DISCUSSION
La maladie de l'enroulement des feuilles jaunes en
cuillère de tomate est la plus dévastatrice des maladies de la
tomate. Beaucoup de ces espèces virales appartiennent au genre
begomovirus de la famille des geminiviridaes qui ont été
associées à la tomate [14]. Deux espèces sont connues
comme agent causal de la maladie au niveau de l'hémisphère ouest,
TYLCV (type Israélite) et TYLCSV-ES [2] (type Sardingue).Ces deux
espèces se retrouvent en Espagne et en Italie [5]. Ces virus sont
transmis pour la mouche blanche de l'espèce Bemisia
tabaci.
L'identification moléculaire est nécessaire pour
évaluer la diversité génétique des souches qui
circulent afin de développer des mesures de prévention contre les
isolats qui s'avèrent néfastes pour la culture des tomates.
Au cours de cette étude nous avons testé 24
échantillons. Ils ont été prélevés à
Baguinéda (Zone traditionnelle de production de tomate au Mali) et en
périphérie de la ville de Bamako.
Cette étude serait une contribution à la
connaissance des virus circulants dans la zone de Baguineda zone par excellence
de maraîchage.
. La limite de l'utilisation de nos amorces est que la mise en
évidence de la diversité est strictement fonction des souches
israélite et Sardingue.
Parmi les vingt quatre échantillons de tomate
traités, quinze ont pu être amplifiés soit un total de
62.5% et neuf non amplifiés soit un total de 37,5%. Cet échec
serait dû probablement soit à des délétions ou
ajouts de nucléotides qui changeraient les séquences sur
lesquelles les amorces s'apparieront [5] ,ou probablement à l'existence
des formes hybrides qui ont étés observés par d'autres
auteurs ([16] ; [17]), que nos amorces ne pouvaient pas reconnaître
afin d'initier les réactions d'amplification par PCR La
négativité de l'amplification par PCR peut s'expliquer aussi par
l'absence du génome viral dans les échantillons de feuilles
collectées.
Selon la taille des produits de multiplex PCR observé
chez ces échantillons, nous avons trouvé trois types de
fragments. Le premier fragment correspondant au génotype TYLCVMld a
été retrouvé au Sénégal et au Cape Vert [2].
Ce génotype est lié sur le plan génétique à
la souche retrouvée au Moyen Orient [2]. Quant au second, il correspond
au génotype TYLCSV-ES [2] (type Sardingue), il se retrouve en Espagne et
en Italie ou il cause le changement de coloration des feuilles (qui deviennent
aussi jaunes) et le rabougrissement des plants de tomate. Ce génotype a
été retrouvé au Mali au cours de notre étude. Le
troisième génotype TYLCV est une souche cosmopolite
retrouvée sur tous les continents [5]. Cependant ce génotype
serait lié à la souche TYLCV de type Israélite.
L'examen des fragments de PCR a montré que
l'amplification par une même paire d'amorce montre la présence de
plusieurs fragments dont les tailles varient sur le gel d'agarose.
Pour le cas de TYLCV (type israélite), les tailles ont
varié de 638 à 618 paires de bases sur le même gel
g'agarose. Nous pensons que chaque fragment représente un type de TYLCV
(Israélite). Pour le TYLCSV-ES [2] (type Sardingue), la taille des
fragments ont varié de 401 à 360 paires de bases sur le
même gel. Et pour le TYLCVMld (type Méditerranéen), de 290
à 276 paires de bases sur le même gel d'agarose. Cette observation
donne une autre dimension à notre analyse, c'est-à-dire la notion
de polymorphisme de taille généré soit par addition ou
délétion de base sur la région cible de l'amplification
par les amorces (thèse de Koita).
Ainsi pour la souche TYLCV la taille moyenne était 629
Pb, ce qui diffère de 5 Pb de la taille attendue (figure2.) En utilisant
les marqueurs pour le génotype TYLCSV-ES [2], la moyenne de la taille
des fragments était 386 paires de bases ce qui diffère de 48
paires de bases par rapport à la taille du fragment de
référence (figure 4). Quant au génotype TYLCVMld, il y a
une différence de 32 paires de bases entre la moyenne des fragments
obtenus au cours de notre étude et le fragment de
référence (figure 3).
Le génotype TYLCV (type Israélite) et TYLCVMld
(type Méditerranéen) sont associés au rabougrissement de
la plante (p = 0,03). Mais nous n'avons pas retrouvé une relation
statistiquement significative entre l'enroulement des feuilles et les deux
génotypes, quoiqu'il y ait des plantes infectées avec ces deux
génotypes présentaient des feuilles enroulées. Le fait que
ces deux génotypes produisent les mêmes symptômes est
compréhensible, ils appartiennent à la même espèce
TYLCV (type Israélite)
Par contre l'enroulement des feuilles était
associé d'une manière statistiquement significative avec la
présence de TYLCSV-ES [2] (type Sardingue) p = 0,001.
Ainsi, nous pouvons suggérer que la
sévérité de la maladie dépend de la présence
simultanée des trois génotypes qui appartiennent à deux
espèces.
La conséquence de cette multiple infection par les
trois génotypes est que la mouche blanche (B tabaci) peut
être infectée par les trois génotypes. La présence
de ces trois génotypes pourrait entraîner la formation des formes
recombinantes à la suite de brassage génétique ([4] ;
[13]).
Nous avons observé que le TYLCV et TYLCVMld sont
associés et ils représentent la souche Israélite avec
37,5% de fréquence tandis que le TYLCSV-ES [2] révèle la
présence de la souche Sardiniavirus avec 62,5% de fréquence. Cela
était attendu car la même amorce aller permet à la fois
d'amplifier TYLCV et TYLCVMld (tableau III).
Les produits amplifiés par multiplex PCR ont
montré des fragments de taille differentes.Trois types de fragments ont
été obtenus.
Le fragment de 629 paires de bases se rapprocherait du
génotype TYLCV qui présente 634 paires de bases selon
l'étude Anfoka et al [6] (figure2). Le second fragment a une
taille de 386 paires de bases cette taille serait proche de la taille du
génotype TYLCSV-ES [2] avec 434 paires de bases que Anfoka et
al auront observés à leur étude (figure4).
Enfin le troisième fragment observé au cours de
notre étude aurait 284 paires de bases qui se rapprocheraient du
génotype TYLCVMld de type Méditerranéen qui a une taille
de 316 paires de bases (figure3). Il faudra noter que cette différence
entre les tailles de nos génotypes avec ceux obtenus par Anfoka et
al peuvent avoir pour cause ; 1] les conditions de migration
electrophoretique de notre laboratoire (notre temps de migration était
différent de celui de Anfoka et al ;2] aux réarrangement,
insertion ou délétion qui pourraient joués sur la longueur
des segment d'ADN venant des souches locales, indiquerait des virus
différents.
La technique de séquençage serait l'outil
idéal pour confirmer cette observation.
Donc notre étude montre que les trois génotypes
trouvés ailleurs [11] se retrouve au Mali Mais la fréquence des
trois génotypes est différentes ainsi TYLCSV-ES [2] était
le plus présent avec 62.5%(15/24) suivi des deux autres qui se trouvent
dans un système de co-infection (infection simultanée de la
tomate par les deux génotypes), de l'ordre de 37,5%.
Cependant à l'intérieur des génotypes
TYLCSV-ES [2], nous avons un polymorphisme de taille. Nous avons une variation
de taille de 401 à 360 paires de bases, suggérant l'existence des
sous types de cette souche. Ce phénomène est observé dans
d'autres systèmes viraux tels que le VIH. Il en est de même chez
les deux génotypes (TYLCV et TYLCVMld).
L'enroulement des feuilles et le changement des couleurs sont
des paramètres qui n'ont pas données une relation statistiquement
significative chez le TYLCV et le TYLCVM1d (X2 = 4.126 et p =
0.078), par contre, le rabougrissement a donné une relation
statistiquement significative chez ces deux isolats (X2 = 9.455 et
p= 0.003).
Chez le TYLCSV-ES [2], l'enroulement des feuilles (X2
= 13.333 et p = 0.001) et le rabougrissement (X2 = 12.185 et p
= 0.001) ont donnés une relation statistiquement significative. Le
changement de couleur n'a pas présenté une relation
statistiquement significative (X2 = 3.789 et p = 0.118).
L'analyse par le test de Fisher montre qu'il existe une
relation statistiquement significative entre les symptômes et
génotype. Cette variabilité de ce génome viral peut
conduire à la formation de formes hybrides [8,12] (résultats des
recombinaisons entre deux génotypes) comme constaté par
Sánchez-Campos, S [15]. La conséquence de cette
réarrangement génétique est d'accroître le
répertoire antigénique des ces virus empêchant le
développement normal de la plante. Plusieurs symptômes sont
associées à la présence des Begomovirus chez la
tomate (enroulement des feuilles, coloration des feuilles et le
rabougrissement générale de la plante. Ces observation ont
été aussi faites par Konaté [10].
Il y a plusieurs méthodes de typer le génome,
nous avons utilisé la technique de multiplex PCR [9] qui permet de
détecter simultanément différents fragments d'ADN d'un
microorganisme donné. Elle a l'avantage d'être économique
(moins de réactifs), avec un temps assez court pour l'amplification. Par
contre, elle requiert que les amorces aient la même température
d'appariement. Aussi il était possible d'utiliser la RFLP, cette
technique demande une grande quantité d'ADN et ce qui n'est pas le cas
lorsqu'on à faire des souches sauvages collectées sur le
terrain.
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