Approche psychanalytique de Hugo Barine dans les mains sales de Jean Paul Sartre( Télécharger le fichier original )par Gonkapieu Joseph Gueu Institut National Supérieur des Arts et de l'Action culturelle ( INSAAC- Abidjan-COTE D'IVOIRE) - Maîtrise en Théâtre 2009 |
I.3. L'incipit ou la liste des personnagesLa liste des personnages est aussi appelée didascalie d'ouverture qui selon Jean Pierre Ryngaert : « se démarque de la didascalie linéaire ordonnant un tableau ou un acte ».7(*) Dans le cas d'espèce, nous aborderons uniquement la composition de l'incipit, pour ensuite, situer le rôle de chaque personnage. Nous consacrerons dans la troisième partie, une analyse plus détaillée du discours de notre personnage choisi (Hugo Barine) afin de mieux cerner ses caractères constituant ainsi un aspect important de notre travail. Les Mains Sales compte onze personnages. Ainsi, selon l'ordre chronologique qui nous est présenté dans notre corpus, nous avons d'abord Hoederer. Il est l'homme fort de la pièce, l'antithèse de Hugo, son antipère. Peut être en ce sens qu'il désavoue totalement ce pur produit de la bourgeoisie tout en cherchant sans doute à l'instruire. Hoederer est aussi ce leader qui, d'après l'avis du cercle communiste auquel il appartient, mène une politique trop diplomatique et compromettante. Ainsi, dans le deuxième tableau, scène IV nous remarquons ceci : Louis « Nous allons voir ...Hoederer nous a réuni ce soir parce qu'il veut que le Parti prolétarien s'associe aux fascistes et au Pentagone pour partager le pouvoir avec eux après la guerre »8(*). Ensuite nous avons Hugo Barine. C'est le premier rôle, celui qui doit accomplir une mission qu'il a acceptée mais qu'il répugne à exécuter. Il est le personnage autour duquel se tisse l'intrigue. C'est aussi ce personnage à qui le cercle communiste a confié la charge d'assassiner le secrétaire général du parti. Cette assertion est aussi évidente dans le deuxième Tableau, scènes III et IV. Louis « Très bien, tu partiras demain avec ta femme. Il (Hoederer) habite à vingt kilomètres d'ici, dans une maison de campagne qu'un ami lui a prêtée...le soir que nous te dirons tu ouvriras la porte à trois camarades qui finiront la besogne... ». Hugo « Non pas du tout ...Je ferai l'affaire moi-même ». En troisième rôle, nous avons Olga Lorame. C'est un personnage féminin certes mais marqué d'une assez forte masculinité. C'est une militante politique convaincue et rigoureuse, mais non dénuée de sentiments. Elle est un peu la conscience de Hugo, une conscience aussi politique que maternelle qui fait tout et use de toutes les instances pour le sauver, mais sans succès. En quatrième rôle, nous trouverons Jessica, c'est une jeune femme d'origine bourgeoise et aisée, mais beaucoup plus fine et intuitive qu'il n'y paraît. Elle est l'innocence, à la fois fausse et vraie, la fausse note et le faux dans le ballet plutôt mal réglé des consciences politiques qui l'entourent. Mais elle a très vite compris que son mari, Hugo, était engagé dans une impasse. Pourquoi ? Parce qu'en dépit de son apparente légèreté elle sait que Hugo ne peut être un assassin, et elle le lui dit sur un ton moqueur à plusieurs reprises. Jessica « Ma pauvre petite abeille, si tu veux me convaincre que va devenir un assassin, il faudrait commencer par t'en convaincre toi-même ». Hugo « Je n'ai pas l'air convaincu hein ». Jessica « Pas du tout : tu joues mal ton rôle ». Louis est un partisan extrémiste du cercle communiste. Il est même plus l'incarnation des désirs égoïstes que collectifs. Louis préfère imposer aux membres du Parti sa pensée et en régir leur conduite. C'est pour cette raison d'ailleurs que la présence de Hoederer au sommet des prises de décisions apparaît pour lui comme un grand obstacle qu'il faut vaille que vaille éliminer. A cet effet, voyons de près l'une des répliques de Louis : Louis « Bon. (À Hugo) Tu comprends bien la situation. Nous ne pouvons ni nous en aller ni l'emporter au comité. Mais il s'agit uniquement d'une manoeuvre de Hoederer. Sans Hoederer, nous mettons les autres dans notre poche ». Le Prince Paul, fils du Régent d'Illyrie et Karsky, Secrétaire du Pentagone sont les émissaires de la bourgeoisie. Ce sont donc ces deux émissaires qui oeuvrent auprès du Parti clandestin pour la constitution d'un gouvernement « d'union nationale » face aux Russes qui ne tarderont pas à se présenter aux frontières. Slick et Georges, deux gaillards très élémentaires, aux muscles d'acier sont les gardes de Hoederer. Assurément ce ne sont pas des têtes politiques mais au moins ont-ils trouvé dans le Parti un emploi et du pain, dès lors sans doute une conviction. Aussi, sont-ils prêts en échange à appliquer aveuglément les consignes de fouille qui leur sont données. Ils restent vigilants à toute personne qui entre chez le vieux Hoederer car selon les propres mots de Slick : « ce qui est sûr c'est qu'on veut le tuer ». Ces deux personnages apparaissent comme les `justiciers' du Parti. Ils sont en effet les émissaires du Parti. Ce sont eux qui ont été chargés de tuer Hugo à sa sortie de prison selon l'ordre du Parti. * 7 Jean Pierre Ryngaert, Eléments pour une Histoire de Texte de Théâtre, Paris, Dunod, 1997, P.80. * 8 Jean Paul Sartre, Les Mains Sales, Paris, Gallimard, 1948, P.49 |
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