Sujet: PRISE EN
CHARGE PSYCHOSOCIALE DES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH/SIDA DANS TROIS CENTRES
SOCIAUX DE LA VILLE DE PORTO-NOVO (DEPARTEMENTS OUEME/PLATEAU) AU
BENIN.
Auteur/ Présentateur : Mahamoud ZONGO,
MD, MPH Option Gestion de la Santé de la Reproduction.
Communicateur
RESUME :
En matière de prise en charge, les besoins des
personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ne se limitent pas à l'accès
aux médicaments et aux soins médicaux. En outre, ils ont besoin
entre autre d'un soutien psychologique, social et spirituel. En effet, ce
soutien peut atténuer la perception de la relation de causalité
inéluctable entre l'infection par le VIH et le décès et
favoriser ainsi une meilleure intégration dans la
société.
La présente étude s'est fixée comme
objectif d'étudier la prise en charge psychologique des PVVIH/SIDA dans
les services sociaux dans la ville de Porto- Novo. Il s'agit d'une étude
transversale descriptive qui a porté sur :
- 51 Utilisateurs (PVVIH/SIDA) ;
- 07 Parents des PVVIH/SIDA ;
- 05 Personnes ressources ;
- 13 Agents socio sanitaires ;
Les techniques de collecte de données utilisées
sont : l'observation ; l'entretien individuel ; l'exploitation
des documents ; l'enquête par questionnaire.
L'analyse des résultats a permis de constater :
- une assez bonne structure organisationnelle avec
un score de 69,51% ;
- au CHD/O.P l'agent chargé de conseil
reçoit dans le hall du service de rééducation, ce qui
entraîne souvent une méfiance envers ces personnes et un longue
file d'attente d'où l'absence de confidentialité ;
- une performance assez bonne des agents
chargés de la prise en charge qui est estimée à
77% ;
- un niveau assez bon de satisfaction des
utilisateurs avec un score estimée à 66,66% ;
- les prestataires ne sont pas satisfaits de leur
prestation. Des solutions sont proposées pour améliorer ces
prestations.
METHODE DE L'ETUDE
Type d'étude
Il s'agit d'une étude transversale descriptive.
3.3 Populations de l'étude :
Elles sont constituées comme suit :
Des personnes vivant avec le VIH et des malades du SIDA qui
utilisent les services.
Personnes ressources composées des autorités
politico administratives et religieuses impliquées dans la prise en
charge des PVVIH et un membre de la famille de chaque malade).
Des agents sociaux, des agents sanitaires et des
médiateurs impliqués dans la prise en charge des PVVIH au niveau
de chaque site.
Distributeurs de produits ARV aux PVVIH/SIDA.
3.4 Echantillonnage
3.4.1 Méthode
Il s'agit d'une méthode non probabiliste aussi bien
pour les PVVIH/SIDA fréquentant les sites, que pour les agents socio
sanitaires, les personnes ressources religieux et médiateurs
impliqués dans la prise en charge.
3.4.2 Technique
La technique d'échantillonnage utilisée est le
sondage exhaustif pour les PVVIH et le choix raisonné pour les agents
socio sanitaires, les personnes ressources et les religieux et les
médiateurs.
3.4.3 Critères d'inclusion
Pour les personnes vivant avec le VIH, les critères
sont :
être âgées de 15 ans et plus,
être suivies dans l'un des centres de prise en
charge.
Pour les personnels soignants, seuls les agents
impliqués dans la prise en charge des PVVIH ont été pris
en compte par notre étude.
Le critère d'inclusion pour les personnes ressources et
les religieuses, c'est d'être le représentant ou responsable
impliqué dans la prise en charge.
3.4.4 Critères d'exclusion
Ont été exclues de notre étude, toutes
personnes vivant avec le VIH fréquentant l'un des centres mais :
âgées de moins de 15ans
3.4.5 Taille de l'échantillon
à la Clinique Louis Pasteur : 310,
au CHD/O.P : 225
à ONG ESF (Espoir Sans Frontière) 20
Membres de la famille : 555 (Personne s'occupant du
malade)
Assistant Social : 2,
Agents Sanitaires : 12,
Médiateurs : 3,
Distributeurs de médicaments ARV : 2.
Personnes ressources :
Maire de la ville de Porto-Novo: 1
Chef d'Arrondissement : 2
Prêtres : 1 (Représentant des
Prêtres)
Pasteur : 1 (Représentant des Pasteurs)
Guérisseur traditionnel : 1 (Représentant
des Guérisseurs).
La taille totale de notre échantillon a
été de 580.
DISCUSSION DES RESULTATS
Les discussions s'articuleront autour des points
suivants :
L'atteinte des objectifs
La qualité et la validité des
résultats
Les résultats de :
l'organisation des services de prise en charge
psychosociale ;
la performance du personnel chargé de la prise en
charge psychosociale ;
la satisfaction des utilisateurs et des prestataires de
services de prise en charge psychosociale ;
l'identification des facteurs liés aux
accessibilités, géographique, financière et linguistique
dans les services de prise en charge psychosociale ;
5.1 Atteinte des objectifs :
Les résultats ont permis de :
- décrire l'organisation des services de prise en
charge à travers la structure organisationnelle qui est satisfaisante
dans l'ensemble, sauf le service d'accueil du CHD/O.P qui n'est pas
conforme ;
- mesurer le niveau de performance du personnel qui est assez
bon,
- mesurer le niveau de satisfaction des utilisateurs qui est
assez bon, mais qui est non satisfaisant chez les prestataires ;
- identifier les facteurs liés aux
accessibilités géographique, financière et linguistique
dans les différents services.
5.2 De la qualité et la
validité des résultats
La méthode de sondage exhaustif a été
utilisée pour retenir les utilisateurs et les parents. Ce sont ces
principaux bénéficiaires des services de prises en charge qui ont
exprimé leur opinion sur la qualité des services. Les techniques
et outils de collecte des données ont été en
adéquation avec les objectifs. La taille minimale a été
respectée.
Nous discuterons dans ce chapitre les résultats de nos
enquêtes que nous confronterons aux résultats d'autres
recherches.
Une population jeune sexuellement active en proie au mal du
siècle. Les 29 interviewés sur 71 se situent entre 20 et 39 ans.
Ce résultat nous rapproche de celui trouvé par le PNLS où
plus de 69% des sujets sont jeunes. [4]
SOSSOU Ségninou Janvier en 1996 dans
une étude de prise en charge psychosociale du malade du SIDA et du
séropositif réalisée à Cotonou a trouvé
à peu près les mêmes chiffres. L'auteur avait
interviewé 19 Jeunes sur 25 enquêtés soit 76%.
Les adolescents, et adultes jeunes sont en effet sexuellement
plus actifs. Ils sont également actifs économiquement et leur
apport en revenus dans la famille est substantiel. Leur état infectieux
entraîne donc un amenuisement des ressources familiales, et par ricochet
de nombreux problèmes sociaux [5].
Selon ARCAT-SIDA que « les
décès d'adultes jeunes laissent de nombreux enfants, femmes et
vieillards sans soutient ». [6]
« Nous voulions rester ensemble après que nos
parents et nos grands-parents soient morts du SIDA. J'aimerais bien retourner
à l'école, mais nous n'avons pas d'argent....Je dois travailler
dur pour avoir une bonne vie et prendre soin de moi pour ne pas attraper la
maladie comme ma mère et mon père. » __
Félix, 15ans seul travailleur
rémunéré dans une famille qui compte ses cinq
frères et soeurs plus jeunes ainsi qu'un grand-oncle de 80 ans.
___Martin 25 ans, Etudiant entrait dans le bureau de
l'Assistant Social et dit : « Je sais depuis deux mois que je
suis séropositif. Je suis en arrêt maladie pour 15 jours. Je suis
dépressif. Je n'ai pas d'intérêt, je suis vide... Je
n'arrive pas à rencontrer l'autre... Je suis très angoissé
à l'idée de mourir. Je me demande comment gérer cette
séropositivité ; je suis envahie par mon imaginaire de
mort. » Au moment de l'annonce de la séropositivité, il
est naturel que les personnes rencontrent des difficultés
psychologiques. L'annonce d'une maladie grave entraîne souvent un
état dépressif et un repli sur soi. L'angoisse est alors
envahissante, on se sent ralenti, on n'éprouve plus rien. Il est
fréquent qu'on perde le goût de se nourrir et qu'on ne puisse plus
assumer le quotidien. Les troubles du sommeil sont souvent rencontrés.
C'est une tragédie sociale que les jeunes soient exposés à
des maladies incurables qui n'ont pour issues que de les faucher dans la fleur
de l'âge laissant généralement des progénitures
très jeunes sans soutient réel.
Selon HOUTONDJI Jules, cette
épidémie est une menace pour la population car consciemment ou
non ces jeunes infectés vont distribuer facilement le mal et rapporte
cette recommandation de l'OMS que « ...la population du groupe de 15
à 24 ans est la plus vulnérable et devrait être activement
protégée contre la pandémie VIH/SIDA... ».
30 femmes sur les 51 enquêtés sont les plus
touchées que les hommes soit 58,82%. Ces résultats se rapprochent
également de ceux déclarés par le PNLS où les
femmes représentent 95,6% chez les femmes mariées. Cette forte
représentation féminine pourrait être expliquée par
des raisons traditionnelles. [4]
En effet il est toléré que les l'homme africain
et même polygame puisse avoir des rapports extra conjugaux alors que chez
la femme, de tels actes sont réprouvés et sanctionnés par
la société.
Donc l'homme qui peut avoir plusieurs partenaires sexuels se
trouve par conséquent plus exposé et en cas d'infection il vient
contaminer sa femme et cela peut s'expliquer également par leur
vulnérabilité face à la maladie, aussi du fait de leur
situation socio économique précaire et la polygamie constitue un
risque de dissémination du VIH.
Toutefois il y a les prostituées qui font exception
à la règle en raison de leur libertinage sexuel qui expose
beaucoup d'hommes au danger du VIH/SIDA.
Les personnes célibataires sont plus atteintes, soit
36%. Cela s'explique par le fait que le libertinage sexuel est plus
observé dans ces couches. En effet le célibataire s'arroge le
droit d'activités sexuelles multiples, prétextant souvent qu'il
faut varier pour faire un bon choix. Dans le contexte actuel, une telle
variation expose au SIDA et doit être contrôlée à
défaut de pouvoir l'éviter. Les femmes travailleuses de sexe qui
se livrent à plusieurs hommes pour des raisons pécuniaires
partagent à chaque acte le VIH/SIDA aux clients non avertis ou
têtus.
La population du niveau d'instruction primaire et secondaire
occupe une proportion importante dans notre échantillon avec 31,37% et
39,21%. En effet elle connaît les méthodes modernes de protection
tel le préservatif ou elle en a entendu parlé au moins une fois.
Aussi est-elle réticente prétextant que le préservatif
diminue le plaisir, qu'il n'est pas naturel et n'est pas un moyen sûr.
De part de leur occupation principale, ce sont les chauffeurs qui sont les plus
touchés. Leurs métiers les obligent à se déplacer
pendant longtemps loin de leurs maisons, ce qui peut les amener à avoir
des comportements à risque.
Toutefois il faut remarquer que la profession et le niveau
d'instruction ne sont pas un préservatif contre le VIH/SIDA, moins
encore le titre de l'individu dans la société.
Le christianisme regroupe à lui seul 23
séropositifs et malades de SIDA sur les 51 et suivi de la religion
traditionnelle avec 30,2%. A Porto-Novo il existe une forte influence de
l'église. Le fort taux de chrétien nous incite à penser
à l'utilisation des églises pour l'Information, l'Education et la
Communication sur le SIDA.
5.3.1 De la Structure et organisation du centre
La structure et l'organisation sont assez satisfaisantes.
Cependant le bâtiment qui abrite le service social est le même que
le service de rééducation. L'agent chargé de l'accueil des
patients reçoit les patients à l'entrée du hall. Les
patients n'ont pas de douches ni de toilettes au CHD/O.P. Il y a un manque de
personnel dans tous les centres visités surtout au CHD/O.P et il n'y a
pas d'organigramme établissant la hiérarchie entre les agents.
Cette situation ne permet pas une bonne visibilité des activités
réalisées par le centre. Nous avons observé une bonne
relation inter personnelle aux seins des structures. Il existe également
une bonne collaboration entre les différents centres visités et
le PNLS. Le programme de consultation affiché ne correspond pas au
programme exécuté. Par contre le personnel du CHD/O.P n'est pas
supervisé, et l'environnement n'est pas favorable à leur
motivation. L'absence de recherche des perdus de vue et le non respect des
supervisions sont dus à la non disponibilité d'une moto et de
prime. Aucune prime n'est distribuée. Alors que ce personnel est
impliqué dans la prise de décisions la seule forme de motivation.
Il faut noter que la motivation du personnel est un élément
fondamental pour un meilleur rendement au travail.
5.3.2 De la performance des agents.
La performance des agents est appréciée par les
PVVIH/SIDA, mais l'insuffisance du personnel peut agir sur la qualité de
service et ce sont les patients déjà fragilisés qui en
subissent les conséquences.
Un autre type de problème posé est celui de
l'information soulevée par une malade de SIDA aujourd'hui alitée.
Elle disait avec peine « Mes parents qui ont été
informés depuis des années que j'ai le SIDA, ont a attendu
maintenant pour m'informer ». Cette réflexion pose le
problème de l'information à temps par le personnel des sujets
infectés pour leur permettre de prendre leurs responsabilités.
[4]
Pour réussir l'information cela nécessite des
compétences que l'assistance sociale, le sociologue ou le psychologue
est censé avoir. Il faut au besoin donner au médecin ou autre
soignant les armes nécessaires pour réussir la communication du
résultat au concerné.
Un médecin travaillant à l'hôpital nous a
confié au cours d'un entretien l'importance du manque de personnel et
surtout du rôle de l'Assistant Social dans la structure en ces termes
« C'est lui la première personne qui prend contact avec
l'entourage social, s'informe des problèmes qui se posent à
l'individu afin d'y proposer des solutions. Il a le désir de convaincre
le malade ou le séropositif du sort qui est le sien et les comportements
que lui impose sa nouvelle situation ». Or l'absence des assistants
ou autres des structures s'occupant des malades du SIDA et séropositifs
(structures, publiques ou privées) est patente.
5.3.3 Du niveau de satisfaction des utilisateurs de
services (PVVIH/SIDA).
La satisfaction des utilisateurs a été est
estimée à 66,66%. Elle est assez bonne. Le niveau de satisfaction
des PVVIH/SIDA par rapport à la confidentialité, qualité
du conseil et la disponibilité du personnel est bien dans l'ensemble,
sauf au CHD/O.P. Seul l'accueil réservé aux PVVIH/SIDA est bien
apprécié par ces derniers. Cette enquête soulève
l'épineux problème du secret médical : avertir les
parents ou amis avec ou sans l'accord du patient ne relève pas du
ressort du soignant. Pourtant deux infectés n'ont pas pu
s'empêcher de se fondre en larmes quand ils nous disaient qu'ils ont
été rejetés par leurs propres parents. Les attitudes
dominantes chez les parents et amis sont les pleurs, le rejet,
l'agressivité [5].
SOSSOU Ségninou Janvier souligne que
les pleurs chez les parents traduisent la compassion, le désespoir. Cela
exprime un sentiment douloureux des parents et amis de perte d'un être
qu'ils aiment qui mourra incessamment. La crainte de cette perte imminente
bouleverse le projet d'avenir de certains parents pour leur enfant. Ainsi la
mère d'un Patient lui déclare « Je ne te construirai
plus l'atelier de mécanique, cela me semble un gaspillage car je ne sais
plus combien de temps tu as encore à passer sur terre ».
Un autre Patient déclare « J'ai un gros
problème. Il y a quelque temps je me suis confiée à une
amie, un jour de déprime. Je lui ai dit que j'étais
séropositive. Elle l'a répété au voisinage,
à mon employeur. On habite dans le même quartier, c'est
très convivial d'habitude, mais maintenant les enfants ne viennent plus
chez moi. Ma mère ignore ma situation, je ne veux pas qu'elle
l'apprenne, et encore moins comme ça. ».
Au-delà de leur perte certaine, ces malades
constituent pour la plupart des charges supplémentaires pour les
parents. Le sujet infecté et surtout malade, n'est plus capable de se
prendre en charge convenablement, encore moins porter des aides à ses
parents. La PVVIH/SIDA est rejetée par les siens. L'amenuisement des
ressources associé au rejet contribue au relâchement des liens
familiaux.
Yao souligne que le sida est entrain de
mettre en péril la solidarité africaine, créant la
faillite du système de la famille élargie surtout lorsqu'il y a
plusieurs vieillards à prendre en charge. Un autre facteur contribuant
au relâchement des liens familiaux est l'atteinte à la
renommée de la famille par la société. Cette situation
risque à la longue d'entraîner la non utilisation des services,
surtout si on sait que un PVVIH appartenant à la deuxième
catégorie peut facilement développer un état de
dépression mentale pouvant parfois aboutir aux idées de suicide.
Il faut noter que les PVVIH/SIDA enquêtées sont
satisfaites des services de leurs pairs. Il se pose alors un problème,
comment récupérer ces PVVIH déprimés et comment
assurer leur prise en charge ?
Par rapport aux besoins, les PVVIH enquêtés
souhaiteraient une assistance matérielle et financière, un peu
plus d'affection, plus d'amour des parents et de la société. Tout
malade souhaite avoir des moyens pour se traiter. Les besoins d'amour,
d'affection, exprimés ne traduisent qu'une situation réelle. La
société ne semble pas percevoir tout le mal qu'elle se fait en
rejetant ces personnes. Ces mépris à l'égard des malades
l'ostracisme chez d'autres qui alors « partagent le virus à
beaucoup d'autres ». Alors que prêter compagnie à ces
patients pourrait leur remonter le moral et les inciter à mener une vie
constructive.
Dans une étude réalisée par
N.SNAUWÆRT au Zimbabwe, a montré que des ouvriers
d'une usine avaient appris, pour 6 dollars à peine par ouvrier, à
fournir à leurs collègues une information sur le SIDA et des
services à l'appui des comportements sans danger, faisant tomber le
nombre des infections à VIH d'un tiers, par rapport aux usines qui
n'avaient pas investi dans la prévention. Pour 170 dollars par
entreprise et par année, ces employeurs se sont unis à d'autres
pour créer un fonds d'investissement destiné à financer
l'éducation des travailleurs, le conseil et le dépistage gratuits
pour tous les employés qui le souhaitent. Les activités de
prévention et les soins offerts par les entreprises peuvent permettre de
maintenir, voire d'accroître, la productivité et la
rentabilité. En effet, investir dans la prise en charge peut assurer une
vie meilleure et plus longue aux employés vivant avec le VIH contribue
au maintien en poste le plus longtemps possible d'individus qualifiés,
expérimentés et loyaux.
5.3.4 La satisfaction des prestataires.
Les prestataires ne sont pas satisfaits de leur prestation.
Ils ont rapporté des défaillances considérables dans la
qualité des services qu'ils offrent aux PVVIH/SIDA, par manque de
personnel. Les enquêtés ont déploré les attitudes de
mépris à l'égard des malades par les familles.
L'Assistant Social de CHD/O.P nous a déclaré,
« la prise en charge des malades est très difficile et
exigeante pour les soignants car elle s'accompagne d'une charge
émotionnelle lourde, due souvent à la gravité de la
maladie chez des patients généralement jeunes. L'Assistant Social
ou en partenariat avec le psychologue ou le psychiatre peut constituer pour les
soignants un soutien ou un courroie en vue de surmonter les difficultés
psychologiques de la prise en charge et l'accompagnement. L'Assistant se met au
service des PVVIH/SIDA, de leurs parents et de la communauté tout
entière pour un travail patient de sensibilisation, pour une animation
de groupe. Alors avec un personnel non suffisant vous imaginer ce que cela peut
entraîner comme désagrément. »
Les enquêtés ont donné des noms
d'organisation non gouvernementale (ONG) nationales et internationales et le
PNLS qui offrent des sessions gratuites de consultations et de vivres aux
PVVIH/SIDA. D'autres les aident financièrement et matériellement.
Ils reçoivent des conseils de ces ONGs. Les plus citées sont
« le projet SEDEKON et le projet Vie
Nouvelle ». La fréquentation des ONGs par les PVVIH/SIDA est
faible. Il faut signaler aussi le manque de collaboration franche entre les
Associations des PVVIH/SIDA.
5.3.5 Des facteurs liés aux accessibilités
géographique, financière et linguistique
Dans l'ensemble l'accessibilité linguistique est bien
appréciée par les enquêtés, puisse que toutes les
« nationalités ou ethnies » sont
représentées dans les associations nous confiait un
médiateur. Notre étude a montré que la plupart des PVVIH
n'ont pas les moyens matériels suffisants mais des sources de revenues
faibles.
CONCLUSION
L'objet de l'étude est d'améliorer la prise en
charge psychosociale des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans trois (3)
services sociaux de la ville de Porto-Novo, ce qui ne correspond pas aux normes
établies au niveau national. Nous avons procédé à
une étude transversale descriptive.
Les résultats ont permis de relever des insuffisances
des prestataires de soins et des services, l'implication de la
communauté dans la prise en charge globale des malades. L'absence de
motivation du personnel ; l'insuffisance des postes de soins et de
supervision. La discrimination accroît l'impact de
l'épidémie sur les PVVIH qui voient leur charge augmentée
du fait de la maladie. L'une des raisons majeures de la propagation de
l'infection est la peur de révéler sa sérologie positive
à son entourage. La forte connotation sexuelle, inhibe toutes les
tentatives de partage de l'information. La souffrance physique et psychologique
conduit à un épuisement, à une inaptitude au travail ou
à la compétition pour l'emploi et donc à une
réduction importante des ressources.
Bien que l'accueil, soit apprécié par les
utilisateurs des services et les malades du SIDA, il serait bien d'attirer
l'attention des prestataires de soins et des services sur l'importance de
l'accueil au sein d'une structure et surtout par rapport à la
confidentialité. Les personnes qui vivent avec le VIH doivent être
traitées comme tout autre patient qui souffre d'une quelconque
affection. Elles ne doivent pas faire l'objet de stigmatisation ou de rejet de
la part aussi bien de la famille et de la communauté que des
prestataires de soins. La gestion générale de la
confidentialité vis-à-vis des séropositifs pour
l'infection à VIH a des répercussions importantes sur la vie
sociale et psychologique des personnes infectées. L'infection à
VIH est en effet venue révéler les nombreuses failles du
système de cohésion sociale. L'ignorance ou la mauvaise
connaissance du VIH et l'analphabétisme sont également des
déterminants majeurs de l'aggravation de cette situation.
Cette situation discriminante constitue un frein important
à la prise en charge des PVVIH dans un contexte où l'accès
aux ressources est faible, très limité ou le respect de la
personne infectée, le droit au travail, le droit aux soins, à la
confidentialité, à la succession, le droit à la
propriété privée, sont ignorés souvent par les
principaux acteurs.
Il est souhaitable que les résultats de ce travail
puissent aider les autorités de la ville de Porto-Novo à
améliorer la qualité de prise en charge psychosociale des
PVVIH/SIDA. A cet effet, des solutions sont suggérées.
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