III/ Evolution des SFD et cadre réglementaire
1) Evolution des SFD
Initialement destinées à appuyer le financement
du développement à la base dans le milieu rural, les structures
de micro finance vont gagner les villes très tôt à la
faveur d'une grande adhésion de la population.
En effet, la micro finance s'est développée en
tant qu'approche du développement économique qui
s'intéresse spécifiquement aux populations à faible revenu
exerçant un travail indépendant. Elle est née en
réponses aux « interrogations et aux conclusions d'études
concernant l'offre publique de crédits subventionnés
destinés aux paysans pauvres. ». C'est ainsi que dans les
années 1970 le secteur financier a été utilisé
comme instrument de financement de politiques interventionnistes avec la mise
en place des banques de développement, ce qui se traduisait dans les
projets par un crédit considéré avant tout comme un
intrant. Ceci, suite à la décision des
gouvernements africains et de leurs partenaires de lancer des
programmes de développement, qui incluaient la distribution d'intrants
et d'équipement, à crédit et d'appuyer les banques de
développement.
Seulement, dans cette première approche d'aide au
développement, on a noté une inexistence d'effet de levier
économique des pratiques traditionnelles de services financiers qui
relevaient plus de petites aides d'urgence et étaient peu
disposées à faciliter l'enrichissement des
bénéficiaires. Leur ciblage technique sur des programmes de
vulgarisation agricole peu soucieux des aléas climatiques ou de la
commercialisation des produits, a condamné ces programmes à subir
de lourds impayés. ». À cela s'ajoute une gestion gabegie
qui a conduit à la fermeture de la majorité des banques de
développement.
Dans sa démarche, ce programme alliait une politique de
diffusion des innovations ou de création d'entreprises. Cependant, il
enregistrait un faible intérêt pour le remboursement de la part
des populations. Dans ce contexte d'aide au développement,
l'intervention d'organisations d'appui et d'ONG a facilité le transfert
à la fois d'innovations et de fonds destinés aux financements. Ce
modèle d'aide supervisé par des « agents de
développement » ne prenait guère en considération le
bénéficiaire et a comporté beaucoup de dysfonctionnements.
Il faut remarquer que la majeure partie de ces interventions était
axée sur le monde rural. La conviction était faite que la
pauvreté était essentiellement rurale.
De nouvelles approches d'épargne et de financement
allaient être fondées sur une implication des
bénéficiaires dans une certaine autogestion et un suivi de
proximité. Ce fut le cas des caisses villageoises, des
coopératives ou mutuelles d'épargne et de crédit qui, avec
l'aide d'ONG, chercheront à affiner leur profil organisationnel et
institutionnel.
C'est en vu de tous cela que la microfinance s'est
développée au Sénégal dés la fin des
années 1990, et compte de nos jours 848 SFD répertoriés
à la cellule AT/CPEC comprenant des Groupements d'Epargne et de
Crédit (GEC) 404, Mutuelles d'Epargne et de Crédit (MEC) 426,
Unions 06, Fédérations 01, Confédérations 01,
structures sous convention 10. Le nombre total de
bénéficières touchés au 31/12/2004 estimé
à 718.887, l'encours de crédit au 31/12/2004 est de 68,675
milliards de FCFA, l'encours de l'épargne au 31/12/2004 est de 57,254
milliards de FCFA.
Ces systèmes financiers décentralisés
(SFD) ont été le produit d'un partenariat entre l'Etat, les
opérateurs, certaines banques nationales de développement et les
bailleurs de fonds. Globalement, le rôle de l'État a
été plutôt en retrait, les bailleurs de fonds n'entendant
pas qu'il s'implique dans la gestion ou dans la stratégie des
institutions.
La microfinance s'inscrivait de plus en plus sur la loi du
marché, en se déployant sous diverses formes. Ainsi, en faisant
partie intégrante du système financier, elle rendait caduque le
dualisme secteur financier formel - secteur financier informel, longtemps
présent au Sénégal.
De façon générale, l'émergence des
SFD (Systèmes financiers décentralisés) au
Sénégal, intervient dans un contexte national marqué par
le désengagement de l'État, la responsabilisation des acteurs
privés ruraux et par l'encouragement du financement du
développement par les ressources internes mobilisées par les
associations de base.
Ainsi, la mise en place des SFD entre dans le cadre de la
politique volontariste de l'État, appuyée par l'aide
extérieure. Le développement des SFD est aussi lié
à l'exclusion des banques et à la précarité des
systèmes financiers informels.
Les SFD concernent le secteur dynamique exclu des
systèmes bancaires, le secteur informel et les PME/PME. Ils cherchent la
rentabilité, tout en oeuvrant à la satisfaction de leurs membres,
tant sur le plan économique que social, contribuant ainsi à leur
bien-être. L'apparition des SFD ne s'est pas faite de façon
spontanée, mais découle de la prise en compte d'une
réalité. En effet, leur cible demeure les populations à
revenu modeste, tant rurales qu'urbaines, qui ont un difficile accès aux
services bancaires formalisés.
Aujourd'hui, la réalité du système
financier reflète l'existence d'au moins trois secteurs : bancaire,
intermédiaire et autonome (ou informel). Des hypothèses
politiques, axées sur la diminution du rôle de l'État et la
déréglementation présageaient une unification du
marché financier et la suppression du secteur informel à travers
le rôle central du taux d'intérêt comme facteur
d'équilibre entre l'offre et la demande financière. Ces
représentations ne semblent guère se vérifier.
|