INTRODUCTION
La surexploitation de la forêt et les pratiques
agro-pastorales intensives en régions méditerranéennes ont
conduit jusqu'au siècle dernier à une forte dégradation
des formations forestières (Emberger, 1971). Face à
cette dégradation, les gestionnaires forestiers se sont intervenus pour
reboiser les étendues dénudées, mais là la question
du choix d'un matériel végétal bien adapté aux
conditions de la station est cruciale. Le domaine forestier Tunisien est
partout grevé de droit d'usage au pâturage au
bénéfice de la population que le code forestier désigne
par le terme d'usagers (D.G.F, 1978).
L'élevage pastoral demeure l'une des bases de
l'organisation économique et sociale des populations dans les zones
forestières.
La notion du parcours fait appel à la fois à des
considérations sur la conduite des animaux et aspects liés
à la fois à la gestion et à l'espace. Elle implique des
déplacements d'une ampleur certaine. On peut, dans un premier temps,
admettre l'équivalence entre pastoralisme et élevage sur des
«parcours».
Un parcours est d' abord un lieu où le troupeau peut se
déplacer assez librement, voire sans aucune contrainte autre que la
distance nécessaire pour s'abreuver. Le plus souvent, le berger
accompagne les animaux, recherche une aire approximative où
prélever la nourriture, veille à ce que les animaux aient
accès à l'eau, restent groupés et
bénéficient d'une sécurité satisfaisante. Le
gardien du troupeau accepte habituellement que celui-ci refuse de rester sur
l'espace proposé et décide d'aller vers un autre lieu selon la
direction et les modalités déterminées par l'animal meneur
qui connaît le terrain pour l'avoir déjà exploré au
cours des années précédentes.
La gestion du parcours est un compromis entre la recherche
d'un bénéfice maximal pour l'animal et des impératifs du
milieu ou de respect d'un territoire alloué à l'éleveur
par la loi ou les conventions. L'entretien du milieu doit éviter aussi
le surpâturage que la sous utilisation qui favorise le passage du feu
trop violent et trop répété ou l'envahissement par les
arbres dans les pâtures issues de forêts anciennes.
Il s'agit dans deux cas de conserver le potentiel productif du
terrain et la qualité des aliments offerts, voire les améliorer
par le choix des modalités de pâture.
Les parcours jouent un rôle important dans
l'alimentation du cheptel et les productions de l'élevage. Leur
superficie totale à l'échelle nationale est estimée
actuellement à 6 millions d'hectares (Neffati M., 1999) dont
prés de deux tiers en Tunisie méridionale.
L'importance économique, écologique et sociale
des parcours est, cependant loin d'être négligeable. Convaincu de
leur rôle, le gouvernement tunisien a accordé une importance
considérable à l'amélioration des parcours dans le cadre
de la stratégie globale de gestion des ressources naturelles et
d'importants budgets leurs ont été au sein des différents
plans de développement.
La contribution du sous-secteur élevage dans le produit
agricole national s'est maintenue, durant la dernière décennie,
autour de 30%. Cependant les investissements qui lui sont alloués
représentent 10% environ de l'ensemble des investissements
réservés au secteur agricole. (D.G.P.D.I.A, 1989)
L'alimentation du cheptel, dont les effectifs sont assez
variables reste encore, en dépit des efforts déployés en
vue de l'intégration, de l'élevage à l'agriculture,
fortement dépendante de la végétation naturelle et, par
conséquent, soumise aux aléas climatiques.
La diminution progressive de l'espace pastoral (extension de
la céréaliculture et de l'arboriculture), et l'accroissement des
effectifs du cheptel, favorisé alors par la politique de subvention des
aliments du bétail et la distribution incontrôlée du
bétail (même durant les années de disette), ont
favorisé la généralisation du surpâturage sur tous
les parcours, ce qui provoque l'amplification des processus de
dégradation au niveau de ces terrains de parcours dont les
potentialités deviennent de plus en plus limitées.
(D.G.P.D.I.A, 1989)
Le système d'élevage traditionnel repose
essentiellement sur une exploitation extensive et continue du maquis sous
forêts de chêne-liège (Quercus suber), avec comme
conséquence des problèmes de dégradation localisés
à proximité immédiate de petites agglomérations. En
réalité, la dégradation du couvert ligneux résulte
en partie du surpâturage, mais surtout du défrichement pour la
fabrication de charbon de bois et l'installation de plantations artificielles.
La complémentation alimentaire des animaux, en particulier des bovins,
repose surtout sur la distribution de foin d'avoine, car cette
céréale cultivée comme fourrage s'adapte à de
nombreuses situations climatiques et pédologiques. Par ailleurs, les
concentrés ou les fourrages en provenance des plaines tunisiennes
coûtent chers et ne sont pas à la portée des ressources
financières de petits exploitants agricoles.
Pour déterminer à quel point l'utilisation
normale des ressources fourragères de la forêt devient un abus de
pâturage, il convient de considérer un certain nombre de facteurs,
qui tous doivent être soigneusement pesées pour déterminer
les possibilités de l'exercice du pâturage en forêt. Les
facteurs déterminants le pâturage en forêt comme
étaient déterminé par la F.A.O (1952) sont :
- La nature du bétail introduit.
- Le nombre de têtes de bétail introduites.
- La nature du peuplement forestier.
- Le traitement sylvicole appliqué à la
forêt.
- La répartition du bétail à
l'intérieur de la forêt.
- La façon d'utiliser les ressources fourragères
de la forêt.
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