METHODE DE L'ETUDE
Type d'étude
Il s'agit d'une étude transversale descriptive.
3.3 Populations de l'étude :
Elles sont constituées comme suit :
Des personnes vivant avec le VIH et des malades du SIDA qui
utilisent les services.
Personnes ressources composées des autorités
politico administratives et religieuses impliquées dans la prise en
charge des PVVIH et un membre de la famille de chaque malade).
Des agents sociaux, des agents sanitaires et des
médiateurs impliqués dans la prise en charge des PVVIH au niveau
de chaque site.
Distributeurs de produits ARV aux PVVIH/SIDA.
3.4 Echantillonnage
3.4.1 Méthode
Il s'agit d'une méthode non probabiliste aussi bien
pour les PVVIH/SIDA fréquentant les sites, que pour les agents socio
sanitaires, les personnes ressources religieux et médiateurs
impliqués dans la prise en charge.
3.4.2 Technique
La technique d'échantillonnage utilisée est le
sondage exhaustif pour les PVVIH et le choix raisonné pour les agents
socio sanitaires, les personnes ressources et les religieux et les
médiateurs.
3.4.3 Critères d'inclusion
Pour les personnes vivant avec le VIH, les critères
sont :
être âgées de 15 ans et plus,
être suivies dans l'un des centres de prise en
charge.
Pour les personnels soignants, seuls les agents
impliqués dans la prise en charge des PVVIH ont été pris
en compte par notre étude.
Le critère d'inclusion pour les personnes ressources et
les religieuses, c'est d'être le représentant ou responsable
impliqué dans la prise en charge.
3.4.4 Critères d'exclusion
Ont été exclues de notre étude, toutes
personnes vivant avec le VIH fréquentant l'un des centres mais :
âgées de moins de 15ans
3.4.5 Taille de l'échantillon
à la Clinique Louis Pasteur : 310,
au CHD/O.P : 225
à ONG ESF (Espoir Sans Frontière) 20
Membres de la famille : 555 (Personne s'occupant du
malade)
Assistant Social : 2,
Agents Sanitaires : 12,
Médiateurs : 3,
Distributeurs de médicaments ARV : 2.
Personnes ressources :
Maire de la ville de Porto-Novo: 1
Chef d'Arrondissement : 2
Prêtres : 1 (Représentant des
Prêtres)
Pasteur : 1 (Représentant des Pasteurs)
Guérisseur traditionnel : 1 (Représentant
des Guérisseurs).
La taille totale de notre échantillon a
été de 580.
DISCUSSION DES RESULTATS
Les discussions s'articuleront autour des points
suivants :
L'atteinte des objectifs
La qualité et la validité des
résultats
Les résultats de :
l'organisation des services de prise en charge
psychosociale ;
la performance du personnel chargé de la prise en
charge psychosociale ;
la satisfaction des utilisateurs et des prestataires de
services de prise en charge psychosociale ;
l'identification des facteurs liés aux
accessibilités, géographique, financière et linguistique
dans les services de prise en charge psychosociale ;
5.1 Atteinte des objectifs :
Les résultats ont permis de :
- décrire l'organisation des services de prise en
charge à travers la structure organisationnelle qui est satisfaisante
dans l'ensemble, sauf le service d'accueil du CHD/O.P qui n'est pas
conforme ;
- mesurer le niveau de performance du personnel qui est assez
bon,
- mesurer le niveau de satisfaction des utilisateurs qui est
assez bon, mais qui est non satisfaisant chez les prestataires ;
- identifier les facteurs liés aux
accessibilités géographique, financière et linguistique
dans les différents services.
5.2 De la qualité et la
validité des résultats
La méthode de sondage exhaustif a été
utilisée pour retenir les utilisateurs et les parents. Ce sont ces
principaux bénéficiaires des services de prises en charge qui ont
exprimé leur opinion sur la qualité des services. Les techniques
et outils de collecte des données ont été en
adéquation avec les objectifs. La taille minimale a été
respectée.
Nous discuterons dans ce chapitre les résultats de nos
enquêtes que nous confronterons aux résultats d'autres
recherches.
Une population jeune sexuellement active en proie au mal du
siècle. Les 29 interviewés sur 71 se situent entre 20 et 39 ans.
Ce résultat nous rapproche de celui trouvé par le PNLS où
plus de 69% des sujets sont jeunes. [4]
SOSSOU Ségninou Janvier en 1996 dans
une étude de prise en charge psychosociale du malade du SIDA et du
séropositif réalisée à Cotonou a trouvé
à peu près les mêmes chiffres. L'auteur avait
interviewé 19 Jeunes sur 25 enquêtés soit 76%.
Les adolescents, et adultes jeunes sont en effet sexuellement
plus actifs. Ils sont également actifs économiquement et leur
apport en revenus dans la famille est substantiel. Leur état infectieux
entraîne donc un amenuisement des ressources familiales, et par ricochet
de nombreux problèmes sociaux [5].
Selon ARCAT-SIDA que « les
décès d'adultes jeunes laissent de nombreux enfants, femmes et
vieillards sans soutient ». [6]
« Nous voulions rester ensemble après que nos
parents et nos grands-parents soient morts du SIDA. J'aimerais bien retourner
à l'école, mais nous n'avons pas d'argent....Je dois travailler
dur pour avoir une bonne vie et prendre soin de moi pour ne pas attraper la
maladie comme ma mère et mon père. » __
Félix, 15ans seul travailleur
rémunéré dans une famille qui compte ses cinq
frères et soeurs plus jeunes ainsi qu'un grand-oncle de 80 ans.
___Martin 25 ans, Etudiant entrait dans le bureau de
l'Assistant Social et dit : « Je sais depuis deux mois que je
suis séropositif. Je suis en arrêt maladie pour 15 jours. Je suis
dépressif. Je n'ai pas d'intérêt, je suis vide... Je
n'arrive pas à rencontrer l'autre... Je suis très angoissé
à l'idée de mourir. Je me demande comment gérer cette
séropositivité ; je suis envahie par mon imaginaire de
mort. » Au moment de l'annonce de la séropositivité, il
est naturel que les personnes rencontrent des difficultés
psychologiques. L'annonce d'une maladie grave entraîne souvent un
état dépressif et un repli sur soi. L'angoisse est alors
envahissante, on se sent ralenti, on n'éprouve plus rien. Il est
fréquent qu'on perde le goût de se nourrir et qu'on ne puisse plus
assumer le quotidien. Les troubles du sommeil sont souvent rencontrés.
C'est une tragédie sociale que les jeunes soient exposés à
des maladies incurables qui n'ont pour issues que de les faucher dans la fleur
de l'âge laissant généralement des progénitures
très jeunes sans soutient réel.
Selon HOUTONDJI Jules, cette
épidémie est une menace pour la population car consciemment ou
non ces jeunes infectés vont distribuer facilement le mal et rapporte
cette recommandation de l'OMS que « ...la population du groupe de 15
à 24 ans est la plus vulnérable et devrait être activement
protégée contre la pandémie VIH/SIDA... ».
30 femmes sur les 51 enquêtés sont les plus
touchées que les hommes soit 58,82%. Ces résultats se rapprochent
également de ceux déclarés par le PNLS où les
femmes représentent 95,6% chez les femmes mariées. Cette forte
représentation féminine pourrait être expliquée par
des raisons traditionnelles. [4]
En effet il est toléré que les l'homme africain
et même polygame puisse avoir des rapports extra conjugaux alors que chez
la femme, de tels actes sont réprouvés et sanctionnés par
la société.
Donc l'homme qui peut avoir plusieurs partenaires sexuels se
trouve par conséquent plus exposé et en cas d'infection il vient
contaminer sa femme et cela peut s'expliquer également par leur
vulnérabilité face à la maladie, aussi du fait de leur
situation socio économique précaire et la polygamie constitue un
risque de dissémination du VIH.
Toutefois il y a les prostituées qui font exception
à la règle en raison de leur libertinage sexuel qui expose
beaucoup d'hommes au danger du VIH/SIDA.
Les personnes célibataires sont plus atteintes, soit
36%. Cela s'explique par le fait que le libertinage sexuel est plus
observé dans ces couches. En effet le célibataire s'arroge le
droit d'activités sexuelles multiples, prétextant souvent qu'il
faut varier pour faire un bon choix. Dans le contexte actuel, une telle
variation expose au SIDA et doit être contrôlée à
défaut de pouvoir l'éviter. Les femmes travailleuses de sexe qui
se livrent à plusieurs hommes pour des raisons pécuniaires
partagent à chaque acte le VIH/SIDA aux clients non avertis ou
têtus.
La population du niveau d'instruction primaire et secondaire
occupe une proportion importante dans notre échantillon avec 31,37% et
39,21%. En effet elle connaît les méthodes modernes de protection
tel le préservatif ou elle en a entendu parlé au moins une fois.
Aussi est-elle réticente prétextant que le préservatif
diminue le plaisir, qu'il n'est pas naturel et n'est pas un moyen sûr.
De part de leur occupation principale, ce sont les chauffeurs qui sont les plus
touchés. Leurs métiers les obligent à se déplacer
pendant longtemps loin de leurs maisons, ce qui peut les amener à avoir
des comportements à risque.
Toutefois il faut remarquer que la profession et le niveau
d'instruction ne sont pas un préservatif contre le VIH/SIDA, moins
encore le titre de l'individu dans la société.
Le christianisme regroupe à lui seul 23
séropositifs et malades de SIDA sur les 51 et suivi de la religion
traditionnelle avec 30,2%. A Porto-Novo il existe une forte influence de
l'église. Le fort taux de chrétien nous incite à penser
à l'utilisation des églises pour l'Information, l'Education et la
Communication sur le SIDA.
5.3.1 De la Structure et organisation du centre
La structure et l'organisation sont assez satisfaisantes.
Cependant le bâtiment qui abrite le service social est le même que
le service de rééducation. L'agent chargé de l'accueil des
patients reçoit les patients à l'entrée du hall. Les
patients n'ont pas de douches ni de toilettes au CHD/O.P. Il y a un manque de
personnel dans tous les centres visités surtout au CHD/O.P et il n'y a
pas d'organigramme établissant la hiérarchie entre les agents.
Cette situation ne permet pas une bonne visibilité des activités
réalisées par le centre. Nous avons observé une bonne
relation inter personnelle aux seins des structures. Il existe également
une bonne collaboration entre les différents centres visités et
le PNLS. Le programme de consultation affiché ne correspond pas au
programme exécuté. Par contre le personnel du CHD/O.P n'est pas
supervisé, et l'environnement n'est pas favorable à leur
motivation. L'absence de recherche des perdus de vue et le non respect des
supervisions sont dus à la non disponibilité d'une moto et de
prime. Aucune prime n'est distribuée. Alors que ce personnel est
impliqué dans la prise de décisions la seule forme de motivation.
Il faut noter que la motivation du personnel est un élément
fondamental pour un meilleur rendement au travail.
5.3.2 De la performance des agents.
La performance des agents est appréciée par les
PVVIH/SIDA, mais l'insuffisance du personnel peut agir sur la qualité de
service et ce sont les patients déjà fragilisés qui en
subissent les conséquences.
Un autre type de problème posé est celui de
l'information soulevée par une malade de SIDA aujourd'hui alitée.
Elle disait avec peine « Mes parents qui ont été
informés depuis des années que j'ai le SIDA, ont a attendu
maintenant pour m'informer ». Cette réflexion pose le
problème de l'information à temps par le personnel des sujets
infectés pour leur permettre de prendre leurs responsabilités.
[4]
Pour réussir l'information cela nécessite des
compétences que l'assistance sociale, le sociologue ou le psychologue
est censé avoir. Il faut au besoin donner au médecin ou autre
soignant les armes nécessaires pour réussir la communication du
résultat au concerné.
Un médecin travaillant à l'hôpital nous a
confié au cours d'un entretien l'importance du manque de personnel et
surtout du rôle de l'Assistant Social dans la structure en ces termes
« C'est lui la première personne qui prend contact avec
l'entourage social, s'informe des problèmes qui se posent à
l'individu afin d'y proposer des solutions. Il a le désir de convaincre
le malade ou le séropositif du sort qui est le sien et les comportements
que lui impose sa nouvelle situation ». Or l'absence des assistants
ou autres des structures s'occupant des malades du SIDA et séropositifs
(structures, publiques ou privées) est patente.
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