'entrée.
* 9 FREUD (C), op.cit, p.5.
* 10PIVETEAU (A). «Pour
une analyse économique des ONG» dans ONG et
Développement. p. 274.
* 11CASSEN (R). Does Aids
Work?. Oxford University Press, Oxford, 1986 cité par Daniel FINO,
op.cit., p. 15.
* 12 PIVETEAU (A), op.cit., p.
274.
* 13 FINO (D), op.cit, p.
17.
* 14 Notons à titre
indicatif que malgré les coûts estimés exorbitants, l'aide
publique au développement est jugée quantitativement faible par
rapport au PNB des pays du Nord. Quelques chiffres suffiront peut être
pour s'en convaincre : dans les années 60, les Nations Unies, la
CNUCED et le CAD avaient à tour de rôle fixé à 1% du
PNB la part des transferts des pays économiquement avancés vers
le tiers monde. Les deux décennies suivantes ont vu cet objectif revu
à la baisse pour être fixé à 0,7%. Or, en 1989 le
CAD estimait que pour la totalité de ses membres, le rapport aide
publique/PNB était de l'ordre de 0,35%, c'est-à-dire au
même niveau qu'en 1975.
* 15 BRUNEL (S). Le Sud
dans la nouvelle économie mondiale. Paris, PUF, 1994, p.169.
* 16GABAS (J.J). L'Aide
contre le développement : l'exemple du Sahel. Paris, Economia,
1988.
* 17LEWIS (J.P).
«Coopération entre Organismes publics et Organisations Non
Gouvernementales» dans Bulletin de liaison entre Instituts de
Recherche et de Formation en matière de Développement n°
10. Paris, OCDE, 1983 Cité par Alain Piveteau, op.cit. p. 273.
* 18 DE TOCQUEVILLE (A). La
démocratie en Amérique. Paris, ed. M.TH.Genine Librairie de
Médicis, cité par Philippe RYFMAN, op.cit, p.54.
* 19 TENDLER (J).
Turning private voluntary organizations into development Agencies:
Questions for Evaluation. Washington U.S. AID: Program Evaluation
Discusion paper n° 12, US Agency for Development, 151 p. cité
par Philippe RYFMAN, op.cit. p. 57.
* 20 FAURE (Yves A). op.cit.,
p.17.
* 21 Dans son ouvrage, Abdou
SARR s'attache à analyser de manière rigoureuse et
merveilleusement objective les atouts et faiblesses de
«l'accompagnement» (L'intervention) des ONG vis à vis
du mouvement associatif du milieu rural en Afrique Subsaharienne ;
voilà pourquoi nous ferons beaucoup référence à ses
travaux dans cette partie de notre étude. Notons que s'il était
question de le situer dans le débat sur l'efficacité des ONG en
tant qu'outil de la coopération pour le développement et la lutte
contre la pauvreté, nous dirons à l'attention de ceux qui
n'auront peut être pas l'occasion de lire son ouvrage, qu'Abdou SARR tout
en reconnaissant le rôle stimulant de l'action des ONG dans
l'émergence, la formation et le développement des associations
paysannes, n'en fustige pas moins ce qu'il estime être une
«implication excessive ou un compagnonnage insuffisant».
* 22 SARR (A), op.cit., p.
57.
* 23 DAMIBA (P.C).
« La coopération aux deux visages » dans
Impasses et promesses : l'ambiguïté de la
coopération au développement. 1999, p.27.
* 24 FREUD (C), op.cit,
p.27.
* 25 En vérité
ici Claude FREUD renvoie son lecteur aux travaux de Judith TENDLER, op. Cit. ,
1982.
.
* 26 NGUINGUIRI
(J.C). « Approches participatives et développement local en
Afrique Subsaharienne : faut-il repenser la forme contemporaine du
modèle participatif ? » dans Bulletin Arbres,
Forêts et Communautés rurales, 15-16 FTTP/AOC.
Douala, p.44 à 46
* 27 DELVILLE (P.L).
Participation, Négociation et Champ du développement :
Quelques réflexions. Document interne au groupe de réflexion
de l'association euro-africaine pour l'anthropologie du changement social et du
développement (APAD) ,1995 cité par CHAUVEAU (J.P), DELVILLE
(P.L) et un groupe de chercheurs de l'APAD. « Communiquer dans
l'affrontement : la participation cachée dans les projets
participatifs ciblés sur les groupes ruraux
défavorisés » dans ONG et
Développement. p.202.
* 28 MARADEIX (M.S), op.cit, p.
41.
* 29 BESSIS (S). «Les
associations d'aide au tiers monde (ONG) à la croisée des
chemins» dans problèmes politiques et sociaux n° 615.
1989, cité par Valérie BOULOUDANI et Serge GHINET, op.cit, p.
171.
* 30 DONSIMONI (M). «La
relation donateur/ONG : le jeu du don» dans ONG et
Développement. p. 294.
* 31 KOLM (S.C). La
bonne économie : la réciprocité
générale. PUF, Paris, 1984, cité par Myriam
DONSIMONI, op.cit, p. 293.
* 32 DONSIMONI (M), op.cit, p.
296.
* 33 Dr.VERHAGEN (K).
L'auto développement? Un défi posé aux ONG :
Eléments comparatifs (Brésil, Indonésie, Thaïlande)
pour des ONG en Recherche Action. Paris, l'Harmattan, 1996, p 152.
* 34 Dr. VERHAGEN (K), op.cit,
p. 158.
* 35 Dr. VERHAGEN (K), op.cit,
p. 161.
* 36 Dr. VERHAGEN (K), op.cit,
p. 162.
* 37DAMIBA (P.C), op.cit, p.
29.
* 38 LECOMTE (B), op.cit, p.
39.
* 39LECOMTE (B), op.cit, p.
39.
* 40Dr. VERHAGEN (K),, op.cit,
p. 263.
* 41 HUSSON (B). «Les ONG,
une légitimité en question» dans ONG et
Développement. pp. 545-557, p.552
* 42 GRAWITZ (M).
Méthodes des Sciences Sociales. Paris, Col. Dalloz,
1993, p. 478.
* 43DURKHEIM (E). Les
règles de la méthode Sociologique. Paris, PUF, 1968,
p.34.
* 44 Sous la direction de AUGUE
(P). Dictionnaire de la langue Française. LAROUSSE, Paris,
librairie Larousse, 1973, p.386.
* 45 Op. Cit. p.13.
* 46 SARR (A), op.cit, p.74.
* 47 LAROUSSE, op.cit,
p.412.
* 48 « L'auto
développement suppose de mettre en oeuvre une démarche qui part
de l'analyse avec les populations concernées de leurs problèmes
pour réfléchir avec elles aux solutions possibles, les aider
à s'organiser et à se former pour passer à l'action et
procéder enfin aux évaluations périodiques qui permettent
de corriger le tir et de progresser. D'où les quatre (4) mots
clefs : auto analyse ; auto programmation ; auto organisation;
auto évaluation » BELLONCLE (G). Le
chemin des villages : Formation des Hommes et Développement en
Afrique. Paris/ACCT, 1979, p. 27.
* 49 BOUDON et BOURRICAUD.
Dictionnaire critique de la sociologie. Quadrige/PUF, Paris, 1982, 714
p., p.316.
* 50 Contrairement à
l'échelle métrique ou quantitative et à l'échelle
nominale, l'échelle ordinale se borne à distinguer des niveaux
ordonnés de mesure du phénomène
* 51 BERTHELOT (J.M).
L'intelligence du Social. Collection Sociologie d'aujourd'hui, Paris,
PUF, 1990.
* 52 BERTHELOT (J.M), op. Cit.
p. 22.
* 53 BOUDON et BOURRICAUD, op.
Cit., pp. 175-176.
* 54 La loi de la baisse
tendancielle du taux de profit postule que «étant en
situation de concurrence les uns par rapport aux autres, les capitalistes
ont intérêt à rechercher constamment à
améliorer la productivité de leurs entreprises. Mais, ce faisant
ils contribuent à laminer la base à partir de laquelle le profit
est constitué (selon la théorie Marxiste), puisqu'ils
réduisent alors la part du travail dans les facteurs de production. A la
limite, ils contribuent donc à la destruction du Capitalisme (...) la
logique de la situation de concurrence dans laquelle ils se retrouvent les uns
par rapport aux autres. Ils contribuent ainsi au développement de
l'industrie et du prolétariat. Sans le vouloir, ils grossissent et
arment la masse de leurs adversaires » ; BOUDON et
BOURRICAUD, op. Cit., p. 179.
* 55 Pour des besoins d'analyse
cette rubrique a été le lieu de collecter un maximum
d'informations sur la situation matrimoniale, familiale, professionnel......
des sujets enquêtés.
* 56 Terme que nous
préférons à celui de populations cibles.
* 57 Décret
N°96-103 du 8 février 1996.
* 58 En 2000, 28 programmes
d'investissements et 4 avenants ont été signés entre le
gouvernement du Sénégal et les ONG pour un investissement
prévisionnel global de 27.771.368.536Fcfa ; en 2001, 37 programmes
et 4 avenants ont été signés pour 22.354.588.399Fcfa
d'investissement prévisionnel global ; en 2002, 35 programmes
d'investissements et 6 avenants ont été signés pour
31.597.548.953 Fcfa d'investissement prévisionnel ; en 2003 enfin
on en était finalement à 65.843.102.685Fcfa d'investissement
prévisionnel global pour un peu moins de 95 programmes
d'investissements.
* 59 CONGAD. Du cadre
institutionnel de l'intervention des ONG. Dakar, 1994, 28 p., p.12.
* 60 DIAPANTE. Plan
Stratégique 2003-2007. Saint Louis, Juillet 2002, 12 p., p.3.
* 61 Op. Cit., p.5
* 62 TRIOLET (K). Le
développement rural au Sénégal oriental : l'appui du
GADEC aux OP. Mémoire de maîtrise de Sociologie sous la
direction de DUBOIS (P), université Paris X Nanterre, Octobre 1997, 136
p. , p.49.
* 63 GADEC / FRAO.
Evolution institutionnelle d'une ONG africaine : Le GADEC.
Document de capitalisation des expériences du GADEC
réalisé avec la collaboration de la FRAO, 1997, 38 p., p.14.
* 64 GADEC. Texte
d'orientation. Tambacounda, 1997, 18 p., p.6.
* 65 Op. Cit. p.7.
* 66 Op.cit, p. 3.
* 67 Op.cit, p. 5.
* 68 Op.cit, p. 5.
* 69 Op.cit, p. 5.
* 70 Op.cit, p. 5.
* 71 GADEC. DIP / EIVC dans
4 villages de sa zone d'intervention (Coulibantang, Boulémbou,
Diyabougou et Fadya). Tambacounda, Mars 1992, 25 p., p.4.
* 72 Diyabougou est une
expression Soninké qui peut littéralement signifier en
français la « promesse d'une vie
meilleure ».
* 73A la date du 16 novembre
1992 la structure de la population par sexe et par catégorie se
présentait comme suit :
Adultes
|
Enfants
|
Total
|
Garçons
|
Filles
|
Garçons
|
Filles
|
184
|
54
|
55
|
35
|
40
|
Source : PRAAP / GADEC. Diagnostics
Participatifs réalisés dans les villages de Diyabougou et
Mboulémou, 10-20 Novembre 1992.
* 74 DEFOIS (A) et DUDERMEL
(T). Organisation sociale et structures de la parenté chez les
Soninké de la région orientale du Sénégal.
Université de Metz, 1988, 212 p, p.79.
* 75 DIAPANTE. Fiche de
présentation.
* 76 GADEC, op. Cit. , p.7.
* 77 GADEC, op. Cit., p.5.
* 78 DIAPANTE, Plan
stratégique 2003-2007, p.9.
* 79 SECK (S.M) et D'AQUINOT
(P), op. Cit., p. 232.
* 80 Interview M. DIAW
* 81 Interview M. Ibrahima
NDIAYE.
* 82 Interview Mme
Amicolé BADJI.
* 83 Interview Mme
Amicolé BADJI.
* 84 Interview Mr DIOP du
comité de jumelage de Ndiathène.
* 85 Op. Cit.
* 86 Précisons que
notre approche analytique part toujours du postulat que l'ONG est le porteur de
projet ou programme. A chaque fois que nous envisagerons l'ONG en tant qu'elle
est sollicitée par un bailleur pour la réalisation d'un projet ou
programme nous prendrons la peine de le préciser.
* 87 Interview M. WELE.
* 88 Interview Alkali SAO.
* 89 Interview M. NDIAYE.
* 90 Interview Alain
KASRIEL.
* 91 Interview Ibrahima
NDIAYE.
* 92 Interview Sagni TOURE.
* 93 GADEC. Texte
introductif à la première session du forum des partenaires.
Décembre 1993, p.5.