Mémoire de sortie
La science est un véritable parasite : plus le
nombre des patients est élevé, plus la physiologie et la
pathologie progressent, et donc meilleurs sont les résultats
thérapeutiques obtenus. L'année 1932 marque le moment le plus
noir de la grande dépression et c'est de son cadre honni qu'a
progressivement émergé la nouvelle discipline que nous appelons
aujourd'hui macroéconomie.
Paul Samuelson.
Table des matières
Remerciements v
Dédicaces vii
Liste des tableaux, schémas et sigles
viii
Préambule 1
Introduction 4
I.) Présentation des idées
théoriques sur l'inflation et revenu des ménages 11
I.1) Présentation de certains types d'inflation
12
I.1.1) Inflation par les couts 12
I.1.2) Inflation par la demande 12
I.1.3) Inflation séculaire 12
I.1.4) Inflation galopante 12
I.2) Facteurs explicatifs du coût de la vie 13
I.2.1) Approche de Fritz Deshommes 14
I.2.2) Approche de Fréderic Gerald Chéry
15
I.3) Mesure de l'inflation 16
I.3.1) Notion d'Indice 16
I.3.2) Indice des Prix à la Consommation
(IPC) 17
I.4) Analyse de l'offre et de la demande 18
I.5) Analyse sommaire des principales composantes de la
balance des paiements 22
I.6) Typologie de revenu : Énoncé et
Analyse 24
I.6.1) Revenu personnel 24
I.6.2) Revenu personnel disponible 24
I.6.3) Revenu National (RN) 24
I.6.4) Revenu National Brut (RNB)
24
I.6.5) Revenu National Net (RNN) 25
I.6.6) Revenu d'équilibre (Ye) 25
I.7) Analyse macroéconomique du revenu 25
I.7.1) Approche de Brown (Effets de Brown) 25
I.7.2) Approche de Keynes 26
I.7.3) Approche de Duesenberry 27
I.7.4) Approche de Kalecki 28
I.7.5) Théories du revenu permanent et du cycle de vie
29
II.) Analyse sommaire de l'économie
haïtienne : 1975&2004 32
II.1) Structure du taux de croissance du PIB
et son apport au secteur réel 38
II.1.1) Secteur primaire 41
II.1.2) Secteur secondaire 47
II.1.3) Secteur tertiaire 48
II.2) Évolution de la balance des paiements 49
II.2.1) Mouvements des capitaux 49
II.2.2) Évolution du commerce extérieur
51
II.3) Étude comparative du système des Finances
Publiques 54
II.3.1) Recettes publiques 55
II.3.2) Dépenses Publiques 57
II.3.3) Solde budgétaire 58
III.) Analyse des principaux mécanismes du
coût de la vie en Haïti 60
III.1) Besoins de consommation et inflation en Haïti
61
III.2) Circulation monétaire et hausse des prix
64
III.3) Déficit budgétaire et coût de la
vie 66
III.4) Balance des paiements et taux de change 67
IV.) Illustration du modèle
économétrique 73
IV.1) Présentation du modèle
économétrique 73
IV.2) Présentation des variables et
hypothèses du modèle 74
IV.3) Présentation des variables 74
IV.2.2) Hypothèses du modèle 74
IV.3) Estimations du modèle et analyse des
résultats 75
IV.3.1) Estimations du modèle 75
IV.3.2) Analyse des résultats de
l'estimation du modèle 77
IV. 4) Tests statistiques 80
IV.4.1) Test de stabilité des coefficients/test de la
racine unitaire 80
IV.4.2) Test de la signification globale des coefficients
(test de Fischer) 84
IV.4.3) Test de Durbin-Watson 85
IV.4.4) Test de Breusch-Godfrey 88
IV.4.5) Test de détection de
multicollinéarité 90
IV.4.5.1) Test de Klein 90
IV.4.5.2) Test de Farrar -Glauber 91
IV.4.6) Test de Normalité des erreurs 92
IV.5) Conclusion du modèle 93
Conclusions & Recommandations
95
Annexes 101
Bibliographie sélective 102
Remerciements
Il ne paraîtrait possible de manifester ou contempler
émotionnellement certains faits de la nature sans la grâce et la
bénédiction du Grand Chef de l'univers que nous ne cesserons
jamais de remercier. En effet, comment aurais - je pu passer ce cycle de
quatre années et d'autres moments qui me paraissent difficiles et
pernicieux sans l'aide de notre doux sauveur, ne serait-ce l'espace d'un
sciemment. Que son Saint nom soit toujours béni !
Nos premiers mots de remerciement s'adressent surtout aux
enseignants du département des Sciences Économiques de la
Faculté de Droit et des Sciences Économiques des Cayes
(FDSEC) de l'Université d'État d'Haïti
(UEH) auxquels, nous tenons à rendre un vibrant hommage
et, à travers eux, tous les enseignants et éducateurs que nous
avons eu la chance et l'honneur de rencontrer durant notre parcours scolaire.
Ce travail représente la cueillette des diverses informations et cours
compilés en salle de classe et dans nos pérégrinations,
c'est donc par cette voie que je prétends aujourd'hui à
intervenir dans certains champs spéciaux sur le marché du
travail. Au doyen M. Gelin I. Collot, aux vice doyens
Elie Méus et Jean Michel Bonnet respectivement chef du
département des Sciences Économiques et Juridiques nous
manifestons solennellement notre profonde gratitude et témoignons de
notre respect et de notre considération.
Toute ma gratitude est adressée au professeur Eddy N.
Labossière pour avoir dirigé et encadré
la rédaction de ce mémoire.
Je remercie de tout mon coeur mon père, ma mère,
mes oncles, mes tantes, mes frères, mes soeurs, mes cousins, mes
cousines, mes neveux et mes nièces. Je n'ai peut-être pas toujours
été à la hauteur de vos attentes individuelles ou
collectives mais votre soutien financier, moral et votre amour m'ont permis
d'arriver jusqu'à ce point. Puisse ce diplôme nous ouvrir à
tous des lendemains meilleurs.
Nous profitons de cette occasion pour penser à nos
amis, nos amis de toujours, les « compagnons de fortune et
d'infortune » et les compagnons de galère: Jules Omega,
Beaubrun Michelet, Paul André Batallien et à mon petit
frère Carl Henri Jeanty. .
Un spécial remerciement à la famille
Kelyan Luigi MOISE d'avoir passé avec elle des moments
agréables en leur compagnie.
Je n'oublie surtout pas les camarades de promotion durant
toutes ces années d'écoles, surtout Blaise
Tolbert , un ami et frère, qui m'a tant épaulé
dans mes démarches et à tous les travaux de finition tant sur le
plan intellectuel et moral.
La liste de personnes ci-dessus, n'étant pas
exhaustive, nous réclamons l'indulgence de toutes celles qui n'y
retrouveront pas leurs noms. Nous les assurons que leur souvenir restera,
toutefois, à jamais gravé dans nos mémoires.
A tous ceux et à toutes celles dont les acronymes
n'apparaissent pas sur cette page, ils sont nombreux, qu'ils demeurent
convaincus, que nous ne les avons point oubliées et qu'ils soient
assurés de notre profonde gratitude. Merci.
Dédicaces
Ce mémoire est dédié à mon
regretté père « Gérard
JULES » et ma très chère mère ''Pauline
LOUIS ''qui m'ont toujours poussé et motivé dans
mes études. Sans eux, je n'aurais certainement pas fait d'études
longues. Ce mémoire représente donc l'aboutissement du soutien et
des encouragements qu'il m'a prodigués tout au long de ma
scolarité. Qu'ils en soient remerciés par cette trop modeste
dédicace et que Dieu leur donne l'opportunité de
progresser dans toutes leurs activités.
Je dédie également ce travail :
A ma femme « Malica Nadine
MOISE », laquelle demeure quoiqu'il advienne d'une
façon inoubliable dans ma vie jusqu'à l'au-delà.
Enfin, à tous ceux qui souhaitent présenter un
jour leur mémoire de sortie, je leur dis courage, mon travail leur est
dédié !
Liste des tableaux, schémas et sigles :
Liste des tableaux
I. Tableau I : Produit Intérieur
Brut par secteur (en millions de gourdes constantes) :1975/04.
II. Tableau II : Couverture des besoins
alimentaires.
III. Tableau III : Evolution comparative
de la productivité agricole par région.
IV. Tableau III : Effectif de la monnaie
en circulation et des réserves nettes de change (en millions de
gourdes) :1975/2004.
V. Tableau V : Le ratio des
exportations/importations en pourcentage : 1986&2004.
VI. Tableau VI : Recettes,
Dépenses et solde budgétaire (en millions de
gourdes) :1975/2004.
VII. Tableau VII : EBCM
1987-1988 et 1999-2000.
VIII. Tableau VIII : Évolution de
la quantité de monnaie en circulation, du taux de change et de l'Indice
des Prix à la consommation (IPC) (en millions de
gourdes): 1975/2004.
IX. Tableau IX : Résultats de
l'estimation du modèle.
X. Tableau X.1 : Résultat de
l'estimation du modèle pour la 1ère sous
période : 1975&1990.
XI. Tableau X.2 :
Résultat de l'estimation du modèle pour la 2eme sous
période : 1991&2004.
XII. Tableau XI : Correction de
l'autocorrelation des termes d'erreurs par le test de
Durbin-Watson.
XIII. Tableau XII : Correction de
l'autocorrelation des termes d'erreurs par le test de Breusch-Godfrey et de
LM. .
XIV. Tableau XIII : Vue des
corrélations partielles.
Liste des schémas
i) Schéma I : Graphique des
résidus
ii) Schéma II : Test de
Normalité des Erreurs.
Liste des
Sigles
I. ECVH : Enquête sur les
Conditions de Vie en Haïti.
II. IHSI : Institut Haïtien de
Statistique et d'Informatique.
III. USA : United States of America
IV. PIB : Produit Intérieur
Brut
V. IPC:Indice des Prix a la Consommation
VI. AHE : Association Haïtienne des
Economistes
VII. BRH : Banque de la
République d'Haïti.
VIII. E-views : Econometric views
IX. PNB: Produit National Brut
X. PMC: Propension Marginale à
Consommer
XI. FMI : Fond Monétaire
International
XII. BTP : Bâtiments et Travaux
Publics
XIII. PNUD : Programme des Nations Unies
pour le Développement.
XIV. Kw/h : Kilowatt /heure.
XV. E.U :Etats-Unis
XVI. MEF : Ministère de
l'Economie et des Finances
XVII. MG : Millions de gourdes
XVIII. $US : United States of dollar
XIX. BID : Banque Interaméricaine
de Développement
XX. TM : Tonnes Métriques
XXI. TEC : Tonnes-Equivalent
-Céréales.
XXII. IGSAM : Indices Globaux de
Sécurité Alimentaire.
XXIII. CNSA : Conseil National de
Sécurité Alimentaire.
XXIV. BM : Banque Mondiale.
XXV. MCO : Moindres Carres Ordinaires
XXVI. SCR : Somme des Carres des
Résidus.
XXVII. UNICEF : Fonds des Nations Unies
Pour l'Enfance.
XXVIII. EBCM : Enquête Budget
Consommation des Ménages.
XXIX. UEH : Université d'Etat
d'Haïti.
XXX. FDSEC : Faculté de Droit
& Sciences Économiques des Cayes.
XXXI. RN : Revenu National.
XXXII. RNB : Revenu National Brut.
XXXIII. PPA : Parité de Pouvoir
d'Achat.
XXXIV. RNN : Revenu National Net.
XXXV. MG : Millions de Gourdes
XXXVI. BACC : Bureau d'Appui à la
Coopération Canadienne.
XXXVII. PAS : Programme d'Ajustement
Structurel.
XXXVIII. BTP : Bâtiments et
Travaux Publics.
XXXIX. WWW : World Wilde Web.
Préambule
La décennie 70 écoulée, l'économie
haïtienne est entrée progressivement dans un état critique
rendant la vie de plus en plus pénible à tous les niveaux du
pays. Un simple coup d'oeil analysant son évolution, depuis la fin de
cette période, montre aisément, en effet, que ce pays fait face
à d'énormes problèmes (infrastructurel, budgétaire,
social, environnemental et autre). Le marasme est tel, que chaque secteur pris
séparément représente une priorité en soi, qui,
justement, rend difficile l'adoption de choix cohérents de la part des
décideurs publics.
En effet, l'handicape majeur des branches d'activités
du secteur réel, conduisant au net ralentissement du système des
finances publiques, est entretenu par la valeur grandissante du déficit
budgétaire et commercial. Les difficultés découlant de
l'instabilité politique chronique, durant plus de deux décennies,
obligent les bailleurs de fonds et investisseurs étrangers comme locaux
à se retirer du pays. Les catastrophes naturelles, la hausse du cours
des produits pétroliers et l'incapacité de l'Etat de continuer
à subventionner ces produits stratégiques, assombrissent encore
davantage ce tableau.
Dans un tel contexte, la problématique de la
montée du coût de la vie a atteint des proportions
inégalées. Pour citer l'Economiste Harry Salomon1(*), avec une inflation de
près de 15% en rythme mensuel et de plus de 28% en glissement annuelle,
l'indice des prix à la consommation (IPC) a franchi,
dès mai 2003, la barre psychologique des 40%2(*).
Classée régulièrement parmi les
priorités des décideurs étatiques, cette
problématique révèle un contraste où il semblerait
n'exister, dans le cas d'Haïti, aucun mécanisme de contrôle
des prix de la part des décideurs étatiques. Introduisant son
livre « Vie Chère et Politique Economique en
Haïti », l'Economiste Fritz Deshommes3(*) a
signalé que, « le hic est que dans tous les cas, ou presque,
les résultats obtenus se sont révélés si maigres
et/ou si éphémères que l'on se croirait en présence
d'un problème insurmontable, d'un véritable casse-tête,
pour lequel n'existe aucune solution viable et qu'il faut se résigner
à subir avec courage et abnégation ».
Selon une enquête sur les conditions de vie en
Haïti (ECVH), réalisée en 2001 par
l'IHSI, 73.8% des ménages s'en remettent à Dieu
en ce qui a trait à l'évolution future de la situation
économique du ménage.
La complexité du problème fait actuellement
l'objet de débats et plusieurs thérapeutiques ont
été avancées. C'est dans ce cadre là que nous avons
tenté d'apporter notre modique contribution par un coup de projecteur
sur « la problématique de l'inflation au travers des
principaux déterminants du revenu des ménages de 1975 à
2004 ».
Nous n'avons nullement la prétention d'avoir
traité la question de manière exhaustive. Les difficultés
d'obtention des données statistiques nécessaires à notre
analyse ou l'accès à une documentation actualisée ont
constitué des limites importantes.
Aussi, vos critiques et suggestions vont contribuer à
l'améliorer ou le parfaire. Tout en reconnaissant et en
appréciant hautement la contribution de notre encadreur, nous assumons
entièrement les insuffisances et les manquements de ce travail.
Introduction.-
La cherté de la vie est un phénomène
affectant l'économie de tous les pays de la planète, mais surtout
de manière plus accentuée ceux du tiers-monde. Ce fléau
frappant, dans la plupart des cas, tous les circuits économiques d'un
pays, peut même conduire à freiner sa croissance dans la mesure
où l'évolution des prix n'est pas suffisamment
maîtrisée par les décideurs étatiques.
Haïti, pays tiers-mondiste, expérimente ce
problème depuis plus de deux décennies déjà. En
effet, depuis la fin de la décennie 70, l'on assiste non seulement
à l'effritement dramatique du pouvoir d'achat des ménages (baisse
des salaires), mais aussi à la problématique manifeste des prix
qui ne cessent d'évoluer à la hausse. Cette situation a
occasionné des ralentissements nets de l'activité
économique, freinant ainsi l'élan favorable qu'a connu le pays au
cours de la décennie 704(*).
Les grands faits marquant le tournant décisif de
l'économie haïtienne ne remontent, en effet, que jusqu'à la
décennie des années 70. A cette époque, l'exportation de
produits agricoles, qui constituaient l'une des forces de devises du pays, a
crû à un taux annuel de 10%. Le secteur primaire a
enregistré un taux de 1.05%. Les deux autres secteurs, à savoir
le secondaire et le tertiaire, se révélaient également
dynamique, croissant en moyenne de 4.56% et de 4.60%, respectivement. Au cours
de cette décennie, l'économie a également
enregistré un taux de croissance de 4.5%, alors que le revenu national
par habitant croissait à un rythme de 3% pour atteindre, en 1979 et
1980, le niveau d'offre de 215 dollars américains au prix constant en
1976(5(*)).
Or, à partir des années 80, plus
précisément dès 1981, l'économie haïtienne est
entrée, « paradoxalement », dans une phase de
récession. Ainsi, à la faveur de cette dégringolade le
niveau du coût de la vie a donc entrepris sa marche ascendante. Dans un
article publié dans le bulletin économique de l'Association
Haïtienne des Economistes (AHE), l'Economiste
Frédéric-Gérald Chéry estimait,
sur la base des données publiées par l'Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatique (IHSI), que les prix ont
été multipliés par 8 entre 1986 et 2002(6(*)). Alors que, durant la
même période, le salaire minimum n'a augmenté que de 4.67
fois7(*).
Durant la décennie 80, à la faveur notamment de
la récession mondiale et des événements politiques de la
moitié de cette période, l'on a donc assisté à une
baisse sans précédent du revenu national8(*). Le Produit Intérieur
Brut (PIB) a subi une chute vertigineuse, passant de 7.4%
à -2.9% en 1980 et à -3.4% l'année suivante. Les tendances
sont les mêmes pour tous les indicateurs sectoriels : l'agriculture
manufacturière, l'industrie touristique, l'industrie extractive et les
services sont tous en difficulté9(*).
La récession mondiale s'est accompagnée, de
1980/82, d'une perte relative de marchés par les nouveaux produits
d'exportation du pays (les produits manufacturiers). Les exportations
manufacturières ont été de 3.04% pour la période de
1976/80 et sont tombées à 1.31% en 1981/85. Le prix du
café a chuté de 33% de 1980 à 1981. Son prix s'est
maintenu à un niveau inférieur, comparativement à la
moyenne des quatre années précédant 1981, période
au cours de laquelle les prix internationaux se situaient à un niveau
élevé10(*).
Ainsi, le secteur primaire, autrefois moteur du développement de
l'économie nationale, se trouve complètement paralysé. Ce
secteur a affiché les valeurs respectives de 1937843 ; 1877632 et
171743382 milliers de gourdes entre 1980, 1981 et 1982.
Après le passé néfaste des années
80 est venu en suite le passé tragique et terrible des années 90.
Selon l'avis de plus d'un, cette période constitue le
« chaos » de l'économie nationale en raison,
notamment, de l'embargo économique commercial imposé durant trois
ans sur le pays par la communauté internationale. L'embargo a
stimulé davantage la montée pertinente du coût de la vie
qui a connu, en 1994, des pics de plus de 50%(11(*)).
Les situations ayant succédé à ces deux
décennies (80 et 90) n'allaient pas être meilleures. En effet,
retenons durant la période allant de 2000 à 2003, la
diminution12(*) de l'offre
du dollar sur le marché haïtien qui s'est traduite par une
dépréciation record de la gourde, plus de 50% de sa valeur de
septembre 2002 à Septembre 2003(13(*)). La décote de la gourde a eu
évidemment comme corollaire un accroissement considérable des
prix à la consommation.
L'économie haïtienne a donc connu, en 2003, une
situation d'hyper-inflation. Le taux d'inflation qui était de 10%
à la fin de l'exercice fiscal 2001-2002 a franchi, dès mai 2003,
la barre psychologique de 40%(14(*)). La marmite de riz de 2.7 kilos, achetée
à environ 9 gourdes en 1987, se vendait autour de 75 gourdes en 2003 et
cette évolution est notable pour tous les autres biens15(*).
Les mesures prises par les décideurs étatiques,
dont le quadruplement du salaire nominal n'a donc pas réussi à
compenser la hausse du coût de la vie en Haïti16(*). D'ailleurs, aujourd'hui
encore, ce phénomène reste une préoccupation de tous les
jours et en particulier des groupes de citoyens à faibles revenus qui en
souffrent énormément.
Ainsi, La montée du coût de la vie demeure un
phénomène très peu maîtrisé en
Haïti17(*).Quels sont
donc les principaux indicateurs macroéconomiques qui interviennent dans
leur formation ? Comment les déterminants du revenu des
ménages18(*)
permettent-ils de quantifier les relations expliquant l'évolution du
coût de la vie en Haïti durant la période allant de 1075
à 2004 ?
S'évertuant à fournir des
matériaux susceptibles de contribuer à répondre à
ces questionnements, ce travail réunit-il les objectifs
suivants :
· Expliquer, à travers un modèle
économétrique, les différents agrégats
macro-économiques traduisant de façon claire le comportement du
niveau du coût de la vie en Haïti.
· Démontrer que le phénomène de la
montée du coût de la vie en Haïti résulte d'une
demande en augmentation par rapport à la faiblesse de la production
nationale qui se traduit par l'accroissement des importations.
· Proposer aux décideurs étatiques les
différents mécanismes permettant de contrôler les facteurs
liés au problème de la montée du coût de la vie en
Haïti.
Au regard de la poursuite de ces objectifs et à
la lumière de l'évolution récente de l'économie
haïtienne, les hypothèses suivantes ont été
retenues :
H1 : Dans le cas
d'Haïti, la montée du coût de la vie (IPC)
est expliquée par la faiblesse du revenu des ménages, similaire
à la faiblesse des exportations nettes ou balance commerciale
(Bc), au déficit chronique du budget de
l'Etat (Sb) ainsi que le mode de financement
adopté (Mc), du niveau de l'investissement global
(Ig), malgré le niveau de la consommation
globale des ménages (Cg).
H2 : La production
nationale étant très affaiblie, la dépendance externe et
l'utilisation excessive de la planche à billets pour financer le
déficit budgétaire ont comme corollaire une perte de valeur du
revenu des ménages, stimulant ainsi la vie chère en
Haïti.
En vue d'atteindre les objectifs poursuivis, la
méthodologique adoptée a été fortement
inspiré non seulement de l'ouvrage du Professeur Frantz
Piard19(*)
« Construire le Mémoire de Sortie », mais aussi du
modèle de certains travaux de fin d'études disponibles soit sur
le site Internet http : //
www.memoireonline.com, soit
à la bibliothèque de la faculté20(*).
Ainsi, après avoir entrepris d'annoncer le sujet
traité et poser la problématique de recherche, ce travail
s'évertue à dresser au niveau du :
Chapitre I : une
présentation des idées théoriques sur l'inflation et le
revenu des ménages ;
Chapitre II : le panorama de
l'économie nationale pour la période allant de 1975 à
2004 ;
Chapitre III : la lutte contre la
vie chère et la problématique du niveau du coût de la vie
en Haïti. Cette analyse part du constat de l'augmentation, tant en
variété qu'en quantité, de la consommation des
ménages haïtiens durant une bonne partie de la période
d'observation adoptée. Ainsi, après une mise en relief de la
structure de la consommation des ménages, l'emphase sera mise sur
l'évolution des importations, du déficit budgétaire, de la
masse monétaire ainsi que sur le taux de change pour analyser ce qu'il
convient d'appeler « les mécanismes du coût de la vie en
Haïti ».
Chapitre IV :
L'élaboration d'un modèle économétrique, qui
constitue le fondement réel de ce travail, en vue d'expliquer de
façon concrète la véracité de nos
hypothèses, par le biais des tendances des différentes variables
sélectionnées. A cette fin, le logiciel de support
« Eviews, version 5.1 » a été utilisé
en vue d'arriver aux résultats du modèle.
D'autre part, pour réaliser ce travail, des sources
importantes d'informations dont des bulletins, des journaux, des rapports, des
publications nationales (disponibles dans les bibliothèques, sur
l'Internet et bureaux d'études) ont été
utilisées.
Bien entendu, au regard non seulement de l'envergure du sujet,
des difficultés rencontrées (par exemple, nous avons dû
abandonner des choix de modèle par manque d'informations statistiques
fiables), mais également de l'apprenti chercheur que nous sommes,
certaines améliorations possibles peuvent être apportées
à ce travail.
Du reste, nous pensons, toutefois, qu'il aura atteint son but
dans la mesure où il peut être considéré comme un
outil mis à la disposition de tous ceux voulant entreprendre une
étude approfondie sur les facteurs du coût de la vie en Haïti
et les déterminants du revenu des ménages. Car la montée
du coût de la vie en Haïti, en plus d'être un sujet
d'actualité, ce phénomène reste et demeure l'un des
problèmes majeurs que les décideurs économiques n'arrivent
toujours pas à solutionner.
I.) Présentation des idées
théoriques sur l'inflation et le revenu des ménages
Le niveau du coût de la vie s'explique de manière
directe par la variation dont les biens et les produits évoluent
à chaque instant donné. Ceci, peut parfois expliquer par le
comportement de la monnaie locale vis-à-vis des autres
considérés directement de l'étalon monétaire ;
en d'autres termes, sous le nom de la monnaie de référence .Citer
par exemple en ce moment les plus connus sont : le US
dollar, l'Euro () provient de la convention
européenne et même la livre sterling celle de la grande
Bretagne...
Dans tous les pays du monde le niveau des prix est toujours
contrôlé par les décideurs étatiques à
l'exception du secteur informel qui, toujours contrôlables ; cela ne
peut mettre en dérive l'économie du marché à cause
de la présence d'État où le revenu de ces ménages
est parfois supérieur à ceux vivant dans le formel. Le niveau de
l'inflation peut être expliqué par les divers agrégats
suivants : le niveau de la consommation globale des
ménages(Cg),de l'investissement
global(Ig), de la balance commerciale
(Bc), le comportement du
PNB, du niveau de la quantité de monnaie en circulation
(Mc), puis une situation du niveau du taux de
croissance du Produit Intérieur Brut (%PIB) par
rapport à une année donnée communément
appelé année de base ou période de base.
Le coût de la vie est aussi un sujet pluridimensionnel,
l'objectif est de faire apparaître à travers les grands
indicateurs macro-économiques traduisant de façon concrète
la situation financière d'un pays donné.
I.1) Présentation de certains types
d'inflation
I.1.1) Inflation par les coûts
Elle est celle où la hausse des prix résulte de
la hausse autonome de divers coûts de production, tels que la hausse des
couts des matières premières ou des produits importés,
hausse des salaires due à une demande excédante de main-d'oeuvre,
à la pression de salaire supérieure à la
productivité, etc.
I.1.2) Inflation par la demande
Elle est celle où la demande de biens et de services
excède la capacité de production ; il en résulte une
hausse des profits, des prix et des salaires qui alimentent la poussée
de l'inflation.
I.1.3) Inflation séculaire
C'est un phénomène qui maintient, dans une
économie fermée, le plein-emploi sans contrôle des prix et
des salaires, en prenant pour base qu'il y aura une augmentation annuelle de
productivité soit de 25% et une augmentation de prix soit de 2%.Dans une
économie établie sur le commerce extérieur, cette
inflation de 2% pourrait à la longue être sérieuse.
I.1.4) Inflation galopante
Elle entraine une destruction presque totale du pouvoir
d'achat de la monnaie. Les prix peuvent grimper à des niveaux
très élevés et la vitesse de circulation devenir
extrêmement rapide.
I.2) Facteurs explicatifs du coût de la vie
Selon l'encyclopédie « Microsoft
Encarte, version 2006 », l'évolution des prix est
expliquée par les facteurs constitutifs de l'offre et de la demande. En
effet, la montée21(*) du coût de la vie apparaît
lorsque les pressions économiques et l'anticipation de certains
événements font monter la demande de biens et services
au-delà de l'offre disponible par rapport aux prix existants, ou encore
lorsque la production disponible est réduite par une productivité
défaillante ou par les contraintes du marché.
Ainsi, les problèmes qui sont dus, par exemple, au
secteur touristique, à l'instabilité politique, à la
décote de la monnaie locale, au chômage élevé et
à la fixation arbitraire des prix, au secteur informel conduisent
à un croit rythmique du coût de la vie dans un pays.
Les gouvernements se sont toujours efforcés
d'influencer l'évolution du coût de la vie dans l'économie.
Leurs actions s'inscrivent souvent dans une politique des prix et des salaires
visant à maîtriser l'inflation22(*). Toutefois, la théorie économique n'a
pas encore dégagé une position définitive sur l'inflation
et les moyens de s'en sortir23(*).
Pour certains économistes, les causes de l'inflation
résident dans une émission monétaire trop importante et/ou
dans l'interventionnisme étatique. Pour d'autres au contraire, les
véritables causes de l'inflation se situent dans les conflits entre les
groupes sociaux pour le partage des richesses et dans les rigidités de
l'appareil de production. Pour certains enfin, l'inflation peut résulter
des mutations sociales provoquant à la fois une transformation du
« patron » de consommation et la hausse des prix dans
l'économie24(*).
I.2.1) Approche de Fritz Deshommes
Pour parler du cas de l'économie haïtienne,
l'Economiste Fritz Deshommes, dans son ouvrage intitulé
« Vie Chère et Politique Economique en Haïti »,
affirmait que « le 2ème type d'explication
s'accorde mieux à la réalité nationale ». Selon
lui, l'échec de la lutte contre la vie chère vient du fait que
« le 1er type d'explication, d'essence
néo-libérale, semble avoir été
privilégié par la pensée économique dominante en
Haïti »25(*).
En effet, dans cet ouvrage, qui constitue le véritable
cadre de référence du présent travail de recherche,
l'auteur a plaidé pour une intervention de l'Etat avec la rigueur
nécessaire pour corriger les distorsions du marché haïtien.
Distorsions expliquées notamment par les situations de monopole, de
marché noir de protectionnisme étatique, qui contrarient le libre
jeu du marché.
Le présent travail de recherche se situe en droite
ligne avec la réflexion exprimée par l'auteur, mais la
démarque quelque peu. En effet, en plus des imperfections du
marché haïtien conduisant à la fixation arbitraire des prix,
le surplus de monnaie en circulation et la faiblesse de l'appareil productif
semblent avoir aussi une grande influence sur l'évolution du coût
de la vie en Haïti.
I.2.2) Approche de
Frédéric-Gérald Chéry
Notre travail de recherche trouve également sa source
dans un article de l'Economiste Frédéric-Gérald
Chéry26(*)
pour qui « l'inflation peur résulter d'un
phénomène social ».
En effet, dans cet article paru en décembre 2003,
l'auteur démontre que, nous citons : « l'inflation en
Haïti est due ces dernières années à une extension en
variété et en quantité des besoins de la population, non
suivie par un accroissement de la production locale. La tension entre demande
en évolution et offre rigide de biens et services s'est traduite
à la fois par une croissance des importations de biens courants et par
une hausse des prix... Les changements sociaux à l'oeuvre en Haïti,
associés à de nouvelles possibilités de circulation de la
monnaie, sont de nature à entraîner une recomposition de la
demande. Ces changements, qu'il faudra relever au niveau du panier de la
ménagère, peuvent induire des mécanismes de hausse des
prix ».
Ainsi, cette analyse de l'évolution du coût de la
vie en Haïti mettant l'emphase sur l'excédant de demande qui est
comblé par les importations de biens courants, partage bien notre point
de vue. Toutefois, il n'y a pas lieu ici de débattre de cette question,
celle-ci faisant l'objet des chapitres III et IV de ce travail. Mais en
attendant, poursuivons la revue du paysage littéraire sur le coût
de la vie.
I.3) Mesure de l'inflation
Il ne fait aucun doute, qu'aujourd'hui, il est impossible
d'acheter autant de biens ou services avec un même montant d'argent
qu'autrefois. Cet état de fait s'explique par les variations
continuelles enregistrées au niveau du prix des biens et services.
Ainsi, une augmentation répétée des prix érode le
pouvoir d'achat de la monnaie et des autres actifs financiers à valeur
fixe, provoquant ainsi de graves distorsions et incertitudes
économiques27(*).
L'encyclopédie Encarta assimile ces
variations du coût des biens et services à la baisse du pouvoir
d'achat des ménages qu'elle définie comme « la valeur
réelle, en marchandises et en services, que représente un
revenu ». Donc, pour mesurer le pouvoir d'achat d'un revenu ou encore
le coût de la vie à un moment donné, il faut tenir compte
de l'évolution des prix des biens et des services correspondants. Aussi,
dans la plupart des pays, un indice est utilisé pour rendre compte de
cette dernière.
I.3.1) Notion d'indice28(*)
Un indice est un outil statistique qui permet la comparaison
spatiale ou temporelle d'une grandeur ou d'une variable donnée. En
d'autres termes, c'est un indicateur qui renseigne sur l'évolution d'une
variable entre deux dates différentes ou permet de comparer en deux
endroits distincts. Il existe des indices de prix, de volume, de valeur, de
chiffres d'affaires, de masse salariale, etc.
Si on compare la variable « prix »,
l'indicateur qui permet de mesurer, de comprendre et d'interpréter, en
un lieu donné et à un moment déterminé,
l'évolution de cette variable économique, est bien un indice des
prix, et notamment l'Indice des Prix à la consommation.
I.3.2) Indice des Prix à la Consommation
(IPC)
L'encyclopédie Encarta définit
l'Indice des Prix à la Consommation (IPC) comme une
estimation de l'augmentation ou de la diminution générale des
prix. Cette définition plutôt simpliste peut être
renforcée par celle de l'Economiste Harry Salomon, dans
son article publié dans le bulletin de l'Association Haïtienne des
Economistes (AHE) paru en décembre 2003 (vol. 1, No.
5).
En effet, selon sa définition,
« l'IPC est un indicateur qui mesure
l'évolution de l'ensemble des prix des biens et services
consommés par les ménages. Qu'il s'agisse de produits
alimentaires, d'articles d'habillement, de loisirs en passant par les services
du logement, de soins de santé, etc., tous les produits figurant dans la
consommation des ménages sont pris en compte dans
l'IPC ».
Cet indice synthétique ou agrégé permet
de présenter sous une forme globale un ensemble de
phénomènes assez souvent hétérogènes, dont
la simple sommation s'avère difficile voire impossible. Par exemple,
l'hétérogénéité des unités de mesure
des différents produits qui composent le panier de la
ménagère29(*).
Ainsi, bien qu'il permet d'avoir une image de la dérive
des prix et de mesurer l'évolution du pouvoir d'achat moyen dans un
pays, information essentielle pour tous les acteurs économiques, il n'en
demeure pas moins que l'IPC est un indice à prendre
avec précaution.
En effet, vu qu'il est matériellement impossible de
faire le relever systématique de tous les prix dans un pays à un
moment donné, les chercheurs sont obligés donc de recourir aux
sondages statistiques pour mesurer les variations de prix dans
l'économie. D'où, l'indice des prix à la consommation
n'est qu'une moyenne pondérée des données relevées,
ce qui peut conduire ainsi à altérer leur réalité.
Evidemment, il existe un ensemble de mécanismes permettant aux
Responsables de limiter l'effet de ces imperfections de l'IPC.
Il n'en reste, toutefois, que l'encyclopédie rapporte que cet
indice demeure imparfait.
Pour clore ce point, il importe à présent
d'analyser les composantes de l'offre et de la demande, étant les
facteurs à l'origine de la montée du coût de la vie.
I.4) Analyse de l'offre et de la demande globale
L'explication des composantes de base de l'offre et de la
demande globale varie en fonction des divers courants de pensées. Les
analystes ont résumé toutes les explications qui ont
été fournies en la matière selon les trois théories
suivantes :
A) La première théorie baptisée sous le
nom de la « Théorie quantitative de la
monnaie » repose sur les deux hypothèses
suivantes :
Hypothèse 1 : l'offre de monnaie est une
donnée exogène qui est à la discrétion de la banque
centrale.
Hypothèse 2 : la demande de monnaie est en
relation étroite avec le niveau du PNB, soit :
M : la demande de monnaie
P : le niveau moyen des prix (Indice moyen)
Y : le niveau du revenu réel (PNB
réel)
V : vitesse de circulation de la monnaie, qui est le
nombre de fois qu'une unité monétaire passe de mains pendant une
certaine période de temps (en général une année).
Cette hypothèse peut être réécrite comme
suit :
MV= PY (1)
Ou encore :
M = 1/V*PY (2)
Ou encore :
M = k*PY avec k = 1/V (3)
Et finalement :
M/P = kY (4)
La relation (4) signifie que la valeur réelle de la
monnaie désirée par le public (M/P) est un multiple k du
PNB réel Y.
Donc, lorsque la demande de monnaie est donnée, le
volume des transactions(Y) est aussi donné. Si Y augmente, P doit
diminuer pour que l'équation (4) tienne.
Considérant qu'il s'agit d'une question liée au
problème du croit rythmique de la masse monétaire émise
par l'Etat, la réponse est simple : les agents économiques
auront plus d'argent qu'ils ne souhaitaient conserver et par conséquent
ils vont dépenser le surplus. Dès lors, deux
éventualités doivent être envisagées :
A1) Y est à un niveau de sous-emploi ;
dans ce cas il y aura une forte expansion de la demande de production.
A2) Y est au niveau de plein-emploi ; dans ce
cas le prix (P) augmentera
Les partisans de cette théorie s'affirment encore plus
claire et soutiennent que les modifications du niveau des prix des biens et
services reflètent les fluctuations de la monnaie disponible. Cette
dernière se définit traditionnellement par l'argent en
numéraire et les comptes de dépôts a vue. Selon eux, pour
qu'il y ait stabilité au niveau des prix, la masse monétaire doit
s'accroître à un rythme stable, adapté à la
capacité de production effective de l'économie.
Pour arriver à la conclusion logique de cette
théorie : la monnaie ne peut pas influencer les grandeurs
réelles, elle n'affecte que des grandeurs nominales.
B) La seconde théorie est l'oeuvre de Jhon
Maynard Keynes. Selon cette théorie, la demande de monnaie est
expliquée de deux façons suivantes :
B1) la demande de monnaie pour des fins de
transactions et précautions. Cette demande varie directement avec le
niveau de revenu et ce pour deux raisons :
B11) les agents économiques ont besoin de
monnaie pour leurs transactions.
B12) Les sorties et entrées de fonds, chez
les agents économiques, ne sont pas parfaitement
synchronisées.
B2) Les agents économiques peuvent garder
leur monnaie soit sous forme liquide, soit sous forme d'actifs financiers soit
en une combinaison des deux.
Finalement, plus la richesse est détenue sous forme
liquide et moins le risque de la perdre est grand. Il est aussi clair que plus
le taux d'intérêt est élevé, moins grande sera la
quantité de monnaie gardée sous forme liquide. A l'inverse, plus
le taux d'intérêt est faible et plus grande sera la
quantité de monnaie gardée sous forme liquide, attendant à
ce que les taux augmentent.
La relation inverse entre la demande de monnaie et le taux
d'intérêt prouve à chaque fois qu'il y a augmentation au
niveau de l'offre les taux d'intérêt baissent et vice versa.
Ainsi, les budgets de l'Etat et la gestion fiscale d'un
gouvernement doivent être utilisées pour maintenir les niveaux de
saturations de la production et d'emploi. La masse monétaire doit
être ajustée de manière à investir le niveau
désiré de croissance économique et des taux
d'intérêt élevés qui décourageraient les
éléments de la demande globale.
Ainsi, selon cette théorie, les dépenses des
décideurs publics et la politique fiscale peuvent être
utilisées pour compenser les effets néfastes de la hausse des
indices du coût de la vie et donc la baisse du coût des biens et
services sur le marché par un ajustement de l'offre et de la demande.
C) La troisième théorie repose sur les liaisons
directes de l'offre touchant un ensemble de facteur. Par exemple, le rythme
à long terme de l'investissement en capital, le niveau technologique, le
groupement d'âge et le facteur du capital humain, le déplacement
des activités industrielles, le niveau de la production nationale, le
contrôle des matières premières, les
événements politiques et sociaux, le niveau de chômage,
ainsi que des contraintes économiques diverses telles que les
problèmes monétaires et commerciaux, augmentations importantes du
prix des biens complémentaires à l'instar du pétrole
(pouvant donner naissance à la stimulation des prix des autres
produits). Ces problèmes relatifs à l'offre peuvent jouer un
rôle important dans l'élaboration de politiques monétaires
et budgétaires d'un pays donné.
I.5) Analyse sommaire des principales composantes de la
balance des paiements
Selon les informations tirées du Microsoft Encarta
2006, il est courant de distinguer trois composantes à la balance des
paiements. Tout d'abord la balance des transactions courantes, qui
recense le solde de toutes les opérations liées directement ou
indirectement aux échanges internationaux de biens et services. À
ce solde s'ajoute celui de la balance des mouvements de capitaux non
monétaires, qui comprend l'ensemble des placements financiers
à long terme, ainsi que les investissements directs à
l'étranger. La somme de ces deux balances donne la balance des
paiements globale. Si cette dernière est excédentaire, cela
signifie que le résultat des échanges, qu'ils portent sur des
biens, des services ou des capitaux, se traduit par une entrée nette de
devises, que l'on retrouve dans les variations des réserves de
change détenues par les banques et la banque centrale.
Un État doit équilibrer ses recettes et ses
dépenses sur le long terme de façon à stabiliser
l'économie. Comme tout agent, un pays ne peut rester
éternellement en déficit et doit s'efforcer d'équilibrer
ses échanges avec le reste du monde. Un déséquilibre de la
balance des paiements, que ce soit un excédent ou un déficit,
peut engendrer deux types d'effets économiques.
Tout d'abord un effet revenu ; dans l'exemple
cité plus avant, l'excédent de la balance des paiements provoque
un afflux de devises qui vient augmenter le revenu national de la nation
susceptible d'être dépensé. Un déséquilibre
engendre également un effet prix ; l'excédent de
devises provoque un accroissement de la masse monétaire qui agit sur le
niveau des prix de façon proportionnelle (théorie quantitative de
la monnaie).
Dans l'hypothèse inverse, un pays en déficit
peut choisir de dévaluer sa monnaie pour rendre les exportations plus
compétitives. C'est le mécanisme de la dévaluation.
Celle-ci peut toutefois engendrer des conséquences négatives si
la hausse des exportations ne s'accompagne pas d'une réduction
proportionnelle des importations, qui, elles, deviennent plus chères.
Dans ce cas, le niveau de celles-ci a un effet inflationniste sur le niveau
général des prix.
I.6) Typologie de revenus : Enoncé et
Analyse
I.6.1) Revenu personnel
Dans une comptabilité nationale, agrégat
mesurant les revenus perçus par les ménages pendant un an, avant
paiement des impôts à charge des personnes physiques.
I.6.2) Revenu personnel disponible
Dans le compte de la nation, montant global du revenu que les
ménages peuvent dépenser, après déduction des
impôts frappant les personnes physiques.
I.6.3) Revenu National (RN)
Montant global des revenus versés aux facteurs de
production, en règlement de leurs services. Il mesure le coût,
pour l'économie nationale, de la production des biens et services finals
pendant une année.
I.6.4) Revenu National Brut (RNB)
Le Revenu National Brut (RNB) est le nouveau
terme désignant le Produit National Brut (PNB). Le
RNB est égal au PIB plus le revenu net
provenant des placements à l'étranger (moins les paiements
équivalents versés à des non-résidents qui
contribuent à l'économie intérieure).
RNB= PIB + Solde Extérieur
Les revenus nets sont formés des rendements faits sur
les investissements à l'étranger moins les rendements fait par
l'étranger sur notre territoire.
Il correspond à la somme des Produits Intérieurs
Bruts (PIB) aux prix du marché augmenté des
revenus primaires nets versés par le reste du monde. Le
RNB a largement remplacé le PNB en tant
qu'indicateur de richesse.
Le Revenu National Brut en parité de pouvoir
d'achat (PPA) est le RNB converti
à un taux de change qui permet de niveler les différents types de
prix entre pays. Un dollar exprimé en PPA a le
même pouvoir d'achat dans un pays donné qu'un dollar
américain aux Etats-Unis.
I.6.5) Revenu National Net
(RNN)
Egal au (RNB) diminue de la consommation de
capital fixe. Agrégat de revenu plus fidèle que celui-ci, car la
consommation de capital fixe n'est pas un revenu.
I.6.6) Revenu d'équilibre
(Ye)
Niveau du revenu qui, une fois atteint, tend à se
maintenir parce que l'offre globale est égale à la demande
globale envisagée, ou, selon une approche équivalente, parce que
l'épargne est égale à l'investissement privé.
I.7) Analyse macroéconomique du revenu
I.7.1) Approche de Brown (Effets
d'Inertie)
La théorie keynésienne suppose que la fonction
de consommation s'ajoute instantanément au revenu. Or, il existe que la
consommation passée engendre un ensemble d'habitudes dont le
consommateur est relativement prisonnier, au moins à court terme. Il en
résulte que, quand le revenu augmente, la consommation augmentera
beaucoup moins qu'elle ne l'aurait fait si l'adaptation avait été
instantanée. Ce n'est que si l'augmentation du revenu se maintient
qu'elle augmente significativement. Cette théorie permet d'expliquer
pourquoi la consommation est plus élastique au revenu à long
terme qu'à court terme.
I.7.2) Approche de
Keynes « Théorie de la fonction de
consommation »
Keynes (1936) a développé dans la théorie
générale le concept de fonction de consommation afin d'argumenter
son rejet de la loi de Say, d'après laquelle « toute offre
crée ses propres débouchés ».
Une idée fondamentale, connue sous le nom de loi
psychologique, est que lorsque le revenu s'accroît, la consommation
s'accroît mais dans une moindre mesure. Cette loi psychologique
revêt en fait deux formes :
La première forme de cette loi psychologique postule
que lorsque le revenu s'accroît, et la consommation et l'épargne
s'accroissent. En d'autres termes, la propension marginale à consommer
est positive mais inférieure à l'unité.
Pour citer Keynes : « La loi psychologique
fondamentale, à laquelle nous pouvons faire toute confiance, à la
fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a
posteriori en raison des enseignements détaillés de
l'expérience, c'est qu'en moyenne et la plupart du temps les hommes
tendent à accroître leur consommation à mesure que leur
revenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que
l'accroissement du revenu »
La seconde forme de la loi psychologique postule que lorsque
le revenu s'accroît, le taux d'épargne augmente. Citons à
nouveau Keynes : « Les motifs des individus à satisfaire leurs
principaux besoins actuels, personnels et familiaux, sont normalement plus
puissants que leurs motifs à épargner, lesquels
n'acquièrent une force réelle qu'au moment où un certain
niveau de confort est atteint. Ces raisons font qu'en général une
proportion de plus en plus importante du revenu est épargnée
à mesure que le revenu réel s'accroît » Cette loi
psychologique est nécessaire à Keynes pour construire sa
théorie générale. Elle lui permet notamment de comprendre
que toute production et revenu supplémentaire n'est pas
systématiquement consommée parce que l'épargne
supplémentaire du consommateur n'est pas nécessairement investie.
En fait, l'ajustement de l'épargne à l'investissement sera
réalisé via celui de l'offre à la demande et par le jeu du
multiplicateur des dépenses.
I.7.3) Approche de Duesenberry
Selon cette approche, la consommation ne dépend pas du
revenu absolu, mais du revenu relatif, c'est-à-dire de la position du
revenu du ménage dans l'ensemble de la distribution des revenus d'une
économie. Ainsi, par exemple, les ménages qui ont des revenus
situés au bas de la hiérarchie consomment leur revenu, tandis que
ceux qui ont des tranches supérieures épargnent d'autant plus que
leur position est élevée. Si une progression
générale des revenus n'en change pas la hiérarchie, chaque
ménage continue donc à consommer le même pourcentage de son
revenu. Au niveau global, la PMC (Propension Marginale
à Consommer) reste constante ; ce qui se vérifie sur de
longues périodes statistiquement.
I.7.4) Approche de Kalecki
Cet intérêt pour la pratique chez
''Kalecki'' a souvent été résumé
par sa célèbre phrase « les salariés
dépensent ce qu'ils gagnent, les capitalistes gagnent ce qu'ils
dépensent ». Cette affirmation provocante s'appuie sur la
démonstration suivante :
Au niveau macroéconomique, le revenu national est
égal à la somme de profits et des salaires. Parallèlement,
la production nationale est égale à la somme des investissements,
de la consommation des travailleurs et de la consommation des capitalistes. En
prenant pour hypothèse restrictive que les salariés consomment la
totalité de leur salaire on a :
Revenu national = profits + salaires
Production nationale = Investissements+ Consommation
des travailleurs +Salaires
Salaires = Consommation des travailleurs
Et, par différence : Ce qui induit que plus
l'investissement est élevé, plus la part des capitalistes dans le
revenu s'accroît.
I.7.5) Les théories du revenu permanent et du
cycle de vie
Si on adopte une démarche plus réaliste,
l'épargne représente une consommation différée dans
le temps et non un résidu de revenu qui serait thésaurisé
comme pourrait laisser croire la fonction de consommation keynésienne.
Aussi, pour expliquer la consommation à un moment donné des
ménages, il faudrait tenir compte de leurs revenus sur l'ensemble de
leur vie et non simplement de leurs revenus courants.
Adoptons une telle perspective et interrogeons-nous pour
savoir pourquoi les individus épargnent. Une première explication
résiderait dans la variabilité des revenus. Si les individus ont
des besoins de consommation constants dans le temps, alors que leurs revenus
varient au gré des fluctuations économiques ou boursières,
ils chercheraient à «lisser» leur consommation dans le temps
en épargnant quand leurs revenus sont particulièrement
élevés et en désépargnant dans le cas contraire.
Friedman a utilisé les outils de la
microéconomie intertemporelle pour formaliser cette idée. Sous
certaines conditions techniques (que nous ne détaillerons pas ici), il
montre qu'un ménage cherche à avoir un niveau de consommation
constant dans le temps. Par conséquent, la consommation à un
moment donné devrait être égale au niveau maximal qui
serait permis par la richesse financière préalablement
accumulée, le revenu courant et tous les revenus futurs
anticipés. Sa consommation sera alors égale à son revenu
permanent.
C = Ypermanent
Celui-ci se définit de la manière suivante :
« Le revenu permanent est le revenu maximum
consommable de façon constante dans le temps étant donné
la richesse accumulée dans le passé, les revenus courants et tous
les revenus futurs anticipés ».
En consommant progressivement la richesse accumulée, en
tenant compte des revenus futurs mais aussi des besoins futurs, un consommateur
va donc répartir tous ses revenus disponibles en épargnant dans
les périodes qui sont fastes pour lui et en
«désépargnant», voire, en empruntant, dans les
périodes moins favorables.
Il y a une façon très simple de tenir compte de
la conception Friedmanienne de la consommation à l'intérieur de
la spécification affiné de la fonction de consommation (C=
Co + aYd , avec 0 < a < 1).
Il s'agit de considérer que le paramètre
Co correspond justement aux déterminants du revenu permanent
autres que le revenu courant (et non à la consommation incompressible).
Le paramètre Co dépendrait alors :
1. de la quantité d'actifs financiers accumulés,
dans le passé.
2. de la moyenne pondérée (actualisée)
des revenus futurs anticipés pour le futur.
Ainsi, la conséquence d'une crise sur les
marchés des actions serait une dévalorisation des actifs
financiers accumulés que l'on pourrait appréhender dans notre
modélisation par une diminution du paramètre Co.
Mais, il y a alors une autre conséquence, c'est que si
le revenu courant n'est qu'un déterminant parmi d'autres de la
consommation à travers la détermination du revenu permanent, la
propension marginale à consommer serait beaucoup plus faible que ce que
les Keynésiens considéraient. Au lieu que le paramètre (a)
soit d'un ordre de grandeur compris entre 0, 6 à 0, 8, celui-ci serait
plus proche de 0, 1.
A la faveur de ce tour d'horizon sur les différentes
approches littéraires et courants de pensée, les plus
remarquables en tout cas, sur le coût de la vie et le revenu des
ménages, il a été permis d'élaborer la base
nécessaire permettant de poursuivre le traitement de notre sujet de
recherche. Aussi, il vient à présent d'aborder le second chapitre
de ce travail qui traite du « Panorama de l'économie
haïtienne durant presque les trente dernières années :
1975 & 2004 ».
II.) Analyse sommaire de l'économie
haïtienne : 1975 / 200430(*)
La lecture des données statistiques du Tableau I,
ci-dessous, montre aisément le fait que l'économie haïtienne
n'a connue sa dernière satisfaction qu'en remontant jusqu'à la
décennie des années soixante dix (70). En effet, favorablement
à sa bonne performance, cette période a vu des entrées
massives de capitaux étrangers sous forme de dons, de crédits
multilatéraux, d'investissements accrus et d'une croissance
appréciable de la production nationale.
Cependant, vers la seconde moitié de la décennie
(80), l'économie du pays a entamée, suite à une
tergiversation politique, une phase difficile et contraignante, amenant le
Produit Intérieur Brut (PIB) vers des creux sans
précédent. En effet, dès la fin de 1985, les grands
bouleversements politiques et le croît successif des problèmes
économiques commence par expliquer la récession profonde et
insoutenable que va connaître l'économie nationale.
Parmi les problèmes économiques ayant
marqués cette décennie, l'on peut citer, notamment, le niveau
grandissant du déficit budgétaire, provenant de la faiblesse des
recettes fiscales vis-à-vis des dépenses totales, soit -151.3
MG (Millions de Gourdes) en 1986 contre -424.1
MG en 1987 (Tableau VI). A la chute de la production nationale
s'ajoutent les dégâts énormes, comme l'érosion des
espaces agricoles et les migrations massives non désirées qui
menacent encore à faire reculer l'économie nationale.
A partir de 1987, il a été observé deux
tendances contraires : l'une de réajustement des financements
publics et l'autre de la détérioration de la situation
générale.
Si, durant cette période, le (PIB) a
accusé une baisse moyenne de 0.3% équivalent à une
réduction de 4.7% par habitant, cet indicateur, en baisse tout le long
de la décennie a affiché un taux de 32% inférieur au
maximum atteint en 1980. Dans la liste des branches productives, en dehors des
services marchands qui ont fait preuve d'un certain dynamisme, toutes les
autres branches se trouvaient en baisse sinon en stagnation. Le secteur
primaire a donc stagné de -0.5% tandis que la branche des industries
manufacturières a décrû en moyenne de 5.5% durant la
période31(*).
Aussi, les importations ont augmenté principalement
à cause de l'achat de biens et services à l'extérieur. Les
exportations quant à elles ont augmenté de moindre importance, en
raison non seulement de la baisse ou la dévalorisation des produits
agricoles sur le marché international, mais aussi, d'une technique
agricole tombée en désuétude comparativement au pays
d'outre mer. Seules les industries de sous-traitance ont évolué
favorablement, inversant ainsi la tendance à la baisse de cette
activité dès 1986 imputable à l'instabilité
politique à cette époque.
Le tourisme a également fait l'objet du niveau du
revenu national et, même les transferts sans contrepartie se sont accrus
légèrement, entraînant une certaine amélioration au
début de cette sous période.
Cependant, à la fin du semestre 1987 les
résultats du comportement du système des Finances Publiques, tels
que : les recettes fiscales, les dépenses publiques et le
financement, expliquent le début de l'affaiblissement du secteur
réel de l'économie d'Haïti (voir le Tableau I). Ainsi, la
rupture de l'aide financière en novembre 1987 a accentué les
difficultés financières et économiques du pays. Le
Programme d'Ajustement Structurel (PAS) mis sur pied avec le
(FMI) a été suspendu et les décideurs
publics se sont obligés de réduire de manière drastique
les fonds du pays.
En dépit de ces réductions, le déficit
fiscal s'est accentué suite à la baisse prononcée des
recettes publiques. Pour combler ce déficit, les autorités ont du
recourir au financement interne, principalement aux avances de la
(BRH). Cette situation a entraîné une croissance
significative de la masse monétaire, qui s'est accompagnée de la
montée rapide du taux de change de la gourde comparativement au dollar
américain32(*).
La tendance au ralentissement de l'activité
économique observée depuis 1987 s'est intensifiée en
1990-1992. Le secteur agricole qui représentait la partie
générant l'apport le plus considérable au
PIB jusqu'à la fin de la décennie 70 (Tableau
I), accuse un taux de croissance négatif de 1.05%. Ce secteur a connu
des problèmes divers dus aux déboisements, à
l'érosion, à une augmentation excessive de la population,
à l'absence d'encadrement technique et financier. L'industrie, dont la
branche tournée vers l'exportation constituait l'élan du
développement économique, s'est pratiquement effondrée
(-8.19%) suite aux événements de Septembre 1991 conduisant
directement à un embargo commercial qui allait sévir pendant
trois ans (1991/1994). Le taux de croissance moyen du secteur des services qui
était de 1.18% en 1987/1990 est tombé à 0.56% en raison du
croit rythmique des importations illicites. Le tourisme qui représentait
à la fois un apport additionnel aux encaisses nationales affiche une
diminution spectaculaire du nombre de visiteurs suite à
l'instabilité politique chronique dans le pays.
De plus, il a été observé une aggravation
des composantes de la balance des paiements. Le dégel des fonds a
conduit à une obligation excessive de la masse monétaire dans
l'esprit de contrecarrer la valeur de l'étalon monétaire. Ce qui
n'a pu empêcher l'épuisement du pouvoir d'achat des agents
économiques résultant du phénomène de l'inflation
monétaire.
Les proportions des dépenses courantes (13.9% des
dépenses publiques) et du crédit à l'Etat (34.9% du
crédit total à l'économie), se sont relevées
insignifiantes tandis que le revenu national brut par habitant de même
que la consommation réelle accusent des taux de croissance
négatifs de 6.0% et de 6.2% entre 1991 et 1992.
La situation de l'économie haïtienne, en
dépit des mesures de redressement économique prises par les
décideurs étatiques, a, pour la période 1980/1992,
continué à se détériorer. Cette situation est en
grande partie imputable à l'échec des différents
programmes et mesures d'ajustement de 1983, 1987, 1991, et à la
persistance de la crise sociopolitique qui a privé l'économie de
la contribution financière externe33(*).
Les informations retenues pour les périodes
subséquentes, en ce qui a trait aux principaux indicateurs
macroéconomiques, ont été expliquées par une
croissance de 4.4% en 1995, alors que le PIB a connu une
décélération de 1.6 point en 1996. Par la suite, le
résultat allait être un peu intéressant, soit un taux de
croissance en volume du PIB de 2.8%. Cet accroissement
s'explique par le biais de la performance des branches d'activité du
secteur tertiaire, plus précisément : Bâtiments et
Travaux Publics (BTP).
Des domaines d'activités telles que l'agriculture, les
services non marchands et le commerce ont plutôt gardé un profil
très bas. Ce ralentissement se traduit également par le recul
prononcé du rythme de croissance réelle de l'offre et de la
demande de globale : 0.3% contre 27% en 1995. Ce retournement de tendance
s'explique autant par la régression des importations que par la
quasi-stagnation de la demande interne34(*).
D'après une revue du PNUD (Programme
des Nations Unies pour le Développement), intitulée ''Situation
Economique et Sociale d'Haïti en 2004'', il est permis de comprendre que
les pistes d'une politique commerciale efficace renvoient à celles de la
capacité de production et d'exportation de l'économie
considérée. Or, dans un pays comme Haïti, cette
capacité est limitée tenant compte du faible niveau de l'offre
exportable caractérisé par :
· La détérioration de la base de production
face aux nouvelles conditions et exigences du marché international.
Cette situation met en évidence le niveau de compétitivité
de l'économie haïtienne et son incapacité à offrir
des biens sur le marché parallèle.
· Une masse d'importations qui tend à être
augmentée de façon graduelle comparativement à la
production nationale (PIB).
· Une situation de déficit commercial dont
certaines implications peuvent être ainsi signalées :
a) Sortie de capitaux, dépréciation de la
monnaie nationale et instabilité du taux de change et des prix. Le
pouvoir d'achat de la population, déjà faible, en pâtit
à la fin.
b) La non valorisation de la force de travail et son
corollaire, la diminution de la production nationale. Ce qui a pour effet
d'augmenter le niveau du chômage déjà
démesurément élevé, un des défis majeurs
à relever dans la lutte contre la pauvreté.
c) Le manque d'intérêt des investisseurs pour
stimuler l'augmentation de la production locale, voire penser à
l'exportation.
Il est à signaler que l'une des manifestations de cette
crise économique a été le mauvais comportement des
indicateurs macroéconomiques. Il faut noter en effet :
· Une augmentation des dépenses publiques et une
mauvaise allocation des ressources disponibles. En fait, depuis le début
des années 80, il a été difficile de concevoir un
mécanisme de contrôle et de répartition efficace des
ressources publiques. Toutefois, au cours de la période 1997/2002 le
gouvernement a pu dégager des ressources domestiques pour financer
plusieurs secteurs, parallèlement à la réduction de l'aide
externe.
· L'élection contestée de mai 2000 a
été le facteur culminant de l'aggravation des problèmes
économiques tels que : l'insécurité, la mauvaise
gouvernance, et l'événement inattendu de Février 2004.
Suite à l'analyse de l'ensemble de ces
événements malmenant l'économie du pays durant ces trois
dernières décennies, il s'avère nécessaire à
présent de mettre l'emphase sur l'analyse sectorielle du
PIB et sa contribution à l'économie.
II.1) Structure du taux de croissance du PIB et son
apport au secteur réel.
Dans tous les pays du monde, il existe toujours un ou des
secteurs qui contribue (nt) davantage à la production nationale ou
à la richesse d'une nation donnée. En Haïti, le
modèle de production nationale est reposé sur l'apport de l'un de
ces trois secteurs à savoir le primaire, le secondaire et le
tertiaire.
Ces trois catégories peuvent se résumer sous le
nom de branches d'activité du secteur réel, qui,
elles-mêmes sont identifiées de part leurs domaines respectifs au
niveau de l'économie.
En effet, le premier secteur regroupe les différentes
activités liées à l'agriculture, le second dans la branche
agro-industrie ou secteur manufacturier et le troisième dans les
activités des branches marchandes et non-marchandes notamment le
tourisme qui constitue l'un des éléments stimulant le niveau du
revenu national. .
Selon les informations tirées du tableau I,
l'évolution du taux de croissance économique, pour la
période allant de 75 à 80, a été satisfaisant. Cet
accroissement est dû à la contribution majoritaire du secteur
agricole qui constituait l'élan favorable du revenu national
jusqu'à la décennie des années (70). La décennie
(80) a été la première période de l'économie
nationale à connaître des moments de troubles sociopolitiques
graves, notamment en 1985, et des successions continuelles de gouvernements
résultant de l'instabilité politique du pays.
L'instabilité politique a atteint son point culminant
durant la décennie 90 qui a vu le chaos de l'économie nationale.
Situation résultant des méfaits de l'embargo commercial qui a
duré environ trois (3) ans (1991/94) suite au coup d'Etat militaire de
Septembre 1991. Durant cette période, le taux d'inflation a donc
évolué à plus de 50% (hyperinflation)35(*).
La dernière période, allant 2000 à 2004,
paraît encore pire comparativement aux décennies
précédentes. En effet, l'insécurité chronique
obligent encore d'avantage les investisseurs à tourner le dos au pays,
la réduction continuelle du niveau du tourisme, la mauvaise gouvernance
et bien d'autres méfaits se comptent parmi les principaux facteurs
contribuant au problème de la décroissance économique du
pays.
Tableau I
Produit Intérieur Brut par secteur
(En millions de gourdes constantes)
Période : 1975 & 2004.
Périodes
|
Secteur primaire
|
Secteur secondaire
|
Secteur tertiaire
|
(+) Impôts et taxes à
l'importation
|
PIB au prix du marché
|
%PIB
|
1975/76
|
1 758633
|
912591
|
1538532
|
185270
|
4395026
|
-
|
1976/77
|
1798247
|
980300
|
1598974
|
180842
|
4558363
|
3.7
|
1977/78
|
1848840
|
1056401
|
1751347
|
184455
|
4841043
|
6.2
|
1978/79
|
1961479
|
1164520
|
1883916
|
197368
|
5207283
|
7.6
|
1979/80
|
1976078
|
1300795
|
2079740
|
234404
|
5591017
|
7.4
|
1980/81
|
1937843
|
1192232
|
2066540
|
234885
|
5431500
|
-2.9
|
1981/82
|
1877632
|
1151995
|
2006867
|
210448
|
5246942
|
-3.4
|
1982/83
|
1743382
|
1215537
|
2081579
|
245001
|
5285499
|
0.7
|
1983/84
|
1804509
|
1171383
|
2095864
|
229661
|
5301417
|
0.3
|
1984/85
|
1815581
|
1202101
|
2111397
|
204328
|
5333407
|
0.6
|
1985/86
|
1859166
|
1168804
|
2136111
|
142791
|
5306872
|
-0.5
|
1986/87
|
1880503
|
1147513
|
2118167
|
118567
|
5264750
|
0.8
|
1987/88
|
1922512
|
1149753
|
2104391
|
98661
|
5275317
|
0.2
|
1988/89
|
1920733
|
1165884
|
2129735
|
117641
|
5333993
|
1.1
|
1989/90
|
1876575
|
1172131
|
2167315
|
112630
|
5328651
|
-0.1
|
1990/91
|
1939162
|
1031314
|
2225489
|
146371
|
5342337
|
0.3
|
1991/92
|
1925194
|
648021
|
1990777
|
73945
|
4637938
|
-13.2
|
1992/93
|
1754341
|
670066
|
2007487
|
93151
|
4525045
|
-2.4
|
1993/94
|
1557044
|
616811
|
1918259
|
58075
|
4150189
|
-8.3
|
1994/95
|
1402565
|
751053
|
2053784
|
127169
|
4334571
|
4.4
|
1995/96
|
1398533
|
831255
|
2078415
|
142610
|
4450813
|
2.7
|
1996/97
|
1373100
|
886311
|
2091136
|
160684
|
4511231
|
1.4
|
1997/98*
|
1402900
|
943908
|
2130449
|
174368
|
4651625
|
3.1
|
1998/99**
|
1425570
|
996031
|
2143252
|
183930
|
4754783
|
2.2
|
1999/00***
|
1422791
|
1013380
|
2173450
|
192531
|
4808152
|
1.1
|
2000/01
|
1435620
|
1005802
|
2167966
|
249430
|
4858818
|
1.05
|
2001/02
|
1382234
|
1018936
|
2194776
|
250539
|
4846485
|
-0.25
|
2002/03
|
1385544
|
1031060
|
2199650
|
247796
|
4864050
|
0.36
|
2003/04
|
1318915
|
1008832
|
2115563
|
249573
|
4692883
|
-3.51
|
2004/05
|
1353263
|
1033585
|
2149684
|
240813
|
4777345
|
1.79
|
Source : Institut haïtien de Statistique et
d'Informatique (Division des Synthèses Economiques).
N.b) : Données de 2000 à 2004
raccordées par l'auteur à base de 1975.
II.1.1) Secteur Primaire
Il fut un temps, le secteur agricole constituait, à lui
seul, le moteur du développement de l'économie nationale et
principal moyen de subsistance des paysans. Il est prouvé dans le livre
de Arthur T. Hosby36(*) que « 97% de la population totale vit
directement ou indirectement de l'agriculture. La population rurale qui
représente les 92% de la population active, a comme unique moyen de
subsistance et seule source de revenu, « l'agriculture »
avec les principales techniques élaborées au temps
jadis ». En effet, les résultats lus au niveau du Tableau I
témoignent de ce fait observé pour l'ensemble des années
70, à la faveur de la politique de libre échange avec les pays de
la Caraïbe comme principaux partenaires.
Cette politique allait être rapidement cessée au
cours de la décennie des années 80, suite au recul
prononcé du secteur agricole. Situation résultant non seulement
du manque de compétitivité des produits locaux (café,
cacao, la pite, sisal, ...), mais aussi, des bouleversements politiques
naissants, plus particulièrement à la moitié de cette dite
période.
Les faits marquants l'ensemble de cette sous période
permettent de faire les analyses suivantes :
- Entre 1985 et 1998, le pays n'a accordé qu'une faible
importance au secteur agricole, malgré une très forte demande
interne. Le pouvoir d'achat des agents économiques n'a cessé de
croître négativement. Situation amplifiée avec la
réduction des prix des produits primaires sur le marché
international et le démantèlement progressif des droits de douane
(impôts et taxe à l'importation, voir le Tableau I). Ainsi, alors
que les investissements privés de ce secteur ont été
fortement découragés, la rentabilité économique et
financière du secteur public devenait insignifiante. Le déclin de
l'agriculture s'est accentué par l'émigration massive vers les
villes et les pays d'outre mer (phénomène de l'exode rurale),
avec comme principales conséquences la diminution rapide de la balance
commerciale et l'intensification de l'érosion accompagnée des
catastrophes naturelles37(*).
- De 1999 à 2003, le déclin du secteur agricole
poursuivait sa course effrénée, en dépit de la
dévaluation de la gourde rendant compétitive la production locale
sur le marché mondial. Les investissements nécessaires à
la relance agricole n'ont pas eu lieu à cause notamment du contexte
politique défavorable aux bailleurs de fonds locaux et
étrangers.
- La valeur ajoutée des secteurs agriculture,
sylviculture, élevage et pêche, a enregistré en 2004 une
chute de plus de 5% contre une légère hausse de 0.3%
l'année précédente. Compte tenu de son poids relativement
élevé (25%) dans la formation du PIB, cette
réduction considérable des activités agricoles a eu
évidemment une influence négative sur l'évolution
d'ensemble de l'économie (l'agriculture a dû faire face à
la fois à des périodes de sécheresse et d'inondation au
cours de l'année 2004(38(*)).
Déjà en difficulté pour répondre
à l'augmentation de la demande interne en raison notamment de sa
marginalisation, l'agriculture a été poussée
au-delà de ses limites suite à l'abaissement des barrières
tarifaires et douanières, situation à laquelle elle
n'était pas préparée39(*). Ces politiques de libéralisation ont
accéléré la décapitalisation des exploitations
agricoles, la dégradation de l'environnement, l'insécurité
alimentaire et l'appauvrissement des ruraux. Déjà très
faible, comparée à d'autres pays de la région, la valeur
ajoutée agricole par travailleur agricole a perdu entre 1988 et 1998
environ le quart de sa valeur. Les paysans-producteurs, faute de pouvoir
améliorer leurs moyens de production et ne bénéficiant
d'aucunes mesures et/ou initiatives de protection, ont été
contraints à migrer vers la capitale et les pays voisins (transfert de
la pauvreté). Par rapport aux objectifs recherchés de stimuler la
production agro-exportatrice, il s'est donc produit non seulement l'effet
contraire mais aussi la baisse de la production alimentaire.
Cette libéralisation des importations, mal
inspirée et mal équilibrée, s'est accompagnée d'un
déficit au niveau des échanges agricoles qui n'a pas cessé
d'augmenter. Les importations alimentaires et les exportations agricoles ont
évolué en sens inverse. En moins de vingt ans (1981-1999), ces
importations ont plus que triplé pendant que les exportations continuent
leur chute (plus de 30%). Ce qui conduit à des
déséquilibres de la balance commerciale, qui après avoir
connu une période de stabilisation entre 1996 et 1998, pour des
déficits moyens de l'ordre de 300 millions de dollars, a subi une
accélération particulière pour atteindre un déficit
avoisinant les 600 millions dollars en 1999. Le coefficient de
dépendance alimentaire oscille ces jours-ci entre 35 et 40. La
production rizicole a significativement décliné : de plus de 110
000 tonnes en 1985, la production du riz a chuté de plus du quart en
moins de vingt ans. Les tarifs douaniers appliqués sur le riz
importé sont les plus bas de la région. Ils ont été
ramenés de 35% à 3% alors que le tarif extérieur commun de
la caraïbe pour ce produit ne va pas en deçà des 20%. Ce qui
facilite les importations provenant notamment des Etats-Unis au
détriment de la production nationale et des producteurs nationaux qui
ont été exclus des marchés locaux. Les
importations du riz américain sont passées pratiquement de
zéro avant la libéralisation des marchés à plus de
200 000 tonnes métriques. Ce qui classe Haïti dans les cinq
premiers marchés d'exportation du riz américain après
respectivement le Japon, le Mexique et le Canada40(*). Parallèlement, le riz
arrivant sous forme d'aide alimentaire a suivi la même tendance. De moins
de mille tonnes métriques (TM) en 1984, le volume de
dons alimentaires dépasse les trente milliers de tonnes métriques
(34 000 TM en 2000). La part de cette forme d'importation,
serait suivant les années entre 10 et 15% du total du riz
consommé. L'aide alimentaire, véritable arme de
pénétration des marchés réticents, a pris une place
importante dans la sécurité alimentaire en Haïti et s'est
institutionnalisée depuis plus d'une quinzaine d'années.
La production agricole, en raison de sa stagnation, ne couvre
qu'environ la moitié des besoins alimentaires, un recul assez important
quand on le compare au 70 - 75% du début des années 1970. Plus du
tiers des besoins alimentaires sont couverts par les importations totales y
compris les dons alimentaires. Cette dépendance est de plus en plus
importante comme l'indique le Tableau II.
Tableau II
Couverture des besoins alimentaires
|
1995-96
|
2000-01
|
Balance alimentaire
|
TEC
|
%
|
TEC
|
%
|
Besoins
|
1 710 000
|
100%
|
1 830 000
|
100%
|
Offre Nationale Nette (Production -
Exportations )
|
980 000
|
57%
|
1 000 000
|
55%
|
Importations Commerciales Nettes
|
300 000
|
18%
|
525 000
|
29%
|
Aide alimentaire
|
140 000
|
8%
|
140 615
|
8%
|
Déficit alimentaire
|
290 000
|
17%
|
164 385
|
8%
|
Source : CNSA, 2002 TEC :
tonnes-équivalent céréales
De 25% en 1995, elle est de 37% en 2001. Toujours est-il que
le pays semble devoir compter pour longtemps sur l'extérieur pour
assurer ses besoins alimentaires et combler les déficits. Ceci pour
maintes raisons, telles la faible performance économique, la
récurrence des catastrophes naturelles, le rythme d'accroissement de la
population et de leur concentration dans la capitale et les villes urbaines
secondaires. Cette concentration, particulièrement à
Port-au-Prince (plus de 20% de la population) constitue un défi majeur
en matière d'approvisionnement alimentaire. De là les
difficultés à concilier la nécessité de satisfaire
les besoins intérieurs (faciliter les importations) et le désir
de promouvoir les exportations (augmenter la production) paraissent
insurmontables.
D'autre part, Haïti affiche l'un des Indices Globaux de
Sécurité Alimentaire (IGSAM) le plus faible du
monde (28,60 en 1993). Les récentes estimations du CNSA
(Conseil National de Sécurité Alimentaire) indiquent que
près de la moitié de la population serait en situation
d'insécurité alimentaire. Ainsi, il n'y a pas eu de retournement
des niveaux de vie de la population. L'économie nationale est
remodelée et la production pour le marché intérieur est
détruite. Les revenus ont significativement reculé et les prix
des produits de premières nécessités ont renchéri.
Les populations à faibles revenus sont les premières victimes de
cette hausse des prix. En dépit d'éventuelle amélioration
de l'offre alimentaire globale, l'accès à ces
disponibilités demeure dans une certaine mesure très
problématique, aussi bien pour les catégories vivant en milieu
rural qu'urbain.
Tableau III
Evolution comparative de la productivité
agricole par région
Valeur ajoutée agricole par travailleur agricole
en dollar de 1995
Pays
|
1988-1990
|
1998-2000
|
Haïti
|
430
|
334
|
Honduras
|
855
|
979
|
Bolivie
|
956
|
1039
|
Jamaïque
|
1027
|
1559
|
Nicaragua
|
1251
|
1813
|
République Dominicaine
|
2010
|
2769
|
Source : Banque mondiale, Rapport du développement
dans le monde 2003
II.1.2) Secteur Secondaire
Tenant compte des liens existant entre les secteurs primaire
et secondaire, ce dernier subit indubitablement les contrecoups du premier. Il
s'en suit donc que le secteur secondaire présente aussi ses faiblesses.
Au niveau de ce secteur, le sous-secteur industrie
d'assemblage, semble être le plus intéressant en terme de
potentialité pour obtenir un avantage compétitif. Toutefois, le
potentiel de cette industrie est largement sous-exploité, en
témoignent les performances modestes des firmes haïtiennes. Alors
qu'en 1978, les exportations haïtiennes étaient supérieures
de 60% aux exportations de la République Dominicaine dans le secteur
assemblage, en 1989, les exportations dominicaines atteignaient
déjà le triple des exportations haïtiennes. Les Philippines
qui, en 1978, réalisaient moins de la moitié des exportations
haïtiennes avaient, en 1989, atteint, rien que vers les
USA, 6.6 fois le montant des exportations du pays.
Ainsi, l'embargo économique sur Haïti, de 1991
à 1994, a donc sonné le glas d'une industrie déjà
en déclin. Toutefois, une faible reprise a été
observée, mais insignifiant au regard des taux de croissance annuels
spectaculaires enregistrés pour l'industrie dans la zone, entre 10% et
15%.
Plusieurs facteurs bloquent encore la
compétitivité de ce secteur. Citons entre autres :
· le faible niveau de qualité et le coût
relativement élevé des services portuaires. Les charges
portuaires en Haïti sont d'environ 10 fois plus élevées que
celles des compétiteurs de la zone, tels que le Costa Rica, Panama pour
ne citer ceux-là.
· La distribution de l'énergie qui est tout a fait
irrégulière, avec un prix au kw/h trop
élevé. Les entreprises sont donc obligées de fonctionner
avec de petites unités de production, ce qui fait encore augmenter le
coût de l'énergie consommée.
· L'insécurité et l'instabilité
politique ont fait beaucoup de mal au secteur.
· Le pétrole étant un bien
complémentaire, les crises enregistrées ont occasionné
davantage non seulement la faiblesse de la production nationale, mais aussi la
baisse du pouvoir d'achat des ménages.
II.1.3) Secteur tertiaire41(*)
L'analyse des informations du Tableau I montre, depuis le
début des années 80, que ce secteur devance les deux autres
(primaire et secondaire). Le tourisme est une industrie en pleine croissance au
niveau de la zone Caraïbe. En effet, chaque année plusieurs
millions de visiteurs fréquentent la région. Progressant à
un rythme d'environ 7% l'an, la croissance régionale et mondiale du
tourisme est à la fois régulière et constante.
En effet, en 1994, les Caraïbes ont
généré des revenus de 11,6 milliards de dollars
E.U de revenus touristiques, sur un total mondial de 346
milliards de dollars E.U. En 2003, les caraïbes ont
obtenus un revenu de 22 milliards de dollars sur un total mondial de 475
milliards de dollars E.U. Dans ces performances du secteur, la
part d'Haïti est nettement insignifiante. Une initiative pour mesurer les
recettes collectées de l'activité touristique en 1996 a fait
état d'un revenu de 24 millions de dollars (soit .11% du total de la
zone), dont plus de 75% générés par les haïtiens de
la diaspora et de la différence gagnée 2.6 millions seulement au
site de Labadie qui reçoit encore des bateaux de croisière.
Cet état de fait témoigne pratiquement de
l'inexistence de ce secteur en Haïti, alors que les experts son unanimes
à reconnaître les atouts d'Haïti dans ce domaine et son haut
niveau de compétitivité par rapport aux autres pays de la
Caraïbe. En effet, il s'agit de la même région, du même
climat et des mêmes paysages. Toutefois, cette situation tire son
explication de l'instabilité politique et l'insécurité
chronique sévissant depuis plus de deux décennies dans le pays.
Ce qu'a contribué à la décadence continue de la balance
commerciale traduisant ainsi le problème majeur du secteur
réel.
II.2) Evolution de la Balance des Paiements
II.2.1) Mouvements des Capitaux
Tenant compte de l'ensemble des informations tirées des
publications annuelles de la Banque Centrale (BRH) relatives
aux comptes des opérations en capital ou encore mouvements de capitaux,
il est permis de faire les principaux constats suivants qui ont marqués
la période sous étude :
· Entre 1981 / 82, il a été observé
une baisse relative en terme de croissance, soit une valeur de 0.6%. Ce
léger gain provenait d'une sensible augmentation des investissements
privés. La position extérieure de la dette a fléchie de
5.6% en raison de la crise politique, stimulant d'avantage le recul de nos
principaux bailleurs de fonds42(*).
· De 1990 / 94, période au cours de laquelle
Haïti se trouvait privé du soutient de l'extérieur, en
raison de l'embargo commercial et financier accompagnés de
l'instabilité politique, pâtissent les indicateurs majeurs de
l'économie nationale. Les opérations en capital ont connu une
contraction de 50%, passant de $54.8 millions US en 1990 / 91
à $26.05 millions US en 1991 / 92, en rapport à
la décroissance des capitaux privés, soit de 22.3%. Au cours du
mois d'avril à septembre 1993, le montant des arriérés de
paiements de la dette externe a diminué pour un solde négatif de
$10.9 millions US contre $11.0 millions US
pour le semestre correspond à l'exercice antérieur.
· De 1997 / 2004, les éléments
d'informations recensées dans les publications annuelles de la
BRH montrent, pour l'ensemble de cette dite période,
que le solde des opérations financières a connu une
évolution en dent de scie, connaissant aussi bien des excédents
que des déficits. Ainsi, de 1997 / 98, le solde des opérations a
progressé en passant de 60,49 à 157,82 millions de dollars
EU, grâce aux rentrées nettes du secteur non
bancaire et de la croissance des investissements directs, pour connaître
en 2003, un déficit de 48,46 millions de dollars EU qui
sera redressé, en 2004, à plus de 13,71 millions de dollars
EU, suite à la performance des autres investissements
d'une valeur de 7,8 millions dollars EU.
Tableau IV
Effectif de la monnaie en circulation et des
réserves nettes de change
(Millions de gourdes)
1975 & 2004
Années
|
Monnaie en circulation
|
Réserves nettes de change BRH
|
1975/79
|
961
|
ND
|
1980/84
|
25361.83
|
521.5
|
1985/89
|
50792.04
|
-316.4
|
1990/94
|
105242.901
|
ND
|
1995/99
|
201925.32
|
24514.77
|
2000/04
|
418228.69
|
ND
|
Source : BRH-Direction des études
économiques
ND : Données non disponibles
II.2.2) Evolution du commerce extérieur
Les données du Tableau V relatives au rendement du
commerce extérieur d'Haïti, au cours de la période allant de
2002/2003, confirment les tendances constatées depuis la moitié
de la décennie 80. Deux éléments importants
caractérisent cette période, d'une part, la dépendance de
plus en plus importante vis-à-vis de l'extérieur, d'autre part,
la réduction pertinente du volume des exportations, s'expliquant par le
ratio (M/X) passant de 51% au cours des années 1980 à environ
29.6% en 2003.
En effet, si au début des années 80 les produits
du secteur assemblage (articles manufacturiers) comptaient pour environ 80% en
termes de revenus d'exportation, en 2003, leur poids est responsable pour
environ 20% seulement. Ce résultat est imputable en partie au manque de
dynamisme du secteur agricole. On constate en effet, que la contribution de ce
secteur aux exportations passe de 56% au début des années 80
à un peu moins de 15% en 2003.
En effet, les exportations ont diminués en volume et en
valeur durant cette période. Situation qui allait entraîner une
forte baisse de l'emploi dans le secteur, 17800 en 2004, très loin des
33607 personnes employées en 1991. Associé à la crise
politique, cette situation est à la base de la fermeture d'importantes
firmes du secteur manufacturier et de la chute des commandes adressées
à l'assemblage dans le pays.
Ainsi, on comprend, dans un tel contexte que le
déséquilibre commercial ne pouvait que s'accentué. En
effet, le partenariat avec les USA, pays vers lequel
Haïti dirige 90% de ses exportations et d'où proviennent 60% des
importations, affiche en 2003 une nouvelle baisse du commerce extérieur.
D'où la persistance du déficit global de la balance
commerciale : 909,62 millions de dollars américains, soit 19% du
PIB en 2003 contre 139,4 millions de dollars américains
en 1983, soit 9% du PIB.
Cependant, encore une fois, grâce à la forte
croissance des transferts de la diaspora haïtienne qui a atteint environ 1
billion de dollars US en 2003, le poids du déficit du
compte des opérations courantes avant dons par rapport au
PIB a pu être limité à environ 5%.
Tableau V
Le ratio des exportations/importations en
pourcentage
1986 & 2004
Années
|
Ratio import/export
|
1986/87
|
61.4
|
1987/88
|
43.7
|
1988/89
|
54.48
|
1989/90
|
43.08
|
1990/91
|
46
|
1991/92
|
37.91
|
1992/93
|
32.25
|
1993/94
|
26.15
|
1994/95
|
20.89
|
1995/96
|
18.87
|
1996/97
|
21.39
|
1997/98
|
24.73
|
1998/99
|
23.48
|
1999/00
|
19.31
|
2000/01
|
28.91
|
2001/02
|
27.48
|
2002/03
|
29.6
|
2003/04
|
ND
|
2004/05
|
ND
|
Sources : IHSI/BRH
M : Importations
X : Exportations
ND : Données non disponibles
II. 3) Etude comparative du système des Finances
publiques
Le Tableau VI43(*) ci-dessous, permet de réaliser une analyse
plus approfondie de l'évolution des principales composantes des Finances
Publiques, durant les trois dernières décennies.
En effet, la seconde tranche de la décennie 70, plus
précisément 1975/79, est caractérisée par une
progression de l'économie, expliquée par les résultats
apparaissant plus ou moins significatifs des recettes et des dépenses
publiques. Cette progression de l'économie s'étend jusqu'au
premier quinquennat des années 80, soit 1980/84 avec un poids du budget
de l'Etat de 2769.6 MG (millions de gourdes).
La seconde moitié de la décennie des
années 80 allait être le contraire de la situation
précédemment observée. Cette période et même
la première tranche des années 90 se caractérisent par une
politique expansionniste du secteur public haïtien. On y assiste en effet
à la hausse effrénée des dépenses de l'Etat, alors
que parallèlement les recettes se contractent d'un exercice à
l'autre. Ce contexte difficile a ainsi amené la déstabilisation
des institutions, gravement affecté la production et le commerce avant
et après le départ du régime, entraîné la
régression économique et amplifié le
phénomène de la pauvreté qui n'atteint plus seulement les
couches les plus vulnérables, mais s'est étendue également
aux couches moyennes de la population. Le déficit budgétaire
public devient si courant qu'on semble s'y habituer et n'avoir vraiment aucune
volonté de l'enrayer (Cf tableau VI).
Tableau VI
Recettes publiques, Dépenses publiques et solde
budgétaire
(En millions de gourdes)
1975 & 2004
Périodes
|
Recettes
Publiques
|
Dépenses
Publiques
|
Solde budgétaire
|
1975/79
|
702.86
|
820.04
|
-117.18
|
1980/84
|
4434.6
|
1665
|
2769.6
|
1985/89
|
1281.52
|
1918.06
|
-636.54
|
1990/94
|
1148.2
|
1827.14
|
-678.94
|
1995/99
|
4465.34
|
5748.48
|
-1283.14
|
2000/04
|
8639.856
|
11732.84
|
-3092.98
|
Source : MEF (Ministère de
l'Economie et des Finances)
Calculs de l'auteur
II.3.1) Recettes publiques
Les recettes totales de l'Etat, qui constituent la partie
dominante de l'état du balancement du budget des Finances Publiques,
paraissent fébriles en raison de la faiblesse de la production nationale
dépositaire du comportement de l'économie nationale. Cette
situation est illustrée par les résultats du Tableau VI. En
effet, la montée des dépenses totales provenant des
suppléments des dons, du financement externe majoritairement sous forme
d'emprunts, conduisent au maintient de la tendance déficitaire de ce
solde.
Pour la période allant de 1975 à 1979, le niveau
des recettes publiques allait être plus ou moins satisfaisant grâce
au moteur générant les intrants économiques, en
l'occurrence, « l'agriculture »44(*). Ces derniers devraient
gérer les chocs endommageant le secteur réel via l'insuffisance
des recettes publiques, occasionnée par les tergiversations politiques
qui ont affaibli davantage ce secteur.
La décennie des années 90 va être
marquée par l'un des plus grands endommagements que n'a jamais connu
l'économie du pays avec un niveau de décroissance spectaculaire
du PIB de -13,2% (voir le Tableau I). Consécutive
à l'embargo commercial, de 1991 à 1994, des niveaux chroniques de
déficits budgétaires respectivement de 459.6 ; 535.4 ;
947 et 10238.7 MG, témoignent des conditions alarmantes
du système des finances publiques. De 1995 à 1997 les recettes
n'ont cessé de progresser en raison des niveaux minima de croissance
économique de 4.4 ; 1.4 ; et 3.1 %, évoluant à
l'inverse du solde budgétaire avec des déficits variant en dent
de scie de 1680.1 ; 683.7 et 1015.22 MG.
Compte tenu de la faiblesse du niveau de la croissance
économique, du manque à gagner au titre des droits d'accise
résultant de la hausse du prix du pétrole sur le marché
international et de la dépréciation continue de la gourde, les
recettes ont diminué de 1,67% par rapport aux périodes qui
précèdent et de 2,63% par rapport à l'année 2000
pour se chiffrer à 6169,6 MG. Cette mauvaise
performance peut être attribuée directement au comportement des
droits d'accises (diminution de 75,3%), étant donné que les
recettes douanières et toutes les autres composantes des recettes
internes ont augmenté. La pression fiscale45(*) s'est établie à
8% contre 9% antérieurement avec un potentiel fiscal de
l'économie haïtienne de 13%, alors que la moyenne des pays en
développement à faible revenu s'élevait à 18%
Cependant, en raison de la stagnation de l'économie et
des défaillances administratives résultant de la décision
du gouvernement d'appliquer partiellement et de manière erratique la
taxation des produits pétroliers46(*), les recettes totales ont augmenté seulement
de 3% suite à cet exercice. Ce qui n'a donc pas empêché
d'enregistrer un abaissement des pressions fiscales, soit un niveau de 7.4% en
2001 relativement inférieur à la période
précédente.
Au cours de l'exercice 2002, la structure des recettes s'est
modifiée légèrement en faveur des impôts directs sur
le revenu et les bénéfices. Cette modification ne pouvait
réduire de manière notable l'abaissement du déficit
budgétaire, en raison de la taxation des produits importés
représentant un niveau de 56% des recettes totales du pays. Le trait
marquant de cette structure des recettes demeure la part relative des
impôts qui n'a pas dépassé les 20% depuis l'exercice 2000.
Et, l'augmentation tardive des recettes en 2003 correspondant à une
croissance rapide des dépenses totales aboutissant à un
déficit du budget de l'Etat.
II.3.2) Dépenses publiques
Celles-ci ont progressé de 49% durant la
première phase de la crise (1981/1986), passant de 894.7 millions de
gourdes en moyenne, de 1975/80, à 1838.74 millions gourdes, en
1981/1986. Quoiqu'il ait été observé un net ralentissement
du rythme de croissance (3.3%), en 1986/90, la progression a repris sa marche
durant la troisième phase de la crise, accusant ainsi un montant de 2294
millions de gourdes, soit une variation moyenne de 22,42%. En outre les
dépenses à titre de salaires, occupent plus de 80% du budget de
la République au cours des différentes périodes de la
crise ; ce, au détriment des investissements réguliers,
seuls, après la création d'un environnement économique
adéquat, propres à la croissance.
Ce laxisme en matière budgétaire et fiscale est
maintenu jusqu'en 2004(47(*)), en dépit des engagements de l'Etat
haïtiens auprès des organismes de financement internationaux, dans
le cadre des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) et des
reformes économiques.
II.3.3) Solde budgétaire
Avec la chute de nos exportations, qui, au départ, a
conduit au déclenchement de la crise haïtienne et avec la
réduction drastique de l'aide externe, au cours des trois
premières phases de cette crise, les recettes de l'Etat ont
considérablement régressé. Cette régression s'est
accentuée avec l'effritement causé par l'exaspération de
la contrebande et de la corruption fiscale. A cela, il faut ajouter la
situation chaotique des entreprises publiques auxquelles la Banque Nationale
s'est vue obligée de prêter main forte en finançant leurs
besoins de trésorerie. Et, le fait que l'Etat dépense ou vit
même au dessus de ses moyens a davantage compliqué la situation
déjà précaire.
Toutefois, il est intéressant de constater, depuis 1995
(4ème phase de la crise), la tendance à la stabilisation des
dépenses publiques suite aux programmes financiers signés avec le
Fond Monétaire International (FMI). En même
temps, d'importantes mesures ont été adoptées par les
autorités financières publiques pour l'amélioration et
l'augmentation des recettes fiscales. Le relèvement du taux de pression
fiscale (de 7 à 10% du PIB) ainsi que les initiatives
en vue de l'élargissement de l'assiette fiscale s'incarnent dans cette
logique. Ces mesures visaient l'amélioration du déficit
budgétaire chronique de l'Etat.
III.) Analyse des principaux mécanismes du
coût de la vie en Haïti
Dans son article intitulé « Pressions
Inflationnistes et Demande dans l'Economie Haïtienne48(*) », L'Economiste
Frédéric-Gérald Chéry a soutenu
que la tendance générale semble indiquer que l'inflation est un
phénomène quasi cyclique en Haïti.
« L'économie haïtienne alterne des taux d'inflation de
grandeurs voisines tous les deux ans ».
Ainsi, selon les données publiées par l'Institut
Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI),
l'économie haïtienne a enregistrée une hausse des prix, en
1987 et 1988, de 11.1% et -0.1%, en 1990 et 1991, de 16.4% et 20.6%, environ
17% entre 1995 et 1997 et 8.3% et 9.9%, en 1998 et 1999. Enfin, l'examen des
chiffres de l'IHSI a révélé que
l'inflation est répartie à la hausse en 2001 pour
connaître, en 2003, une évolution hyper-inflationniste en
franchissant la barre psychologique de 40%.
D'après l'analyse réalisée par M.
Chéry, les phases d'inflation modérée
sont synchronisées avec des événements
précis : entre 1986-1987 : politique de libéralisation
du commerce extérieur, programme d'ajustement structurel
(PAS), et prêts du FMI et de la Banque
Mondiale ; les années 1991-1994 sont marquées par un rythme
inégal de croissance des prix, imputable aux effets d'un embargo
commercial et financier imposé au pays ; entre 1995-1997 :
apport de capitaux externes avec la restauration de la démocratie en
Haïti. Un peu plus tard, en 1996, les autorités monétaires
haïtiennes initient des mesures de contrôle des prix sous la forme
d'une offre de Bons du Trésor par la Banque Centrale.
L'achat de ces titres par les banques commerciales
amène généralement une certaine stérilisation de la
monnaie, et donc une diminution de la quantité de monnaie en
circulation. La politique des Bons du Trésor était censée
entraîner une baisse du crédit, une hausse des taux
d'intérêt et une baisse des prix à travers une contraction
de la demande49(*).
Ainsi, en 2000-2001, les taux d'intérêt sur les
Bons du Trésor avoisinaient près de 30% l'an et ceux sur les
prêts des banques commerciales jusqu'à 48% l'an50(*). Or, malgré ces mesures
les prix n'en continuaient pas moins d'augmenter. En effet, il est admis que la
croissance excessive de la masse monétaire peut avoir des
conséquences inflationnistes. Cependant, sa seule restriction ne permet
pas toujours de contrôler tous les phénomènes a vocation
inflationniste51(*).
III.1) Besoins de consommation et inflation en
Haïti
Les données fournies par les Enquêtes de Budget
Consommation des Ménages (EBCM) révèlent
certaines transformations survenues au niveau de la demande de biens et
services des ménages haïtiens. L'examen de ces données
montre que ces transformations peuvent être aussi à la base de la
hausse des prix, dans un contexte où l'offre de biens et services
produits localement est rigide.
Un des résultats des EBCM est la
détermination du contenu du panier de la ménagère en
termes de biens achetés52(*). En effet, en 1971, la ménagère
allouait 65.3% de son revenu à l'alimentation, 23% aux biens
industriels. Les services comptaient pour 4% de la valeur de ce panier de biens
et 15% du revenu allaient au logement. En 1980, 48% du revenu du ménage
gagnant moins de 250 gourdes par mois allaient aux biens alimentaires, 36% aux
biens manufacturés et 16% aux services. En 1988, comme le montre le
Tableau VII, ci-dessous, le panier de la ménagère est rempli
à hauteur de 49.4% par des biens alimentaires. Les services comptent
pour 28.1% du revenu, et 8.5% de ce dernier vont aux biens
manufacturés.
Tableau VII
EBCM 1987-1988 et 1999-2000
Répartition en % des dépenses de
consommation des ménages haïtiens
EBCM 1987-1988
%
|
EBCM 1999-2000 %
|
Alimentation 47.8
|
Alimentation 76.2
|
Boissons et tabacs 3.3
|
Enseignement 0.2
|
Habillement 8.7
|
Habillement 1.1
|
Logement 4.3
|
Logement 9.8
|
Meubles et articles de ménage 9.2
|
Equipement 5.7
|
Soins médicaux 2.2
|
Santé
0.4
|
Transport et communication 7.6
|
Transport 2.3
|
Education et loisirs 5.3
|
Loisirs et culture 0.2
|
Services 9.8
|
Hôtels, bar, restaurant 5.3
|
Autres produits non classés ailleurs 1.8
|
Autres dépenses 2.4
|
Total
100.0
|
Total
100.0
|
Sources : IHSI, EBCM 1987-1988 et 1999-2000.
Les données53(*) du Tableau VII suggèrent que la demande est
instable dans le temps. Les ménages, en tout cas, devenant de plus en
plus pauvres, sont réduits à augmenter la part relative du revenu
consacrée aux achats de biens alimentaires, c'est-à-dire à
garantir le minimum physiologique. Pourtant, un simple constat montre que les
ménages haïtiens achètent et ont accès à plus
de services que par le passé. La progression de la scolarité
atteste cette réalité. Par contre, les ménages
déclarent avoir alloué 0.2% de leur revenu à
l'éducation en 1999-2000. L'écart entre les données et ce
constat nous pousse à analyser l'évolution de la structure du
PIB, afin de démontre qu'une recomposition du panier de
la ménagère peut s'être produite en Haïti.
En fait, la structure du PIB par secteur tend
à diverger par rapport à la composition du panier de la
ménagère. Notons que le secteur agricole forme 33.4% du
PIB en 1988. En revanche, cette même année, les
ménages affirment avoir alloué 49.4% de leur revenu à
l'alimentation. En 1988 les services représentaient moins de 30% des
dépenses des ménages. Ces mêmes services qui comptent pour
20% des dépenses au niveau de l'EBCM de 1996, forment
46 % du PIB en 1988 et 48 % en 1996.
La divergence entre poids des services au niveau de la demande
marchande (EBCM) et du PIB peut être
due aux modalités de l'offre des services qui se réalise en
grande partie au niveau des institutions, sous la forme de biens non marchands,
évolution que les EBCM ne parviennent pas à
saisir. Cet écart traduit une évolution de la
société mal cernée par les statistiques officielles, en
termes d'offre et demande globales de biens et de services, et également
de réorganisation de l'économie nationale54(*).
III.2) Circulation monétaire et hausse des prix
Les économistes de l'école monétariste
expliquent la hausse des prix observée au niveau de l'économie
par les excédants de la masse monétaire qui ne sont pas
utilisés à des fins de production. Cette théorie est
illustrée notamment par l'équation MV=PQ de
Fisher. La hausse des prix étant expliquée par les principales
composantes de l'Offre et de la Demande Globales55(*), cet excédant
monétaire est susceptible de contribuer à stimuler la
consommation des ménages créant ainsi des pressions
inflationnistes au niveau l'économie.
Ainsi, l'impulsion des prix peut passer par le biais de la
monnaie. Toutefois, pour parodier l'économiste
Fréderic-Gérald Chéry, il ne s'agit pas
toujours d'une augmentation de la masse monétaire en tant que telle qui
influe sur la hausse des prix. De nouvelles pratiques monétaires peuvent
progressivement se mettre en place dans l'économie. Ainsi, les
ménages haïtiens expriment des demandes de biens et services qui
vont avec de nouvelles possibilités de circulation de la monnaie. Ils
notifient le choix de nouveau « patron » de consommation,
non saisi au niveau du panier de la ménagère, en exigeant plus de
valeur monétaire pour les biens qu'ils ont produits en cédant de
la monnaie pour avoir d'autres biens et services56(*).
En réalité, le ménage haïtien est
soumis à de nouvelles contraintes (sociales) de consommation. Par
exemple, tout petit détaillant de rues affirme qu'il vend cher afin de
pouvoir faire face aux besoins en éducation de ses enfants, en soins
médicaux et autres. Le producteur recherche une
réévaluation du prix des ses produits afin de satisfaire de
nouveaux besoins sociaux mal cernés en Haïti. Il est observé
également un phénomène implicite d'indexation du prix d'un
bien, en fonction du niveau de consommation visé par le producteur ou le
commerçant.
D'où le phénomène de la fixation
arbitraire des prix sur le marché haïtien. Ce
phénomène a été largement débattu par
l'Economiste Fritz Deshommes, dans son livre « Vie
Chère et Politique Economique en Haïti », pour qui les
circuits de commercialisation ne sont pas aussi clairs, aussi limpides et
transparents que le suppose la théorie de la libre concurrence. A la
faveur des situations de monopole et l'absence de l'Etat les prix sont donc
fixés unilatéralement par un petit groupe de vendeurs sur le
marché Haïtien.
Ainsi, dans une situation de stagnation de la production
nationale, les demandeurs doivent se concurrencer pour acheter les biens
produits localement en quantités réduites ou se reporter sur les
marchés étrangers pour utiliser leur pouvoir d'achat. Les
chiffres disponibles montrent que la production agricole et l'offre locale de
biens manufacturés diminuent depuis 1986. En 2002, ces deux secteurs ont
vu leurs productions chuter de 15% et de 36% par rapport à leur niveau
de 198057(*).
Il est évident qu'il existe une plus grande
volonté de consommer et également un accès aux biens et
services plus ouverts à tous. Les transferts d'haïtiens
expatriés et l'aide externe permettent de financer l'accès
à la consommation ; ils alimentent l'économie nationale en
devises converties locale. Ainsi, la quantité de monnaie en circulation
augmente et parallèlement la demande croît.
La production nationale étant déficiente, les
importations compensent l'offre locale de biens. Elles comptaient pour moins de
23.7% de la demande globale en 1987. Elles en représentent 53.2% en
200258(*). Ainsi par le
biais des importations et du financement de ces activités se dessinent
d'autres mécanismes de formation et de hausse des prix59(*).
III.3) Déficit budgétaire et coût
de la vie
La seconde moitié de la décennie des
années 80 allait être le contraire de la situation observée
durant la période 1975-1979 caractérisée par une relative
stabilité du déficit budgétaire. Les années 80
jusqu'à la première tranche des années 90 se
caractérisent donc par une politique expansionniste du secteur public
haïtien. On y assiste en effet à la hausse effrénée
des dépenses de l'Etat, alors que parallèlement les recettes se
contractent d'un exercice à l'autre. Ce contexte difficile a ainsi
amené la déstabilisation des institutions, gravement
affecté la production et le commerce avant et après le
départ du régime, entraîné la régression
économique et amplifié le phénomène de la
pauvreté qui n'atteint plus seulement les couches les plus
vulnérables, mais s'est étendue également aux couches
moyennes de la population. Le déficit budgétaire public devient
si courant qu'on semble s'y habituer et n'avoir vraiment aucune volonté
de l'enrayer (Cf tableau VI).
Avec la chute de nos exportations et la réduction
drastique de l'aide externe, au cours des trois premières phases de la
crise, les recettes de l'Etat ont considérablement
régressé. Cette régression s'est accentuée avec
l'effritement causé par l'exaspération de la contrebande et de la
corruption fiscale. A cela, il faut ajouter la situation chaotique des
entreprises publiques auxquelles la Banque Nationale s'est vue obligée
de prêter main forte en finançant leurs besoins de
trésorerie. Et, le fait que l'Etat dépense ou vit même au
dessus de ses moyens a davantage compliqué la situation
déjà précaire.
III.4) Balance des paiements et taux de change
Selon les informations disponibles sur le site Internet de la
BRH, avant les années 1980, Haïti avait rarement
connu des problèmes de balance des paiements. Selon cette même
source, le gouvernement avait une longue tradition de prudence en
matière de politiques monétaires et budgétaires. Ce qui
avait permis de garantir la parité fixe de la gourde par rapport au
dollar américain, établie par la convention du 12 Avril 1919, et
de maintenir une stabilité relative des prix (Cf Tableau VIII
de la page suivante, période allant de 1975 à 1978).
Or, à partir de la décennie des années
80, la position extérieure du pays s'est fortement
détériorée. Le solde de la balance des paiements s'est
traduit non seulement par une perte cumulée de 125.4 millions de dollars
EU au niveau des réserves nettes que détenait la
BRH, mais aussi, il ne suffisait plus à répondre
à une demande croissante de devises. Enfin, Le marché
parallèle de devises se développant rapidement, le régime
de parité fixe ne tarda pas à s'effondrer.
Les informations tirées du Tableau VIII, ci-dessous,
montrent en effet, la relation positive existant entre la quantité de
monnaie en circulation, le taux de change et l'indice des prix à la
consommation, qui n'ont jamais cessé d'évoluer à un rythme
croissant.
Tableau VIII
Evolution de la quantité de monnaie en
circulation, du taux de change et de l'indice des prix à la consommation
(IPC).
Période : 1975/2004
Années
|
Monnaie en circulation
|
Taux de change (BRH)
|
IPC
|
1975
|
153.38
|
5
|
100
|
1976
|
186.63
|
5
|
100
|
1977
|
211.74
|
5
|
100
|
1978
|
272.63
|
5
|
100
|
1979
|
348.36
|
5
|
132.01
|
1980
|
368.66
|
5
|
147.96
|
1981
|
399.82
|
5
|
159.95
|
1982
|
475.73
|
5
|
174.31
|
1983
|
533.09
|
5
|
188.37
|
1984
|
581.94
|
5
|
204.06
|
1985
|
653.51
|
5
|
221.55
|
1986
|
751.9
|
5.65
|
196.87
|
1987
|
797.72
|
5.97
|
196.57
|
1988
|
959.38
|
6.38
|
210.93
|
1989
|
1070.14
|
7.49
|
246.78
|
1990
|
1164.52
|
8.71
|
295.5
|
1991
|
1266.39
|
9.16
|
327.98
|
1992
|
1497.1
|
10.17
|
398.67
|
1993
|
2237.7
|
12.39
|
628.29
|
1994
|
2604.5
|
15.32
|
623.44
|
1995
|
2930.36
|
15.04
|
652.56
|
1996
|
3132.09
|
16.94
|
736.27
|
1997
|
3361.98
|
16.84
|
830.02
|
1998
|
3513.57
|
16.97
|
889.79
|
1999
|
3889.08
|
28.33
|
1015.54
|
2000
|
4932.97
|
25.49
|
576.56
|
2001
|
5575.97
|
27.35
|
657.9
|
2002
|
6670.18
|
29.69
|
723
|
2003
|
8786.09
|
42.02
|
1424.53
|
2004
|
8970.49
|
40.17
|
2805.53
|
Sources :
www.brh.net/IHSI (Institut
Haïtien de Statistiques et d'Informatique)
Compte tenu du lien étroit existant à moyen
terme entre l'offre de monnaie et l'évolution du niveau des prix, la
Banque de la République d'Haïti (BRH) s'est
évertuée à mener sa gestion de façon à
donner à la monnaie locale une progression permettant d'assurer que ni
les prix ni le taux de change ne subissent de pressions à la
hausse60(*).
Toutefois, ces objectifs ne sont pas toujours atteints. Suite
à des raisons conjoncturelles et politiques, la Banque de la
République d'Haïti (BRH) n'a pas toujours
été en mesure de réagir à temps face aux
fluctuations extrêmes du cours de change ou à de forts mouvements
de l'offre ou de la demande de liquidités. C'est notamment ce qui est
arrivé durant la période comprise entre 1991 et 1994, temps de
crises politique et économique graves. En effet, durant cette
période, le taux de change de la monnaie nationale par rapport à
la devise américaine s'est détérioré au point de
franchir les fourchettes suivantes : 19.33 gourdes entre 1991/92 contre
27.71 gourdes 1993/94, pour 1 dollar EU.
Durant cette même période, le niveau du
coût de la vie a augmenté dans les rangs de 726.65 et 1251.73
correspondant à une émission croissante de monnaie, soit des
valeurs de 2763.49 MG et 5534.86 MG (Cf
tableau VIII).
En effet, sur la première moitié des
années 1990, époque marquée par une progression
accélérée du déficit budgétaire, la
BRH a augmenté l'offre de monnaie dans des proportions
qui dépassaient les besoins réels de l'économie. De fait,
la période a enregistré une forte croissance des moyens de
paiement alors que depuis 1989 le PIB affichait une croissance
négative.
Sur la seconde moitié des années 1990, la banque
s'est attachée à adapter son financement du déficit du
secteur public aux promesses d'aide des bailleurs de fonds internationaux. Au
cours de la période, le taux d'inflation est passé d'une moyenne
de 7,9% entre 1975 et 1980 ; 8,3% entre 1980 et 1985; 7,1% entre 1985 et
1991 à 28,6% entre 1991 et 1994.
Au retour à l'ordre constitutionnel, à la fin de
l'année 1994, la Banque Centrale s'est donnée plus de
flexibilité dans la conduite de la politique monétaire. Elle
accorde désormais une attention soutenue aux fluctuations du cours du
change sans pour autant axer sa politique sur des objectifs rigides. Elle ne
limite pas sa perspective au court terme et ne réagit pas à
chaque fois qu'une fluctuation se produit dans le comportement des indicateurs
économiques dont elle suit l'évolution (inflation et taux de
change, notamment).
Les résultats de cette politique ont été
concluants dans la mesure où le taux d'inflation est revenu en moyenne
annuelle de 39,3% pour l'exercice 1994, à 27,6% en 1995, 20,6% en 1996,
16,2% en 1997 et 12,7% en 1998 et proche de 8% en 1999. De même, l'effort
de stabilisation du taux de change s'est révélé positif,
le prix de la gourde restant la plupart du temps en deçà de la
barre de 17 gourdes pour 1 dollar EU.
Cependant, malgré une telle politique, le niveau du
coût de la vie (IPC) et de la masse monétaire ne
cessaient jamais d'augmenter pour tout le reste de la période
considérée (1995/2004).
Le chapitre IV de ce travail s'applique
alors, à l'aide du modèle économétrique
élaboré dans le cas d'Haïti, à quantifier
l'évolution du coût de la vie au regard des principaux
déterminants du revenu des ménages.
IV.)
Illustration du modèle économétrique
Après un survol des aspects théoriques de
l'analyse de la mesure de l'inflation, au niveau des chapitres I à III
de ce travail, il vient à présent de tester quantitativement,
dans le contexte haïtien, un modèle qui permet d'identifier les
variables explicatives, les facteurs incitatifs ou limitatifs du niveau du
coût de la vie face aux déterminants du revenu des
ménages.
IV.1) Présentation du modèle
économétrique
En nous inspirant de certains travaux de
référence dont celui de IRVING FISHER,
formulation moderne de la théorie quantitative de la monnaie
établie par JEAN BODIN au XVIe
siècle, de revenu absolu de JOHN MAYNARD
KEYNES et du revenu relatif de DUESENBERRY, notre
analyse de la fonction du coût de la vie prend la forme
générale suivante :
IPCt = âo +
â1MCt +
â2Igt +
â3Cgt +
â4Nx t +
â5Sbt +
åt
Où âi (avec i allant de 0 @ 5)
représente les coefficients respectifs des différentes
variables et åt le terme d'erreur (t est le
temps exprimé en année). De plus :
IPC : Indice des Prix à la
consommation
Mc : Monnaie en
circulation
Cg : Consommation globale
Ig : Investissement global
(Investissement privé, Investissement public)
Nx : Exportations Nettes ou
Balance commerciale
Sb : Poids du budget de l'Etat
IV.2) Présentation des variables et
hypothèses du modèle
IV.2.1) Présentation des variables
Nous avons distingué dans ce modèle deux types
de variables :
- La variable dépendante ou expliquée, ou
encore endogène.
- La variable indépendante ou explicative ou encore
exogène.
Ainsi, cette étude a retenu une variable
dépendante (le coût de la vie) et cinq
variables indépendantes (Monnaie en circulation,
Consommation globale, Investissement global, Exportations Nettes ou
Balance commerciale, Poids du budget de l'Etat).
Notre fonction du coût de la vie est construite de la
manière suivante :
IPC = F (Mc, Cg, Ig,
NX, Sb)
(+) (-) (-) (-) (-)
Le signe (+) ou (-) sous chaque variable explicative indique
à priori l'impact attendu de la variable considérée sur le
coût de la vie.
Cette fonction permet d'expliciter, dans le cas d'Haïti,
au travers des principaux indicateurs macroéconomiques listés
ci-dessus, l'évolution du coût de la vie en Haïti. Elle
répond au but d'analyser le lien causal qui pourrait exister entre le
croit rythmique du coût de la vie et le comportement des principaux
déterminants du revenu des ménages pour la période
sous-étude.
IV.2.2) Hypothèses du modèle
A ce stade du travail, il est utile d'expliciter l'ensemble
des hypothèses statistiques énoncées :
· La relation entre les variables explicatives et la
variable dépendante (y) est linéaire.
· Il n'y a ni erreurs de mesure, ni erreurs
d'échantillonnage sur les variables explicatives, autrement dit, les
xij ne sont pas aléatoires.
· Les résidus åi sont
d'espérances nulles.
· Les résidus åi sont non
corrélés.
· Tous les åi ont la même variance
(homoscédasticité)61(*).
IV.3) Estimations du modèle et analyse des
résultats
IV.3.1) Estimations du modèle
Cette étude s'opère par une approche
économétrique analysant un modèle de régression
multiple (MCO : Moindres Carrés Ordinaires).
En effet, les économètres donnent aux chercheurs
la possibilité d'utiliser plusieurs modèles
économétriques aux besoins. Dans le cadre de ce travail, le
modèle sélectionné est linéaire
général.
En économétrie, on ne considère pas
simplement que les variables soient observées sur des unités
statistiques. On postule l'existence d'un modèle qui régit les
relations entre les variables. La relation la plus simple est une relation
linéaire entre les variables explicatives et la variable
dépendante62(*).
L'estimation par les
MCO permet de calculer le résidu. Si ce résidu
est stationnaire, l'hypothèse d'une co-intégration entre les
variables est acceptée. Les tests de stationnarité sur le
résidu doivent s'effectuer à partir des valeurs critiques
tabulées par GREGORY CHOW en fonction du
nombre total des variables du modèle. Si le résidu est
stationnaire, nous pouvons aussi effectuer les tests de normalité et de
ARCH.
Le modèle linéaire général
s'écrit ainsi :
Yi =?xijâj +
åi, où i=1,2...n.
Où :
Xij représente la valeur
prise par la jième variable sur l'individu i, les
xij sont supposés non aléatoires, âj est la
jième composante du coefficient de régression, les
åi sont des variables aléatoires telles que :
§ E (åi) = 0 pour tout i,
§ E (åiåk) = 0 pour tout i ? k,
§ E (å2i) = ó2b pour tout i.
IV.3.2) Analyse des résultats de l'estimation du
modèle
Ainsi, après l'estimation du modèle, on obtient
les résultats ci-dessous (Cf Tableau IX) qui expliquent
l'interdépendance existant entre le niveau du coût de la vie et
les principaux déterminants du revenu des ménages.
Tableau IX
Résultats de l'estimation du
modèle
Dependent Variable: IPC
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/17/08 Time: 21:31
|
Sample(adjusted): 1975 2004
|
Included observations: 30 after adjusting
endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
C
|
76.19266
|
22.67476
|
3.360241
|
0.0026
|
MC
|
0.244387
|
0.018750
|
13.03413
|
0.0000
|
CG
|
-0.007104
|
0.000536
|
-13.25374
|
0.0000
|
IG
|
-0.020336
|
0.006032
|
-3.371031
|
0.0025
|
NX
|
-0.002101
|
0.000991
|
-2.119913
|
0.0445
|
SB
|
-0.056913
|
0.041209
|
-1.381061
|
0.1800
|
R-squared
|
0.990736
|
Mean dependent var
|
502.1647
|
Adjusted R-squared
|
0.988806
|
S.D. dependent var
|
547.2387
|
S.E. of regression
|
57.89962
|
Akaike info criterion
|
11.13216
|
Sum squared resid
|
80456.78
|
Schwarz criterion
|
11.41239
|
Log likelihood
|
-160.9823
|
F-statistic
|
513.3197
|
Durbin-Watson stat
|
1.308410
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Source : Calculs
effectués sur les données à partir du logiciel E-Views
5.0
Le tableau ci-dessus présente les résultats de
l'estimation du modèle par les MCO. Dans la partie
supérieure de ce tableau figure le nom de la variable dépendante,
la méthode de l'estimation utilisée, la date et l'heure de la
réalisation, la période utilisée ainsi que le nombre
d'observations.
· En second lieu, nous avons en colonne, l'estimation des
coefficients associés à chacune des variables explicatives et
leur terme d'erreur ou encore déviation typique
estimé, appelé test statistique ou encore test de
la signification individuelle des variables, figurant à la
quatrième colonne et leur probabilité respective à la
dernière colonne. De manière plus élaborée, nous
devons retenir que :
· La colonne
« coefficient » reprend la valeur des
estimateurs des paramètres associés à chacune des
variables explicatives, lesquelles s'obtiennent à partir de l'expression
suivante :
â = (X'X)-1X
Cette relation est utilisée dans les hypothèses
classiques (voir nos hypothèses signalées antérieurement)
et ces estimateurs sont linéaires, biaisés, consistants. Chacun
de ces coefficients traduit la relation existante entre la variable
endogène pour un changement unitaire de la variable explicative
correspondante, en supposant que la variable constante ne varie pas.
Ainsi dans le cas de notre modèle, les
résultats obtenus traduisent nettement l'évolution du coût
de la vie via les variables explicatives sélectionnés, soit dans
une proportion unitaire de : 0.244387% de la monnaie en circulation, -0.007104%
de la consommation Globale, -0.020336% de l'investissement global, -0.002101%
des exportations nettes et -0.056913% du solde
budgétaire.
· La colonne des erreurs de standardisation (Std
Error) recorrige la déviation typique présumée
des estimateurs moyens, dans la mesure où la précision avec
laquelle les paramètres estimés soit biaisée. En d'autres
mots, ils nous indiquent le degré de confiance existant dans le
modèle estimé.
· La statistique t (t-statistic) qui se
calcule par le quotient entre l'estimateur et l'erreur de standardisation,
permet de constater le caractère significatif de chacune des variables
explicatives par rapport à la variable endogène.
· La colonne
« probability » permet de vérifier
la significativité de chaque coefficient par rapport à un seuil
significatif de 5%.
Enfin, en troisième lieu, dans la zone
inférieure du tableau, se trouvent d'autres informations statistiques,
mais qui ne permettent pas dévaluer partiellement la régression
réalisée. Notons notamment :
· R-squared (R2), c'est le
coefficient de détermination qui est une mesure statistique servant
à expliquer le niveau de régression permettant de prédire
les valeurs de la variable endogène durant la période sous
étude et ceux définis comme la partie de la variance de la
variable dépendante expliquée par rapport aux variables
exogènes. Dans le cadre de ce travail, R2 qui
représente la capacité explicative conjointe des variables du
modèle prend une valeur de 99.07%.
· Adjusted R-squared
(R2-ajusté), s'obtient à partir de
R2 pondéré suivant le degré de liberté.
L'avantage que présente ce coefficient par rapport à
R2 c'est qu'il permet de vérifier la capacité
explicative du modèle estimé. Ainsi, dans ce travail la valeur de
R2 ajusté se chiffre à 98.88%.
· Durbin-Watson (DW), cette statistique
permet de tester le niveau d'autocorrélation des erreurs (forte, faible,
doute, parfait) du modèle spécifié par rapport à la
valeur critique (2). La valeur de cette statistique se chiffrant, dans le cadre
de ce travail, à 1.308410, ce test est donc repris en détail un
peu plus loin lors de l'étude de la présence probable
d'autocorrélation des termes d'erreurs dans notre modèle.
IV.4)
Tests statistiques
Les différents tests statistiques sont importants dans
un travail économétrique car ils permettent de confirmer ou
d'infirmer la validité du modèle. Ainsi, dans le cadre de ce
travail un ensemble de tests sont réalisés.
IV.4.1) Test de stabilité des coefficients du
modèle dans le temps / Test de la racine unitaire
Ce test de stabilité des coefficients (Test de Chow) se
ramène à la question suivante : existe-t-il une
différence significative entre la somme des carrés des
résidus (SCR) de l'ensemble de la période et l'addition de la
somme des carrés des résidus calculée à partir de
deux sous périodes (SCR1 + SCR2) ?
En effet, dans le cas d'une réponse négative,
cela signifie que le fait de scinder en deux sous échantillons
n'améliore pas la qualité du modèle. Donc, qu'il est
stable sur la totalité de la période.
Les étapes sont alors les suivantes :
· La première étape consiste à
estimer le modèle sur chacune des deux sous périodes et à
déterminer les carrés des résidus.
· La deuxième consiste à calculer le Fisher
empirique. Le test d'hypothèse est le suivant :
H0 : SCR = SCR1 + SCR2
H1 : SCR SCR1 + SCR2
Le calcul du Fischer empirique est égal
à :
[SCR- (SCR1+SCR2)] /
ddln1
F*-
(SCR1 + SCR2) /
ddln2
En remplaçant les lettres par leurs valeurs on trouve,
F*- 1.65
Lorsqu'on procède aux estimations du modèle sur
toute la période et en deux sous périodes, soit de 1975-1990 et
de 1991-2004, on a les informations suivantes :
Tableau X.1
Résultat de l'estimation du
modèle
pour la 1ère
sous-période : 1975 - 1990
Dependent Variable: IPC
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/19/08 Time: 20:22
|
Sample: 1975 1990
|
Included observations: 16
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
MC
|
0.176550
|
0.027763
|
6.359213
|
0.0001
|
CG
|
0.003339
|
0.001914
|
1.744309
|
0.1117
|
IG
|
-0.013329
|
0.032822
|
-0.406087
|
0.6932
|
NX
|
-0.017194
|
0.010903
|
-1.577050
|
0.1459
|
SB
|
-0.029793
|
0.037919
|
-0.785693
|
0.4503
|
C
|
44.51583
|
22.36025
|
1.990847
|
0.0745
|
R-squared
|
0.961494
|
Mean dependent var
|
173.4288
|
Adjusted R-squared
|
0.942242
|
S.D. dependent var
|
57.94484
|
S.E. of regression
|
13.92588
|
Akaike info criterion
|
8.385371
|
Sum squared resid
|
1939.300
|
Schwarz criterion
|
8.675092
|
Log likelihood
|
-61.08297
|
F-statistic
|
49.94046
|
Durbin-Watson stat
|
1.460260
|
Prob(F-statistic)
|
0.000001
|
Source : Calculs effectués sur les
données à partir du logiciel E-Views 5.0
Tableau X.2
Résultat de l'estimation du
modèle
pour la 2ème
sous-période : 1991 - 2004
Dependent Variable: IPC
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/19/08 Time: 20:31
|
Sample: 1991 2004
|
Included observations: 14
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
MC
|
0.341414
|
0.038384
|
8.894809
|
0.0000
|
CG
|
-0.008709
|
0.000772
|
-11.28473
|
0.0000
|
IG
|
-0.023046
|
0.006648
|
-3.466761
|
0.0085
|
NX
|
-0.000275
|
0.001265
|
-0.217336
|
0.8334
|
SB
|
0.036707
|
0.069063
|
0.531497
|
0.6095
|
C
|
-56.99844
|
63.71576
|
-0.894574
|
0.3971
|
R-squared
|
0.994739
|
Mean dependent var
|
877.8629
|
Adjusted R-squared
|
0.991451
|
S.D. dependent var
|
615.7613
|
S.E. of regression
|
56.93490
|
Akaike info criterion
|
11.21922
|
Sum squared resid
|
25932.66
|
Schwarz criterion
|
11.49310
|
Log likelihood
|
-72.53455
|
F-statistic
|
302.5172
|
Durbin-Watson stat
|
1.279356
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Source : Calculs effectués sur les
données à partir du logiciel E-Views 5.0.
Soit :
SCR= 80456.78, SCR1= 1939.30 et
SCR2 = 25932.66 (Tableau IX, Tableau X.1, Tableau
X.2).
Avec ddln =16 et ddln = 14, le Fischer
calculé est égal á 1.65 et le Fisher lu F de la table 1
(Annexe IV) pour un seuil significatif á = 5% est égal á
2.59. Par comparaison, le Fisher calculé est inférieur à
la valeur lue. Donc, l'hypothèse H0 est acceptée, les
coefficients sont significativement stables sur l'ensemble des périodes
sous-études.
IV.4.2) Test de la signification globale de la
régression (Test de Fisher)
Ce test peut être formulé de la manière
suivante : existe-t-il au moins une variable explicative
significative ?
Soit le test d'hypothèses :
H0: a1= a2
=... = an
H1: Il existe au moins un des
coefficients non nul
Nous ne testons pas le cas où a0 est nul,
car à ce stade l'accent est sur les variables explicatives. Donc, un
modèle dans lequel, seul le terme constant est significatif, n'a aucun
sens économétrique.
Le cas où H0 est acceptée signifie
qu'il n'existe aucune relation linéaire significative entre la variable
à expliquer et les variables explicatives (ou encore que la somme des
Carrés Expliqués n'est pas significativement différente de
0).
La valeur lue de la table de
Fischer-Snedecor, présentant le tableau d'analyse de la
variance, permet d'effectuer le test de Fisher. En se servant du
résultat de l'estimation du modèle, on trouve F
=513.3197 (Tableau IX) comme résultat de l'estimation du
modèle, avec Fák, n-k-1 (valeur lue de
table 1) où á = 5%, n=30 et k = 5 (variables
explicatives).
La comparaison effectuée montre que ce Fisher
calculé qui est de 513.3197 est
supérieur au Fisher théorique ou lu de la table en annexe I, soit
F5% 5, 24 = 2.59, pour un seuil
significatif de 5%. Ainsi, l'hypothèse de nullité des
coefficients est rejetée, donc le modèle est globalement
significatif.
IV.4.3) Test de Durbin et Watson63(*)
Le test de Durbin-Watson (DW) permet de
détecter une autocorrelation des erreurs d'ordre 1 selon la forme :
åt = ? åt-1 + vt
avec vt > N(0,
o2v)
Le test d'hypothèse est le suivant :
H0 : p = 0
H1 : p ? 0
Pour tester l'hypothèse nulle H0, nous calculons la
statistique de Durbin et Watson à
l'aide de la formule :
Ónt=2 (et -
et-1)2
DW -
Ónt=1
et2
Où et représentent les résidus de
l'estimation du modèle. De part sa construction, cette statistique varie
entre 0 et 4.
Afin de tester l'hypothèse H0, Durbin et Watson ont
tabulé les valeurs critiques de DW au seuil de 5% en fonction de la
taille de l'échantillon n et du nombre de variables explicatives (k). La
lecture de la table permet de déterminer deux valeurs d1 et d2 comprises
entre 0 et 2 qui délimitent l'espace entre 0 et 4 comme le montre la
table lue à l'annexe 2.
Ainsi, selon la position du DW empirique dans cet espace,
nous pouvons conclure lorsque :
· d2 < DW
< 4-d2, on accepte l'hypothèse HO > p = 0 ;
· 0 < DW
< d1, on rejette l'hypothèse HO > p > 0 ;
· 4-d1 < DW
< 4, on rejette l'hypothèse HO > p < 0 ;
· D1 < DW
< d2 ou 4-d2 < DW < 4 - d1, nous sommes dans une zone
d'indétermination, ou zone de doute, c'est-à-dire que nous ne
pouvons pas conclure dans un sens comme dans l'autre. Dans la pratique on
accepte l'hypothèse la plus désastreuse ! Cependant, il
serait licite d'accepter l'hypothèse d'indépendance64(*).
D'autre part, en ce qui concerne notre modèle, les
conditions d'utilisation du test de Durbin et Watson sont bien
respectées. C'est-à-dire : le modèle est
spécifié en série temporelle, le nombre d'observations (n
= 30) est supérieur à 15 et, enfin, le modèle
estimé comporte un terme constant.
Le calcul de la statistique à partir des
résidus (réalisé à l'aide du logiciel Eviews 5.0)
est alors DW = 1.30841. Cette valeur comparée à celles lues dans
la table de Durbin et Watson, soit d1 = 1.07 et d2 = 1.84, avec n = 30 et k =
5. Il ressort donc, que la valeur de DW se situe dans la zone de doute.
Cependant, a proximité immédiate de la zone de rejet de H0, nous
pouvons plutôt conclure a une autocorrelation positive des
résidus, donc a une présomption de dépendance des erreurs.
Cette situation est illustrée est illustrée également par
le schéma suivant :
Schéma I
Graphique des résidus
L'analyse de ce graphique des résidus
révèle des résidus qui semblent cycliques. Ce qui est
symptomatique d'une autocorrélation positive des résidus.
Pour corriger cette autocorrélation des
résidus, nous allons procéder au test de Breusch-Godfrey. Ainsi,
un décalage « t-2 » en terme de série
temporelle permet d'obtenir les résultats ci-dessous :
Tableau XI
Correction de l'autocorrelation des résidus par
le test de Durbin-Watson
Résultat de l'estimation du
modèle
Dependent Variable: IPC
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/22/08 Time: 19:21
|
Sample(adjusted): 1977 2004
|
Included observations: 28 after adjusting
endpoints
|
Convergence achieved after 5 iterations
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
MC
|
0.245333
|
0.027271
|
8.996084
|
0.0000
|
CG
|
-0.007235
|
0.000627
|
-11.53239
|
0.0000
|
IG
|
-0.020071
|
0.007378
|
-2.720404
|
0.0128
|
NX
|
-0.001889
|
0.001105
|
-1.709837
|
0.1020
|
SB
|
-0.064474
|
0.057425
|
-1.122742
|
0.2742
|
C
|
67.91111
|
30.42633
|
2.231985
|
0.0366
|
AR(2)
|
0.036490
|
0.308392
|
0.118323
|
0.9069
|
R-squared
|
0.990536
|
Mean dependent var
|
530.8907
|
Adjusted R-squared
|
0.987833
|
S.D. dependent var
|
555.7130
|
S.E. of regression
|
61.29855
|
Akaike info criterion
|
11.28171
|
Sum squared resid
|
78907.75
|
Schwarz criterion
|
11.61476
|
Log likelihood
|
-150.9439
|
F-statistic
|
366.3394
|
Durbin-Watson stat
|
1.342388
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
Inverted AR Roots
|
.19
|
-.19
|
Source : Calculs effectués sur les
données à partir du logiciel E-Views 5.0
IV.2.4) Test de Breusch-Godfrey65(*)
Ce test, fondé sur un test de Fisher de
l'unité des coefficients ou de Multiplicateur de Lagrange « LM
test », permet de tester une autocorrelation d'un ordre
supérieur à 1 et reste valide en présence de la variable
dépendante décalée en tant que variable explicative.
L'idée générale de ce test réside dans la recherche
d'une relation significative entre le résidu et ce même
résidu décalé.
Une autocorrelation des erreurs d'un ordre n
s'écrit :
åt = p1 åt-1 + p1 åt-2 + .......... + pn
åt-n + vt
Après décalage n = 28 observations, car
chaque décalage entraîne la perte d'une observation.
Dans le cadre de notre travail nous allons recourir
à la statistique LM qui est distribué comme un Õ2 à
p degrés de liberté (annexe III).
Ainsi, si n x R2 > Õ2(p) lu dans la table au
seuil á,, on rejette l'hypothèse d'indépendance des
erreurs.
Soit :
IPC = 0.245333362*MC - 0.007235253724*CG - 0.02007132315*IG
- 0.001888730106*NX - 0.06447369737*SB + 67.91111385 +
[AR(2)=0.03648998224]
Avec R2 = 0.990536 et n = 28 (car nous avons perdu 2
observations du fait du décalage).
LM = 28*0.990536 = 27.735008 < Õ20.05(28) =
41.337
Compte tenu de toutes ces informations (test de Durbin -
Watson, test de Breusch - Godfrey), nous sommes enclin à accepter
l'hypothèse nulle H0.
Cette situation est corroborée par le tableau
ci-dessous qui est une régression auxiliaire permettant d'observant les
retards traduisant le pouvoir explicatif sur les résidus.
Tableau XII
Correction de l'autocorrélation des
résidus
Régression auxiliaire du
modèle
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM
Test:
|
F-statistic
|
2.296615
|
Probability
|
0.124213
|
Obs*R-squared
|
5.181653
|
Probability
|
0.074958
|
|
|
|
|
|
Test Equation:
|
Dependent Variable: RESID
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/23/08 Time: 13:15
|
Presample missing value lagged residuals set to
zero.
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
MC
|
0.023289
|
0.025179
|
0.924963
|
0.3650
|
CG
|
-0.000279
|
0.000552
|
-0.506428
|
0.6176
|
IG
|
-0.005457
|
0.006875
|
-0.793824
|
0.4358
|
NX
|
0.000749
|
0.001004
|
0.745639
|
0.4638
|
SB
|
0.026591
|
0.047665
|
0.557877
|
0.5826
|
C
|
7.372192
|
23.04340
|
0.319926
|
0.7520
|
RESID(-1)
|
0.507023
|
0.237859
|
2.131610
|
0.0445
|
RESID(-2)
|
-0.019589
|
0.275437
|
-0.071120
|
0.9439
|
R-squared
|
0.172722
|
Mean dependent var
|
3.25E-15
|
Adjusted R-squared
|
-0.090503
|
S.D. dependent var
|
52.67231
|
S.E. of regression
|
55.00419
|
Akaike info criterion
|
11.07587
|
Sum squared resid
|
66560.15
|
Schwarz criterion
|
11.44953
|
Log likelihood
|
-158.1381
|
F-statistic
|
0.656176
|
Durbin-Watson stat
|
1.895000
|
Prob(F-statistic)
|
0.705799
|
Source : Calculs effectués sur les
données à partir du logiciel E-Views 5.0
IV.4.5) Test de détection de
multicollinéarité
IV.4.5.1) Test de Klein
Ce test est fondé sur la comparaison du coefficient de
détermination R2y calculé sur le modèle
à k variables:
Y= A0 +A1X1
+A2X2 +............+AnXn +
åt
Et les coefficients de corrélation simple r2
xiyj entre les variables explicatives pour i?j.
Si R2y < r2
xiyj, il y a présomption de
multicollinéarité.
Tableau XIII
Vue des corrélations partielles
|
MC
|
CG
|
IG
|
NX
|
SB
|
|
|
|
|
|
|
MC
|
1.000000
|
0.706705
|
0.481389
|
-0.714891
|
-0.946756
|
CG
|
0.706705
|
1.000000
|
0.438730
|
-0.179087
|
-0.638838
|
IG
|
0.481389
|
0.438730
|
1.000000
|
-0.011210
|
-0.307587
|
NX
|
-0.714891
|
-0.179087
|
-0.011210
|
1.000000
|
0.802005
|
SB
|
-0.946756
|
-0.638838
|
-0.307587
|
0.802005
|
1.000000
|
Source : Calculs effectués sur les
données à partir du logiciel E-Views 5.0
La lecture du Tableau XIII permet de faire une comparaison
entre les coefficients partiels et R2y du Tableau IX. La
valeur de R2y étant supérieur dans chaque
cas, cela implique qu'il n'y a pas de présomption de
multicollinéarité.
IV.2.4.2) Test de Farrar -Glauber66(*)
Ce test comporte deux étapes :
· La première étape consiste à
calculer le déterminant (D) de la matrice des coefficients de
corrélation entre les variables explicatives.
· La deuxième étape consiste à
effectuer un test du ÷2, en posant les hypothèses
suivantes :
H0: D = 1 (les séries sont orthogonales)
H1: D < 1 (les séries sont dépendantes)
Se servant de l'annexe IV, on trouve D=0.003938 <1,
l'hypothèse H1 est acceptée, dans ce cas, il n'y a pas de
problème de multicollinéarité.
La valeur empirique du *Õ2 calculée
à partir de l'échantillon est égale à :
*Õ2 =
-[n-1-1/6(2K+5)]*lnD
Où n est la taille de l'échantillon, K le nombre
de variables explicatives (terme constant inclus, K=k+1) et Ln le logarithme
népérien.
Si * Õ 2
= Õ 2 lu dans la table
à ½ K(K-1) degrés de liberté et au seuil á
choisi, alors l'hypothèse H0 est rejetée. Il y a donc
présomption de multicollinéarité.
Si* Õ 2 <
Õ 2, alors nous acceptons l'hypothèse
d'orthogonalité.
En remplaçant les lettres par leur valeur on
obtient :
*Õ2 =
-[30-1-1/6(2(5+1)+5)]*ln0.003938
*Õ2 = 14.886984
Après calcul, le *Õ 2 est
égal à 14.886984 et inférieur a la valeur
lue de Õ 2 lu de la table de la loi de Chi-deux, soit
43.773, et permet de conclure qu'il n'y pas de présomption de
multicollinéarité entre les variables.
IV.4.6) Test de Normalité des
erreurs
Pour calculer les intervalles de confiance
prévisionnels et aussi pour calculer les tests de
Student sur les paramètres, il convient de
vérifier la normalité des erreurs.
Le test de Jarque et Bera
(1984), fondé sur la notion de Skewness
(asymétrie) et de Kurtosis (aplatissement), permet de
vérifier la normalité d'une distribution statistique.
Selon le test de Skewness et
Kurtosis, si les hypothèses H0 :
v1 = 0 (symétrie) et v2 = 0 (aplatissement
normal) sont vérifiées, alors v1 = 1.96 et
v2 = 1.96 ; dans le cas contraire l'hypothèse de
normalité est rejetée.
Donc, si s >
Õ21-á
on rejette l'hypothèse
H0 de normalité des résidus au seuil á.
D'où, par comparaison :
Õ21-á = 20.59 (table de la loi de Chi-Deux)
et s = 52.67231, la loi normale ou encore le test de normalité est
vérifié. Voir le schéma II ci-dessous :
Schéma II : Test de Normalité des
Erreurs
IV.5)
Conclusion du modèle
Il ressort donc de l'estimation de l'équation de
l'IPC, en fonction des variables exogènes
sélectionnées, ci-dessus, que le modèle répond bien
à notre attente. En effet, celui-ci explique la réalité
avec un R² ajusté de 98.8806% (Tableau IX). De même, tous les
tests statistiques réalisés, confirment bien la validité
du modèle conçu au départ.
En conséquence, dans le cas d'Haïti, le niveau de
la monnaie en circulation (MC), la Consommation globale
(Cg), de l'Investissement global (Ig), des Exportations
nettes (Nx) et du poids du budget de l'Etat (Sb) sont bien des
indicateurs macroéconomiques expliquant la réalité de la
montée du coût de la vie en Haïti.
Conclusions & Recommandations
Les analyses réalisées au niveau de ce travail,
autour de la problématique de l'inflation au travers des principaux
déterminants du revenu des ménages au cours de la période
allant de 1975 à 2004 , montrent que, durant la décennie 70, la
croissance observée de l'économie haïtienne est imputable
aux retombées de la production agricole et du secteur touristique qui,
à cette époque, représentaient les piliers
économiques du pays. Ce qui a expliqué les divers progrès
qu'a connus l'économie à la faveur de l'évolution du
secteur réel conduisant ainsi à une croissance du revenu
national.
Or, à partir de la décennie des années
80, le revenu national n'arrivait plus à afficher un résultat
satisfaisant par rapport à celui des années antérieures.
Autour de ce phénomène a pris naissance le slogan « la
vie chère en Haïti ». Nombre de raisons peuvent expliquer
cette décadence :
Le manque d'autorité ou la négligence
affichée par les décideurs politiques, l'insuffisance ou le
manque total d'investissement dans le secteur primaire pour faire avancer
l'agriculture, les périodes tragiques de bouleversements politiques
ainsi que des politiques socioéconomiques inadéquates, ne sont
pas les moindres pour expliquer la réalité combien troublante que
nous vivons...
Tous les secteurs de l'économie sont aujourd'hui en
déséquilibre. Le secteur réel a vu sa capacité
productive affaiblie au point de ne pouvoir répondre qu'à moins
de 25% de la demande globale des agents économiques. Le secteur
monétaire est caractérisé par une forte croissance de la
masse monétaire entraînant dans son sillage une inflation
galopante et une dépréciation continuelle de la gourde,
conséquence des mauvaises décisions prises en matière de
politique économique ajoutée à d'autres causes
structurelles.
Ainsi, l'insécurité politique et sociale, la
hausse vertigineuse des indices du coût de la vie entraînant avec
elle la baisse continuelle du revenu des ménages, demeurent
jusqu'à date des problèmes irrésolus dans le pays.
Pour parodier l'Economiste Fritz Deshommes,
le problème de la baisse du revenu en Haïti ne peut être
éradiqué que dans la mesure où les décideurs
étatiques doivent s'unir pour poser les bonnes questions afin de trouver
les réponses adéquates pour barrer la route à la hausse du
coût de la vie en Haïti. Baisse du coût de la vie et
augmentation des revenus, tant réels que nominaux, constituent deux
facettes obligées et inséparables de la lutte contre la vie
chère. Dans un pays comme le nôtre où la pauvreté
absolue atteint 85% de la population, la réalisation simultanée
de ces deux objectifs est hautement souhaitable.
L'évolution récente de l'économie
haïtienne montre que la BRH peut difficilement
contrôler la quantité de monnaie en circulation qui croît
avec la hausse du taux de change, dans la mesure où n'importe quel agent
économique peut demander à convertir ses devises en gourdes aux
taux du jour. Etant donné ce mécanisme incontournable de
croissance de la masse monétaire - lequel se trouve amplifié par
le fait que le déficit budgétaire est financé par la
création monétaire - il ne suffit pas de diminuer la
quantité de monnaie en circulation pour avoir une baisse de la demande
et des prix en Haïti67(*).
Ainsi, pour faire baisser les prix, il faut non pas continuer
à importer les moindres produits, mais accepter de relancer les
différents secteurs de l'économie, en donnant aux agents
économiques la certitude qu'ils peuvent investir et se servir de la
monnaie locale pour acheter des biens produits localement. Un tel changement,
qui serait de nature à calmer les anticipations haussières du
taux de change et des prix, est envisageable et réalisable actuellement
en Haïti.
Le moyen le plus sûr d'obtenir cette baisse de prix
assortie d'une augmentation des revenus consiste tout simplement en
l'accroissement de la production. Lequel peut générer à la
fois la distribution des revenus supplémentaires et la baisse des prix
par l'augmentation de l'Offre68(*).
Sans vouloir prétendre définir ici un programme,
ou encore moins proposer des solutions miracles, il est permis toutefois, suite
aux analyses réalisées au niveau notamment des chapitres III et
IV de ce travail, de dégager certaines pistes susceptibles de contribuer
à l'élaboration et à l'application d'une politique
adéquate de lutte contre la vie chère en Haïti.
De manière plus spécifique, pour pallier la
baisse du revenu des ménages ou encore le croît rythmique du
coût de la vie, l'Etat devrait adopter deux types de mesures :
· Les mesures à court terme, et,
· Les mesures à long terme.
I- Les mesures à court terme proposées dans ce
travail sont destinées à faire face au problème de la
baisse des activités du secteur réel influençant le revenu
des ménages. Ces mesures, comme un point de repère que nous
proposons aux autorités publiques, se reposent sur trois
facteurs :
· La politique agricole
· La politique des finances publiques
· La politique monétaire.
A) Politique Agricole
Il est important notamment de :
- Réparer l'infrastructure de production agricole en
mettant l'accent sur l'irrigation, la captation d'eaux de pluie et
l'aménagement des bassins versants ;
- Assurer un encadrement technique régulier aux
paysans ;
- Développer un programme d'urgence
alimentaire ;
- Evaluer les programmes d'érosion et établir un
programme de priorité à ce sujet.
B) Politique des Finances Publiques
Au niveau des finances publiques, pour rétablir
l'équilibre de la balance des paiements (en ce sens de l'excès de
demande interne par rapport à l'offre qui a créé la
croissance négative de la balance des paiements), les dépenses de
l'Etat doivent être mesurées et orientées majoritairement
vers l'investissement. A ce sujet, il est souhaitable que l'Etat s'efforce
principalement de :
- Procéder à des réformes au niveau de
l'administration de manière à ce qu'elle soit plus efficace et
plus productive,
- Améliorer son système de taxation de
façon à contrôler efficacement les recettes fiscales, dans
l'esprit de l'élargissement de l'assiette fiscale et des
procédures de recouvrement.
C) Politique Monétaire
Pour ce qui a trait à la politique monétaire,
nous suggérons aux décideurs étatiques de
s'intéresser davantage au contrôle de la masse monétaire et
du crédit.
II-A long terme nous recommandons une politique
économique cohérente découlant d'une stratégie de
développement bien articulée. Cette politique doit renverser
l'ordre des priorités de l'investissement public au profit du milieu
rural.
Ainsi pour pallier le problème de la vie chère,
cette politique économique implique l'amélioration des structures
productives et commerciales. En conséquence l'Etat devrait
s'évertuer à :
- Etablir un programme de réforme agraire
- Appliquer une politique tournée vers le crédit
agricole
- Assurer la coordination des appuis techniques externes
- Renforcer l'infrastructure physique de production
agricole
- Sélectionner les produits de base destinés
à l'exportation de façon à promouvoir une culture
intensive de ces dits produits tout en octroyant des avantages salariaux aux
ouvriers agricoles et à encourager également la consommation des
produits locaux
- Mener une lutte sérieuse de prévention et de
curation des maladies affectant le bétail (vache folle, grippe aviaire)
et la culture.
- Promouvoir l'agro-industrie (transformer certains produits
en dérivés)
- Promouvoir l'exportation à outrance de la culture
biologique.
Telles sont les diverses mesures que devrait prendre l'Etat en
vue de contrecarrer le problème de la montée du coût de la
vie en Haïti.
Il est important d'éviter toutefois, le plus que
possible, que cette augmentation tant souhaitée de la production
nationale ne se réalise dans un cadre favorisant la concentration des
revenus. Dans ce sens là, plus que tous les autres acteurs, le
rôle de l'Etat est crucial et indispensable. Car, l'expérience a
prouvé que la croissance économique, sans une bonne politique de
répartition des richesses créées, ne s'accompagne pas
toujours d'une amélioration significative des conditions de vie.
Annexes
1. Table de la loi de Fischer-Snedecor
2. Table de la loi de Fischer -Snedecor (suite)
3. Table de Durbin-Watson (DW)
4. Table de la loi de Chi-deux
Bibliographie Selective
I. Daniel Martina : Le précis
d'économie, collection Nathan, édition de mise à jour.
II. Charles L. Cadet : Crise,
paupérisation et marginalisation dans l'Haïti contemporaine,
Edition (UNICEF).
III. Édouard Francisque :
Structure Economique et Sociale d'Haïti, Edition mise à jour
IV. Gregory N. Mankiw :
Macroéconomie : Collection Nouveaux horizons, Paris, janvier
1996.
V. Ramcès Moïse :
Conséquences ou effets du poids des branches d'activités du
secteur réel sur le revenu des ménages. Cas d'Haïti :
1970&2000 (Mémoire de sortie : Avril 2002).
VI. Fritz Deshommes : Vie chère
et Politique économique en Haïti,
VII. Cours de Pierre Noël Giraud :
Introduction à l'économie, Année 2004-05, École des
mines de Paris.
VIII. Thuang V. Truong, Rudiger
Dornbusch, Stanley Fischer: Macro-Economique,
Copyright 1983, McGraw-Hill, Editeurs.
IX. Régis Bourbonnais,
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DUNOD, 4ième Edition.
X. Yves Tillé, Résumé du
cours d'Économétrie, 26 Mai 2004.
XI. Arthur T. Hosby,
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XII. Bilan du PNUD, Situation
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XIII. Leslie Délatour, Situation
Macro-Economique et Ajustement Structurel en Haïti, Bureau d'appui
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1991.
XIV. Arthur T. Hosby, Technical Cooperation
in Latin America Agriculture
XV. Dominick Salvatore, Eugène A.
Diulio, Principes d'Économie, SERIE SCHAUM.
XVI. W.J. Baumol, A.S.
Blinder, W.M.Scarth, L'Économique
principes et politiques, Macro-économie, Éditions Études
Vivantes.
XVII. King Pascal Pecos Lundy,
Crises, Réformes Économiques et Pauvreté en
Haïti. Des perspectives ouvertes par les cadres
stratégiques de réduction de la pauvreté (Mémoire
de diplôme d'études approfondies en Études du
développement : Année Académique
2002/03).Université de Genève.
XVIII. Rapports annuels Banque de la République
d'Haïti (BRH) : de 1984 à 2004.
XIX. Comptes Économiques, 1996 à 2005.
XX. Commission Économique pour l'Amérique Latine
et les Caraïbes (CEPALC) : La pauvreté en
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XXI. Ministère de l'Économie et des Finances,
Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique : Enquête sur
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XXII. Rémy Montas, Haïti :
Les causes de l'augmentation de la pauvreté entre 1981 et 2003, Novembre
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XXIII. www.brh.net (Informations
nécessaires / Politique monétaire.htm).
XXIV. www.memoireonline.org
XXV. Bulletin de l'Association Haïtienne des
Économistes, Vol I, II : 2003.
* 1 Directeur de la section
des statistiques économiques à l'Institut Haïtien des
Statistiques et de l'Informatique (IHSI), Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE),
décembre 2003, volume I, No. 5, p. 6.
* 2 Harry
Salomon, article publié dans le Bulletin de l'Association
Haïtienne des Economistes (AHE), décembre 2003,
volume I, No. 5, p. 6.
* 3 Fritz
Deshommes, Vie Chère et Politique Economique en Haïti,
Port-au-Prince, 1992.
* 4 Leslie
Delatour, Situation macroéconomique et Ajustement Structurel en
Haïti, fév. 1991, p. 7.
* 5 Leslie
Delatour, Situation macroéconomique et Ajustement Structurel en
Haïti, fév. 1991, p. 8.
* 6
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin
économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p12.
* 7 Annexes statistiques,
Bulletin économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p22.
* 8 Charles L.
Cadet, Crise, paupérisation et marginalisation dans
l'Haïti contemporaine, Edition (UNICEF).
* 9 Édouard
Francisque, Structure Economique et Sociale d'Haïti, Edition mise
à jour.
* 10 Ce qui explique la
baisse du revenu national.
* 11 Harry
Salomon, Bulletin économique de l'Association Haïtienne
des Economistes (AHE), décembre 2003, vol. 1, p.7.
* 12 Suite à la
rumeur en octobre 2002 de conversion en gourdes des comptes en devises. La
panique qui s'en était suivie avait porté les épargnants
à effectuer des retraits massifs et précipités des
dépôts en dollars dont une bonne partie a été
transférée à l'extérieur du pays.
* 13 Bulletins annuels de la
BRH, 2002, 2004.
* 14 Harry
Salomon, Bulletin économique de l'Association Haïtienne
des Economistes (AHE), décembre 2003, vol. 1, p.6.
* 15
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin
économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p.12.
* 16
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin
économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p.12.
* 17 Fritz
Deshommes, Vie chère et Politique Economique en Haïti, p.
5.
* 18
Ménages : ensemble des personnes vivant sous le
même toit et qui ont une fonction de consommation dans
l'économie.
* 19 Frantz
Piard, Construire le Mémoire de Sortie, Méthode,
procédés et procédures, Editions Duvalsaint, 2004,
* 20 Faculté de Droit
et des Sciences Economiques (FDSE), Université d'Etat
d'Haïti (UEH).
* 21 A l'opposé du
problème de la montée du coût de la vie, les
économistes ont identifié un autre phénomène
identifié sous le nom de la « déflation »
qui, elle-même, est caractérisée par une baisse
généralisée des prix.
* 22 Microsoft
® Encarta ® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation.
*
23 Fritz Deshommes, Vie
Chère et Politique Economique en Haïti, Port-au-Prince, 1992.
* 24
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin
économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p.12.
* 25 Des extraits de
l'introduction et de la conclusion de l'ouvrage « Vie chère et
Politique Economique en Haïti » de M. Deshommes ont
été publiés dans le bulletin de l'Association
Haïtienne des Economistes (AHE) paru en décembre
2003. Cette oeuvre a été présentée comme l'unique
ouvrage traitant spécifiquement du coût de la vie en Haïti.
* 26
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin
économique de l'Association Haïtienne des Economistes
(AHE), décembre 2003, vol. 1, p.12.
* 27 Microsoft
® Encarta ® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation.
* 28 Harry
Salomon, Bulletin économique de l'Association Haïtienne
des Economistes (AHE), décembre 2003, vol. 1, p.6.
* 29 Structure de
consommation des ménages. Elle est déterminée par
enquête en l'occurrence Budget de consommation des ménages
(EBCM) menée par voie de sondage auprès d'un
échantillon représentatif de ménages. Les résultats
de l'EBCM permettent de déterminer le panier de la
ménagère, d'établir la structure des dépenses de
consommation des ménages et de calculer le poids de chaque article dans
le budget des ménages. (Harry Salomon, bulletin AHE, déc. 03,
p.4)
* 30 Les analyses
effectuées dans ce chapitre ont été
réalisées à partir des informations disponibles dans les
rapports annuels de la BRH de 1984 à 1992.
* 31 Leslie
Délatour, Situation Macro-Economique et Ajustement
Structurel en Haïti, Bureau d'Appui à la Coopération
Canadienne (BACC-Haïti), Février 1991.
* 32 Selon les rapports annuels
1992/1993 tirés de la BRH-Direction des Etudes
Economiques, p.102 et 105 : le taux de change à l'achat et à
la vente a été respectivement de 5.46 et 5.52 en 1986 est devenu
9.12 et 9.21 entre 1991 et est passé de 12.75 et 12.90 en 1992.
* 33 Rapport annuel BRH,
1991/1992 p.76.
* 34 Publication annuelle de
l'IHSI (Institut Haïtien de Statistique et
d'Ínformatique), #1, mars 1997.
* 35 Harry
Salomon, article publié dans le Bulletin de l'Association
Haïtienne des Economistes (AHE), décembre 2003,
volume I, No. 5, p. 6.
* 36 Arthur T.
Hosby, Technical Cooperation in Latin America Agriculture, p.23
* 37 Les Comptes
Economiques, 1996 et 2004, publications de l'Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatique (IHSI).
* 38 Comptes Economiques
2004, p.1, paragraphe II.
* 39 Voir les informations
statistiques concernant le secteur primaire traité dans ce chapitre.
*
40
htpp://www.memoireonline.com, King Pascal Pecos
Lundy, Crises, Réformes
Économiques et Pauvreté en Haïti. Des
perspectives ouvertes par les cadres stratégiques de réduction de
la pauvreté, Mémoire de diplôme d'études
approfondies en Études du développement (Année
Académique 2002/03), Université de Genève.
* 41 Situation
économique et sociale d'Haïti en 2004, PNUD, p.70,
paragraphe 1.
* 42 Voir rapport annuel
BRH avril 1984, p. 42.
* 43 Ce tableau comporte des
informations retraitées par l'auteur sur une base quinquennale en termes
d'observation.
* 44 Voir Edouard
Francisque : Structure économique et Sociale d'Haïti,
Edition mis à jour.
* 45 La pression fiscale est
le rapport entre les recettes totales de l'Etat et le PIB.
* 46 Les analyses
économiques réalisées présentent ces produits comme
un bien complémentaire à l'augmentation du coût de la
vie.
* 47 Se référer
au tableau VI, pour de plus amples détails.
* 48
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 12.
* 49
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE),
déc. 03, vol. 1, No.1, p. 12.
* 50 Voir site
Internet : http://www.brh.net
* 51
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE),
déc. 03, vol. 1, No.1, p. 13.
* 52
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 13.
* 53 Les choix de
l'échantillon de biens et services, la strate sociale et la terminologie
retenue pour constituer le panier de la ménagère et calculer les
prix à la consommation ainsi que les résultats obtenus par
l'IHSI sont loin d'être identiques et homogènes
d'une enquête à l'autre. Jusqu'en 1980, 34 produits servaient
à déterminer l'indice des prix. Ce panier de la
ménagère était alors établi à partir d'une
enquête menée en 1948. Celui de 1980-1987 comprenait 77 produits.
Les paniers de la ménagère retenus en 1988 et 1996 prennent en
compte tous les biens qui ont un certain poids dans les dépenses totales
des ménages. Mais, les poids des groupes de produits divergent fortement
d'une enquête à l'autre. La part des biens alimentaires et des
boissons dans les dépenses des ménages est passée de 51.1%
en 1988 à 76.2% à 1996. (Cf Bulletin, AHE, déc. 03, vol.
1, p.13)
* 54
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 14.
* 55 Microsoft
® Encarta ® 2006. (c) 1993-2005 Microsoft Corporation.
* 56
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 14.
* 57
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 15.
* 58 Institut Haïtien de
Statistiques et d'Informatique (IHSI).
* 59 Cf tableau VI, Chapitre
II.
* 60 Se
référer au site Internet de la BRH : http//www.brh.net
* 61 Il y à
homoscédasticité lorsque les åt ont tous
même variance et leurs corrélations mutuelles sont nulles.
* 62 Voir Cours
d'Économétrie, Yves Tillé, Mai 2004.
* 63 Durbin et
Watson, 1950 et 1951.
* 64 Régis
Bourbonnais, Econométrie, 4ème
édition, Dunod, p.124.
* 65 Breusch
et Godfrey, 1978
* 66 Farrar D.
E. et Glauber R. R., 1967
* 67
Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de
l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1,
No.1, p. 19.
* 68 Vie Chère et
Politique Economique en Haïti, Fritz Deshommes, p.
224.
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