ANNEXE Histoire de vie 1 Sujet :
Secrétaire du GP-FENAPRA de Tèbo Emigré de l'Atacora -
29 ans
Je m'appelle Donatien Konkouata et je suis atacorien. J'ai
laissé l'école en classe de sixième, en 1988, faute de
moyens. J'ai décidé de faire le coton et j 'ai rejoins mes
cousins à Tèbo pace que j 'ai appris que le coton marche bien
dans ce village.
J'ai commencé avec 1/4 ha de coton et on n'avait pas de
problème de retard ni d'impayé jusqu'au moment où le
secrétaire GV a commencé un jeu louche. Après qu'il ait
distribué les engrais, il les rachetait aux producteurs à 5000F
et revendait plus tard à 10.000F à ces mêmes producteurs
quand ils en ont besoin. Finalement, tout le village tombe en impayés.
Le GV a fait une réunion pour lui interdire ce mauvais comportement. Il
a ensuite cherché un autre moyen, quand on demande par exemple, un
crédit de 25.000F, il inscrit 50.000F et retire les 25.000F
supplémentaires, ce qui pose aussi des problèmes d'impayés
dans notre village. On produit toute une campagne et on n'a pas l'argent ; en
2002, c'était trop. C'est justement à ce moment que la FENAPRA
venait dans notre village et j 'ai décidé de partir dedans en
attendant de voir ce que cela pourrait donner. Mais je vous avoue que
jusqu'à maintenant tout va bien pour moi et je vends mon coton, au plus
deux semaines et j'ai mon argent. Avant quand j'étais dans le GV, je ne
gagnais rien mais maintenant où je suis secrétaire du GPFENAPRA
de mon village, une partie des ristournes qui arrivent est partagée
entre les membres du bureau et une autre est mise en caisse pour les
déplacements du bureau.
L'année passée, nous avons reçu les
engrais à 9.700F pendant que, dans les GV il est vendu à 9.900F.
les NPK n'étaient pas la même chose parce que les emballages
étaient différents, de même que les insecticides. Les
insecticides en sachet, «tampico» (Avaunt) nous ont trahi
l'année passée et moi je ne vais plus jamais l'utiliser dans mon
champ. Quand tu traites ton champ avec ce produit, deux jours après,
toutes les capsules tombent et tu verras que la plante grandit vite.
A Nikki, cette année, les producteurs du GV n'ont pas
trouvé d'engrais, ce qui fait que beaucoup sont venus dans notre
groupement. On n'a plus suffisamment d'engrais pour tous les membres du
groupement actuellement. Je viens de prendre deux sacs d'urée chez le
secrétaire du GV-Suanin qui est un parent, il s'est marié
à ma jeune soeur. Depuis que je suis dans le réseau FENAPRA, je
n'ai jamais eu de semences traitées, il y a d'autres qui parviennent
à l'avoir par le biais des amis. L'année passée, les
plants n'avaient pas poussé et
on était obligé d'acheter les semences dans les
GV. Le Yoroukou (environ 3,5 kg) est vendu à 250F. quand j 'ai voulu en
acheter, c'était trop tard, tout était fini. C'est le vrai
problème que nous avons dans le groupement.
Histoire de vie 2
Sujet : Secrétaire du GP-FENAPRA de Suanin Gros
producteur du village - 33 ans
Je m'appelle Bagoudo Pierre, je suis de Témé
(à 35 km de Suanin). Mes parents sont venus s'installer à Suanin
en 1974 parce que, dans le temps, Témé était
enclavé, on n'avait difficilement accès à l'eau potable.
Dans le même temps, ma mère perdait beaucoup d'enfants.
J'ai commencé à faire le coton à partir
de 1979 dans le champ de mon père. Nous les enfants, nous faisions le
semis, le sarclage et à la récolte, nous ramassons les tas de
coton dans les paniers. A cette époque, les encadreurs venaient dans les
champs pour voir comment chacun faisait son champ.
J'ai pris mon champ en 1985, année où j 'ai fait
le coton pour mon propre compte. Je venais de laisser l'école et le
coton marchait très bien dans notre village. En ce temps, on prenait
l'engrais et les insecticides chez les encadreurs qui connaissaient tous les
champs. On ne pouvait pas tricher avec les engrais comme cela se fait
aujourd'hui. Il n'y avait pas d'autres groupements que les GV pour
l'organisation de la production du coton. L'argent venait vite et les
producteurs avaient suffisamment de quoi vivre jusqu'à la campagne
prochaine, surtout que la vie n'était pas si chère.
En 1994, j'étais organisateur dans le bureau GV de mon
village, mais l'année suivante, j'ai dû démissionner de ce
poste parce que se sont les décisions du président et du
secrétaire qui passaient toujours. Ils ne consultent personne et
prennent des décisions en votre nom, cela a fait que certains sont
partis vers le GV de Wobakarou.
Même après mon départ du GV, j 'ai servi
le groupe en utilisant mon engin pour toutes les courses. Mais quand les
ristournes arrivent, on ne me donne même pas 1F pour le carburant parce
qu'ils me prennent comme le «gobigui» (le plus riche) du fait que j
'ai l'attelage.
En réalité, les ristournes sont partagées
entre le président, le secrétaire et quelques responsables de
l'USPP. Les paysans n'y sont jamais intéressés, ils veulent
seulement leur « propre argent » de vente du coton, c'est pourquoi il
faut que l'argent arrive vite. Jusqu'en 1996, l'argent arrivait
régulièrement et il n'y avait aucun problème. Mais
à partir de 1997, le
retard a commencé progressivement et cela ne nous
permettait plus de contrôler le GV. Parfois quand l'argent vient, le
bureau vous dit que ce n'est pas venu et on n'a pas les moyens de
vérifier. Il y a eu certaines années où nous n'avons eu
que 41% seulement de notre argent et même d'autres années
où nous n'avons pas eu 1F pour nous soulager. C'est ce problème
qui a amené à la création de AGROP devenu par la suite
FENAPRA. Il faut dire que depuis qu'on s'est détaché du CARDER,
les problèmes ont commencé. Avant les encadreurs connaissaient
tous les champs et si quelqu'un doit de l'engrais, ils le savaient et tout
marchait bien, il n'y avait pas des problèmes d'impayés.
Maintenant le secrétaire se lève et va dans son champ sans
chercher à savoir ce qui se passe à côté de lui, ce
qui encourage les détournements d'engrais dans les GV.
Je suis allé dans le réseau FENAPRA en 2002. Au
niveau de FENAPRA, on ne peut pas dire que cela ne marche pas pour le moment.
Nous avons toujours eu notre argent à temps. Mais le produit de
l'année passée n'était pas bon et quelques producteurs
sont en impayé. Avant, quand j'étais dans le GV, je n'utilise pas
les produits que j'utilise aujourd'hui dans le GP- FENAPRA. Les produits du GV
étaient certes coûteux mais plus efficaces. Dans le GV on
utilisait les produits de la recherche (LEC), mais dans le FENAPRA on n'a pas
ces produits, donc on est obligé d'utiliser ce que les distributeurs de
la FENAPRA nous donnent.
Aujourd'hui, le coton ne donne plus comme avant. Si on peut avoir
autre filière, surtout au niveau des vivriers, je vous assure qu'on
laissera tous le coton. Mais si la situation du coton continue ainsi, avec les
retards du paiement, d'ici cinq ans, plus personne ne produirait le coton dans
le Bénin
TABLE DES MATIERES
Dédicace i
Remerciements ii
Résumé iv
Abstract vi
Table des matières .. ix
Listes des tableaux xii
Listes des figures . xii
Listes des encarts . xiii
Abréviations . xiv
1. INTRODUCTION GENERALE 1
1.1 INTRODUCTION 1
1.2 PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION 2
1.3 PERTINENCE DE L'ETUDE 4
1.4 OBJECTIFS ET QUESTIONS DE RECHERCHE 4
2. CADRE METHODOLOGIQUE 6
2.1 CHOIX DE LA ZONE D'ETUDE 6
2.2 CHOIX DES VILLAGES 6
2.3 METHODE DE COLLECTE DES DONNEES 7
2.3.1 Etude documentaire 7
2.3.2 Entretiens informels 8
2.3.3 Entretiens semi-structurés 8
2.3.4 Entretiens structurés 9
2.3.5 Triangulation 9
2.4 ECHANTILLONNAGE 9
2.5 NATURE DES DONNEES COLLECTEES 10
2.6 METHODES ET OUTILS D'ANALYSE DES DONNEES 11
2.6.1 La comparaison 11
2.6.2 Les études de cas 12
2.6.3 Les diagrammes participatifs 12
2.6.4 Les histoires de vie 12
2.6.5 Les citations 13
2.7 LIMITE DE LA RECHERCHE 13
3. REVUE DE LITTERATURE 14
3.1 ANALYSE DE QUELQUES CONCEPTS 14
3.1.1 Notion de filière 14
3.1.2 Notion d'acteurs 15
3.1.3 Le concept d'institution /organisation 17
3.1.4 Notion de conflit 17
3.1.5 La notion du pouvoir dans les organisations paysannes
19
3.1.6 Notion du leadership 21
3.1.7 Les interfaces sociales 22
3.1.8 Le système de connaissance et d'information
agricole 22
3.2 EVOLUTION INSTITUTIONNELLE DE LA FILIERE COTON AU BENIN
23
4. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 26
4.2 MILIEU PHYSIQUE 26
4.2.1 Climat 26
4.2.2 La végétation et l'hydrographie
27
4.2.3 Sol et relief 27
4.3 MILIEU HUMAIN ET ACTIVITES ECONOMIQUES 28
4.3.1 Milieu humain 28
4.3.2 Peuplement et interrelations 28
4.3.3 Activités économiques 30
5. ACTEURS ET INTERFACES 1
5.1 RESTRUCTURATION DU SECTEUR AGRICOLE AU BENIN: DIFFERENTES
REFORMES ENGAGEES DANS LE SECTEUR COTON 32
5.1.1 Diverses phases de gestion de la filière
32
5.1.2 La pression pour la libéralisation et la
privatisation du secteur cotonnier 34
5.1.3 Déroulement du processus de
désengagement de l 'Etat de la gestion de la filière 35
5.1.4 Performance de la SONAPRA 37
5.1.5 Retombées du transfert au niveau de la SONAPRA
37
5.2 CADRE INSTITUTIONNEL DE LA FILIERE COTON ET SON
FONCTIONNEMENT APRES LA LIBERALISATION 38
5.2.1 Les choix stratégiques du gouvernement en
matière de réforme de la filière 38
5.2.2 Les acteurs de la filière 39
5.2.3 Fonctionnement et enjeux au niveau des nouvelles
structures 43
6. EFFETS DE LA LIBERALISATION SUR LE SYSTEME DE PRODUCTION
77
6.1 LA LIBERALISATION DU SECTEUR COTONNIER : LA SOLUTION
ATTENDUE OU UNE IMPASSE
POUR LES ACTEURS DU SECTEUR ? 77
6.2 RECHERCHE COTONNIERE 78
6.3 VULGARISATION AGRICOLE 80
6.4 LA STABILISATION ET LE SOUTIEN DES PRIX DE COTON 81
6.5 LA LIBERALISATION DE LA FILIERE ET LE TRANSFERT DE POUVOIR
AUX MOUVEMENTS PAYSANS 82
6.5.1 Les producteurs et la fixation du prix du coton graine
82
6.5.2 Effets de la réforme sur le bien-être des
producteurs de coton 83
6.6. IMPACTS DE LA LIBERALISATION SUR LES PRATIQUES AGRICOLES EN
COTON: CAS DU CONTROLE DES RAVAGEURS 84
6.6.1 Méthode de contrôle des ravageurs avant
la libéralisation 84
6.6.2 Méthode de contrôle des ravageurs
après la libéralisation 85
7. PERSPECTIVES DE LIENS INSTITUTIONNELS DES ACTEURS 87
7.1 ATTENTES DES ACTEURS 87
7.1.1 Attentes des producteurs 87
7.1.2 Attentes des distributeurs d'intrants 87
7.1.3 Attentes des égreneurs 88
7.1.4 Attentes de la recherche 88
7.2 APPRECIATION DE LA PORTEE DE LA REFORME DU SECTEUR COTON
88
7.2.1 Evaluation par rapport aux producteurs 88
7.2.2 Evaluation par rapport aux autres acteurs 90
8.1 UNE FORME DE IPM DANS LE CONTROLE DES RAVAGEURS AU BENIN:
LA LUTTE ETAGEE
CIBLEE 92
8.2 LA PARTICIPATION PAYSANNE DANS LA MISE EN PLACE DES
INNOVATIONS 94
8.2.1 Qu'est ce que la participation ? 94
8.3.2 Quel type de participation a t-on besoin pour la
conduite des innovations ? 95
8.3.3 Rôles et motivations de chaque acteur dans la
génération des innovations
agricoles participatives 95
8.3.4 Les obstacles à la participation 97
9- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 100
10. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 102
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