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Poids de l'inflation sur les principaux parametres explicatifs de la production nationale

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par Henry Yverno
Faculté de Droit et des Sciences Economiques - Licence 2002
  

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I.3) Analyse de l'offre et de la demande globale

L'explication des composantes de base de l'offre et de la demande globale varie en fonction des divers courants de pensées. Les analystes ont résumé toutes les explications qui ont été fournies en la matière selon les trois théories suivantes :

A) La première théorie baptisée sous le nom de la 'Théorie quantitative de monnaie'' se repose sur les deux hypothèses suivantes :

Hypothèse 1 : l'offre de monnaie est une donnée exogène qui est à la discrétion de la banque centrale.

Hypothèse 2 : la demande de monnaie est en relation étroite avec le niveau du PNB, soit :

M : la demande de monnaie

P : le niveau moyen des prix (indice moyen)

Y : le niveau du revenu réel (PNB réel)

V : vitesse de circulation de la monnaie qui est le nombre de fois qu'une unité monétaire passe de mains pendant une certaine période de temps (en général une année) .Cette hypothèse pourra réécrire comme suit :

MV= PY (1)

Ou encore :

M=1/V*PY (2)

Ou encore :

M= k* PY avec k=1/V (3)

Et finalement :

M/P= k*Y (4)

La relation (4) signifie que la valeur réelle de la monnaie désirée par le public (M/P) est un multiple k du PNB réel Y.

Donc, lorsque la demande de monnaie est donnée, le volume des transactions(Y) est aussi donné. Si Y augmente, P doit diminuer pour que l'équation (4) tienne.

Considérant qu'il s'agit d'une question liée au problème du croit rythmique de la masse monétaire émise par l'Etat. La réponse est simple : les agents économiques auront plus d'argents qu'ils ne souhaitaient conserver et par conséquent ils vont dépenser le surplus. Dès lors, deux éventualités doivent tenir compte :

A1) Y est à un niveau de sous-emploi ; dans ce cas il y aura une forte expansion de la demande de production.

A2) Y est au niveau de plein-emploi ; dans ce cas P augmentera

Les partisans de cette théorie s'affirment encore plus claire et soutiennent que les modifications du niveau des prix des biens et services reflètent les fluctuations de la monnaie disponible. Cette dernière se définit traditionnellement par l'argent en numéraire de la monnaie et les comptes de dépôts à vue. Selon eux, pour qu'il y ait stabilité au niveau des prix, la masse monétaire doit s'accroître à un rythme stable adapté à la capacité de production effective de l'économie.

Pour arriver à la conclusion logique de cette théorie : la monnaie ne peut pas influencer les grandeurs réelles. En fait, elle n'affecte que des grandeurs nominales.

B) La seconde théorie est l'oeuvre de Jhon Maynard KEYNES où la demande de monnaie est expliquée de deux façons suivantes :

B1) La demande de monnaie pour des fins de transactions et précautions. Cette demande varie directement avec le niveau de revenu et ce, pour deux raisons :

B11) les agents économiques ont besoin de monnaie pour leurs transactions.

B12) Les sorties et entrées de fonds, chez les agents économiques, ne sont pas parfaitement synchronisés.

B2) Les agents économiques peuvent garder leur monnaie soit sous forme liquide, soit sous forme d'actifs financiers soit une combinaison des deux.

Finalement, plus la richesse est détenue sous forme liquide et moins le risque de la perdre est grand. Il est aussi clair que plus le taux d'intérêt est élevé moins grande sera la quantité de monnaie gardée sous forme liquide. A l'inverse, plus le taux d'intérêt est faible et plus grande sera la quantité de monnaie gardée sous forme liquide attendue à ce que les taux augmentent.

La relation inverse entre la demande de monnaie et le taux d'intérêt prouve à chaque fois qu'il y a augmentation au niveau de l'offre les taux d'intérêt baissent et vice versa. C'est parce qu'une augmentation de la masse monétaire entraîne du coté des agents économiques, des stocks de monnaie indésirables dont les gens veulent se débarrasser en procurant des titres, de propriétés ce qui fera augmenter le prix des biens et donc diminuer le taux d'intérêt.

Ainsi, les budgets de l'Etat et la gestion fiscale d'un gouvernement doivent être utilisées pour maintenir les niveaux de saturation de la production et d'emploi. Une masse monétaire doit être ajustée de manière à investir le niveau désiré de croissance économique et des taux d'intérêt élevés qui décourageraient les éléments de la demande globale. Ainsi, selon cette théorie, les régulations des dépenses des décideurs publiques et la politique fiscale peuvent utiliser pour compenser les effets néfastes de la hausse des indices du coût de la vie et la baisse des produits des biens et services sur le marché par un ajustement de l'offre et de la demande.

C) La troisième théorie se repose sur les liaisons directes de l'offre. Ceux-ci incluent le rythme à long terme de l'investissement en capital, le niveau technologique, le groupement d'âge et le facteur du capital humain, le déplacement des activités industrielles, le niveau de la production nationale, le contrôle des matières premières, les événements politiques et sociaux que peuvent contrôler le niveau de chômage, ainsi que des contraintes économiques diverses telles que les problèmes monétaires et commerciaux, augmentations importantes du prix des biens complémentaires à l'instar du pétrole pouvant donner naissance à la stimulation des prix des autres produits. Ces problèmes relatifs à l'offre peuvent jouer un rôle important dans l'élaboration de politiques monétaires et budgétaires d'un pays donné.

I.4) Cadre structurel de la demande globale 

Lorsqu'on se situe à un degré de généralité suffisante, on peut immerger l'équilibre macroéconomique dans la théorie de l'équilibre général et même présenter la comptabilité nationale dans un cadre microéconomique qui respecte l'articulation des agrégats macroéconomiques.

Il est important de souligner que cette méthodologie ne correspond pas à la philosophie keynésienne qui est foncièrement macroéconomique. Keynes part du principe selon lequel le système capitaliste livré à lui-même a tendance à s'établir en sous-emploi. Comme l'emploi est lié à la production, Keynes recherche comment se forme le niveau de la production. Dans son modèle, la production suit la demande. C'est donc la demande globale qui détermine le montant de la production et par-là indirectement à l'emploi. Cette démarche débouche sur l'analyse « macroéconomique » de la formation de la « demande effective » ; on divise celle-ci selon les catégories d'agents qui lui donnent naissance ; elle est, en économie fermée, la somme de la consommation qui dépend des ménages, des investissements dont la plus grande part est le fait des entreprises et des entreprises publiques. Si l'on parvient à établir des fonctions de comportement telles que la demande globale soit une fonction suffisamment stable de variables réelles, alors on possède un outil « macroéconomique » pour expliquer le niveau de la production et de l'emploi et, éventuellement, pour le modifier.

Les économistes postkeynésiens qui ont réfuté les conclusions keynésiennes concernant le chômage permanent de l'économie capitaliste et les recommandations normatives pour le supprimer n'ont pas pour autant rejeter ce cadre méthodologique keynésien. L'équilibre entre l'offre et la demande globale et la scission de la demande par catégories d'agents qui la font varier sont un instrument d'analyse simple et relativement neutre par rapport à la philosophie du fonctionnement du système capitaliste. Car l'essentiel des divergences porte sur la stabilité des fonctions de comportements macroéconomiques. A partir de fonctions différentes, les économistes anti-keynésiens prouvent que si le fonctionnement du système capitaliste n'est pas contrarié, il a tendance à revenir de lui-même au plein-emploi à plus ou moins long terme, c'est-à-dire à l'équilibre général celui-ci étant entendu comme l'équilibre simultané sur tous les marchés, y compris celui de l'emploi. On voit dans ces conditions pourquoi les économistes anti-keynésiens croyant dans les fonctions macroéconomiques dans les comportements microéconomiques des agents. La démarche keynésienne au contraire n'a pas besoin de justifier ces relations de comportements sur des bases microéconomiques. Le fonctionnement des marchés (en particulier la concurrence) est trop imparfait. L'essentiel est de vérifier empiriquement des relations macroéconomiques stables entre agrégats réels.

Cette dualité dans l'explication des variations des composantes de la demande est d'ailleurs surtout apparente pour la fonction de consommation. La fonction d'investissement a été largement empruntée par Keynes à la théorie microéconomique d'Irving Fisher. Les dépenses publiques ont, quant à elles, une spécificité macroéconomique incontestable. C'est le caractère typiquement « keynésien » de la fonction de consommation qui a été l'objet des critiques les plus synthétiques par les économistes anti-keynésiens.

I.4.1) Analyse de la fonction de Consommation

La fonction de consommation keynésienne ne doit pas être isolée de sa problématique. Les économistes pré-keynésiens n'ont pas utilisé cette relation parce qu'ils n'en avaient pas besoin (7(*)). Dans la théorie néoclassique du court terme, le niveau du revenu global n'est pas une variable intéressante. Car il y a des mécanismes d'équilibre assurant le retour automatique du revenu réel au niveau correspondant aux pleines capacités productives de l'économie. Or, Keynes prétend que le niveau de l'emploi peut s'éloigner durablement du plein-emploi. Pour l'expliquer, il a besoin de connaître comment évolue la demande globale. La consommation est la composante la plus importante de la demande. D'autre part, à court terme, les investissements et les dépenses publiques peuvent être considérés en première approximation comme exogènes à la conjoncture. Aussi grâce à la fonction de consommation c'est-à-dire à la relation entre le revenu (ou la production) et la consommation, on peut obtenir le niveau de la production selon un modèle élémentaire faisant abstraction des comportements individuels et des mécanismes de marché.

Cette démarche a donné naissance à des discussions à trois niveaux :

i) La fonction de consommation keynésienne est une relation macroéconomique.

Certes, Keynes fonde cette relation sur une « loi psychologique » d'ordre microéconomique. Mais il n'approfondit pas les règles microéconomiques de détermination de la consommation à partir du revenu8(*). Il lui suffit une relation très simple qu'il insère dans la formation d'un équilibre macroéconomique. Il est important de noter que les économistes anti-keynésiens ont élaboré « de nouvelles théories de la consommation » sur le comportement microéconomique de l'emploi du revenu.

ii) La fonction de consommation de Keynes est une relation de court terme (9(*))

La théorie keynésienne est une analyse de l'équilibre à un moment donné. Keynes s'intéresse à la formation de l'équilibre statique et à sa modification avec la variation de certains paramètres. Aussi les relations de comportement qu'il emploie sont-elles utilisables à court terme. Les économistes anti-keynésiens ont révoqué en doute la stabilité de la fonction de consommation à court terme. Ils prouvent au contraire que cette fonction est stable uniquement dans le long terme entendu comme le temps nécessaire d'adaptation de l'équilibre à de nouvelles conditions. Cette observation, si elle est exacte, est extrêmement préjudiciable à la théorie keynésienne puisque l'absence de stabilité des fonctions de comportement réel à court terme dénaturerait la notion même « d'équilibre en terme réel » et exclurait la possibilité d'agir efficacement sur le niveau de cet équilibre par le biais de la modification de certains paramètres.

iii) La fonction de consommation pose un problème difficile d'estimation empirique

L'analyse keynésienne de la consommation est introspective. Keynes cherche à expliquer comment varierait la consommation à la suite d'une évolution de revenu. Il s'agit donc d'une relation de comportement ex ante11(*). Lorsque le débat se situe sur le plan statistique, il faut garder présent à l'esprit que les statistiques sont des données ex post ; ce sont des valeurs d'équilibre. Aussi il est difficile d'infirmer ou de confirmer une fonction de ce type par des calculs statistiques. Il y a deux méthodes possibles qui ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. On peut d'abord tester l'évolution simultanée dans le temps de la consommation et du revenu des ménages tels qu'ils sont donnés par exemples dans les comptes nationaux. Ce procédé a pour inconvénient de fournir évidemment des points d'équilibre. Ce qu'on obtient, ce n'est pas la fonction de consommation keynésienne, mais en fait la corrélation ex post entre le revenu et la consommation ; pour s'en rapprocher, il est nécessaire d'avoir des statistiques relativement peu éloignées dans le temps avec des variations de consommations suffisamment fortes. Une deuxième méthode consisterait à tester l'évolution de la consommation en fonction des diverses tranches de revenu de la population. Cette analyse supprime le problème temporel ; mais elle ajoute un défaut plus grave encore. Car la fonction de consommation keynésienne est une relation macroéconomique concernant l'ensemble des ménages.

Keynes émet un certain nombre d'hypothèses sur la forme de la fonction de consommation laquelle pourra être applicable au système économique du pays donné. Par ordre d'importance décroissante les propriétés de la fonction de consommation keynésienne sont les suivantes :

1) La consommation des ménages est une fonction stable du revenu global :

C =f(Y).

2) Si la propension marginale à consommer est la dérivée de la consommation par rapport au revenu, c'est-à-dire le rapport entre la variation de la consommation et la variation du revenu qui l'induit, d'après Keynes celle-ci est positive et inférieure à un :

dC /dY = f `y ; 0 < f `y <1.

Ainsi avec une fonction de consommation linéaire : C = aY + b, a est la propension marginale à consommer ; et on doit avoir : 0 < a < 1.

3) La propension marginale à consommer est inférieure à la propension moyenne.

4) La variable correcte déterminant la consommation est le revenu disponible des ménages (revenu après impôt) et non pas le revenu brut.

5) La propension marginale à consommer diminue lorsque le revenu s'élève.

Ces cinq premières hypothèses sont formalisées mathématiquement par une fonction :

C= f (Yd)

Yd : revenu disponible ;

0 < f 'yd <1 ; f '' yd < 0 .

6) La propension marginale à consommer dans le court terme est inférieure à la propension marginale à consommer dans le long terme.

Cela s'explique par le fait que le niveau de vie est plus flexible à long terme : l'accroissement de consommation s'adapte facilement en longue période à une croissance du revenu, qu'en courte période.

· Les fondements de la théorie de la consommation

La théorie du revenu permanent est une machine de guerre contre la stabilisation à court terme de la fonction de consommation. Friedman voulant prouver que seule la fonction de consommation de long terme est stable fonde sa théorie sur l'analyse microéconomique du comportement de consommation. Il a ouvert la voie aux « nouvelles théories de la consommation » qui envisagent la consommation dans le cadre de l'allocation des revenus de l'individu pour la durée entière de sa vie.

Dans cette section, on va d'abord faire la théorie pure de la répartition microéconomique du revenu entre la consommation et l'épargne puis on montrera comment Friedman a appliqué ce raisonnement de la théorie du revenu permanent.

· La théorie pure de la consommation dans un cadre temporel

A un moment to un agent reçoit un revenu Yto et désire le repartir en consommation et épargne :

Yto = Cto + Eto .

On cherche à connaître selon quelles règles il effectue ce partage. Pour cela, on suppose que l'agent se fait une idée de l'évolution de son revenu dans le temps, par exemple jusqu'à sa mort : (Yt).

Si les agents désirent épargner ou désépargner, c'est-à-dire ne pas consommer exactement à to la quantité de revenu reçu, il doit exister un marché financier, c'est-à-dire un endroit où s'échangent des titres de créance : quelqu'un qui désire consommer plus que son revenu cherche quelqu'un qui désire épargner;il lui vend un titre contre une certaine somme monétaire que l'agent dépensier va utiliser; il est précisé qu'à l'échéance de ce titre une somme monétaire sera rendue à l'épargnant moyennant un intérêt.

Le marché financier permet ainsi à chaque agent de repartir son flux de revenu initial (Yt) en une infinité de flux de consommation (Ct). L'épargne est donc envisagée comme un moyen d'adapter dans le temps un flux de revenu escompté à un flux de consommation désiré.

· Les fondements de la théorie du revenu permanent

L'analyse qui précède est la base des « nouvelles théories de la consommation » (12(*)). Celles-ci se placent dans le cadre temporel de la vie de l'agent et recherchent quelle est la consommation choisie à partir de l'image que l'agent se fait de la répartition de son revenu. On maximise alors un index d'utilité intertemporel sous la « contrainte de richesse » actualisant tous les revenus futurs :

Max U(Co , C1,...,Cn ) = k

Sous la contrainte :

Co + C1/ (1+i1) +.....+Cn / (1+ i1 )....( 1+ in)

= Yo + Y1/ (1+i1) +.....+ Yn / (1+ i1 )....( 1+ in)

La théorie du revenu permanent est une application de cette analyse.

1) Friedman part des définitions théoriques du revenu, de la consommation et de la richesse.

Il constate que le terme usuel de revenu (le revenu courant) est utilisé pour des motifs statistiques. Il ne correspond pas au concept théorique de revenu qui est la part de la richesse qu'un individu pourrait consommer en maintenant sa richesse intacte. Friedman (13(*)) appelle celui-ci le « revenu permanent ».

Friedman fait ensuite la même distinction entre la consommation mesurée sur la période (la consommation courante) et le concept théorique de consommation qui désigne la valeur des biens et services qu'on a décidé de consommer durant la période. Ce concept est différent de la consommation courante parce que celle-ci porte en partie sur des biens durables (appareils ménagers, mobiliers, automobiles, etc.) ; en pure théorie, ce qu'on consomme alors, ce sont les services rendus par ces biens non durables, on peut considérer que la consommation courante et consommation permanente sont statistiquement confondues.

2) Friedman se place ensuite dans le cadre inter temporel précédemment présenté.

Simplifiant l'analyse à deux périodes, le présent et le futur, il constate d'abord que la consommation présente Co est indépendante de la répartition (Yo,Y1) ; elle ne dépend que de la « richesse » de l'individu que représentent ses revenus actualisés : Yo + Y1/1 + i. Toute répartition (Yoi, Y1i) qui a la même valeur présente (qui correspond à la même richesse) donne une répartition finale de consommation (Co, C1). Donc on peut poser :

Co=f (W ,i ), (1)

Avec :

W = Yo + Y1/1+ i .

D'après Friedman cette observation change considérablement la fonction de consommation traditionnelle puisque c'est « la richesse » de l'argent qui détermine sa consommation ; le revenu courant n'a d'influence sur la consommation que par l'intermédiaire de son incidence sur la richesse totale.

Friedman introduit ensuite la définition théorique du revenu : c'est la partie de la richesse qu'on peut consommer tout en gardant son capital intact :

Yp = iW

En remplaçant dans (1), on a:

Co = f ( Yp/i , i ) = Ø (Yp, i)

Si on admet certaines hypothèses sur la structure des choix inter temporels, on obtient la fonction la plus simple possible qui est la relation fondamentale de la théorie du revenu permanent :

Co = Cp = á(i) Yp .

En fondant la théorie de la consommation sur le comportement microéconomique et en cherchant à démontrer que la consommation qui dépend de façon cruciale de la richesse n'est stable qu'à long terme, la théorie du revenu permanent a sérieusement ébranlé la fonction de consommation de Keynes.

Il ne faut pas se dissimuler que la discussion plonge ses racines dans la controverse philosophique sur l'opportunité de l'intervention de l'Etat sur l'activité économique. Car les économistes keynésiens qui font dépendre la consommation du revenu courant sont favorables aux actions de l'Etat pour modifier le niveau de la demande globale, par le budget en particulier : la forme keynésienne de la fonction de consommation de court terme est à la base de la théorie du multiplicateur. Au contraire, la théorie du revenu permanent qui insiste sur l'influence des variables permanentes de long terme comme la richesse conteste implicitement l'efficacité de l'action budgétaire sur la conjoncture.

I.4.2) La fonction d'Investissement

Les variables qui influencent le montant des investissements sont de deux ordres : il y a d'abord le coût des emprunts nécessaires à leur financement : plus le taux d'intérêt i est élevé, plus le montant d'investissements réalisés est faible.

D'autre part, les investissements évoluent avec la variation de production de l'entreprise.

Au niveau macroéconomique, on peut relier le montant agrégé des investissements aux variations de la production totale (Y). La fonction macroéconomique d'investissement dépend donc fondamentalement de deux variables :

I = (i, Y).

On introduit la fonction d'investissement dans le modèle keynésien en termes réels par la répercussion de la variation de la production sur l'investissement : une modification de la demande autonome déclenche un effet multiplicateur sur la production qui le transmet aux investissements et ainsi de suite.

Il est important de souligner cependant que contrairement à la de consommation, la théorie de l'investissement n'est pas spécifiquement keynésienne. La relation entre le taux d'intérêt et les investissements remonte à la Théorie de l'intérêt d'Irving Fisher dont Keynes s'est inspiré dans sa Théorie générale. D'autre part, la liaison entre l'investissement et la variation de la production qu'on appelle le principe d'accélération a été découverte dès 1909 par l'économiste français Aftalion et largement utilisée par l'Américain Clark dès 1917. Dans les deux cas, la fonction d'investissement est fondée sur la théorie microéconomique du comportement des entreprises. C'est pourquoi on présentera d'abord la théorie microéconomique traditionnelle de l'investissement selon l'analyse fishérienne inter temporelle, ensuite on étudiera le principe d'accélération et on présentera à la fin de ce chapitre l'interaction macroéconomique entre le niveau du coût de la vie par l'effet des rendements de la production nationale.

· La théorie fishérienne du comportement d'investissement

L'investissement est une augmentation de la capacité de production. Il y a plusieurs types d'investissements correspondant aux divers aspects du capital. L'investissement en « capital physique » est le propre de l'entreprise et peut prendre la forme de capital circulant (les stocks). L'investissement « en capital humain » permet d'accroître les revenus du travail (l'éducation, la formation professionnelle). Ce dernier est largement à la charge des ménages.

Il y a une analogie entre l'épargne et l'investissement. L'épargne, on l'a vu, est un moyen de transformer dans le temps une répartition de revenu escompté en une répartition de consommation désirée.

L'investissement modifie aussi la répartition initiale du revenu. Car, si avant l'investissement, sous quelque forme que ce soit, transforme cette répartition en diminuant les revenus des premières périodes du montant des sommes inverses et en augmentant les revenus ultérieurs du montant de rendement. Cette observation est à la base de la théorie fishérienne de l'investissement qui a été exposée de façon systématique par J. Hirschleilfer (14(*)).

· Le principe d'accélération

La théorie de l'accélération lie le montant des investissements entrepris au niveau de la production selon l'idée que plus « l'output » est élevé plus le capital nécessaire pour le produire est important.

La théorie élémentaire d'Aftalion qui reliait l'investissement à la production grâce à un coefficient de capital fixe (l'accélérateur simple) a été améliorée à la suite de travaux par la suite de travaux empiriques par l'introduction fondamentale des retards (l'accélérateur simple).

I.4.3) L'Etat

Selon la typologie traditionnelle de Musgrave (15(*)), l'État effectue trois sortes d'opérations : il a des fonctions d'allocation, de régulation et de répartition que l'on va analyser et illustrer brièvement.

· La Fonction d'allocation :

La satisfaction des besoins dans les sociétés occidentales est obtenue d'abord par le marché, c'est-à-dire par l'achat de biens et services en contrepartie d'un prix. Mais certains besoins sont collectifs. La fonction d'allocation de l'Etat est de pourvoir à ces besoins collectifs.

Lorsqu'un besoin n'est pas individualisé et que personne n'est prêt à le payer, on ne laisse pas à l'activité privée le soin de produire ces « biens collectifs ». Parmi ces biens, on trouve l'administration générale, la défense nationale, la justice, etc.

Même lorsqu'un besoin est satisfait par le marché, la prestation peut-être considérée comme non optimum du point de vue du bien-être de la collectivité de l'Etat. Ainsi dans le cas de rendements croissants, les coûts de la production sont décroissants. Si les firmes cherchent à égaliser leur revenu marginal à leur coût marginal, elles maximisent leurs pertes et non pas leurs profits. Les rendements croissants conduisent à une absence d'équilibre du niveau de production et à des situations de monopoles. L'Etat peut alors pratiquer une politique de subvention pour que l'entreprise produise un niveau d'output « optimum » pour la collectivité (chemins de fer, mines, etc.).

· La fonction de stabilisation :

La seconde fonction de l'Etat selon Musgrave est la stabilisation de la conjoncture. Les mouvements alternatifs de récession et d'expansion sont générateurs de chômage et d'inflation. En effet, reprenons la définition de la production potentielle idéale (YPE ) qui correspond au plein-emploi de main-d'oeuvre (NPE) :

YPE = f ( NPE , Ko )

Lorsque la demande globale diminue pour une raison quelconque, on a vu que la production des entreprises tombait au-dessous de la production de plein-emploi et s'accompagnait progressivement de chômage. Au contraire, si la demande globale augmente, alors, comme la production en valeur réelle ne peu pas dépasser la production de plein-emploi (YPE), les excès de demande sur les marchés vont pousser les prix vers le haut. Il y a des pressions inflationnistes.

La fonction de régulation de l'Etat consiste à agir sur le niveau de la demande globale pour atteindre le plein-emploi sans inflation, en la relançant en sous-emploi et en freinant au contraire en situation inflationniste.

Lorsqu'on dissocie la demande globale entre ses principales composantes, on fait apparaître les divers aspects de la régulation »

Y = CM + I + G + (X-M)

L'Etat modifie d'abord le niveau de la demande globale par la politique budgétaire qui agit sur celle-ci directement par les dépenses publiques (G) et indirectement par l'influence des impôts sur la consommation des ménages (CM).

Mais la stabilisation ne se limite pas à la politique budgétaire. L'Etat peut aussi freiner la demande globale en utilisant la politique monétaire. Si par exemple, les Investissements ( I ) diminuent quand le taux d'intérêt s'élève, une politique monétaire de hausse du taux de l'intérêt ralentit la conjoncture.

Enfin lorsqu'on dévalue la monnaie, les biens produits dans le pays sont moins chers pour le reste du monde ; les exportations augmentent et les importations diminuent : (X-M) croît. La dévaluation relance la production : au contraire, la réévaluation freine l'emballement de l'activité.

· Les opérations de redistribution de revenu

L'Etat réalise deux catégories d'opérations de redistribution. On trouve d'abord des redistributions à caractère économique : ce sont les subventions d'exploitation qui ont pour objectif de renflouer le compte d'exploitation des entreprises. A cet effet, les charges d'exploitation de l'entreprise bénéficiaire sont considérées comme trop lourdes par rapport à sa valeur ajoutée. D'autre part, les subventions d'équipement qui ont pour but de faciliter le financement des investissements.

A la faveur de ce tour d'horizon sur les différentes approches littéraires et ces courants de pensées, les plus remarquables en tout cas sur le coût de la vie et la production nationale, il a été permis d'élaborer la base nécessaire permettant de poursuivre le traitement de notre sujet de recherche. Aussi, il vient à présent d'aborder le second chapitre de ce travail qui traite du « Contexte macroéconomique d'Haïti : 1975&2005».

II.) Contexte macroéconomique d'Haïti

L'Economie haïtienne ne connaît que des taux de croissance très faibles depuis la décennie des années 80. En moyenne le PIB a progressé moins vite que la population, ce qui s'est traduit par une baisse du produit par habitant entre 1987 et 2000, baisse qui s'est encore aggravée entre 2000 et 2005. Suite aux différentes tergiversations politiques enregistrées dans le pays durant ces périodes, les investisseurs trouvent assez de raisons valables pour tourner le dos au pays.

En effet, selon les informations tirées du document du CEPALC en date du 12 Août 2005, intitulé :''La Pauvreté en Haïti : Situation, Causes et Politiques de Sortie'', le PIB réel par habitant a été estimé à US$ 457 en 1987, à US$ 352 en 2000 et à US $ 328 en 2003. La production par tête a donc diminué selon un taux moyen annuel d'environ 2% selon les données dont dispose l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI). Cependant, l'offre globale de biens et services a progressé entre 1987 et 2000 avant d'amorcer une nette tendance à la baisse après 2000. L`offre et la demande globale de biens et services par tête est passé de US$ 599 en 1987 à US$ 760 en 2000 (1,9 % de croissance annuelle entre 1987 et 2000) et à US$ 703 en 2003 (-2,6 % de décroissance annuelle entre 2000 et 2003). Quant à la consommation par tête, elle était estimée à US$ 426 en 1987, à US$ 565 en 2000 (2,2 % de croissance annuelle entre 1987 et 2000) et, enfin, à US$ 512 en 2003 (-3,2 % de décroissance annuelle entre 2000 et 2003). Les importations, évaluées en valeurs constantes de 1986/87, dépassent désormais le PIB et jouent un rôle déterminant dans l'économie Haïtienne. Leur poids relatif est passé de 23,6% de l'offre globale en 1987 à 53,5 % de celle-ci en 2003, alors que la valeur des exportations s'est réduite au cours des années 90 et que le poids relatif des exportations ne représente, en valeurs constantes de 1987, que 24% du PIB. Haïti est donc ancré profondément dans une logique économique dominée de plus en plus par la migration internationale et alimentée, en contre partie, essentiellement par l'accroissement des transferts courants. L'existence des transferts renforce, par ailleurs, la migration rurale/ urbaine déjà intense à travers la demande, désormais possible, de nouveaux biens et surtout de services.

Exprimée en volume, la consommation totale de biens et services valait 156 % du PIB en 2003 contre 93% en 1987. Le revenu moyen est donc nettement plus élevé que le PIB par habitant à cause de l'importance des transferts unilatéraux publics et privés. Les transferts privés estimés à US $ 48,54 millions en 1985 ont été évalués à US $ 506,00 millions en 2000 et à 811 millions de dollars en 2003. Quant aux transferts totaux, ils ont progressé passant de US $145,04 à US $ 699,00 millions entre 1985 et 2000 et à US $ 907 millions en 2003. En 2003, les transferts représentent 35% du PIB, 2,2% des exportations brutes de biens et services, 3,3% fois les exportations brutes de marchandises dominées par l'industrie légère de sous-traitance et un peu plus de 6 fois les exportations nettes de marchandises.

Après une contraction de 3,50% l'année dernière, l'économie a affiché en 2005 une croissance de 1,80%, légèrement supérieure à l'objectif révisé du gouvernement haïtien (1,50%) dans le programme signé avec le FMI1. Ce taux de croissance, inférieur à celui de la population (2,08%), s'est toutefois réalisé dans un contexte sociopolitique marqué d'un côté par des épisodes de violence urbaine au cours des trois premiers trimestres et, de l'autre côté, par la flambée des prix du pétrole sur le marché mondial ajoutant à l'inquiétude ambiante.

Sur le plan interne, l'augmentation du crédit au secteur privé a favorisé la reprise des investissements privés et l'accroissement des exportations compensant ainsi la contraction des investissements publics. En effet, ces derniers ont diminué de 48% et leur poids dans le budget est passé de 21% en 2004 à 12% en 2005. En revanche, le crédit au secteur privé s'est accru de 21,27% en terme nominal et de 5,60% en terme réel. Conséquemment, l'expansion du volume des investissements privés (1,44% de croissance en termes réels) et de celui des exportations (3,38%) a, en 2005, concouru à une hausse de 2,22% de la demande globale. La consommation a aussi connu un regain de vigueur (+2,20 en 2005 après -3,72 en 2004) et le volume des importations a pris de l'ampleur (+2,60 % en 2005 contre -1,1% en 2004).

Sur le plan externe, l'économie a affiché un certain dynamisme tant au niveau des exportations qu'au niveau des importations. En effet, en dépit du ralentissement de la croissance du commerce mondial (+7,30% contre + 9% en 2004) et de la croissance du PIB des États-Unis (+3,5% contre +4,2% en 2004), la demande pour les produits haïtiens est restée ferme et a permis de générer une augmentation de 22,76% de la valeur des exportations. Cette performance est attribuable notamment à l'accroissement de la valeur des exportations du café (+ 64,72%), des produits de la petite industrie (+ 31,87 %) et des articles manufacturés (+ 29,35%). Parallèlement, la valeur des importations totales a progressé de 8,66%, principalement sous l'impulsion de celles des produits pétroliers (+41,07%) et des articles manufacturés divers (+ 45,42%).

L'excédent enregistré au niveau de la balance globale a permis une augmentation des réserves nettes de change, lesquelles, cependant, ne suffiraient tout au plus qu'à régler 50% de la facture d'un mois d'importations additionnées au montant des arriérés sur la dette externe.

Les informations tirées du tableau I peuvent donner un exemple de la situation économique du pays.

Ainsi, ce chapitre présente l'analyse du taux de croissance du PIB, le comportement du secteur réel via l'IPC (voir le tableau I), le niveau du revenu national expliqué par le poids de ses composantes telles que la consommation globale des ménages, l'investissement global et le système de la balance commerciale durant la période sous étude.

Tableau I 

Présentation des branches d'activités du secteur réel et de l'IPC

(En millions de gourdes constantes)

(Périodes :  1975&2005.

Périodes

Sp.

Ss.

St.

%PIB

IPC

1975/76

1758633

912591

1538532

-

100

1976/77

1798247

980300

1598974

3.7

100

1977/78

1848840

1056401

1751347

6.2

100

1978/79

1961479

1164520

1883916

7.6

100

1979/80

1976078

1300795

2079740

7.4

132.01

1980/81

1937843

1192232

2066540

-2.9

147.96

1981/82

1877632

1151995

2006867

-3.4

159.95

1982/83

1743382

1215537

2081579

0.7

174.31

1983/84

1804509

1171383

2095864

0.3

188.37

1984/85

1815581

1202101

2111397

0.6

204.06

1985/86

1859166

1168804

2136111

-0.5

221.55

1986/87

1880503

1147513

2118167

0.8

196.87

1987/88

1922512

1149753

2104391

0.2

196.57

1988/89

1920733

1165884

2129735

1.1

210.93

1989/90

1876575

1172131

2167315

-0.1

246.78

1990/91

1939162

1031314

2225489

0.3

295.50

1991/92

1925194

648021

1990777

-13.2

327.98

1992/93

1754341

670066

2007487

-2.4

398.67

1993/94

1557044

616811

1918259

-8.3

628.29

1994/95

1402565

751053

2053784

4.4

623.44

1995/96

1398533

831255

2078415

2.7

652.56

1996/97

1373100

886311

2091136

1.4

736.27

1997/98

1402900

943908

2130449

3.1

830.02

1998/99

1425570

996031

2143252

2.2

889.79

1999/00

1422791

1013380

2173450

1.1

1015.54

2000/01

1435620

1005802

2167966

1.05

576.56

2001/02

1382234

1018936

2194776

-0.25

657.90

2002/03

1385544

1031060

2199650

0.36

723.0

2003/04*

1318915

1008832

2115563

-3.51

1424.53

2004/05**

1353263

1033585

2149684

1.79

2805.53

Source : Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (Division des Synthèses Économiques).

Notes : Semi-Provisoires- ** Provisoires.-

Informations utilisées dans ce tableau :

Les données pour la période allant de 2000 à 2005 ont été raccordées à base de 1975.

IPC : Indice des Prix à la Consommation, %PIB : taux de croissance du PIB, Sp : secteur primaire,

Ss : Secteur secondaire, St : secteur tertiaire

II.1) Analyse comparative du taux de croissance du PIB

Dans tous les pays du monde, il existe toujours un ou des secteurs qui contribue (nt) davantage à la production nationale ou à la richesse d'une nation donnée. En Haïti, le modèle de production nationale est reposé sur l'apport de l'un de ces trois secteurs à savoir le primaire, le secondaire et le tertiaire. Ces trois catégories peuvent se résumer sous le nom de branches d'activité du secteur réel, auxquels pouvant être identifiées de part leurs domaines respectifs au niveau de l'économie.

En effet, le premier secteur regroupe les différentes activités liées à l'agriculture, le second s'intéresse davantage à l'agro-industrie ou secteur manufacturier et le troisième s'engage dans les activités des branches marchandes et non-marchandes notamment le tourisme qui constitue l'un des éléments stimulant le niveau du revenu national.

Selon les informations tirées du tableau I, l'évolution du taux de croissance économique, pour la période allant de 75 à 80, a été satisfaisant. Cet accroissement est dû à la contribution majoritaire du secteur agricole qui constituait l'élan favorable du revenu national jusqu'à la décennie des années (70). La décennie 80 a été la première période de l'économie nationale à connaître des moments de troubles sociopolitiques graves, notamment en 1985, et des successions continuelles de gouvernements résultant de l'instabilité politique du pays.

L'instabilité politique a atteint son point culminant durant la décennie 90 qui a vu le chaos de l'économie nationale. Cette situation résulte des méfaits de l'embargo commercial qui a duré environ trois (3) ans (1991/94) suite au coup d'Etat militaire de Septembre 1991. Durant cette période, le taux d'inflation a donc évolué à plus de 50% (hyperinflation)16(*).

La dernière période, allant de 2000 à 2005, paraît encore pire comparativement aux décennies précédentes. En effet, l'insécurité chronique oblige encore davantage d'investisseurs à tourner le dos au pays. La réduction favorable du niveau du tourisme, la mauvaise gouvernance et bien d'autres méfaits se comptent parmi les principaux facteurs contribuant au problème de la décroissance économique du pays.

Donc, les données fournies dans le Tableau I corroborent en outre parfaitement la situation économique du pays durant la période sous étude.

II.1.1) Analyse du PIB et de l'Indice des Prix à la Consommation (IPC)

II.1.1.1) Secteur primaire

La part du secteur agricole dans la formation du PIB a affiché une tendance à la hausse tout au long de la période allant de 1975 à 1990 pour un résultat signifiant pour le taux de croissance du Produit Intérieur brut et de l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) (voir tableau 1). Car, l'agriculture constituait le moteur du développement de l'économie par le biais de la politique de libre échange avec comme partenaires principaux les pays de la Caraïbe. Cette politique allait être rapidement cessée au cours de la décennie des années 80, suite au recul prononcé du secteur agricole expliqué par le manque de compétitivité des produits locaux naissent ensuite les bouleversements politiques, plus particulièrement vers la moitié de cette dite période. L'incapacité de ce secteur s'explique par la devance du tertiaire comparativement aux deux autres où le niveau du revenu des ménages ne fait que décroître, soit de 1859166 contre 1880503 du secteur agricole et 2136111 contre 2118167 du secteur tertiaire, d'un niveau de décroissance du revenu national en terme du PIB et une montée sauvage du coût de la vie soit 204.06 contre 221.55% pour l'ensemble de la période allant de 1984 et 1986 (Cf. tableau I).

Les informations lues dans les comptes économiques pour la période allant de 1996 à 2004 stipulent les faits suivants :

- Entre 1985 et 2003, le pays n'a pas accordé une grande importance au secteur agricole, malgré une demande très forte. Le pouvoir d'achat des agents économiques ne cesse de décroître avec comme corollaire la réduction des prix des produits primaires. Les investissements privés de ce secteur ont été très fortement découragés et la rentabilité économique et financière du secteur public insignifiantes. Le déclin de l'agriculture s'est accentué de même que l'émigration massive vers les villes et les pays d'outre mer (le phénomène de l'exode rurale) comme conséquences néfastes, l'intensification de l'érosion accompagné des catastrophes naturelles de l'agriculture.

- De 1999 à 2003, le déclin du secteur agricole poursuit sa course effrénée en dépit de la dévaluation de la gourde qui rend plus compétitive la production locale sur le marché mondial. Ces investissements n'ont pas eu lieu à cause du contexte politique défavorable aux bailleurs de fonds locaux et étrangers.

La valeur ajoutée des branches : agriculture, sylviculture, élevage et pêche a enregistré en 2004 une chute de plus de 5% contre une légère hausse de 0.3% l'année précédente. Compte tenu de son poids relativement élevé (25%) dans la formation du PIB, cette réduction considérable des activités agricoles a eu évidemment une influence négative sur l'évolution d'ensemble de l'économie (l'agriculture a du faire face à la fois à des périodes de sécheresse et d'inondation au cours de l'année 2004).

Après un recul de 4,80% en 2004, le volume du secteur primaire a progressé de 2,60% en 2005, contribuant ainsi pour 36,73% à la croissance du PIB dont il représente les 27, 58% (Voir le rapport annuel 2005 BRH, paragraphe 2 et 3, page 12). Cette progression est due à un bénéfice enregistré au niveau de la pluviométrie clémente et relativement bien distribuée. Ces conditions climatiques favorables aux activités agricoles sont dues à l'intense activité cyclonique de cette année qui a provoqué de fortes et fréquentes précipitations dans presque toutes les régions agricoles du pays. Cependant, quoique la fréquence des catastrophes naturelles ait augmenté en 2005, les conditions météorologiques ont été plus favorables, contrairement à l'année dernière. Les deux cyclones précédemment mentionnés ont largement affecté les infrastructures de base ainsi que la production agricole. Selon les informations fournies par le Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CNSA, Bulletin de Conjoncture # 11), le passage des deux ouragans a occasionné la destruction de 200 hectares de banane, 300 hectares de maïs et des pertes au niveau du bétail estimées à plus de 4,5 millions de gourdes, sans compter des pertes de matériels de pêches et autres.

Selon les résultats de l'Enquête sur les conditions de vie en Haïti (ECVH), enquête réalisée en 2001, les divers facteurs liés à la faiblesse continue de la production ou de l'exportation de certains produits sont les suivants :

· Niveau de technicité très faible, et même le plus bas de l'Amérique Latine et de la Caraïbe ;

· Pratique très rare de la taille, de la fertilisation et ombrage excessif ;

· Nombre très faible de techniciens travaillant dans le sous-secteur ;

· Inexistence de recherches appliquées ;

· Faible degré de fertilité des sols dû aux mauvaises pratiques culturales et au déboisement accéléré ;

· Maladies caféières (pourridiés et scolytes).

Tous ces problèmes ci-dessus mentionnés combinés aux déficiences sinon l'absence des infrastructures agricoles (routes, électricité, canaux d'irrigation) et des outils perfectionnés mettent à mal le gain de productivité et de compétitivité (les coûts de production étant excessivement élevés) dans le secteur primaire.

II.1.1.2) Secteur secondaire

Au niveau de ce secteur, le sous-secteur industrie d'assemblage, supposerait être le plus intéressant en terme de potentialité pour obtenir un avantage compétitif de l'économie nationale. Car, l'analyse des données du tableau I peut donner un exemple de la situation du secteur secondaire.

Le secteur industriel n'arrive pas à dynamiser l'économie haïtienne et à la libérer des contraintes agricoles. Sa contribution au PIB suit, de même que l'agriculture, une tendance continue à la baisse. Elle reste largement en dessous de la moyenne au niveau des pays de la Caraïbe où l'agriculture figure parmi les secteurs qui contribuent le moins au Produit Intérieur Brut et le coût de la vie ne cesse de croître de façon vertigineuse durant la totalité de la période sous étude (Tableau I).

Ce secteur bute sur un ensemble de contraintes. En tout premier lieu, l'un des traits caractéristiques de l'industrie haïtienne est le problème de sous-capitalisation17(*). Elle est dominée par de petites et moyennes entreprises dont le capital productif est faible. Les trois quarts des entreprises industrielles haïtiennes en 1999, soit 73%, ont un capital social ne dépassant pas 500 000 gourdes, quoique ce montant soit trois fois plus élevé qu'il ne l'a été en 1984, date à laquelle l'IHSI (Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique) a réalisé une enquête industrielle. En deuxième lieu, l'activité industrielle est totalement orientée vers la production de biens de consommation. Ceci peut être expliqué par le fait que de telles activités ne nécessitent pas un haut niveau de technologie dans le processus de transformation de la matière première de base. Le pourcentage d'entreprises produisant des biens d'équipements et des biens intermédiaires relativement faible : soit respectivement 18% et 16% de l'ensemble des unités. Or, un pays, on l'avait vu dans le tableau ci-dessus, ne peut connaître de croissance significative sans consentir une bonne élaboration de politique économique. Une autre caractéristique de la faiblesse de l'industrie haïtienne est le fait que plus de 70% des entreprises trouvent essentiellement leurs débouchés sur le marché local. Hormis le secteur de la sous-traitance, seulement quatre entreprises déclarent exporter une partie de leur production. Un pays comme Haïti dont l'exportation dépend pour l'essentiel des produits agricoles et où l'industrie est tournée vers la production de biens de consommation, souffre d'un énorme déficit de compétitivité. Les gains de productivité s'obtiennent grâce à l'amélioration continue des capacités technologiques principalement dans le secteur industriel. Les facteurs conjoncturels tels que l'instabilité politique, la mauvaise gestion macroéconomique et les chocs externes conduisent à l'affaiblissement de l'appareil productif.

D'autres facteurs bloquent encore le comportement de ce secteur. L'instabilité et l'insécurité politique et le faible contrôle des prix des produits du coté des décideurs étatiques représente un désavantage compétitif. En outre, La crise pétrolière occasionne également le recul des entreprises. Ce qui constitue une faiblesse pour la production nationale laissant à comprendre aussi le comportement des principaux indicateurs macroéconomiques tels : La consommation, l'investissement et le solde des exportations nettes, le poids du budget de l'Etat et le niveau du financement.

* 7 A quelques exceptions notables près, en particulier A. Marshall et surtout J.M.Clark dans sa théorie des fluctuations.

* 8 Qu'il connaît d'ailleurs parfaitement; car celles-ci se trouvent dans les oeuvres antérieures d'Irving Fisher : The Theory of Interest, Macmillan, New York, 1930 ; et aussi F.P.RAMSEY : « A Mathematical Theory of Saving », Economic Journal, décembre 1928, pp.543-559.

* 910 Dans l'analyse marshallienne qui est le cadre temporal traditionnel de l'équilibre macroéconomique, le court terme se définit comme la période durant laquelle le stock de capital reste constant .dans la théorie des prix qui s'applique à la fonction de consommation, la longueur de la période dépend de la durée prise en compte dans la décision. Par exemple, la demande à court terme représente les quantités demandées ex ante lorsque la décision porte sur courte période. A long terme, ce sont les quantités demandées pour être consommées sur une longue période. Donc la demande est toujours plus élastique à long terme qu'à court terme car il y a alors plus de substituts.

* 11 Au niveau microéconomique, les courbes d'offre ou de demande sont les relations de ce type.

* 12 Voir M.J. FARREL:»The New Theories of the Consumption Function», Economic Journal, December 1959.

* 13 M.FRIEDMAN: A Theory of the Consumption Function, op. cit. Chapter I, II et III.

* 14 J. HIRSCHLEIFER : »On the Theory of Optimal Investment Decision», Journal of Political Economy, Aout 1958.

* 15 R. MUSGRAVE : The Theory of Public Finance, McGraw-Hill, New York, 1959; voir aussi S.C.KOLM: L'Etat et le système des prix, Dunod, Paris 1971, Chapitres VI à IX, pp.169-230 ; et X.GREFFE : Economie publique, Economica, Paris I 1975.

* 16 Harry Salomon, article publié dans le Bulletin de l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), décembre 2003, volume I, No. 5, p. 6.

* 17 Politique macroéconomique et Pauvreté en Haïti (1981-2003) : MPCE, PNUD- Haïti. paragraphe 2 et 3, page 39.

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