INTRObUCTION
La question de la gestion participative de la
société et plus particulièrement celle de l'implication de
la femme dans le processus de développement, sont une
nécessité dont se préoccupent les organismes d'appui au
développement et de nombreux programmes locaux de
développement.
Ainsi, en septembre 2000, lors du Sommet du Millénaire
des Nations Unies à Genève, (Copenhague+5), en plus de leur
engagement à réduire la pauvreté de moitié à
l'horizon 2015, 189 gouvernements du monde se sont accordés à
promouvoir le développement humain, maintenir un environnement durable
et mettre sur pied des partenariats pour le développement. En outre, ils
établissaient explicitement l'égalité entre les genres
comme une fin en soi: «Aucune personne, aucune nation ne doit être
privée des bienfaits du développement. L'égalité
des droits et des chances des femmes et des hommes doit être
assurée» (Rapport du Sommet du Millénaire des Nations Unies
Copenhague+5, 2000 ,20)
La communauté internationale a donc compris que pour
accéder à un véritable développement, il est
nécessaire d'intégrer le genre au processus de
réduction de la pauvreté à tous les niveaux.
Le genre est selon Tapsoba, I.et al
«l'ensemble des interactions et différentiations entre les hommes
et les femmes produites par la société dans laquelle ils
vivent» (Tapsoba, I., et al, 1997).
Bissilliat J., le définit comme: «le sexe socialement
construit qu'il soit féminin ou masculin» (Bissiliat, 2000).
Et Gresea d'ajouter que «le genre a une base culturelle;
il est défini par la société qui en détermine les
activités, les statuts, les caractéristiques psychologiques,
culturelles et démographiques, dont le point de départ est la
différence sexuelle, mais il ne peut pas se résumer ou se
justifier par cette seule différence sexuelle» (Gresea, 2000).
Le genre peut donc évoluer dans le temps et alors
connaître des changements ; contrairement au sexe qui lui, est naturel,
biologique et statique.
Mais malgré les nombreuses conférences et
colloques internationaux tenus sur la femme : Proclamation de l'Année
Internationale de la Femme (Mexico1 975) en passant par la Conférence de
Nairobi au Kenya et celle tenue à Abuja au Nigeria, les conditions de la
femme et surtout celles de la femme rurale sont restées
précaires.
A la suite de la Quatrième Conférence Mondiale
sur les Femmes à Béiijing (Pékin) en Septembre 1995,
l'attention qu'accordent les institutions de Bretton Wood aux rapports de
"genre" dans les discours et rapports officiels, montre une évolution
des mentalités concernant l'intégration des femmes dans les
programmes de développement.
Par ailleurs tous les Etats déclarèrent:
«Le renforcement du pouvoir d'action des femmes et leur pleine
participation sur un pied d'égalité à tous les domaines de
la vie sociale, y compris aux prises de décisions et leur accès
au pouvoir, sont des conditions essentielles à l'égalité,
au développement et à la paix;» (Déclaration de
Béijing, 1995).
Cet engagement des gouvernants s'est traduit également
par la Journée Internationale des Femmes 2006 où la question de
l'implication des femmes dans les instances de décisions fut
abordée à travers le Thème: Les Femmes et la Prise de
décisions: relever les défis, créer le changement.
En dépit de cette révolution de
mentalités et de ces progrès notoires à promouvoir la
femme et à lui reconnaître sa place dans le processus de
développement, la femme en général et la femme rurale en
particulier ne participe pas encore au processus de réduction de la
pauvreté car détenant une parcelle de pouvoir économique
et surtout décisionnel très réduite; comme le
témoigne le rapport 2004 des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD):0,281% en 2000 ; 0,315% en 2001; 0,346% en 2002 et
0,336 en 2003). C'est soucieux de ce constat ahurissant de
«marginalisation» des femmes que nous nous proposons d'analyser le
rôle que peut jouer la femme dans le développement local à
travers le thème : Femmes rurales et gouvernance locale: Vers
des propositions pour l'implication des femmes dans les instances de
décisions de la commune d'Adjara.
La gouvernance se définit comme
«la manière par laquelle le pouvoir est exercé dans la
gestion des ressources économiques et sociales d'un pays au service du
développement; ou l'utilisation de l'autorité politique et de
l'exercice du contrôle en
rapport avec la gestion des ressources d'une
société en vue de son développement économique et
social» (Saya, 2006).
Quant à la gouvernance locale,
«elle est l'utilisation du pouvoir dans la gestion des ressources
économiques et sociales des entités décentralisées
de base ou des organisations associatives en tenant compte des principes de
l'éthique et des règles de transparence pour leur
développement». (Saya, 2006).
Le développement local ne peut alors se passer de la
gouvernance locale et vice-versa.
Le développement local est «un
processus de citoyenneté ou les différentes composantes de la
société se rencontrent, échangent et construisent un
projet commun» (Megin, 1989).
L'objectif général de cette étude est de
montrer que la reconnaissance effective de la place de la femme d'Adjara dans
le développement, passe par sa participation au processus de prise de
décisions.
De façon spécifique, elle vise à :
> Appréhender la conception faite de la femme dans la
commune d'Adjara.
> Identifier les facteurs qui expliquent le positionnement
défavorable des femmes dans les organes de décisions de la
commune d'Adjara.
> Montrer l'importance de la présence des femmes
dans les instances de décisions dans l'amélioration de leurs
conditions de vie et par conséquent dans le développement de la
commune d'Adjara.
> Proposer des approches de solutions en vue de lever les
handicaps à la participation effective des femmes aux instances de prise
de décisions de leur commune.
Ce travail s'articule autour de quatre chapitres essentiels:
· Le premier sera consacré au cadre
géographique de l'étude.
· le deuxième abordera le cadre théorique et
la démarche méthodologique.
· Quant au troisième, il sera réservé
à la démarche méthodologique.
· Et le quatrième chapitre à la mise en
oeuvre de la recherche; c'est-à-dire aux résultats et à
leur discussion pour déboucher sur les suggestions.
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