· Conclusions & Recommandations
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La lecture des informations traitées dans les
précédents chapitres, c'est-à-dire la question de
l'interdépendance existant entre le niveau du coût de la vie et de
la production nationale pour l'ensemble de la période sous
étude. La galerie des données macroéconomiques
témoignent de la régression prononcée de l'économie
haïtienne suite au dernier résultat qu'a connu la décennie
des années soixante dix (70).
Les facteurs conjoncturels, tels que l'instabilité
politique, la mauvaise gestion macroéconomique et les chocs externes
conduisent à l'affaiblissement de l'appareil productif. Les
problèmes qui sont dus aux facteurs conjoncturels et structurels
augmentent les risques à l'investissement productif, d'où la
faible rentrée des capitaux dans le pays au cours des deux
dernières décennies, que ce soit à titre d'investissements
étrangers directs ou à titre de l'aide publique au
développement. Ceci, combiné à une mauvaise allocation des
ressources financières, entraîne un déficit
d'investissement productif qui compromet tout effort de relance
économique. Dans ce contexte, la libéralisation commerciale en
l'absence des politiques d'ajustement sectoriel ne fait qu'approfondir et
prolonger la crise économique des années quatre-vingt. Les
secteurs productifs, en proie à des contraintes structurelles,
n'arrivent pas à affronter les défis de la productivité et
de la compétitivité en raison de la faiblesse du stock de capital
productif : capital physique et capital humain.
Autour de la problématique existant entre le poids de
l'inflation et de la production nation nationale naît le slogan
prononcé par tous les groupes sociaux auxquels questionnent les branches
d'activités du secteur réel déclamés le peuple
« la vie chère ,la faim ». Nombre de raisons peuvent
expliquer cette décadence :
Le manque d'autorité ou la négligence
affichée de la part des décideurs publics, l'insuffisance ou le
manque total d'investissement dans le secteur primaire pour faire avancer
l'agriculture, les périodes tragiques de bouleversements politiques
ainsi que des politiques socioéconomiques inadéquates ne sont pas
les moindres pour expliquer la réalité combien troublante que
nous vivons...
Pour parodier l'Economiste Fritz DESHOMMES,
le problème du pouvoir d'achat des agents économique dans le cas
d'Haïti ne peut être éradiqué que dans la mesure
où les décideurs étatiques doivent s'unir pour poser les
bonnes questions afin de trouver les réponses adéquates pour
barrer la route à la hausse du coût de la vie en Haïti.
Baisse du coût de la vie et augmentation des revenus, tant réels
que nominaux, constituent deux facettes obligées et inséparables
de la lutte contre la vie chère. Dans un pays comme le nôtre
où la pauvreté absolue atteint 85% de la population, la
réalisation simultanée de ces deux objectifs est hautement
souhaitable.
L'évolution récente de l'économie
haïtienne montre que la BRH peut difficilement
contrôler la quantité de monnaie en circulation qui croît
avec la hausse du taux de change, dans la mesure où n'importe quel agent
économique peut demander à convertir ses devises en gourdes aux
taux du jour. Etant donné ce mécanisme incontournable de
croissance de la masse monétaire - lequel se trouve amplifié par
le fait que le déficit budgétaire est financé par la
création monétaire - il ne suffit pas de diminuer la
quantité de monnaie en circulation pour avoir une baisse de la demande
et des prix en Haïti28(*).
Sans vouloir prétendre définir ici un programme,
ou encore moins proposer des solutions miracles, il est permis toutefois, suite
aux analyses réalisées au niveau notamment des chapitres III et
IV de ce travail, de dégager certaines pistes susceptibles de contribuer
à l'élaboration et à l'application d'une politique
adéquate aux mécanismes du coût de la vie et de la
production nationale en Haïti. Ainsi, les recommandations retenues dans le
cadre de ce travail sont les suivantes :
A) Il faut qu'il y ait des mises en place d'un tissu de
Petites et Moyennes Entreprises de façon à disposer d'acteurs
capables de s'approprier les transferts de technologie et de savoir -faire.
cela nécessitera de la part des entreprises
haïtiennes un changement de comportement afin de :
-mieux saisir les tendances de marché régional
via des études spécifiques créneaux ;
- développer des stratégies de neutralisation
des contraintes et obstacles afin de renforcer leur capacité
d'exportation ;
-anticiper les tendances associées aux normes et
spécifications régionales et les intégrer dans leurs
paramètres techniques de production.
A) Politique des Finances Publiques
Au niveau des finances publiques, pour rétablir
l'équilibre de la balance des paiements (en ce sens de l'excès de
demande interne par rapport à l'offre qui a créé la
croissance négative de la balance des paiements), les dépenses de
l'Etat doivent être mesurées et orientées majoritairement
vers l'investissement. A ce sujet, il est souhaitable que l'Etat s'efforce
principalement de :
- Procéder à des réformes au niveau de
l'administration de manière à ce qu'elle soit plus efficace et
plus productive,
- Améliorer son système de taxation de
façon à contrôler efficacement les recettes fiscales dans
l'esprit d'envisager l'élargissement de l'assiette fiscale et des
procédures de recouvrement.
B) Mesures de stabilisations quantitative ou de
niveaux : éliminer le déficit ou éliminer
les dépenses budgétaires qui apportent peu à la
collectivité ou qui n'ont qu'un impact de second ordre sur la la balance
courante...
C) Mesures paramétriques de
stabilisation : éliminer les déséquilibres
sur les marchés (emplois, monnaie, commerce international) grâce
à des paramètres tels que le taux de change, les tarifs
douaniers, les taux d'intérêt ...les mesures paramétriques
relèvent du corps théorique néo-classique.
D) Mesures structurelles :
éliminer les contraintes structurelles (ce qui est
dénommé « blocages »).Ces mesures tiennent
compte de la nature keynésienne' de certains fonctionnements de
l'économie ;il en est de mesures qui suivent.
D) Mesures de
fluidité : éliminer les contraintes à
l'investissement dont les coûts de transaction, les défauts du
cadre légal, le non-respect des droits de propriétés...
E) Mesures de relance : fournir des
emplois de masse et viser l'augmentation durable de la croissance.
Telles sont les diverses mesures que devraient prendre en vue
de contrecarrer le problème de la montée du coût de la vie
et des paramètres explicatifs de la production nationale dans le cas d'
Haïti. Il est important d'éviter toutefois, le plus que possible,
que cette augmentation tant souhaitée de la production nationale ne se
réalise dans un cadre favorisant la concentration des revenus. Dans ce
sens là, plus que tous les autres acteurs, le rôle de l'Etat
est crucial et indispensable. Car, l'expérience a prouvé que la
croissance économique, sans une bonne politique de répartition
des richesses créées ne s'accompagne pas toujours d'une
amélioration significative des conditions de vie des ménages .
* 28
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 19.
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