SECTION 2 : MOBILITE DU CAPITAL ET MONDIALISATION DES
FIRMES
L'internationalisation du capital est un des
phénomènes les plus significatifs de ces dernières
décennies. Certes, dés le XIXe siècle, les firmes des pays
occidentaux ont commencé à investir loin de leur territoire
d'origine dans des plantations et des activités minières
outre-mer.
Cependant, la véritable multinationalisation prend son
essor aux Etats-Unis au lendemain de la seconde guerre mondiale et n'affecte
plus seulement les activités primaires, mais aussi - et de plus en plus
- les industries de transformation et les services, banque et hôtellerie
par exemple. La conquête de marchés nouveaux est alors la
principale motivation des firmes multinationales (FMN). Pendant les
années 60 et 70, les entreprises européennes et japonaises
emboîtent le pas aux firmes états-uniennes qui avaient
lancé le mouvement.
Celui-ci s'est encore amplifié pendant les
années 80, en particulier grâce à l'essor des
télécommunications. Ainsi, les investissements directs (fusions,
absorptions, création de filiales, prises de participations) ont
progressé 2 ou 3 fois plus rapidement que le commerce mondial, une
raison supplémentaire de ce mouvement étant la recherche de
« gisements » de main-d'oeuvre à bas prix. Plus que
d'internationalisation ou de multi-nationalisation, on parle aujourd'hui de
globalisation.
C'est à dire que pour les très grandes firmes,
le monde se transforme en une zone unique de production et d'échanges
sur laquelle elles créent, suppriment ou déplacent (elles
« délocalisent ») leurs usines ou leurs filiales,
tendant d'ailleurs à s'associer de plus en plus souvent entre elles en
nouant des réseaux complexes et mouvants.
Quant à l'expansion des activités purement
financières (achat et ventes d'actions et d'autres produits financiers,
spéculation sur les fluctuations monétaires...), elle a
été plus prodigieuse encore. Actuellement, les transactions sur
les monnaies portent à elles seules sur plus de 1 000 milliards de
dollars par jour, contre 250 en 1985 !
SECTION 3 : DES PROBLEMES QUI MONDIALISENT EUX
AUSSI
La prise de conscience du rétrécissement de
l'espace mondial tient aussi à l'extension à l'échelle
planétaire de problèmes qui n'étaient jusqu'ici que
locaux, régionaux ou nationaux. Ainsi en est-il de diverses formes
d'économie illégale au 1er rang desquelles vient le
trafic des stupéfiants. Les réseaux de distribution de la drogue
s'organisent en effet à l'échelle du globe et porteraient
annuellement sur 150 milliards de dollars pour cannabis, la cocaïne et
l'héroïne seuls.
Le principal distributeur mondial de cocaïne, la mafia
Cosa Nostra, est une véritable FMN qui compterait 22 000 membres et
ferait un chiffre d'affaires, pour cette seule
« activité », de 32 milliards de dollars.
Dans un tout autre domaine, la croissance démographique
mondiale pose plus que jamais la question des limites des ressources de la
planète et de leur partage. Si une redistribution significative des
richesses en direction des pays du « Sud » ne se fait pas,
on peut craindre que des pressions migratoires irrépressibles s'exercent
du Tiers monde en direction des pays nantis.
Enfin, les problèmes relatifs à l'environnement
ont pris eux aussi une dimension planétaire. La Conférence des
Nations Unies sur l'environnement et le développement tenue à Rio
de Janeiro en 1992 en a été une manifestation hautement
symbolique. Qu'il s'agisse de pollution atmosphérique (rejets de gaz
carbonique et effet de serre, destruction de la couche d'ozone...), de
dégradation généralisée de la qualité des
eaux et des sols, des déboisements intensifs ou de la disparition des
forêts sous l'action des pluies acides, de l'approvisionnement de la
diversité biologique du globe (chaque année, plusieurs dizaines
de milliers d'espèces animales ou végétales
s'éteindraient), ou de l'accumulation des déchets (on est
incapable d'éliminer les déchets nucléaires), les
occasions de prendre conscience de l'échelle mondiale des
interdépendances sur la « Planète bleue »
sont multiples.
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