Chapitre 3.2 :
Connaissances et ampleur du phénomène de viols sur les albinos
Ce point porte son regard sur la connaissance des populations
enquêtées sur les viols des albinos et sur son ampleur afin de
mieux saisir l'un des objectifs fixés par la présente
étude.
- Répartition des enquêtés selon
le fait d'avoir entendu parler ou non de viols à l'égard des
albinos et sexe.
Consciente de ce que tous les enquêtés
interviewés n'étaient pas des albinos et des victimes des viols
dont il est question dans cette étude, il était important de voir
si ces personnes avaient entendu parler des viols faits aux femmes albinos
uniquement. L'examen des données reproduites dans le tableau 7 y relatif
montre que la majorité des individus interrogés (63,15%) ont
effectivement entendu parler des viols des albinos, contre seulement 27,36% qui
n'ont rien entendu du tout. Un enquêté nous a
confié :
(N.), albinos : `' aujourd'hui, plus rien ne passe
sous silence. Qui n'est pas au courant des viols des albinos ? Je suis au
courant mais, les gens font semblant de l'ignorer parce que ce sont des hommes
politiques qui seraient au centre de ces exactions sexuelles. La liberté
d'expression n'est pas admise dans cette société où il y a
tout le temps les règlements de compte.''
Ce fait est bien connu par la majorité de nos
enquêtés, et cette connaissance est constatée tant chez les
femmes que chez les hommes. Cette forte proportion des personnes qui
reconnaissent avoir entendu parler de ce fait social montre que les viols des
personnes albinos sont devenus un fait social courant avec le risque
d'être banalisé dans cette société congolaise si des
mesures rigoureuses ne sont pas prises par les pouvoirs publics. Mais, si ce
phénomène social est bien connu des brazzavillois, il reste
à savoir comment définissent ou se représentent ils ces
albinos.
- Répartition des enquêtés ayant
entendu parler de viols des albinos selon le fait de connaître ou non une
victime et sexe.
Parmi les personnes qui ont déclaré avoir
entendu parler de viol sur les albinos, 63,33% ne connaissent aucune victime
contre 20% qui connaissent au moins une albinos victime.
Ce manque de connaissance des individus albinos victimes est
plus remarqué chez les femmes (35%) contre 28,33% des hommes. Ce manque
de reconnaissance dénote également un certain
désintéressement de la personne albinos dans cette
société congolaise.
`'Mon temps est très précieux et je ne puis
le consacrer à des insanités ou futilités. La situation
des albinos me préoccupe peu... pour tout vous dire. C'est le cadet de
mes soucis, donc j'ignore si elles sont victimes de viols ou non. Mais entre
temps, pourquoi les violer ? Mais les hommes n'ont aucune
gène.'' A déclaré (A.)., une étudiante de
24ans.
- Répartition des enquêtés ayant
déclaré connaître la victime albinos selon le nombre
déclaré de celles-ci
Dans l'ensemble, (12 soit 20%) les personnes ont
déclaré connaître au moins une femme albinos
violée.
(Pasteur M. R.):'' Le viol des albinos n'est plus un
phénomène à nier et en tant que serviteur de Dieu, j'ai
reçu plusieurs femmes victimes dont les albinos. Leur situation
m'écoeure énormément. Car les albinos ne disent rien,
elles ont tendance à accepter cela comme une punition divine. Il arrive
parfois, quand elles viennent m'en parler de demander pardon à Dieu,
parce que justement elles pensent qu'elles sont responsables de qui se produit
dans leur vie...''
(La majorité des enquêtés (58,33%)
connaissent une seule victime ; ceux qui en connaissent deux
représentent 25% ; 16,66% connaissent trois ou plus victimes.
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