Benjamin Zuili Avril
2009
La mutation des fondamentaux dans la fixation des prix
des métaux de base
SOMMAIRE
Introduction............................................................................3
Note ; focus sur le cuivre
............................................................5
I. Le London Metal
Exchange.................................................7
I.1
Objectif........................................................................
8
I.2
Rôle.............................................................................
.9
I.3
Organisation...................................................................11
I.4 L'influence du
LME.........................................................13
I .5 Le LME au début de la
crise................................................15
I.II Les nouveaux acteurs du London Metal Exchange
.....................15
I.II.2 La spéculation dans la fixation des cours :
L'analyse du BME ......19
II. L'impact de la Chine dans la consolidation du
secteur minier...21
II.1 La recomposition de l'environnement
concurrentiel.................23
II.2 La montée en puissance des compagnies
minières Chinoises......28
II.3 Focus: la colossale refonte de l'acier Chinois
II.4 La question du
dumping..................................................31
II.5 La montée en puissance des producteurs
chinois......................33
II.6 L'impact de la crise dans l'environnement
concurrentiel............35
III Les plans de relance mondiaux ; Quel avenir
pour les métaux ?.39
III.1 Le plan de relance américain et son impact sur
le marché du métal.41
III.2 Impact du plan de relance automobile pour
l'aluminium
III.3 Impact du plan de relance
Chinois.......................................44
Conclusion.............................................................................46
Introduction
Les métaux sont et ont toujours été au coeur
de notre vie quotidienne. De l'ordinateur depuis lequel j'écris ces
lignes à votre chaise sur laquelle vous être en train de les lire,
les métaux sont omniprésents. L'homme les a progressivement
découverts, utilisés, renforcés, pour accompagner son
développement au long des siècles.
Il existe une centaine de métaux différents,
présents dans la couche terrestre à l'état pur, ou
nécessitant des transformations comme les alliages par exemple. Afin de
cadrer au mieux l'étude, les métaux abordés au long de
cette étude sont les métaux de base ;
Les métaux regroupent 6 variétés de
métal : Le Cuivre, l'aluminium, le zinc, l'étain, le nickel
et le plomb.
Le secteur des métaux est une industrie très vaste,
regroupant aussi bien les groupes miniers, les compagnies de transformations,
les négociants indépendants qu'impliquant dans de nombreux les
états eux même.
L'industrie des métaux, si gigantesque soit elle, est
plutôt laissée pour compte par la plupart des grands médias
économiques, et pour trouver des informations spécifiques sur ce
secteur stratégique les sources d'informations
spécialisées offrent un large éventail d'analyses.
Il semble en effet bien plus aisé de trouver des
informations sur des secteurs dont le consommateur final à
accès ; La presse économique et financière parle bien
plus souvent de l'industrie automobile, de l'aéronautique, du
bâtiment ou de l'informatique.
Et pourtant, nous retrouvons le secteur des métaux dans
toutes ces industries ; Il se situe en amont de tous ces secteurs et se
place donc au coeur de l'économie réelle,
Au cours des dernières années, des bouleversements
ont conduit cette industrie millénaire à des transformations sans
précédents.
La croissance mondiale ayant atteint des records, la
montée en puissance de pays émergents et une économie
mondiale de plus en plus financiarisé ont amenés le secteur des
métaux de base à se modifier et à avoir un impact durable
sur les fondamentaux de la fixation de leurs prix.
Le prix du métal est fixé par 3 critères
fondamentaux ; Ces fondamentaux se composent du cycle des stocks officiels
de métal physique du LME, le cycle de la production industrielle,
fortement corrélé à l'évolution de la demande en
métaux, et la variable des taux de change
Ce sont ces impacts sur les fondamentaux de fixations de prix qui
va être étudié au long de ce mémoire, avec une
analyse de ce qui a poussé les métaux à voir leur cours
évoluer de manière complexe.
Tout d'abord le marché du métal sera
étudié au travers de London Metal Exchange, le marché
à terme des métaux de base. Un intérêt tout
particulier sera donné aux activités spéculatives,
résultat de la financiarisation de ce marché, et qui a
contribué à éloigner dans certains cas le prix du
métal de la réalité du marché physique
Dans un second temps, la croissance mondiale tirée
notamment par la Chine. L'avènement de ce pays au coeur de
l'économie international a été un facteur
déterminant, et a directement contribué à consolider
l'environnement concurrentiel et ainsi entrainé une mutation des
fondamentaux des prix du métal ; il sera analysé pourquoi.
Enfin, en pleine crise économique mondiale, qui
durablement affectée le secteur, les plans de relance, et leurs impacts
directs et indirects sur l'industrie des métaux de base sera
étudié afin d'en entrevoir l'avenir et sa place future dans
l'économie globale.
Note : Focus sur le
Cuivre
Au long de cette étude qui porte sur les métaux en
général, un intérêt tout particulier sera
donné au cuivre, et ce, pour différentes raisons.
Tout d'abord il existe des dizaines de variétés de
métaux différents et même bien plus si l'on prend en compte
les alliages. Dans un souci de concision et de cohérence tout au long du
mémoire, il est donc plus efficace dans le cadre de l'étude
globale de se concentrer et détailler l'évolution de quelques
métaux et notamment du cuivre ;
Ce choix est d'autant plus significatif que se concentrer sur le
cuivre ne remet pas en cause la volonté d'étudier
l'évolution de l'ensemble des métaux, le cuivre
bénéficiant d'un statut particulier.
En effet, en étant probablement le premier métal
exploité par l'Homme, avec des objets retrouvés contenant du
cuivre datant de 8000 av. JC ; le cuivre, utilisé par toutes les
grandes civilisations a accompagné l'Homme tout au long de son
développement : pièces de monnaies, bâtiments,
instruments scientifiques (balance, boussole), navires etc. Il a connu un essor
extraordinaire au 20e siècle avec le développement
de l'électricité, de l'automobile, de l'aéronautique et de
l'informatique. Le cuivre est par exemple aujourd'hui massivement
utilisé dans la construction électrique en raison de sa
conductivité.
Sa ductilité, sa résistance à la corrosion
et sa possibilité de recyclage à 100%, sont des
propriétés qui font du cuivre une des ressources naturelles les
plus utiles au monde. En alliage avec d'autres métaux, il peut
acquérir des caractéristiques supplémentaires telles que
la dureté, l'élasticité et une plus grande
résistance à la corrosion.
Ses domaines d'application couvrent ainsi l'éventail
complet de l'activité économique, depuis les pièces et
matériels les plus traditionnels jusqu'aux systèmes de haute
technologie les plus évolués.
Les industries qui l'utilisent sont très sensibles aux
cycles économiques (automobile, électrique...), ce qui explique
sa grande volatilité. En période de récession, la demande
chute et impacte négativement les cours du cuivre, tandis qu'une phase
de croissance tire les cours du cuivre à la hausse. Il est
considéré comme le baromètre des métaux de base
puisqu'il est lié à un nombre important de secteurs industriels
(télécommunication, aéronautique, automobile...). Il est
le premier à réagir aux changements de conjoncture
économique. Le prix du cuivre permet donc de prendre le pouls de
l'industrie mondiale. Alan Greenspan confie dans ses mémoires, que
pendant sa jeunesse, il complétait ses analyses macroéconomiques
avec une étude approfondie des cours du cuivre afin d'avoir une
idée plus juste des perspectives d'évolution de l'économie
américaine.
En étant complètement intégré
à de très nombreux secteurs de l'économie, les cours du
cuivre agissent comme un véritable indicateur économique.
Dans le cadre de cette étude, l'intérêt va
être mis sur les fondamentaux dans la fixation du prix des métaux,
et du cuivre en particulier.
Le marché des métaux au sens large étant une
industrie mondialisée, regroupant des centaines de compagnies employant
des millions d'individus dans le monde est un des marché dominants de
l'industrie mondiale. Dès lors le prix de cette matière
première reflète en partie la santé de l'économie
mondiale. Ce prix est donné en grande partie, (pour les métaux
non ferreux, coeur de l'étude) par les cotations du London Metal
Exchange. Cette même cotation est le résultat de multiples
critères, qui, sujets à de nombreuses fluctuations de
l'économie mondiale, ont été amené à muter
ses dernières années. Ces transformations ont entrainé des
évolutions majeures sur le marché des métaux, notamment
dans la reformation de l'environnement concurrentiel ; Ces changements
seront étudiés à la lumière de la mutation des
prix.
Le choix de commencer cette étude par une analyse du LME
s'explique par le fait qu'il est incontournable dans la fixation des prix
mondiaux ; ils sont définis par lui. L'étude des prix du LME
pourra ensuite déboucher sur l'analyse de l'environnement
économique mondial avec en particulier l'impact de la Chine sur le
secteur des métaux en particulier.
Ceux-ci sont comme tous les produits classiques fixés par
le niveau de l'offre, caractérisé dans ce cas par les stocks du
LME, le niveau de la demande dépendant étroitement de la
conjoncture mondiale, et de la variable taux de change. Les deux premiers
critères étant les plus importants, l'offre sera centrée
sur eux.
Le London Métal Exchange
Le London Metal Exchange est le premier marché mondial
pour la cotation des 6 métaux non ferreux. Ses prix servent de
référence pour les négociations à tous les niveaux
de l'industrie : production, fonderies etc.
L'origine du London Metal Exchange remonte au 16e
siècle avec le Royal Exchange, une des premières bourses en
Europe, qui regroupait à l'époque les négociants de
matières premières à Londres.
Avec la Révolution Industrielle et l'expansion de
l'empire Britannique, un nombre croissant de marchands, négociants et
financiers du monde entier afflua vers Londres, rendant le Royal Exchange trop
exigu et désordonné. Les marchés se réorganisent et
en en 1876, le London Metal Exchange est crée pour devenir le premier
marché de contrat à terme de métaux au monde.
Le London Métal Exchange est aujourd'hui le marché
de référence incontesté de cotation des six grands
métaux non ferreux : cuivre et étain (depuis l'origine), plomb et
zinc (1920), aluminium (1978) nickel (1979), auxquels s'ajoutent depuis 2008,
et pour la première fois dans l'histoire, l'acier, ainsi qu'un contrat
sur une livraison de plastique.
Devenus des traditions, beaucoup d'usages d'alors ont
perduré et coexistent aujourd'hui avec les pratiques ultramodernes du
négoce électronique.
Dans cette étude, nous concentrerons l'analyse sur les
produits non ferreux.
I.1. Objectif du LME :
Le LME n'est pas un lieu de vente pour les métaux mais un
marché financier qui a pour objectif premier d'établir la
possibilité de couverture pour l'ensemble des risques liés au
négoce de métaux.
Contrairement à ses homologues des produits agricoles
(LIFFE, NYCE...) et du pétrole brut (NYMEX), le LME n'est pas un vrai
marché à terme (cotation d'échéances mensuelles),
mais un marché de dates : le LME cote quotidiennement un délai
fixe de trois mois, ce qui crée en pratique autant
d'échéances que de jours ouvrables.
Cette originalité, est un héritage de
l'époque où le temps moyen de transport des navires marchands en
provenance d'Amérique du Sud ou d'Extrême-Orient était
précisément de trois mois. Le LME permettait ainsi aux marchands
de garantir les prix du métal le temps de leur acheminement.
Cette spécificité l'ancre ainsi aujourd'hui plus
dans le court terme : le report/déport entre le cours au comptant
et le cours à terme est l'objet du contrat, est influencé par le
niveau des stocks détenus officiellement dans les magasins ou
entrepôts agrées du LME. Ceux-ci, au nombre de 400,
localisés dans la plupart des grands ports mondiaux, ont un rôle
central dans la fixation du prix. En effet, un producteur peut déposer
des métaux en échange de warrants, un document qui certifie que
le métal a été déposé.
Ce système de warrants, permet à la fois de
partager le coût du stockage entre tous les industriels, et de fournir
une information sur le niveau global des stocks. Les producteurs et les
consommateurs de ces métaux ont ainsi une meilleure visibilité
sur les perspectives d'évolution des cours, qu'ils peuvent
sécuriser en se couvrant sur le marché.
En 2007, le LME répondant à une demande latente
crée un index regroupant des contrats sur le cuivre, l'aluminium et le
zinc.
I.2. Rôle du LME
En tant que marché à terme, le rôle du
LME, est de fournir aux différents agents intervenants sur les
marchés au comptant, une couverture efficace contre les fluctuations de
prix auxquelles ils peuvent être confrontés.
En effet, en raison l'impossibilité de se
protéger contre les risques prix sur les marchés au comptant, les
marchés à terme ont été créés pour
assurer les agents contre les risques d'une hausse ou d'une baisse des cours
sur les marchés au comptant.
Chaque contrat à terme négocié peut
conduire à deux dénouements, soit la livraison effective de la
marchandise, soit l'annulation des positions qui sont prises au début
par chacune des parties contractantes.
Ainsi le vendeur du contrat s'engage à livrer le
sous-jacent (le produit de base dont la quantité est
négocié) à l'échéance du contrat ;
inversement l'acheteur du contrat s'engage à prendre livraison du
sous-jacent à l'échéance du contrat.
Les deux agents prennent donc position, l'un prend la position
d'acheteur, l'autre la position de vendeur.
Les contrats à terme aboutissent toujours à la
liquidation des positions avant échéance, ce qui permet aux
agents de ne pas être obligés de respecter les engagements de
livraison.
Ainsi pour liquider leur position, l'opérateur qui
détient une position vendeuse va en fait acheter le même nombre de
contrat qu'il a initialement mis en vente, et celui qui a la position acheteuse
va vendre la même quantité de contrat à terme qu'il devait
acheter initialement.
La liquidation des contrats est permise grâce à
la chambre de compensation qui assure le rôle de garant et
d'intermédiaire de la transaction entre l'acheteur et le vendeur du
contrat.
L'opérateur qui liquide sa position avant
l'échéance du contrat doit encaisser ou débourser la
différence entre les deux transactions par l'intermédiaire de la
chambre de compensation.
Avant toutes opérations d'achat et de vente de contrat
à terme, un deposit, c'est-à-dire un dépôt de
garantie doit être fait auprès de la chambre de compensation.
Ce « deposit » représente selon la
nature du marché et de l'opération, un certain pourcentage de la
transaction (entre 1 et 10%).
Cela sert ainsi de garantie pour des transactions ou les
paiements se font après échéance.
Donc sur le LME, les agents, opérant sur le
marché du métal physique, achètent (ou vendent) des
contrats à terme qui sont compensés par la position inverse avant
l'échéance du contrat.
La liquidation des positions initiales permet en fait de
percevoir, selon l'évolution des cours, le gain ou la perte qui
correspond à la différence entre le prix d'achat et de ventre du
contrat à terme.
Si tous les contrats à terme se dénouent par la
liquidation des positions initiales et donc non pas par une livraison effective
des produits de base, le lien qui existe entre le marché au comptant et
le marché à terme en général, est à
établir :
En fait, noter que les contrats à terme vont se
dénouer par une livraison effective des produits de base permet
d'établir un lien entre ces deux marchés qui va permettre
d'envisager que les cours des matières premières sur les
marchés à terme et sur les marchés au comptant vont
évoluer dans le même sens.
A mesure que l'on s'approche de l'échéance du
contrat à terme, les prix à terme et les prix au comptant ont
tendance à se rapprocher.
S'ils divergent, des opérations d'arbitrage entre les
deux marchés vont assurer une liaison étroite entre les
évolutions sur les marchés au comptant et celles sur les
marchés à terme.
Cette liaison entre les prix des marchés à terme
et ceux des marchés au comptant permet d'expliquer, non seulement
comment se détermine, de façon général, les prix
à terme, mais aussi de mettre en évidence, la principale
finalité des marchés à terme, à savoir, les
opérations de couverture.
Les déterminants du prix d'un contrat à
termes de matières premières
C'est donc la possibilité de pouvoir dénouer un
contrat à terme par la livraison effective des marchandises qui permet
d'introduire un lien entre les prix à terme et les prix au comptant.
Avant l'échéance du contrat à terme, les
prix peuvent être différents de ceux qui prévalent sur les
marchés au comptant.
De manière générale, on appelle ainsi la
base, la différence entre le prix à terme et le prix au comptant
d'une commodité. Cette base tend, en général, à se
réduire au fur et à mesure que l'on se rapproche de
l'échéance du contrat à terme.
Lorsque cette base est positive, c'est-à-dire que
lorsque le prix au comptant est inférieur au prix à terme, on
parlera de report.
Dans ce cas la, chaque agent, ayant des capacités de
stockage importantes, aura intérêt à stocker sa marchandise
est à la vendre à terme.
La baisse de l'offre de produit sur les marchés au
comptant, va pousser à la hausse les prix, qui au fur et à
mesure vont rejoindre les niveaux des prix à termes. Inversement, si la
base est négative, c'est-à-dire que le prix au comptant est
supérieur au prix à terme, on parlera alors de report.
Les opérateurs rationnels vont donc vendre dur le
marché au comptant et acheter sur le marché à termes.
La hausse de l'offre sur les marchés au comptant fait
baisser les prix qui rejoignent les niveaux des prix à terme. Ce
mécanisme permet ainsi aux prix sur les marchés à terme de
varier plus au moins simultanément dans le même sens. On parle
alors de convergence de base (cash convergence) pour exprimer l'idée que
les prix des contrats à terme ont tendance à converger à
mesure que l'on se rapproche de l'échéance du contrat.
I.3 Organisation du LME
En raison de sa riche histoire, le LME est un mélange
parfait entre traditions et pratiques ultra modernes.
Sur le parquet, les opérations se font à la
criée au travers de compagnies membres du LME. Les traders sont
disposés autour d'un cercle (« la corbeille »), en
fonction de leur rang ;
Ces membres sont également propriétaires du
LME Holding Limited, qui est la maison mère du London Metal
Exchange.
Il existe ainsi 5 catégories de membres. Il faut
forcément passer par eux pour accéder aux contrats du LME.
Les membres de catégorie 1 : Nommés
Ring Dealers, ils forment la Clearing House (chambre de compensation) et sont
installés à l'intérieur de la corbeille ; ils ont le
droit exclusif de proposer des contrats et de les traiter au sein de celle-ci.
Ses membres sont généralement des firmes opérant sur les
marchés de commodities, et peuvent aussi bien être des
producteurs, que des courtiers.
Ils sont aujourd'hui au nombre de 12, parmi lesquels des
filiales de la Société Générale et de Natixis.
Les membres de catégorie 2 : Nommés
« Associate Brokers Clearing », ils
bénéficient de tous les avantages excepté celui
d'opérer au sein même de la corbeille. Ils négocient ainsi
pour leurs clients au téléphone, 24h/24. Ils passent leurs ordres
aux membres 1, installés au sein du cercle. Ils ne sont pas membres de
la chambre de Compensation.
Les membres de catégorie 3 :
« Associate Trade Clearing ». Ils n'ont pas le droit de
traiter au sein du cercle, ni de créer leur propres contrats.
Les membres de catégorie 4 :
« Broker Associates » ; ils ne peuvent traiter au sein
du cercle, mais peuvent délivrer des contrats LME ; Ils
opèrent 24h/24, par téléphone.
Les membres de catégorie 5 :
« Associate Trade » ; Ils n'ont pas le droit de
traiter autrement qu'en tant que clients.
Les courtiers sont autorisés de délivrer des
contrats (achat/vente pour leurs clients). « Les Trade
Members » sont des industriels ou des compagnies financières
ayant un intérêt dans les métaux. Leurs appartenances au
LME leurs permet de rester de façon continue au contact de
l'évolution des échanges. Ils ne peuvent émettre des
contrats. Si ils souhaitent traiter ceux-ci, ils doivent le faire au travers
d'un courtier, ou d'un agent opérant pour un courtier.
Pour être membres du London Metal Exchange, les compagnies
candidates doivent remplir un cahier des charges précis, qui est
ensuite examiné par le Conseil du LME, qui approuve ou non la
démarche.
Particularités :
Les métaux sont traités les uns après les
autres au cours de la journée, par intervalles de 5 minute, le matin et
l'après midi. Les traders et brokers ont ainsi 5 minutes pour passer
leurs ordres et fixer ainsi la position du marché.
De plus le LME à ses unités de mesures bien
précises : ainsi, l'aluminium, le zinc, le plomb et le cuivre se
négocient par lot de 25 tonnes, l'acier par lot de 65 tonnes.
I.4 L'influence du LME :
Etant la première institution à pouvoir fournir un
prix garanti et de plus en plus transparent, le LME est devenu la
référence pour la fixation des cours de métaux.
Le prix du métal est fixé par 3 critères
fondamentaux: le cycle des stocks officiels de métal physique du LME
(contrepartie matérielle des contrats à terme), le cycle de la
production industrielle, fortement corrélé à
l'évolution de la demande en métaux, et la variable des taux de
change (Bien que situé à Londres les métaux sont
cotés en dollars).
Ses cours servent ainsi de base de calcul dans toutes les
négociations commerciales de gré à gré ou par
contrat, même si les interlocuteurs n'y font pas référence
ouvertement. Les usines de transformation, ou les fonderies par exemple,
achètent elles-mêmes leurs lingots d'aluminium en se servant de
cet indice. Les cours du LME sont ainsi censés donner une image
fidèle des prix du métal.
Avec la crise économique mondiale actuelle, les cours du
LME ont dégringolés. En 2008 les prix ont notamment chutés
d'environ de 50% pour le cuivre et le zinc et de 60% pour le plomb et le
nickel. Cette baisse massive s'explique par les craintes de récession de
l'économie mondiale avec notamment l'affaissement de secteurs
clés pour les métaux comme la construction de logements ou la
production automobile.
Cependant il est intéressant de constater que si les cours
se sont finalement alignés sur la conjoncture globale, il n'en fut pas
toujours ainsi depuis le début de la crise. En effet, les métaux
semblent un temps avoir « ignoré » la crise en
voyant leur prix grimper fortement, et défiant ainsi les
prévisions alors très sombres faites à l'économie
mondiale.
Les métaux et les matières premières en
général, suivent pourtant des tendances cycliques, très
liés aux évolutions économiques. Ces évolutions
décorrélées, constatées sur le LME poussent donc
à s'interroger sur la structure et le fonctionnement du de ce
marché. Les prix établis au London Metal Exchange
reflètent t'ils une image fidèle de l'offre et la demande
mondiale de métaux ? Le prix du métal, par
l'intermédiaire du LME n'est t'il pas influencé par des
intervenants n'ayant aucune activité sur la production physique et
l'achat de métaux ? Aurait t'il progressivement vu son rôle
de couverture diminuer au profit de la spéculation ?
Le prix du métal a-t'il été doublement
frappé par le ralentissement de l'économie réelle et
l'effondrement d'institutions financières omniprésents sur le
LME ?
I .5 Le LME au début de la crise
Durant 2007 alors que la crise n'a pas éclaté, le
marché immobilier américain et la hausse de la demande chinoise
avaient propulsé les cours du métal rouge, augmentant de
prés de 45%.
Entre Juin et Décembre 2007, le cours du cuivre perd tout
de même un peu moins de 20% de sa valeur, en raison des prévisions
de ralentissement de l'économie. Cette chute va néanmoins
être rapidement compensée puis même dépassée,
détachant le cuivre de l'évolution anticipée de
l'économie réelle. Or les secteurs qui consomment du cuivre sont
très sensibles aux cycles économiques, ce qui fait que cette
matière est particulièrement liée à
l'évolution de la conjoncture mondiale.
Fin 2007 l'inquiétude grandit sur la situation
économique mondiale, qui influencée par les signes de faiblesses
que montrent le marché américain, particulièrement dans le
secteur immobilier et des crédits, semble être condamnée
à ralentir. Le FMI revoit ainsi à la baisse sa prévision
de croissance mondiale de 3,3% contre 4,8% dans une première
estimation.
Alors que les 2 moteurs fondamentaux de la hausse du cours de
cuivre sont touchés de plein fouet avec un fort ralentissement attendu
aux Etats Unis notamment le marché immobilier américain, et la
consommation de cuivre de la Chine, (alors premier consommateur mondial) qui
est forcément amenée à se rétracter, les cours
s'envolent.
En effet, de Décembre 2007 à Avril 2008, (voir
graphique ci dessous), la tonne de cuivre passe de 4450€ à
près de 5700€, soit une hausse de 40% en 4 mois, et 30% entre
janvier et avril.
Cours du cuivre
Au début 2008, les craintes liés au crédit
se renforcent, la crise des subprimes se propage à la consommation
américaine et les bourses commencent l'année par d'importantes
chutes : En France, le CAC 40 dégringole de 10% en Janvier, et
près de 15% jusqu'en Avril.
La perspective d'une récession américaine aurait du
particulièrement affecter les cours du cuivre : les Etats Unis sont en
effet les seconds consommateurs de cuivre au monde, derrière la Chine,
et l'essentiel de son utilisation est destinée à la construction
et au bâtiment. En avril, les Etats Unis annoncent pour la 3eme fois de
l'année des destructions d'emplois, atteignant un niveau record depuis
plus de 7 ans.
La récession menace également l'Europe : des pays
comme l'Espagne ayant bâti leur croissance sur le développement
immobilier prévoit alors une baisse drastique de la construction de
logements courant 2008.
Cependant, malgré ces perspectives, le cours du cuivre
reste particulièrement décorrélé de
l'économie réelle. En effet pendant ces 4 mois, alors que la
menace d'une récession mondiale s'étend, le cours du cuivre
augmente de façon spectaculaire.
Diverses raisons sont alors évoquées pour tenter
d'expliquer cette évolution : des analystes
spécialisés estiment que le Chine ne sera pas tout de suite
impactée par la crise et que la demande de Beijing devrait compenser la
baisse de la consommation américaine. Ce scénario se
révèle vide invalidé avec l'aggravation de la crise et la
hausse « irrationnelle » du cuivre est à chercher du
coté de la spéculation sur le LME, notamment de la part de hedges
funds.
I.II Les nouveaux acteurs du London Metal Exchange
A l'origine le LME avait pour unique but d'offrir une couverture
aux producteurs et acheteurs de métaux ; Avec des progrès
technologiques qui rendent les transactions de plus en plus transparentes et la
financiarisation globale de l'économie dans les années 80, le LME
a vu apparaitre de nouveaux acteurs, qui, ayant pourtant une activité
hors-métaux, ont pris une part croissante dans le volume du LME. Le LME
n'est plus alors un marché réservé aux producteurs ou
acheteurs mais s'étend aux purs investisseurs.
Ces investisseurs sont à la fois des filiales de groupes
producteurs, qui en raison de leur connaissance du marché choisissent de
se positionner sur ce nouveau débouché, ou bien des filiales de
grandes banques d'investissement qui mettent au point des modèles pour
pouvoir maximiser leur gains sur ce qui est au départ un simple
marché de couverture.
Un fait exprimant cette évolution est la composition du la
Clearing House (chambre de compensation) du LME : Au nombre de 12, la
plupart des membres ne sont plus des producteurs comme autrefois mais des
banques et des sociétés d'investissements
spécialisés, dénotant de l'influence de ces nouveaux
acteurs sur le marché.
Depuis l'envolée des cours sur certaines
commodités, l'introduction des matières premières en
général, et de titres « métaux » en
particulier dans le portefeuille d'actifs est devenue une source non
négligeable de diversification des risques.
La perspective de hausse continue des cours avec la demande
croissante des pays en développement, notamment asiatiques, a conduit
un nombre non négligeable d'investisseurs à placer une part de
leurs avoirs sur ces marchés : Les matières
premières, au même titre que les actions et les obligations sont
devenues une classe d'actif à part entière.
Même si selon certains experts, les principaux
investisseurs sur les marchés des matières premières, que
sont les fonds de pension et les hedge funds, n'investissent qu'une part
modeste de leurs avoirs sur les commodités (moins de 5%), l'importance
des fonds qui y sont placé peut avoir un impact non négligeable
sur l'évolution des cours sur ces marchés. Selon une note de
Citigroup, les positions dites spéculatives de ces fonds de placement
auraient triplé entre 2005 et 2007.
Rien qu'en 2006, l'intervention des fonds de pension sur les
marchés des commodités auraient représenté une
injection nette de 29 milliards de dollars faisant croître les craintes
de bulles spéculatives sur certains marchés, notamment sur les
marchés des métaux.
Un autre phénomène qui expliquerait cet engouement
croissant pour les matières premières, est l'apparition sur les
marchés des commodités de divers fonds de placement,
plaçant une large part des fonds levés dans le
« papier » métal. Ces fonds de placements ont fait
abondé des capitaux sur le marché de couverture à terme
des métaux, en n'ayant qu'une visée purement spéculative.
Selon Goldman Sachs, les capitaux investis dans ces fonds auraient atteint 70
milliards de dollars en 2005, contre seulement 15 milliards de dollars fin
2003.
Vu l'importance des capitaux qui sont investis par ces fonds de
pension sur les marchés des commodités, il est tout à fait
légitime de se poser la question de l'impact de ces flux
spéculative sur les prix des matières premières.
Cependant, il est vrai que la spéculation sur les
marchés des métaux ne peut pas à elle seule expliquer la
forte hausse des prix. Il existe en effet une étroite corrélation
entre l'évolution des fondamentaux et l'ampleur de la
spéculation. En période de demande stable et d'offre suffisante,
les prix sur les marchés des commodités fluctuent de
manière limitée, ce qui diminue les possibilités de gain
des spéculateurs et donc limitent l'ampleur de la spéculation.
Inversement, lorsque les marchés sont tendus,
c'est-à-dire en période de demande croissante et d'offre
insuffisante, les prix des commodités fluctuent alors de manière
importante, ce qui multiplie les opportunités de spéculation.
Néanmoins sur certains marchés, la composante
spéculative rejoint, par son influence sur les prix des
commodités, les autres déterminants fondamentaux des prix des
produits de base à savoir l'équilibre entre les offres et les
demandes et les variations de taux de change.
Le marché des métaux est ainsi amené
à muter non plus en fonction de la demande réelle de marchandises
mais en fonction du positionnement et de l'activité de nouveaux acteurs.
Il est cependant important de noter que le marché des métaux n'a
pas été le seul à connaitre cette évolution ;
les commodities dans leur ensemble ont vu « l'intrusion »
d'investisseurs indépendants, voire de purs spéculateurs. La
présence de ces nouveaux intervenants suit une évolution de fond
de l'économie globale, mais cette financiarisation peut
déconnecter le cours des métaux de leurs fondamentaux.
Il est intéressant d'essayer de mesurer l'impact de ces
intervenants extérieurs en se basant sur l'évolution des cours
depuis 2006, pour avoir une vision d'avant et après l'éclatement
de la crise.
Pour appréhender cette part de spéculation, nous
pouvons nous baser sur les fondamentaux de fixations de prix : l'offre et
la demande. L'offre est caractérisée dans le cadre du LME par
l'état de ses stocks ; Dans un environnement économique
sain, ou la croissance est régulière (comme c'est le cas entre
2006 et 2008) une baisse des stocks conduit à une hausse des prix,
tandis qu'une hausse du stock provoque une baisse du prix.
Les variables qui sont à l'origine de ces fluctuations
sont liées à des critères macro économiques et
peuvent être diverses et variées ; par exemple une annonce du
gouvernement Chinois concernant un nouveau plan d'investissement (Janvier
2009), une grève prolongée dans une mine Zambienne (Avril 2008)
ou bien une fermeture d'usines suite a des difficultés
économiques (Venezuela, Décembre 2008).
Or il apparait des irrégularités dans ce qui
devrait être une simple résultante offre-demande.
Courant 2008 et début 2009, le prix des métaux
(notamment du Cuivre et du Zinc) et le niveau des stocks évoluent de
façon similaires ; En février et Juin 2008, par exemple ainsi
qu'en Janvier 2009, alors que les stocks augmentent fortement, les prix contre
toute logique sont tirés à la hausse ;
Des hedges funds spécialisés dans les
commodités et autres sociétés d'investissement font
abonder leur capitaux sur le marché à terme et ainsi fluctuer les
cours à la manière d'un marché boursier sur ce qui est au
départ un marché de couverture. Au jour le jour, les mouvements
des prix remettent en question le fonctionnement du marché à
terme en l'empêchant de jouer son rôle d'assureur contre les
variations futures des cours.
Le LME est devenu depuis quelques années un marché
avant tout spéculatif. La part des marchandises effectivement
livrées suite à l'établissement d'un contrat sur le LME
est tombée à moins de 1%.
Fin Avril 2008, au coeur de l'envolée irrationnelle du
cours du cuivre, le CFCT (Commodities Futures Trading Commission), qui est
chargée de réguler le marché des contrats à terme
sur les matières premières sous entend que de plus en plus de
fonds spéculatifs interviennent de façon massive sur le
marché des métaux faisant grimper les prix de façon
irrationnelle, en annonçant des « prises de positions longues
(achats) en hausse de 27% en une semaine » : les marchés
financiers étant orienté à la baisse, des
spéculateurs se sont réfugiés dans le commerce des
matières premières, notamment le pétrole et les produits
agricoles, amplifiant artificiellement la hausse des cours
De plus, le CFTC dénonce la prise par certains gros fonds
spéculatifs de positions à l'achat sur le cuivre, couplée
avec un achat physique de métaux directement aux usines afin de faire
grimper les cours et de gagner sur les 2 tableaux.
La spéculation et le rôle des fonds
spéculatifs sur le marché des métaux, bien que souvent
évoquée par les compagnies indépendantes de négoce
et les producteurs prend alors une toute autre forme. Le cours du cuivre
s'éloigne de ses fondamentaux.
L'activisme des fonds spéculatifs sur le LME est
particulièrement à partir de 2005/2006. Leur part du volume
d'échange s'accroit rapidement pour atteindre près de 70% fin
2006. L'objectif de ces hedges funds Cette évolution entraine une
certaine défiance de la part des intervenants traditionnels qui
cherchaient originellement à se couvrir. Les professionnels de
l'industrie des métaux notent une part de plus en plus important de la
spéculation dans la fixation des cours, les décorrellant de
l'économie réelle.
Le graphique ci-dessus, est construit d'après des
données recueillies auprès de MF Global, un des membres de la
chambre de compensation du London Metal Exchange.
I.II.2 La spéculation dans la fixation des
cours : L'analyse du BME
Si la crise « rabat » les cartes et entraine des
changements inévitables quant à la structure du marché,
l'impact de la spéculation et de l'intervention d'operateurs
extérieurs suscitait un vif débat lors de l'explosion du prix des
métaux.
Au départ peu évoquée, la spéculation
prend de plus en plus de place dans l'esprit des analystes et
économistes pour expliquer la flambée des prix.
D'après le Bloomsbury Minerals Economics (BME), un
institut phare d'analyse des prix du métal, qui s'attache à
décomposer l'influence des différentes composantes dans le prix,
les fonds d'investissement qui misent sur les indices des matières
premières sont devenus un élément structurel de la
formation des cours des principaux métaux cotés par le London
Metal Exchange.
Le BME, intègre ainsi officiellement l'influence du
facteur « Fonds » dans son analyse de l'évolution du prix.
Comme mentionné plus haut, le prix du métal
était auparavant fixé par 3 critères fondamentaux: le
cycle des stocks officiels de métal physique du LME, le cycle de la
production industrielle, fortement corrélé à
l'évolution de la demande en métaux, et la variable des taux de
change. L'effort de ces fonds s'est accru depuis 2006, et rend donc
incontournable l'influence de ses intervenants dans l'établissement des
cours.
Les fonds d'investissements ont entre la fin 2007 et la mi-2008,
entre 110 et 118 milliards d'euros investis sur le LME. Selon le BME,
En 2007 et début 2008, le critère « fonds
» pèse davantage que le cycle de la demande et du niveau du dollar.
Dans la formation des prix du cuivre et du nickel, les fonds indiciels comptent
autant que le dollar. Dans la fixation des cours du plomb, ils interviennent
à la dernière place. Mais son marché est nettement moins
capitalisé que les trois précédents. Seul l'étain
échappe complètement à l'emprise des fonds, mais son
marché affiche les volumes négociés les plus modestes du
LME.
Cette spéculation est d'autant plus significative qu'elle
s'entretient ; d'après Peter Hollands, le Directeur
Général du BME, la présence de plus en plus importante de
fonds spéculatifs sur les marchés de métaux maintient les
cours élevés et attirent ainsi de nouveaux investisseurs.
La spéculation a clairement eu un rôle à
jouer dans la flambée des cours de ces dernières années,
et la chute s'est faite doublement ressentir. Tout d'abord car de nombreuses
institutions financières qui contribuaient à maintenir les cours
élevés se sont effondrées, et que les capitaux des
survivantes ont fondus ; La crise, au départ spécifiquement
financière, a ensuite rapidement frappé de plein fouet
l'économie réelle, ou les fondamentaux
« véritables » de la fixation du prix du
métal ont été atteint.
La spéculation n'a non pas entraîné la hausse
des cours, mais est responsable d'avoir maintenu ces hausse un niveau
élevé. La spéculation, entraîné par des
tensions sur les fondamentaux empêche les cours de retrouver un niveau
normal.
Cette flambée des cours des métaux a
contribué à transformer et à faire évoluer
durablement le secteur minier, notamment en raison de la Chine.
L'impact de la Chine dans la consolidation du secteur
minier
La flambée des cours a entrainé de massifs
investissements des compagnies d'exploitations minières, qui ont
à la fois misé sur une politique de croissance interne et
externe. Ses investissements ont consolidés le secteur minier et
considérablement accru l'influence des entreprises face aux
états, a priori détenteurs des ressources.
La hausse des prix a en effet permis aux sociétés
impliquées dans le business du métal de réaliser de
d'immenses profits et les a pousser à investir de façon d'autant
plus soutenue que la crise, à l'époque n'existe pas ; Au
contraire, la conjoncture laisse penser que la hausse des cours va se
poursuivre indéfiniment ; Mais c'est un facteur sans
précédent qui va insuffler un large optimisme sur les
marchés mondiaux des métaux : l'entrée de la Chine
dans l'OMC.
A la suite d'intenses négociations entamées depuis
1978 et intensifiée au milieu des années 90, la Chine rejoint
enfin l'Organisation Mondiale du Commerce en 2001.
Cette adhésion, attendue de longues dates à la fois
par les chinois et la communauté internationale des affaires marque un
tournant au niveau global dans les échanges mondiaux, et l'industrie de
base que représentent les métaux n'échappe pas à la
règle, bien au contraire ;
Le Parti Communiste Chinois affiche alors clairement ses
objectifs; ouvrir son marché au commerce international pour quadrupler
son PIB d'ici 2020.
La Chine, désireuse d'achever sa
« Révolution Industrielle » voit alors exploser son
urbanisation, son industrialisation et sa consommation de masse. Les
bénéfices de l'ouverture se font rapidement sentir et font
apparaitre l'appétit de consommation du plus grand marché
intérieur au monde.
Cette ouverture, résulte d'une volonté de
développement qui va forcément passer par l'édification et
la consolidation de nombreux marchés alors manifestement sous
exploités (fautes de moyens, d'expérience, de concurrence) par
les entreprises d'états : automobile, construction,
électronique, aéronautique... Tous ces secteurs destinés
à une modernisation sont d'énormes consommateurs de
matières premières et promettent aux métaux une explosion
potentielle de la demande.
Cette perspective est un tournant majeur pour les majors
mondiales mais verra apparaitre- nous le verrons par la suite- d'ambitieux
compétiteurs locaux.
Mais si les multinationales se ruent sur la Chine, celle-ci ne
bénéficient pas moins de très importantes ressources
naturelles : les métaux de bases abondent dans le sol et la roche
chinoise.
Le pays va lancer de massives politiques d'investissements pour
moderniser l'industrie minière et pouvoir produire lui-même, ce
qu'il va consommer dans le cadre de sa croissance, notamment le secteur des
métaux de base ;
Le gouvernement va ainsi encourager les investissements
étrangers pour structurer son industrie. Le secteur minier Chinois est
en effet immense mais précaire. Très fragmenté, les outils
d'explorations et de productions sont primaires, et les salariés
très exposés : A titre d'exemple le BIT révèle que
près de 10.000 ouvriers chinois trouveraient ainsi la mort tous les ans
dans des mines exploités illégalement.
Rapidement, le pays va s'affirmer comme l'un des acteurs majeurs,
sinon principal, dans l'industrie des métaux de base et bouscule une
hiérarchie établie depuis des décennies.
Ainsi, pour la production de cuivre, la Banque Mondiale a
évalué que la Chine est passée de la 4e place
mondiale avec 1,08 millions de tonnes produites en 1997, à la
première en 2002 avec plus de 2,2 millions de tonnes produites. Dans le
même temps, le Chili, leader historique dans le secteur cuprifère,
voit sa production quasi stagner.
Le pays va même voir sa production continuer à
exploser : entre 2004 et 2007, la production va augmenter de 60% pour
atteindre près de 3,5 millions de tonnes.
Cet afflux massif de nouveaux stocks aurait du entrainer une
chute sévère des cours mondiaux, mais, la tendance inverse va
s'opérer pour une raison simple : De la même manière
que les Chinois produisent massivement, ils consomment d'autant plus en raison
des politiques de modernisation et d'urbanisation engagées par les
autorités. Ainsi le pays devient également leader dans la
consommation de cuivre ; Entre 2004 et 2007, celle-ci va s'accroitre de
45% et faire de la Chine un importateur net de cuivre alors qu'elle se trouve
largement en position de premier producteur mondial. Alors premier producteur,
premier consommateur, l'empire du milieu devient également premier
importateur mondial de cuivre.
Pour l'aluminium, le constat est encore plus frappant: Leader
mondial, entre 2004 et 2007 la production Chinoise augmente de 87%. En juste 3
ans, le poids de la Chine dans la production mondiale passe de 20% à
plus de 30%. Dans le même temps, sa consommation double (+104%) et
soutient les cours, avivant les désirs d'expansion des compagnies
minières.
L'appétit pour les métaux de la Chine s'explique
également au travers de la constitution de stocks stratégiques,
fixée dans le cadre des plans quinquennaux.
Ces stocks ont pour objectif d'établir les réserves
nécessaires à la réalisation des objectifs fixés
par le gouvernement mais sont également destiné à soutenir
les compagnies productrices locales en leur garantissant un maintien des cours.
Le Bureau des Réserves d'Etat, (BRE) est l'organe chargé de
constituer ces stocks, et bien que très discret (suite à une
perte estimée à près d'1 milliard de dollars sur des
positions baissières du cours du cuivre et de l'aluminium en 2005)
bénéficie d'une influence forte sur les cours des métaux
de base ; A titre d'exemple récent, fin Mars 2009, le BRE annonce
sa volonté d'accroitre ses stocks de cuivre en vue du plan de relance
prévue par le gouvernement ; En 2 jours, suite à cette
annonce, le prix du contrat à trois mois sur le London Metal Exchange a
bondi de 360 dollars par tonne, soit une hausse de 10.6 %.
La recomposition de l'environnement
concurrentiel :
Ces dernières années, le paysage concurrentiel du
secteur des métaux a connu des bouleversements. Le facteur Chine a
accéléré le phénomène de globalisation de
l'industrie minière. Les prix records des métaux et la
volonté de peser sur les marchés ont fait tourner la tête
des groupes miniers, lancés dans une course à la taille sans
précédent et ont entraîné tout le secteur dans un
engrenage de fusions géantes.
L'ouverture de la Chine suite à son adhésion
à l'OMC a durablement fait évoluer le marché international
des métaux de bases, aussi bien sur la demande, l'offre, la consommation
et largement contribué à remodeler et son environnement
concurrentiel.
Le facteur « Chine » semble en effet le
critère dominant dans la consolidation rapide engagée par les
géants du secteur.
En raison des opportunités sans précédent
que la Chine représente désormais et de la hausse des cours
causée par entrée dans le commerce international, les leaders
mondiaux vont se lancer dans une course effrénée aux
acquisitions.
Pour expliquer cet entrain massif, les dirigeants des compagnies
impliqués expliquent leur optimisme à différents
égards. Persuadés que les prix vont rester haut, ils envisagent
des bénéfices de plus en plus importants qui leurs permettront de
rembourser l'endettement nécessaires aux acquisitions plus rapidement.
De plus, leur intérêt dans la création d'oligopole est
clair : une telle structure de marché permet aux survivants de
contrôler leur marché et avoir ainsi plus d'amplitude dans la
fixation des prix.
Au début des années 2000, le volume des
fusions-acquisitions entre compagnies impliquées dans le secteur
minier est relativement bas et stagne; Cependant, les années
suivantes vont voir le nombre de rapprochement exploser en raison de la
consolidation nécessaire pour répondre de la manière la
plus compétitive à l'ogre Chinois.
Une étude annuelle de Price Water House Coopers
caractérise les mouvements de consolidations engagés dans
l'industrie minière :
A partir de 2005 le nombre de deals va exploser, aussi bien en
nombre qu'en valeur ; Alors que le nombre de transactions
s'élève à 735, pour une valeur globale de près de
70 milliards de dollars, en 2006 le nombre d'opération augmente de 35%
pour une valeur presque doublée à 133 milliards. La valeur
moyenne de ces transactions a également explosé en augmentant de
près de 60% en une année. Les marchés des métaux
connaissent alors une flambée des cours
Le cours de l'aluminium a par exemple plus que doublé
entre 2003 et 2007, poussant les groupes miniers s'engager dans des politiques
de croissances externes.
En 2007, la progression est d'autant plus spectaculaire avec des
nouveaux records en nombre et en valeur ; Le nombre de deal augmente de
70% à plus de 1730, pour une valeur totale de 160 milliards de dollars,
en hausse de 20% par rapport à 2006.
Le marché est tiré par une vague
d'opérations gigantesque destinées à créer des
géants mondiaux.
Ainsi, le premier mouvement majeur est le rapprochement
opéré en 2001 entre BHP, multinationale australienne et Billiton,
géant minier anglais. Cette fusion crée le plus grand groupe
minier au monde.
Cette fusion géante est le premier signe du
phénomène de globalisation de l'industrie minière, Elle va
provoquer une hausse des cours en raison de la validation par les entreprises
des prévisions d'explosion de la demande à moyen terme.
Cette stratégie est validée, et permet 4 ans plus
tard à BHP Billiton d'étendre encore son influence en
rachetant pour plus de 7 milliards de dollars WMC Ressources, un groupe minier
australien. L'activité de BHP Billiton est alors extrêmement
diversifiée : le groupe possède aussi bien des mines de
diamants, de métaux de base, d'aluminium, de charbon, d'acier, de
manganèse, en Australie, au Canada, en Afrique du Sud...
Ce rachat révèle les enjeux d'acquisitions massives
dans le secteur minier et la course à la taille critique qui permettent
d'éviter toute OPA hostile de la part d'un compétiteur plus gros.
Alors qu'en 2002 son chiffre d'affaires est de 17 milliards de
dollars, pour un bénéfice net de 1,1 milliards de dollars, le
volume d'activité de BHP Billiton en 2007 atteint les 47 milliards et
voit son profit dépasser les 13 milliards. Courant 2007, sa
capitalisation boursière est estimée à 165 milliards.
Entre temps d'autres compagnies se sont engagées dans des
batailles boursières pour être parer à l'extraordinaire
croissance potentielle Chinoise :
Alcan (Aluminium Company of
Canada), alors parmi les plus gros producteurs d'aluminium au
monde acquiert coup sur coup Algroup (groupe Suisse spécialisé
dans l'aluminium et les emballages) en 2001 et le groupe industriel
Français, Pechiney en 2003. Après ces deux acquisitions
géantes, son chiffre d'affaires triple presque pour atteindre 25
milliards de dollars et devient le 3e producteur mondial
d'aluminium. Son profit net augmente d'une année sur l'autre de
près de 30%. Ces éléments pourraient laisser penser que le
groupe est alors à l'abri d'une offre de rachat hostile, cependant, le
mouvement mondial de consolidation de l'industrie minière et du
métal est alors destiné à s'intensifier.
Ainsi, Alcoa (Aluminium Company
of America), lance en Mai 2007 une OPA hostile sur Alcan
à hauteur de 33 milliards d'euros, avec pour ambition de devenir le
numéro un mondial de l'aluminium, en détrônant le
russo-suisse Rusal, né en 2006 de la fusion de Rusal, Sual et de
Glencore.
La société trouve alors en Rio Tinto, un
géant Anglo-australien un « chevalier blanc ». Rio
Tinto voit en Alcan une cible privilégiée, qui lui permettrait de
se renforcer dans le cuivre, l'aluminium et l'acier, associés à
la croissance chinoise.
En Juillet, Alcan et la société anglo-australienne
Rio Tinto publient un communiqué de presse commun annonçant que
Rio Tinto « va formuler une offre recommandée sur Alcan,
entièrement en numéraire » de 101 dollars soit une surcote
de 62% par rapport au cours de Bourse d'Alcan ; Cette offre qui valorise
la compagnie à 38 milliards de dollars est acceptée à
l'unanimité par le Conseil d'administration.
En Octobre 2007, l'offre aboutit et l'entité Rio
Tinto-Alcan est crée. Le conglomérat devient le premier
producteur d'aluminium mondial.
Ces mouvements ont certes formés des géants
mondiaux, mais cela à également contribué à les
endetter lourdement. La flambée des prix a persuadé un temps que
ces investissements seront rentables à moyen terme, et peu alors parlent
de la formation d'une bulle.
Le rachat d'Alcan par Rio Tinto marque les premières
limites des ces politiques d'investissements massifs ; Endetté
à hauteur de 40 milliards de dollars, le nouveau géant se voit
contraint de gérer sa cinquantaine de filiale au cordeau.
Cependant, tirés par la croissance robuste de
l'économie mondiale, l'explosion de la demande provenant notamment des
pays émergents et la maigreur des stocks, les prix des métaux
atteignent des records absolus. Les entreprises sont poussées à
se rapprocher si elles veulent conserver leur place dans une industrie en phase
de mondialisation totale.
Pendant ces péripéties boursières, les cours
des métaux fluctuent deviennent très volatils : entre
février et Mai 2007 les cours du cuivre augmentent de 57% à plus
de 6000 euros la tonne, avant de rechuter de près de 30% les deux mois
suivants. Le métal rouge finira tout de même 2007 en hausse de
près de 10%. Les prix, du plomb, de l'étain ou du zinc affichent
alors des records, motivant des rapprochements.
Les velléités d'expansion des compagnies
minières se poursuivent donc avec notamment comme pic les rumeurs
persistantes d'une volonté de rachat de Rio Tinto par BHP Billiton.
Ainsi, fin 2006, le brésilien CVRD s'est offert pour plus
de 13 milliards dollars le canadien Inco, devenant ainsi le deuxième
groupe minier mondial ; Et ce, seulement quelques mois après que le
suisse Xstrata (lui-même filiale géant Rusal) eut avalé
Falconbridge, au terme d'une bataille boursière avec le même Inco.
En mai 2007, le secteur a encore assisté à une
guerre de titans pour le contrôle du canadien LionOre. Le géant
russe Norilsk Nickel, premier producteur mondial, défie ainsi Xstrata en
surenchérissant, avec une offre de cinq milliards de dollars.
L'américain Freeport McMoRan Copper & Gold a
annoncé en novembre le rachat de son compatriote Phelps Dodge pour 25,9
milliards, une opération destiné à donner naissance au
premier groupe minier américain et au premier producteur de cuivre
coté au monde.
En décembre, l'australien Zinifex et le belge Umicore ont
annoncé leur mariage, devenant le nouveau numéro un mondial du
zinc.
En Novembre 2007, soit un mois après l'acquisition d'Alcan
par Rio Tinto, BHP Billiton annonce officiellement sa volonté de
racheter la toute nouvelle entité. Cette opération
présente un intérêt stratégique évident pour
BHP Billiton. Outre de renforcer et d'élargir ses positions sur les
principaux métaux (du minerai de fer au nickel, en passant par
l'aluminium), elle permettrait au groupe de générer 3,5 milliards
de dollars de résultats opérationnels supplémentaires en
sept ans. Pour convaincre les actionnaires de Rio Tinto, BHP Billiton a
également proposé un programme de rachat d'actions d'un montant
de 30 milliards de dollars. La société s'engage de plus à
refinancer les emprunts contractés par Rio Tinto pour le rachat d'Alcan.
Au total la première compagnie minière mondiale déclare
qu'elle offre 147 milliards de dollars pour acquérir le troisième
groupe minier mondial, soit la 3e plus grosse acquisition de
l'histoire.
Face à cette situation, les commissions de concurrence
s'alarment de voir la possibilité de rapprochement entre le leader
mondial et le 3e ; Si elle devait aboutir, la fusion BHP/Rio donnerait
naissance à un mastodonte qui contrôlerait plus du quart du
marché mondial du minerai de fer et serait l'aboutissement de la
consolidation du secteur en formant un groupe exploitant quasiment tous les
métaux à l'échelle mondiale.
Des contestations émanent des autorités chinoises
qui craignent de voir l'union de deux entreprises produisant des
matières essentielles à son développement.
Rio Tinto rejette sans appel l'offre en s'estimant largement sous
évalué ; Afin de contrer l'offre, le groupe visé
annonce des investissements supplémentaires dans des exploitations
minières en Australie et en Afrique du Sud et promet une politique
actionnariale généreuse.
En Europe, des sidérurgistes demandent à la
Commission Européenne de prévoir des mesures de rétorsion
en cas de position dominante. L'Union Européenne donne un avis
négatif quant à la fusion, mais BHP maintient son offre.
En Novembre 2008, la crise financière se propage, devenant
une crise globale et dans un contexte de détérioration du climat
économique et de baisse des cours des matières premières,
BHP retire son offre.
La consolidation du secteur semble donc devoir freiner pour un
temps après avoir vu la bulle des prix des métaux exploser.
Cependant la crise financière va représenter pour
certains l'occasion unique de prendre des positions inaccessibles jusque la,
notamment pour des compagnies de pays émergents, qui pour leur
développement ont besoin de garantir une production propre.
II.2 La montée en puissance des compagnies
minières Chinoises
En tant que premier consommateur d'aluminium, de cuivre, de zinc
et de la plupart des métaux de base, l'empire du Milieu va lui
même prendre une position de plus en plus influente dans le marché
mondial du métal, en s'affirmant comme producteur.
Les entreprises Chinoises bénéficient de plusieurs
avantages structurels qui leur permettent de se placer en position favorable
dans la concurrence mondiale de l'industrie minière.
Comme toutes les entreprises Chinoises opérant sur des
marchés stratégiques, ces entités appartiennent, sont
gérées et financées par l'état. Celui-ci disposant
de réserves colossales, et prêt à renforcer le paysage
concurrentiel, a investi massivement pour créer des champions nationaux.
La Chine se voit obliger de structurer des industries stratégiques et
l'état réserve une large part de ses achats en métaux de
base auprès des compagnies qu'il a crée de toutes pièces.
Ces bouleversements s'accompagnent de revers sociaux parfois graves.
II.3 Focus: la colossale refonte de l'acier Chinois
L'acier est un élément clé du paysage
chinois, et l'une des conditions de sa survie. Premier producteur et premier
consommateur mondial, le pays ne peut plus conserver des aciéries d'un
autre temps.
Dans le secteur de l'acier, L'Empire du milieu occupe sans
difficulté les premières places : premier producteur mondial
d'acier brut, avec 500 millions de tonnes en 2008, soit plus du tiers de la
production mondiale, premier consommateur et premier importateur d'aciers
spéciaux. A titre de comparaison, la seule hausse annuelle de la demande
chinoise correspond au double de la consommation française.
Pour alimenter son secteur du bâtiment en armatures ou ses
constructeurs automobiles en carrosseries, le gouvernement Chinois a
imposé lors de la fixation des plans quinquennaux d'ambitieux objectifs
de modernisation et s'est entièrement couverte de hauts-fourneaux.
Actuellement on estime que sa capacité annuelle de production
excède de 160 millions de tonnes ses besoins en acier de base.
Les restructurations engagées ont provoqué des
revers sociaux, qui ont entrainé d'importantes migrations de
travailleurs, et semble plutôt redoutées par les ouvriers.
Avec l'arrivée de la crise, Pékin justifie
l'urgence de la situation pour mener à bien la restructuration du
secteur : Le gouvernement, d'une part attire les producteurs en mettant
sur la table 32 milliards d'€ pour relancer la construction. D'autre part
l'autre il encourage les fusions et acquisitions des aciéristes
régionaux, afin d'accélérer le processus de
modernisation.
Les problèmes d'infrastructures de la Chine qui reste tout
de même un pays en développement peuvent causer d'importants
dégâts dans le processus de production ; or la Chine
étant le premier producteur mondial, un accident peut avoir des
conséquences mondiales.
Ainsi en juillet 2007, le cours de l'aluminium a battu un record
historique sur le London Metal Exchange, s'établissant à 3.317
dollars. Cette hausse spectaculaire était liée à l'annonce
d'un arrêt d'une partie de la production de Chalco.
Devant le manque d'électricité, le gouvernement de
la province de Shanxi, au Nord-Ouest du pays, a fait suspendre la production
d'aluminium, pour privilégier le secteur agricole. En effet, à
cause du procédé d'électrolyse utilisé dans la
production d'aluminium, le cout de l'électricité
représente 40 % du prix du métal raffiné.
L'équivalent de 5% des capacités totales de
production du pays a été affecté, soit 700.000 tonnes et
les pertes de production ont été estimées à 900.000
tonnes tout au long de l'année.
La Chine sait depuis longtemps qu'elle ne peut plus fonctionner
avec des aciéries d'un autre temps. Depuis une dizaine d'années,
le gouvernement central souhaite répartir sa production d'acier entre
les mains de quelques fleurons, mais cette décision a parfois
été confrontée à des ralentisseurs externes ;
ainsi par exemple, pour ne pas mettre en danger sa candidature aux Jeux
Olympiques, Pékin envisageait dès 1999 de déménager
l'aciérie géante de Shougang et ses 100 000 salariés. Aux
portes de Pékin, cette dernière émettait chaque
année l'équivalent de 40% des émissions du secteur
industriel de la capitale.
Avec la flambée des cours et la cherté des
métaux de base, la nécessité d'une restructuration
à l'échelle nationale s'est fait encore plus sentir. Les
aciéries des années 1950 avaient étaient bâtie aux
portes des villes selon les voeux de Mao, qui voulait pouvoir compter sur elles
en cas de guerre. Aujourd'hui l'idée, totalement anachronique, cause de
nombreux problèmes environnementaux: non seulement ces vieilles
aciéries polluent en CO2 et en dioxyde de soufre, mais elles consomment
beaucoup trop de ressources en eau et en charbon.
Cette inadaptation à la compétition internationale
est d'autant plus flagrante en période de crise. Le gouvernement
multiplie donc les incitations pour favoriser le regroupement de ses
producteurs, liés pour la plupart aux gouvernements locaux afin de leur
permettre de peser face aux géants étrangers avides de se
développer en Chine.
De plus le regroupement de ces producteurs permet à
l'industrie Chinoise de négocier des tarifs plus avantageux
auprès des minéraliers australiens, partenaire stratégique
pour l'approvisionnement en matières premières.
Ainsi, le gouvernement a publié le 23 mars un plan
national d'orientation. Parmi les dispositions annoncées, figurent la
limitation de la production nationale à 460 millions de tonnes en 2009
et la fermeture des structures dont la capacité n'excède pas les
25 millions de tonnes/an.
Le gouvernement ambitionne de situer 40% des nouvelles
installations en bordure de mer afin de réceptionner plus facilement le
minerai de fer australien et brésilien qui arrive par bateau.
Mais le point le plus important dans le cadre de la fixation des
prix du métal concerne surtout l'objectif de la Chine entend faire
émerger 5 géants nationaux, qui détiendront à eux
seuls plus de 45% de la capacité totale du pays.
De fait, on ne compte plus depuis l'an dernier les annonces de
fusions et acquisitions. En mars 2008, Laiwu (8ème) s'associait avec
Jinan (9ème) pour donner Shandong Steel (2ème).
En décembre, c'était au tour de trois groupes du
Hebei de fusionner pour donner naissance au plus grand producteur d'acier
chinois (avec 32 millions de tonnes par an), devançant ainsi le
numéro 1 historique Baosteel.
Le gouvernement Chinois a également pris soin d'imposer de
nouvelles normes environnementales dans ce secteur hautement polluant. De fait
les nouvelles structures sont toutes destinées à d'équiper
de technologies vertes. Selon les promoteurs du nouveau site de Shougang, 100%
des déchets solides et 98% des émissions seront ainsi
recyclés.
Cependant les progrès de compétitivité ont
leur revers : Le protectionnisme des gouvernements régionaux reste
fort. Fermer une aciérie, c'est perdre de l'emploi et des revenus.
Etalée sur plusieurs années, la tempête
sociale des licenciements a d'ores et déjà commencé. Selon
une étude de Galaxy Securities un courtier Chinois, les 100 000 ouvriers
de Shougang ne seront plus que 9000 sur le nouveau site largement
automatisé.
Ces difficultés sont de plus en plus
évoquées par les gouvernements régionaux lors
d'assemblée annuelle du Parti. Dans le cas de l'aciérie Shougang
Malgré les départs à la retraite, les préretraites
et les reclassements, rares sont les ouvriers de base qui ont accepté de
déménager.
Les municipalités sont incités par le gouvernement
central de transformer les friches industrielles (notamment en parcs de
loisirs), le temps sera long avant que l'emploi local retrouve son niveau
d'alors.
II.4 La question du dumping
Afin d'encourager la production locale, le gouvernement central
assiste généreusement les producteurs afin de les soutenir dans
leur expansion. Cette politique d'aide massive suscite des critiques de la part
des nations industrialisés qui voient comme résultat de ce
soutien des pratiques anticoncurrentielles.
En effet, Européens et Américains accusent
Pékin de soutenir financièrement des industries qui vendent
à perte, et pratiquent donc le dumping. Les sidérurgistes chinois
auraient par exemple récemment bénéficié d'une aide
de près 30 milliards de dollars sur leurs approvisionnements en
énergie. Les exportations d'acier ayant triplé en trois ans les
industriels américains ont demandé à leur gouvernement
d'engager une procédure devant l'OMC.
En raison de son système politique particulier qui place
l'état comme acteur incontournable dans les affaires, la Chine a
été particulièrement visée par l'OMC dans les
enquêtes anti-dumping.
Le développement de l'industrie Chinoise des métaux
a pris un impact tellement fort dans les termes de l'échange que depuis
que les accords de l'OMC ont été conclus en 1995, la Chine a
toujours été à la nation la plus visée. En 2008 par
exemple l'Empire du Milieu a totalisé plus de la moitié des
demandes total d'enquête (37).
Il est également fort intéressant de constater que
le secteur le plus soumis aux enquêtes de l'OMC n'est autre que celui des
métaux de base, avec 39% des plaintes totales déposées.
Cette statistique révèle les efforts financiers engagés
par Pékin pour moderniser l'industrie minière et
métallurgique.
Il existe ainsi des mesures anti dumping,
caractérisées par des taxes, sur l'aluminium, le cuivre, et la
plupart des autres métaux de base mais également sur des produits
en étant constitués ; L'UE a par exemple
décidé le mois dernier d'imposer des taxes antidumping allant de
26,5% à 85% sur certains éléments de fixation (vis,
boulons etc.) importés de Chine, en fer ou en acier, au terme d'une
enquête ouverte à l'automne 2007.
Ces mesures prises pour parer des pratiques anticoncurrentielles
sont évidemment critiquées par Pékin qui n'y voit qu'une
tentative protectionniste.
Il est intéressant de constater que certains analystes
voient dans la prise de ces mesures certes une protection des industriels
européens ou américains, mais que cette protection se fait au
détriment du consommateur final.
En effet, les taxes imposées par les organismes de
régulation de la concurrence ont été amenées
à s'élever et peuvent représenter jusqu'à 100% du
prix de vente affiché par le producteur chinois ce qui a
forcément un impact sur le prix au niveau mondial. La Chine
s'étant affirmé comme un acteur incontournable dans l'industrie
des métaux de base, en étant pour la plupart d'entre eux, le
premier producteur mondial, le prix payé par les industriels
consommateurs de cette denrée est gonflée par les taxes
anti-dumping ;
Il peut être pertinent de s'interroger de l'impact des
taxes antidumping dans la fixation du prix du métaux, surtout quand
cette taxe est imposée au plus grand producteur mondial et qu'elle est
donc de fait, répercutée sur le plus grand nombre possible de
consommateur final. Il est probable que l'effort supporté par le
consommateur se révèle finalement plus important que le gain fait
par les producteurs et industriels européens ou américain.
En 2008 par exemple, pour reprendre l'exemple cité
ci-dessus de la taxation des produits de fixation, l'Europe choisit alors de
protéger ce secteur. Or, le seul pays européen impliqué
sur ce marché est l'Italie avec une part de marché mondiale
inferieur à 7% ; L'imposition de cette taxe a provoqué une
hausse soudaine des prix de ces produits en Europe, car la très grande
majorité de ceux vendus sur le continent provenait de Chine. Les
vendeurs spécialisés, et autres grandes surfaces ont
tentés d'aller chercher ailleurs des producteurs afin d'éviter la
taxation. Cependant aucun d'entre eux n'est parvenu à trouver des
fournisseurs aussi compétitifs que leurs anciens grossistes Chinois. Les
taxes payées pour s'approvisionner chinois a été
évidemment répercutée sur le prix de vente final,
augmentant de près de 30% les prix de ces produits.
Il est évidemment douteux de condamner des organes de
régulations qui tentent d'assurer une concurrence mondiale saine, mais
le cas du métal est particulier ; en étant à la fois
le premier producteur et exportateur de métaux, le pays le plus
condamné par les instances de concurrence, et que ces condamnations
concernent dans leur majorité les métaux de base, la question de
la part des taxes anti dumping dans la fixation des prix se devait d'être
évoquée.
II.5 La montée en puissance des producteurs
Chinois
Malgré les difficultés, l'objectif majeur, qui est
de créer des champions nationaux reste en ligne de mire.
Ces champions, sont destinés à sécuriser et
garantir un approvisionnement national mais également à affirmer
le nouveau statut de la Chine sur les marchés internationaux. La
question n'est plus alors de savoir s'il faut investir à
l'international, mais comment le faire le plus vite possible. Les quatre
principaux métaux (l'aluminium, le cuivre, le zinc et le plomb) sont
tous en insuffisance de production. Pour le cuivre la situation est d'autant
plus grave avec la production locale couvrant moins d'un quart de la demande.
Ainsi, la recomposition et la modernisation de la production et
de consommation des métaux sur le marché intérieur chinois
va également s'accompagner de visée expansionnistes ; La
Chine, forte de sa nouvelle stature dans les échanges mondiaux va en
effet tacher d'imposer ses entreprises dans l'industrie mondiale en
investissant massivement à l'international.
Bien qu'étant premier producteur mondial, la Chine est
également le premier consommateur. La croissance est si forte que le
gouvernement chinois a planifié et orchestré une série
d'investissements à l'étranger ; A titre d'exemple, China
Minmetals, la plus grosse compagnie métallurgique du pays est sous
l'autorité directe du gouvernement central et les décisions
stratégiques d'expansion sont pris de consort avec les hautes
sphères du parti.
Ces décisions concernent aussi bien des investissements
dans des exploitations minières que dans des compagnies. Les compagnies
minières chinoises ont notamment été encouragées
à investir en Afrique, en Amérique Latine et en Australie,
régions considérées comme plus coopératives.
Chalco (China Aluminium
Corporation) a ainsi été la première
entité minière chinoise à réaliser ce type
d'opération transnationale. Crée en 2001 par le rapprochement de
25 gros producteurs régionaux, la compagnie, employant 200 000
personnes, s'impose rapidement comme la locomotive de l'industrie
minière Chinoise en devenant son plus large producteur d'aluminium.
En Aout 2007, alors que l'industrie minière mondiale est
en pleine phase de consolidation, la Chine envoie un signal fort avec
l'acquisition de Peru Copper par Chalco pour 860 millions de dollar. Même
si le montant semble plutôt faible comparé aux transactions
réalisées par les majors internationales, cette investissement
marque l'orientation stratégique prise par l'industrie minière
chinoise. La Chine n'est plus alors seulement vue comme un
débouché presque sans limite pour l'industrie, mais
également comme un concurrent amené à grossir de plus en
plus rapidement. Les denrées stratégiques telles que le cuivre,
le fer ou le nickel sont alors visées afin d'alimenter la croissance
économique du pays
Fin 2007, CITIC, la banque d'investissement d'état
s'empare d'un producteur kazakh pour 900 millions de dollars. En Janvier 2008,
Jiangxi Métal rachète à 100% Canadian Northern Peru
Copper, pour 500 millions de dollars ; En Mars, Sinosteel lance une offre
de rachat hostile sur Australian Midwest Corp. et parvient à prendre le
contrôle de la compagnie ; dollars.
Ces participations, quand elles ne sont pas totales, sont
réalisées dans le cadre de joint-ventures, plus acceptable aux
yeux de l'opinion locale ; ainsi, Anshan Iron & Steel Group, le
3e producteur d'acier Chinois est parvenu à un accord de
joint-venture de 1.6 milliards de dollars avec le groupe australien Gindalbie
Metals, pour développer des projets dans les minerais de fer. Dans le
même temps China Metallurgical Group signe un contrat similaire avec
Australian Cape Iron Ore pour 400 millions.
Mais l'opération la plus frappante est incontestablement
est à mettre au crédit de Chalco. Alors que les groupes chinois
investissaient plutôt dans des entreprises de taille moyenne, cette prise
de participation dans le 3e groupe minier mondial marque
l'affirmation des ambitions chinoises.
En février 2008, Chalco s'associe avec l'américain
Alcoa pour prendre 10% du géant Rio Tinto, 3e groupe minier
mondial. Cette prise de participation s'élève à 14
milliards de dollars, ce qui en fait le plus gros investissement international
jamais réalisé par une entreprise Chinoise.
Cette entrée au capital est d'autant plus
stratégique qu'elle se déroule en pleine bataille
boursière entre Rio Tinto et BHP Billiton qui cherchait alors à
le racheter. Le montant payé par Chalco et Alcoa valorise Rio Tinto
à plus de 150 milliards de dollars, recadrant l'offre de BHP dans une
fourchette basse. Cet investissement massif est justifié par la crainte
de la Chine de voir la fusion en Rio et BHP qui créerait un géant
avec un contrôle fort sur les prix de métaux essentiels à
la croissance chinoise.
La Chine est donc prête à payer le prix fort et
annonce être prêt à mettre 120 milliards de dollars à
la disposition de Chalco par le biais du fonds souverain chinois China
Investment Corporation (CIC).
Cette volonté est renforcée par le fait que pendant
cette période, les cours des métaux sont élevés, la
crise financière est dans les esprits mais les craintes d'une
récession mondiale sont très faibles. La croissance Chinoise est
vue par tous comme trop forte pour être arrêter
soudainement et dans le même temps la spéculation grandit sur
le London Métal Exchange faisant flamber les cours.
II.6 L'impact de la crise dans l'environnement
concurrentiel
Mi 2008, les inquiétudes grandissent quant à
l'avenir de la situation économique mondiale suite à une
aggravation critique de l'état du système financier. Les
objectifs de croissance sont revus à la baisse par les organismes
internationaux, les perspectives de demande s'assombrissent, les cours des
bourses s'effondrent.
Le prix des matières premières tirés
à la hausse pendant des mois par des fondamentaux solides
s'écroulent : le chômage explose, les Etats Unis voient le
marché immobilier et du crédit s'effondrer. Ceux qui pensaient
que la Chine résisterait à la crise voient leurs espoirs
anéantis avec une production industrielle en fort repli, et pour cause,
20% des exportations chinoises sont absorbés par les Etats Unis ;
des milliers d'usines ferment en Chine, et le marché automobile mondial
entre dans la pire crise de son histoire, promettant un avenir sombre à
la demande de métaux de base.
Les investissements massifs engagés quelques mois
auparavant, alors annoncés comme une source garantie de revenus
apparaissent désormais comme un lourd fardeau. Les capacités de
production sont largement trop élevés, les couts fixes ne sont
plus amortis, et les dettes contractées pour les acquisitions
pèsent plus que jamais dans un environnement bancaire qui semble
anéanti.
Cette situation va complètement freiner le processus de
consolidation du secteur, la production mondiale dégringole et les
compagnies minières sont contraintes de réduire leur niveau
d'activité de manière drastique.
Devenus plus flexibles, les marchés réagissent
désormais beaucoup plus vite que lors des crises
précédentes. A titre d'exemple, lors du bas de cycle de la
sidérurgie en 2001-2002, les prix des billettes (lingot de métal,
non encore traité) en Asie ne s'étaient
dépréciés que de 5% en 12 mois, cette fois-ci les cours
des billettes sur le LME ont chuté de 65%.
Coincés entre cette chute des prix et la constante
augmentation des coûts de production, les producteurs ont vu leurs marges
s'évanouir rapidement.
Selon les calculs de Pinetree Capital, un fonds d'investissement
spécialisé dans les matières premières, les
coûts de production d'une tonne de cuivre qui tournaient autour de 1 400
dollars en 2001 ont grimpé vers les 3 000/3 200 dollars.
Certaines entreprises, notamment les chinoises,
bénéficiant de plus grandes marges de manoeuvre en raison de leur
proximité avec leur gouvernement ont pu être beaucoup plus
réactifs localement aux signes envoyés par les marchés
internationaux.
La filière chinoise de l'aluminium a ainsi annoncé
l'arrêt de 4 millions de tonnes de capacités de production
d'alumine. Chalco, qui avait déjà stoppé 300 000 des 1,5
millions de tonnes de capacité de sa raffinerie d'alumine de Shandong, a
finalement réduit sa production à 200 000 tonnes pour
répondre à une baisse de 40% du prix de l'alumine.
BHP Billiton, CVRD (2e groupe mondial) et Rio Tinto
appuient également sur le frein en termes d'investissements. Les
programmes de développement sont tous réétudiés
à la lumière des troubles qui secouent les marchés et d'un
ralentissement de la croissance de l'économie chinoise qui est alors
inévitable. Même si les groupes leaders continuent de tabler sur
le développement interne du pays toujours tiré par son
urbanisation et son industrialisation, ils constatent néanmoins que ses
industries exportatrices ne sont pas isolées d'une récession de
l'OCDE. Ainsi les compagnies minières dans leur ensemble constatent que
la demande chinoise de cuivre d'aluminium et d'intrants de l'acier est en
baisse.
Outre la chute des cours, c'est bien la crise du crédit
qui frappe des projets métallurgiques et miniers toujours plus voraces
en capitaux. Les capitaux sont amenés être rares et chers dans la
période de crise et les petites firmes minières, les «
juniors », souffrent particulièrement. La disparition des juniors
sur lesquels repose la partie la plus importante des investissements de
recherche et d'exploration va limiter le nombre de gisements ouverts à
l'exploration lorsque le besoin s'en fera sentir.
Concernant le cuivre le numéro un, le chilien Codelco, qui
a enregistré une baisse de sa production en 2008 s'est
préparé voir cette tendance se poursuivre l'an prochain. A la fin
de l'année face à la baisse des cours du métal rouge, le
numéro deux du secteur, l'américain Freeport-McMoran se
prépare également à reporter ses différents projets
d'augmentation de ses capacités de production afin de limiter ses
investissements.
Les cours des compagnies minières s'effondrent dans un
contexte de ralentissement sévère de l'activité
économique mondiale. Entre Mai et Novembre 2008, l'action BHP Billiton
perd 75% ; Dans le même temps, sa cible finalement laissée
pour compte, Rio Tinto perd 85%. CVRD voir également son cours de bourse
s'effondrer de 80%.
Début 2009, les prévisions toujours aussi sombres
ne laissent pas espérer un retour à la normale avant 2010 pour
les plus optimistes.
Cependant, comme dans chaque crise, certains intervenants mieux
lotis que d'autres pour diverses raisons vont profiter de la faiblesse des
cours pour prendre des positions qui auraient exigés de les payer au
prix fort.
Ainsi, après avoir pris 10% de Rio Tinto en février
2008, Chalco annonce sa décision d'augmenter sa participation dans le
capital du groupe Anglo-australien.
Rio Tinto, dont le cours de bourse a été
massacré, n'a pas vraiment la possibilité de s'opposer à
cette offre, dans la mesure où le groupe chercher activement des
capitaux afin de rembourser sa dette de 40 milliards contractée lors du
rachat d'Alcan.
Aux termes de cet accord, Chalco obtiendrait une part de 12,3
milliards de dollars dans les actifs de Rio en minerai de fer, dans le cuivre
et l'aluminium, ainsi que 7,2 milliards de dollars de dette convertible, ce qui
doublerait sa participation dans le capital du groupe minier, à 18%.
Cette offre suscite néanmoins des réticences de la
part des autorités australiennes qui assistent à la montée
en puissance des entreprises chinois dans des intérêts
stratégiques nationaux. En effet, Chalco étant 100%
détenue par le gouvernement chinois, les autorités australiennes
craignent que ce deal ne se fasse pas d'égal à égal entre
les deux entreprises.
La prise de participation a été ainsi soumise
à un examen approfondi de la part des instances économiques
australienne. Les actionnaires de Rio Tinto ont refusé pour la plupart
la réalisation de ce deal.
Les dirigeants de Chalco déployé une batterie
d'arguments afin de convaincre à la fois les autorités
australiennes et les actionnaires : la dette serait réduite de
moitié et Chalco s'engage à contribuer à la
création de milliers d'emplois en Australie au travers de ces
entités communes avec Rio Tinto. De plus, en étant soutenue par
le gouvernement Chinois, Chalco dispose des énormes réserves de
cash indispensables dans cet environnement difficile.
Le deal est approuvé par les 2 compagnies mais pas encore
par les autorités australiennes.
Cette prise de participation et cette énorme levée
de fonds ne doit cependant pas masquer les difficultés que connait le
secteur en pleine crise. Même si les métaux depuis le début
de l'année ont connu pour certains de belles embellies (55% pour le
cuivre par exemple,) l'arrêt brutal des investissements et les
importants ralentissements de la production ont non seulement limité la
chute des cours, mais seront également amené à provoquer
une nouvelle hausse brutale des prix des métaux lorsque la conjoncture
se sera retournée.
Les plans de relance mondiaux ; Quel avenir pour
les métaux ?
Si l'industrie du métal ne peut pas à elle seule
sortir le monde de la crise, elle n'en reste pas moins une des stimulateurs
à prendre en compte si l'on souhaite relancer la machine
économique mondiale.
Pour faire face à la crise globale que connait
actuellement le monde, les pays industrialisés et ceux en
développement, ont décidés de coordonner leurs plans de
relance nationaux afin de propulser ensemble la croissance mondiale ; En
effet, que ce soit l'Europe, les Etats Unis ou la Chine, tous ont
engagés d'immenses investissements publiques destinés, à
soutenir l'ensemble des industries et à sauver les plus touchées,
comme le secteur bancaire, ou l'automobile.
Les États ont ainsi lancés ou prévoient de
lancer des politiques de relance avec la volonté affichée de
réduire l'ampleur de la crise économique :
Dès Janvier 2008, le gouvernement fédéral
américain avait mis de l'avant un programme de relance de 168 milliards
de dollars;
En septembre 2008, face à l'aggravation de la crise et de
sa propagation confirmée au niveau mondial, le gouvernement
fédéral américain met en place le Plan Paulson, un
programme de 700 milliards de dollars d'apurement de la crise
financière.
En Asie, en octobre 2008, l'Australie annonce un plan de relance
de 65 milliards de dollars, dans le même temps, le Japon annonce un plan
de relance de 260 milliards.
En Novembre le gouvernement chinois annonce le 9 novembre un plan
de relance de 15% du PNB dans les deux ans à venir pour relancer la
croissance. Les 573 milliards de dollars iront à des grands travaux
d'infrastructures qui concernent évidemment la demande en
métaux de base: travaux ferroviaires, de ports, d'autoroutes et de
grands travaux hydrauliques (45%), à la reconstruction du Sichuan (25%),
au développement des campagnes (9.25%), à l'environnement,
principalement des stations de traitement des eaux usées (8,7%), des
logements sociaux (7%). Ce budget prévu contient les 80 milliards de
dollars décidés pour la reconstruction de la province du Sichuan
en juin 2008 suite au séisme du Sichuan de mai 2008;
En Europe, Bruxelles confirme la mise en place d'un plan
européen de 163 milliards de dollars. Il s'agit ici surtout d'assurer un
minimum de cohésion entre les plans de relance nationaux établis.
Parmi les grand pays européen le Royaume-Uni qui crée un plan de
30 milliards destiné à sauver le système bancaire.
L'Allemagne lui emboite le pas et annonce un investissement de 63 milliards. Le
plan Allemand sera renforcé avec 50 milliards supplémentaire
annoncés en Janvier.
Le 4 décembre, le président français
présente un plan de relance de 26 milliards d'euros (11,4 milliards
destinés au soutien de la trésorerie des entreprises, 10,5
milliards aux investissements publics, 2 milliards au logement et à
l'automobile, 1,2 milliards aux mesures emploi et 0,8 milliards à la
prime de solidarité active.
Il est intéressant de se pencher sur ces plans de relance
dans le cadre de cette étude sur les métaux car ils ont un impact
fort sur les fondamentaux de la fixation de leurs prix.
En effet, cette politique d'investissements a un impact direct
sur l'avenir de ce marché dans la mesure où la volonté de
relancer la machine industrielle globale implique une stimulation de
l'industrie des métaux de base, situé en amont de tout le secteur
industriel. De plus, ces plans de relance revêtent une importance
capitale pour l'avenir de l'industrie métallurgique car ils ont
également pour but d'amorcer des bouleversements industriels essentiels,
comme la prise en compte des défis environnementaux par exemple, avec
lesquels le marché du métal va certainement être
amené à se transformer.
Le stimulus touche en effet un très large
éventail d'industrie. L'industrie métallurgique a
bénéficié à la fois d'aides directes, comme par
exemple des prêts à taux préférentiels de la part de
l'état et indirectes avec un soutien similaire à des
industries liées; Les sommes investies étant colossales, elles
auront vocation à influencer durablement le secteur et les fondamentaux
dans la fixation du prix.
III.1 Le plan de relance américain et son impact sur
le marché du métal
Les Etats Unis étant à l'origine de la crise qui
s'est propagée au monde entier, avaient comme nécessité et
responsabilité de proposer un plan de relance ambitieux.
La Chambre des représentants vote en janvier 2009, en
faveur d'un plan de relance de 825 milliards de dollars.
Ce plan prévoit notamment des réductions 275
milliards de dollars de réductions d'impôts, une augmentation des
indemnités chômage, mais surtout plus de 540 milliards
d'investissements dans des infrastructures aussi diverses que les routes, les
écoles ou le développement de l'Internet à haut
débit.
Les métaux de base ont toute leur place dans ce plan et
les stocks empilés et non consommés pendant le pic de la crise
vont être amenés à se réduire. Or, en raison de
l'éclatement de la bulle qui a suivi le mouvement de consolidation le
secteur a largement réduit ses capacités de production. La hausse
de la demande potentielle provoquée par la coordination des plans de
relance laissent ainsi croire à plusieurs analystes que les prix des
métaux de base pourraient avoir atteint leur niveau le plus bas et
être en voie de se redresser.
Les industries consommatrices de métaux ont
été particulièrement aidé avec notamment un effort
très important consenti pour les constructeurs automobile ;
Même si cette aide sert avant tout à aider les
géants automobiles américains tels que Général
Motors ou Ford à se restructurer et à garantir à leurs
salariés le paiement de leurs retraites, les constructeurs ont
été largement incités à innover leur production. La
production automobile américaine ayant chuté de 25% entre 2001 et
2009, l'avenir reste très sombre pour l'industrie,
l'éventualité d'une mise en faillite des « Big
3 », Général Motors, Ford et Chrysler ayant même
été évoquée par Obama.
Les constructeurs sont ainsi contraints à s'adapter aux
réalités du marché mondial et à prendre en compte
des impératifs devenus essentiels, tels que les mesures
environnementales, ou la nécessité de produire des
véhicules moins consommateurs d'essence ;
Diverses propositions ont été ainsi
évoquées et examinées avec attention certes par les
compagnies automobiles mais également par les industries liées,
les entreprises minières et métallurgiques en tête.
L'industrie automobile est en effet un débouché essentiel de la
production de métal.
III.2 Impact du plan de relance automobile pour
l'aluminium:
Les métaux dans leur ensemble ont toujours
été amené à évoluer avec les mutations
industrielles ; Ainsi le plomb par exemple alors massivement
utilisé au XIXe et début du XXe à progressivement
été abandonné et son utilisation cantonné à
des fins bien spécifiques suite aux découvertes de son impact sur
la santé humaine.
De même, la crise a certes durablement affaibli l'industrie
des métaux et minière mais elle représente pour certains
de nouvelles opportunités ;
Ainsi dans les reformes imposées au secteur automobile
pour l'attribution d'aides publiques un métal a été en
particulier bien loti ;
Dans le cadre du plan de relance automobile, l'aluminium est en
effet un métal très prisé car ses propriétés
permettent de produire des véhicules plus légers. Certaines
voitures de constructeurs spécialistes comportent déjà des
composants structurels en aluminium. Le nombre de ces composants et modules,
tels que longerons et dessous de caisse, augmentera au cours des prochaines
années sur les voitures de gamme moyenne et de grande série. En
2005, les premières voitures généralisant l'utilisation de
l'aluminium sont apparues.
D'après le CCFA (Comité des Constructeurs
Français d'Automobile) le poids de l'aluminium dans une voiture
européenne type est ainsi passé de 90 kg actuellement à
125 kg entre 2001 et 2006. Certains modèles en utilisent dans des
proportions plus élevés comme la Peugeot 607 qui contient 190 kg
d'aluminium et la C5 avec 150 kg.
Avec les objectifs qui ont conditionnés l'attribution de
fonds dans le cadre du plan de relance, l'allègement du poids des
véhicules est important pour les constructeurs dans la mesure où
il leur permettra également de satisfaire à l'engagement sur les
émissions de CO2. Les constructeurs ont ainsi été
incités à utiliser l'aluminium pour compenser l'accroissement du
poids de leurs véhicules dû à l'augmentation de la taille
des moteurs. BMW travaille à une face avant en aluminium pour la
prochaine Série 5. La Série 7 emploie ce métal pour le
capot et les pare-chocs avant, ainsi que pour des pièces du moteur
V8.
Les utilisations sont notamment influencées par les cours
du métal ; Une marque de luxe comme BMW est disposée
à accepter un surcoût de 4 dollars par livre (10 euros par kilo),
tandis qu'un constructeur généraliste comme Renault a fixé
la barre à 1,80 dollar (4,60 euros). C'est pourquoi il ne faut pas
s'attendre à voir apparaître des voitures de grande série
équipées d'une carrosserie en aluminium à court terme.
Toutefois, l'aluminium offre des avantages en matière de coût et
de taux de recyclage qui devraient encourager les constructeurs à
recourir davantage à ce métal.
Avec la crise, et la chute des cours, les constructeurs et
fournisseurs se sont récemment efforcés d'améliorer la
technique d'assemblage des pièces en aluminium et en 2009 la part de
l'aluminium utilisé dans la production automobile à atteint un
sommet, avec 8,6% du poids moyen et devrait atteindre 10% selon l'institut
américain Aluminum Association.
L'aluminium est ainsi utilisé de façon de plus en
plus importante par les constructeurs (pour les disques de frein, les
suspensions...) si bien qui si une fusion en 2 géants américains
était contrainte par l'administration américaine elle engagerait
certainement GM et Chrysler en raison de nombreuses synergies à faire
valoir dans l'utilisation d'aluminium.
Selon une note de l'institut MF Global publiée au
début de l'année dans le Wall Street Journal, les cours
d'aluminium seraient ainsi à moyen et à long terme soutenu par
« un filet de sécurité » en résultat
de l'effort imposé par les autorités en matière de
production, si bien sur les constructeurs étaient amenés à
survivre. Les cours de l'alumium ont ainsi connu une belle embellie depuis de
l'année qui s'explique en grande partie par cet engouement
suscité par le secteur automobile.
Malgré une volonté d'action commune affichée
par l'ensemble des pays industrialisés, la crise a suscité
d'importantes craintes notamment liées à la tentation
protectionniste
Une clause particulière dans le détail du plan de
relance américain a fait ressurgir les vieux démons
protectionnistes que les institutions internationales souhaitaient à
tout prix éviter.
Après l'éclatement de la crise dans le
bâtiment et l'automobile, la production d'acier a chuté de
moitié en trois mois.
Cette clause prévoit ainsi l'interdiction d'acheter
à l'étranger l'acier et le fer destiné au plan de relance.
La mesure suscite d'autant plus d'inquiétude qu'elle pourrait faire
école, contraindre les autres pays à un repli sur eux même
et faire chuter les cours internationaux des métaux.
La clause est finalement largement assouplie, et son application
destinée à être appliqué d'une manière
cohérente avec les obligations des Etats-Unis en vertu des accords
internationaux.
Excepté ce point, les cours de métaux ont
plutôt été ménagés ; En insufflant
dans l'économie américaine des centaines de milliards, le
gouvernement a envoyé un signal fort concernant sa volonté de
recentrer les politiques industrielles au coeur de la vie économique.
Cette volonté va être suivie partout dans le monde
entier, en particulier avec le pays qui possède avec les Etats Unis le
plus fort impact sur le marché des métaux de base, la Chine.
III.3 Impact du plan de relance Chinois.
Le plan de relance chinois revêt un intérêt
particulier dans la mesure où l'économie du pays en est pleine
transformation.
Alors quasiment exclusivement basée sur les exportations,
la Chine a connu la plus grosse croissance de l'histoire économique et
s'est affirmée en mois de 30 ans comme la 3e puissance
économique mondiale.
A la différence des Etats Unis, du Japon ou de l'UE, la
Chine est toujours en développement. La crise à occasionné
des investissements massifs certes pour soutenir l'économie fortement
atteinte par la conjoncture mondiale mais également pour orienter baser
la croissance économique du pays sur la demande intérieure et
réduire le poids des exportations.
Les investissements prévus par le Bureau Central vont
servir à accélérer le développement du pays en le
dotant d'infrastructures modernes.
La construction de réseaux ferroviaires reliant les
grandes villes du pays (comme une ligne grande vitesse entre Pékin et
Shanghai), la modernisation et l'électrification
accélérée des provinces reculées, le
développement de l'internet haut débit, le logement, la
reconstruction du Sichuan ravagé par un tremblement de terre, que de
chantiers gourmands en métaux qui devraient être les premiers
bénéficiaires des 455 milliards d'euros promis par Pékin
dans son plan de relance.
La part des sommes consacrées au développement
industriel concerne principalement dix industries. En plus de celles des
métaux non ferreux, le gouvernement a adopté des plans pour
l'automobile, l'acier, la construction navale, le textile, la fabrication des
machines, l'industrie électronique et informatique, l'industrie
légère et la pétrochimie et la logistique.
Ces décisions promettent aux métaux une hausse
importante de la demande potentielle et le lendemain de l'annonce, à
Londres, le cuivre a bondi de 8% à l'ouverture des échanges de
LME.
Mais cette hausse va ensuite se rétracter rejoignant celle
des autres métaux en raison de fondamentaux fragiles : d'abord les
stocks pléthoriques entreposés dans les ports chinois couvrent 4
mois de production. Ensuite la mise en veilleuse des hauts fourneaux en Chine
ainsi que dans le reste du monde. Et enfin l'assèchement brutal des
échanges malgré l'annonce de ces ambitieux plans.
Le prix du fer disponible sur le marché spot (seul
métal à ne pas être coté) est éloquent. La
Chine est alors soupçonnée de faire ployer les cours, il n'est
pas impossible qu'elle ait sciemment stoppé ces achats sur le
marché spot avant d'appeler ses fournisseurs à s'assoir à
la table des négociations.
De même, les fournisseurs ne se ruent pas dans l'effet
d'annonce afin de tenter d'enrayer la chute des cours. Ainsi le
brésilien Vale et les deux anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton,
ont patiemment attendus que les réductions de production
décidées par deux d'entre eux se fassent sentir, et d'en savoir
plus sur ce plan de relance chinois qui donne de l'élan à
l'ensemble des compagnies minières.
En tant que premier importateur et consommateur de la plupart des
métaux de base, la Chine a en effet un impact très fort sur les
cours mondiaux. Ainsi comme évoqué plus haut le gouvernement a
pris soin d'accumuler des réserves stratégiques pendant que les
cours avaient atteint le plus bas point.
Courant Février-Mars, les cours du LME remontent de
façon notable, entre le cuivre prend près 55% en trois mois, dont
20% rien qu'en Mars. La hausse des prix a été fortement
influencée par une décrue graduelle des stocks de métal
entreposés au LME. Le métal rouge a ainsi quitté les
entrepôts du LME pour aller en Chine, où le Bureau des
réserves stratégiques a constitué des réserves,
profitant de prix plus avantageux au LME que sur le marché
intérieur chinois.
Conclusion
Profondément intégrés à
l'économie réelle, indispensables à tout les processus
industriels et ressources âprement partagées entre les nations,
les métaux sont au coeur des réalités économiques
de notre temps.
Alors que l'on pouvait penser avec les progrès
réalisés au 20e siècle que les pays
industrialisés étaient définitivement passés
à une économie du service, de la communication, de la finance, du
média, en un mot de l'immatériel, des transformations
économiques majeurs nous ont rappelé l'impact de l'industrie
primaire de notre économie.
Les prix des métaux a vu ses fondamentaux
transformés en quelques années par des bouleversements d'un monde
toujours plus riche et mondialisé.
L'avènement de la Chine, secouant profondément
l'économie mondiale, son besoin impératif de matières
premières pour développer ce qui est amené à
devenir la plus grande puissance économique mondiale engage la demande
de métal à s'affirmer comme de plus en plus importante; le pays
compte encore 800 millions de paysans et n'est pas totalement sorti du tiers
monde. Les chiffres gigantesques évoqués concernant son
économie ne doivent pas faire oublier qu'il est le pays le plus
peuplé au monde et que le développement chinois ne sera pas
achevé à court terme. La Chine a besoin et aura besoin de
métal. Quand la Chine en aura « fini », se sera au
tour de l'Inde ; puis de l'Afrique ; et de tous les pays cherchant le
bien être de leurs habitants par la croissance et le
développement.
A l'opposé, concernant nos économies, son niveau de
sophistication a presque entrainé sa perte ; La financiarisation
s'est étendue partout, des activités purement bancaires comme le
crédit aux secteurs les plus éloignés comme les
matières premières. Alors que les marchés à terme
de métaux avaient pour but de protéger acheteurs et producteurs,
la spéculation s'est immiscée, comme si les pays
développé n'avait plus d'autres intérêts dans cette
matière de base et a fait failli lui faire perdre ses
fondamentaux ;
Les montants colossaux mis sur la table par l'ensemble des pays
industrialisés ne doivent pas faire oublier que les métaux sont
profondément dépendants de l'économie réelle. C'est
par elle que le prix du métal est amené à évoluer.
Tant que la crise actuelle durera, les fondamentaux seront passablement
atteints.
Les montants investis doivent servir à remettre
l'économie mondiale sur de bons rails en stabilisant ses bases. Les
matières premières ont toujours été au service de
l'économie réelle ; et les orientations données par
les plans de relance doivent servir à les replacer au coeur des
défis auxquels va faire face le monde : les questions
écologiques, une évolution des prix qui ne pénalise pas
les plus pauvres et une adaptation de l'offre au service du progrès.
La demande de métaux de base concerne et concernera nos
économies développés ; l'amélioration de ses
utilisations pourra engendrer la création de secteurs nouveaux comme il
l'a toujours fait à l'instar du cuivre dans les activités
antiques, de l'acier pendant la révolution industrielle et du Silicone
aujourd'hui à l'aube du développement des énergies
renouvelables.
Bibliographie
Ouvrage et documents
· Yves Simon et Delphine Lautier : « Marchés
dérivés de matières premières et gestion du risque
prix »Collection, Economica, deuxième édition, 2001
· Claude Mouton et Philippe Chalmin : « Les
marchés internationaux des matières premières
»Edition 1982
· P.N.Giraud : « Economie mondiale des
matières premières », collection Repères,
Edition, La Découverte, 1989
· Jean Marie Chevalier : « Les grandes batailles de
l'énergie », Folio Actuel, 2006
· Yannick Marquet, M. Pierre Esquerre. « Le
London Metal Exchange », Paris : les Éd. de l'Industrie,
cop. 2001
· IIDA K, « Metallurgies; Histoire des
techniques », Journal of History of Science Tokyo, 1985
· James Ridgeway, «It's all for sale; the control
of global resources;»
· Barralis, G. Maeder, « Précis de
métallurgie », Afnor, Nathan, 1991
· Françoise Lemoine, « La nouvelle
économie Chinoise », Editions La Découverte
· Françoise Hay, « La montée en
puissance de l'économie Chinoise », Collection des
Sociétés, 2005
· Erik Iszraelewicz, « Quand la Chine change
le monde » ; 2005
· Jean-Marc Plantade, Yidir Plantade « La face
cachée de la Chine : Toute la vérité sur la plus grande
jungle économique du monde », Bourin Éditeur,
2006.
· Aglietta M., « La Chine vers la
superpuissance » Broché, Economica
· Yves Crozet, « Les Grandes Questions de
l'économie internationale », Broché, Armand
Colin
· Michel-Henry Bouchet, « L'économie
mondiale 2009 », Editions La Découverte
Sites préférentiels :
www.lme.com
www.mfglobal.com
www.edito-matieres-premieres.fr
www.boursorama.com
www.capital.fr
www.commodity.com/
www.aluminum.org/
www.eurocopper.org
www.kme.com
www.french.xinhuanet.com
www.aujourdhuilachine.com
www.pwc.com
Annexes :
Cours du LME et stocks entre novembre 2007 et
février 2009
Variation des stocks et prix sur le LME entre novembre
2007 et février 2009 (%)
Evoluions cours et stock du cuivre sur le LME entre
Décembre 2007 et Février 2009
Evoluions cours et stock du zinc sur le LME entre
Décembre 2007 et Février 2009
Evoluions cours et stock du plomb sur le LME entre
Décembre 2007 et Février 2009
Evoluions cours et stock du Nickel sur le LME entre
Décembre 2007 et Février 2009
Utilisation des métaux de base dans l'industrie
automobile :
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