Le chehabisme ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban( Télécharger le fichier original )par Harb MARWAN Université Saint-Joseph de Beyrouth - DEA en sciences politiques 2007 |
2,2 - La politique étrangère envers les pays occidentaux.Quant à la relation avec l'Est et les grandes puissances de l'Ouest, prenant pour assise - le Pacte de 1943 - le chéhabisme a construit une politique non agressive envers l'Union Soviétique, tout en considérant les pays socialistes comme des pays amis. De même, les relations avec l'Occident n'ont pas glissé vers l'alignement aux intérêts des capitales étrangères. Ces relations se justifiaient par l'échange culturel et économique avec les pays développés et les sociétés modernes pour permettre au Liban d'être la liaison entre l'Orient et l'Occident227(*). Une mission historique qu'il a toujours remplie. La relation avec les Etats-Unis était une relation de coopération et de respect mutuel mais avec une certaine réserve vu l'appui des Etats-Unis pour Israël. Cependant, les relations avec la France étaient intenses et solides dans les différents domaines économiques, et surtout au niveau culturel, appuyée par la politique d'ouverture du général De Gaulle envers les arabes après l'indépendance de l'Algérie en 1968. Toufic Kfoury rapporte que les relations avec la France s'accompagnaient du consentement des chrétiens aussi bien que des musulmans228(*). Pourtant, malgré la politique équilibrée du chéhabisme envers l'Est et l'Ouest, et la participation du Liban au congrès des pays non-alignés, le Liban était plus proche de l'Occident que du bloc communiste. Parce que, le président Chéhab était plus proche culturellement des valeurs occidentales et très attaché à la coopération avec la France sur tous les niveaux, à condition que cette coopération ne se reflète pas de façon négative sur l'unité nationale et ne déroge point aux intérêts des pays arabes. Avec un attachement profond à ce que cette coopération ne glisse en aucune manière vers l'alignement229(*). Les opposants au chéhabisme ont accusé le président Chéhab de mener une politique francophone et non anglo-saxonne. Et que l'amitié avec la France et la présence d'experts et de conseillers français autour de lui dérangeait Londres et Washington ! En fait, le président Chéhab a compté sur la France et ses experts pour maintes raisons. D'abord, parce que sa culture était essentiellement francophone et sa formation militaire s'est déroulée en France, ensuite, la présence dans les administrations libanaises de jeunes diplômés des universités françaises, et enfin - comme nous l'avons mentionné auparavant - la présence du général De Gaulle à la tête de l'Etat français et sa politique de coopération avec les pays arabes. En même temps, les relations des Etats-Unis avec les pays arabes et les relations anglo-arabes n'étaient point amicales voire conflictuelles. Dans ces situations, l'équilibre entre l'Est et l'Ouest était très délicat dans la politique chéhabiste. L'ouverture du chéhabisme et sa coopération intense avec la France ne furent jamais une cause de discorde avec les Etats-Unis, l'Angleterre et même l'Union soviétique. De même, la coopération avec l'Occident ne prédominait point sur la coopération interarabe. Cette politique d'équilibre a toujours été la politique du courant national arabe envers l'Occident230(*). * 227 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab... op. cit. p.111 * 228 -Toufic KFOURY, Le Chéhabisme et la politique de la décision.... op.cit. p.223 * 229 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab... op. cit. p. 112 * 230 - Bassem EL JISR, Fouad Chéhab... op. cit. p. 111 |
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