La démographie a influencé les pratiques
foncières à Dèrègouè à travers
l'accroissement de la population et ses corollaires que sont l'accroissement
des espaces de culture, ainsi que la pression démographique sur les
terres.
Comme nous l'avons mentionné plus haut, la population
de la zone d'étude a augmenté ces dernières années
avec un taux de progression de 64,4% entre 1996 et 2004. Cette croissance est
due aux migrations et au croît naturel. Elle a entraîné dans
la zone une augmentation des demandes de terre avec comme conséquence un
accroissement des superficies cultivées (Cf. carte de l'occupation des
sols à Dèrègouè en 1984 et 2000, pp 86- 87). C'est
ainsi qu'une forte pression démographique a été
exercée sur la terre, ce qui a accéléré la
saturation foncière.
En effet, les populations enquêtées disent que
la terre est « finie » à
Dèrègouè à cause de l'intensification des
immigrations qui, conjuguée au croît naturel, a
accéléré la croissance de la population et partant, la
saturation des terres ces dernières années. Cette saturation
foncière explique le fait que les nouvelles demandes sont de moins en
moins satisfaites ou sont accordées aux prix de retraits de champs et de
réductions de superficie. Ce manque de terre est en effet l'argument
avancé par bon nombre de propriétaires terriens coutumiers pour
justifier la réduction de la superficie des champs afin de satisfaire de
nouvelles demandes de terres. Un des faits illustrant la saturation
foncière dans la zone est l'attribution importante des espaces
cultivables de la zone pastorale aux migrants installés dans les
années 2000. Cela a
entraîné le rétrécissement des zones
de pâturage qui a été l'un des mobiles du
déguerpissement des exploitants du site pastoral.
Les données de la campagne agricole 2002/2003 dans le
département de Sidéradougou, dont relève notre zone
d'étude, montrent aussi que les superficies cultivées ont
augmenté. En effet, entre 1995 et 2003, période d'intensification
des immigrations agricoles dans le département, elles ont connu un taux
de progression de 29%. Cet accroissement de superficie cultivée a
été accéléré de 1995 à 2003, mais a
entamé une phase de ralentissement à partir de l'année
2003, période de la saturation foncière (Cf. graphique n°11,
page 84). La croissance de la superficie des terres cultivées se
confirme à travers les cartes d'occupation des sols qui
présentent un accroissement des superficies entre 1984 et 2000. En 1984
les champs étaient concentrés autours des concessions. Par contre
en 2000, ils occupaient la quasi-totalité de la zone au détriment
de la végétation naturelle. Les concessions ont augmenté
en nombre avec la naissance de villages tels que Tomora, Soukroulaye,
Wopé, Tôrko, Ouratenga, etc., occupé à
majorité par les migrants.
Graphique n°11
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
Evolution de la superficie cultivée dans le
département de
Sidéradougou de 1995 à 2004
1995/1996 2002/2003 2003/2004
Période
Superficie cultivée
Source : ZATA du département de
Sidéradougou, campagne agricole 2002-2003
L'accroissement démographique n'est pas le seul facteur
explicatif des problèmes fonciers à
Dèrègouè. Il y'aussi les déterminants
socio-économiques.