2.3.2. Impact de la dépendance sur la valeur
perçue de l'externalisation des SI
Toute relation entre deux organisations se base sur un
échange de ressources, tangibles ou intangibles ; reste que rares sont
les relations qui soient basées sur une interdépendance mutuelle
et une distribution égale de pouvoir. Dans la très grande
majorité des cas, il y a ce qu'on appelle une asymétrie de
pouvoir où une entreprise dépend d'une autre (Remili et Carrier
2006). Certainement, aucune entreprise ne désire être dans cette
situation défavorable. En fait, Lonsdale (2001) indique que selon une
étude réaliser par le KPMG 1 en 1997, pour
les contrats d'externalisation, le risque le plus fréquent est celui de
dépendance. Pareillement, les résultats du Baromètre
Outsourcing (2005) montrent que le risque de dépendance est le frein le
plus important dans l'externalisation. Il est la conséquence de la perte
de savoir-faire, de contrôle ou de maîtrise de la fonction
externalisée.
Conceptuellement, la situation de dépendance transforme
l'interaction entre les deux parties d'une forme d'échange
spontanée basée sur une négociation équitable
à une structure de dominance où une partie perd sa
capacité à riposter impératives de l'autre partie.
(Kenneth and Heide, 2000). Young-Ybarra et Wiersma, (1999) ont
vérifié empiriquement que la dépendance est
négativement liée à la flexibilité de l'alliance
entre deux firmes en terme de possibilités de modification ou de mettre
fin à la relation.
En outre, le lien entre la dépendance et la
vulnérabilité de la firme apparaît clairement dans
l'étude de Svensson (2004). Cette vulnérabilité a pour
conséquence la réduction de la marge de manoeuvre de
l'entreprise, soumise désormais aux intentions et actions de ses
prestataires et devient incapable de gérer ses activités dans une
optique de long terme (Remili et Carrier 2006).
Lonsdale (2001) affirme que lorsque l'opportunisme n'existe
pas dans les relations d'affaire, la dépendance ne pose aucun
problème. Mais, selon Bahli et Rivard (2003), la
spécificité des actifs liée à l'externalisation des
SI rend la présence de l'opportunisme très critique.
Concrètement, un comportement opportuniste peut prendre la forme d'une
augmentation des tarifs (à prestation égale) ou d'une diminution
de la qualité de la prestation (à tarif égal) (Barthelemy
2004b). Quélin (1997) a affirmé que de tels comportements
permettraient au prestataire de s'approprier la quasi-rente du client. Pour
cette raison, l'entreprise est obligée à la surveillance du
prestataire et à la mise en place des mécanismes de protection de
ces comportements (Ryu et al, 2007). Mais ceci augmente significativement les
coûts de transaction et engendre la perte de la valeur perçue de
l'externalisation (Law-Kheng 2007).
Par ailleurs, le choix du prestataire n'est pas toujours
réussi, il est probable que l'entreprise externalise ses SI à un
prestataire incompétent. En effet, Sanders et al (2007) avancent que le
fait d'être dépendant à un prestataire incompétent
peut avoir des effets à court terme tel que la perturbation de la
performance des fonctions externalisées, et également des effets
stratégiques à long terme, car les directions futures de
l'entreprise concernant ses SI sont désormais liées à ce
prestataire. Hui et al, (2008) ajoutent que lorsque l'exécution d'une
activité externalisée est concentré dans les mains d'un
prestataire unique, l'entreprise reste à la merci de ce dernier,
malgré l'existence d'autres prestataires plus performants sur le
marché. De plus, pour bénéficier d'économies
d'échelle significatives, il est plus facile pour le prestataire
dominant de standardiser les actifs de ses différents clients
(Barthelemy 2004b). Ainsi, la qualité des services fournis par ce
derniers est moins personnalisée et moins satisfaisante.
Pour toutes ces raisons, nous supposons que la
dépendance d'une entreprise envers son prestataire agit
négativement sur sa perception de la valeur qu'elle peut tirer en lui
externalisant ses SI. Notre deuxième hypothèse est par
conséquent :
Hypothèse 2. : La dépendance
envers le prestataire influence négativement la valeur perçue de
l'externalisation des SI.
Hypothèse 2.a: La dépendance envers le
prestataire influence négativement la valeur perçue
stratégique de l'externalisation des SI.
Hypothèse 2.b: La dépendance envers le
prestataire influence négativement la valeur perçue
économique de l'externalisation des SI.
Hypothèse 2.c: La dépendance envers le
prestataire influence négativement la valeur perçue technologique
de l'externalisation des SI.
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