2. PRINCIPALES METHODES DE REGLAGE ET REGULATEURS ASSOCIES
Les régulateurs de vitesse utilisés sur les
turbines hydrauliques sont toujours à action indirecte, à cause
de l'effort énorme nécessité par la commande du vannage.
Ils sont de deux types principaux : les régulateurs purement
tachymétriques qui agissent uniquement par la vitesse du groupe à
régler et les régulateurs
accélérotachymétrique, qui font intervenir à la
fois la vitesse et l'accélération.
Dans les domaines des turbines hydrauliques, le
régulateur comprend :
a) un régleur ou tachymètre, constitué
par l'organe de mesure de la vitesse et les dispositifs d'ajustage
b) le servomoteur de commande du vannage et son tiroir de
distribution.
L'entraînement du régleur peut s'effectuer soit
à partir de l'arbre du groupe générateur, soit à
partir des bornes de l'alternateur principal de ce groupe.
Ces deux cas vont être examinés :
Premier cas : - Le régleur est
entraîné soit par l'arbre du groupe au moyen d'un dispositif
mécanique, soit par un moteur qu'alimente un alternateur pilote, donc
l'inducteur est formé d'aimants permanents ou d'enroulements
alimentés spécialement au démarrage. Ainsi,
l'entraînement du régleur est indépendant de la puissance
fournie par l'alternateur.
Deuxième cas : - Le moteur du
régleur est alimenté par le circuit de l'alternateur principal
grâce à un transformateur spécial branché sur ce
circuit.
Toute fois, comme un alternateur ne peut être
excité que pour une valeur de la vitesse égale à environ
70% de la vitesse nominale, le réglage automatique ne peut être
assuré que pour une vitesse supérieure. De plus, il y a lieu de
prévoir un dispositif de sécurité pour le cas où la
tension au démarrage demeurerait insuffisante (par exemple en cas de
court-circuit), d'où résulterait un danger d'emballement du
groupe.
Nous allons étudier maintenant le rôle de
l'asservissement dans la stabilité du fonctionnement d'un
régulateur.
2.1. Réglage tachymétries et régulateur
associé
Considérons un équipement de réglage dans
lequel un régulateur centrifuge à boules ou tachymètre A
(figure II.2) commandé par l'intermédiaire d'une tige AC,
supposée d'abord mobile autour d'un point fixe B, un système de
tiroirs D, réglant l'admission d'un fluide moteur dans les deux
extrémités d'un cylindre Q qui renferme un piston P dont la tige
T actionne le vannage de la turbine.
Figure II.2. Régulateur tachymétrique avec
asservissement
Si le groupe ralenti par suite d'une surcharge, le manchon du
tachymètre A s'abaisse, le tiroir
p1p2 s'élève, le fluide
moteur est admis en e1 et évacué en e2 et
le piston P se meut de droite à gauche ouvrant le vannage ; quand
la vitesse revient à sa valeur normale, le tachymètre
arrête à nouveau l'admission.
La théorie montre qu'un pareil régulateur ne
peut assurer la marche d'une turbine : il pompe d'une façon
permanente.
Cela tient au fait suivant : supposons que la vitesse du
groupe varie suivant une loi sinusoïdale de période
T1 ; le déplacement du tiroir sens où il tend
à ouvrir du tiroir, pris positivement dans le sens où il tend
à ouvrir le vannage, exécutera une oscillation en opposition avec
celle le l'écart de vitesse ; mais l'ouverture du vannage sera en
retard de T1/4 sur la courbe du tiroir et par la suite en avance de
T1/4 sur la courbe de la vitesse. L'ouverture de vannage et le
couple seront donc maxima au moment où la vitesse ayant la valeur
moyenne augmente vers son maximum et par suite l'oscillation sera
entretenue.
Pour stabiliser le fonctionnement, il faut asservir le
régulateur, c'est-à-dire faire en sorte que, comme dans un
régulateur direct de machine à vapeur, à chaque position
du tachymètre corresponde une vitesse bien définie : le
régulateur asservi n'est pas isodrome, mais il a une certaine courbe
caractéristique et un certain écart de réglage. On obtient
ce résultat en rendant mobile le point B, autour duquel oscille la tige
de commande AC ; l'articulation B est maintenant portée par une
tige, coulissant dans des guides g1 et g2 et s'appuyant
en permanence, par son poids ou par des ressorts non indiqués au moyen
d'un galet G sur une came E, dite came d'asservissement, portée
par la tige de commande du vannage. Grâce à la tige à la
came d'asservissement, la position du point B varie avec l'ouverture du vannage
et le couple développé, et à chaque degré de cette
ouverture correspond une position d'équilibre différente du
tachymètre et une valeur de la vitesse du groupe, comme dans un
régulateur direct de machine à vapeur. En faisant varier la
longueur de la tige d'asservissement, on fera varier la caractéristique
du Régulateur et sa vitesse de régime pour une charge
donnée.
L'écart de réglage, ou différence
relative entre les vitesses à vide et en charge, nécessaire pour une stabilité convenable du
système, est assez grand et il en résulte une trop forte
variation de fréquence, inadmissible dans un groupe
générateur à courant alternatif. Pour éliminer cet
écart et le ramener à une valeur très faible, on utilise
des compensateurs
Il existe des compensateurs des différents
systèmes mécaniques, hydrauliques... mais le principe de leur
action est le même, avec des modes de fonctionnement
différents.
La compensation d'un régulateur asservi consiste
à ramener lentement l'articulation B de la tige à une même
place fixe, après que le réglage de vannage aura
été effectué par le servomoteur avec déplacement
convenable de ce point d'articulation.
Un schéma de compensation mécanique est
donné à la figure précédente (figure II.2). La tige
d'asservissement est composée d'une tige filetée H portant le
galet G coulissant dans le guide g1, et venant se visser dans le
manchon L qui porte l'articulation B et glisse dans le guide g2, et
venant se visser dans le manchon L qui porte l'articulation B et glisse dans le
guide g1. En faisant tourner le manchon L à la main, ou
mécaniquement, on ferait varier la caractéristique du
régulateur et la vitesse correspondant à une charge
donnée, comme il est dit plus haut.
Dans la compensation, on le fait tourner automatiquement au
moyen d'un plateau de friction N, entraîné par un arbre R à
mouvement lent et commandant le manchon par l'intermédiaire du plateau
M.
Dès que par le jeu du réglage et de
l'asservissement, le manchon L se déplace verticalement, le plateau N
fait tourner le manchon jusqu'à ce qu'il revienne, par rotation autour
de la vis H, présenter le plateau M dans l'axe du plateau N, seule
position d'équilibre pour ce plateau M. Après tout
réglage, la vitesse revient donc à la même valeur fixe,
suffisamment d'une manière lente pour ne pas compromettre la
stabilité du réglage.
Un régulateur asservit n'a donc plus d'écart de
réglage en régime : sa caractéristique est une
horizontale. Cette disposition convient fort bien pour la marche isolée
d'un groupe générateur à courant alternatif, dont la
fréquence est maintenue rigoureusement constante ; mais elle ne
permet pas la marche en parallèle de groupes générateurs
alternatifs, puisque la réparation de la charge entre groupes
dépend uniquement des caractéristiques de régulateur et
est définie, pour deux groupes, par l'intersection de ces
caractéristiques après renversement des abscisses de l'une
d'elles. Le groupe dont le régulateur fournirait la plus grande vitesse
prendrait toute la charge, et entre deux groupes de vitesses rigoureusement
égales, la répartition de charge serait
indéterminée.
Un certain écart de réglage (au moins 3%) est
nécessaire pour permettre la marche en parallèle de groupes
alternatifs. Pour obtenir cet écart, il faut décompenser
partiellement les régulateurs, en provoquant un léger
déplacement de l'articulation B entre les marches à vide et
à pleine charge. On y arrive par différents artifices, variables
avec le mode de compensation employé ; dans le cas de la figure
ci-dessus, on pourrait provoquer un léger déplacement vertical de
l'arbre R et du manchon M (commandé par flexible à cet effet).
Cet écart de réglage est le statisme, dont il serrait
question un peu plus loin ; il détruit en quelque sorte l'effet de
la compensation.
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