COMMUNAUTE FRANÇAISE DE BELGIQUE
Contribution à l'Aménagement du Parc
National de la Bénoué et au Développement Rural des
Zones d'Intérêt Cynégétique à Cogestion
(N° 1 et 4) au Nord-Cameroun
Mémoire présenté par :
Samuel ChristianTSAKEM
Ingénieur des Eaux, Forêts et Chasses
En vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes
Spécialisées en Gestion des Ressources Animales et
Végétales en Milieux Tropicaux
Filière : Gestion de la Faune
Année académique : 2005 - 2006
Promoteur : Pr Roland LIBOIS Co-promoteur : Dr Jean Luc.
HORNICK
Copyright : Toute reproduction du présent document, par
quelque procédé que ce soit, ne peut être
réalisée qu'avec l'autorisation de l'auteur et des
autorités académiques de l'Université de Liège et
de la Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux.
Le présent document n'engage que son auteur.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail a mobilisé beaucoup
d'efforts, c'est pourquoi nous tenons à exprimer notre profonde
gratitude à tous ceux qui de près ou de loin y ont
contribué. Nous pensons particulièrement à :
La CUD (commission universitaire pour le développement)
nous a accordé une bourse pour pouvoir suivre cette formation. Nous
tenons à témoigner auprès de cette commission notre
parfaite reconnaissance.
La collecte des données sur le terrain s'est
déroulée pendant que nous travaillions au WWF- Cameroun, et dans
le programme savane à Garoua comme Biologiste. Nous remercions cette
organisation, ainsi que ses responsables pour leur disponibilité et les
moyens dégagés pour cette mission.
Au Pr Roland LIBOIS de l'Université de Liège,
promoteur de ce travail, pour la confiance qu'il a exprimé à
notre endroit en acceptant de superviser ce travail. Nous voulons par ailleurs
lui exprimer notre reconnaissance et notre profonde gratitude pour ses
pertinentes suggestions et sa contribution remarquable.
Au Dr Jean-Luc Hornick, co-promoteur de ce travail, pour ses
suggestions quant à l'amélioration de la qualité de ce
mémoire et ses différentes interventions pendant notre formation.
Qu'il trouve ici l'expression de notre profonde gratitude.
Au Pr Philippe Lejeune, spécialiste des questions
d'inventaire de la faune à la faculté Universitaire de Gembloux
pour son assistance, pendant les séances de travaux pratiques, à
l'analyse des données par le programme Distance. Nous lui
témoignons ainsi notre reconnaissance.
Que tous les enseignants de ce DES « Gestion des
Ressources animales et Végétales en Milieux tropicaux »
trouve à travers ce mémoire l'expression de notre reconnaissance
pour des moments riches que nous avons partagés ensemble aussi bien dans
les amphithéâtres que sur le terrain.
Nos remerciements vont aussi aux dames AUBREY Maryvonne et CRAHAY
Hélène pour l'accueil qu'elles nous ont réservé
dès notre arrivée, ainsi que notre suivi pendant le
séjour.
Que nos parents et nos proches trouvent ici notre reconnaissance
pour les encouragements et le soutien apportés au cours de notre
formation.
Que mon épouse Célestine, ma fille Ariane
Grâce et mon fils Darren Leroy (qui est né pendant ma formation en
Belgique), trouvent ici l'expression de mon attachement et mes remerciements
pour leur endurance pendant mon absence.
Que ceux qui de près ou de loin nous ont aidé dans
la réalisation de ce travail et qui n'ont pas été
cités trouvent ici l'expression de ma profonde reconnaissance.
Remerciements Sommaire
Liste des figures Liste des tableaux Liste des photos Liste
des abréviations
Liste des annexes Résumé
Abstract
1 INTRODUCTION 10
1.1 Contexte 10
1.2 Problématique 10
1.3 Objectifs 11
1.4 Intérêt de l'étude 12
1.5 Revue bibliographique 15
1.5.1 Stratégie traditionnelle de conservation 15
1.5.2 De la répression à la gestion participative
15
1.5.3 Les initiatives de gestion participative au niveau local
comme moyen de lutte contre la pauvreté 16
1.5.4 L'approche participative : préoccupation des
bailleurs de fonds et alternative à la
dégradation des ressources 17
1.5.5 Approche participative, très souvent calquée
du modèle occidental 17
2 PRESENTATION DU SITE 18
2.1 Localisation 18
2.1.1 Le Parc National de la Bénoué 18
2.1.2 Les ZIC 1 et 4 à Cogestion 18
2.2 Historique et statut juridique 21
2.3 Description du milieu humain 21
2.4 Description du milieu abiotique 22
2.4.1 Climat 22
2.4.2 Hydrographie 22
2.4.3 Relief et topographie 22
2.4.4 Géomorphologie et sols 22
2.5 Description du milieu biotique 23
2.5.1 Végétation 23
2.5.2 Faune 23
3 APPROCHE METHODOLOGIQUE 25
3.1 Méthodes de dénombrement 25
3.1.1 Principes et méthode des transects linéaires
25
3.1.2 Etablissement et matérialisation des transects 26
3.1.3 Collecte des données 26
3.2 Exploitation des plans de tir et analyse du document plan et
de sa mise en oeuvre 28
3.3 Analyse des données 28
3.3.1 Estimation des densités 28
3.3.2 Calcul des indices kilométriques d'abondance (IKA)
29
3.3.3 Détermination de la distribution des animaux et des
activités humaines 29
3.3.4 Détermination de la structure d'âge et de sexe
des troupeaux 29
4 RESULTATS ET DISCUSSION 31
4.1 Diversité spécifique 31
4.2 Abondance des grands mammifères 32
4.2.1 Distribution spatiale des animaux 32
4.2.2 Densités et effectifs des populations animales 35
4.2.3 Indice kilométrique d'abondance des espèces
observées 35
4.2.4 Evolution des densités, des effectifs et de
l'abondance relative des principales espèces
.36
4.3 Sex- ratio, structure de groupe et d'âge des animaux
observés 38
4.4 Activités humaines, localisation et impact sur la
faune 39
4.4.1 Description 39
4.4.2 Localisation 40
4.4.3 Impact sur la faune 41
4.5 Gestion des effectifs fauniques 42
4.5.1 Analyse des plans de tir des 8 dernières
années 42
4.5.2 Comparaison des propositions aux
prélèvements 44
4.5.3 Situation des principales espèces 44
4.6 Contribution de la faune à l'amélioration du
niveau de vie des populations riveraines 47
4.6.1 Besoins des riverains en protéines animales 47
4.6.2 Retombées de la conservation
rétrocédées aux riverains 48
4.6.3 Situation économique de la chasse sportive 48
5 PERSPECTIVES POUR UNE GESTION DURABLE DE LA ZONE 49
5.1 A court terme 49
5.1.1 Réviser les quotas d'abattage 49
5.1.2 Renforcer la lutte contre le braconnage pour limiter les
pressions 49
5.1.3 Interdire la pollution des eaux par les pesticides 51
5.2 A moyen terme 51
5.2.1 Améliorer le niveau de vie des populations
riveraines 51
5.2.2 Envisager les études spécifiques sur
certaines espèces animales 52
5.2.3 Développer une base de données GIS sur la
zone pour un suivi régulier de la biodiversité 52
5.2.4 Limiter la destruction de l'habitat par un micro zonage
52
5.3 A long terme 53
5.3.1 Elaborer un programme de sensibilisation pour une bonne
protection des ressources 53
5.3.2 Favoriser le développement de la faune par un plan
de gestion des feux de brousse
53
6 CONCLUSION 55
7 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 57
8. ANNEXE 61
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Réseau d'Aires protégées de la
Province du Nord Cameroun
Figure 2 : Parc National de la Bénoué et ZIC 1 et
4
Figure 3 : Principe du transect linéaire
Figure 4 : Disposition des transects sur la carte de la zone
étudiée
Figure 5 : Répartition globale de la faune dans la zone
Figure 6 : Répartition du Cobe de Buffon
Figure 7 : Répartition de l'Ourébi
Figure 8 : Répartition des activités humaines dans
la zone
Figure 9 : Influence des activités humaines sur la
diversité faunistique de la zone
Figure 10 : Proposition d'abattage et réalisation des
plans de tir dans les ZIC 1 et 4
Figure 11 : Circuit de consommation et commercialisation du
gibier dans la périphérie de la Bénoué Figure 12 :
Répartition des recettes dans les aires protégées du Nord
Cameroun
Figure 13 : Micro zonage dans les ZIC à cogestion
Figure 14 : Représentation des infrastructures dans la
zone
Figure 15 : Plan de gestion des feux de brousse dans la zone
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Diversité des espèces animales
observées dans la zone
Tableau II : Densités (D), Populations estimées
(PE) et Intervalles de confiance à 95 % du Cobe de Buffon et de
l'Ourébi
Tableau III : Indices kilométriques d'Abondance des
espèces insuffisamment observées dans la zone Tableau IV :
Comparaison des densités animales et des effectifs de quelques grands
mammifères dans la zone
Tableau V : Structures des groupes, rapport jeune / adulte et
rapports de sexe de quelques mammifères Tableau VI : Taux de rencontre
des différentes activités humaines dans la zone
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Fumage de poissons prélevés par l'usage de
produits toxiques
Photo 2 : Illustration du braconnage, Cobe défassa
abattu
Photo 3 : Panthère abattue par les braconniers
Photo 4a : Bois de chauffage
Photo 4b : Feux tardifs dans la zone
Photo 5a : Armes locales
Photo 5b : Pièges traditionnels
Photo 6a: Déforestation
Photo 6b : Pastoralisme dans les aires protégées
Photo 7a : Autorités et populations locales ensemble pour
la gestion des aires protégées Photo 7b : Village type de la zone
d'étude
Photo 8a : Fleuve Bénoué
Photo 8b : Savane arboré
Photo 9 : Troupeau d'Elands de Derby
Photo 10 : Cobe de Buffon
Photo 11 : Girafe observée dans la zone d'étude
Photo 12 : Poissons capturés à l'aide de pesticides51
LISTE DES ABREVIATIONS
COZIC : Comité de Gestion des ZIC
CUD : Commission Universitaire pour le
Développement CVF : Comité villageois de la
faune
ENGREF : École Nationale du Génie
Rural, des Eaux et Forêts
FAC : Fonds d'Aide à la
Coopération
FCFA : Franc de la Communauté Francophone
d'Afrique (1 euro = 655,.957 FCFA) GPS : Global positioning
System
IKA : Indice Kilométrique d'Abondance
MINEF : Ministère de l'Environnement et
des Forêts (scindé en 2005 en MINFOF et MINEP)
MINEP : Ministère de l'Environnement et
de Protection de la Nature
MINFOF : Ministère des forêts et de
la Faune
PNB : Parc National de la
Bénoué
UCVF : Union des Comités Villageois de la
Faune
IUCN : Union Mondiale pour la Nature
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour la
Science, la communication et la Culture WWF : World Wild Fund
for nature (Fonds Mondial pour la Nature)
ZIC : Zone d'Intérêts
Cynégétiques
ZICGC : Zone d'Intérêts
Cynégétiques à Gestion Communautaire ZUM
: Zone à Usages Multiples
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Fiche de collecte de données d'inventaire de la
faune
Annexe 2 : Comparaison des IKA de quelques mammifères du
parc national de la Bénoué et des ZIC 1&4 Annexe 3 :
Différents paramètres obtenus par Distance pour l'Ourébi
et le Cobe de Buffon
RESUME
Ce mémoire présente les résultats d'un
travail sur la gestion des populations animales et le processus de cogestion
des ZIC 1 et 4 autour du parc national de la Bénoué. L'objectif
est de fournir des informations nécessaires à
l'aménagement de la zone et d'envisager les perspectives pour
l'amélioration du niveau de vie des riverains. La démarche
méthodologique a été basée sur les inventaires de
la faune et d'une exploitation documentaire.
Les résultats d'inventaire ont une limite liée
au faible taux d'échantillonnage, mais ont néanmoins permis de
recenser 24 espèces animales. Les effectifs du Cobe de Buffon (N= 4616)
et de l'Ourébi (N= 3922) connaissent comme la plupart des espèces
une décroissance. La répartition spatiale des espèces est
influencée par les facteurs hydriques et anthropiques, les zones
à forte concentration de la faune sont localisées au centre
tandis que celles à faible concentration sont proches des villages. La
baisse des effectifs se justifie aussi par des pressions anthropiques. Une
corrélation significative (R = - 0,89 à 0,05%) existe entre les
actions humaines et la distribution de la faune. Les espèces animales
ont été regroupées en fonction des pressions de chasse
(forte, moyenne et faible) et des suggestions ont été faites pour
la révision des quotas d'abattage. Il est proposé
d'améliorer les revenus des populations pour pouvoir conserver davantage
les ressources. La lutte contre le braconnage doit être
améliorée pour éviter les menaces sur les espèces.
Il est proposé de mener les études sur les espèces
animales phares ou menacées en relation avec leur habitat, sur la
maîtrise de la pollution de l'eau par les pesticides et leur impact sur
les animaux sauvages et des populations locales.
Mots Clés : Nord Cameroun, Parc
National de la Bénoué, Zones d'intérêt
cynégétique, cogestion, espèces menacées.
.
ABSTRACT
This study presents the results of the management of the
animal populations and the co-management of the ZIC 1 and 4 around the
Bénoué national park. The objective is to provide reliable
information to implement the sustainable management of this area and to make
suggestions to improve the income of the local populations. The methodological
step was based on the inventories of wildlife and a documentary
exploitation.
The inventory's results have a shortcoming due to the low
sampling rate. Nevertheless, they allow us to count 24 different animal
species. The number of Kobs (N = 4616) and of Oribis (N = 3922) has decrease as
it is the case for many species. The spatial distribution of the species is
influenced by water availability and human factors. The zones with high
concentration of fauna are localised in the centre while those with low
concentration are close to the villages. The decrease in the number is also
justified by human pressure. A significant correlation (R = - 0,89 à
0,05%) exists between human actions and wildlife distribution. The animal
species were grouped according to the hunting pressure (high, average and low)
and suggestions were made for the revision of slaughtering quotas. It is
proposed that populations' incomes should be improved in order to enhance the
resources preservation. The anti-poaching monitoring must be improved to make
the future of many local species more safe. It is also proposed that studies
should be undertaken on the threatened animal species in relation to their
habitat, on the control of water pollution by pesticides and their impact on
wildlife and local populations.
Keys works : North Cameroon,
Bénoué National park, Hunting area, co-management, endangered
species.
1 INTRODUCTION
1.1 Contexte
Le Cameroun fait partie des pays qui ont
réalisé, après le sommet de la terre sur la conservation
de la biodiversité que des mesures doivent être prises pour la
protection de ses ressources naturelles. Cette vision s'est
concrétisée par la création, en 1992, d'un
Ministère en charge des problèmes de la nature. Conscient du fait
que la gestion durable des aires protégées ne peut être
assurée que si les populations riveraines y sont réellement
impliquées, une révision du cadre réglementaire a eu lieu
en 1994 afin d'y introduire la notion de «gestion participative », de
«cogestion» ou encore de «conservation de la
biodiversité». Les efforts ont été consentis pour
classer des aires de conservation à concurrence d'une superficie totale
de 6 127 566 ha, soit de 12,5% du territoire, l'objectif étant d'arriver
à 30% (RIDAC, 2002). Pour que ces aires protégées soient
mieux gérées, il est indispensable de connaître non
seulement leur potentiel faunistique, mais aussi d'autres facteurs
écologiques ou sociaux pouvant influencer leur gestion. En effet, les
données sur les effectifs et la structure des populations animales d'une
aire de conservation constituent des éléments importants pour sa
gestion. Cette initiative de cogestion est une tentative intéressante
pour impliquer les populations riveraines dans la gestion des ressources
naturelles (selon la loi N° 94-0 1 du 20 janvier 1994 portant
régime des forêts, de la faune et de la pêche) de
manière à ce qu'elles contribuent efficacement à leur
conservation. Dans les Zones d'Intérêt Cynégétique
(ZIC) 1 et 4, riveraines du Parc National de la Bénoué (PNB),
s'expérimente la cogestion entre l'administration
représentée sur le terrain par le conservateur du parc et les
populations représentées par l'Union des comités
villageois de la faune (UCVF). Il est question d'analyser au niveau
écologique la gestion des effectifs animaux et au niveau
socio-économique le degré d'implication des populations à
cette cogestion. C'est dans ce cadre que s'inscrit ce travail. Le choix des ZIC
1 et 4 se justifie par le mode de gestion (cogestion) qui est y
opéré.
Le présent mémoire s'articule sur 4 points qui
sont la description du site de l'étude, la démarche
méthodologique, la présentation des résultats suivie d'une
discussion et enfin les perspectives et la conclusion. Les photos
présentées dans ce mémoire et qui n'ont pas de source sont
celles réalisées dans le cadre des activités du WWF
à Garoua.
1.2 Problématique
Malgré les efforts de protection consentis par les
pouvoirs publics à travers les Ministères des Forêts et de
la faune (MINFOF) et de l'Environnement et de la protection de la nature
(MINEP), la gestion des ressources naturelles dans et autour du PNB ne se fait
pas toujours de manière à garantir une pérennisation de
ces ressources. En d'autres termes, la gestion des ZIC 1 et 4 ne se fait pas de
façon durable, suite à une méconnaissance ou une
insuffisance des données sur ce site. Plusieurs travaux de recherche y
ont été menés dans divers domaines, mais pour la plupart,
n'ont pas suffisamment suggéré des propositions pour
l'aménagement du parc et l'établissement de
prélèvements soutenables des espèces. Dans les ZIC 1 et 4,
les quotas d'abattage de la chasse sportive sont actuellement reconduits
d'année en année et tiennent peu compte des effectifs
réels des populations animales. La pression effective de chasse
est assez élevée, soit près de 0,3 animal
au km2 (Kirda, 2000 ; Roulet, 2004). Cette pratique a
contribué à la diminution considérable des effectifs de
populations de grands mammifères dans la zone. Il faut signaler aussi le
braconnage commercial dont le circuit d'écoulement du produit est
dominé par les revendeurs (Roulet, 2004) qui ravitaillent les
braconniers en munitions (Hassan, 1998).
Les populations riveraines sont assez pauvres et tirent
l'essentiel de la satisfaction de leurs besoins des zones
protégées, mais l'exploitation de ces ressources naturelles n'est
pas contrôlée (Djankuoa, 2001). La pêche par exemple se fait
le long des cours d'eau (qui se présentent sous forme de mares en saison
sèche) à l'aide de produits toxiques. Ces pratiques entrainent
l'extermination du potentiel ichthyologique en un passage, car les produits
toxiques utilisés (produits phytosanitaires pour la plupart,
initialement destinés à traiter les cultures) tuent les poissons
sans distinction d'âge et d'espèce. Dans le même ordre
d'idées, les feuilles de certaines espèces
végétales comme Tephrosia vogelii sont utilisées
pour étouffer le poisson. Cette pollution aurait aussi des
répercutions sur la faune sauvage et les êtres humains qui
utilisent ces mêmes eaux. Il faut ajouter à ce mode de pêche
l'utilisation d'engins non réglementaires (filets à petites
mailles par exemple) dans les grands cours d'eau pour prélever
même les plus petits poissons. La fragmentation de l'habitat de la faune
due à l'installation anarchique des populations (habitations, champs,
activités pastorales, coupes de bois ...) prend des proportions de plus
en plus inquiétantes. Les risques de transmission de maladies de la
faune sauvage aux animaux domestiques (et vice versa) sont élevés
et il s'avère en outre que les éleveurs sont les plus grands
persécuteurs de la faune carnivore (Tsakem et al. 2000). La
fragmentation de l'habitat peut entrainer le confinement des animaux dans les
zones aux conditions écologiques parfois peu confortables, mais aussi
leur isolement en petits groupes, avec les risques de consanguinité.
La mise en oeuvre du plan d'aménagement du PNB et de sa
périphérie n'est pas effective, les différents programmes
d'aménagement prévus ne sont pas entièrement
exécutés à cause du manque de financement. Ce qui fait que
l'implication réelle des populations dans la gestion des ressources
naturelles n'a pas connu le succès escompté. Le faible
pourcentage (15% seulement) des retombées effectives
rétrocédées aux riverains et le manque de sensibilisation
ont été certainement à l'origine de la recrudescence des
actes de braconnage perpétrés sur les populations animales. Ceci
ne facilite pas l'amélioration du niveau de vie des riverains des aires
protégées. Au vu de ces problèmes, on est amené
à se poser un certain nombre de questions : quels sont la densité
et les effectifs actuels des populations animales dans la zone ?, quelle est
leur structure démographique ?, quelles sont les différentes
pressions humaines et leur impact sur les ressources ? Quels revenus
perçoivent les populations dans les activités de conservation ?
Nous tenterons de répondre à ces questions dans les parties qui
suivent.
1.3 Objectifs
L'objectif principal de ce travail est de fournir des
informations nécessaires à la gestion durable du potentiel
faunique et d'envisager les perspectives pour l'aménagement de la zone
et l'amélioration du niveau de vie des populations riveraines. Plus
spécifiquement, l'étude se propose de :
· Recenser la diversité de la zone en grands
mammifères, estimer les densités et les effectifs des
populations, la structure ainsi que la distribution spatiale des principales
espèces ;
· Identifier et localiser les pressions humaines
rencontrées ainsi que leur impact sur les ressources ;
· Analyser la situation actuelle sur la gestion des
effectifs et la répartition des revenus de la
conservation rétrocédés aux populations
riveraines ;
· Formuler des suggestions afin d'orienter la gestion
durable des ressources naturelles.
1.4 Intérêt de l'étude
Cette étude va contribuer à mieux connaître
les contours de la gestion des ressources naturelles et le principe de
cogestion dans la zone. D'où l'intérêt que ce travail
présente sur plusieurs plans :
Sur le plan théorique, ce travail qui paraît
être l'un des rares en son genre dans les savanes d'Afrique centrale en
général et du nord Cameroun en particulier viendra enrichir la
documentation sur la zone. Les résultats obtenus constitueront une
importante base de données pour initier d'autres travaux de recherche
par les scientifiques (universités, Instituts de recherche etc.) et
certains organismes de conservation comme le WWF, l'IUCN ou le WCS.
Sur le plan pratique, la connaissance des effectifs, de la
distribution et de la structure populationnelle des grands animaux est un
élément pertinent de gestion. Il en est de même sur la
maîtrise des paramètres écologiques et
socioéconomiques. Les résultats de ces travaux vont efficacement
contribuer à l'élaboration du plan d'aménagement dont la
révision est prévue en 2007, mais pourront aussi contribuer
à l'élaboration de plans de gestion spécifiques. Les
services de conservation pourront se servir de nos résultats et les
guides de chasse pourront profiter de ces informations qui peuvent facilement
être extrapolables dans leur ZIC. Les riverains des ZIC 1 et 4 seront
aussi les principaux bénéficiaires, car ils cogèrent avec
l'administration le partage des retombées de la chasse sportive.
PLANCHE 1 : ILLUSTRATION DE LA PROBLEMATIQUE
Photo 1 : Les pêcheurs s'installent le
long des cours d'eau et utilisent les produits toxiques, ce qui constitue une
menace pour la biodiversité et un danger pour la santé des
populations humaines
Photo 2 : Un Hippotrague abattu par les
braconniers surpris par les gardes chasse lors d'une patrouille
Photo 4a : Bois de chauffage
prélevé dans la zone (photo Tsague, 2004)
Photo 3 : Le braconnage d'une panthère
constitue une perte de plusieurs millions de CFA
Photo 4b : Les feux tardifs causent des
dégâts importants au couvert végétal de la zone
Photo 5a et 5b : Armes locales et piège
traditionnel utilisés par les braconniers
Photo 6a et 6b : L'abattage des arbres pour
la création des nouveaux champs et le pacage du bétail accentuent
les conflits et le braconnage avec les risques de transmission des
maladies
1.5 Revue bibliographique
1.5.1 Stratégie traditionnelle de
conservation
Dans de nombreuses régions d'Afrique, la
biodiversité est traditionnellement protégée par le biais
des règles culturelles et religieuses (IUCN et WWF,
2000). La plupart des aires protégées ont
été mises en place, en ce qui concerne le nord Cameroun par
l'inspecteur colonial Pierre Flizot dans les années 1930. Mais bien
avant cette mise en place, les populations locales avaient des
stratégies locales de conservation des ressources :
· La plupart de ces zones de chasse étaient
à l'époque précoloniale considérées comme
domaine privé de chasse du Lamido (autorité traditionnelle
très influente). Nul n'avait le droit de chasser sans son accord. Les
produits de la chasse ou tout autre prélèvement lui revenait de
plein droit et il décidait du mode de gestion de ces produits. A cette
époque, chaque village avait son quota de prélèvement
(établi en fonction de la taille de la population) à respecter
chaque année et le gibier était abattu par des chasseurs
recommandés par ces villages et distribué à toute la
population.
· Actuellement il existe au niveau des chefferies, des
responsables des forêts, des eaux, de la pêche (Magadi), de
l'agriculture (Galdima), de l'élevage (Sarki sanu), de la justice
(Alkali) à qui on doit s'adresser pour les questions relatives aux
domaines concernés. Ils rendent compte directement au chef du village.
Ils sont chargés du contrôle des prélèvements, de
sanctionner ceux des villageois qui prélèvent sans accord et de
veiller à ce que le potentiel biologique soit maintenu ou
prélevé de façon durable. Au niveau des villages, le
pouvoir du Lamido est relayé par les Djaoro (Mayaka, 2002).
· Il existe dans la plupart des villages des
forêts et lieux sacrés réservés à la pratique
des rites traditionnels dans lesquels seuls les initiés peuvent
pénétrer. Certaines espèces animales comme le
Céphalophe de Grimm (Sylvicapra grimmia) et l'Eland de Derby
(Taurotragus derbianus) ont le statut d'espèces sacrées
au Nord Cameroun. Leur rencontre indique la malchance, le braconnier qui les
croise sur son passage est obligé de rebrousser chemin, car la partie ne
lui portera pas succès. Ceci a contribué à conserver de
façon substantielle certaines espèces tant animales que
végétales.
1.5.2 De la répression à la gestion
participative
La plupart des Etats africains ont mis en place un
système de conservation in-situ basé sur la
création d'aires protégées en vue de limiter la perte des
ressources biologiques (Levêque, 1997). Il s'agit des parcs nationaux,
réserves de faune, sanctuaires, ZIC, réserves écologiques
intégrales etc (IUCN, 1997). Depuis leur création, ces aires
protégées ont été gérées par les
administrations de manière exclusive (Nguinguiri, 1999). Le processus de
leur classement a très souvent conduit à l'expropriation des
populations vivant sur ces territoires et la confiscation de sa gestion
(Mengue-Medou, 2002 ; Ferraro, 2002 ; Gami, 2003), alors qu'elles en tiraient
la plupart des ressources pour leur alimentation. En plus de leur non
implication dans la gestion ces zones, des mesures répressives ont
été prises à l'encontre des riverains par les
gestionnaires
d'aires protégées (Allard et al.,
2004). Les agrandissements de ces espaces et leur classement continuent sans
tenir compte très souvent de la croissance démographique (Barrow,
1996 ; Moore et al., 2004), l'Etat camerounais par exemple a
l'objectif de classer 30 % du territoire national (Ridac, 2002). Malgré
ces mesures strictes de conservation, les pressions sur les ressources
naturelles ont évolué de façon croissante (Ferraro, 2002).
Ces riverains reconnaissent bien qu'ils sont nés dans la viande de
gibier (Joiris, 1997) et devraient par conséquent continuer à la
consommer.
Cette approche consistant à exclure les populations
locales n'a pas toujours été efficace au plan de la conservation
(Songorwa, 1999). On a assisté depuis les années 1990 à un
revirement de la part des Etats qui, désormais orientent leurs efforts
vers une approche plus conservatoire en impliquant les populations locales. Le
Cameroun a révisé à cet effet en 1994 le cadre
réglementaire en matière de gestion des forêts, de la faune
et de la pêche par la loi du 20 janvier1. Ainsi ont apparu
dans les nouveaux textes les notions telles que « biodiversité
» et « gestion participative ».
1.5.3 Les initiatives de gestion participative au niveau
local comme moyen de lutte contre la
pauvreté
Cette approche de gestion participative est mise en place en
vue de faire participer les riverains à la prise des décisions.
Il s'agit de faire bénéficier ces populations riveraines des
retombées issues des aires protégées afin de les amener
à contribuer à leur conservation (Nguinguiri, 1999 ; Gami, 2003).
Il s'agit en plus de préserver la diversité biologique dans son
état naturel, tout en valorisant ces ressources de manière
à assurer le développement socio économique des
populations (FAO, sans date). Au Cameroun par exemple, il existe plusieurs
approches de participation des riverains à la gestion des ressources
naturelles, (Joiris, 2000) :
· Les forêts communautaires sont
créées à l'intention des populations (portion de
forêt allouée aux populations qui gèrent pour
améliorer leur développement). Il existe aussi des forêts
communales réservées aux communes. Ici, la ressource principale
est le bois et l'Etat joue le rôle de conseiller. Plusieurs forêts
ont été cédées aux communautés et communes
par l'Etat.
· La création des zones d'intérêt
cynégétique à gestion communautaire (ZICGC) (portion de
zone de chasse allouée aux populations qui gèrent pour
améliorer leur développement, la ressource principale est le
gibier). A la demande des populations, deux ZICGC ont été
attribuées par l'administration. Une convention de cogestion a
été signée entre l'administration et les populations pour
cogérer deux zones. Ce découpage de l'espace a entrainé
une nouvelle configuration des terroirs villageois comme au Sud-Cameroun
(Grenand et Joiris, 2000)
· Les dispositions fiscales pour une meilleure
répartition des revenus tirés de l'exploitation des ressources
naturelles. Les riverains des aires protégées perçoivent
50 % des taxes d'affermage, très souvent de la viande «
légale » (celle issue de la chasse sportive) et
bénéficie de quelques réalisations à
caractère social de la part de certains guides de chasse
professionnels.
Ces dispositions génèrent d'importants revenus
aux riverains pour la réalisation des oeuvres sociales, ce
qui contribue sérieusement à améliorer leur
niveau de vie et à lutter efficacement contre la pauvreté.
1 La loi N° 94-01 du 20 janvier 1994 portant
régime des forêts, de la faune et de la pêche
1.5.4 L'approche participative : préoccupation des
bailleurs de fonds et alternative à la
dégradation des ressources
La Conférence des Nations Unies pour l'environnement
et le développement (CNUED) a introduit l'aspect social dans la notion
de développement durable. Les grandes agences de conservation ont
progressivement abandonné l'idée selon laquelle la nature doit
être protégée pour sa valeur intrinsèque.
Elles ont adopté la position selon laquelle la conservation doit
tendre vers la satisfaction des besoins humains par le biais d'un
développement durable au niveau local (Joiris, 2000). Les bailleurs de
fonds et organisations internationales de conservation ont
réalisé que la gestion durable des aires protégées
des pays en développement ne peut être assurée que si les
populations riveraines y sont impliquées (Ferraro, 2002). Il faut
signaler qu'ils ont été les premiers à faire pression pour
l'implication des populations. L'Afrique centrale est dotée d'un
important réseau d'Organisations Non Gouvernementales impliquées
dans le domaine de la conservation de la nature au niveau local ou national.
Ils dénoncent les actes illégaux commis à l'encontre des
dispositions en matière de la conservation de la faune et de la flore et
incitent les gouvernements à adapter et appliquer de manière
effective leurs législations en matière de conservation de la
biodiversité (Hakizumwami et Luhunu, 2005).
1.5.5 Approche participative, très souvent
calquée du modèle occidental
Avec la venue de l'approche participative, plusieurs projets
de développement ont vu le jour avec pour objectif de détourner
les populations riveraines de l'utilisation non soutenable des ressources
naturelles des zones classées afin de concilier les objectifs de
conservation à ceux du développement (Barrow, 1996 ; Moore et
al., 2004). Ces programmes, pour la plupart, sont calqués sur
le modèle importé et n'ont pas suffisamment pris en compte les
aspects socioculturels des populations humaines des zones concernées
(Joiris, 2000), alors qu'ils demandent la participation de ces
dernières. C'est pour cela qu'il est important de retenir cette citation
de Lavigne-Delville (1997) : «une solution technique ne sera
pertinente que si elle est économiquement performante et si elle
s'inscrit dans les logiques sociales locales ». Par contre certains
programmes pionniers, à l'instar du ranch de gibier de Nazinga, des
programmes ADMADE et CAMPFIRE, sont des références de gestion
participative réussie en Afrique parce qu'ils ont bien
intégré les préoccupations des populations.
2 PRESENTATION DU SITE
2.1 Localisation
La zone concernée par la présente étude est
constituée du parc national de la Bénoué et des ZIC
1 et 4.
2.1.1 Le Parc National de la Bénoué
Le Parc National de la Bénoué est situé
entre 7°55 et 8°40 de latitude Nord et entre 13°33 et 14°02
de longitude Est. Il fait partie du réseau d'aires
protégées de la province du Nord Cameroun qui compte 3 parcs
nationaux, 28 zones d'intérêt cynégétique, 2 zones
d'intérêt cynégétique à cogestion et 2 zones
d'intérêt cynégétique à gestion communautaire
(figure 1). Ce parc couvre une superficie de 180 000 ha et est limité
:
· Au Nord par les cours des Mayo Ladé et Laindelaol
;
· Au Sud par le cours du Mayo Dzoro ;
· A l'Est par le cours du fleuve Bénoué ;
· Et à l'Ouest par la route nationale N° 1
Ngaoundéré - Garoua, du pont sur le Mayo Dzoro jusqu'au village
Banda ; l'ancienne route Ngaoundéré - Garoua, de Banda à
ex-Djaba ; par la nationale N° 1, de ex-Djaba au pont sur le Mayo Salah ;
par le cours du Mayo Salah Jusqu'au point de confluence avec le Mayo
Ladé.
La périphérie du PNB englobe les 8 zones
d'intérêt cynégétique (ZIC 1, 2, 3, 4, 5, 7, 9 et
15), parmi lesquelles les ZIC 1 et 4 sont destinées à la
cogestion.
2.1.2 Les ZIC 1 et 4 à Cogestion
Les ZIC N° 1 (dite Sakdjé) et ZIC N° 4 (dite
Bel Eland) ont des superficies respectives de 39.552 ha et 40.640 ha. Ces deux
zones et le parc constituent le site de la présente étude (figure
2). La convention signée entre les populations riveraines et le
Ministère en charge de la faune stipule que la gestion de ces zones doit
se faire conjointement par les deux parties. Les limites réelles de ces
ZIC sont définies par l'arrêté N°
0580/A/MINEF/DFAP/SDF/SRC du 27 août 1998.
Pour la ZIC N° 1, ces limites sont définies comme
suit :
· Au Nord : le Mayo Wani, depuis sa rencontre avec la
route Nigba-Gouna jusqu'à sa rencontre avec la route Guidjiba-Banda au
village Dogba ; puis descendre cette nouvelle route jusqu'au village Bouk
à la rencontre avec cette autre route. Suivre cette piste jusqu'à
sa rencontre avec la route nationale N° 1
(Ngaoundéré-Garoua), à la limite du parc national de la
Bénoué.
· A l'Est : suivre la limite du parc national de la
Bénoué jusqu'au village Banda (vers le sud).
· Au sud : la limite du parc national de la
Bénoué du village Banda au village Nigba.
· A l'Ouest : remonter la route du village Nigba
jusqu'à sa rencontre avec le Mayo Wani. Pour la ZIC N° 4, les
limites sont les suivantes :
· Au nord : du village Gouna, suivre la route
Garoua-Ngaoundéré jusqu'à sa rencontre avec le parc
national de la Bénoué.
Figure 1 : Réseau d'Aires
protégées de la Province du Nord Cameroun
Figure 2 : Parc National de la
Bénoué et les ZIC 1 et 4
· A l'est : de ce point de rencontre, descendre la
limite du parc national de la Bénoué jusqu'à l'ancienne
piste allemande.
· Au sud : suivre cette ancienne piste allemande
jusqu'à sa rencontre avec la piste allant du village Banda au village
Guidjiba ; remonter cette autre piste jusqu'au village Dogba (où elle se
rencontre avec la route reliant les villages Gouna et Nigba.
· A l'ouest : remonter cette route jusqu'au village
Gouna.
2.2 Historique et statut juridique
A l'époque précoloniale, la zone actuellement
occupée par le PNB et sa périphérie était
utilisée par le Lamido de Rey-Bouba comme son domaine privé de
chasse. Sous l'impulsion de l'administrateur colonial Pierre Flizot, une partie
de ce domaine a été classée "réserve de la faune de
la Bénoué" suivant l'arrêté N° 341/32 du 11
novembre 1932 du haut commissaire de la république française au
Cameroun. Afin de limiter la pression sur les ressources naturelles,
l'arrêté N° 120/SEDR du 5 décembre 1968 a
érigé ce domaine en "Parc National de la Bénoué".
Depuis 1982, le PNB est inscrit par l'UNESCO dans la liste des réserves
de la Biosphère en raison de la présence humaine autour du parc.
Son premier plan d'aménagement fut élaboré en 2002. Les
zones d'intérêt cynégétique 1 et 4 comme toutes les
autres ZIC de la province ont été créées autour du
parc par l'arrêté N° 86/SEDR/DEFC du 21 octobre 1969. Ce sont
les zones vouées à la protection et à l'exploitation de la
faune par la chasse moyennant paiement de droits.
2.3 Description du milieu humain
La Province du Nord est la région du Cameroun
où le taux de croissance est le plus élevé.
Supérieur à 4%, il s'explique par la forte migration à
partir de l'Extrême-Nord dont les populations recherchent de nouvelles
terres d'accueil (Djankoua, 2001). On recense environ 50 villages autour du
parc dont 12 dans les ZIC 1 et 4, ceci explique diverses sollicitations des
ressources des aires protégées. Le peuplement rural est
constitué de plusieurs ethnies inégalement réparties :
· les Haoussas essentiellement commerçants ;
· les Foulbés particulièrement
éleveurs ;
· les Fali, Kangou, Mboum, Laka, Dourou, Veré,
Tchamba, Bata: agriculteurs ;
· les Immigrants venus de l'Extrême-Nord
essentiellement agriculteurs. Ce sont les Toupouris, Massa, Matakam, Moundang,
Guiziga (WWF, 2002).
Les migrations sont intimement liées à la
culture du coton et sont à l'origine de défrichements
anarchiques. L'exploitation et la vente de bois de chauffage, qui participent
à la destruction de l'habitat, sont des activités importantes
pour les immigrants. En dépit des conditions climatiques peu favorables
à l'homme et à ses activités, l'agriculture est à
la base de l'économie de la Province et occupe plus de 60% de la
population. Les principales spéculations rencontrées sont le mil,
le coton, le maïs, l'arachide, le manioc et la patate.
Par ailleurs, l'élevage est aussi une activité
importante de la Province et constitue une source de revenus pour près
de 30 % de la population. Avec la construction du barrage
hydroélectrique de Lagdo, la pêche a connu un essor
considérable dans la zone, elle se pratique essentiellement dans les
fleuves
Bénoué et le lac artificiel du barrage de
Lagdo. La densité d'occupation autour du PNB est faible et la population
humaine est concentrée en bordure du parc dans les principaux villages
que sont Gamba, Sakdjé, Banda, Doudja, Mbaou, Na'ari. L'activité
humaine se manifeste par les défrichements culturaux, les
prélèvements de bois et d'autres ressources
végétales, les feux de brousse et les activités de
chasse.
2.4 Description du milieu abiotique
2.4.1 Climat
Le climat est de type soudanien de nuance humide ou
soudano-guinéen caractérisé par deux saisons bien
contrastées et d'inégale importance. Une saison pluvieuse de six
à sept mois allant de mai à octobre et une saison sèche de
cinq à six mois entre Novembre et Mars. Le PNB subit l'influence du
plateau de l'Adamaoua. Les données collectées au poste
pluviométrique du Campement du Buffle Noir entre 1994 et 1998 montrent
une pluviométrie annuelle moyenne de 1426 mm. Les fluctuations inter
annuelles de la hauteur des précipitations sont importantes avec 1208 mm
en 1996 contre 1550 mm en 1997. Inégalement répartie, la
pluviométrie suit un gradient Nord - Sud avec une moyenne annuelle
régionale de 1200 mm ; Juillet et Août sont les mois les plus
pluvieux. La température moyenne annuelle se situe autour de
25°C.
2.4.2 Hydrographie
Le PNB et sa périphérie appartiennent
entièrement au bassin de la Bénoué. Cette rivière
est le seul cours d'eau permanent de la région et ses principaux
affluents (les Mayos Mbam et Na) drainent largement le Parc. Parmi les nombreux
affluents de la rive gauche, on note du Sud au Nord les Mayos : Dzoro, Alim ,
Pem, Mbam, Sona, Biem, Na, Gour, Beleli, Birma, Laindelaol, Lada et Salah. A
côté de ces cours d'eau à débit intermittent, on
rencontre, suivant les saisons, des mares plus ou moins importantes.
2.4.3 Relief et topographie
Le PNB et sa périphérie disposent d'un relief
relativement accidenté comprenant un système de massifs rocheux
appelés « Hossérés » dont l'altitude varie entre
220 et 759 m, séparés par des plaines plus ou moins vastes. Le
Hosséré Mbana culmine à 759 m. La topographie est
formée d'une succession de collines séparés par de petits
vallons à fond évasé, souvent érodés ou
ravinés.
2.4.4 Géomorphologie et sols
Les principales unités de paysage rencontrées
sont : la haute vallée du Mayo Alim, la basse vallée du Mayo
Alim, le bassin du Mayo Kout, les bassins des mayos Na et Bam et le cours
supérieur du Mayo Sala. La haute vallée du Mayo Alim,
située entre 500 et 700 m d'altitude, est constituée de plateaux
cuirassés sur sols ferrugineux. On y observe aussi des sols ferrugineux
tropicaux lessivés à concrétions à horizon C
épais. Ces sols présentent en outre une argilisation plus
poussée (jusqu'à 42%) et une désaturation en cations (35%)
plus intense que les autres sols ferrugineux de la zone de Poli. Dans la basse
vallée du Mayo Alim et le bassin du mayo Kout, le paysage est faiblement
ondulé. Des «termitières champignons» sont très
abondantes dans les bas de pente. Le paysage pédologique est
homogène et comporte des sols ferrugineux plus ou moins
concrétionnés sur les sommets, des sols hydromorphes en bas de
pente et, entre les deux, des sols ferrugineux indurés qui sont
l'unité dominante. Dans les bassins
des mayos Na et Bam et le cours supérieur du Mayo
Sala, le paysage est caractérisé par la présence de buttes
à cuirasse affleurante. On retrouve en majeure partie les roches
cristallines dans la partie Nord- ouest alors que les roches
cristallophylliennes se rencontrent au sud et l'est du parc (ENGREF, 1991).
2.5 Description du milieu biotique
2.5.1 Végétation
La végétation du PNB et de ses environs est de
type soudano-guinéen caractérisée par des savanes
arborées/boisées ou des savanes herbeuses (Letouzey, 1985). Stark
et Witt (1977) y ont défini huit variantes de la
végétation rencontrées à l'intérieur du PNB
tandis que Donfack et al. (1999) y ont décrit 15 formations
végétales.
Les espèces d'arbres et d'arbustes les plus
représentées dans les savanes arborées/boisées et
les savanes herbeuses sont : Burkea africana, Anogeissus leiocarpus,
Terminalia laxiflora, Terminalia macroptera, Isoberlinia doka, Afzelia
africana, Lophira lanceolata, Mimosa pigras, Diospyros mespiliformis, Acacia
pilyacantha, Annona senegalensis, etc.
La strate herbeuse est à dominance de Loudetia
spp et de graminées parmi lesquelles Andropogon gayanus, A.
schirensis, A. pseudapricus, Hyparrhenia subplumosa, H. smithiana, H. rufa,
Pennisetum unisetum, Sporobulus pectinellus, Setaria barbata, Vetiveria
nigritana et Chloris robusta.
Les espèces telles que Adansonia digitata
(Baobab), Borassus aethiopium (rônier), Bombax costatum
(Kapokier), Elaeis guineensis (palmier à huile), Tamarindus
indica (Tamarinier) et Ficus spp. (figuiers) signalent la
présence actuelle ou ancienne de l'homme.
2.5.2 Faune
Le PNB et sa zone périphérique constituent une
région représentative de la diversité animale des savanes
d'Afrique Centrale. Il abrite de nombreuses espèces et populations de
mammifères, d'oiseaux et de poissons. Plus de 26 espèces
appartenant à 11 familles ont été recensées dans le
PNB (WWF et FAC, 1998). Les mammifères grands et moyens sont les plus
représentés et comprennent principalement : les bubales
(Alcelaphus buselaphus major), les élands de Derby
(Taurotragus derbianus), les hippotragues (Hippotragus
equinus), les buffles (Syncerus caffer caffer), les reduncas
(Redunca redunca), les cobes Defassa (Kobus defassa), les
cobes de Buffon (Kobus kob kob), les guibs harnachés
(Tragelaphus scriptus), les ourébis (Ourebia ourebi),
les céphalophes à flancs roux (Cephalophus rufilatus),
les phacochères (Phacochoerus africanus), les hippopotames
(Hippopotamus amphibus) , les éléphants (Loxodonta
africana africana), les lions (Panthera leo), les hyènes
tachetées (Crocuta crocuta), les patas (Erythrocebus
patas), les cynocéphales (Papio anubis), les colobes
à manteau blanc (Colobus guereza) et les singes verts
(Cercopithecus aethiops). Certaines espèces de carnivores tels
que les lycaons (Lycaon pictus) et les panthères (Panthera
pardus) sont en voie de raréfaction tandis que le rhinocéros
noir (Diceros bicornis longipes) a été
éliminé du PNB.
L'avifaune comprend plus de 306 espèces
(Dowsett-Lemaire et Dowsett, 1999). Les principales sont : le touraco
(Tauraco leucolophus), l'oie de Gambie (Plectropterus
gambensis), le busard des roseaux (Circus aeruginosus), le
coucal du Sénégal (Centropus senegalensis), le
héron garde-boeufs (Bubulcus ibis), le
héron goliath (Ardea goliath), les
tourterelles (Streptopelia sp.), l'ombrette (Scopus
umbretta), le francolin (Francolinus bicalcaratus) et la pintade
commune (Numida meleagris). Par ailleurs les espèces telles que
la cicogne (Ciconia sp.), le jabiru d'Afrique (Ephippiorhynchus
senegalensis) et l'ibis sacré (Threskiornis aethiopicus)
sont en voie de disparition de la région.
L'important réseau hydrographique axé sur le
fleuve Bénoué comprend une gamme variée d'espèces
halieutiques parmi lesquelles le hareng (Pellonula miri),
l'hétérotis (Heterotis niloticus), les clarias
(Clarias albopunctatus, C. anguillaris, C. gariepinus), des tilapias
(Tilapia rendalli, T. zillii), le tetraodon (Tetraodon
lineatus), des barbeaux (Barbus spp.), des poissons-chats
(Auchenoglanis biscutatus, A. occidentalis), le binga (Hydrocinus
vittatus, H. brevis, H. forskalli) et le capitaine (Lates
niloticus). Malgré la grande diversité des poissons qu'on y
trouve (Vivien, 1991), deux espèces seulement (le binga et le capitaine)
sont très prisées des touristes pour la pêche sportive.
PLANCHE 2 : LE MILIEU DE L'ETUDE
Photo 7a : Autorités et populations
locales Photo 7b : village type de la zone d'étude
ensemble pour la gestion des aires protégées
Photo 8a : Fleuve Bénoué
Photo 8b : savane arborée du PNB 24
3 APPROCHE METHODOLOGIQUE
Pour mener à bien ce travail, plusieurs types de
données ont été utilisés :
· Les données de terrain basées sur un
inventaire de la faune dont les différentes étapes sont
décrites dans les paragraphes suivants ;
· Les données figurant dans différentes
sources documentaires, notamment les plans de tir ou propositions de
prélèvement ainsi que le plan d'aménagement du parc et de
sa périphérie.
3.1 Méthodes de dénombrement
Le dénombrement conduit dans le PNB et les ZIC 1 et 4
a concerné les grands et moyens mammifères. La méthode
utilisée est celle des transects linéaires avec Distance Sampling
déjà testée avec succès dans les
écosystèmes de savanes (Van Lavierien et Bosch, 1977 ; WWF et
FAC, 1998 ; Ringvall et al., 2000 ; Gomsé et Mahop, 2000 et
2002). Il s'agit d'un échantillonnage à pied le long d'un
transect linéaire (Buckland et al., 1993).
3.1.1 Principes et méthode des transects
linéaires
Ce protocole est basé sur le principe des transects
linéaires. En effet, une ligne droite appelée transect est
parcourue par une équipe et les distances perpendiculaires de la ligne
à l'animal détecté sont mesurées, ainsi que la
distance parcourue le long du transect.
En général, plusieurs lignes de longueurs l1,
l2, ..., lk sont parcourues pour une longueur totale L connue. En pratique, il
est plus facile d'estimer la distance de l'observateur à l'objet (ri) et
l'angle de vue (ai), que la distance perpendiculaire (xi) pour chacun des n
objets détectés (figure 3). La distance perpendiculaire Xi est
égale à ri sin(ai).
Figure 3 : Principe du transect linéaire
xi = distance perpendiculaire animal-ligne de transect
ri= distance observateur-animal
ai= angle d'observation de l'animal à partir de la ligne
de marche
li= distance parcourue par l'observateur sur le transect i
Dans son concept théorique, la méthode des
transects linéaires est un modèle probabiliste et son application
exige que les conditions suivantes soient remplies (Gaillard et al.,
1993)
· Tous les animaux situés sur la ligne de marche ou
à côté sont détectés;
· Les animaux sont détectés à leur
position initiale avant toute fuite éventuellement due à une
réaction à la présence de l'observateur ;
· Les distances mesurées sont précises ;
· Les détections sont des évènements
indépendants ;
· Aucun objet n'est compté plus d'une fois sur une
même ligne de marche.
3.1.2 Etablissement et matérialisation des
transects
A partir des feuilles NC-33-II de la carte topographique du
Cameroun au 1/200.000e, la zone a été
systématiquement subdivisée en 35 quadrats géographiques
de 9x9 km chacun. A l'intérieur de chaque quadrat a été
disposé un transect de longueur variant entre 5 et 9 km (en fonction des
conditions de terrain), pour un effort de collecte de données de 239 km
(figure 4). Soit un taux de sondage d'environ 3%, très faible, mais
fonction de moyens très limités. Les points de départ de
chaque transect et leurs coordonnées ont été
déterminées sur la carte de manière aléatoire et
repérés avec précision sur le terrain à l'aide d'un
GPS. L'orientation des transects était perpendiculaire au cours d'eau,
mais de façon à couvrir les différents types d'habitats et
à ce que sa longueur ne sorte pas du quadrat concerné.
3.1.3 Collecte des données
1) Le long des transects linéaires
La collecte des données a été
assurée par quatre équipes composées chacune de 04 membres
dont 1 boussolier-Pisteur, 1 releveur, 1 garde chasse pour la
sécurité et 1 porteur. Sous notre encadrement sur le terrain, une
vingtaine de jeunes (gardes communautaires et guides touristiques pour la
plupart) formés auparavant par le WWF sur les techniques de
dénombrement pédestres des grands et moyens mammifères ont
été recrutés dans les villages riverains et
recyclés sur les mêmes techniques. Les recensements des animaux
proprement dits commençaient entre 6 h30 et 8 h00 et se terminaient au
plus tard à 17 heures, avec une vitesse moyenne de progression de 1,5
km/h. Lorsque le point de départ du transect était
repéré sur le terrain à l'aide d'un GPS, le boussolier
orientait l'équipe dans la bonne direction. Les membres de
l'équipe se déplaçaient dans la direction indiquée
l'un derrière l'autre en perturbant le moins possible l'habitat. Le
boussolier surveillait la constance de l'azimut afin que l'équipe
conserve la direction de marche jusqu'à la fin du transect.
L'équipe parcourait le transect le plus silencieusement possible, en
scrutant de part et d'autre de l'axe de marche pour détecter
d'éventuels animaux. Quand un animal ou un groupe d'animaux était
vu, les informations suivantes étaient notées sur des fiches de
données préétablies (annexe 1) :
Source : données de terrain Réalisation : Tsakem
S.C. Février 2006
Figure 4 : Disposition des transects dans la zone
d'étude
· L'espèce ;
· Le nombre d'individus ;
· La répartition par sexe et par classe d'âge
;
· La distance parcourue ;
· La distance perpendiculaire, elle est mesurée
entre la ligne de marche (transect) et le lieu où l'animal ou le groupe
a été vu avant tout mouvement.
2) Matériels de terrain
Pour collecter les données, plusieurs outils
étaient mis à la disposition des équipes de terrain, il
s'agit de :
· GPS (Global positionning System) de marque Garmin 12 XL
pour la prise des coordonnées géographiques des
différentes observations ;
· Boussole pour s'orienter sur le terrain afin d'aller d'un
point à l'autre ;
· Jumelles pour les observations éloignées
;
· Podomètre pour les mesures de distance parcourue
;
· D'un double décamètre pour les mesures de
distances perpendiculaire ;
· Plusieurs fiches de relevé et de petits
matériels (crayon, planchette, etc.) ;
· Matériels de camping.
3) Activités humaines
Le long des transects étaient collectées aussi
les informations sur les activités humaines pour pouvoir évaluer
leur importance et établir les relations avec la présence ou
l'absence de la faune dans la zone. L'indice de l'activité humaine
était également noté à chaque contact. Les IKA des
ces activités humaines ont été calculés et les
cartes de distribution élaborées.
3.2 Exploitation des plans de tir et analyse du document plan
et de sa mise en oeuvre
Nous avons exploité les propositions de
prélèvement ou plan de tir des 8 dernières années
faites par l'administration chargée de la faune. A cet effet, nous avons
analysé l'évolution annuelle de ces propositions et des
prélèvements et ensuite proposé à partir de ces
informations et des disponibilités réelles du terrain un
réajustement.
Le document du plan d'aménagement du parc et de sa
périphérie a été analysé et une comparaison
des aménagements réalisés aux prévisions a
été faite pour ressortir les contraintes qui ont emmaillé
sa mise en oeuvre.
3.3 Analyse des données
3.3.1 Estimation des densités
Les estimations des densités et des effectifs
d'animaux ont été faites à l'aide du programme Distance
(Laake et al., 1994). Ce programme exige une grande précision
dans les mesures de distance et analyse les données pour les
espèces suffisamment observées (au moins 40 observations). Seuls
l'Ourébi et le Cobe de Buffon ont été
considérées pour l'analyse après un prétraitement
des données dans Excel (tableau croisé dynamique), car le nombre
de contacts était insuffisant pour les autres espèces. La
fonction g(x) permet d'estimer la probabilité de détection (pdf)
f(x) des données de transect. C'est à partir de la pdf
(probability of detection function) que le programme Distance calcule f(0), qui
est une estimation de la fréquence avec laquelle les animaux sont
détectés sur la ligne de transect (Buckland et al.,
1993) ainsi que l'intervalle de confiance à 95 %. La fonction de
détection g(x) n'est pas connue d'avance, elle varie avec les facteurs
tels que l'environnement et l'expérience de l'observateur à
détecter les animaux. Plusieurs modèles de g(x) sont
intégrés dans le programme Distance. Trois tests statistiques
différents existent pour la sélection du meilleur modèle
pour l'analyse spécifique. Ces tests sont :
· Le « likelihood ratio» test ou test de
rapport de vraisemblance qui ne fonctionne que pour les modèles ayant la
même fonction de base ;
· Le «goodness of fit» test qui signale tout
simplement que le modèle choisi n'est pas le meilleur pour les
données ;
· Le « akaike's information Criterion (AIC) test»
ou critère d'information d'Akaike qui permet de tester tous les
modèles intégrés dans le programme Distance au même
moment.
Le « akaike's information Criterion (AIC) test» a
été utilisé et le meilleur modèle est celui qui
possède la plus petite valeur d'AIC. Pour les deux espèces
concernées, le modèle semi-normal ou «half-normal »
ajusté par les simples polynômes a été
utilisé par le programme Distance. Buckland et al.
(1993) conseillent d'ailleurs l'utilisation du test AIC.
3.3.2 Calcul des indices kilométriques d'abondance
(IKA)
Pour les espèces animales dont le nombre
d'observations était insuffisant, nous avons calculé des indices
kilométriques d'abondance (IKA). C'est le rapport du nombre d'individus
observés à la distance parcourue exprimée en
kilomètres. Il se calcule pour une espèce ou pour l'ensemble des
espèces dans une zone. Effectué régulièrement dans
la même zone et dans les mêmes conditions, il est un bon indicateur
de la tendance des populations animales, car il permet de savoir si la
population augmente, diminue ou stagne. Il se calcule par la formule suivante
:
Nombre de contacts avec une espèce i
IKA (espèce i) =
Distance totale parcourue (km)
3.3.3 Détermination de la distribution des animaux
et des activités humaines
Afin de déterminer la distribution spatiale des
animaux, l'ensemble des données collectées sur la faune a
été réorganisé dans chaque quadrat et le taux de
rencontre ou IKA de chaque espèce a été calculé.
Ces observations géo-référencées ont
été générées par le programme Arcview 3.2
pour élaborer les différentes zones de concentration de la faune.
Trois classes ont été considérées à savoir :
faible (IKA<0.2), moyenne (0.2<IKA<0.5) et forte concentration
(IKA>0.5). Cette méthode est un moyen rapide et pratique pour
connaître la distribution spatio-temporelle de la faune quand le nombre
d'observations est faible. Le programme Arcview 3.2 a également permis
la production des cartes de distribution des espèces animales et des
activités humaines.
3.3.4 Détermination de la structure d'âge et
de sexe des troupeaux
La connaissance de la structure d'âge est d'une
importance cruciale pour analyser la dynamique des populations animales. La
détermination des paramètres écologiques sur le terrain
n'est pas toujours facile, cela nécessite une longue expérience.
On procède le plus souvent par un regroupement des individus par grandes
catégories : adulte, sub-adulte et juvénile en se basant sur le
dimorphisme sexuel. Lorsqu'un individu n'a pu être classé dans
l'une des trois catégories, il a été mis
systématiquement dans la classe
"Indéterminé". Le sex-ratio a été
exprimé comme étant le rapport du nombre de mâles à
celui des femelles.
4 RESULTATS ET DISCUSSION
4.1 Diversité spécifique
La zone présente une richesse spécifique
évaluée à vingt quatre espèces de grands
mammifères réparties en six ordres : les primates, les
artiodactyles, les lagomorphes, les proboscidiens, les tubulidentés et
les carnivores. L'ordre des artiodactyles est le mieux représenté
avec trois familles et quatorze espèces, suivi des carnivores avec trois
familles et quatre espèces, des primates avec deux familles et trois
espèces. Les proboscidiens, les lagomorphes et les tubulidentés
sont représentés respectivement par une famille et une
espèce (tableau I). Une analyse des données du suivi
écologique (Donfack et Tsakem, 2004) signale la présence de 39
espèces de mammifères dans la zone, y compris les
mammifères de petite taille comme le rat de Gambie (Cricetomys
gambianus) et le Lièvre d'Afrique (Lepus crawshayi).
De ces espèces, six (Colobe guéréza,
Lion, panthère, oryctérope, Girafe et Eléphant) sont
classées au Cameroun dans la classe A c'est à dire parmi les
espèces rares ou en voie de disparition. Elles bénéficient
par conséquent d'une protection intégrale, tandis que onze autres
sont de la classe « B », soit partiellement protégées
et peuvent par conséquent être chassées. Parmi cette
dernière classe se recrutent l'éland de Derby et le Buffle qui
sont des espèces phares pour la chasse sportive.
La fréquence importante des primates dans la zone
explique les différents conflits entre populations et animaux sauvages
signalés dans les villages. En 2005, les troupeaux
d'éléphants ont fait des incursions dans certains villages,
causant de sérieux dégâts aux cultures. D'autres types de
conflits sont signalés entre éleveurs et faune carnivore, avec
l'utilisation d'appâts empoisonnés par les éleveurs pour
réduire les populations de félins et limiter ainsi les attaques
sur leur cheptel.
Tableau I : Diversité des espèces
animales observées dans la zone.
Ordre
|
Famille
|
Nom Scientifique
|
Nom commun
|
Statut au Cameroun2
|
Primates
|
Cercopithecidae
|
Papio anubis
|
Babouin doguera
|
C
|
|
Singe vert
|
C
|
|
Colobus guereza
|
Colobe guéréza
|
A
|
Artiodactyles
|
Bovidae
|
Alcelaphus buselaphus major
|
Bubale
|
B
|
|
Hippotrague
|
B
|
|
Cobe defassa
|
B
|
|
Cobe de Buffon
|
B
|
|
Ourébi
|
C
|
|
Cephalophe de Grimm
|
C
|
|
Céphalophe à flanc roux
|
C
|
|
Buffle
|
B
|
|
Redunca
|
B
|
|
Hippopotame
|
B
|
|
Guib harnaché
|
B
|
|
Elan de Derby*
|
B
|
|
Giraffa camelopardalis
|
Girafe*
|
B
|
|
Phacochoerus africanus
|
Phacochère
|
B
|
|
Lagomorphes
|
Leporidae
|
Lepus crawshayi
|
Lièvre d'Afrique
|
C
|
Proboscidiens
|
Eléphantidae
|
Loxodonta africana africana
|
Eléphant*
|
A&B
|
Tubulidente
|
Orycterpidae
|
Orycteropus afer
|
Oryctérope
|
A
|
Carnivores
|
Felidae
|
Panthera leo
|
Lion*
|
A
|
|
Panthère*
|
A
|
|
Crocuta crocuta
|
Hyène tachetée*
|
B
|
|
Canis aureus
|
Chacal commun
|
|
|
1Au Cameroun, la classe A regroupe les espèces
rares ou en voie de disparition qui bénéficient d'une protection
intégrale, la classe B regroupe les espèces à protection
partielle et la classe C les espèces qui ne bénéficient
d'aucune protection.
*Observation des traces pendant les travaux de terrain.
4.2 Abondance des grands mammifères
4.2.1 Distribution spatiale des animaux
Sur la base des données collectées sur le terrain,
trois zones de concentration des animaux ont été définies
en fonction des valeurs d'IKA (figure 5) :
· Les zones de forte concentration de la faune, avec un
taux de rencontre de plus 5 animaux aux 10 km de transect parcourus. Elles sont
situées au centre du parc, partant du campement du Buffle noir en
longeant la Bénoué des deux cotés du campement, allant
jusqu'au campement de Bel Eland en passant par le Mayo Mbam et du
Hosséré Mbana. Cette répartition semble aussi suivre les
principaux cours d'eau et des forêts galeries, ce qui est conforme aux
résultats de quelques travaux menés dans la zone (Stark et Wit,
1977 ; Tsague, 1991 ; Tsakem et al., 1999). La présence des
services de conservation au centre du parc contribuerait aussi à cette
distribution, car les animaux se sentant en sécurité dans ces
zones, moins soumise à l'action humaine [cf. §. 4.4]. Le Cobe de
Buffon (figure 6) présente une forte concentration le long du fleuve
Bénoué, ce qui confirme une fois de plus sa forte
dépendance à la présence d'eau (Tsague, 1991).
· Les zones à moyenne concentration
présentent les taux de rencontre compris entre 2 et 5 individus par 10
km de transect et sont situées autour de la zone à forte
concentration. Elles vont du campement de Bel éland à celui du
grand capitaine en passant par le Hosséré Mbana, et concernent
aussi le secteur du mayo Alim, de la première mare en prolongeant vers
le Nord et le Sud et une bonne partie au Nord est.
· Les zones à faible concentration de la faune
présentent moins de 2 individus aux 10 km de transect parcouru et sont
situées aux extrémités sud, Nord et à l'Ouest vers
les villages.
La répartition spatiale du Cobe de Buffon et de
l'Ourébi est représentée par les figures 6 et 7
respectivement. Une carte de distribution des principales espèces a
été réalisée (figure 8) après avoir
complété nos données par les résultats de Tsague
(2004). Cette carte devra servir au développement du tourisme de vision
dans la zone.
Figure 5 : Répartition globale des grands et moyens
mammifères dans la zone
|
|
Figure 6 : répartition du Cobe de Buffon
|
|
|
Figure 7 : Répartition de l'Ourébi
Cartes réalisées par TSAKEM à partir des
données de terrain
Source : Travaux de Tsague (2004)
Figure 8: Distribution des principales espèces dans le
Parc National de la Bénoué
4.2.2 Densités et effectifs des populations
animales
Seules deux espèces animales (Cobe de Buffon et
Ourébi) ont été analysées par le programme
Distance. Les figures en annexe 3 représentent la fonction de
détection à partir de la quelle les densités des deux
espèces ont été estimées par le programme Distance.
Il ressort de ces figures que la probabilité de détecter une
espèce baisse quand la distance perpendiculaire augmente. Le tableau II
ci-dessous présente les résultats de l'analyse faite par le
programme Distance. Il ressort de ceci que le Cobe de Buffon (Kobus kob
kob) présente une densité de 1,7 individus au
km2, donnant ainsi une population totale de 4616 individus dans la
zone. L'ourébi (Ourebia ourebi) présente une
densité de 1,5 individus au km2 pour des effectifs
estimés à 3922 individus pour toute la zone. Dans la même
zone, Donfack et Tsakem (2004) ont recensé respectivement pour le Cobe
de Buffon et l'ourébi les densités de 1,9 pour 5113 individus et
2,1 pour 5687 individus. Ceci confirme que les effectifs de ces deux
espèces, tout comme la plupart des espèces ont bien
diminué par rapport aux derniers travaux (WWF et FAC, 1998 ;
Gomsé et Mahop, 2000 ; Donfack et Tsakem, 2004). Compte tenu de
l'insuffisance de données, le programme n'a pu traiter que ces deux
espèces, ce qui constitue dès lors un handicap sérieux
pour les interprétations et les prises de décisions.
Tableau II : Densités (D), Populations
estimées (PE) et Intervalles de confiance à 95 % du Cobe de
Buffon et de l'Ourébi
Espèce Paramètre Valeur
estimée
|
Erreur standard
|
Coefficient de variation (%)
|
Intervalle de confiance à 95 %
|
|
D 1.7 0.668 34.09 0.868 - 3.215
Cobe de Buffon
PE 4616 1203 34.09 2253 - 8606
D 1.507 0.353 23.40 0.95 1 - 2.391
Ourébi
PE 3922 917.84 23.40 2473.0 - 6221
4.2.3 Indice kilométrique d'abondance des
espèces observées
Les espèces insuffisamment observées ont fait
l'objet d'une analyse des Indices kilométriques d'abondance (IKA) ou
taux de rencontre (tableau III). On peut constater que les espèces
communes (Rédunca, Céphalophes, Phacochère et Bubales)
présentent des valeurs d'IKA assez importantes (entre 4 et 9 individus
aux 100 km de transect parcourus). Cette tendance avait déjà
été signalée par les travaux de Werwilghen (1999). On peut
regretter les faibles valeurs d'IKA pour les espèces subissant une forte
pression cynégétique comme le Buffle, le Cobe défassa,
l'Hippotrague etc., car cette observation semble être un signe de
rareté
Tableau III : Indices kilométriques
d'Abondance des espèces insuffisamment observées
Espèces
|
IKA (nombre contact/km)
|
Babouin doguera
|
0.0543
|
Buffle
|
0.0083
|
Bubale
|
0.0418
|
Céphalophe à flancs roux
|
0.0669
|
Céphalophe de Grimm
|
0.0962
|
Chacal
|
0.004 1
|
Cobe défassa
|
0.0334
|
Colobe guereza
|
0.0251
|
Daman de rocher
|
0.0083
|
Eléphant
|
0.004 1
|
Girafe
|
0.0083
|
Guib harnache
|
0.0669
|
Lièvre d'Afrique
|
0.0083
|
Hippotrague
|
0.0209
|
Phacochère
|
0.0460
|
Redunca
|
0.0836
|
Singe vert
|
0.0334
|
Hyène tachetée
|
0.0083
|
|
4.2.4 Evolution des densités, des effectifs et de
l'abondance relative des principales espèces
Compte tenu du fait que les résultats de cette
étude n'ont pas renseigné sur plusieurs espèces animales,
et dans le souci d'avoir les informations sur les tendances des populations
animales, les travaux antérieurs (Stark, 1977 ; WWF et FAC, 1998 ;
Gomsé et Mahop, 2000 ; Donfack et Tsakem, 2004 ; Tsague, 2004) ont
été exploités (tableau V).
Tableau IV : Comparaison des densités
animales et des effectifs de quelques grands mammifères
Espèce
|
Densité (individus / km2)
|
Effectifs
|
|
19982
|
20003
|
20044
|
19751
|
19982
|
20003
|
20044
|
Bubale
|
1.66
|
1.88
|
15.23
|
oi
|
3000
|
3384
|
27418
|
oi
|
Hippotrague
|
0.18
|
0.66
|
oi
|
oi
|
325
|
1188
|
oi
|
oi
|
Cobe defassa
|
0.75
|
0.55
|
oi
|
oi
|
1350
|
990
|
oi
|
oi
|
Cobe de Buffon
|
1.58
|
3.89
|
6.79
|
1.9
|
2850
|
7002
|
12229
|
5113
|
Ourébi
|
0.4
|
0.91
|
1.64
|
2.1
|
73
|
1638
|
2077
|
5687
|
Céphalophe de Grimm
|
0.91
|
0.46
|
1.14
|
0.89
|
1650
|
828
|
2055
|
2322
|
Céphalophe à flanc roux
|
0.55
|
|
oi
|
0.62
|
1000
|
|
oi
|
1616
|
Buffle
|
1.14
|
0.1
|
oi
|
oi
|
2060
|
180
|
oi
|
oi
|
|
Redunca
|
0.008
|
0.54
|
0.79
|
1.4
|
15
|
972
|
1435
|
3877
|
Hippopotame
|
0.13
|
|
|
oi
|
325
|
|
oi
|
oi
|
Guib harnaché
|
0.36
|
0.39
|
0.55
|
1.2
|
650
|
702
|
281
|
3241
|
Elan de Derby
|
0.20
|
0.07
|
oi
|
oi
|
375
|
126
|
oi
|
|
Girafe
|
0.009
|
|
oi
|
oi
|
17
|
|
oi
|
|
Phacochère
|
0.66
|
0.48
|
1.9
|
oi
|
1200
|
864
|
oi
|
4959
|
Potamochère
|
|
|
|
|
|
|
oi
|
|
Lièvre d'Afrique
|
|
|
oi
|
oi
|
|
|
oi
|
oi
|
Rhinocéros
|
0.004
|
|
|
|
8
|
|
|
|
|
(1) Stark et Wit (1977), (2 ) WWF &
FAC (1998), (3 ) Gomsé et Mahop (2000), (4)
Donfack et Tsakem (2004), (oi) Observations insuffisantes
Pour bien analyser ce tableau, il est important de
connaître les différentes techniques de recensement
utilisées ainsi que tous les facteurs qui auraient contribué
à une variation des observations. En effet, tous ces
dénombrements ont utilisé la technique des transects
linéaires, mais celui de 1998 souffrait d'un manque d'expérience
des acteurs (encadreurs, observateurs, etc.), malgré son fort taux
d'échantillonnage (environ 25%). En 2000, certaines données ont
été également biaisées au niveau de l'analyse par
le programme Distance, d'où les écarts importants (cas du bubale
par exemple). Les derniers travaux ont reposé sur de faibles taux
d'échantillonnage allant souvent pas au delà de 5%, ce qui
explique l'absence d'observations pour certaines espèces. Pour
contourner ces lacunes, les valeurs d'IKA ont été mises à
contribution (annexe 2).
Photo 9 : Troupeau d'Elands de Derby observé dans le
PNB deux semaines après les travaux de terrain La tendance des IKA est
en général décroissante pour la plupart des espèces
à l'exception des primates et de quelques petites antilopes (annexe 2).
Il est vraisemblable que la pression de chasse sportive et du braconnage
(Hassan, 1998 ; Kirda, 2000 ; Roulet, 2004), le faible taux
d'échantillonnage, ainsi que la période de dénombrement
(pleine saison sèche, période à laquelle l'eau et le
disponible alimentaire sont rares) expliqueraient ce faible nombre
d'observations enregistrées chez certaines espèces. Le fort taux
de rencontre des primates proche des villages explique le conflit permanent
entre la faune et les agriculteurs. En plus pour les raisons culturelles, les
primates ne sont pas braconnés dans la région, les populations
locales ne consommant pas leur viande (Hassan, 1998). Les carnivores ont
été rarement observés, certainement à cause de
leurs moeurs nocturnes. Les travaux de Mayaka (2003) et de Tsague (2004)
signalent aussi la diminution de leurs effectifs dans la zone. On
peut penser comme l'IUCN (1997) que la chasse est à l'origine de
l'extinction ou de la raréfaction de nombreuses espèces d'animaux
sauvages.
L'interprétation de ce tableau 4 dégage trois
principaux groupes d'espèces :
· Les espèces dont les effectifs semblent
connaître une évolution positive ou assez constante, il s'agit de
l'Ourébi, du Céphalophe de Grimm, du guib harnaché, du
Redunca et dans une moindre mesure du bubale. Ce sont les espèces
communes qui n'ont presque pas de contrainte en ce qui concerne leur
d'habitat.
· Les espèces dont les effectifs ont
régulièrement baissé avec le temps comme le Cobe
défassa, le Buffle, l'Eland de Derby et certainement l'hippopotame. La
situation de ce groupe d'espèces qui sont pour la plupart
considérées comme le support de la chasse sportive explique
certainement que des efforts de conservation soient entrepris. Si les tendances
se confirment, ces espèces risquernt de devenir rares ou menacées
de disparition dans la zone.
· Les espèces qui n'affichent pas une tendance
précise. Il s'agit des autres espèces comme le
potamochère, la Girafe ou même des espèces rares. Il faut
signaler aussi l'insuffisance des informations qui a une influence sur ces
résultats.
Photo 10 : Un Cobe de Buffon Photo 11 : Une girafe
observée dans la zone d'étude
4.3 Sex- ratio, structure de groupe et d'âge des
animaux observés
Le sex-ratio, la structure de groupe et d'âge de huit
mammifères ont été déterminés. Sur le
terrain, il a souvent été difficile de distinguer les adultes des
sub-adultes, lorsque cela n'était pas possible, les individus
étaient classés comme indéterminés.
Suivant le tableau VI ci-dessous, le phacochère et
l'Hippotrague présentent une population relativement jeune. Les autres
espèces ont des populations moins jeunes. Toutefois, la
difficulté à bien différencier les classes d'âge
justifie certainement cette observation. Il faut signaler que l'âge des
céphalophes et de l'ourébi n'est pas toujours facile à
déterminer, compte tenu de leur morphologie.
Tableau V : Structure des groupes, rapport
jeune / adulte et rapport de sexe de quelques mammifères
Espèce
|
Effectifs observés
|
Taille moyenne du groupe
|
Intervalle de groupe
|
Adulte et sub adulte
|
jeune
|
Ind
|
Sex-ratio et rapport jeune / adulte
|
|
?
|
|
?
|
Jeune
|
Cobe de Buffon
|
194
|
5
|
[1-17]
|
57
|
111
|
24
|
-
|
51
|
100
|
22
|
Bubale
|
62
|
7
|
[1-18]
|
14
|
17
|
11
|
20
|
82
|
100
|
64
|
Ourebi
|
54
|
2
|
[1-4]
|
21
|
25
|
3
|
5
|
84
|
100
|
13
|
Phacochère
|
39
|
4
|
[1-8]
|
11
|
10
|
17
|
1
|
110
|
100
|
170
|
Hippotrague
|
37
|
8
|
[2-26]
|
7
|
5
|
8
|
17
|
140
|
100
|
160
|
Redunca
|
31
|
2
|
[1-2]
|
12
|
18
|
1
|
-
|
66
|
100
|
5
|
Guib harnaché
|
25
|
2
|
[1-3]
|
10
|
13
|
2
|
-
|
76
|
100
|
15
|
Céphalophe de Grimm
|
23
|
1
|
[1-1]
|
6
|
11
|
1
|
5
|
54
|
100
|
9
|
|
En ce qui concerne le sex-ratio, un test statistique a
été fait pour voir s'il y avait une déviation
significative par rapport à un équilibre des sexes (50 % / 50 %).
Les valeurs de l'écart réduit sont de 4,17
pour le Cobe de Buffon, de 0,54 pour le Bubale, de 0,59 pour
l'Ourébi, de 0,22 pour le Phacochère, de 0,58 pour l'Hippotrague
de 1,09 pour le Redunca de 0,62 pour le Guib harnaché et 1,21 pour le
Céphalophe de Grimm. Pour que l'écart
réduit soit significatif, sa valeur doit être supérieure ou
égale à 1,96 et dans ce cas précis, seule celle
calculée pour le Cobe de Buffon dépasse ce seuil. Pour les autres
espèces, il y aurait équilibre entre les sexes.
L'observation de ce tableau de structure des groupes
dégage deux classes d'espèces :
· Celles qui se rencontrent presque toujours en troupeaux
comme l'Hippotrague, le Cobe de Buffon, le Bubale et le Phacochère
avec des groupes de taille moyenne supérieure à 4 individus.
· Celles dont les individus se rencontrent presque
toujours seuls ou par petits groupes de 2. Il s'agit du Redunca, du Guib
harnaché, de l'Ourébi et du Céphalophe de Grimm.
L'intervalle de groupe chez ces espèces varie de 1 à 3
individus.
4.4 Activités humaines, localisation et impact
sur la faune
4.4.1 Description
Les taux de rencontre des différentes activités
humaines ont été calculés, ce qui a permis de classer par
ordre d'importance les quatre grands types de pressions. Il s'agit du
braconnage, de l'élevage, des activités champêtres (dans
les ZIC) et de la pêche illégale combinée à
l'orpaillage (tableau VI).
Tableau VI : Taux de rencontre des
différentes activités humaines dans la zone
Type de pression IKA
Braconnage 0.140
Elevage 0.096
Champs (dans les ZIC) 0.0 12
Pêche et orpaillage 0.004
· Le braconnage : Il demeure le
fléau le plus important qui menace la faune sans distinction
d'espèce, de sexe et d'âge. Plusieurs signes ont été
rencontrés notamment les campements actifs ou abandonnés, les
douilles de munitions, les trophées abandonnés, les empreintes
même des braconniers. Il faut aussi signaler que toutes les autres
activités concourent au braconnage, car l'éleveur ou l'orpailleur
a très souvent recours aux animaux sauvages pour son alimentation. Le
braconnage se présente comme l'activité la plus importante avec
un taux de rencontre de 14 signes aux 100 km suivie de l'activité
pastorale (tableau 6)
· L'élevage : la zone est
recouverte d'une végétation luxuriante qui constitue un fourrage
abondant et de qualité. C'est ainsi de nombreuses pistes de transhumance
ont été rencontrées, au même titre que des
campements d'éleveurs et l'observation de nombreux individus de
Afzelia africana émondés. Les zones
éloignées du campement du Buffle noir à l'instar du nord
et du sud du parc subissent plus de pression pastorale. Le taux de rencontre de
l'activité pastorale est de 9 signes aux 100 km pour l'ensemble de la
zone (tableau 6).
· L'installation de champs : de
nouveaux champs sont créés chaque année dans les ZIC 1
& 4 aussi bien par les migrants que par les populations autochtones,
même dans les endroits très reculés des villages. Seulement
les champs très reculés des villages ont été
notés pour un taux de rencontre de près de 12 champs aux 1000 km
pour l'ensemble de la zone. L'isolement des champs les expose à la faune
sauvage, occasionnant ainsi des conflits hommes-faune. Les défriches
sont accélérées par le commerce du bois de chauffage dans
la zone (Djankoua, 2001).
· L'orpaillage et la pêche :
L'extraction de l'or est faite toute l'année au sud de la
Bénoué et le long des Mayos Alim et Nzoro. Cette activité
se confond très souvent avec la pêche, car elles se
déroulent aux mêmes endroits du fleuve et les principaux acteurs
se livrent tantôt à une activité, tantôt à
l'autre. Des puits d'extraction de l'or abandonnés par les orpailleurs,
ainsi que des campements de pêcheurs ont été
rencontrés. Le taux de rencontre de ces activités est le moins
élevé dans la zone avec 4 signes aux 1000 km.
4.4.2 Localisation
A partir des IKA des activités humaines notées
le long des transects, la carte de répartition des activités
anthropiques dans la zone a été élaborée (figure
9). Les actions humaines ont été géo
référencées et regroupées en trois niveaux de
concentration. Ce qui a permis de réaliser la carte de
répartition :
· La zone à forte pression anthropique est
localisée à l'est (dans les ZIC 1 et 4) et couvre aussi le sud du
parc.
· La zone à pression moyenne est
constituée du Nord et du sud-Est du parc, mais couvre aussi le centre
des zones d'intérêt cynégétique.
· La zone à faible pression humaine couvre
presque tout le parc, avec une mince portion ouest des ZIC. Ceci est la
conséquence d'une meilleure surveillance et du statut de protection du
parc. Le niveau de pression humaine dans le parc n'est pas négligeable
tout de même.
Figure 9 : Répartition des activités humaines dans
la zone
4.4.3 Impact sur la faune
On constate que l'activité humaine influence la
répartition des animaux, plus elle est importante, moins la faune est
présente dans le quadrat concerné (figure 10). Les deux variables
ont une forte corrélation (R = - 0,89 à 0,05%). D'autres facteurs
environnementaux doivent aussi agir dans cette répartition notamment la
présence de points d'eau, l'activité cynégétique,
la recherche du fourrage de qualité. En effet, les quadrats
présents le long des cours d'eau, même anthropisés
présente aussi de bonnes valeurs d'IKA.
4.5
2.5
3.5
0.5
1.5
4
3
2
0
1
IKA Faune IKA Activités humaines
N° Quadrat
Figure 4 : Influence des activités humaines sur la
diversité faunistique de la zone
4.5 Gestion des effectifs fauniques
4.5.1 Analyse des plans de tir des 8 dernières
années
La gestion des effectifs concerne les ZIC 1 et 4, car le parc
national est exempt de chasse sportive. L'administration établit
annuellement les plans de tir ou quota d'abattage pour chaque espèce,
sur base d'informations souvent peu fiables à propos des effectifs des
populations animales. Les différents plans de tir sont planifiés
sans indicateurs de suivi des populations animales. Il ressort du tableau VII
que les plans de tir ont été régulièrement
reconduits d'une année à l'autre. On peut néanmoins noter
deux phases de proposition :
Entre 1989 et 1997, les quotas étaient
généralement moins élevés. Seules les
espèces comme le Babouin, les Céphalophes et les Ourébis
avaient des quotas assez élevés (entre 7 et 10 individus dans
chaque ZIC). Les antilopes comme l'Elan de Derby, le Buffle, l'Eléphant
avaient les quotas qui dépassaient rarement 3 individus par ZIC. Le Cobe
de Buffon, le Cobe défassa, l'Hippopotame et le Damalisque ne figuraient
presque pas dans les plans de tir.
Entre 1998 et 2003, alors que les propositions devraient
suivre le rythme de la diminution progressive des effectifs des populations
animales, on observe plutôt une augmentation considérable des
quotas d'abattage de manière répétitive chaque
année. Si les propositions d'abattage ont diminué
légèrement pour l'Eléphant, il n'en est pas de même
pour les espèces comme l'Elan de Derby, le Buffle, l'Hippotrague, le
Bubale, l'Ourébi, le Cobe de Buffon, le Guib harnaché et le
Redunca qui ont vu leurs quota révisés à la hausse. Le
Damalisque qui n'est même pas dans sa zone de distribution s'est vu
proposé à l'abattage pour un effectif de 6 individus en 2001. Les
propositions d'abattage des Babouins n'ont presque pas évolué
entre ces deux périodes alors que cette espèce est moins
braconnée et cause déjà trop de dégâts aux
cultures. Il en est de même pour les autres primates comme les Vervets et
les Patas.
Tableau VVII : Plan de tir des huit
années disponible au MINFOF
Noms scientifiques
|
Noms communs
|
1989/1990
|
1993/1994
|
1996/1997
|
1998/1999
|
1999/2000
|
2000/2001
|
2001/2002
|
2002/2003
|
P1
|
P4
|
P1
|
P4
|
R1
|
R4
|
P1
|
P4
|
P1
|
P4
|
P1
|
P4
|
P1
|
P4
|
P1
|
P4
|
P1
|
P4
|
Loxodonta africana africana
|
Eléphant
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
2
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
0
|
Tragelaphus derbianus gigas
|
Elan de Derby
|
2
|
2
|
2
|
3
|
2
|
5
|
2
|
3
|
2
|
3
|
3
|
5
|
3
|
4
|
3
|
5
|
3
|
5
|
Syncerus caffer caffer
|
Buffle
|
1
|
1
|
2
|
1
|
2
|
0
|
2
|
1
|
2
|
4
|
2
|
4
|
2
|
4
|
2
|
4
|
2
|
4
|
Hippopotamus amphibus
|
Hippopotame
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
0
|
3
|
0
|
3
|
0
|
3
|
0
|
3
|
Panthera leo
|
Lion
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
2
|
3
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Hippotragus equinus
|
Hippotrague
|
3
|
3
|
3
|
5
|
5
|
4
|
3
|
5
|
5
|
7
|
5
|
7
|
5
|
7
|
5
|
7
|
5
|
7
|
Alcelaphus buselaphus major
|
Bubale
|
5
|
4
|
4
|
7
|
3
|
4
|
4
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
7
|
Kobus defassa
|
Cob Defassa
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
2
|
4
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
Kobus kob kob
|
Cob de Buffon
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
0
|
0
|
0
|
6
|
6
|
6
|
6
|
6
|
6
|
6
|
6
|
6
|
6
|
Tragelaphus scriptus
|
Guib harnaché
|
4
|
2
|
4
|
4
|
5
|
0
|
4
|
4
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
5
|
Damaliscus Korrigum
|
Damalisque
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Ourebia ourebi
|
Ourébi
|
4
|
4
|
8
|
9
|
3
|
0
|
8
|
9
|
12
|
12
|
12
|
12
|
12
|
12
|
12
|
12
|
12
|
12
|
Phacochoerus africanus
|
Phacochère
|
3
|
3
|
2
|
4
|
4
|
2
|
2
|
4
|
6
|
5
|
6
|
5
|
6
|
5
|
6
|
5
|
6
|
5
|
Sylvicapras grimmia
|
Céphalophe de Grimm
|
2
|
3
|
8
|
10
|
1
|
1
|
8
|
10
|
8
|
8
|
8
|
8
|
8
|
8
|
8
|
8
|
8
|
8
|
Papio anubis
|
Babouin
|
6
|
8
|
10
|
10
|
3
|
2
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
10
|
Cephalophus rufilatus
|
Céphalophe à flanc roux
|
2
|
2
|
7
|
7
|
2
|
1
|
7
|
7
|
8
|
6
|
8
|
6
|
8
|
6
|
8
|
6
|
8
|
6
|
Python reticulatus
|
Python
|
0
|
0
|
2
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Crocuta crocuta
|
Hyène
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Redunca redunca
|
Redunca
|
2
|
2
|
6
|
6
|
1
|
1
|
6
|
0
|
5
|
4
|
5
|
4
|
5
|
4
|
5
|
4
|
5
|
4
|
Civettictis civetta
|
Civette
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Tragelaphus spekeii
|
Sitatunga
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Lycaons pictus
|
Lycaon
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Crocodylus niloticus
|
Crocodile
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
Total
|
39
|
37
|
61
|
71
|
36
|
22
|
59
|
63
|
82
|
90
|
83
|
87
|
88
|
86
|
83
|
87
|
83
|
87
|
R : Taux de réalisation P1 plan de tir ZIC1 P4 plan de tir
ZIC4
Il convient donc d'analyser ces quotas, de les confronter avec
les différents résultats d'inventaires, la finalité
étant de présenter la situation de chaque espèce et d'en
tirer d'éventuelles mesures correctives.
4.5.2 Comparaison des propositions aux
prélèvements
Il ressort de la figure 11 que les quotas d'abattage ont
évolué de manière croissante, avec une
répétition année après année. Par contre les
prélèvements réels ne respectent pas cette allure, ils
suivent plutôt une tendance décroissante depuis les années
1990. De l'autre côté, le prélèvement des
espèces-clés (Eland de Derby, Buffle, Lion, Hippotrague, Guib
harnaché) qui sous-tendent la chasse sportive a subi une augmentation
considérable (Kirda, 2000) et représente même plus de 80%
de tous les prélèvements depuis 2002. Le nombre de
sociétés de chasse est passé de 9 à 23 entre 1990
et 2002 au Cameroun et le nombre moyen d'animaux prélevés par
chasseur lors d'un séjour (entre 6 et 21 jours) est passé de 2,9
à 6,4 (Roulet, 2004), ce qui a certainement une influence
négative sur l'exploitation de la faune. Plusieurs raisons peuvent
expliquer les faibles taux de réalisation notamment les quotas
proposés sont trop élevés par rapport au potentiel
faunique ou au besoin des chasseurs sportifs (rarement le cas). L'observation
de cette figure 11 nous amène aussi à poser quelques questions :
pourquoi le niveau de prélèvement n'a-t-il jamais atteint ou
avoisiné celui des quotas ? pourquoi les prélèvements des
espèces évoluent-il de manière décroissantes ?
pourquoi les espèces clés sont-elles prélevées
chaque année de manière croissante ? quelle est la
stratégie à mettre en place pour assurer une gestion durable de
la faune sauvage dans cette zone ? Malheureusement, les résultats de ce
travail n'ont pas permis de tirer une conclusion adéquate sur la
proposition réelle des quotas. Cependant, l'analyse des tendances et des
travaux antérieurs a permis de prendre quelques propositions dans le but
de mieux gérer les effectifs.
200
180
160
140
120
100
40
80
60
20
0
Quota proposé Prélevement Prélevement
espèce clé
89_90 93_94 96_97 98_99 99_00 00_01 01_02 02_03
Année
Figure 5 : Proposition d'abattage et réalisation dans les
ZIC 1 & 4 (plan de tir des 8 dernières années)
4.5.3 Situation des principales espèces
L'analyse de chaque espèce s'est basée sur
quelques paramètres notamment l'effectif, la superficie des zones
à cogestion, le braconnage et du taux de renouvellement des principales
espèces. Les effectifs
disponibles concernent le parc et les deux ZIC, en effet la
surface exploitable des ZIC 1 et 4 (environ 56134 hectares) représente
presque 25 % du parc. Ceci veut dire que dans les conditions normales, on aura
régulièrement 25% des effectifs de l'ensemble de la zone dans les
ZIC 1 et 4. Le taux de renouvellement des principales des espèces est
d'environ 5,6 %. La combinaison de ces différents paramètres nous
amène à proposer à l'abattage 4 % (inférieur au
taux de renouvellement) sur les 25% des effectifs de chaque espèce dans
les ZIC 1 et 4, en espérant que le surplus du parc pourra combler les
besoins de quelques braconniers (Il est proposé un renforcement de la
surveillance). Cette proposition est à considérer avec assez
réserve parce que les effectifs exploités sont de sources
différentes. Les prélèvements devront concernés
prioritairement les individus qui n'ont plus d'influence dans le groupe (vieux
mâle inactifs ou vielle femelle).
1. L'Eléphant
L'Eléphant reste pour l'heure le plus grand
mammifère de la région et mérite un suivi particulier car
il est très braconné. Le quota d'abattage est d'un
éléphant par an pour les deux ZIC. Les informations contenues en
annexe 2 ne sont pas intéressantes pour une exploitation de cette
espèce, cependant les éléphants causent des
dégâts importants dans les champs des riverains. Il existerait un
troupeau très mobile qui rode à la fois dans le parc et les zones
de chasse 1 et 4. Ainsi on peut dans un premier temps suspendre l'abattage des
éléphants dans la zone et ne le reprendre que si on constate une
augmentation de la population, tout en respectant la convention CITES.
2. L'Elan de Derby
De par son majestueux trophée, l'élan de Derby
est une espèce de la classe B au Cameroun et très
recherchée dans ces 2 ZIC. Le quota moyen est d'environ 8 individus par
an, soit respectivement 3 et 5 dans les ZIC 1 et 4. Le tableau 4 et l'annexe 2
démontrent une évolution décroissante de sa population.
Les résultats du suivi signalent une fréquence d'observation pour
L'Elan de Derby de 2/5 pour les différentes méthodes
utilisées dans la zone (Donfack et Tsakem, 2004). De par son
écologie, l'Elan de Derby est dans son domaine et reste très
mobile. Sa population est estimé dans la zone à environ 159
individus (Siroma et al., 2001). Compte tenu aussi du fait que cette
population s'observe difficilement et des traces deviennent rarissimes, il est
souhaitable de revoir son quota à la baisse, soit deux individus pour
l'ensemble de la zone.
3. Le Buffle
Cette espèce de la classe B est aussi très
sollicitée par les chasseurs professionnels. La moyenne annuelle
d'abattage est de 6 individus répartis en 2 et 4 respectivement pour la
ZIC 1 et 4. Les observations du Buffle par le dispositif de suivi du WWF sont
rares avec une fréquence de 2/5, tandis que son effectif est
estimé à environ 200 individus (Donfack et Tsakem, 2004). Mais
les traces sont présentes dans les deux zones. Les espèces comme
Elan de Derby et les Buffles ont généralement un taux de
réalisation supérieur à 60%. Ce qui fait que la pression
de chasse ne respecte pas l'évolution de la population. Il serait
souhaitable de réviser les quotas d'abattage à la baisse, soit
deux individu pour chaque zone.
4. Le Lion
Le lion est une espèce de la classe A
intégralement protégée et mérite un suivi
particulier de sa population. On constate qu'il est aussi très rare,
mais que le plan de tir propose un individu pour chacune des zones de chasse.
La fréquence d'observation de cette espèce est 1/5 (Donfack et
Tsakem, 2004) ceci peut déjà traduire la difficulté de le
rencontrer. Cette faible fréquence peut amener à
réfléchir son avenir, car les récentes informations ne
précisent pas la taille de sa population dans la zone. Il est
souhaitable qu'une suspension des prélèvements dans ces ZIC soit
proposée pour donner les chances à cette espèce de
renforcer sa population pour les prochaines années. Tout comme le Lycaon
et le Léopard, qui bien que ne figurant pas sur le plan de tir sont en
voie de disparition et se retrouve qu'au sud est du PNB (Weladji, 1998 ; Tsakem
et al., 2000).
5. L'Hippotrague
Cette antilope est bien appréciée par les
chasseurs professionnels de par sa taille et surtout son trophée. Le
quota d'abattage est de 12 individus par an soit 5 et 7 dans les ZIC 1 et 4
respectivement. Il est régulièrement perceptible dans l'une et
l'autre zone, car la fréquence d'observation est de 3/5 pour une
population qui ne cesse de décroitre (Donfack et Tsakem, 2004). Les
travaux de Tsague (2004) estiment les effectifs d'Hippotrague à 250
individus pour le parc. Ce quota peut être révisé à
la baisse pour 3 individus pour la zone.
6. Le Bubale
Tout comme l'Hippotrague, le Bubale est bien
représenté dans ces ZIC. Le nombre d'individus à abattre
est de 14 par an, soit 7 individus par ZIC. Le Bubale est l'une des
espèces la plus rencontrée dans le PNB (Gomsé et Mahop,
2000) et la taille de sa population estimée à 1163 individus
(Tsague, 2004). En appliquant le même principe de calcul, on peut
proposer le quota d'abattage pour le Bubale légèrement à
la baisse avec 11 individus pour la zone.
7. Le Cobe Défassa
Dans les plans de tir, il est recommandé l'abattage de
4 individus par an dans les deux ZIC. Les effectifs actuels (300 individus pour
la zone) font penser à une légère diminution du quota. Il
est souhaitable de proposer 3 individus par an pour toute la zone.
8. Le Cobe de Buffon
Il passe parmi les antilopes de moyenne taille les plus
chassé à cause de la beauté de son trophée. La
moyenne des individus à prélever selon le plan de tir est de 12
par an pour les deux zones. Le Cobe de Buffon passe parmi les espèces
les plus rencontrées sur le terrain. Il est facilement observable aussi
bien le long des cours d'eau (Tsague, 1991 ; 2004 ; Tsakem et al.,
1999) que le long des transects. Ce dénombrement estime les populations
de Cobe de Buffon dans la zone à 4616 individus. En appliquant le taux
habituel, on se retrouve à environ 40 individus. Mais il faut aussi
signaler les tendances qui sont à la baisse et pourrait militer
davantage pour une diminution de ce nombre.
9. Le Redunca
Cette antilope n'est pas toujours facile à observer dans
les ZIC, car elle atteint sa limite de
répartition géographique au niveau du Parc national de Bouba
Ndjidah (Haltenorth et Diller, 1985). Le plan de tir
propose l'abattage de 9 individus par an. Les
différents dénombrements (WWF et FAC, 1998 ; Gomsé et
Mahop, 2000 ; Donfack et Tsakem, 2004) signalent de faibles
densités (<0.2 individus au km) des Rédunca et les travaux de
Tsague (2004) estiment les effectifs à 1471 individus. Ceci nous
amène à proposer 14 individus pour la zone, mais aussi les
tendances sont à la baisse.
10. Le Guib harnaché
Il est une espèce profitant d'une protection
partielle, et inscrite au plan de tir avec un quota d'abattage annuel de 5
individus dans chaque ZIC. Toutes les différentes méthodes de
suivi de la faune utilisées signalent la présence de cette
espèce. Sa population est estimée à 1912 individus pour le
parc. On devrait proposer 19 individus, mais l'évolution des effectifs
n'est pas rassurante.
11. L'Ourébi
L'ourébi a été inscrit au plan de tir
avec un quota moyen de 12 individus dans chaque ZIC. Cette espèce a de
fortes chances d'être rencontrée avec un effectif de 3922
individus. Dans la même logique, on pourrait proposer 39 individus pour
toute la zone.
12. Le Phacochère
C'est une espèce partiellement protégée,
mais elle bénéficie d'une protection au niveau local parce que
moins braconnée pour les raisons de tradition. Son effectif est
estimé à 300 individus pour le parc et la
périphérie. Le quota d'abattage pourrait être
proposé à 3 peut être raisonnable.
13. Les Primates (Babouins Vervets et
Patas)
Ce sont des espèces frugivores fréquemment
observées dans la zone. Ces primates sont très conflictuels, car
ils causent beaucoup de dégâts au niveau des villages notamment la
destruction des produits champêtres. Seul le quota d'abattage du Babouin
a été inscrit dans le plan de tir et est de 10 individus par
année dans chaque ZIC. Il est souhaitable d'organiser des battues
administratives de ces primates chaque deux ans comme prévu par la
réglementation en vigueur (environ 100 individus repartie dans toute la
périphérie du parc), car leur nombre devient inquiétant et
les dégâts sur les cultures considérables. Le produit de
cette battue administrative devra ravitailler légalement les centres
urbains en viande de gibier.
14. Les Céphalophes (à Flanc roux et de
Grimm)
Ce sont de petites antilopes très prisées par
les chasseurs. Elles ont été fréquemment
rencontrées en binôme, alors que les plans de tir proposent
l'abattage de 16 individus de chaque espèce pour chacune des zones.
L'effectif est estimé à près de 4562 individus (Tsague,
2004). La démarche utilisée permet de proposer 45 individus pour
toute la zone.
4.6 Contribution de la faune à l'amélioration du
niveau de vie des populations riveraines
4.6.1 Besoins des riverains en protéines
animales
Il ressort des travaux de Djankoua (2001) que près de
80 % des ménages de la zone reconnaissent la présence de viande
de gibier dans leur alimentation. Le niveau de chasse et de consommation de la
viande de brousse dépend prioritairement de l'ethnie, les Mbaya
étant considérés comme d'excellents chasseurs (Hassan,
1998). Le taux de consommation de protéines animales provenant du
braconnage est estimé pour toute la zone à plus
de 65 %. Ce taux de consommation dénote d'une
consommation certaine et permanente des produits du braconnage par les
ménages ruraux. Ce taux de consommation de la viande de gibier se
justifie au niveau des ménages par le fait que la disponibilité
en protéines d'élevage est faible, à cause de leur
coût élevé comparé au coût jugé
très accessible de la viande de brousse et du poisson pêché
dans différents cours d'eau.
4.6.2 Retombées de la conservation
rétrocédées aux riverains
L'Etat partage à 50% les retombées avec les
communautés et les communes riveraines dans les zones amodiées.
Cette rétrocession ne concerne que les taxes d'affermage ou de location,
qui d'ailleurs ne varient presque pas d'une année à l'autre, soit
15% des recettes de toutes ces activités de conservation. Ce montant,
bien qu'insuffisant pour satisfaire tous les besoins des populations permet
déjà de réaliser quelques oeuvres sociales dans les
localités concernées. Ce qui signifie que près de 85% des
retombées des activités de conservation vont dans le
trésor public. Ce rapport semble très faible aux yeux de ces
populations qui considèrent la présence des aires
protégées comme moteur de développement, ceci est un
handicap pour une gestion qui se veut durable et impliquant la participation
des riverains. Il est souhaitable d'inclure les autres taxes (la taxe
d'abattage, l'autorisation de pêche, les frais de dossiers, les
transactions, la vente aux enchères, les droits de licence, la taxe de
capture, taxe d'armes, droit de timbre), ou de motiver autrement les
populations pour les impliquer davantage.
4.6.3 Situation économique de la chasse
sportive
Le tourisme cynégétique contribue annuellement
pour près de 500 millions de FCFA à l'économie du Nord
Cameroun. Le tourisme de vision dans les parcs nationaux de la
Bénoué et de Bouba Ndjidah génère aussi
annuellement près de 2 millions de FCFA, le parc national du Faro
n'accueille pas de touristes à cause de son inaccessibilité
(MINEF, 2004). Le braconnage représente une perte en potentiel faunique
de l'ordre de 1600 animaux par an (Djankoua, 2001), contre près de 800
animaux prélevés officiellement à travers la chasse
sportive dans toutes les ZIC. Le manque à gagner dû à la
non exploitation de ces animaux dans le cadre du tourisme
cynégétique s'élève à près de 400
millions de FCFA par an. D'après les travaux de Djankoua (2001),
l'action du braconnage de la faune est comparable à celle de 5 zones
d'intérêt cynégétiques pendant douze saisons de
chasse sportive.
Comme proposé au paragraphe (§. 4.5.3),
l'exploitation de la faune dans ces deux zones à cogestion devra
concerner 13 espèces animales. Suivant la loi de finance en cours, le
prélèvement de ces espèces devra générer
comme taxe d'abattage près 35 millions de FCFA, cela suppose que
près de 17 millions seront rétrocédés aux riverains
dans ce contexte de cogestion. La structure de gestion est dirigée au
niveau de la ZIC par le comité de gestion des ZIC (COZIC) et au niveau
du village, par le comité villageois de la faune (CVF). Les membres du
COZIC comprennent les représentants de l'administration, des populations
et des partenaires de la conservation. Ils reversent annuellement à
chaque village le montant qui lui revient, après avoir
prélevé les 50% au trésor public. Chaque comité
villageois est obligé de réaliser les oeuvres sociales et de
rendre compte au COZIC qui a tout de même le droit de contrôle sur
la gestion de ce fond.
5 PERSPECTIVES POUR UNE GESTION DURABLE DE LA ZONE
La gestion durable de cette zone passe d'abord par une
maitrise des effectifs, par les actions de surveillance et par l'implication
effective des populations riveraines afin de sauvegarder ces ressources. Il
convient de développer les suggestions dans ce sens et toutes les
parties prenantes devraient orienter leurs actions pour garantir une gestion
efficace des ressources et par conséquent l'amélioration du
niveau de vie des populations. Ces actions peuvent être envisagées
à court (immédiatement), moyen (entre un et deux ans) ou à
long terme (plus de 3 ans).
5.1 A court terme
5.1.1 Réviser les quotas d'abattage
Il est signalé dans le paragraphe §4.5.3 que les
gestionnaires révisent la proposition de prélèvement soit
à la baisse (Buffle, Eland de Derby, Bubale, Hippotrague,
Phacochère, Cobe défassa) soit à la hausse (Ourébi,
Céphalophes, Guib harnaché, Redunca, Cobe de Buffon et
Céphalophes) ou encore en suspension (lion, Eléphant et
Panthère). Il est aussi proposer d'organiser les battues administratives
sur les espèces comme le Babouin, le Singe vert et le patas). Les
prélèvements devront concernés prioritairement les
individus qui n'ont plus d'influence dans le groupe (vieux mâle inactifs
ou vielle femelle). Les propositions faites sont à considérer
avec assez de réserve parce que les effectifs exploités sont de
sources différentes. Ces quotas devront varier suivant les années
en tenant compte des disponibilités du potentiel faunique. Il est
suggérer d'envisager un travail de recherche dans ce thème pour
pouvoir fournir le maximum d'informations facilitant la prise de
décision sur les prélèvements.
5.1.2 Renforcer la lutte contre le braconnage pour limiter
les pressions
Il est nécessaire de réviser la stratégie
actuelle de surveillance qui a montré ses limites sur le terrain et n'a
pas freiné de manière efficace la destruction de la faune. La
lutte contre le braconnage devra prendre en compte les points suivants :
· La surveillance efficace qui passe par le
déploiement des équipes de garde pour réaliser les
patrouilles sur le terrain à travers les cinq secteurs de surveillance
(voir figure 14) ;
· Le renforcement des services de la conservation en
personnel et équipements (le recrutement annoncé pourra apporter
une solution à cette proposition). Ceci devrait améliorer le
rapport entre garde chasse/superficie qui est de 1 sur 49 000 hectares (WWF,
2002) alors que L'IUCN recommande 1 garde équipé pour 10 000
hectares ;
· Faciliter le processus de la pratique de la chasse
traditionnelle ou droit d'usage qui permet aux populations de prélever
le petit gibier autour des villages pour leur alimentation ;
· Motiver les populations riveraines de façon
à ce qu'elles puissent dénoncer les braconniers sans contraintes,
mais aussi ceux des villageois qui hébergeraient les braconniers
allogènes.
· Demander aux communes bénéficiant les
retombées de la conservation de financer aussi les activités de
conservation notamment en recrutant quelques gardes communaux, cette action
contribuera aussi à réduire la pauvreté
dans la région en même temps qu'elle est protectrice de la nature
;
· Promouvoir le mini élevage pour limiter le
braconnage ; en plus de l'élevage d'aulacode au stade
expérimental dans la zone, il faut promouvoir aussi les élevages
du lapin et d'antilopes de taille moyenne comme le cobe de Buffon, le Redunca
etc. Ceci permettra aussi de disposer d'une grande quantité de produits
sur le marché. Dans ce cas, l'Etat et les ONG devraient jouer un
rôle de sensibilisation et de moteur pour la mise en place de ces
élevages. Une incitation à cette activité peut être
la reconversion des riverains (pêcheurs, chasseurs et revendeurs de
viande de gibier) en mini-éleveurs. Il sera souhaitable de proposer les
labels sur cette viande issue d'élevage non conventionnel, afin de la
distinguer de celle issue du braconnage. Ceci pourra aussi rassurer les
consommateurs des centres urbains quant à la qualité des
produits. La viande de gibier abattue par les braconniers est emportée
des villages par les grossistes pour ravitailler les grands centres urbains,
c'est d'ailleurs le cas pour la plupart des pays en développement (Binot
et Cornelis, 2004 ; Ngoundoung Anoko, 2003), très souvent avec l'appui
des transporteurs des exploitations forestières (Fargeot, 2004 ; Roulet,
2004). Les deux parties fonctionnent selon un planning établi à
la discrétion totale. Le groupe des grossistes ou revendeurs constitue
le maillon principal de la chaine, car ils apportent les munitions des zones
urbaines pour ravitailler les braconniers et les encourager dans leur
activité. Le système de lutte anti braconnage doit chercher
à maîtriser ce groupe et à promouvoir le
mini-élevage pour briser cette chaine ou limiter ses activités
(figure 12).
Faune
Ménages urbains
|
|
Restaurants
|
|
Hôtels
|
|
Chasseurs traditionnels
Ménages locaux
Détaillants
Braconniers (commercial)
Collecteurs ou grossistes
Maillon important de la chaine à briser par le
mini-élevage pour limiter le braconnage
Source : Réalisé à partir des données
de terrain
Figure 6 : Circuit de consommation et commercialisation du
gibier dans la périphérie de la Bénoué
5.1.3 Interdire la pollution des eaux par les
pesticides
Pendant la saison sèche, les cours d'eau tarissent et
seules quelques mares encore présentes permettent aux animaux de
s'abreuver. C'est pendant cette période que la pêche aux
pesticides se déroule. Les pêcheurs versent en très grandes
quantités les pesticides (prévus pour la culture du coton) dans
les mares, d'où les poissons ne peuvent s'échapper. Les
mêmes eaux sont utilisées par les mammifères sauvages pour
s'abreuver et occasionnellement par certaines populations locales (d'ailleurs
très pauvres) pour la consommation. Les conséquences restent non
connues. Les effets sur la flore aquatique ne sont pas non plus connus. En
effet, les poissons prélevés par cette technique ne
résistent pas longtemps et pourrissent rapidement, dès deux
heures après le ramassage. Il est souhaitable de prendre de toute
urgence les dispositions pour éviter cette pollution due à
pareille utilisation de produits phytosanitaires, notamment par le renforcement
du contrôle anti braconnage. Il est aussi intéressant
d'évaluer l'impact de l'utilisation de ces produits sur la dynamique des
espèces de poissons, de la faune et sur la santé humaine ; une
étude devrait être envisagée à propos.
Photo 12 : Poissons capturés après avoir
empoisonné l'eau par les produits chimiques (pesticides)
5.2 A moyen terme
5.2.1 Améliorer le niveau de vie des populations
riveraines
On devra d'abord veiller au respect du cahier de charge des
guides de chasse dans les zones amodiées, l'Etat doit utiliser sa
position de force pour imposer à ces guides la réalisation des
oeuvres sociales dans les villages. Un effort devra être fait pour
améliorer la quote-part des recettes de la conservation
rétrocédées aux populations. L'implication réelle
des riverains à la gestion peut être aussi une possibilité
d'améliorer leurs conditions de vie. Selon Weladji et al.
(2003), près de 70 % des populations riveraines ne reconnaissent pas
l'importance du parc dans les localités de Gamba, Na'ari et Mbao. Il est
proposé de faire fonctionner le comité de gestion des ZIC
(COZIC), de redynamiser les comites villageois de faune (CVF) et l'Union des
Comités Villageois de la Faune (UCVF). Il s'agit aussi de respecter tout
ce qui a été proposé dans le document de cogestion. Ceci
pourra rendre confiance aux populations en ce qui concerne la protection des
ressources naturelles.
5.2.2 Envisager les études spécifiques sur
certaines espèces animales
Il serait souhaitable de mener les études
spécifiques sur certaines espèces animales ; une attention doit
être portée à l'Elan de Derby et au Buffle
(écologie, dynamique et statut) ainsi qu'à
l'éléphant (étude de ses déplacements en relation
avec son environnement). Ceci pourra renforcer la base de données sur
ces espèces et contribuera à limiter les conflits avec les
riverains. Ces thèmes pourront faire l'objet de notre prochaine
recherche.
5.2.3 Développer une base de données GIS
sur la zone pour un suivi régulier de la biodiversité
Plusieurs travaux ont été déjà menés
dans la zone, mais il n'existe pas encore une base de données pouvant
regrouper ces références au niveau des services de conservation
du parc. Les données collectées par les garde chasse lors des
patrouilles anti braconnage ne sont pas toujours exploitées de
manière à valoriser les informations disponibles pour prendre les
mesures de gestion. Nous proposons de créer au niveau du parc une base
de données GIS qui regroupera toutes les références, les
données de terrain et pourra fournir à tout moment les
informations sur la situation de la biodiversité de la zone.
5.2.4 Limiter la destruction de l'habitat par un micro
zonage
En effet, la convention de cogestion définit les
limites des différentes zones d'activités proposées en se
basant sur les cours d'eau, difficilement repérables sur le terrain
à certains endroits par les populations. Les corridors (couloir de
passage de la faune) identifiés avec l'accord de tous sont mal
respectés : coupe de bois, de paille, installation des champs,
activités pastorales etc. L'insuffisance de sensibilisation sur le micro
zonage et de matérialisation de ces zones serait à l'origine de
cette occupation. Pour que ce micro zonage puisse jouer pleinement son
rôle, il est urgent que des mesures soient prises au plus tôt pour
bien matérialiser à l'aide de points de repère bien
définis (arbres etc) les limites des différentes zones (surtout
entre ZUM et corridors) comme représenté sur la figure 13.
Figure 13 : Micro zonage dans les ZIC à cogestion
5.3 A long terme
5.3.1 Elaborer un programme de sensibilisation pour une
bonne protection des ressources L'une des faiblesses de la
stratégie actuelle de conservation est l'insuffisance de sensibilisation
tendant à informer les riverains à vivre en harmonie avec la
nature. La menace qui pèse sur la diversité biologique s'explique
aussi par une carence en éducation environnementale, la
méconnaissance du cadre réglementaire en matière de
conservation de la biodiversité par les populations riveraines. Pour
conserver davantage les ressources naturelles dans la zone, il est important de
:
Impliquer davantage les autorités traditionnelles par
l'organisation des réunions de sensibilisation et l'adoption d'un point
de vue commun sur la conservation et la protection des aires
protégées, car le soutien de l'autorité traditionnelle
à la conservation devrait être respecté par ses sujets ;
Proposer des primes aux villages qui protégeraient
mieux ou ayant réussi à sensibiliser les populations dans la
protection des ressources naturelles, après une analyse des
données collectées sur le terrain ;
Préparer avec tous les acteurs les messages
environnementaux et du matériel de sensibilisation (dépliant,
posters etc.) à passer dans la zone, en tenant compte du niveau
d'alphabétisation de ces populations.
5.3.2 Favoriser le développement de la faune par un
plan de gestion des feux de brousse
La zone n'a pas encore une stratégie de gestion des feux
de brousse alors qu'il est un outil indispensable pour l'aménagement.
Ils influencent en effet la dynamique de la végétation,
renouvellent le pâturage et
facilitent le tourisme de vision. Les feux précoces
sont recommandés, car ils ont moins d'effets négatifs sur la
végétation. La gestion des feux de brousse doit être
assurée par les services de conservation du parc. Cependant, on doit
maintenir le parc en une mosaïque de zones brûlées et non
brûlées avec une rotation dans le temps et dans l'espace en
utilisant les fleuves et pistes comme pare feu. Il faut délimiter la
zone en 5 secteurs (Nord, sud, sud-est, centre et Ouest) en fonction du niveau
d'accessibilité et de l'action anthropique. Chaque secteur sera
divisé en plusieurs petites parcelles de maximum 10km2. Cela
suppose au total 33 parcelles, soit environ 27 pour l'ensemble du parc et 6
dans les ZIC 1 et 4 (figure 14).
En année 1, les services de conservation doivent incendier
précocement 11 parcelles prises de
façon représentative dans les différents
secteurs. Cela suppose que chaque année, le choix des
parcelles mises à feu doit tenir compte de la
disponibilité des cours d'eau, des circuits
touristiques, de la diversité des habitats et aussi de la
distribution de la faune.
En année 2, les 11 autres parcelles sont incendiées
de la même manière ;
En année 3 les 11 dernières parcelles subissent
le même traitement après quoi le cycle peut recommencer. Le cycle
de trois ans permet une bonne maitrise du couvert végétal en
évitant certaines transformations naturelles qui peuvent provoquer les
changements d'habitat.
Figure 7 : Plan de gestion des feux de brousse
dans la zone
6 CONCLUSION
Ce mémoire porte sur la gestion des populations
animales et sur leur contribution à l'aménagement du parc
national de la Bénoué et au développement socio
économique des populations riveraines des ZIC 1 et 4 au Nord Cameroun.
L'objectif de ce travail est de fournir des informations nécessaires
pour la gestion durable de cette zone et de proposer des stratégies de
gestion intégrée profitable à tous. La démarche
méthodologique a consisté à effectuer un inventaire de la
faune sur le terrain (méthode de Distance Sampling), à
évaluer l'impact des actions humaines sur le terrain et à
exploiter les informations contenues dans les plans de tir et le document du
plan d'aménagement du parc. Les programmes Distance 5.0, Excel et
Arcview 3.2 ont été utilisés pour analyser les
données et élaborer les cartes nécessaires.
En ce qui concerne les résultats, la zone
d'étude présente une diversité animale assez riche
comprenant 24 espèces de mammifères de grande et moyenne taille.
Les effectifs et densités des deux espèces analysées par
le programme Distance (N = 4616, D= 1,7 pour le Cobe de Buffon
et N = 3922, D = 1,5 pour l'Ourébi) sont comme pour la
plupart des espèces, moins importants que par le passé. Cette
baisse des effectifs s'explique par l'accroissement de pressions sur la faune
notamment le braconnage, le pastoralisme, la destruction de l'habitat et la
pêche illégale. La structure d'âge suggère une
population animale jeune dans l `ensemble, avec un rapport de sexe relativement
équilibré. La répartition spatiale des espèces est
influencée par les facteurs hydriques et anthropiques, les zones
à forte concentration de la faune sont localisées au centre
tandis que celles à faible concentration sont proches des villages. Il
existe une corrélation significative (R = - 0,89 à 0,05%) entre
les densités d'activités humaines et la distribution de la faune.
Les résultats suggèrent que la chasse sportive ne repose pas sur
une gestion durable des effectifs et montrent que la non application ou le non
respect des actions d'aménagement, menacent sérieusement leur
conservation. Les effectifs de certaines espèces clés comme
l'éléphant, l'éland de Derby, le buffle et la girafe
tendent à diminuer dans la zone au fil du temps. L'analyse approfondie
des plans de tir a permis de regrouper les espèces animales en fonction
des pressions de chasse ; les espèces à forte pression (Eland de
Derby, Buffle etc.), à pression moyenne (phacochère, bubales,
cobe de Buffon, cobe défassa, Céphalophes, etc.), à
très faible pression (Babouin, Vervet etc.) et les espèces qui ne
devraient plus être inscrites dans le plan de tir à cause de leur
faible effectif ou de leur absence dans la zone (Damalisque, Lion,
Eléphant et Panthère). Il est proposé de réviser le
quota d'abattage pour ces espèces (baisse pour la plupart, hausse et
suspension). Ces espèces pourront continuer à sous tendre la
chasse sportive si les gestionnaires respectent les quotas proposés en
fonction des disponibilités et si la surveillance anti-braconnage est
améliorée. Une faible proportion des retombées de la
gestion des aires protégées (15%) est
rétrocédée aux populations riveraines pour réaliser
les oeuvres sociales afin de réduire la pauvreté. Il est
proposé d'améliorer leurs conditions de vie (augmenter si
possible ce pourcentage) pour qu'elles puissent protéger davantage les
ressources naturelles. Les résultats de cette étude indiquent
certes des potentialités assez intéressantes pour la
conservation, mais ces propositions devront être suivies pour que la zone
puisse résister aux multiples pressions.
Il convient aussi de mener les recherches dans le but de
mettre à la disposition des gestionnaires les informations fiables pour
une gestion rationnelle de la zone. Nous nous proposons si les moyens sont
disponibles de développer dans le site les études sur les
espèces animales phares ou menacées (Eland de Derby et Buffles)
en relation avec leur habitat. Car les menaces sur l'espèce peuvent
être dues à une mauvaise gestion de l'habitat, à une
mauvaise répartition du disponible alimentaire où même
à l'action anthropique. La réflexion pourra aussi être
focalisée sur la maîtrise de la pollution de l'eau par les
pesticides, leur impact sur les animaux sauvages et sur les populations
locales. Ces problématiques ne sont pas encore bien clarifiées
dans notre site d'étude et méritent de l'être pour une
bonne gestion des effectifs. Cette proposition fera appel à une
équipe pluridisciplinaire (forestiers, vétérinaires,
biologistes etc.). Devront être également impliquées dans
ces recherches les universités et laboratoires, les instituts de
recherche, les ONG de conservation ainsi que l'administration chargée de
la faune.
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8. ANNEXE
WWF-SAVANES DU NORD
DENOMBREMENT DES GRANDS ET MOYENS MAMMIFERES DANS LA ZIC
16 Annexe 1 FICHE DE COLLECTE DES DONNEES
Observateurs: 1 .
2
3
4
Date:
Heure: début: .
fin:
Quadrat n° .
Transect n° .
Azimut
longueur totale du transect
Coordonnées GPS
Début N
E .
Fin: N
E
Heure
|
Espèce
|
Effectif
|
Adulte
|
Sub-adulte
|
Jeune
|
Dist. (m)
|
Xi (m)
|
Position GPS
|
N° position
|
Remarques
|
|
F
|
I
|
M
|
F
|
I
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
M= mâle
F= femelle
I= indéterminé
|
Dist. = distance le long du transect
Xi = distance perpendiculaire par rapport à l'orientation
du transect
Angle (0) = angle d'observation (à lire sur la boussole)
par rapport à l'orientation du transect. Sa valeur varie entre 0°
et 180°.
|
|
Annexe 2 : Comparaison des IKA de quelques mammifères du
parc national de la Bénoué et des ZIC 1 et 4
|
IKA ZIC 1
|
IKA ZIC 4
|
IKA pour le PNB
|
Nom commun
|
2000
|
2004
|
2000
|
2004
|
1998i
|
20002
|
20043
|
20064
|
20055
|
Babouin doguera
|
0.03
|
0.7
|
0.04
|
1.2
|
po
|
0.02
|
0.31
|
0.0543
|
|
Singe vert
|
0.012
|
0.6
|
0.015
|
po
|
0.017
|
0.007
|
0.06
|
0.0334
|
|
Patas
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.015
|
0.002
|
Po
|
Po
|
|
Colobe guéréza
|
0.015
|
1.01
|
po
|
po
|
po
|
0.010
|
0.04
|
0.0251
|
|
Bubale
|
0.06
|
0.037
|
0.04
|
po
|
po
|
-
|
0.3
|
0.0418
|
0,22 #177;
0,05
|
Hippotrague
|
po
|
0.15
|
0.03
|
po
|
po
|
0.023
|
0.16
|
0.0209
|
|
Cobe defassa
|
0.012
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.013
|
0.09
|
Po
|
0,06 #177;
0,01
|
Cobe de Buffon
|
0.03
|
0.15
|
0.01
|
0.09
|
po
|
|
0.9
|
0.0334
|
0,75 #177; 0,14
|
Ourébi
|
0.06
|
0.07
|
0.09
|
0.06
|
po
|
|
0.2
|
|
0,22 #177; 0,04
|
Cephalophe de
Grimm
|
0.05
|
0.07
|
0.06
|
0.09
|
po
|
|
0.08
|
0.0962
|
0,22 #177; 0,05
|
Céphalophe à
flancs roux
|
0.03
|
0.15
|
0.015
|
po
|
0.015
|
0.024
|
0.05
|
0.0669
|
|
Buffle
|
po
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.002
|
0.03
|
0.0083
|
0,004 #177;
0,001
|
Redunca
|
0.05
|
0.07
|
0.04
|
0.12
|
po
|
|
0.1
|
0.0836
|
|
Hippopotame
|
|
|
|
|
|
|
0.005
|
Po
|
0,04 #177;
0,01
|
Guib harnaché
|
0.08
|
0.1
|
0.06
|
po
|
po
|
|
0.1
|
0.0669
|
0,09 #177;
0,02
|
Elan de derby
|
po
|
po
|
0.005
|
po
|
po
|
0.004
|
Po
|
|
0,009 #177;
0,002
|
Girafe
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.02
|
0.002
|
Po
|
0.0083
|
0,020 #177;
0,001
|
Phacochère
|
0.02
|
po
|
0.04
|
po
|
po
|
0.03
|
0.1
|
0.0460
|
0,07 #177;
0,01
|
Potamochère
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.009
|
po
|
Po
|
Po
|
0,004 #177;
0,002
|
Lapin d'Afrique
|
po
|
po
|
0.005
|
0.03
|
po
|
0.004
|
0.004
|
0.0083
|
|
Eléphant de savane
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.009
|
po
|
po
|
po
|
|
Oryctérope
|
|
|
|
|
|
|
Po
|
Po
|
|
Lion
|
Po
|
po
|
po
|
po
|
0.012
|
po
|
Po
|
Po
|
|
Panthère
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.000 6
|
po
|
po
|
0.004 1
|
|
Hyène tachetée
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.001
|
Po
|
po
|
0.0083
|
|
Damalisque
|
Po
|
po
|
po
|
po
|
0.000 6
|
po
|
po
|
Po
|
0,002 #177;
0,001
|
Daman de rocher
|
0.008
|
po
|
0.005
|
po
|
0.010
|
0.001
|
0.01
|
0.0083
|
|
Chacal
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.000 6
|
po
|
po
|
0.004 1
|
|
Civette
|
po
|
po
|
po
|
po
|
0.00 1
|
po
|
po
|
Po
|
|
Aulacode
|
po
|
po
|
0.010
|
po
|
po
|
0.001
|
po
|
Po
|
|
|
(1) WWF et FAC (1998) ; (2) Gomsé
et Mahop (2000) ; (3 ) Donfack et Tsakem (2004) ;(
4 ) présente étude pour l'ensemble de la zone ;
(5) Tsague (2005) ; po : pas d'observation
NB : pour les noms scientifiques, voir tableau I
Annexe 3 : Différents paramètres obtenus par
Distance l'Ourébi et le Cobe de Buffon
A- Pour l'Ourébi
Effort (distance totale parcourue) : 239000.0 mètres
Samples(nombre de quadrats échantillonnés) : 35
Width (largeur de la bande échantillonnée) :
163.0000 mètres
Observations (nombre d'observations)
|
: 29
|
|
|
Paramètre
|
Valeur
|
Erreur
|
Coefficient de
|
Intervalle de
|
|
estimée
|
Standard
|
Variation (%)
|
Confiance à 95%
|
f(0)
|
0.013346
|
0.0013876
|
10.40
|
0.010792- 0.016504
|
P
|
0.45969
|
0.047795
|
10.40
|
0.37172 - 0.56847
|
ESW
|
74.929
|
7.7906
|
10.40
|
60.590 - 92.661
|
n/L
|
0.12134
|
0.023355
|
19.25
|
0.082350 - 0.017879
|
DS
|
0.80969
|
0.17713
|
21.88
|
0.52462-1.2497
|
E(S)
|
1.8621
|
0.15476
|
8.31
|
1.5710 - 2.2070
|
D
|
1.5077
|
0.35284
|
23.40
|
0.95067 - 2.3911
|
N
|
3922
|
917.84
|
23.40
|
2473 - 6221
|
|
Component Percentages of Var(D)
Detection probability : 19.7
Encounter rate : 67.6
Cluster size : 12.6
Description des paramètres pour l'ourébi
:
· f(0) : Ordonnée à l'origine de la fonction
de densité de probabilité. Correspond à l'inverse de la
largeur de la bande effective (ESW) = 1/ESW = 0.013346
· ESW : largeur de la bande multiplié par la
probabilité de détection W*P = 74.929
· P est la probabilité de détection
(0,45969), cela signifie qu'environ 54% des animaux présents dans la
bande échantillonnée (2x1 63m) n'ont pas été
détectés.
· n/L ou IKA est le taux de rencontre, c'est-à-dire
le nombre de groupes observés par unité de longueur (groupe/km).
Il est confondu à l'Indice Kilométrique d'Abondance (IKA)
(0.12134)
· Ds est la densité en groupes d'animaux
(groupe/km2)
· E(S) : Taille moyenne des groupes d'animaux
· D est la densité de l'ourébi dans la zone
(1.5077 individus/km2) avec les intervalles de confiances de
[0.95067 2.3911]
· N est l'effectif des ourébis dans
la zone (3922) avec les intervalles de [2473 à 6221]
· On constate dans ce cas que la variabilité du
taux de rencontre est de loin la source principale d'imprécisions
(près de 67,6%). L'importance de cette valeur justifie la distribution
hétérogène des groupes d'animaux, certains transect ont
permis d'observer plusieurs groupes alors que d'autres n'n comportent aucun. La
probabilité de détection est la deuxième source
d'imprécision (19,7%) et la taille des groupes tient une part moins
importante dans la variabilité totale (12,6%).
Fonction de détection estimée par le programme
distance pour le cas de l'ourébi
B- Pour le cobe de buffon
Effort (distance totale parcourue) : 239000.0 mètres
samples(nombre de quadrats échantillonnés) : 35
Width (largeur de la bande échantillonnée) :
95.70000 mètres
Observations (nombre d'observations)
|
: 46
|
|
|
Paramètre
|
Valeur
|
Erreur
|
Coefficient de
|
Intervale de Confiance
|
|
estimée
|
Standard
|
Variation (%)
|
à 95%
|
f(0)
|
0.027235
|
0.0019789
|
7.27
|
0.023532 -0.031521
|
p
|
0.38367
|
0.027877
|
7.27
|
0.33150 - 0.44404
|
ESW
|
36.717
|
2.6678
|
7.27
|
31.724 - 42.495
|
n/L
|
0.19247
|
0.059229
|
30.77
|
0.10444-0.35468
|
DS
|
2.6210
|
0.82874
|
31.62
|
1.4029-4.8967
|
E(S)
|
4.2174
|
0.53741
|
12.74
|
3.2661 - 5.4457
|
D
|
1.7054
|
0.6682
|
34.09
|
0.8679 - 3.215
|
N
|
4616
|
1203.0
|
34.09
|
2253 - 8606
|
|
Component Percentages of Var(D) Detection probability : 4.5
Encounter rate : 81.5
Cluster size : 14.0
Description des paramètres pour le cobe de buffon :
· f(0) : Ordonnée à l'origine de la fonction
de densité de probabilité. Correspond à l'inverse de la
largeur de la bande effective (ESW) = 1/ESW = 0.027235
· ESW : largeur de la bande multiplié par la
probabilité de détection W*P = 36.717 P est la probabilité
de détection (0.38367), cela signifie qu'environ 71 % d'animaux
présents dans la bande échantillonnée (2x163m) n'ont pas
été détectés.
· n/L ou IKA est le taux de rencontre, c'est-à-dire
le nombre de groupes observés par unité de longueur (groupe/m).
Il est confondu à l'Indice Kilométrique d'Abondance (IKA)
(0.19247E-03)
· Ds est la densité en groupes d'animaux
(groupe/km2) qui est de 2.6210
· E(S) : Taille moyenne des groupes d'animaux (4.2174) ;
· D est la densité du Cobe de Buffon dans la zone
(1.7054 individus/km2) avec les intervalles de confiances de [0.8679
- 3.215]
· N est l'effectif des Cobes de Buffon dans la zone (4616)
avec les intervalles de [2253 - 8606]
· On constate dans ce cas que la variabilité du
taux de rencontre est de loin la source principale d'imprécisions
(près de 8 1,5%). L'importance de cette valeur justifie la distribution
hétérogène des groupes d'animaux, certains transects ont
permis d'observer plusieurs groupes alors que d'autres n'y comportent aucun. La
taille des groupes est la deuxième source d'imprécision (14%) et
la probabilité de détection tient une part moins importante dans
la variabilité totale (4,5%).
Fonction de détection estimée par le programme
distance pour le Cobe de Buffon
SOMMAIRE
|