INTRODUCTION
Actuellement environ 40 % de la population mondiale soit deux
milliards de personnes habitants des pays les plus pauvres du monde pour la
plupart, sont exposées au paludisme. C'est une maladie des
régions tropicales et sub-tropicales. Elle est responsable chaque
année de 300 millions de cas de maladie aiguë et d'au moins un
million de décès dont 90 % surviennent en Afrique au sud du
Sahara principalement chez les jeunes enfants de moins de cinq ans et
les femmes enceintes. Il représente 10 % de la charge totale
de morbidité du continent.
Chaque année nous enregistrons au Sénégal
dans les structures sanitaires, environ 8000 décès qui sont
imputables au paludisme et toutes les statistiques de ces dernières
années s'accordent à placer le paludisme au premier rang des
motifs de consultation et des causes de mortalité.
Au Sénégal l'épidémiologie du
paludisme a fait l'objet de plusieurs travaux, l'endémie palustre a
été étudiée partiellement ou entièrement
dans différentes zones biogéo-graphiques, à travers ses
composantes majeures : niveau et modalités de la transmission,
niveau de l'endémicité, morbidité et stratégie de
lutte.
Le Sénégal est subdivisé en trois zones
biogéographiques: La zone sahélienne au Nord, la zone
sahélo soudanienne au centre et la zone soudano guinéenne au Sud.
La prise en compte des paramètres de la transmission et de la
morbidité permet de distinguer un faciès sahélien au nord
et au centre et un faciès tropical au sud (Faye et al 1993, Faye et al.
1995). L'épidémiologie du paludisme est fonction des conditions
écologiques et socio-économiques locales déterminantes
dans les relations étroites qui existent entre l'hôte le parasite
et le vecteur. Actuellement, on assiste à des modifications sensibles de
l'écosystème dans certaines zones biogéographiques du pays
avec notamment la mise en oeuvre de barrages dans la vallée du fleuve
Sénégal en zone sahélienne et au niveau du bassin de
l'Anambé en zone soudanienne. Ces aménagements entrent dans le
cadre d'une politique d'autosuffisance alimentaire, basée sur la
maîtrise de l'eau dans le but de promouvoir l'agriculture irriguée
notamment la riziculture. Un phénomène d'urbanisation croissante,
mais aussi la présence de modifications naturelles sont aussi
notés dans certaines parties du territoire national.
Ces nouvelles conditions écologiques peuvent
créer une instabilité du paludisme pouvant se traduire par une
augmentation de la morbidité, la survenue d'épidémies
(Gaye et al. 2000) et la diffusion de souches de parasites résistantes
aux antipaludiques. La répercussion de la riziculture irriguée
sur le paludisme a été étudiée au Burundi et au
Burkina Faso et les résultats obtenus sont contradictoires (Coosemans.
1985, Robert & al. 1985). Si dans le premier pays, le
paludisme a progressé de manière inquiétante avec
l'extension de la riziculture, dans le second, la transmission en zone rizicole
n'a pas augmenté.
Au vu de cette situation actuelle, une étude
épidémiologique du paludisme, tenant compte
des modifications environnementales permettra de mieux cerner ce
problème de santé publique au Sénégal.
Dans ce mémoire nos objectifs ont été de
préciser le profil épidémiologique du paludisme dans des
zones présentant des caractéristiques écologiques
très différentes, au niveau des trois strates
biogéographiques du Sénégal. Ainsi, les sites
d'études ont été sélectionnés en zone avec
aménagements hydro agricoles (riziculture): Kassack Sud (au Nord) et
Madina Dianguette (au Sud), en zone de polycultures vivrières sous
pluies : Boki Diawé (au Nord) et Némataba (au Sud),
en milieu urbain: Touba (au centre) et en zone de mangrove :
Tassinère (au Nord). L'étude a été
réalisée entre Juin 2003 et Mai 2005 durant les
différentes saisons de l'année et dans chaque site la
prévalence, la morbidité et la transmission du paludisme ont
été évaluées.
Après les généralités sur le
paludisme, les différents districts sanitaires étudiés ont
été présentés et la méthodologie
utilisée a été décrite. Dans la troisième
partie nous avons présenté les résultats obtenus, la
discussion et les conclusions de notre étude.
GENERALITES
SUR LE
PALUDISME
I/DEFINITION
Le paludisme ou encore malaria est une protozoose due à
différentes espèces de parasites du genre plasmodium. La maladie
est transmise à l'homme par la piqûre de l'anophèle femelle
infectée. C'est la parasitose la plus répandue dans le monde,
responsable d'une morbidité élevée, 300 millions de cas
cliniques par an et d'une mortalité élevée avec au moins
un million de mort par an dont les 90 % surviennent en Afrique sub
saharienne.
II-/ EPIDEMIOLOGIE (1, 2, 3,4)
1. Agents pathogènes (22, 7)
1.1. Classification
L'agent pathogène du paludisme appartient :
Phylum des Apicomplexa
Classe des Sporozoae
Sous classe des Coccidia
Ordre des Eucoccidiidae
Sous ordre des Haemosporina
Famille des Plasmodiidae
Genre Plasmodium
Quatre espèces sont parasites pour l'homme, celles-ci sont
regroupées en deux sous-genres :
Sous-genre Plasmodium : P.vivax, P.ovale,
P.malariae.
Sous-genre Laverania :
P.falciparum.
Plasmodium vivax et P. falciparum sont les
plus rencontrés. L'infection à P. falciparum est la plus
sévère et peut entraîner la mort du patient.
1.2- Morphologie et cycle évolutif
[56]
La morphologie change sans cesse dans son aspect et sa taille,
au cours du cycle biologique. Les plasmodies sont des parasites
intracellulaires dont la multiplication nécessite un hôte
intermédiaire vertébré (homme) où se déroule
le cycle asexué ou schizogonie, et un hôte définitif
invertébré (anophèle) chez qui se déroule la
multiplication sexuée ou sporogonie.
1.2.1 Chez l'homme
Au cours d'une piqûre chez l'homme, l'anophèle
femelle infestée injecte avec sa salive dans un vaisseau sanguin, des
sporozoïtes (éléments fusiformes de 8 à 12
micromètres de diamètre) localisés dans ses glandes
salivaires. Ces sporozoïtes se répartissent rapidement dans tout
l'organisme, pénétrant activement et indifféremment dans
différents types cellulaires. Seuls les sporozoïtes ayant
gagné le foie et franchi une dernière barrière
constituée par les cellules de Kupffer, poursuivent leur cycle :
c'est la schizogonie tissulaire ou cycle exo-érythrocytaire. Le
sporozoïte pénètre dans l'hépatocyte et se transforme
en trophozoïte, puis en schizonte. A maturité le schizonte
hépatique encore appelé corps bleu, éclate,
libérant des mérozoïtes : formes
uninucléées qui initieront la phase érythrocytaire. Le
mérozoïte de provenance tissulaire pénètre dans
l'hématie par endocytose et s'y transforme en trophozoïte jeune.
Aux dépens de l'hémoglobine dont il se nourrit, le
trophozoïte élabore des grains de pigment noir :
l'hémozoïne, résidu voisin de l'hématine. Parvenu
à maturité il se forme un schizonte composé d'un certain
nombre de mérozoïtes qui se disposent en une forme
régulière appelée « corps en rosace »,
avec le pigment rassemblé au centre du schizonte. Le corps en rosace
mûr se dilate puis éclate, libère le pigment et les
mérozoïtes qui vont parasiter des hématies vierges. Il
semble que c'est l'éclatement quasi simultané des corps en rosace
appartenant à la même génération qui provoque
l'accès fébrile observé au cours du paludisme.
Cet accès fébrile est de type :
Tierce : toutes les 48 heures, pour P. falciparum,
P.vivax, P.ovale.
Quarte : toutes les 72 heures, pour P.
malariae.
Amorce du cycle sporogonique dans le sang
Plus ou moins tôt après l'invasion du sang,
certains trophozoïtes installés dans les hématies vont subir
une évolution particulière. Leur développement va aboutir
non à la formation des schizontes, mais à la formation de
gamétocytes mâles et femelles. Ces gamétocytes
dépourvus de tout pouvoir pathogène ne peuvent plus
évoluer chez l'homme, ils sont les seuls éléments aptes
à contaminer l'anophèle femelle.
1.2.2. Chez l'anophèle femelle
En prenant un repas de sang sur un sujet infesté,
l'anophèle femelle absorbe les différents stades du parasite. Les
éléments asexués : trophozoïtes et schizontes
sont digérés. Seuls les gamétocytes poursuivent leur
développement.
Le gamétocyte mâle, parvenu dans l'estomac du
moustique, libère 4 à 8 éléments minces,
allongés, flexueux, mobiles : c'est le phénomène de
l'exflagellation. Ces éléments sont appelés
microgamètes. Quant aux gamétocytes femelles, ils subissent une
maturation et deviennent des gamètes femelles ou macro
gamètes.L'un des microgamètes pénètre dans le
macrogamète ; les deux noyaux fusionnent, il y a fécondation
et formation d'un oeuf mobile appelé ookinète. Cet
ookinète, grâce à sa mobilité va s'enfoncer dans la
paroi de l'estomac du moustique pour finalement s'immobiliser entre
l'épithélium et la couche musculaire. Il devient un oocyste qui
va grossir pour atteindre et même dépasser 60 micromètres
de diamètre. Le noyau de l'oocyste se divise plusieurs fois, les
divisions cytoplasmiques suivent. Il se forme ainsi à l'intérieur
de l'oocyste des milliers d'éléments, qui d'abord arrondis, vont
devenir fusiformes, allongés : les sporozoïtes. Parvenu
à maturité, l'oocyste éclate et libère les
sporozoïtes qui vont envahir les glandes salivaires du moustique.
L'anophèle devenu infectante contaminera un nouvel individu en lui
inoculant lors d'un repas de sang, des sporozoïtes. La durée du
cycle sporogonique est en moyenne de 10 à 40 jours, en fonction de la
température, de l'humidité de l'air, de l'espèce
plasmodiale hébergée par l'anophèle.
D'une façon générale P.
falciparum et P. vivax évoluent plus rapidement que P.
ovale et P. malariae surtout.
Le cycle sporozoïque n'est possible qu'au-dessus d'une
certaine température :
17° C pour P. vivax et P. malariae.
2. La Transmission
2-1- Les vecteurs [32,56]
Les vecteurs du paludisme humain appartiennent tous au genre
Anopheles.
Les anophèles appartiennent au phylum des Arthropodes,
à la classe des Insectes, à l'ordre des Diptères, au
sous-ordre des Nématocères, à la famille des Culicidae
à la sous famille des Anophelinae et au genre Anopheles.
On compte environ 400 espèces anthropophiles et
zoophiles d'anophèles dans le monde. Mais seules 60 d'entres elles sont
des vecteurs de paludisme dans les conditions naturelles. Les mâles se
nourrissent uniquement de jus sucrés, ils ne piquent pas. Les femelles
ont besoin de protéines pour assurer le développement de leurs
ovaires ; elles le puisent dans le sang des vertébrés, dont
l'homme. Seules les femelles sont donc capables de transmettre le paludisme.
En Afrique tropicale les vecteurs majeurs sont :
Anopheles gambiae qui est un complexe
d'espèces :
Anopheles arabiensis,
Anopheles melas,
Anopheles gambiae (ss).
Anopheles funestus.
Anopheles moucheti.
Anopheles nili.
Au Sénégal 20 espèces d'anophèles
sont actuellement connues. Mais les principaux vecteurs du paludisme sont
Anopheles gambiae et Anopheles funestus.
2.2. Réservoir de parasites
L'homme infecté et l'anophèle femelle
constituent les réservoirs de parasites pour les principales
espèces. Cependant, P. malariae peut être
retrouvé chez le singe.
2.3. Mode de contamination
Ils sont de trois ordres :
2.3.1 Transmission par piqûre d'anophèle
femelle infestée :
Elle est assurée par des anophèles femelles
anthropophiles âgés, porteurs de sporozoïtes dans leurs
glandes salivaires. Lors d'un repas sanguin chez un sujet infesté,
l'anophèle ingère en même temps les formes plasmodiales
infectantes. Ces plasmodies sont inoculées à un sujet sain lors
d'une nouvelle piqûre. Ce mode de transmission est le plus habituel.
2.3.2 Transmission par transfusion sanguine ou
accident
Elle résulte de la transfusion de sang parasité
provenant de donneurs plus ou moins anciennement infestés apparemment
sains : c'est « le paludisme de seringue »,
rencontré chez les malades transfusés, les toxicomanes et.
2.3.3 Transmission congénitale
C'est la transmission de la mère à l'enfant par
le sang placentaire : c'est le paludisme congénital. [12,
56]
2.4 Hôtes réceptifs
Tous les hommes sont réceptifs mais on observe une
résistance innée chez les sujets présentant des
antigènes DUFFY sur leurs hématies et chez les sujets
présentant une hémoglobinopathie de type S.
2.5 Les facteurs favorisants la
transmission
2.5.1 La température
Le cycle sporogonique nécessite une température
minimale de 15° C pour P. vivax et P. malariae et
22° C pour P. falciparum. La
température optimale se situe autour de 27° C pour
P. ovale.
2.5.2 L'eau et l'humidité
Les eaux stagnantes constituent les gîtes larvaires. Les
pluies, en entretenant ces eaux, participent à la multiplication des
vecteurs et à l'endémie palustre. L'humidité influe
positivement sur la longévité du vecteur.
2.5.3 Les facteurs anthropiques
Des modifications du réseau hydrographique (barrage et
irrigations) entraînent la prolifération des vecteurs.
Les modifications des couverts végétaux, la
déforestation, favorisent la multiplication des espèces dans les
mares ensoleillées.
Le développement des transports, favorisant les
mouvements de population, entraîne une dissémination des
vecteurs.
Les conditions socio-économiques défavorables,
(promiscuité), peuvent favoriser la transmission.
2.5.4 Les facteurs individuels
Grossesse : la diminution de
l'immunité au cours de la grossesse expose la femme enceinte
à un paludisme grave.
Age : les enfants de 0 à 5
ans sont les plus exposés du fait de leur immunité encore
imparfaite.
Profession : toute profession exposant
l'homme à la maladie : médecins, infirmiers, sages-femmes,
techniciens de laboratoire
1. La répartition
géographique
Le paludisme sévit actuellement dans la ceinture de
pauvreté du monde, c'est-à-dire dans les zones tropicales et
intertropicales, à l'état endémique. Il est surtout
redoutable en zone tropicale où il existe Plasmodium
falciparum, agent du paludisme grave, potentiellement mortel. Les zones
impaludées se répartissent ainsi :
Afrique : le paludisme est largement
répandu dans toute l'Afrique intertropicale et à
Madagascar ; par contre il est rare en Afrique du Nord.
Amérique : le paludisme est
présent en Amérique centrale, en Amérique du Sud où
il est en progression, en particulier au Brésil, dans les Guyanes et en
Haïti. Par contre aux Antilles françaises et en Amérique du
Nord il est absent.
Asie : il sévit
intensément en Asie mineure, dans la péninsule indienne, en
Birmanie, en Chine, en Thaïlande et au Vietnam.
Océanie : il est présent
en Nouvelle Guinée, aux îles Salomon. Il est absent en Tahiti, en
Nouvelle Calédonie et aux îles Loyauté. Les foyers du
Nord-est de l'Australie ont disparu.
Europe : le paludisme a
été éradiqué et a disparu de ses anciens foyers.
Mais on observe le paludisme d'importation, surtout en France, qui est en
pleine augmentation du fait de l'essor des déplacements vers les pays
tropicaux et une chimioprophylaxie mal observée
[56]
2. Indicateurs épidémiologiques
(7)
La paludométrie évalue l'intensité de
l'endémie palustre à l'aide de certains indices dans la
population humaine et dans la population vectrice.
4-1. Chez l'homme
L'indice splénique (IS) : il
représente le pourcentage de sujets porteurs de
splénomégalie. Cet indice est apprécié chez les
sujets de deux à neuf ans non soumis à une chimiothérapie.
Il est peu spécifique et reflète les
réinfections successives.
L'indice plasmodique (IP) :
représente le pourcentage de sujets examinés présentant
des hématozoaires dans leur sang périphérique. Il
renseigne sur le degré d'endémicité dans une
collectivité.
Chez l'enfant de moins un an, il reflète la
fréquence des infections récentes. Chez l'adolescent et l'adulte,
il informe sur le degré d'immunité de la population
considérée.
L'indice gamétocytaire,
représente pourcentage de sujets porteurs de gamétocytes dans la
population humaine.
Il indique le potentiel infectant de la population vis a vis
des anophèles et donc le risque d'infectivité.
L'indice
séro-épidémiologique est déterminé
par la moyenne géométrique des titres d'anticorps
spécifiques obtenus chez des sujets donnés.
Les valeurs de ces différents indices,
déterminent les zones d'holo, d'hyper, de méso et
d'hypo-endémie (cf. tableau 1).
Tableau 1 : Définition des régions
d'endémicité palustre
Zone hypo-endémique
|
IS entre 0 et 10 %, IP inférieur à 25 %
|
Zone méso-endémique
|
IS entre 11 et 50 %, IP entre 26 et 50 %
|
Zone hyper-endémique
|
IS entre 51 et 75 %, IP entre 51 et 75 %
|
Zone holo-endémique
|
IS supérieur à 75 %, IP supérieur
à 75 %
|
IS : Indice splénique / IP : Indice
plasmodique.
4.2 Chez le vecteur
L'indice sporozoitique : il
représente le pourcentage d'anophèles d'une espèce
donnée chez lesquels les glandes salivaires disséquées
dans les vingt quatre heures suivant la capture, contiennent des
sporozoites.
L'indice oocystique : il
représente le pourcentage d'anophèles femelles d'une
espèce donnée, chez lesquelles une dissection
exécutée, dans les vingt quatre heures suivant la capture
établit la présence d'oocystes dans l'estomac
5. Faciès épidémiologiques
(68)
On appelle faciès épidémiologique, une
région ou un ensemble de régions où le paludisme
présente, dans ses manifestations pathologiques, des caractères
communs liés aux modalités de transmission du parasite.
Plusieurs faciès ont été
décrits :
Les faciès équatorial et tropical où le
paludisme est stable, présent tout au long de l'année ou
saisonnier. Toute la population est touchée et développe une
prémunition pendant la prime enfance au prix d'une mortalité
infanto-juvénile élevée, les adultes étant ensuite
peu touchés par la maladie.
Le faciès sahélien où la stabilité
du paludisme est intermédiaire ;
Le faciès désertique et montagnard, où le
paludisme est instable. L'irrégularité de la transmission
empêche le développement d'une prémunition et, au cours de
certaines années pluvieuses et /ou chaudes, des épidémies
touchant presque toutes les classes d'âge peuvent éclater.
Ces différents faciès peuvent être
localement modifiés par les cours d'eau, les reliefs et les sols.
* Cas particulier du Paludisme Urbain
En Afrique, le paludisme est une endémie
essentiellement rurale. Il n'existe pas de vecteurs spécifiquement
urbains. En milieu urbain, la transmission est globalement beaucoup plus
faible qu'en milieu rural, cela explique le niveau d'immunité plus
faible des populations urbaines. On assiste depuis quelques années
à une urbanisation accélérée. De plus en plus de
sujets naîtront et vivront en permanence dans les villes ou la
transmission anophélienne est faible, voir nulle. Ils n'acquerront pas
d'immunité de prémunition. Ils s'infecteront essentiellement
à l'occasion de brefs séjours en zone rurale et pourront
développer, quelque soit l'age, des formes graves de paludisme et
particulier des neuropaludismes. Ainsi, de par cette accélération
de l'urbanisation en Afrique, on peut prévoir pour les prochaines
années, une diminution des taux d'incidence du paludisme (les individus
auront une probabilité plus faible d'être infectes), mais surtout
une augmentation de la proportion des formes graves de paludisme de part
l'absence de prémunition. C'est ce qui nous permet d'écrire que
pour l'Afrique « Le paludisme urbain, c'est le paludisme de
demain » (BAUDON et al. Med. Trop., 1996, 4, 56
323-325)
III- MANIFESTATIONS
CLINIQUES
Les manifestations cliniques du paludisme sont diverses dans
leur expression et leur gravité. Elles dépendent d'une part de
l'espèce plasmodiale et de l'intensité de l'infestation, d'autre
part de l'hôte et de sa prémunition.
1- Accès simples (32)
1.1. Primo invasion
Elle touche les sujets neufs non immuns et les enfants vivant
en zone d'endémie.
L'incubation est silencieuse, dure 7 à 21 jours, mais
elle peut atteindre 6 à 9 mois pour certaines souches.
1.2- Accès simple intermittent
Ces accès sont fréquents en zone
d'endémie et se caractérisent par la succession de trois stades
précédés de prodromes à type de
céphalées, arthralgies, myalgies, nausées, c'est le stade
de frisson, le stade de chaleur et le stade de sueur. L'évolution est
rapidement favorable sous traitement.
2- Accès graves (1, 7, 55)
Le neuropaludisme, fait partie des formes graves du paludisme,
il est dû essentiellement à P. falciparum. Il s'agit
d'une urgence médicale majeure pouvant mettre en jeu le pronostic vital
surtout chez l'enfant. On note une fièvre très
élevée atteignant 40°C ou plus ; des
troubles neurologiques réalisant typiquement le tableau d'un coma
fébrile d'intensité variable mais le plus souvent calme. Des
convulsions peuvent survenir généralisées ou
localisées, associées à des troubles du tonus, des
manifestations psychiatriques peuvent être associées.
3- Cas particuliers
3.1- Paludisme de l'enfant
Le paludisme est la première cause de mortalité
infantile mondiale, la première cause des convulsions fébriles en
Afrique noire.
Les accès sont fréquents jusqu'à
l'adolescence où les survivants sont prémunis. Le paludisme est
toujours potentiellement grave chez l'enfant. Le diagnostic, parfois difficile,
doit être envisagé devant tout syndrome fébrile. Le
traitement doit être urgent pour éviter l'évolution vers
les symptômes neurologiques graves pourvoyeurs de séquelles, et
qui peuvent évoluer vers la mort.
3.2- Paludisme de la femme enceinte (66)
En zone d'endémie le paludisme est un risque important
pour la femme enceinte, qui est susceptible surtout dans le dernier trimestre
de la grossesse. Les anémies maternelles sont fréquentes, mais
aussi la prématurité, le petit poids de naissance, les
avortements, la rétention d'oeuf mort, les hémorragies du post
partum, et la transmission à l'enfant : c'est le paludisme
congénital.
IV/ DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE (32,29)
Le diagnostic de certitude du paludisme est apporté par
la mise en évidence du parasite dans le sang.
1. Diagnostic direct
Il se réalise par l'examen direct au microscope optique
de prélèvements sanguins effectués de
préférence avant tout traitement antipaludique, au moment des
pics fébriles. Les techniques les plus utilisées sont la goutte
épaisse et le frottis sanguins.
1.1. La goutte épaisse :
Elle constitue l'examen de référence, c'est une
technique de concentration des parasites. L'examen se fait au microscope
optique, à l'objectif 100 en utilisant de l'huile à immersion. La
numération se fait en comptant les parasites rapportés au nombre
de leucocytes. L'examen peut mettre en évidence de faibles taux de
parasitémie.
1.2. Le frottis sanguin :
C'est l'étalement mince d'une goutte de sang
prélevée au doigt sur une lame de verre. L'examen se fait
après fixation à l'alcool et coloration au Giemsa. Il permet un
diagnostic d'espèce plus précis mais ne permet pas de
dépister des parasitémie faibles.
Lames d'une goutte épaisse et d'un frottis
sanguin (30)
1.3. Le QBC (Quantitative Buffy Coat) :
Cette méthode associe l'isolement des hématies
parasitées à une coloration par un fluorochrome (l'acridine
orange) à partir d'un prélèvement sur tube capillaire.
Elle a une sensibilité élevée mais ne permet pas une
identification précise des espèces plasmodiales ni une
numération parasitaire.
1.4. La PCR (Polymérase Chain
Réaction) :
C'est un processus d'amplification de l'ADN
parasitaire utilisant des stades de dénaturation et d'amplification du
matériel génétique. Son coût élevé
limite sa diffusion.
1.5. L'utilisation de la sonde à
ADN
Elle permet de reconnaître dans un
prélèvement de sang, après marquage préalable par
un radioscope ou une enzyme, les fragments du génome du parasite.
Ces méthodes permettent de faire un diagnostic rapide
[10, 22].
2- Diagnostic indirect
Ce sont des méthodes immunologiques. La présence
de Plasmodium dans le sang provoque la formation d'anticorps
dirigés contre les antigènes du parasite. On peut ainsi titrer le
complexe antigène anticorps.
Ces différentes techniques sont :
l'immunofluorescence indirecte, l'hémagglutination indirecte, le test
ELISA, l'immunochromatographie.
2.1- Immunofluorescence indirecte
C'est la mise en évidence de l'anticorps
anti-parasitaire grâce à des immunoglobulines conjuguées
à une substance fluorescente.
2.2- Hémagglutination indirecte
Diverses dilutions de sérum étudié sont
mises en présence d'hématies jouant le rôle de particules
inertes à la surface desquelles les antigènes sont
fixés.
2.3- Test ELISA (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay)
Ce test utilise des antiglobulines conjuguées pour
mettre en évidence la présence d'anticorps spécifiques
anti-parasitaires. [56]
2.4- Les tests rapides de diagnostic
2.4.1- Le test de détection de
l'Histidin Rich Protein 2 (HRP-2)
Un test rapide, manuel et spécifique de Plasmodium
falciparum. Il est basé sur la détection de l'Histidin Rich
Protein 2 (HRP-2) qui est une glycoprotéine spécifique de
Plasmodium falciparum. Il s'agit d'un antigène soluble dont la
sécrétion est constante tout au long du cycle
érythrocytaire du parasite.
2.4.2- Le test de détection
de la lactico deshydrogénase plasmodiale
Le test OptiMAL* est constitué d'un panneau
d'anticorps monoclonaux développé à partir des
érythrocytes infectés par Plasmodium falciparum qui
peuvent se lier à la pLDH active. La pLDH (Plasmodium Lactico
déshydrogénase) est une enzyme glycolytique soluble
exprimée à des niveaux élevés aux stades
asexués des parasites du paludisme. Elle est trouvée chez chacune
des quatre espèces humaines de Plasmodium. L'activité de
la pLDH est corrélée avec le niveau de parasitémie
trouvé dans les cultures in vitro de parasites et dans le plasma des
patients infectés, diagnostiqués par la microscopie.
V / LA LUTTE ANTIPALUDIQUE (4, 13,
35, 69)
Elle comprend le traitement curatif et la prophylaxie du
paludisme.
1. Traitement curatif
1.1. Les antipaludiques
1.1.1. Les Schizonticides
On distingue des schizonticides naturels : la quinine
(dérivé du quinquina ou encore « cinchona »)
et l'artémisinine (dérivés du quinghaosou) et des
schizonticides de synthèse qui comprennent les amino-4-
quinoléines, les amino- alcools, les antifoliniques et les
antifoliques.
1.1.1.1. Les schizonticides naturels
a) La Quinine (35)
C'est le premier antipaludéen découvert. Par ses
propriétés pharmacologiques, il constitue le médicament de
l'urgence, surtout en cas de paludisme grave.
b) L'artémisinine (quinghaosou)
Il serait plus puissant que la quinine. Son activité a
été découverte en Chine au début des années
70. Deux de ses dérivés sont actuellement utilisés dans le
traitement du paludisme :
? L'artésunate: c'est un
dérivé hémisuccinate, il est surtout utilisé dans
les accès palustres traités tardivement ou en cas d'échec
d'un traitement antérieur bien ou mal conduit.
? L'arthéméter :
c'est un dérivé méthyle-éther qui est
préconisé dans le traitement des formes graves ou suspects de
résistance.
1.1.1.2. Les shizonticides de synthèse
a) Amino-4-quinoléines
Ce sont des antipaludiques très largement
utilisés.
.Chloroquine
Très largement utilisée jusque récemment
du fait de sa tolérance aux doses usuelles, de son coût peu
élevé et de son élimination lente, assurant une
imprégnation prolongée. Mais elle pose actuellement le
problème de la chloroquino-résistance d'où son abandon
dans plusieurs zones, notamment au Sénégal, dans le cadre des
nouvelles directives nationales de prise en charge du paludisme.
.Amodiaquine
b) amino-alcools
Méfloquine
Halofantrine
c) Antifoliques
Ils inhibent la transformation de l'acide
para-amino-benzoïque (PABA) dont l'hématozoaire a besoin pour sa
croissance, en bloquant l'activité de la synthétase de l'acide
dihydrofolique. On distingue :
- Sulfadoxine
- Sulfaméthopyrazine
Sulfones et sulfamides ne sont pas employés
isolément mais en association aux antifoliniques.
d) Antifoliniques
Ce sont des inhibiteurs de la réductase de l'acide
dihydrofolique, empêchant ainsi la transformation de l'acide folique en
acide folinique.
On distingue :
Les biguanides : Proguanide
Les diamino-pyrimidines : - Pyriméthamine
- Trimétoprime
2.
Prophylaxie du paludisme (26,57)
2.1. Protection mécanique
Elle vise à éviter les piqûres des
moustiques par différents moyens :
v Aménagement des locaux avec la mise en place de
grillages aux portes, fenêtres et ouvertures.
v Utilisation de moustiquaires : de toutes les
méthodes pour empêcher les moustiques de piquer, dormir sous une
moustiquaire imprégnée d'insecticides est probablement la plus
efficace. Les MII diminuent le contact humain avec les moustiques en les tuant
s'ils s'y posent, ou en les repoussant et en les éloignant des endroits
où les gens dorment [67].
v Utilisation de produits répulsifs sous forme de
lotion, de crème, à appliquer sur les parties de la peau
exposées aux piqûres de moustiques.
v Pulvérisation d'insecticides pour détruire les
anophèles endophiles, sur les murs intérieurs et les plafonds des
habitations.
v Utilisation de tablettes et spirales insecticides :
assurant une protection efficace d'une durée d'au moins 8 heures.
v Utilisation d'aérosols et de liquides
insecticides : efficaces au moment de la pulvérisation mais ne
peuvent pas protéger durablement un individu se trouvant dans un espace
ouvert.
2.2. La chimioprophylaxie
Elle comprend :
La protection des sujets non immuns voyageant vers les zones
d'endémie palustre par la prise de médicaments efficaces sur les
souches plasmodiales existantes; La protection des populations sensibles dans
les zones d'endémie palustre. Le choix des molécules sera
fonction de la sensibilité des parasites et des politiques
nationales.
2.3. Lutte anti-vectorielle
Elle s'adresse aussi bien aux stades larvaires qu'au stade
adulte du moustique vecteur.
2.3.1- Lutte anti-larvaire
Moyens physiques
Il s'agit de mesures d'assainissement qui
s'inscrivent dans le cadre du développement économique et
social : drainage des marais, destruction des biotopes de larves,
assèchement des canaux d'irrigation.
Moyens chimiques
Epandage d'huiles minérales mélangées
à 1% d'insecticides (DDT, Dieldrine) à la surface des cours
dormants, pour asphyxier les larves de moustique.
Moyens biologiques
- Poissons larvivores : Gambusia, Nothobranchis,
Tilapia.
- Protozoaires tels que les vers nématodes de la
famille des Nermithidae : Nosema.
- Champignons microscopiques.
- Bactéries telle que Bacillus
thuringiensis.
- Utricaire : plante d'eau douce qui empoisonne les
larves.
2.3.2- Lutte anti-adulte
Elle est basée sur l'utilisation d'insecticides
capables de tuer les vecteurs afin d'interrompre la chaîne de
transmission. On a les organochlorés (DDT), les Organophosphorés
(téméphos ou abate), les carbamates (propoxur ou Baygon), les
pyréthrines (Allithrine ou Yotox)
MATERIELS
ET
METHODES
I/ PRÉSENTATION DES DIFFERENTS DISTRICTS SANITAIRES
ÉTUDIES
A/
District de Matam (Zone
Sahélienne)
1) Situation géographique
Situé à 450 km de Saint-Louis, la région
est limitée:
- Au Nord par le district sanitaire de Podor
- Au sud par le district sanitaire de Bakel et la
région de Tambacounda
- A l'Ouest par le district sanitaire de Linguère
- A l'Est par le fleuve Sénégal et la
république Islamique de Mauritanie.
Le district de Matam couvre une superficie de 29000
km2. Le climat est du type sahélien, chaud et sec avec deux
saisons, une saison sèche qui dure 9 mois et une autre pluvieuse
(hivernage) qui dure 3 mois. Le sol est latéritique dans la partie Ouest
et Sud Ouest du district appelée Ferlo et argileux le long du fleuve
Sénégal. Deux affluents du fleuve (Bakel et Dioulol) divisent la
zone argileuse en deux aires géographiques différentes : Le
Dièri et le Walo. La crue du fleuve et les eaux de pluies
entraînent l'enclavement de Juillet à Décembre de 18 postes
de santé.
2) Situation socio-démographique
La population est estimée à 350375 habitants
soit une densité de 12 habitants au km2. Cette
population est répartie comme suit
- 80 % dans le Dièri et le Walo
- 20 % dans le Ferlo
Cette population est rurale à 95 % et presque
exclusivement musulmane. Les moins de 20 ans constituent les 64 % et les femmes
les 54,26 %, les puulars représentent les 88 % de cette population, les
Soninkés 6,7 %, les Wolofs 3,9 % et autre 1,4 %.
Les réfugiés recensés sont au nombre de
20000.
Le taux de scolarisation faible est de 51 %. La
région de Matam est une zone à forte migration vers Dakar,
l'Afrique Centrale, l'Europe et les USA. Le phénomène de
transhumance est une particularité des peuls du Ferlo à la
recherche de points d'eau et de pâturages. La frontière avec la
république Islamique de Mauritanie est très perméable.
3) Situation économique.
Les principales activités économiques
traditionnelles sont l'agriculture le commerce et la pêche. Les 80 % des
terres de la région sont cultivable et on distingue 3 types de cultures.
La culture irriguée avec un potentiel de 16000 ha, la culture de
décrue avec un potentiel de 11500 ha et l'agriculture pluviale dont les
superficies varient de 1950 à 15374 ha. Les principales
spéculations sont le riz, le sorgho, le maïs, le
niébé et la patate.
L'activité dominante dans le Dièri et le Walo
est l'élevage. Le cheptel dans le département se répartit
comme suit : 120000 bovins, 350000 ovins, 150000 caprins, 24000
équins, 200000 camelins. Les plus grands centres commerciaux sont
Ourossogui, Matam, Waoundé et les marchés hebdomadaires
d'Agnam-Goli, Ranérou, Younouféré. Le secteur avec la main
mise des Baol-Baol est en pleine expansion. Le tourisme avec la réserve
de faune de Ranérou et quelques sites historiques (Champ de bataille de
Bilbassy à Diowol) est balbutiant. Aujourd'hui l'émigration est
le principal poumon économique de la région et finance les
infrastructures sanitaires et socioculturelles.
4) Distribution administrative
Départements (3)
|
Communes (7)
|
Arrondissements (5)
|
Communautés rurales (14)
|
Matam
|
Matam, Thilogne, Ourossogui
|
Agnam-civol, Ogo
|
Dabia, Oréfondé, Agnam-civol, Boki-Diawé,
Nabadji-civol, Ogo.
|
Kanel
|
Kanel, Semmé, Waoundé
|
Sinthiou-Bamambé, Orkadiéré
|
Ouro sidy, Sinthiou-Bamambé, Orkadiéré,
Aouré, Bokiladji.
|
Ranérou
|
Ranérou
|
Vélingara
|
Ranérou, Lougué réthioli,
Vélingara.
|
B/
District de Richard-Toll (Zone Sahélienne)
1. Contexte géophysique
Le district de Richard-Toll couvre une superficie de
2912km² et est limité :
Ø A l'Est par le district de Dagana
Ø L'Ouest par le district de Saint-Louis
Ø Au Sud par le district de Louga
Ø Au Nord par la République Islamique de la
Mauritanie dont il est séparé par le fleuve Sénégal
Le district de Richard-Toll se caractérise par un
climat sub-aride avec une moyenne pluviométrique assez faible (300
à 500 mm).
Le district comprend 2 zones géographiques (bien
distinctes séparées par la nationale
n° 2):
Ø Au nord le Walo qui est la plaine alluviale du delta
du fleuve Sénégal avec un sol argileux.
Ø Au sud le Dièri qui est un espace
sahélien avec un sol sablonneux.
Le réseau hydrographique du district de Richard-Toll
est très dense. Il se compose du fleuve Sénégal, de la
Taouey, du Lampsar, du Djeuss, du Gorom et de plusieurs canaux d'irrigations et
de drainage de la CSS et d'autres sociétés
d `aménagement.
La mise en oeuvre du barrage de Diama (20 Km au Nord de
Saint-Louis) en 1987 laissait présager un développement
économique harmonieux mais parallèlement a aussi
été à l'origine d'une modification de
l'écosystème entraînant ainsi le développement des
pathologies liées à l'eau telles que le paludisme et les
bilharzioses.
La ville de Richard-Toll, grâce à son
accessibilité et à l'implantation du complexe agro industriel de
la compagnie sucrière sénégalaise, s'est
développée très vite avec ses corollaires de
problèmes d'assainissement, d'évacuation des eaux de pluies;
facteurs favorisant le développement des vecteurs du paludisme. .
2. Contexte Socio-culturel
Le district de Richard-Toll connaît une forte expansion
démographique avec une disparité du taux d'accroissement annuel
estimé à 3 % en zone rurale et 7 % en zone urbaine. Sa population
totale en 2004 est estimée à 137 346 habitants dont 71 502
pour la commune et 66 797 en milieu rural. La cible totale d'enfants de 0
à 59 mois est estimée à 26 830 et les grossesses attendues
à 4 945. C'est une population cosmopolite, composée de 50 %
Ouolofs, 40 % Puular 10 % de Mandingues, Sérères, Diola,
Mandjaques, et des colonies de ghanéens, nigérians etc...
Cette diversité ethnique a modifié le contexte
culturel des populations de Richard-Toll avec un effet néfaste sur les
comportements et la stratification du tissu social.
3. Caractéristiques
Socio-économiques :
Le district se caractérise par son dynamisme
économique à l'image de la commune de Richard-Toll qui est
très accessible et constitue une ville carrefour ouverte au Fouta et au
Dièri. Elle est aussi frontalière à la République
Islamique de la Mauritanie, lieu de transactions commerciales intenses. Elle
est aussi le siège d'un important complexe agro-industriel (Compagnie
sucrière sénégalaise) qui emploie 10.000 saisonniers, et
6.000 permanents. Les autres activités économiques tournent
essentiellement autour de l'agriculture avec la mise en valeur du delta du
fleuve (plus de 36.000 ha de terres aménagées).
4. Infrastructures
sanitaires
Le district comprend :
un centre de santé qui est la structure de
référence du district où sont menées des
activités de chirurgie gynéco-obstétricale, des
activités curatives primaires et secondaires, des activités
préventives, éducatives et promotionnelles.
?16 postes de santé dont 3 au niveau de la commune de
Richard Toll.
? Un service médical au niveau de la compagnie
sucrière
? Un service médical au niveau de la caisse de
sécurité sociale
? Un service médical au niveau de l'usine des eaux de
Gnith.
? Une infirmerie au niveau de la Socas à Savoigne.
? Une infirmerie au niveau du parc des oiseaux de djoudj.
? Une infirmerie au niveau du barrage de Diama.
? Trois officines privées, une pharmacie de district et
des dépôts de médicaments
au niveau de chaque poste de santé.
C/ District de Saint-Louis (Zone
Sahélienne)
1) Situation Géographique
Le district sanitaire de Saint Louis couvre une superficie de
879 km2. Il est limité à l'Ouest par l'océan
Atlantique, au Nord par le fleuve Sénégal à l'Est par les
districts de Richard Toll et de Louga et au Sud par le Gandiol. Il comprend la
commune de Saint-Louis et l'arrondissement de RAO, qui compte 132 villages.
Le réseau hydrographique entraîne en saison
hivernale des inondations rendant inaccessible, le centre de santé, les
postes de santé de Pikine, Diameguene Nord et de Mbakhana.
2) Situation socio-démographique
La population totale du district en 2004 est estimée
à 218 299 habitants, soit une densité de 248 habitants au
km2. Cette population vit dans la zone urbaine dans 75 % des cas.
La composition démographique de la population en 2004
est la suivante :
Ø Les femmes en age de reproduction (FAR) : 50
209
Ø Le nombre de grossesses attendues : 7 859
Ø Le nombre d'enfants 0 à 11 mois 7 859
Ø Le nombre d'enfants de 0 à 36 mois : 33
618
Ø Le nombre d'enfants de 0 à 59 mois 42 350
Ø Les personnes de 0 à 29 ans : 152 809
3) Situation socio-économique.
Les principales activités économiques sont
l'agriculture, la pêche et l'élevage. Les activités
touristiques sont en plain essor. La pêche artisanale constitue la
première activité économique de la commune de Saint-Louis
(fluviale et maritime). Elle a été influencée
négativement par le contentieux Sénégalo-Mauritanien.
4) Principales infrastructures sanitaires
Ø 1 Centre de santé, ouvert en Août
2001
Ø 14 postes de santé dont 10 urbains, 4
ruraux.
Ø 2 PMI Annexes dont 1 référence
régionale
Ø 33 cases de santé fonctionnelle
Ø 1 sous brigade d'hygiène
D/ District de Touba (Zone
Sahélo-soudanienne)
1) Données Physiques et
démographiques
La communauté rurale de Touba couvre une superficie de
553 km2. Elle est limitée au nord par Darou Mousty et
Missirah, au sud par le département de Gossas, à l'est par le
département de Linguère et à l'ouest par les
communautés rurales de Touba Fall et de Kaél. Entre les
données de 1988 et celles d'aujourd'hui il y a eu une évolution
considérable car depuis lors des milliers de parcelles ont
été loties et attribuées gratuitement aux populations
venant de villages environnants ou d'autres villes du Sénégal. La
zone de Touba a un relief pratiquement plat. Elle est constituée
principalement de sols Dior à 96,5 % et de sols ferrugineux non
lessivés. Ce sont des sols sableux, profonds bien drainés. Le
climat est soudano-sahélien, chaud et sec. La saison des pluies
s'étend de juin-juillet à septembre-octobre avec d'importantes
pluies au mois d'Août. La durée moyenne de la saison est de 75-85
jours et la pluviométrie est très variable d'une année
à l'autre et tournerait aux alentours de 600 mm d'eau selon le service
départemental de l'agriculture de Mbacké. La
végétation est de type sahélien, composée
d'arbustes, d'épineux et il n'existe pas de forêts. La population
de Touba est mal estimée. En effet au recensement de 1988, la population
réactualisée est de 613 259 habitants. Actuellement les chiffres
officieux à partir du dernier recensement de 2002
réactualisés donnent pour 2005 une population de 596 337
habitants alors qu'on constate un accroissement exponentiel de la population du
fait de la migration favorisée par le caractère religieux de la
ville qui est une ville sainte et la gratuité des parcelles. Ce qui
explique le déplacement de villages entiers vers Touba.
2) Données pluviométriques
2001 : 392,4 mm avec 35 jours de
pluie
2002 : 258,8 mm avec 25 jours de
pluie
2003 : 493,1 mm avec 34 jours de
pluie
2004 : 468,8 mm avec 27 jours de pluie
La pluie occasionne généralement des flaques
d'eaux et même des inondations dans certains quartiers ce qui
entraîne la prolifération des moustiques. Le réseau
d'assainissement se résume à un dispositif sommaire
d'évacuation des eaux pluviales de Touba mosquée vers le quartier
de keur Niang où il existe un bassin de rétention à ciel
ouvert. Ce bassin est en partie responsable de la pullulation des moustiques
dans toute la zone.
3) Principales infrastructures sanitaires
Le district de Touba compte :
Ø 01 Hôpital fonctionnel
Ø 02 Centre de santé (Ndamatou et Khelcom)
Ø 01 Centre de santé à Darou Khoudoss
non encore fonctionnel
Ø 02 Postes de santé en construction à
Sonatel et Guédé Kaw
Ø 16 Postes de santé dont :
- 08 Postes de santé
urbains
- 08 Postes de santé
ruraux
Ø 16 Maternités dont 07 rurales
Ø 12 Cases de santé dont 10 fonctionnelles
Ø 01 Brigade spéciale d'hygiène
E/ District de Vélingara (Zone
Soudano-guinéenne)
1) Cadre physique et démographie
Le district de Vélingara est
situé au Sud-Est du Sénégal. Il est limité au Nord
par la Gambie, au Sud par la Guinée Conakry et la Guinée Bissau,
à l'Ouest par le département de Kolda et à l'Est par le
département de Tambacounda. Sa superficie est de 5435 km2, le
climat est de type Soudano-guinéen, avec une pluviométrie de 1000
à 1200 mm. En 2005 la population est estimée à 209530
habitants soit 38 habitants au km2. Les enfants de 0-11 mois sont
estimés à 7543, les 0-59 mois à 40649, les moins de 15 ans
à 99108 et les 60 ans et plus à 10267.
2) Organisation Administrative
On a :
- sous préfectures (Bonconto, Kounkané,
Pakour)
- 1 commune (Vélingara)
- 10 communautés rurales
- 619 Villages et hameaux
3) Situation socio-économique
La population est en majorité musulmane (94 %), les
peuls constituent l'ethnie prédominante avec 80 % de la population. Le
taux de scolarisation est à 38 %. Les principales activités
économiques sont l'agriculture (SODAGRI - SODEFITEX), l'élevage
(138000 bovins, 224000 caprins, 221000 ovins), le commerce avec le
marché de Diaobé. La pêche et le maraîchage sont
faiblement pratiqués.
3) Principales infrastructures sanitaires
Ø 1 Centre de santé
Ø 15 postes de santé dont 1 urbain
Ø 28 cases de santé fonctionnelles
Ø 1 cabinet médical
Ø 3 cabinets paramédicaux
Ø 4 officines privées
Districts
étudiés
Légende
II/ METHODOLOGIE DE L'ETUDE PARASITOLOGIQUE
L'étude a été réalisée
entre Juin 2003 et Mai 2005 durant les différentes saisons de
l'année et dans chaque site la prévalence, la morbidité et
la transmission du paludisme ont été évaluées.
1. Etude de la prévalence
Elle a concerné les enfants âgés de 0
à 15 ans pour lesquels l'endémicité palustre a
été évaluée par des mesures de la prévalence
parasitaire effectuées en saison sèche, fin saison sèche,
saison des pluies et fin saison des pluies. A chaque passage un sondage est
fait chez 100 à 150 enfants de chaque village, consistant en un
prélèvement sanguin au niveau de la pulpe du doigt pour la
réalisation de frottis et de gouttes épaisses. Le taux de portage
parasitaire est estimé par la proportion de GE positives parmi le nombre
de GE examinées. Les charges parasitaires des formes sexuées et
asexuées ont été exprimées en nombre moyen de
parasites par micro litre de sang.
2. Etude de la morbidité
Toute personne se présentant au poste de santé
pour consultation avec des signes évocateurs de paludisme (hyperthermie,
céphalée, arthralgies, troubles digestifs, frissions ...) est
incluse dans l'étude. Des prélèvements de sang ont
été effectués pour la confection d'étalements
(frottis et GE) en vue de déceler la présence
d'hématozoaires, ceci permet d'évaluer la morbidité
palustre. Toutes les lames confectionnées ont été
colorées et lues quotidiennement au niveau de chaque village
d'étude pendant toute la durée des enquêtes.
3. Traitement des lames
confectionnées
Les étalements sanguins réalisés ont
été colorés par la méthode de Giemsa. Après
la fixation des frottis au méthanol et la
déshémoglobinisation de la goutte épaisse, on recouvre
entièrement la lame d'une solution de Giemsa diluée (3 gouttes de
Giemsa pour 2ml d'eau distillée) pendant 20 minutes avant de laver
à l'eau et d'égoutter en position verticale.
La recherche des parasites et l'estimation de la
densité parasitaire ont été faites sur la goutte
épaisse par l'examen d'un nombre de champs microscopiques suffisant pour
dénombrer 200 leucocytes, du nombre de parasites observé on en
déduit le nombre de parasites par microlitre (mm3) de sang.
Ce calcul est fait sur la base d'une leucocytémie moyenne de 8000
leucocytes par microlitre de sang. La densité parasitaire a
également été estimée sur certains
étalements à partir du frottis par l'examen systématique
de 50 champs microscopiques et le comptage des globules rouges
parasités. La charge parasitaire est calculée sur la base de 5
millions d'hématies par microlitre de sang, en considérant que
chaque champ contient 200 globules rouges, la parasitémie est
exprimée en nombre de globules rouges parasités par microlitre de
sang (GRP/mm3).
4. Résultats
Pour l'expression des résultats nous avons
utilisé les correspondances en 6 classes (TRAP ,1985)
Classe 0 : Pas de parasites observé
Classe 1 : Parasitémie inférieure à
50 parasites par microlitre de sang
Classe 2 : de 50 à 500 parasites
par microlitre de sang
Classe 3 : de 500 à 5000 parasites
par microlitre de sang
Classe 4 : de 5000 à 50000 parasites
par microlitre de sang
Classe 5 : Parasitémie supérieure à
50000 parasites par microlitre de sang
III/ METHODOLOGIE DE L'ETUDE ENTOMOLOGIQUE
1. Echantillonnage des populations
culicidiennes
L'échantillonnage des populations de moustiques a
été effectué au moyen de captures nocturnes sur sujets
humains et de récoltes matinale de faune résiduelle après
pulvérisation de pyréthrine dans les habitations.
1.1. Capture sur sujet humain
Pour chaque lieu les captures sur sujet humain ont
été réalisées par 4 hommes adultes volontaires,
préalablement formés aux techniques de capture nocturne des
moustiques. Les captures de moustiques se déroulent simultanément
à l'intérieur et à l'extérieur (cour ou
véranda) de la case de 21h à 07h du matin. Deux agents
travaillent l'un à l'intérieur et l'autre à
l'extérieur de 21h à 01h ils sont relayés par deux autres
de 01h à 07h. Chaque agent est équipé d'une torche, de
tubes à hémolyse, de coton et de sachets portant le lieu et
l'heure de la capture. Les moustiques qui viennent se poser sur les jambes
dénudées sont prélevés avant la piqûre.
1.2. Récolte diurne de la faune
résiduelle
Au niveau de chaque village d'étude, les moustiques ont
été également récoltés le matin (7h-9h)
après pulvérisation d'insecticides à l'intérieur de
10 à 15 chambres à coucher. Avant la pulvérisation les
issues sont bouchées et un drap est étalé sur le plancher,
lits et tables de manière à récolter les moustiques
tués ou abattus par l'insecticide (effet Knock - down) qu'on laisse agir
10 minutes.
1.3. Traitement du matériel
récolté
Les moustiques récoltés ont été
dénombrés et morphologiquement identifiés au niveau genre
et espèce. Les glandes salivaires et les ovaires des femelles de vecteur
du paludisme ont été disséqués pour
déterminer respectivement l'infection et l'âge physiologique. Les
femelles de vecteur non disséquées et les thorax de femelles
disséquées ont été acheminés au laboratoire
pour être par la suite analysées par la méthode ELISA-CSP
pour déterminer la présence de l'antigène
circumsporozoïtique.
2. Détermination des indices entomologiques de
la transmission
2-1 Densité agressive pour l'homme
Les captures de nuit sur sujets humains permettent
d'étudier le contact entre l'homme et le vecteur, d'estimer le taux
d'agressivité et de déterminer le cycle d'agressivité
(rythme de piqûre). Le taux d'agressivité pour l'homme (TAH)
évalué au cours de la nuit correspond au nombre moyen de femelles
prises par homme au cours de la nuit (PHN).
2-2 Densité des femelles au repos à
l'intérieur des cases (DRI)
La collecte de la faune résiduelle à
l'intérieur des chambres permet de déterminer la densité
des femelles au repos à l'intérieur des cases correspondant au
nombre moyen de femelles par case. La DRI renseigne sur le comportement de
repos des vecteurs (endophilie / exophilie) et sur ses variations
saisonnières.
2.3 Détermination de l'infection plasmodiale
2.3.1 Dissection des glandes salivaires
La dissection des glandes salivaires consiste à les
extraire (entre tête et thorax) des moustiques dans du sérum
physiologique (Nacl à 0,9 %). Les glandes sont écrasées
entre lame et lamelle et observées à l'objectif x 40 pour la
rechercher de sporozoïtes.
La recherche de sporozoïtes dans les glandes salivaires
permet de déterminer l'indice sporozoïtique (IS) ou
encore la proportion de femelles infectées dans la population
vectrice.
2.3.2 Recherche de l'antigène
circumsporozoïtique par la méthode ELISA-CSP
Les femelles d'anophèles non disséquées
et ce qui reste des femelles disséquées sont analysés par
le teste ELISA pour la détection de l'antigène
circumsporozoïtique selon la méthode de Wirtz et al (1985). Il
s'agit de la méthode du « Sandwich », le test
commence par la sensibilisation des plaques en polystyrène par la
fixation des anticorps monoclonaux de capture spécifique sur la paroi
des puits. Après incubation d'une nuit, les plaques sont vidées
sans lavage, les broyats de moustiques sont introduits dans les puits pour
permettre la réaction avec les anticorps monoclonaux fixés et la
formation éventuelle d'un complexe antigène circumsporozoïte
/ anticorps monoclonal. Les plaques sont ensuite lavées deux fois avec
du PBS Tween 20 avant d'ajouter dans les puits les anticorps monoclonaux
spécifiques conjugués à une enzyme (peroxydase). Si un
complexe antigène / anticorps c'est déjà formé lors
du premier temps de réaction, l'anticorps marqué se fixera sur
l'antigène circumsporozoïte. Le test se termine par l'addition du
substrat correspondant à l'enzyme après avoir vidé et
lavé 4 fois les plaques. La réaction du substrat avec l'enzyme si
le complexe antigène/ anticorps/enzyme est en place se traduit par un
changement de coloration dans les puits. La lecture est faite avec un lecteur
ELISA à 450nm.
2.4 Taux de parturité
La dissection des ovaires consiste à les extraire de
l'abdomen du moustique dans une goutte d'eau distillée. Les ovaires sont
ensuite séchés puis observés au microscope optique
à l'objectif x 40 pour voir l'état des trachéoles. Ces
trachéoles sont pelotonnés chez les femelles nullipares et
déroulés chez les femelles pares.
Le taux de parturité est donné par le rapport du
nombre de femelles pares sur l'ensemble des femelles pares et nullipares.
2.5 Taux d'inoculation entomologique
C'est le nombre de piqûres infectées
reçues par un homme en un temps donné, il est calculé a
partir de la formule de MACDONALD (1957): h = ma s où
ma est le nombre de piqûre par homme et
s la proportion de femelles infectées ce taux
d'inoculation entomologique permet de mesurer l'intensité de la
transmission et de suivre ses variations dans le temps et dans l'espace.
3. Analyse des résultats
La méthode du X2 (chi carré) est
employée lorsqu'il s'agit d'étudier
l'homogénéité d'une série de résultats et de
déterminer si les différences observées entre les
résultats comparables sont dus ou non au simple hasard. Le seuil
critique de signification est situé à p = 0,05 et la table
utilisée est celle de Fisher et Yates (1963).
Si p< 0,05 on a une différence significative
Si p>0,05 on a une différence non significative
IV/ DONNES CLIMATIQUES
Les quantités de pluies tombées tout au long de
l'étude ont été mensuellement recueillies à l'aide
de pluviomètres au niveau des services compétents situés
dans les différentes zones étudiées. Les hauteurs
limnimétriques au niveau du fleuve Sénégal ont
été aussi collectées.
RESULTATS
I/ ETUDE DES DONNEES CLIMATIQUES
1) Analyse de la pluviométrie
Le tableau 2 montre un gradient annuel sud-nord. La zone sud
considérée, comme la porte d'entrée des vents
générateurs de pluie, est la plus humide avec une saison des
pluies plus longue qui débute dès le mois de mai pour se terminer
en fin octobre. Pour les autres régions leurs premières pluies
sont enregistrées en juin. A Mbacké, situé au centre, la
saison des pluies s'arrête en octobre. Au nord du pays, une fin
précoce des pluies (fin septembre) est observée de Saint Louis
à Dagana alors que des traces sont notées en octobre sur l'axe
Podor - Matam. Les périodes les plus humides sont de juillet à
septembre dans l'ensemble des stations. En zone sud, chacun des quatre postes
pluviométriques a en moyenne enregistré plus de 1100 mm par an,
environ le double du cumul annuel à Matam ou à Mbacké, et
cinq fois la pluviométrie à Saint-Louis, Dagana et Podor
situés au nord du pays. Comparée à 2003, l'année
2004 est la moins arrosée. Toutefois, le gradient de répartition
de la pluie nord-sud est toujours caractéristique de la distribution
spatiale.
2) Analyse de la situation
hydrologique
Les données collectées concernent les stations
de Bakel, Matam, Podor, Dagana, Diama-amont et Saint-Louis (sur le fleuve
Sénégal).
L'hivernage 2003 a été caractérisé
par une bonne pluviométrie. La résultante a été
d'abord une précocité des crues comme le montre le graphique
ci-dessous, et ensuite l'importance des inondations.
Figure 1: Evolution des cotes moyenne
journalières à la station de Bakel
Cote d'alerte = 10 m
Le tableau ci-dessous présente la situation
hydrologique des cinq stations précitées, au cours de la
première décade de juillet qui a correspondu au niveau de la
vallée avec la période des inondations particulièrement
précoce.
Tableau 1: Situation hydrologique au niveau de la
vallée du fleuve Sénégal au cours de la premiére
décade de juillet 2003.
Station
|
J1
|
J2
|
J3
|
J4
|
J5
|
J6
|
J7
|
J8
|
J9
|
Cote
d'alerte (m)
|
Bakel
|
845,5
|
795,5
|
756,5
|
757,5
|
825
|
901,5
|
901
|
896,5
|
912
|
10,00
|
Matam
|
793
|
779
|
767,5
|
749
|
747
|
|
|
|
|
8,00
|
Podor
|
491,5
|
494,5
|
498,5
|
501,5
|
503,5
|
506,5
|
513,5
|
514,5
|
516
|
5,15
|
Saint-Louis
|
172
|
171,5
|
171,5
|
175
|
175,5
|
176
|
175,5
|
179
|
179
|
1,70
|
Diama Amont
|
153
|
153
|
152
|
153
|
152
|
153
|
151
|
151
|
150
|
|
Les hauteurs d'eau sont exprimées en cm ;
tandis que les cotes d'alerte sont en m.
La cote d'alerte aux inondations était atteinte ou
dépassée dès la première quinzaine de juillet au
niveau de toutes les stations de la basse vallée et du delta
Tableau 2 : Pluviométrie mensuelle en 2003 et
2004
Mois
|
Années
|
MATAM
|
PODOR
|
DAGANA
|
SAINT-LOUIS
|
MBACKE
|
VELINGARA-CASAM
|
KOUNKANE
|
BONCONTO
|
PAKOUR
|
Janvier
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Février
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Mars
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Avril
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Mai
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
0,6
|
2,5
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0,1
|
0
|
6,4
|
7,5
|
22
|
39
|
Juin
|
2003
|
25
|
10,5
|
0
|
0
|
25,7
|
195
|
224
|
287
|
216
|
2004
|
41
|
4
|
0
|
0,2
|
16,9
|
51,9
|
93
|
122
|
123
|
Juillet
|
2003
|
34,4
|
19,4
|
18
|
9,9
|
52,4
|
246
|
245
|
266
|
267
|
2004
|
191
|
18,2
|
49,5
|
8,7
|
52,6
|
329
|
354
|
272
|
386
|
Août
|
2003
|
335
|
101
|
45,4
|
47,6
|
149
|
454
|
435
|
531
|
430
|
2004
|
126
|
45,1
|
39
|
95 ,5
|
185
|
378
|
361
|
345
|
285
|
Septembre
|
2003
|
150
|
141
|
160
|
234
|
156
|
217
|
282
|
549
|
505
|
2004
|
118
|
86
|
25
|
31
|
132
|
228
|
258
|
196
|
238
|
Octobre
|
2003
|
0
|
7,7
|
0
|
0
|
95
|
63
|
33
|
95
|
125
|
2004
|
3,1
|
0
|
0
|
0
|
15
|
51
|
30
|
63
|
27
|
Novembre
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Décembre
|
2003
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2004
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Total
|
2003
|
544,6
|
279,7
|
223,6
|
291,5
|
478
|
1175
|
1226,8
|
1728,4
|
1545
|
2004
|
480,1
|
153,6
|
113,5
|
135,8
|
401,7
|
1043,1
|
1104,1
|
1019,5
|
1098,2
|
Moyenne
|
612,3
|
216,6
|
168,5
|
213,6
|
439,8
|
1109,1
|
1165,4
|
1373.9
|
1321,6
|
II/ RESULTATS DE L'ETUDE
PARASITOLOGIQUE
A/ Etude de la prévalence parasitaire
A. 1) Indice plasmodique moyen par zone.
Au total pour l'ensemble de l'étude, 4743
prélèvements systématiques ont été
effectués chez les enfants âgés de 0 à 15 ans, 262
d'entre eux étaient porteurs d'hématozoaires dans leur sang soit
un indice plasmodique moyen de 5,5 % . L'indice plasmodique était de 2,3
%, 4,5 % et 14,2 % respectivement au nord, au centre et au sud (Tableau 3). Il
a été significativement plus élevé en zone sud
soudanienne et plus faible en zone nord sahélienne (P< 0,05).
Plamodium falciparum a été la seule
espèce observée dans l'ensemble des prélèvements
systématiques positifs dans les différents sites
d'étude.
Tableau 3 : Taux moyens et variations de la
prévalence parasitaire dans les sites des différentes zones
biogéographiques étudiées.
Zones Biogéographiques
|
Sites
|
GE
|
+
|
% (IP)
|
Zone Nord Sahélienne
|
Boki Diawe
|
1232
|
13
|
1
|
Kassack Sud
|
671
|
29
|
4,3
|
Tassinère
|
756
|
20
|
2,6
|
Sub Total
|
2659
|
62
|
2,3
|
Zone centre sahélo - soudanienne
|
Darou Khoudoss
|
502
|
15
|
2,9
|
Darou Marnane
|
502
|
31
|
6,1
|
Sub Total
|
1004
|
46
|
4,5
|
Zone Sud Soudanienne
|
Madina Dianguette
|
617
|
86
|
13,9
|
Némataba
|
463
|
68
|
14,6
|
Sub Total
|
1080
|
154
|
14,2
|
TOTAL
|
4743
|
262
|
5,5
|
GE = Goutte épaisse
+ = Goutte épaisse positive
% (IP) = Indice plasmodique
A. 2) Variations de l'indice plasmodique selon les sites
d'étude
En zone nord sahélienne, l'indice plasmodique a
été significativement plus faible dans le site de culture sous
pluie (Boki Diawe) où il a été de 1,0 % (P< 0,05)
(Tableau 3). Il a été comparable entre le site de riziculture
irriguée (Kassack Sud) et celui de mangrove (Tassinère) avec
respectivement 4,3% et 2,6 % (P >0,05). Dans la localité urbaine
de Touba, il a été significativement plus élevé
dans le quartier périphérique de Darou Marnane (6,1 %) que dans
le quartier central de Darou Khoudoss (2,9 %) (P<0,015). En zone
soudanienne, l'indice plasmodique n'a pas présenté de
différence significative entre les sites d'agriculture sous pluie
(Némataba) et de riziculture irriguée (Madina Dianguette)
(P>0,72).
A. 3) Variations saisonnières de l'indice
plasmodique
Dans l'ensemble, les variations saisonnières de l'IP
n'ont pas été significatives dans la zone sahélienne
(P>0,3). En fin de saison sèche, l'indice plasmodique a
été nul dans tous les sites, à l'exception de celui de
Kassack sud, site rizicole du delta du fleuve Sénégal (Tableau
4).
En milieu urbain de Touba, l'indice plasmodique a
été plus élevé en fin de saison des pluies aussi
bien à Darou Khoudoss qu'à Darou Marnane où 20,2 % des
prélèvements réalisés présentaient des
parasites. En saison sèche, aucun prélèvement positif n'a
été observé.
Pour les deux sites étudiés en zone soudanienne,
l'indice plasmodique a été significativement plus faible en
saison sèche (P<0,05) mais comparable en milieu comme en fin de
saison des pluies (P>0,07).
A.
4) Variations de l'indice plasmodique en fonction des classes d'ages
Pour les trois zones biogéographiques, l'indice
plasmodique n'a pas présenté de différences significatives
entre les différentes classes d'âge (Tableau 5).
Pour la zone nord, il n'a pas été noté de
différences significatives de l'indice plasmodique en fonction des
différentes classes d'âges (P>0,93). Il en a été
de même dans chacun des sites étudiés en zone Nord
sahélienne (Bokidiawé : P>0,82 ; Kassack sud :
P>0,93) ; Tassinère : P> 0,29).
Dans la zone urbaine de Touba, l'indice plasmodique a
été nul chez les nourrissons et n'a pas présenté de
différences significatives entre les enfants âgés de moins
de 5 ans et ceux âgés de 5-15 ans. A Darou Marnane, l'IP a
été comparable entre les différentes classes d'âge
(P>0,19) tandis qu'à Darou Khoudoss, il a été
significativement plus élevé chez les enfants âgés
de 5 à 15 ans (P<0,05).
En zone soudanienne, l'indice plasmodique a été
nul chez les nourrissons et comparable entre enfant de moins et de plus de 5
ans (P>0,10). Dans le site d'agriculture sous pluie (Némataba), l'IP
a été comparable entre enfants de moins et de plus de 5 ans
(P>0,69) tandis que dans le site de riziculture irriguée (Madina
Dianguette), il a été significativement plus important chez les
enfants de moins de 5 ans (P<0,01).
Tableau 4 : Variations saisonnières de l'indice
plasmodique dans les différentes localités des trois zones
biogéographiques
étudiées.
Zones Biogéographiques
|
Localités
|
Fin SS début SP
(Juin - Juillet 2003)
|
Saison des pluies
(Août - Octobre. 2003)
|
Fin SP début SS
(Nov. 2003)
|
Saison sèche
(Mars 2004)
|
GE
|
+
|
% (IP)
|
GE
|
+
|
%
(IP)
|
GE
|
+
|
%
(IP)
|
GE
|
+
|
%
(IP)
|
Zone
nord sahélienne
|
Boki Diawe
|
417
|
0
|
0
|
279
|
2
|
0,7
|
153*
|
3
|
1,9
|
383
|
8
|
2
|
Kassack Sud
|
270
|
20
|
7,4
|
132
|
3
|
2,2
|
116*
|
3
|
2,5
|
153
|
3
|
1,9
|
Tassinère
|
250
|
2
|
0,8
|
187
|
7
|
3,7
|
119*
|
8
|
6,7
|
200
|
3
|
1,5
|
Total
|
937
|
22
|
2,3
|
598
|
12
|
2
|
388
|
14
|
3,6
|
736
|
14
|
1,9
|
Zone
Centre sahélo soudanienne
|
Darou khoudoss
|
-
|
-
|
-
|
230
|
1
|
0,4
|
155
|
14
|
9
|
117 ?
|
0
|
0
|
Darou Marnane
|
-
|
-
|
-
|
223
|
0
|
0
|
153
|
31
|
20,2
|
126 ?
|
0
|
0
|
Total
|
-
|
-
|
-
|
453
|
1
|
0.2
|
308
|
45
|
14,6
|
243 ?
|
0
|
0
|
Zone
Sud soudanienne
|
Némataba
|
-
|
-
|
-
|
188
|
27
|
14,3
|
162
|
40
|
24,6
|
113 ?
|
1
|
0,8
|
Madina Dianguette
|
-
|
-
|
-
|
256
|
43
|
16,7
|
201
|
35
|
17,4
|
160 ?
|
8
|
5
|
Total
|
-
|
-
|
-
|
444
|
70
|
15,7
|
363
|
75
|
20,6
|
273 ?
|
9
|
3,2
|
* Janvier 2005 ? Mai 2005
GE= goutte épaisse + =
Prélèvements positifs SS= saison sèche
SP= saison des pluies
Tableau 5 : Variation de l'indice plasmodique en
fonction des classes d'âges dans les sites d'étude des trois zones
biogéographiques.
Zones Biogéographiques
|
Localités
|
=1an
|
1<age=4 ans
|
4<age=15 ans
|
TOTAL
|
GE
|
+
|
IP (%)
|
GE
|
+
|
IP
(%)
|
GE
|
+
|
IP
(%)
|
GE
|
+
|
IP
(%)
|
Zone
nord sahélienne
|
Boki Diawe
|
54
|
1
|
1,8
|
406
|
4
|
0,98
|
772
|
8
|
1
|
1232
|
13
|
1
|
Kassack Sud
|
10
|
1
|
10
|
168
|
7
|
4,1
|
493
|
21
|
4,2
|
671
|
29
|
4,3
|
Tassinère
|
18
|
0
|
0
|
217
|
8
|
3,6
|
521
|
12
|
2,3
|
756
|
20
|
2,6
|
Sub total
|
82
|
2
|
2,4
|
791
|
19
|
2,4
|
1786
|
40
|
2,2
|
2659
|
62
|
2,3
|
Zone
centre
sahélo soudanienne
|
Darou khoudoss
|
11
|
0
|
0
|
185
|
2
|
1,1
|
306
|
13
|
4,2
|
502
|
15
|
2,9
|
Darou Marnane
|
12
|
0
|
0
|
184
|
15
|
8,1
|
306
|
16
|
5,2
|
502
|
31
|
6,1
|
Sub total
|
23
|
0
|
0
|
369
|
17
|
4,6
|
612
|
29
|
4,7
|
1004
|
46
|
4,5
|
Zone
sud soudanienne
|
Némataba
|
9
|
0
|
0
|
129
|
18
|
13,9
|
325
|
50
|
15,3
|
463
|
68
|
14,6
|
Madina Dianguette
|
26
|
0
|
0
|
174
|
35
|
20,1
|
417
|
51
|
12,2
|
617
|
86
|
13,9
|
Sub total
|
35
|
0
|
0
|
303
|
53
|
17,4
|
742
|
101
|
13,6
|
1080
|
154
|
14,2
|
A. 5) Variations de l'indice plasmodique en fonction du sexe
L'indice plasmodique a été sensiblement de
même valeur pour les deux sexes en zone nord sahélienne
(P>0,93), dans la ville de Touba (P>0,49) et en zone sud soudanienne
(P>0,94) (Tableau 6). Dans les sites du nord et du sud, l indice plasmodique
n'a pas varié en fonction du sexe. Par contre, en zone urbaine de Touba,
l'IP a été significativement .plus élevé chez les
sujets masculins du quartier central de Darou Khoudoss (P<0,04)
mais comparable chez les deux sexes à Darou Marnane (P >
0,67).
Tableau 6 : Variations de l'indice plasmodique en
fonction du sexe dans les différentes localités
étudiés dans les trois zones biogéographiques.
Zones Biogéographiques
|
Localités
|
Sujets masculins
|
Sujets féminins
|
Total
|
GE
|
+
|
% (IP)
|
GE
|
+
|
% (IP)
|
GE
|
+
|
% (IP)
|
Zone nord sahélienne
|
Boki Diawe
|
605
|
6
|
0,9
|
627
|
7
|
1,1
|
1232
|
13
|
1
|
Kassack Sud
|
376
|
16
|
4,2
|
295
|
13
|
4,4
|
671
|
29
|
4,3
|
Tassinère
|
341
|
9
|
2,6
|
415
|
11
|
2,6
|
756
|
20
|
2,6
|
Total
|
1322
|
31
|
2,3
|
1337
|
31
|
2,3
|
2659
|
62
|
2,3
|
Zone
Centre sahélo soudanienne
|
Darou Khoudoss
|
273
|
12
|
4,4
|
229
|
3
|
1,3
|
502
|
15
|
2,9
|
Darou Marnane
|
245
|
14
|
5,7
|
257
|
17
|
6,6
|
502
|
31
|
6,1
|
Total
|
518
|
26
|
5
|
486
|
20
|
4,1
|
1004
|
46
|
4,5
|
Zone sud soudanienne
|
Némataba
|
208
|
36
|
17,3
|
255
|
32
|
12,5
|
463
|
68
|
14,6
|
Madina Dianguette
|
356
|
44
|
12,3
|
261
|
42
|
16,1
|
617
|
86
|
13,9
|
Total
|
564
|
80
|
14,1
|
516
|
74
|
14,3
|
1080
|
154
|
14,2
|
A. 6) Indice gamétocytaire (IG)
Des 2659 GE examinées pour la zone sahélienne
nord, seules 3 d'entre elles présentaient des gamétocytes de
Plasmodium falciparum soit un indice gamétocytaire de 0,11 %
(3/2659). Avec un seul porteur de gamétocytes dépisté dans
chaque site (Bokidiawé : 1/1232 ; Kassack sud :
1/671 ; tassinère : 1/756), l'indice gamétocytaire a
été très faible dans la zone nord. Les gamétocytes
ont été retrouvés à Boki Diawé en saison
sèche (Janvier 2005), en fin de saison sèche (Juin 2003) à
Kassack sud et en fin de saison pluvieuse (Octobre 2003) à
Tassinère.
Sur les 1004 prélèvements effectués dans
la ville de Touba, 3 ont présenté des gamétocytes soit un
indice gamétocytaire de 0,29 % (3/1004). Tous les porteurs de
gamétocytes ont été retrouvés dans le quartier
périphérique de Darou Marnane en début de saison
sèche (Novembre 2003) où l'indice gamétocytaire a
été de 0,5 % (3/502).
En zone soudanienne, l'indice gamétocitaire a
été nul (0/463) dans le site d'agriculture sous pluie
(Némataba) tandis que dans le site de riziculture irriguée
(Madina Dianguette), la présence de gamétocytes a
été notée en période de saison des pluies (Juillet
2003) dans une seule des 617 GE examinées, soit un indice
gamétocytaire de 0,16 % (1/617) pour ce site.
Pour l'ensemble des 1 080 prélèvements
examinés dans la zone soudanienne, l'indice gamétocytaire moyen a
été de 0,09 %.
B/ Etude de la morbidité chez les consultants
suspects.
B. 1) Indice parasitaire moyen des patients
suspectés de paludisme clinique
En zone sahélienne, 544 prélèvements ont
été réalisés chez des patients présentant
des signes cliniques évocateurs de paludisme. La présence
d'hématozoaires a été observée chez 149 d'entre
eux, soit un indice parasitaire de 27,3 % (Tableau 7). Dans la ville de Touba,
482 patients suspectés de paludisme clinique ont fait l'objet d'une GE
Parmi eux, 190 étaient porteurs d'hématozoaires, soit un indice
parasitaire moyen de 39,4 %. En zone soudanienne, ce sont 227 patients qui ont
été prélevés dont 87 hébergeaient des
hématozoaires soit un indice parasitaire de 38,3 %. Pour l'ensemble des
trois zones biogéographiques, l'indice parasitaire a
été significativement plus faible en zone nord sahélienne
(P<0,05) et comparable entre la ville de Touba et les sites de la zone
soudanienne (P>0,78).
B. 2) Variations de l'indice parasitaire selon les
sites
Pour l'ensemble des sites étudiés, l'indice
parasitaire des sujets suspectés de paludisme clinique
a été plus faible à Kassack Sud (12,1 %) dans le delta du
fleuve Sénégal (Tableau 7). Avec des valeurs
respectives de 37,6 % ; 34,6 % et 36,9 %, il a été
comparable à Boki Diawé (site sahélien d'agriculture sous
pluie ), Madina Dianguette (site soudanien de riziculture irriguée) et
le quartier de Darou Khoudoss située au centre de la ville de Touba
(P>0,83). Les plus forts indices parasitaires ont
été enregistrés à Tassinère
(site de mangrove nord), Némataba (site soudanien d'agriculture sous
pluie) et dans le quartier périphérique de Darou Marnane (ville
de Touba) avec respectivement 49%, 45,9 % et 45,2 % (P>0,83).
Plasmodium falciparum a été
l'espèce plasmodiale retrouvée chez les sujets parasités,
à l'exception de 2 garçons âgés de 13 et 14 ans
trouvés porteurs de Plasmodum ovale en Août 2003 dans le
quartier de Darou Marnane (ville de Touba) et d'une femme âgée de
47 ans trouvée porteuse de Plasmodium malariae en juillet 2003
à Madina Dianguette.
Tableau 7: Variations des taux moyens de
morbidité chez les patients suspects dans les sites des
différentes zones biogéographiques
étudiées.
|
Zone nord sahélienne
|
Total
|
Zone centre
sahélo soudanienne
|
Total
|
Zone
sud soudanienne
|
Total
|
Boki Diawé
|
Kassack sud
|
Tassinère
|
Darou Khoudoss
|
Darou Marnane
|
Némataba
|
Madina Dianguette
|
GE
|
178
|
264
|
102
|
544
|
336
|
146
|
482
|
74
|
153
|
227
|
+
|
67
|
32
|
50
|
149
|
124
|
66
|
190
|
34
|
53
|
87
|
% (IP)
|
37,6
|
12,1
|
49,0
|
27,3
|
36,9
|
45,2
|
39,4
|
45,9
|
34,6
|
38,3
|
P.f (%)
|
37,6
|
12,1
|
49,0
|
27,3
|
36,9
|
43,8
|
39,0
|
45,9
|
34,0
|
37,9
|
P.m (%)
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0,6
|
0,4
|
P. o (%)
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1,4
|
0,4
|
0
|
0
|
0
|
P. f = Plasmodium falciparum P. o =
Plasmodium ovale P. m = Plasmodium malariae
B. 3) Variations saisonnières de l'indice
parasitaire chez les cas suspects d'accès palustre dans les
différentes localités.
En zone sahélienne et soudanienne, l'indice parasitaire
a été plus élevé en milieu de saison des pluies
alors que dans la ville de Touba (zone sahélo soudanienne) il a
été plus élevé en fin de saison des pluies (Tableau
8).
Au niveau de la zone sahélienne, l'indice parasitaire a
été significativement plus élevé en saison des
pluies. Cependant, l'indice parasitaire de saison des pluies a
été significativement plus faible dans le site rizicole de
Kassack sud que dans les autres sites où les variations observées
n'ont pas été significatives. Pendant la saison sèche, il
a été comparable dans les 3 sites tandis qu'en fin de saison
sèche, des porteurs de Plasmodium n'ont été
dépistés qu'à Kassack sud où l'indice parasitaire a
été de 7,8 %.
Dans la ville de Touba, l'indice parasitaire a
été significativement plus élevé en fin de saison
des pluies (P<0,05).
En zone soudanienne, l'indice parasitaire a été
nul en période de saison sèche dans les deux localités. A
Madina Dianguette, il a été significativement plus
élevé en milieu de saison des pluies (P<0,03) et n'a pas
présenté de différence significative entre milieu et fin
de saison des pluies à Némataba (P>0,33). Pour l'ensemble de
la zone l'indice parasitaire a été significativement plus
élevé en milieu de saison des pluies (P<0,02).
Tableau 8: Variations saisonnières de l'indice
parasitaire chez les cas suspects d'accès palustre dans les
différentes localités d'étude de la zone centre
sahélo soudanienne et sud soudanienne.
Zones Biogéographiques
|
Localités
|
Fin SS début SP
(Juin - Juillet 2003)
|
Saison des pluies
(Juillet - Octobre. 2003)
|
Fin SP début SS
(Nov. 2003)
|
Saison sèche
(Mars 2004)
|
GE
|
+
|
IP (%)
|
GE
|
+
|
IP
(%)
|
GE
|
+
|
IP
(%)
|
GE
|
+
|
IP
(%)
|
Zone
nord sahélienne
|
Boki Diawe
|
0
|
0
|
0,0
|
85
|
46
|
54,1
|
28*
|
8
|
28,5
|
65
|
13
|
20
|
Kassack Sud
|
166
|
13
|
7,8
|
32
|
8
|
25,0
|
17*
|
2
|
11,7
|
49
|
9
|
18,3
|
Tassinère
|
16
|
0
|
0,0
|
78
|
49
|
62,8
|
0 *
|
0
|
0,0
|
8
|
1
|
12,5
|
Sub total
|
182
|
13
|
7,14
|
195
|
103
|
52,8
|
45
|
10
|
22,2
|
122
|
23
|
18,8
|
Zone
Centre sahélo
soudanienne
|
Darou khoudoss
|
-
|
-
|
-
|
147
|
30
|
20,4
|
189
|
94
|
49,7
|
-
|
-
|
-
|
Darou Marnane
|
-
|
-
|
-
|
37
|
8
|
21,6
|
109
|
58
|
53,2
|
-
|
-
|
-
|
Sub total
|
-
|
-
|
-
|
184
|
38
|
20,6
|
298
|
152
|
51
|
-
|
-
|
-
|
Zone
Sud soudanienne
|
Némataba
|
-
|
-
|
-
|
47
|
26
|
55,3
|
19
|
8
|
42,1
|
8 ?
|
0
|
0
|
Madina Dianguette
|
-
|
-
|
-
|
90
|
41
|
45,5
|
45
|
12
|
26,6
|
18 ?
|
0
|
0
|
Sub total
|
-
|
-
|
-
|
137
|
67
|
48,9
|
64
|
20
|
31,2
|
26
|
0
|
0
|
* Janvier 2005 - =
Prélèvements non effectués
? Mai 2005 ? Mars 2005
B.4) Variations de la proportion de
prélèvements positifs selon l'âge des consultants
suspectés d'accès palustre.
Des 544 cas suspects d'accès palustre obtenus dans les
sites de la zone nord sahélienne, 328 et 216 étaient
respectivement âgés de plus et de moins de 14 ans (Tableau 9).
Dans le site de riziculture irriguée (Kassack Sud), 62,5 % des
prélèvements positifs ont été rencontrés
chez >14 ans. Par contre dans les sites de mangrove et de culture sous
pluie, la proportion de prélèvements positifs a été
plus importante chez les moins de 14 ans avec 55,2 % à Boki Diawé
et 64,0 % à Tassinère.
Sur les 482 cas suspectés de paludisme à Touba,
277 sont d'âge inférieur à 14 ans et 205 ont plus de 14
ans. Le taux de prélèvements positifs a été
significativement plus important chez les moins que chez les plus de 14 ans
avec respectivement 51,3 % et 23,4 % (P<0,05).
En zone soudanienne, 58 % des cas suspects de paludisme
à Némataba (site d'agriculture sous pluie) sont d'âge
inférieur à 14 ans et 42 % d'âge supérieur à
14 ans. Le taux de prélèvements positifs a été
significativement plus élevé chez les moins de 14 ans (58,1 %)
que chez les plus de 14 ans (29 %) (P<0,01). Dans le site de riziculture
irriguée de Madina Dianguette, 59,4 % des cas suspects sont
âgés de moins de 14 ans et 40,6 % de plus de 14 ans. Les
prélèvements positifs ont été significativement
plus élevés chez les moins de 14 ans avec 43,9 % que chez les
plus de 14 ans avec 21 % (P<310-3). Pour l'ensemble de la zone,
la proportion de prélèvements positifs a été
significativement plus importante chez les patients âgés de moins
de 14 ans (P=10-4<0,05).
Tableau 9: Nombre et variations de la proportion de
prélèvements positifs selon l'âge des consultants dans les
différentes localités étudiées.
|
Prélèvements positifs
|
Prélèvements négatifs
|
Total
|
Eff
|
=14
|
>14
|
Eff
|
=14
|
>14
|
Eff
|
=14
|
>14
|
Zone nord sahélienne
|
Boki Diawé
|
Nb
|
67
|
37
|
30
|
111
|
55
|
56
|
178
|
92
|
86
|
%
|
37,7
|
40,2
|
34,9
|
62,3
|
59,8
|
65,1
|
100
|
100
|
100
|
Kassack Sud
|
Nb
|
32
|
12
|
20
|
232
|
62
|
170
|
264
|
74
|
190
|
%
|
12,1
|
16,2
|
10,5
|
87,9
|
83,8
|
89,5
|
100
|
100
|
100
|
Tassinère
|
Nb
|
50
|
32
|
18
|
52
|
18
|
34
|
102
|
50
|
52
|
%
|
49
|
64
|
34,6
|
51
|
36
|
65,4
|
100
|
100
|
100
|
Sub total
|
Nb
|
149
|
81
|
68
|
395
|
135
|
260
|
544
|
216
|
328
|
%
|
27,4
|
37,5
|
20,7
|
72,6
|
62,5
|
79,3
|
100
|
100
|
100
|
Zone centre sahélo soudanienne
|
Darou Khoudoss
|
Nb
|
124
|
85
|
39
|
212
|
93
|
119
|
336
|
178
|
158
|
%
|
37
|
47,8
|
24,7
|
63
|
52,2
|
75,3
|
100
|
100
|
100
|
Darou Marnane
|
Nb
|
66
|
57
|
9
|
80
|
42
|
38
|
146
|
99
|
47
|
%
|
45,2
|
57,6
|
19,1
|
54,8
|
42,4
|
80,9
|
100
|
100
|
100
|
Sub total
|
Nb
|
190
|
142
|
48
|
292
|
135
|
157
|
482
|
277
|
205
|
%
|
39,4
|
51,3
|
23,4
|
60,6
|
48,7
|
76,6
|
100
|
100
|
100
|
Zone sud soudanienne
|
Némataba
|
Nb
|
34
|
25
|
9
|
40
|
18
|
22
|
74
|
43
|
31
|
%
|
45,9
|
58,1
|
29
|
54,1
|
41,9
|
71
|
100
|
100
|
100
|
Madina Dianguette
|
Nb
|
53
|
40
|
13
|
100
|
51
|
49
|
153
|
91
|
62
|
%
|
34,6
|
43,9
|
21
|
65,4
|
56,1
|
79
|
100
|
100
|
100
|
Sub total
|
Nb
|
87
|
65
|
22
|
140
|
69
|
71
|
227
|
134
|
93
|
%
|
38,3
|
48,5
|
23,6
|
61,7
|
51,5
|
76,4
|
100
|
100
|
100
|
B.5) Température corporelle et taux de
prélèvements positifs chez les cas suspectés
d'accès palustre.
Des 544 prélèvements effectués chez les
patients suspectés de paludisme en zone sahélienne, 199 ont
été faits chez des patients présentant une hyperthermie
(To>37o9) et 44,2 % d'entre eux ont
présenté des hématozoaires dans leur sang
(Tableau 10). L'hyperthermie a
été associée à un portage parasitaire chez 51,6 %
des patients dans le site d'agriculture sous pluie (Boki Diawé) et
à 59,6 % des patients en zone de mangrove (Tassinere), cette association
a été significativement plus faible en zone de riziculture
irriguée (Kassack Sud) avec 20,3 % des patients (P<0,05).
Dans la ville de Touba, parmi 451 cas suspectés de
paludisme, 147 présentent une hyperthermie soit 32,5 % et 304 sont
apyrétiques soit 67,5 %. Le taux de portage parasitaire a
été comparable chez les fébriles et les apyrétiques
à Darou Marnane (P>0,51) et a été significativement
plus élevé chez les fébriles à Darou Khoudoss
(P<0,05). Pour l'ensemble de la ville de Touba, le taux de
prélèvements positifs a été significativement plus
important chez les fébriles avec 49,6 % que chez les apyrétiques
avec 31,9 % (P<0,05).
En zone soudanienne, dans le site d'agriculture sous pluie
(Némataba), 56 % des prélèvements positifs ont
été obtenus chez des sujets apyrétiques et 44 % chez des
sujets fébriles. A Madina Dianguette, site de riziculture
irriguée, 60 % des prélèvements positifs sont
retrouvés chez les patients apyrétiques et 40 % chez les
fébriles.
Tableau 10 : Hyperthermie et portage parasitaire
dans les différents sites d'étude.
|
Prélèvements positifs
|
Prélèvements négatifs
|
Total
|
Eff
|
=37°9
|
>37°9
|
Eff
|
=37°9
|
>37°9
|
Eff
|
=37°9
|
>37°9
|
Zone nord sahélienne
|
Boki Diawé
|
Nb
|
67
|
19
|
48
|
111
|
66
|
45
|
178
|
85
|
93
|
%
|
37,7
|
22,3
|
51,6
|
62,3
|
77,7
|
48,4
|
100
|
100
|
100
|
Kassack Sud
|
Nb
|
32
|
20
|
12
|
232
|
185
|
47
|
264
|
205
|
59
|
%
|
12,1
|
9,7
|
20,3
|
87,9
|
90,3
|
79,7
|
100
|
100
|
100
|
Tassinère
|
Nb
|
50
|
22
|
28
|
52
|
33
|
19
|
102
|
55
|
47
|
%
|
49
|
40
|
59,6
|
51
|
60
|
40,4
|
100
|
100
|
100
|
Sub total
|
Nb
|
149
|
61
|
88
|
395
|
284
|
111
|
544
|
345
|
199
|
%
|
27,4
|
17,7
|
44,2
|
72,6
|
82,3
|
55,8
|
100
|
100
|
100
|
Zone centre sahélo soudanienne
|
Darou Khoudoss
|
Nb
|
104
|
55
|
49
|
201
|
152
|
49
|
305
|
207
|
98
|
%
|
34,1
|
26,6
|
50
|
65,9
|
73,4
|
50
|
100
|
100
|
100
|
Darou Marnane
|
Nb
|
66
|
42
|
24
|
80
|
55
|
25
|
146
|
97
|
49
|
%
|
45,2
|
43,3
|
48,9
|
54,8
|
56,7
|
51,1
|
100
|
100
|
100
|
Sub total
|
Nb
|
170
|
97
|
73
|
281
|
207
|
74
|
451
|
304
|
147
|
%
|
37,7
|
31,9
|
49,6
|
62,3
|
68,1
|
50,4
|
100
|
100
|
100
|
Zone sud soudanienne
|
Némataba
|
Nb
|
34
|
19
|
15
|
40
|
29
|
11
|
74
|
48
|
26
|
%
|
45,9
|
39,6
|
57,7
|
54,1
|
60,4
|
42,3
|
100
|
100
|
100
|
Madina Dianguette
|
Nb
|
53
|
32
|
21
|
100
|
-
|
-
|
153
|
-
|
-
|
%
|
34,6
|
-
|
-
|
65,4
|
-
|
-
|
100
|
100
|
100
|
Sub total
|
Nb
|
87
|
51
|
36
|
140
|
-
|
-
|
227
|
-
|
-
|
%
|
38,3
|
-
|
-
|
61,7
|
-
|
-
|
100
|
100
|
100
|
- En Mars 2005 aucune prise de température n'a
été effectuée chez les sujets suspectés de
paludisme à Madina Dianguette.
B. 6) Charges parasitaires
B. 6. 1) Charges parasitaires dans les
différentes zones biogéographiques
Les densités parasitaires n'ont été
estimées que pour les sujets suspects de paludisme clinique chez
lesquels la répartition des densités parasitaires a
été comparable dans les différentes zones. Dans toutes les
zones, les parasitémies supérieures à 500
trophozoites/ìl de sang ont été les plus
fréquemment rencontrées avec une prédominance des charges
parasitaires supérieures à 5000 trophozoites/ ìl de sang
(figure 2).
B .6. 2) Variations des densités parasitaires
selon les sites d'étude
En zone nord sahélienne, il semble exister un
déséquilibre de distribution des charges parasitaires entre les
sites étudiés. Ainsi à Kassack sud, les
parasitémies <500 trophozoites/ ìl de sang tout comme celles
>50000 trophozoites / ìl de sang n'ont pas été
rencontrées. A Tassinère par contre, ce sont les
parasitémies =5000 trophozoites/ ìl de sang
notamment celles >50 000 trophozoites/ ìl de sang qui ont
été relativement prédominantes.
Pour le site de Boki Diawé et ceux des autres zones,
les parasitémies supérieures à 500 trophozoites/ìl
de sang ont été les plus fréquemment rencontrées
avec une prédominance des charges parasitaires supérieures
à 5000 trophozoites/ ìl de sang. Dans la ville de Touba, les
densités >50000 trophozoites/ ìl de sang ont été
relativement plus élevées dans le quartier
périphérique de Darou Marnane (figure 3). De même en zone
soudanienne, les densités parasitaires >50000 trophozoites/ ìl
de sang ont été relativement plus élevées dans le
site de riziculture de Madina Dianguette (figure 3).
Figure 2 : Répartition des classes de
densités parasitaires dans les différentes zones
biogéographiques.
C1 = = 50
C2 = 50<DP=500
C3 = 500<DP=5000
C4 = 5000<DP=50000
C5 = >50000
Figure 3 : Répartition des classes de
densités parasitaires dans les sites d'étude.
B. 6. 3) Variations des densités parasitaires
selon le site et l'âge des consultants.
Les densités parasitaires =5000
trophozoites / ìl de sang ont été prédominante
aussi bien chez les moins que chez les plus de 14 ans dans les
trois zones biogéographiques. Dans chaque zone, les très fortes
densités parasitaires (>50000 trophozoites / ìl de sang) ont
été relativement plus élevés chez les enfants de
moins de 14 ans (Figure 4).
Dans la zone sahélienne, la distribution des charges
parasitaires selon l'âge des consultants est différente entre les
sites étudiés. A Boki Diawé, les parasitémies
=5000 trophozoites / ìl de sang ont
prédominé à la fois chez les moins et plus de 14 ans. Les
parasitémies >50000 trophozoites / ìl de sang n'ont pas
été notées à Kassack sud alors qu'à
Tassinère, elles sont relativement prédominantes chez les moins
de 14 ans (figure 5). De même à Bokidiawé, les
parasitémies >50000 trophozoites / ìl de sang ont
été relativement plus élevées chez les moins de 14
ans.
Dans la ville de Touba, les parasitémies
=5000 trophozoites / ìl de sang ont été
prédominantes chez les moins de 14 ans à la fois dans les deux
quartiers. Cependant, la proportion des charges >50000 trophozoites /
ìl de sang a été relativement plus importante à
Darou Marnane. Pour les plus de 14 ans, seules des parasitémies
>5000 trophozoites / ìl de sang ont
été notées à Darou Marnane. Toutefois, les
parasitémies <50000 trophozoites / ìl de sang ont
été relativement plus élevées dans le quartier
centrale de Darou Khoudoss à la fois chez les moins et plus de 14
ans.
En zone soudanienne, les densités parasitaires
=5000 trophozoites / ìl de sang ont été
relativement plus fréquentes à la fois chez les moins et plus de
14 ans dans les deux sites. Cependant, les proportions des différentes
classes de densités parasitaires ont été plus
élevées à Madina Dianguette qu'à Némataba.
Figure 4 : Variations des classes de densités
parasitaires en fonction de l'âge des consultants dans les
différentes zones biogéographiques.
Figure 5: Variations des classes de densités
parasitaires en fonction du site d'étude et de l'âge des
consultants.
B. 6. 4) Distribution des classes de densités
parasitaires en fonction de la température corporelle
des consultants suspectés d'accès palustre.
Dans toutes les zones biogéographiques, les
parasitémies ?5000 trophozoites / ìl de sang ont
été prédominantes à la fois chez les patients
fébriles et apyréthiques (figure 6). Les très fortes
parasitémies (>50000 trophozoites / ìl de sang) ont
été relativement plus élevées chez les patients
fébriles en zone sahélienne tandis que dans les autres zones,
notamment dans la ville de Touba, il ne semble pas y avoir de différence
entre patients fébriles et patients apyréthiques pour les
parasitémies >50000 trophozoites / ìl de sang.
Seules les densités >50000 trophozoites / ìl
de sang semblent montrer une répartition différente en fonction
de la température corporelle des patients. Dans la zone nord
sahélienne, elles ont été relativement plus
élevées chez les fébriles à la fois à Boki
Diawé et à Tassinère. Dans la ville de Touba comme dans le
sud soudanien, la répartition des parasitémies >50000
trophozoites / ìl de sang en fonction de la température
corporelle des patients est relativement différente entre les sites
étudiés. En effet, à Touba, la proportion de charges
>50000 trophozoites / ìl de sang à Darou Khoudoss semble
relative plus élevée chez les fébriles que chez les
apyréthiques. A Darou Marnane par contre, cette proportion a
été relativement plus élevée chez les
apyréthiques (Figure 7).
En zone soudanienne, les parasitémies >50000
trophozoites / ìl de sang ont été relativement plus
élevées chez les fébriles à Madina Dianguette alors
qu'à Némataba, il a été noté une très
faible proportion de très fortes densités parasitaires à
la fois chez les fébriles et les apyréthiques.
Figure 6: Température corporelle et distribution
des classes de densités parasitaires chez les consultants dans les
différentes zones biogéographiques.
Figure 7 : Répartition des classes de
densités parasitaires en fonction de la température corporelle
des consultants dans les différents sites d'étude.
III/ RESULTATS DE L'ETUDE
ENTOMOLOGIQUE
A) Inventaire de la faune culicidienne
En zone nord, 8 439 moustiques ont été
capturés sur homme et 2 355 récoltés en faune matinale
résiduelle. Dans la ville de Touba, ce sont 2 283 et 2 190 qui ont
été respectivement capturés sur homme et
récoltés en faune matinale résiduelle dans les deux sites.
Au sud, les valeurs correspondantes ont été de 1 312 et
469 moustiques respectivement capturés sur homme et
récoltés en faune matinale résiduelle.
En capture sur homme, les anophèles ont
représenté 18 %, 2 % et 79 % de la faune culicidienne
respectivement au nord, à Touba et au sud. La proportion
d'anophèles dans les récoltes de la faune matinale
résiduelle a été de 27 %, 2 % et 60 % respectivement au
nord, à Touba et au sud.
En zone nord sahélienne, la proportion
d'anophèles capturés sur homme a été plus
élevée dans le site de mangrove (Tassinére). En faune
matinale résiduelle, elle a été plus élevée
dans le site de culture sous pluie (Boki Diawé). A Touba, les
proportions d'anophèles ont été faibles aussi bien en
capture nocturne qu'en faune matinale résiduelle. En zone sud
soudanienne, cette proportion a été plus élevée
dans le site rizicole pour les captures sur homme mais comparable dans les deux
sites pour les récoltes de la faune matinale résiduelle (Tableau
11).
Au cours des différentes sorties effectuées sur
le terrain, 7 espèces d'anophèles ont été
récoltées à savoir: An. gambiae sl.; An.
pharoensis ; An. coustani ; An. rufipes ; An. ziemanni ;
An. funestus ; An. wellcomei.
An. gambiae s.l a prédominé aussi bien
dans la faune résiduelle que dans les captures nocturnes sur homme au
niveau de tous les sites étudiés sauf dans le site de riziculture
irriguée du delta du fleuve Sénégal (Kassack Sud)
où An. pharoensis a été l'espèce dominante
avec 90,1 % des captures sur homme et 78 % de la faune matinale
résiduelle. An. funestus a été retrouvé
en zone soudanienne mais aussi dans le site rizicole du delta (Kassack Sud)
aussi bien en capture nocturne qu'en faune résiduelle (Figure 9).
L'étude des indices entomologiques de la transmission a
été réalisée uniquement chez les femelles d'An.
gambiae sl.
Tableau 11: Inventaire de la faune culicidienne
récoltée dans les villages d'étude des différentes
zones biogéographiques du Sénégal.
|
Zone Nord sahélienne
|
Zone centre sahélo-soudanienne
|
Zone sud soudanienne
|
Boki Diawé
|
Kassak Sud
|
Tassinère
|
Darou Khoudoss
|
Darou Marnane
|
Némataba
|
Madina Dianguette
|
Espèces
|
SH
|
FMR
|
SH
|
FMR
|
SH
|
FMR
|
SH
|
FMR
|
SH
|
FMR
|
SH
|
FMR
|
SH
|
FMR
|
An. gambiae s.l.
|
138 (98,6%)
|
524 (95,4%)
|
14 (3,7%)
|
7 (17,1%)
|
981 (97,5%)
|
36 (100%)
|
23 (100%)
|
19 (100%)
|
11 (91,7%)
|
24 (96%)
|
302 (100%)
|
130 (98,5%)
|
723 (98,5%)
|
138 (92%)
|
An.
funestus
|
|
|
1 (0,3%)
|
2 (4,9%)
|
|
|
|
|
|
|
|
1 (0,75%)
|
|
7 (4,7%)
|
An. pharoensis
|
1 (0,7%)
|
2 (0,4%)
|
337 (90,1%)
|
32 (78%)
|
25 (2,5%)
|
|
|
|
1 (8,3%)
|
1 (4%)
|
|
|
11 (1,5%)
|
|
An.
ziemani
|
|
|
2 (0,5%)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
An. coustanni
|
|
|
4 (1,1%)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
An.
rufipes
|
|
23 (4,2%)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1 (0,75%)
|
|
5 (3,3%)
|
An. wellcomei
|
1
(0,7%)
|
|
16 (4,3%)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total Anopheles
|
140
|
549
|
374
|
41
|
1006
|
36
|
23
|
19
|
12
|
25
|
302
|
132
|
734
|
150
|
Total
Culex
|
2762
|
1086
|
2960
|
228
|
1195
|
414
|
2082
|
1715
|
100
|
90
|
216
|
124
|
12
|
63
|
Total Aedes
|
1
|
|
|
|
1
|
1
|
50
|
278
|
6
|
64
|
20
|
|
28
|
|
TOTAL
|
2903
|
1635
|
3334
|
269
|
2202
|
451
|
2155
|
2012
|
118
|
179
|
538
|
256
|
774
|
213
|
SH : Capture nocturne sur sujet humai FMR :
Faune matinale résiduelle
Figure 8: Variations des populations de moustiques en
fonction des différentes localités
étudiées.
Figure 9: Variations des populations d'An.
gambiae sl. ; d'An. funestus et d'Anopheles pharoensis en
fonction des différentes localités
étudiées.
B) Taux de parturité
Au niveau des différents sites d'étude de la
zone nord sahélienne, toutes les femelles d'An. gambiae
sl récoltées en saison sèche ont
été trouvées pares. En saison pluvieuse, le taux de
parturité n'a pas présenté de différence
significative entre les localités de Kassack et de Tassinère
(P>0,35). Dans la ville de Touba, le taux de parturité moyen des
femelles d'An. gambiae sl a été comparable entre les
quartiers de Darou Marnane et de Darou Khoudoss (P>0,06). En zone
soudanienne, il a été significativement plus élevé
dans le site de riziculture irriguée (P<0,003).
Tableau 12: Taux de parturité (TP) des femelles
d'Anopheles gambiae s.l récoltées dans les villages
d'étude des trois zones biogéographiques du
Sénégal.
Localités
|
Périodes
|
TD
|
P
|
TP (%)
|
Boki Diawé
|
juin-oct 2003
|
-
|
-
|
-
|
Janv. 2005
|
1
|
1
|
100
|
Kassack-Sud
|
juin-oct 2003
|
8
|
3
|
37,5
|
Janv. 2005
|
6
|
6
|
100
|
Tassinère
|
juin-oct 2003
|
90
|
55
|
61,1
|
Janv. 2005
|
2
|
2
|
100
|
Sub Total
|
|
107
|
67
|
62,7
|
Touba
|
Darou khoudoss
|
Août 2003
|
35
|
17
|
48,5
|
Nov. 2003
|
24
|
14
|
58,3
|
Mai 2005
|
6
|
5
|
83,3
|
Darou Marnane
|
Août 2003
|
23
|
16
|
69,5
|
Nov. 2003
|
69
|
45
|
65,2
|
Mai 2005
|
13
|
12
|
92,3
|
Sub Total
|
|
135
|
92
|
68,2
|
Madina Dianguette
|
juillet 2003
|
246
|
181
|
73,5
|
Nov. 2003
|
182
|
152
|
83,5
|
Mars 2005
|
9
|
9
|
100
|
Némataba
|
juillet 2003
|
249
|
166
|
66,6
|
Nov. 2003
|
84
|
63
|
75
|
Mars 2005
|
46
|
34
|
73,9
|
Sub Total
|
|
570
|
424
|
74,4
|
- = Non Disponible
TD : nombre de femelles
disséquées (ovaires)
P : nombre de femelles pare
TP (%) : taux de parturité (% de
femelles pares)
C) Taux d'agressivité et densité au
repos.
C-1) Taux d'agressivité
Le taux d'agressivité des femelles d'An.
gambiae s.l a été plus élevé en zone
sud soudanienne (plus du double en zone sahélienne) et plus faible dans
la ville de Touba. Il a présenté des variations
saisonnières, ainsi en zone sahélienne, il a été
plus élevé en saison pluvieuse qu'en saison sèche dans les
localités de Tassinére et de Boki Diawe. Dans la zone urbaine de
Touba, ce taux n'a pas beaucoup varié en fonction de la saison dans les
quartiers de Darou Marnane et de Darou Khoudoss. En zone soudanienne, il a
été plus élevé dans le site de riziculture
irriguée (Madina Dianguette) que dans le site d'agriculture sous pluie
(Némataba) en saison pluvieuse, en saison sèche, ce taux a
été relativement plus élevé à
Némataba (Tableau 13).
C-2) Densités au repos
La densité des femelles d'An. gambiae sl. au
repos à l'intérieur des habitations (DRI) a été
plus élevée en saison des pluies qu'en saison sèche dans
l'ensemble des localités étudiées (Tableau 13). Cependant,
dans le delta du fleuve Sénégal (Kassack Sud) cette
différence n'a pas été significative pour les deux
saisons. En zone soudanienne la DRI a été plus
élevée dans le site de riziculture (Madina Dianguette) que dans
le site d'agriculture sous pluie (Némataba).
D) Taux d'inoculation entomologique
La transmission n'a pas été sensible en
période de saison sèche dans les différents sites
étudiés. C'est en période de saison des pluies qu'on
observe des infections chez les femelles d'An gambiae s.l
récoltées. En zone sahélienne la transmission n'a
été perceptible que dans le site de mangrove où le TIE a
été de 1,28 piqûres infectées /homme/nuit. Dans le
site de riziculture du delta du fleuve des femelles d'An. pharoensis
ont été trouvé infectées (ICSP= 2,42 %). Dans la
ville de (Touba) de faibles taux d'infections ont été
retrouvés chez les femelles d'An gambiae s.l uniquement dans le
quartier de Darou Khoudoss en milieu de saison des pluies avec un TIE de 0,12
piqûre infectée /homme/nuit. C'est en zone soudanienne que les
plus fort TIE ont été enregistrés en milieu de saison des
pluies avec 4,23 et 1,51 piqûres infectées /homme /nuit
respectivement en zone soudanienne de riziculture irriguée (Madina
Dianguette) et en zone soudanienne d'agriculture sous pluie
(Némataba). En fin de saison pluvieuse des taux plus
faibles ont été enregistrés avec respectivement 0,39
piqûre infectée /homme /nuit en zone rizicole et 0,31 piqûre
infectée /homme /nuit en zone non rizicole (Tableau
13).
Tableau 13 : Taux d'infection et Taux
d'inoculation entomologique des femelles
d'Anopheles gambiae s.l récoltées dans les villages
d'étude des différentes zones
biogéographiques.
Localités
|
Périodes
|
Densités
|
Glandes salivaires
|
ELISA
|
TIE
|
DRI
|
TAH
|
D
|
G+
|
IS (%)
|
Nb
|
E+
|
ICS
(%)
|
Boki Diawé
|
juin-oct 2003
|
17,4
|
8,6
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
janv. 2005
|
0,05
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
0
|
Kassack-Sud
|
juin-oct 2003
|
0,17
|
0,6
|
8
|
0
|
0
|
12
|
0
|
0
|
0
|
janv. 2005
|
0,13
|
0,5
|
4
|
0
|
0
|
4
|
0
|
0
|
0
|
Tassinère
|
juin-oct 2003
|
0,83
|
61,2
|
93
|
1
|
1,1
|
960
|
20
|
2,1
|
1,28
|
janv. 2005
|
0,07
|
0,25
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
Touba
|
Darou khoudoss
|
Août 2003
|
1,2
|
2,15
|
35
|
0
|
0
|
18
|
1
|
5,5
|
0,12
|
Nov. 2003
|
0,7
|
0,8
|
24
|
0
|
0
|
13
|
0
|
0
|
0
|
Mai 2005
|
0,07
|
0,42
|
5
|
0
|
0
|
6
|
0
|
0
|
0
|
Darou Marnane
|
Août 2003
|
1,13
|
0,75
|
23
|
0
|
0
|
6
|
0
|
0
|
0
|
nov. 2003
|
4,5
|
0,2
|
69
|
0
|
0
|
3
|
0
|
0
|
0
|
Mai 2005
|
0,47
|
0,42
|
6
|
0
|
0
|
14
|
0
|
0
|
0
|
Madina Dianguette
|
juillet 2003
|
17
|
90
|
132
|
0
|
0
|
731
|
35
|
4,7
|
4,23
|
nov. 2003
|
3,4
|
8,1
|
150
|
3
|
2
|
163
|
8
|
4,9
|
0,39
|
Mars 2005
|
0,93
|
0,40
|
14
|
0
|
0
|
50
|
0
|
0
|
0
|
Némataba
|
juillet 2003
|
6,47
|
36
|
146
|
0
|
0
|
287
|
12
|
4,18
|
1,51
|
nov. 2003
|
0,7
|
4,6
|
81
|
1
|
1,2
|
73
|
5
|
6,8
|
0,31
|
Mars 2005
|
2,2
|
1,75
|
3
|
0
|
0
|
9
|
0
|
0
|
0
|
- = Non Disponible
D: Glandes salivaires Disséquées
IS : Indice Sporozoïtique
G+ : Glandes salivaires infectées
(positives) ICS : Indice circumsporozoïtique
TAH : Taux d'agressivité sur
homme TIE : Taux d'inoculation
entomologique
Nb : Nombre de moustiques testé
à l'ELISA E+ : Test ELISA positif
DISCUSSION
1) Prévalence parasitaire
L'évaluation de la prévalence parasitaire donne
des indications sur l'importance de la transmission et sur l'état de
circulation du parasite dans une communauté. Les taux moyens de
prévalence enregistrés au niveau des trois zones d'étude
ont été partout inférieurs à 20 %. L'indice
plasmodique a été significativement plus élevé en
zone sud soudanienne avec 14,2 %, le paludisme y est
mésoendémique. Cette mésoendémicité palustre
a déjà été rapportée au sud du
Sénégal dans la zone du barrage anti-sel de Bignona avec un IP
moyen de 45,2 % (GAYE et al. 1991). Au niveau des zones nord sahélienne
et centre sahélo soudanienne il sévit selon un mode
hypoendémique avec respectivement des taux moyens de 2,3 % et 4,5 %.
Les indices plasmodiques ont considérablement
varié en fonction des périodes de prélèvement.
Ainsi dans les différents sites, la prévalence a
été plus importante en fin de saison des pluies, les indices de
saison sèche et de milieu de saison des pluies sont relativement
faibles. Dans les différents sites de la zone nord sahélienne
malgré les variations de l'indice plasmodique on reste toujours dans une
situation d'hypoendémicité quelque soit la saison. Au niveau du
delta et dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal des
études ont révélé que le paludisme sévit
selon un mode hypoendémique à mésoendémique (DIALLO
et al. 1991 ; FAYE et al. 1993b).
L'existence d'aménagements hydroagricoles favorise la
présence de gîtes larvaires dans la vallée du fleuve
Sénégal une grande partie de l'année, ce qui permet une
circulation du parasite dans la population tout au long de l'année. Le
faible taux de prévalence enregistré dans le site sahélien
non rizicole de Boki Diawé (1 %) dénote de la faiblesse de la
transmission dans la zone. Cette faible transmission a déjà
été signalée dans la basse vallée du fleuve
Sénégal (MBAYE, 1997), elle serait liée à la
prédominance d'An. arabiensis qui a une tendance zoophile dans
la zone ce qui diminue l'infection des moustiques et les inoculations à
l'homme. En zone soudanienne c'est une situation mésoendémique
qui prévaut en milieu comme en fin de saison pluvieuse au niveau des
sites rizicoles et non rizicoles, en saison sèche, on passe à une
situation d'hypoendémicité dans les deux sites. Des études
menées en zone sud ont montré que le paludisme est
mésoendémique à hyperendémique en zone de mangrove
et hyperendémique hors de la mangrove en basse Casamance (Gaye et al
1991). En milieu urbain (ville de Touba), c'est une situation
d'hypoendémicité qui prévaut dans le quartier central
(Darou Khoudoss) quelque soit la saison de l'année. Dans le quartier
périphérique (Darou Marnane), le paludisme est
hypoendémique en début de saison des pluies et en saison
sèche, alors qu'il devient mésoendémique. en fin de saison
des pluies. Dans la ville de Touba on a une transmission saisonnière
typique dépendant généralement de la mise en eau par la
pluie des gîtes larvaires temporaires. Le taux de prévalence
retrouvé dans le site de riziculture irriguée du delta de Kassack
Sud (4,3%) est supérieur à ceux retrouvés dans la zone par
MBAYE en 1997. La répartition des indices plasmodiques est en accord
avec les taux d'infections enregistrés dans les différentes
zones. Ainsi les zones nord et centre où les taux de prévalence
sont les plus faibles correspondent aux zones de plus faible transmission
vectorielle. C'est en zone Sud soudanienne qu'on note les plus forts taux
d'inoculations entomologiques et le taux de prévalence y est plus
élevé. La correspondance entre le taux d'infection des vecteurs
et la prévalence parasitaire est probablement liée à la
répartition inégale de la pluviométrie au niveau de ces
différentes zones. En effet les données pluviométriques
enregistrées au courant de l'étude dans les différentes
zones, sont en conformité avec le gradient de répartition
décrit en Afrique tropicale de manière générale et
au Sénégal en particulier, il croit du nord au sud..
Dans la ville de Touba (zone sahélo soudanienne), en
raison d'une urbanisation croissante et d'une couverture médicale
relativement bonne, la transmission ne peut être que faible. L'indice
plasmodique a présenté une différence entre les quartiers
de résidence, ceci à l'image de certaines villes Africaines
(TRAPE et ZOULANI, 1987. MULUMBA et al. 1990. MANGA et al.1993. DIALLO et al.
1998). Il a été plus élevé dans le quartier
périphérique de Darou Marnane que dans le quartier central de
Darou Khoudoss. Cette différence entre quartier d'une même ville
est classiquement expliquée par des infrastructures urbaines plus
développées en centre ville avec un niveau de vie plus
élevé.
P.falciparum a été la principale
espèce plasmodiale retrouvée dans l'ensemble des trois zones
d'étude. Selon des études effectuées au
Sénégal (FAYE, 1994), il représenterait 80 à 100%
des infections.
La probabilité des anophèles femelles de pouvoir
s'infecter sur l'homme repose sur la gamétocytémie circulante.
Les indices gamétocytaires retrouvés au niveau des
différentes zones ont été très faible et n'ont
présenté aucune différence significative.
La rareté de P. malariae et de P.
ovale ainsi que celle des stades sexués observés a
été signalée dans la vallée du fleuve
Sénégal (FAYE et al. 1993) et à Dakar (DIALLO et al.1998)
à la fois chez les porteurs symptomatiques qu'asymptomatiques.
2) Morbidité palustre
Le pic de morbidité chez les patients suspectés
de paludisme a été observé en saison pluvieuse dans les
différentes localités étudiées. Ce pic est
classiquement observé dans toute la zone sahélienne et
soudanienne, il est la conséquence de l'augmentation des densités
de population et des taux d'infection des vecteurs en fin de saison des pluies
(VERCRUYSSE, 1985 ; GAZIN & al, 1988 ; FAYE & al, 1993 ;
LEMASSON & al. 1997).
Au niveau de la zone nord sahélienne, en fin de saison
sèche, la morbidité n'a été observée que
dans le site de riziculture irriguée du delta du fleuve (Kassack Sud).
Les changements environnementaux intervenus dans cette zone sont à
l'origine de cette situation qui permet le maintien d'un anophélisme
continu durant toute l'année. En période de saison des pluies,
l'indice parasitaire a été significativement plus faible dans ce
même site. Cette observation est en concordance avec le faible taux
d'infection retrouvé chez les femelles d'An. gambiae
s.l de la zone. En effet au niveau du delta l'espèce An.
Pharoensis est la plus représentée, cependant il est un
mauvais vecteur du paludisme bien que des femelles infectées soient
retrouvées (CARRARA & al. 1990).
L'indice parasitaire retrouvé dans ce site de
riziculture (12,1 %) est comparable à ceux retrouvés dans des
villages situés dans la même zone (FAYE et al.1995), avec 12,9 %
à Kassack Nord et 11,8% à Maka Diama, de même qu'à
ceux retrouvés dans ces même sites par MBAYE en 1997 avec 10,4 %
à Kassack Nord et 11,3 % à Maka Diama. C'est dans les sites de
mangrove et d'agriculture sous pluie qu'on retrouve les plus forts indices
parasitaires. Ceci est lié à la faible endémicité
du paludisme dans ces 2 sites, ce qui se traduit par une faible
prémunition dans population et une forte morbidité en
période de transmission. Mais aussi à la présence de
vecteurs efficaces appartenant au complexe An. gambiae s.l,
probablement à l'espèce An. melas qui est
inféodée à l'écosystème de mangrove. Cette
espèce est surtout représentée au sud du
Sénégal incluant la Gambie (BRYAN, 1979 ,1980 ; BRYAN
et al 1982, 1983,1987 ; FAYE 1987).
Dans l'ensemble des sites étudiés au niveau des
différentes zones biogéographiques, les plus fortes
densités parasitaires ont été surtout retrouvées
chez les enfants de moins de 14ans excepté le site sahélien de
riziculture irriguée du delta du fleuve (Kassack Sud). La
présence de fortes densités parasitaires chez les enfants a
été souvent signalée et il est possible que au sein de
cette catégorie de la population acquérant sa prémunition,
l'équilibre hôte/parasite soit précaire (BAUDON et
al.1984 ; TRAPE, 1985 ; TRAPE et al.1985 ; CHIPPAUX et al.
1991). Dans le site sahélien rizicole du delta les fortes
densités parasitaires sont surtout retrouvées chez les adultes.
Dans le delta la rareté des infections est due à la
prédominance d'An pharoensis qui est un mauvais vecteur du
paludisme, ce qui entraîne une faible prémunition dans la
population et toutes les classes d'âges sont touchées de la
même manière.
Les fortes densités parasitaires (>50000
trophozoites / ìl de sang) enregistrées en zone sahélienne
de mangrove (Tassinère) et d'agriculture sous pluie (Boki Diawé),
dans le quartier central de la ville de Touba (Darou Khoudoss) et le site
soudanien rizicole (Madina Dianguette), ont été surtout
retrouvées chez les patients fébriles. Les mêmes
observations ont été signalées en zone rurale par GAYE et
al (1989). Selon GAYE et al (1989), en zone d'endémie il est habituel
d'observer des porteurs asymptomatiques à des densités
très élevées, et c'est à partir d'un certain niveau
de parasitémie que se déclenche l'accès fébrile. Ce
seuil pyrogène varie selon les critères d'appréciation des
auteurs, entre 1000 et 20000 GRP/mm3 (GAZIN et al 1988 ; RICHARD et al.
1988 ; GAYE et al. 1989).
Dans le site de riziculture nord sahélien (Kassack Sud)
le quartier périphérique de la ville de Touba (Darou Marnane),
les fortes densités parasitaires sont surtout rencontrées chez
les patients apyrétiques.
3) Transmission
Au cours de notre étude, 7 espèces
anophéliennes ont été identifiées: An gambiae
sl ; An funestus ; An pharoensis ; An rufipes ; An
ziemanni ; An wellcomei ; An coustani. Toutes ces
espèces étaient déjà connues au
Sénégal (HAMON et al, 1956).
En moyenne dans l'ensemble des trois zones
biogéographiques étudiées, An gambiae sl
a été prédominant aussi bien dans la faune
résiduelle que dans les captures nocturnes sur sujets humains. Au
Sénégal cette prédominance du complexe An gambiae
sl dans la faune anophélienne a déjà
été rapportée tant en milieu rural (Vercruysse,
1985 ; FAYE 1987, Faye et al 1992) qu'en milieu urbain (VERCRUYSSE &
et JANCLOES, 1981 ; TRAPE et al. 1990).
Au niveau de la zone nord sahélienne, An
gambiae sl a été dominant dans tous les sites sauf
à Kassack Sud dans le delta du fleuve, où An pharoensis
a été dominant. La prédominance d'An pharoensis
dans la population anophélienne observée au cours de cette
étude a été également signalée dans des
villages rizicoles de la même zone, situés aux
environs de Mboundoum (20, 21,43). La faiblesse du nombre de
femelles d'An gambiae sl aurait pour cause la salinité
des eaux. Ces sols salés résultent de l'envahissement de la zone
par des eaux marines avant l'installation du barrage. Malgré son
abondance dans la zone, An pharoensis n'est pas un bon vecteur du
paludisme (59). Les adultes se rencontrent assez rarement dans
les habitations (34) et ont une longévité
réduite les empêchant d'être infestant malgré une
anthropophilie élevée (21, 43, 59,70). An.
funestus a été retrouvé au niveau du site rizicole du
delta du fleuve Sénégal (Kassack sud). Cette espèce avait
disparu dans la zone du fait de la longue période de sécheresse
qui a entraîné la disparition de ses gîtes larvaires. Le
retour d'une bonne pluviométrie associée à une bonne
humidité relative explique probablement sa réintroduction dans la
zone.
Le taux d'inoculation entomologique, en zone
sahélienne a été nul dans le site rizicole du
delta et a été sensible dans le site de
mangrove. La transmission a présenté une variation
saisonnière importante avec une interruption en saison sèche
(VERCRUYSSE et JANCLOES, 1981 ; PETRARCA et al, 1987 ; FAYE et al,
1992 et 1993).
Les différentes observations ont montré qu'il
y'a une modification de la faune anophélienne dans les différents
sites suivant qu'on est dans un écosystème naturel ou en milieu
anthropisé. L'aménagement des rizières a
entraîné un bouleversement du milieu naturel avec un accroissement
de la densité anophélienne. Les rizières constituent en
général un milieu artificiel très favorable à de
nombreuses espèces de moustiques. Cependant cette pullulation n'affecte
pas toutes les espèces anophéliennes. Dans le cas du delta
(Kassack Sud) An gambiae s.l est en effectif très réduit
alors qu'il est un vecteur majeur du paludisme dans la zone. An
pharoensis qui est mieux adapté à ce type de biotope
caractérisé par la salinité des gîtes larvaires, ne
possède aucune potentialité vectrice bien que des femelles
hébergeant l'antigène circumsporozoïtique aient
été dépisté (CARRARA et al, 1990). Dans la ville de
Touba le développement des infrastructures urbaines a
entraîné la disparition des gîtes larvaires et la diminution
des densités anophéliennes.
Le taux de parturité des femelles d'An gambiae s.l
est resté élevé au cours des différents
passages effectués en saison des pluies et en saison sèche dans
les différents sites. Cette situation est proche de celle
signalée en zone soudanienne prés d'un cour d'eau (KONATÉ
,1991 ; DIAGNE, 1992 ; SOKHNA, 1994) et en zone sahélienne
prés d'un périmètre rizicole (FAYE et al 1993a) où
le taux de parturité reste élevé pendant toute
l'année avec de faibles variations mensuelles. La comparaison du taux de
parturité et de la densité agressive a montré qu'il existe
une corrélation négative entre les deux dans les
différentes localités étudiées. Le taux de
parturité présente ses plus faibles valeurs en période de
saison des pluies, période pendant laquelle la densité
anophélienne est maximale. Selon HOLSTEIN (1952), la baisse du taux de
parturité aux périodes de fortes abondances de populations
imaginales peut découler d'un flux massif et continu de jeunes femelles,
associé à une réduction de la longévité.
Inversement, le taux de parturité élevé chez les femelles,
observé en saison sèche serait probablement lié à
la rareté des jeunes femelles (assèchement des gîtes) et au
vieillissement de la population.
Le taux d'inoculation entomologique a été plus
élevé en zone soudanienne de riziculture irriguée
où la densité agressive des femelles d'An gambiae
s.l a été la plus forte. Les indices
circumsporozoïtiques obtenus ont été supérieurs aux
indices sporozoïtiques obtenus par dissection (BOUDIN et al. 1988). La
technique ELISA détecte la présence de la protéine
circumsporozoïte qui peut être présente dans les oocystes,
dans l'hémolymphe ou dans les glandes salivaires. Ainsi l'ELISA peut
surestimer les taux d'infection réels en détectant
l'antigène CSP libre non fixé sur les sporozoïtes avant que
ces derniers aient atteint les glandes salivaires (BOUDIN et al., 1988 ;
FERREIRA et al.,1993). Cependant la méthode ELISA présente des
avantages en permettant de confirmer les infections obtenues en dissection, de
déceler les faibles infections de glandes salivaires (pouvant
paraître négative à l'examen microscopique).
CONCLUSION
Cette
étude a permis d'étudier le profil épidémiologique
du paludisme dans des milieux écologiquement différents,
sélectionnés au niveau des différentes strates
biogéographiques du Sénégal. Au Sénégal
comme dans la majeure partie des pays du Sud, l'autosuffisance alimentaire
revêt une importance cruciale et elle passe par la maîtrise de
l'eau. L'intensification des cultures irriguées constitue une
réponse face à ce défi. L'urbanisation croissante est
aussi un phénomène qui n'épargne pas le
Sénégal.
En 1990 et 1994 des études ont été
menées dans des villages de la vallée et du delta du fleuve
Sénégal et elles ont montré de faible niveaux de
transmission (43, 44, 46). Au cours de notre étude on a
constaté que les aménagements hydro-agricoles effectués au
niveau du delta du fleuve n'ont pas influé sur les taux de
prévalence et de morbidité liés au paludisme dans la
région. Par contre ils ont entraîné une augmentation des
populations anophéliennes notamment d'An. pharoensis
très adapté à ce type de biotope caractérisé
par la salinité des gîtes larvaires. Cette espèce est un
mauvais vecteur du paludisme cependant de forts taux d'infections ont
été enregistrés chez les femelles, ce qui mérite
une attention particulière. An. gambiae s.l bien que peu
représenté, assure la faible transmission qui s'opère dans
la zone. En zone sud soudanienne les aménagements hydro-agricoles n'ont
pas influé sur les taux de prévalence et de morbidité du
paludisme, bien que la pullulation de vecteurs efficaces soit constatée.
Les taux de morbidité et de prévalence ont été
comparables entre les deux sites.
Dans les sites d'études où des modifications
anthropiques n'ont pas été opérées, le taux de
prévalence a été significativement plus
élevé en zone soudanienne non rizicole. Le taux de
morbidité chez les cas suspects a été comparable entre le
site sahélien et soudanien non rizicole et le site de mangrove nord.
Dans la zone urbaine de Touba le taux de prévalence a été
plus élevé à Darou Marnane qu'à Darou Khoudoss.
Cette situation serait probablement liée à un taux d'urbanisation
et un niveau de vie plus faible dans la localité de Darou Marnane
situé dans ceinture périphérique de la ville. Le taux de
morbidité palustre a été comparable dans les deux
quartiers.
En conclusion, nous retenons que le développement des
cultures irriguées et notamment, de la riziculture dans les zones nord
sahélienne et sud soudanienne du Sénégal a favorisé
la prolifération des moustiques dont certains vecteurs du paludisme ce
qui peu faire craindre une augmentation du nombre des cas de paludisme.
Cependant cet impact épidémiologique n'a pas été
confirmé par les résultats. Les aménagements rizicoles
n'ont pas augmenté l'incidence des accès palustres
présumés, malgré leur influence sur le risque palustre. En
zone centre sahélo soudanienne (ville de Touba), l'urbanisation
croissante se traduit par de faibles densités de populations
anophéliennes et par de faibles taux de transmission. Cependant il faut
noter la forte présence de culex et d'aèdes notamment dans le
quartier de Darou Khoudoss.
An. gambiae s.l est le principal vecteur du paludisme
dans les différentes zones biogéographiques
étudiées. Cependant dans le delta du fleuve Sénégal
son activité est freinée par un biotope qui lui est
défavorable du fait de la salinité des gîtes larvaires.
La dynamique des populations vectorielles est très
modifiée par l'activité humaine. La densité des
populations de vecteurs est augmentée par l'irrigation et
diminuée par l'urbanisation.
L'impact du paludisme sur les populations pourrait être
mieux apprécié avec la mise en place d'observatoires dans
certaines parties du pays. Ceci permettrait une collecte
régulière des fièvres au niveau des structures sanitaires,
et des enquêtes menées périodiquement pour
déterminer le pourcentage des accès palustres réels parmi
les fièvres permettront de déterminer par extrapolation les taux
d'incidences trimestrielles et annuelles des accès palustres. De
même les taux de mortalité et de létalité palustre
pourront être mieux évalués au niveau des centres de
santé avec la réalisation de gouttes épaisses
systématiques chez les sujets présentant les signes de
gravité du paludisme. La mise en place d'observatoires est d'autant plus
importante qu'actuellement on assiste à de nouvelles modifications
environnementales avec la construction de bassins de rétention d'eau de
pluie dans plusieurs parties du pays.
La prise en compte de tous ces facteurs, en intégrant
les données climatologiques (Température, pluviométrie,
salinité des eaux, limnimétrie, etc.), socioéconomiques et
de la transmission contribuera à une meilleure connaissance du paludisme
dans ces zones en vue de la mise en oeuvre de stratégies de lutte plus
adaptées.
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