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Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban

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par Harb MARWAN
Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007
  

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1 - Le développement économico-social harmonisé, facteur de renforcement de la cohésion nationale.

1,1- Le rétablissement de l'équilibre social et régional.

Antoine Messarra analyse avec pertinence dans « Le modèle politique libanais et sa survie » qu' « il existe dans la société libanaise quatre sortes de clivages : confessionnels, culturels, socio-économiques et régionaux. Si l'action directe sur les clivages confessionnels suscite des appréhensions et des réactions opposées et n'a pas de chance d'aboutir à courte et moyenne échéance, par contre l'action sur les autres clivages est fructueuse. Les clivages confessionnels, quand ils sont isolés, deviennent moins aigus et moins polarisants ; et quand ils sont corrélatifs d'autres facteurs de différenciation, augmentant en acuité237(*). » 

Depuis l'indépendance, disait-on, le Liban n'avait pas officiellement de politique économique, et l'on voyait dans ce laisser-faire une des raisons de sa prospérité. «  Certes, il faut reconnaître que l'absence de contrôle étatique excessif est structurellement liée à une telle prospérité, de même qu'elle est imposée, à l'évidence, par les éléments de base de notre économie : la position géographique commerciale, la vocation touristique... En outre, sa situation dans le Moyen-Orient, hypernationaliste et de plus en plus autarcique, commande au Liban d'être le pays du contraste, c'est-à-dire de la porte ouverte et des libres transactions, qui attirent les capitaux étrangers et les fortunes arabes fuyant les nationalisations238(*). »

Le libéralisme, s'il cachait une politique apparente, il était un parti pris en faveur des services et au détriment des autres secteurs économiques, un parti pris commerçant et beyrouthin par opposition à une politique économique nationale.

Ainsi, la logique et la mission de l'IRFED consistent dans le rétablissement de l'équilibre social et politique entre les classes et les régions à travers la limitation des troubles qui menacent l'existence et le rôle du libéralisme libanais dans le Proche-Orient. Dans cette perspective, l'analyse consiste à prévenir le gouvernement des explosions attendues dans la banlieue de Beyrouth et dans le sud en indiquant que le déséquilibre s'élargit tant entre les classes sociales qu'au niveau confessionnel. A partir de ses réalités sociopolitiques survenues, la mission IRFED a proposé de sauvegarder le libéralisme libanais à travers des opérations de « planification, de rationalisation et d'humanisation » comme des conditions nécessaires et impératives à la survie du système.

Laissée à elle-même, l'économie libanaise risque de développer un déséquilibre régional et social que l'on peut corriger par une politique libérale de développement harmonisé, par la planification souple et l'incitation élective.

Il s'agit en d'autres termes, sans nullement prétendre sacrifier les services et Beyrouth, d'entreprendre parallèlement un développement régional, industriel et agricole, susceptible de répondre à la poussée démographique et de déconcentrer l'économie.

L'introduction de l'enquête menée après la mission IRFED va centrer en effet son attention sur la « cohésion nationale et le rôle de Beyrouth » où nous pouvons y lire : « Les difficultés que rencontrent la naissance du sens civique et l'instauration d'une forte cohésion nationale ne peuvent être vaincues que peu à peu et si les diverses fractions du peuple se sentent largement bénéficiaires de la solidarité économique nationale239(*). C'est pour cela que les groupes actuellement privilégiés doivent chercher à atténuer les différences de leurs conditions de vie avec celles des groupes moins favorisés. Ils devront pour cela accepter une certaine austérité se manifestant en particulier par la loyauté fiscale et par l'acceptation d'un gros effort coûteux pour le développement des zones en souffrances. Ainsi, s'atténueront les oppositions toujours latentes de groupe à groupe qui empêchent la formation d'un peuple fraternel.

Le problème du développement au Liban ne saurait se jouer seulement en termes de croissance du revenu global ; c'est toute la structure du revenu national qui est en question et celle de la répartition des ressources de l'Etat. Il est fatal qu'il y ait un contraste saisissant entre le pays libanais des vrais villages et la place de Beyrouth, entre la ténacité provinciale d'une tradition plus que millénaire et la subtile habileté à saisir un prélèvement sur quelque flux rapide de marchandises ou de monnaie, ou quoi que ce soit. Cependant la richesse « du plus Grand Beyrouth » donne le change... On peut y percevoir le dénuement d'un sous-prolétariat en croissance pendant qu'au-delà du Liban central une large ceinture de villages pauvres et parfois miséreux souffre de nombreuses pénuries et parfois de l'insécurité. Les conditions d'une réaction populaire se nouent peu à peu, jusqu'à un certain point atténuées par l'appartenance communautaire, qui peut cependant devenir elle-même l'occasion d'états conflictuels240(*). » 

Le développement économique harmonisé pour le chéhabisme, comme nous l'avons indiqué auparavant n'est pas une fin en soi, mais un moyen pour créer la solidarité sociale et renforcer l'union nationale. L'action économique est conçue comme un mécanisme déterminant la réussite d'une conception nationale plus vaste. « La politique économique est une action délibérée de la puissance publique se traduisant par la mobilisation d'un certain nombre de moyens pour atteindre des objectifs définis en fonction d'une certaine philosophie ou idéologie241(*) »

* 237 - Antoine MESSARA, Le modèle politique libanais et sa survie, publications de l'Université Libanaise, Beyrouth, 1983, p. 195

* 238 - Charles RIZK, Le régime politique libanais... op.cit. p. 50

* 239 - « On peut estimer, dit le père Lebret que vers 1958-1960, la population Libanaise comprenait :

- 9% de miséreux, avec un plafond budgétaire annuel par famille de 1200 L.L.

(Suite) - 40% de pauvres, avec un plafond familial par an de 2 500 L.L.

- 30% de gens moyens, avec un revenu familial plafond de 5 000 L.L.

- 14% de gens aises, disposant d'un revenu familial jusqu'a 15 000 L.L.

- 4% de fortunes, disposant d'environ 30% du revenu total des familles. (Ibid.)

* 240 - Cité par Georges CORM, La Méditerranée, espace de conflit, espace de rêve, op.cit. pp. 225-226

* 241 - Encyclopédie de l'Economie et de la Gestion dir. A. Silem, Hachette, 2000, p.349.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery