Problématique de l'inflation au travers des principaux determinants du revenu des menages. Cas d'Haiti:1975@2004.( Télécharger le fichier original )par Moise Ramces Faculté de Droit et des Sciences Economiques - Licence 2008 |
Conclusions & RecommandationsLes analyses réalisées au niveau de ce travail, autour de la problématique de l'inflation au travers des principaux déterminants du revenu des ménages au cours de la période allant de 1975 à 2004 , montrent que, durant la décennie 70, la croissance observée de l'économie haïtienne est imputable aux retombées de la production agricole et du secteur touristique qui, à cette époque, représentaient les piliers économiques du pays. Ce qui a expliqué les divers progrès qu'a connus l'économie à la faveur de l'évolution du secteur réel conduisant ainsi à une croissance du revenu national. Or, à partir de la décennie des années 80, le revenu national n'arrivait plus à afficher un résultat satisfaisant par rapport à celui des années antérieures. Autour de ce phénomène a pris naissance le slogan « la vie chère en Haïti ». Nombre de raisons peuvent expliquer cette décadence : Le manque d'autorité ou la négligence affichée par les décideurs politiques, l'insuffisance ou le manque total d'investissement dans le secteur primaire pour faire avancer l'agriculture, les périodes tragiques de bouleversements politiques ainsi que des politiques socioéconomiques inadéquates, ne sont pas les moindres pour expliquer la réalité combien troublante que nous vivons... Tous les secteurs de l'économie sont aujourd'hui en déséquilibre. Le secteur réel a vu sa capacité productive affaiblie au point de ne pouvoir répondre qu'à moins de 25% de la demande globale des agents économiques. Le secteur monétaire est caractérisé par une forte croissance de la masse monétaire entraînant dans son sillage une inflation galopante et une dépréciation continuelle de la gourde, conséquence des mauvaises décisions prises en matière de politique économique ajoutée à d'autres causes structurelles. Ainsi, l'insécurité politique et sociale, la hausse vertigineuse des indices du coût de la vie entraînant avec elle la baisse continuelle du revenu des ménages, demeurent jusqu'à date des problèmes irrésolus dans le pays. Pour parodier l'Economiste Fritz Deshommes, le problème de la baisse du revenu en Haïti ne peut être éradiqué que dans la mesure où les décideurs étatiques doivent s'unir pour poser les bonnes questions afin de trouver les réponses adéquates pour barrer la route à la hausse du coût de la vie en Haïti. Baisse du coût de la vie et augmentation des revenus, tant réels que nominaux, constituent deux facettes obligées et inséparables de la lutte contre la vie chère. Dans un pays comme le nôtre où la pauvreté absolue atteint 85% de la population, la réalisation simultanée de ces deux objectifs est hautement souhaitable. L'évolution récente de l'économie haïtienne montre que la BRH peut difficilement contrôler la quantité de monnaie en circulation qui croît avec la hausse du taux de change, dans la mesure où n'importe quel agent économique peut demander à convertir ses devises en gourdes aux taux du jour. Etant donné ce mécanisme incontournable de croissance de la masse monétaire - lequel se trouve amplifié par le fait que le déficit budgétaire est financé par la création monétaire - il ne suffit pas de diminuer la quantité de monnaie en circulation pour avoir une baisse de la demande et des prix en Haïti67(*). Ainsi, pour faire baisser les prix, il faut non pas continuer à importer les moindres produits, mais accepter de relancer les différents secteurs de l'économie, en donnant aux agents économiques la certitude qu'ils peuvent investir et se servir de la monnaie locale pour acheter des biens produits localement. Un tel changement, qui serait de nature à calmer les anticipations haussières du taux de change et des prix, est envisageable et réalisable actuellement en Haïti. Le moyen le plus sûr d'obtenir cette baisse de prix assortie d'une augmentation des revenus consiste tout simplement en l'accroissement de la production. Lequel peut générer à la fois la distribution des revenus supplémentaires et la baisse des prix par l'augmentation de l'Offre68(*). Sans vouloir prétendre définir ici un programme, ou encore moins proposer des solutions miracles, il est permis toutefois, suite aux analyses réalisées au niveau notamment des chapitres III et IV de ce travail, de dégager certaines pistes susceptibles de contribuer à l'élaboration et à l'application d'une politique adéquate de lutte contre la vie chère en Haïti. De manière plus spécifique, pour pallier la baisse du revenu des ménages ou encore le croît rythmique du coût de la vie, l'Etat devrait adopter deux types de mesures : · Les mesures à court terme, et, · Les mesures à long terme. I- Les mesures à court terme proposées dans ce travail sont destinées à faire face au problème de la baisse des activités du secteur réel influençant le revenu des ménages. Ces mesures, comme un point de repère que nous proposons aux autorités publiques, se reposent sur trois facteurs : · La politique agricole · La politique des finances publiques · La politique monétaire. A) Politique Agricole Il est important notamment de : - Réparer l'infrastructure de production agricole en mettant l'accent sur l'irrigation, la captation d'eaux de pluie et l'aménagement des bassins versants ; - Assurer un encadrement technique régulier aux paysans ; - Développer un programme d'urgence alimentaire ; - Evaluer les programmes d'érosion et établir un programme de priorité à ce sujet. B) Politique des Finances Publiques Au niveau des finances publiques, pour rétablir l'équilibre de la balance des paiements (en ce sens de l'excès de demande interne par rapport à l'offre qui a créé la croissance négative de la balance des paiements), les dépenses de l'Etat doivent être mesurées et orientées majoritairement vers l'investissement. A ce sujet, il est souhaitable que l'Etat s'efforce principalement de : - Procéder à des réformes au niveau de l'administration de manière à ce qu'elle soit plus efficace et plus productive, - Améliorer son système de taxation de façon à contrôler efficacement les recettes fiscales, dans l'esprit de l'élargissement de l'assiette fiscale et des procédures de recouvrement. C) Politique Monétaire Pour ce qui a trait à la politique monétaire, nous suggérons aux décideurs étatiques de s'intéresser davantage au contrôle de la masse monétaire et du crédit. II-A long terme nous recommandons une politique économique cohérente découlant d'une stratégie de développement bien articulée. Cette politique doit renverser l'ordre des priorités de l'investissement public au profit du milieu rural. Ainsi pour pallier le problème de la vie chère, cette politique économique implique l'amélioration des structures productives et commerciales. En conséquence l'Etat devrait s'évertuer à : - Etablir un programme de réforme agraire - Appliquer une politique tournée vers le crédit agricole - Assurer la coordination des appuis techniques externes - Renforcer l'infrastructure physique de production agricole - Sélectionner les produits de base destinés à l'exportation de façon à promouvoir une culture intensive de ces dits produits tout en octroyant des avantages salariaux aux ouvriers agricoles et à encourager également la consommation des produits locaux - Mener une lutte sérieuse de prévention et de curation des maladies affectant le bétail (vache folle, grippe aviaire) et la culture. - Promouvoir l'agro-industrie (transformer certains produits en dérivés) - Promouvoir l'exportation à outrance de la culture biologique. Telles sont les diverses mesures que devrait prendre l'Etat en vue de contrecarrer le problème de la montée du coût de la vie en Haïti. Il est important d'éviter toutefois, le plus que possible, que cette augmentation tant souhaitée de la production nationale ne se réalise dans un cadre favorisant la concentration des revenus. Dans ce sens là, plus que tous les autres acteurs, le rôle de l'Etat est crucial et indispensable. Car, l'expérience a prouvé que la croissance économique, sans une bonne politique de répartition des richesses créées, ne s'accompagne pas toujours d'une amélioration significative des conditions de vie. * 67 Frédéric-Gérald Chéry, Bulletin de l'Association Haïtienne des Economistes (AHE), déc. 03, vol. 1, No.1, p. 19. * 68 Vie Chère et Politique Economique en Haïti, Fritz Deshommes, p. 224. |
|