INTRODUCTION
L'étude de l'origine socio-économique et
culturelle des femmes et la participation de celles-ci à
l'éducation en matière de santé en général,
et en matière de sida en particulier, constituent l'objet de notre
recherche. Nous voulons savoir si le milieu socio-économique et culturel
des femmes a un effet sur leur participation à l'éducation en
matière de santé et sur la prévention du VIH/SIDA.
La présente recherche comprend quatre chapitres.
Dans le premier chapitre, nous avons présenté
le contexte de la recherche en passant en revue le bilan des
actions en faveur de l'éducation au Niger, les perspectives alternatives
pour améliorer l'accès à l'éducation des groupes
vulnérables que sont les femmes. Cette analyse de la situation dans
laquelle les filles et les femmes nigériennes vivent, nous amène
à notre question problème générale de recherche.
Le deuxième chapitre trace le cadre conceptuel
et la recension des écrits sur l'éducation des filles et
des femmes. Nous avons d'abord procédé à la
définition des concepts-clés qui structureront notre cadre
problématique et par la suite, nous avons fait un état des lieux
des recherches menées sur l'éducation des filles et des femmes en
Afrique en général et au Niger en particulier.
Le cadre problématique et les
hypothèses font l'objet du chapitre trois. Nous avons
montré comment nous comptons opérationnaliser les variables de
notre étude. Dans le quatrième chapitre nous exposons le
cadre méthodologique de la recherche dans lequel nous
présentons : population cible, échantillon et instruments
permettant la collecte des données.
Enfin, le chapitre cinq présente l'analyse des
résultats de notre recherche.
La conclusion ou synthèse nous permet
de faire un bilan de notre recherche, de comparer les idées
annoncées et les résultats obtenus en perspective d'une
thèse.
L'éducation demeure l'une des préoccupations
importante de l'espèce humaine. Elle est un droit universel que toute
société humaine assure à ses membres. L'éducation
entretient les valeurs, les conduites et les comportements essentiels à
la cohabitation pacifique et à l'épanouissement des individus.
Selon Weil, (1971) «rien d'humain ne se fait, rien d'humain ne s'est
jamais fait sans éducation». Dans le même sens, Louke,
(1981) affirme que «l'éducation est aussi cause et effet de
l'évolution du monde».
Dans de nombreux pays en Afrique, l'école est un
héritage de la colonisation dont elle ne s'est pas complètement
démarquée. Elle continue, dans de nombreux Etats, à
appliquer et à poursuivre les finalités, les objectifs, les
contenus et les structures définis et mis en place par l'école
coloniale. Pourtant, partout en Afrique, le développement de
l'éducation est l'une des revendications essentielles des luttes de
libérations nationales et ces revendications continuent à occuper
la première place dans les politiques de l'éducation nationale,
c'est-à-dire la formation des citoyens, la scolarisation et les
problèmes qu'elles soulèvent. Malgré tout le poids du
passé ici et là facilement repérables, des efforts
louables ont été accomplis.
Dans les années 1960, au lendemain des
indépendances, la majorité des Etats africains s'était
fixé comme objectif l'amélioration sensible et durable de leurs
systèmes éducatifs. Les mesures visaient à créer
des écoles qui favorisent les apprentissages fondamentaux, l'insertion
des jeunes dans leur milieu et leur préparation à la vie active.
C'était l'affirmation d'une véritable refondation des
systèmes éducatifs car l'école, dans son contenu et ses
orientations, n'était pas suffisamment ouverte aux
réalités du milieu. Aujourd'hui encore, la plupart des familles
africaines ne voient en l'éducation scolaire qu'une formation
nécessaire pour devenir fonctionnaire. La situation est encore plus
préoccupante, parce que les ruraux qui souhaitaient envoyer leurs
enfants à l'école voient leurs chances se réduire à
cause de la crise économique du moment. La fonction publique et le
secteur privé recrutent de moins en moins alors qu'ils constituent les
seules chances d'insertion socioprofessionnelle.
Compte tenu de la combinaison des efforts du passé et
des difficultés économiques du moment, les systèmes
éducatifs africains en général et le système
éducatif nigérien en particulier ne semblent pas avoir
relevé, voire être en mesure, de relever tous les défis.
Face à la demande d'éducation, d'énormes efforts sont
à faire. Par exemple, les inégalités d'accès
à l'enseignement de base et les disparités entre sexes demeurent
importantes dans l'ensemble des pays en développement où l'on
note un plus grand pourcentage d'accès des garçons en
première année de l'école primaire que les filles (UNESCO,
MINEDAF VII, 1998).
Face aux défis qui sont : l'accroissement
démographique de la société et les variations de la
qualité de l'éducation, d'autres expériences
méritent d'être testées pour améliorer l'effort
d'accès, de rétention et les résultats de
l'éducation.
En effet, la scolarisation formelle n'est pas le seul mode
d'éducation connu de l'homme, même s'il est le système
dominant à travers le monde. Or, cette forme de scolarisation ne permet
pas toujours d'accéder à la réussite dans de très
nombreux pays à travers le monde. Aujourd'hui en Afrique en
général et au Niger en particulier, les principaux obstacles
à la scolarisation sont de nature économique et
financière. Aussi, le Niger, l'un des pays les moins scolarisés
de l'Afrique Occidentale francophone, recherche-t-il des systèmes
alternatifs moins coûteux et adaptés à ses besoins. Les
recommandations de la sixième Conférence des Ministres de
l'Education des Etats membres d'Afrique (MINEDAF VI Dakar, 1991) et du Forum
«Education Pour Tous» (Dakar, 2000) servent de cadre
général aux innovations en cours de réalisation au Niger.
Ces innovations visent l'éducation pour tous, mais surtout
l'éducation de base avec un accent sur les jeunes enfants, les filles,
les femmes, les groupes marginaux, les pauvres, les jeunes analphabètes
et les adultes, afin de répondre à leurs besoins éducatifs
fondamentaux (UNESCO, Jomtien 1990, article 1, point 1 de la Déclaration
mondiale sur l'Education pour Tous).
Les innovations et alternatives éducatives mises en
oeuvre doivent tout à la fois contribuer à améliorer
l'accès à l'éducation, en particulier des groupes
sensibles de la population, rehausser la qualité et l'efficacité
des systèmes éducatifs en général, mais aussi
permettre aux individus de trouver des réponses pertinentes à
leurs besoins et attentes spécifiques. Dans bien des cas, les
innovations et alternatives éducatives doivent permettre de faire face
à la résistance à l'éducation de type formel et au
phénomène de déscolarisation qui semblent gagner du
terrain dans certaines régions des pays confrontés à des
revendications économiques, culturelles et religieuses. Nous pouvons
noter parmi celles-ci la montée des intégrismes religieux.
Dans ce sens, les innovations et alternatives
éducatives devront être considérées comme des
composantes crédibles et significatives des systèmes formels
d'enseignement. C'est à ce titre qu'elles doivent en plus de
l'amélioration de l'accès qui semble être la
préoccupation primordiale des pouvoirs publics, dispenser des programmes
d'alphabétisation aux effets durables et offrir des programmes
pertinents à la fois par rapport aux attentes et besoins actuels, sans
perdre de vue la réalisation de bonnes conditions d'autonomie
économique à leurs bénéficiaires.
Dans cette perspective et pour la première fois de son
histoire, le système éducatif nigérien s'est vu doter
d'une loi n°98-12 du 1er juin 1998, qui vise à asseoir
le système sur des bases nouvelles et réalistes. La loi de 1998
vise à faire face aux nombreux défis de formation et
d'apprentissage, y compris dans le domaine de l'éducation en
matière de santé et en particulier en VIH/SIDA.
En réalité, l'éducation en matière
de santé semble vouée à un bel avenir. C'est un volet
essentiel des nouvelles approches en éducation. Elle prend un relief
particulier du fait du sida. Le péril du VIH/SIDA a encore rendu plus
pertinente cette approche en matière d'éducation.
Quelles stratégies mettre en oeuvre pour vaincre les
obstacles socioculturels à l'éducation des filles et des femmes
et atteindre un plus grand nombre de participants ? Dans quelle mesure les
programmes d'éducation comme l'éducation en matière de
sida pourraient-ils contribuer à l'amélioration de l'accès
à l'éducation d'un grand nombre de filles et de femmes ?
Cette approche alternative permet-elle de pallier la qualité de
l'éducation qui passe par l'acquisition des compétences
socialement et économiquement utiles ? Dans quelle mesure ces
programmes d'éducation en matière de santé permettent-ils
à un plus grand nombre de participants d'accéder à un
certain type de savoir réservé à l'éducation
formelle en particulier les femmes ?
Quels sont les attentes et besoins d'éducation des
femmes qui s'inscrivent au programme de santé et de lutte contre le
sida ? Quelles perceptions les bénéficiaires des programmes
d'éducation en matière de santé et du sida, en particulier
les femmes et les jeunes filles, ont-elles de ces programmes spécifiques
d'éducation ? Quel est leur degré d'adhésion et
d'engagement dans le suivi des formations dispensées ? Quels
profits, les bénéficiaires de ces programmes en
tirent-ils ?
C'est à toutes ces questions que nous tenterons de
trouver des réponses tout au long de notre recherche.
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