Paragraphe I : les forces de la PME
La PME ne peut être
considérée comme un simple modèle réduit de
l'entreprise ou pire encore comme l'inverse de la grande entreprise .Elle est
une entité propre qui possède des atouts originaux, qui sont
principalement au nombre de trois :
A- La
flexibilité
La flexibilité peut être définie
comme la capacité de s'adapter rapidement aux variations qualitatives et
quantitatives de l'environnement. La capacité d'adaptation à la
conjoncture est essentielle, cette qualité se trouve en particulier chez
les PME. Cela revient à dire que les grandes entreprises se
caractérisent par une certaine rigidité de structure
défavorable à l'adaptation rapide au changement, ce sont souvent
handicapés et paralysées par leur bureaucratie interne et la
longueur de leur communication. Le tissu de la PME réagit à un
déséquilibre économique de manières
différentes selon des situations respectives des entreprises.
B- L'efficacité
Etant donné que les charges de structures sont
plus faibles dans ce type d'entreprise. Les PME
vont obtenir par conséquent un coût de
revient plus faible que celui des grandes firmes. De ce fait elles peuvent
aisément maîtriser l'ensemble des données de leur
environnement.
C-La qualité et
simplicité des relations sociales
La modestie de la taille des PME leur permet une
gestion du personnel plus efficace et plus économe : Plus efficace
parce qu'elle se traduit souvent par une grande souplesse d'utilisation de la
main d'oeuvre et par une meilleure implication de celle-ci, Plus économe
parce que la main d'oeuvre y est en générale moins
qualifiée et peu syndicalisée ce qui tend à réduire
le coût du travail.
Paragraphe II : Les faiblesses de la PME
La PME soufre d'un ensemble d'handicapes aussi
multiples que divers qui se situent presque au niveau de toutes ses fonctions
et réduisent de ce fait ses capacités de production et de
commercialisation.
A- Le rôle de la personne du
dirigeant
L'une des caractéristiques propres aux PME
marocaines réside dans le rôle que joue la personne du dirigeant.
Non seulement il cumule les fonctions techniques commerciales et
financières mais en outre il assume le plus souvent seul la
responsabilité de son affaire. Cette concentration des tâches de
gestion entre ses mains le rassure certainement dans la mesure où il est
informé de ce qui se passe à l'intérieur de l'entreprise,
mais en contre partie, elle ne lui permet pas d'optimiser la
rentabilité de son temps et par conséquent il devient sous-
informé des réelles potentialités de son entreprise, et
perd ses premiers objectifs et sa mission initiale d'élaborer ses
stratégies de conquête de nouveaux marchés et de
développement de son entreprise.
La grande majorité des dirigeants sont des
hommes de production ou de commerce sans grande expérience dans le
domaine de Finance, Marketing, Comptabilité, Approvisionnement, gestion
de stocks. Or, il faut savoir gérer une entreprise dans son ensemble et
saisir les interrelations qui existent entre ses diverses fonctions.
Cependant, si actuellement on assiste à une
accélération du taux d'échec au niveau des jeunes PME,
ceci n'est pas dû seulement à la conjoncture ou à
l'environnement économique mais également aux erreurs commises
par leurs dirigeants à titre
d'exemple (17):
- La stratégie de se limiter à un seul client
alors qu'il faudrait mieux diversifier la clientèle.
- Par son style de management, le dirigent de la PME instaure
inconsciemment un esprit défavorable au développement de
l'entreprise (perte de tout comportement créatif de son personnel) et
dont les conséquences se traduisent par l'alourdissement des charges, la
baisse de la productivité et de la rentabilité de l'entreprise et
la détérioration du climat social.
- La négligence du besoin en fonds de roulement. En
effet afin d'accrocher des nouveaux clients, le dirigeant leur accorde des
délais de paiement plus long, alors qu'il doit régler ses
fournisseurs dans un délai beaucoup plus court.
- La peur de travailler dans le « claire »
situation qui l'expose au poids de la fiscalité et qu'il qualifie de
très pénalisante pour sa société.
-Pour l'amélioration du niveau de formation de son
personnel, ni l'importance ni le besoin en formation sont
considérés à leur juste valeur.
(17) L AKHMIRI .A&
BENCHEKRON.S « la fonction financière dans la
PME-PMI » revue gestion et société avril 2007,
n°26 page 20.
-Pour des raisons culturelles (crainte de
révéler le secret de son affaire), mais aussi
financières, le conseil externe sous toutes ses
formes (études, consultations pour les questions techniques,
financières, juridiques..) est considéré comme peu
important et ne mérite pas le prix demandé.
-La décision de recrutement d'un cadre, lorsqu'elle
est prise, n'est que rarement accompagnée des taches qui lui seront
confiées.
-L'insuffisance des technologies locales et l'adoption de
technologies avancées des pays industrialisés inadaptées
aux spécificités locales (fortes intensités
capitalistiques, création d'emploi coûteux, surcoûts,
gaspillage de ressources).
B-Absence de facteurs de
compétitivité :
1èreniveau : Manque d'informations
Le contexte économique marocain se
caractérise par le manque d'informations sur son organisation et son
fonctionnement.
Cependant Les PME n'ont pas les moyens (humains,
financiers, matériels) d'avoir une intelligence économique
propre, elles ont pourtant un besoin crucial d'information qui diffère
suivant leur objectif : opportunités d'investissement, normes,
nouveautés technologiques, marchés et produits nouveaux, etc...
Les statistiques sont faibles en dehors de celles de
bank al Maghrib et l'office de change. Le créateur d'entreprise n'a pas
d'informations précises sur les branches d'activités et plus
particulièrement sur les créneaux qui peuvent l'intéresser
sans investigation personnelle. Ces investigations sont
généralement partielles, incomplètes et parfois
erronées. Il n'existe pas encore au Maroc de base de données
informatisées et actualisées.
Très vite les données qui ont pu
être collectées dans le cadre des études sectorielles
vieillissent et perdent leur intérêt en l'absence de cette
actualisation nécessaire. (18)
(18) Synthèse Najib ibn abdeljalil
"l'entreprise et son environnement page n°103,104
édition1999
2èmeniveau : Insuffisance
d'accès aux nouvelles technologies et
l'innovation
L'une des faiblesses aujourd'hui soulignées
pour les PME Marocaines et leur accès insuffisant aux technologies
nouvelles et à l'innovation, cette faiblesse sera d'autant plus
handicapante que l'économie marocaine s'ouvre à la concurrence
internationale. Or, il est également établit que le niveau de
développement technologique et scientifique d'un pays est à
l'image de son progrès économique et que la volonté
d'accroître ce dernier nécessite une intégration et une
gestion des technologies nouvelles importées puis
régénérées sur place. L'exemple du japon des
années 60 et plus récemment des pays d'Asie du Sud -Est est
édifiant à cet égard.
Au Maroc, une déconnexion évidente entre
les quelques centres de recherche universitaires et les PME, les moyens
matériels et humains sont faibles, l'ouverture et la coopération
avec des centres étrangers plus développées sont
limitées, les centres de recherche privés ou de grandes
entreprises demeurent peu nombreux et à portée réduite. Le
plus grave, semble être un certain désintérêt de la
puissance publique et des décideurs des entreprises à
l'égard de la recherche et du développement technologique. Sans
doute, le manque des ressources humaines suffisamment formées et
qualifiées, le faible niveau général de qualification
technique et bien sur l'insuffisance des moyens financiers sont autant de
facteurs explicatifs de ce sous-développement technologique et
technique de nos PME.
L'innovation, même relative est faible dans nos
PME, le financement de cette dernière est inexistant et les
structures d'assistance aux innovateurs sont absentes. Il y a un manque de
canaux structurels et organisés d'alimentation en informatique et
d'apport de connaissances en provenances de l'étranger pouvant nous
irriguer avec continuité et permettant aux entreprises d'intégrer
ce qui se passe ailleurs. (19)
3èmeniveau : le manque de
personnel qualifié
Les PME se plaignent d'une manière
générale de manque de personnel qualifié notamment dans
les services, et surtout de ne pas trouver à l'embauche à presque
tous les niveaux des personnes spécialisés correspondant aux
emplois offerts. Cette remarque vaut d'ailleurs également pour les
grandes entreprises, mais la situation se trouve aggravée chez les PME
par les méthodes même de
caractère passif, qu'elles suivent en matière
d'embauche , celles-ci sont faites au coup par coup sous la pression des
événements immédiats : par retenue d'une candidature
spontanée,recommandé par un membre de la famille, ce qui
mène à des erreurs nombreuses, multiples essais,coût et
perte de temps.
(19) Idem édition1999 page
n°320
C-Les difficultés financières
Les principales difficultés qu'en souffrent les
PME sont de caractère financières, allant jusqu'au menacer leur
existence. Ces difficultés trouvent leurs explications dans plusieurs
raisons, d'abord il y'a une relative instabilité de leur autofinancement
comparé à celui des plus grandes entreprises.
Ensuite, en ce qui concerne les crédits, la
banque intervient dans le financement des projets des PME suivant une
étude de faisabilité laquelle est fondée sur des
données techniques et economico-financières, si le projet est
fiable la banque le finance. Certains promoteurs estiment que la banque refuse
de financer leurs projets mais occultent les raisons qui ont motivé le
refus.
Enfin les autres moyens de financement (le capital
risque- financement via le marché boursier-le crédit bail) ne
sont pas bien exploités par les PME (20)
pour maintes raisons que le deuxième chapitre va traiter
avec détail.
D- Contraintes
d'accès aux marchés et aux zones et locaux
d'implantation
1- Contraintes
liées à l'accès aux marchés
Le soutien pour l'accès au marché
constitue un des moyens pour pérenniser la PME, qu'il s'agisse de
l'accès au marché local où l'Etat mobilise des ressources
budgétaires importantes dans le cadre des marchés publics ou aux
marchés extérieures par l'accompagnement de la PME à
l'exportation. Mais très souvent les PME évitent d'accéder
aux différents marchés (publics, extérieurs) et ce pour
plusieurs raisons (21) :
- La plupart des gros donneurs d'ordre privilégient les
grandes structures.
- Les dispositions réglementaires inadaptées
aux PME.
- Le manque d'informations sur les organismes internationaux
à contacter, les opportunités d'affaires....
- Les difficultés d'accès au financement
à l'exportation.
- L'insuffisance du concept d'ouverture sur
l'extérieur.
L'analyse de l'état des lieux permet de
constater globalement que par sa taille et sa structure, la PME ne peut
accéder facilement aux marchés publics et ne peut, à
elle seule faire face à la complexité et aux coûts
d'approches des marchés extérieurs.
(20)Conjoncture N °863 septembre
2005 « financement des PME page 22 ,23
(21)Synthèse A.Bouzid, PME et stratégie
du développement au Maroc, Ed.1997.P 56
2- Contraintes liées aux zones
et locaux d'implantation :
Le développement des PME
nécessite la mise en place d'une logistique et des infrastructures
d'accueil nécessaires à l'importation des projets. En effet le
montage de tout projet dépend, dans une large mesure de la
disponibilité de terrains, de parcs industriels entièrement
viabilisés et de locaux à des prix abordables. Le coût
élevé de ces derniers présente un réel frein au
développement des PME marocaines par rapport à celles des pays
concurrents (Turquie, Jordanie, tunisie..).
E- Les obstacles d'ordre
législatif, administratif et judiciaire
L'expression <<obstacles administratifs>>
est un terme générique qui recouvre une multitude de cas de
figures et de situations.
L'offre de service administratif est jugé en
deçà des attentes des opérateurs, les remarques
récurrentes formulées à l'encontre des procédures
administratives identifient des déficits dans la gestion du temps, dans
la démarche, dans les procédures et dans la communication, ceci
se manifeste par une complexité, lourdeur et retard dans le traitement
des dossiers, et dans l'insuffisance de l'information et le manque de
coordination. En revanche la réglementation des entreprises est à
l'origine de trois séries d'appréhension liées à la
complexité, l'éparpillement des textes, le manque de transparence
et à la non prise en compte des spécificités liées
à la tailles des entreprises. (22)
1-Le droit des
sociétés :
Les reformes entreprises par le code de commerce ont
prévu la possibilité de la constitution de la
société unipersonnelle mais sans toutes fois déterminer la
taille de la société considérée, ainsi des
sanctions pénales ont été prescrites en cas du non
accomplissement d'un certain nombre de procédures, tant en ce qui
concerne les formalités à remplir lors de la constitution de la
société, ainsi que celles à établir au cours de
leur fonctionnement ou lors de leur dissolution. C'est la raison pour laquelle
un nombre significatif de sociétés ont
préféré prendre la forme de SARL pour éviter les
contraintes que leur exige le statut de sociétés anonymes.
2- le code des
douanes :
Les formalités douanières peuvent
être raccourcies malgré le souci d'amélioration, car les
garanties exigées posent le problème des cautions dont
l'obtention nécessite des procédures très
contraignantes.
(22) A.Bouzid, PME et stratégie du
développement au Maroc,.page 51,52,53 édition1997
Les exigences pour l'importation et l'exportation de
certains produits fait que les importations rencontrent souvent des
problèmes avec les services douaniers concernant l'évaluation des
marchandises,la classification des produits et la préparation des
formulaires.
3- la réglementation comptable
et fiscale
Le plan comptable n'est pas adapté à
toutes les formes des PME, les obligations en terme de production d'information
financière sont globalement lourdes.
L'ensemble des obligations déclaratives
comptables, fiscales et sociales sont trop complexes et trop nombreuses, il
existe par exemple plus de 30 formulaires différents ayant trait
impôts au niveau national. Ainsi les chefs des entreprises doivent
soumettre de nombreux formulaires contenant pratiquement les mêmes
informations et devant être accompagnés des mêmes
pièces. Les investisseurs considèrent que la complexité du
système fiscal marocain mène souvent à la confusion et
à de nombreuses erreurs dans les déclarations. Ce qui oblige
souvent les investisseurs de recourir aux services des fiduciaires et des
cabinets de conseil. Pour les PME, le coût des conseillers est
très élevé, ceci incite un bon nombre d'entre elles
à l'évasion fiscale, engendrant ainsi de grosses pertes dans les
recettes fiscales de l'Etat.
4- La législation sociale
Le droit du travail et de la sécurité
sociale en cours, comporte de nombreuses dispositions dont le respect des
prescriptions dépasse à la fois les capacités
matérielles de la PME (c'est le cas de la représentation du
personnel au sein de l'entreprise, du mode de règlement des conflits
collectifs, de la flexibilité dans les horaires du travail, de la
couverture sociale des salariés).
5- Les procédures
administratives et judiciaires
Le problème le plus fréquent
mentionné par les investisseurs au cours de chaque étape du
processus de démarrage de l'investissement est le manque de transparence
des procédures. Cette situation est due à la discordance entre
les différentes administrations et parfois au sein d'une même
administration.
Le problème de l'enchevêtrement des
compétences se manifeste bien clair lors de l'étude d'un dossier
ou l'octroi d'une autorisation pour la réalisation ou l'extension d'un
projet de PME.
Malgré la volonté simplificatrice des
hauts fonctionnaires de l'Etat, malgré les affirmations du gouvernement
voulant assister et encourager les créateurs d'entreprises, il semble
qu'au niveau exécutif et au niveau des échelons bas de
l'administration beaucoup d'efforts restent à réaliser pour
traduire le discours au niveau des actes.
F- Faiblesse dans la commercialisation
La fonction commerciale des PME a
présenté et présente encore, malgré une
amélioration notable dans les dernières années, des
lacunes persistantes. On rapproche à un certain nombre de PME un manque
de connaissance de leurs marchés existants ou potentiels, la
programmation insuffisante d'une action commerciale menée au coup par
coup, un effort trop modéré de présentation des produits
et services à écouler, mais aussi une qualité parfois
médiocre de l'accueil et du service après vente, et une assez
forte résistance aux formes modernes de la publicité et des
médias. (23)
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