Approche pluridisciplinaire de
l'absentéisme maladie, de
l'accidentéisme
et de l'externalisation des coûts de santé
au
travail :
Le cas d'une entreprise de la grande distribution en
France : CASINO
Mémoire de DEA : Politiques sociales et
société sous la direction du Professeur M. Jean Marie MONNIER
Université de Paris I
Institut des Sciences Sociales du Travail
« Non, les braves gens n'aiment pas que l'on suive
une autre route qu'eux ».
La mauvaise réputation Georges BRASSENS
Je dédie ce travail, à toutes les femmes et
à tous les hommes qui dans ma vie, m'ont encouragé à
poursuivre une voie souvent différente de celle tracée par ceux
qui s'évertuent à penser à notre place.
Parfois sans le savoir, ils m'ont toujours donné envie
de réinterroger les évidences en m'apprenant le danger des
certitudes. Ils m'ont aussi transmis la nécessité d'avoir, ne
serait-ce qu'à titre provisoire, un certain nombre d'acquis à
confronter au réel du quotidien pour y puiser le sens de la vie et la
force de surmonter mes difficultés.
Cet apprentissage n'est pas de tout repos, il réclame
de l'audace, de l'humilité, des remises en cause, mais aussi l'ambition
d'une patiente quête, de ce qui peut être utile pour soi et pour
ceux que l'on aime. C'est, sans doute, une des raisons du caractère
tardif d'un retour sur les bancs de l'université.
Certains ne sont plus là, cela ne les empêche pas de
continuer à exister par les réflexions que leur souvenir
suscite.
Je ne peux tous les nommer. Ma mémoire, parfois
défaillante, et ma subjectivité contribuent certainement à
de nombreux oublis. Qu'ils me pardonnent et ne s'offusquent pas de la
maladresse d'un exercice qui n'est pas, pour moi, habituel.
Je veux, tout d'abord, rendre hommage à mes
collègues de travail du cabinet DEGEST qui m'ont accordé le temps
consacré à ma tâche et qui m'ont prodigué leurs
conseils et leurs remarques chaque fois que je les ai sollicités ; Ali
KERBAL, mon collègue, associé et ami, occupe une place
très particulière, par ses efforts constants et rigoureux pour
valoriser et formaliser mon expérience et à qui je dois la
concrétisation de ce vieux projet remis sans cesse à plus
tard.
Je ne peux oublier les nombreux militants de la CGT, mes
camarades de peines et de joies qui ont marqué mon parcours de vie et
inspiré mes réflexions, et plus particulièrement, ceux de
Casino, avec qui j'ai coopéré depuis 15 ans pour décrypter
les données sociales et économiques qui sont à la base de
ce travail. Je mentionnerai spécialement Jean Pierre et, plus
récemment, Thierry dont la constance et le dévouement pour
s'approprier et transmettre les analyses économiques de son entreprise
s'est naturellement prolongée pour m'aider dans mes recherches. Mes
remerciements vont également à Mr Thierry BOURGERON, DRH du
groupe Casino, qui a accepté de me recevoir et prêté une
oreille attentive à mon projet.
Je voudrais exprimer mon admiration et ma gratitude à
tous mes professeurs qui m'ont accordé leur confiance, encouragé
à choisir et à suivre cette formation qui restera un moment
important dans ma vie :
Plus spécialement, à Catherine MILLS et Jean
Marie MONNIER qui ont accepté de diriger mon travail et me prodiguer
leurs conseils avisés, Françoise PIOTET dont les
réflexions stimulantes m'ont permis de comprendre des points
de vue que je ne partageais pas toujours et Philippe MISSOTTE
qui m'a encouragé à choisir l'Institut des Sciences Sociales et
du Travail, au détriment de la formation qu'il anime à La
Sorbonne Nouvelle. Ils m'ont tous donné la preuve de l'engagement vrai,
de ces nombreux enseignants qui se dévouent toute une vie pour partager
leur savoir, mais surtout pour donner confiance aux étudiants et
valoriser leurs compétences.
Enfin, c'est avec tendresse que je veux remercier Isabelle, ma
compagne, mes enfants et mes amis qui m'ont accompagné, chacun à
sa manière, dans une période parfois difficile, en acceptant mes
humeurs et en m'offrant leur présence et leur disponibilité sans
compter.
Et pour ceux qui auront la patience de lire cette contribution,
qu'ils en soient vivement remerciés.
** ***** *
Sommaire
Chapitre I - Introduction générale
9
A. Un financement insuffisant de l'assurance maladie
9
B. Réintroduire le point de vue du travail : Une
nécessité pour la responsabilisation des acteurs 10
C. Approche méthodologique : Le cas empirique d'une
entreprise de la grande distribution 11
Chapitre II - Cadre théorique : Une
démarche pluridisciplinaire 15
A. Acteurs et facteurs d'interactions entre situation de
travail et santé :
Une analyse pluridisciplinaire nécessaire. 15
B. Absentéisme maladie et accidentéisme au
travail : entre construction
sociale et indice de l'état de santé.
18
a) Intérêt et limites de l'absentéisme et de
l'accidentéisme comme
indicateurs de santé au travail : 18
b) Une construction sociale complexe à partir de
représentations contradictoires 20
c) Des comportements des salariés dont la
rationalité au sens
néoclassique ne fonctionne pas 22
C. Organisation du travail : entre « sur-travail »
et « sous-emploi » 23
D. De la prescription des tâches à la
mobilisation de la subjectivité au
travail des salariés : 26
Chapitre III - Le commerce : Un secteur qui a joué
un rôle déterminant dans la tertiarisation de l'économie.
30
A. Un rôle déterminant dans l'évolution
du système économique et dans
sa place aujourd'hui 30
a) Quelques repères historiques : 30
b) Une place importante dans l'économie 32
c) Le fer de lance d'une profonde transformation du travail et de
l'emploi
fondée sur leur déréglementation : 34
B. Un secteur dans lequel les salariés sont soumis
à de nombreuses contraintes au travail 36
a) De très fortes contraintes physiques qui se cumulent
souvent avec un environnement difficile 39
b) Des contraintes organisationnelles en progression dans un
cadre d'horaires déréglementé 41
c) Un cumul fréquent des contraintes physiques et
organisation-nelles qui favorise l'augmentation des risques d'accidents et de
maladies professionnelles 44
C. Un système de rémunération complexe
qui contribue à l'amoindrissement du rapport salarial : 46
a) Une rémunération soumise à de nombreuses
variabilités qui la rendent de plus en plus aléatoire 46
b) Une évolution de carrière de plus en plus
marquée par l'incertitude de l'existence 49
Chapitre IV - Casino France (magasins) : Les
mécanismes d'une externalisation croissante des coûts
cachés de l'organisation du
travail 54
A. Un des leaders « historiques » de la grande
distribution : 54
B. Une forte croissance des indicateurs d'absentéisme
pour maladie et accidentéisme, indices d'une augmentation de la
souffrance au travail 57
a) Les indicateurs de morbidité du bilan social 57
b) Un absentéisme maladie et accidents du travail en
hausse pour toutes
ses composantes et toutes les catégories entre 1997 et
2003 59
c) Des maladies professionnelles et des incapacités de
travail en hausse 63
C. Une évolution de l'emploi qui peut expliquer
l'importance du niveau
et de la progression des indicateurs de morbidité.
65
a) Une population fortement féminisée et
relativement jeune, mais dont la
tendance est au vieillissement 65
b) Une faible proportion de personnel permanent 68
D. Des résultats d'activités relativement
performants mais une affectation de la valeur ajoutée peu favorable aux
salariés 76
a) Des indicateurs de productivité apparente du travail
qui montrent une forte tendance à son intensification 76
b) Une réduction du « coût du travail »
qui s'accompagne d'une hausse spectaculaire de la rémunération
des actionnaires 80
c) Une évolution antagonique des cotisations sociales et
de l'absentéisme qui montre l'externalisation des coûts de la
santé des salariés 87
Chapitre V - Des enseignements qui
réinterrogent l'efficacité des performances de gestion dans les
entreprises et les institutions sociales et appellent une approche et des
critères pluriels pour les définir et les évaluer
91
A. Une nécessaire remise en question des
critères dominants dans l'approche de la gestion et de l'organisation du
travail dans les entreprises 91
a) Un système d'assurance maladie qui marginalise la
santé au travail et néglige le concept de « veille sanitaire
» dans ce domaine 92
b) Un modèle dominant de l'approche des performances
fondé sur la représentation des actionnaires 94
B. Des compromis à trouver dans la définition
du concept de performance et des critères de son évaluation
96
a) Des indicateurs de gestion insuffisants pour les
salariés et leurs
représentants 96
b) Une approche plurielle pour des diagnostics partagés
98
c) Les cotisations sociales : coût ou investissement ?
100
C. Des responsabilités collectives et individuelles
pour garantir à la protection sociale son caractère solidaire
102
a) La protection sociale : un modèle inachevé
103
b) La responsabilité sociale des entreprises, ne peut pas
s'exercer sur le mode unilatéral en matière de protection sociale
104
Chapitre VI - Conclusion générale
107
Chapitre VII - Annexes : 109
A. Note méthodologique 109
a) Définitions : 109
b) L'enquête auprès de salariés de Casino,
Auchan et Carrefour : 110
B. Résultats comparatifs des enquêtes nationales
sur les conditions de
travail (employés de commerce - tous salariés)
113
a) Les contraintes physiques et environnementales 113
b) Les contraintes de l'organisation du travail et des horaires
114
C. Données économiques, financières et
sociales Casino 117
a) Données économiques et financières
(1992-2005) 117
b) Données sociales (1992-2005) 118
D. Données sur les accidents du travail et sur les
comptes de la protection sociale 123
E. Chronologie des principaux événements
affectant le financement de la protection sociale 124
F. Historique des mesures d'allégements de «
charges sociales » 125
G. Bibliographie : 126
fig.1
Chapitre I - Introduction générale
Les débats sur l'évolution des dépenses
de santé en France se sont souvent focalisés sur la
problématique de leur financement, dans un contexte de déficit
structurel de l'assurance maladie, mais surtout, sur la
légitimité même des comportements sociaux et culturels de
la population, en termes de consommation de biens de santé.
Le déficit de l'assurance maladie atteint un niveau
record de 8 milliards d'euros en 2005 (Commission des comptes de la
Sécurité Sociale, 2006). Après de nombreuses mesures
d'économie et une tendance à la fiscalisation depuis
l'instauration de la CSG en 1990, la situation ne semble pas s'améliorer
fondamentalement.
Il est possible de discuter le niveau de ce déficit et
sa réalité comptable. Des travaux ont été
réalisés dans ce sens1, même si on peut
regretter leur nombre relativement réduit. On pourrait également
discuter les décisions des pouvoirs publics pour financer ce
déficit par emprunts, avec la création de la caisse
d'amortissement de la dette sociale (CADES), dont les méthodes semblent
assez peu transparentes et peu compatibles avec sa mission publique (VARENNE et
BLANCHARD, 2004). Les limites que nous devons nous imposer ne nous permettent
pas de développer ces questions, malgré leur intérêt
évident.
Par contre, la dégradation progressive de la couverture
maladie à laquelle on assiste depuis plus de 30 ans, dans un cadre
où « l'Etat-Nation » s'avère de moins en moins capable
de piloter l'économie au service d'un maintien de la cohésion
sociale, mérite qu'on s'interroge sur les ressorts d'un
phénomène qui ne touche pas seulement la France, mais l'ensemble
des pays dits « développés ».
A. Un financement insuffisant de l'assurance maladie
Nous partirons du constat de la position de la France
plutôt favorable par rapport à la plupart des autres pays
développés dans le monde, (voir fig. 1) du point de vue de la
part de la richesse nationale (PIB) consacrée aux dépenses de
santé, malgré la croissance importante de ces dépenses
observée dans les dernières années, qui mérite d'en
approfondir l'étude .
Il nous semble, également nécessaire, de
souligner l'amélioration globale et continue de l'état de
santé dans le pays selon les indicateurs généralement
utilisés dans les comparaisons internationales. Celle ci se traduit, par
exemple, par un allongement continu de l'espérance de vie (une des plus
élevées dans le monde). Là, encore, il convient de nuancer
le constat général par les disparités relativement
importantes qui ne semblent pas se réduire, notamment, en fonction de la
nature de l'activité professionnelle (Assemblée Nationale, 2003)
et de la catégorie socioprofessionnelle. En effet, de 1984 à
1999, l'écart d'espérance de vie entre les employés et les
cadres supérieurs s'est accru de 1,5 ans au profit de ces derniers. Ces
disparités, sont d'ailleurs plus importantes en France que dans d'autres
pays européens.
1 C'est le cas, notamment, des travaux de Bernard FRIOT,
Catherine MILLS et Michel HUSSON. L'association ATTAC a également
encouragé de nombreuses initiatives sur ce sujet (ATTAC, 2004).
Le problème n'est donc pas, en première analyse,
un niveau de santé trop élevé, mais un financement
insuffisant, dans un cadre socialisé de ressources rares favorisé
par un raisonnement néolibéral qui met en cause le financement
solidaire pour lui préférer l'initiative individuelle
assurancielle2.
B. Réintroduire le point de vue du travail : Une
nécessité pour la responsabilisation des acteurs
Il nous a semblé utile de questionner cette
problématique à travers le point de vue du travail3
dans une démarche d'économiste, empruntant à diverses
disciplines scientifiques qui se donnent le travail comme objet
d'étude.
Nous souhaitons nous intéresser plus
particulièrement aux mécanismes du développement d'un
certain nombre de pathologies liées au travail (et au chômage) qui
contribuent largement à une progression des indicateurs de
morbidité et qui participent à celle des dépenses de
santé.
En effet, d'après l'enquête emploi de l'INSEE de
Mars 2002, parmi les personnes de 15 à 64 ans travaillant ou ayant
travaillé, une sur quatre attribue ses problèmes de santé
chroniques au travail (INSEE Premières, n° 19.1 Mars 2004).
Il nous semble donc utile de réintroduire dans le jeu
des acteurs de la santé, le travail et l'organisation de l'entreprise
qui jouent un rôle central dans les mécanismes de santé.
Cette démarche diffère sensiblement de celle d'un débat
public dominant semblant réduire le problème aux comportements
des patients qui « se soigneraient trop sans accepter de payer plus
» et aux professionnels de santé « trop dispendieux
dans leur fonctionnement »4.
Les politiques de santé actuelles relèvent, pour
l'essentiel, d'un raisonnement à partir de l'offre qu'il faudrait
contenir afin d'enrayer la demande de soins. Nous pensons, au contraire, qu'il
convient de s'interroger sur cette demande, afin de mieux l'identifier, en
évaluer les enjeux et la traiter, en particulier, par une politique de
prévention (LORIOL, 2002) dans laquelle la place du monde du travail
paraît déterminante.
Poser le problème en ces termes, conduit à
s'intéresser au financement de la santé dans l'entreprise, et
notamment à sa répartition entre les acteurs en fonction de leur
rôle dans l'évolution des dépenses de santé.
Au delà de la souffrance physique qui existe encore dans
les entreprises, malgré le progrès technique permis par la
mécanisation et l'automatisation, se développe une souffrance
psychique, liée à la fois, à la non reconnaissance
2 En effet, dès 1981, un rapport de l'OCDE donne le
ton. Sous le titre « La crise de l'Etat-providence », c'est
en fait, une condamnation sans appel de la place de la protection sociale
accusée de miner le sens des responsabilités, de la famille et de
l'effort. Cité par F.X. MERRIEM in MERRIEM F.X., PARCHET R., KERNEN A.
(2005), page 259.
3 Il ne s'agit pas d'un point de vue idéologique, mais,
« géographique », c'est-à-dire, à partir des
observations et des analyses que l'on peut faire dans les milieux du
travail.
4 Le rapport (2004) commandé par la CNAMTS à
l'ANAES pour préparer un argumentaire à utiliser dans le cadre
d'un accord de bon usage de soins (AcBUS) concernant la prescription des
arrêts de travail pris en charge par la branche maladie, pose le
problème dans les termes suivants : « L'existence de
macro-facteurs pose évidemment la question de la part évitable
dans la croissance des dépenses, c'est-à-dire dues à des
stratégies comportementales des acteurs (patients et médecins) et
des outils à mobiliser ».
des savoirs et des savoir-faire au travail, et à de
nouvelles formes de l'organisation du travail qui participent fortement
à la dégradation de la santé des salariés.
Moins médiatisées que les maladies psychiques,
malgré la brûlante actualité des ravages de l'amiante, se
développent de nombreuses pathologies toxicologiques, sous l'effet de la
multiplication des produits chimiques utilisés au travail, et dont on ne
connaît pas bien les effets sur le plan cancérigène, et
mutagène, notamment.
Si les professionnels de santé ont vu exploser, ces
dernières années, les pathologies musculosquelettiques, les
troubles cardiovasculaires, les cancers et la souffrance psychique, leur lien
avec le travail n'est pas souvent recherché. Pourtant, le parlement et
la Sécurité sociale (article L.176-2 du Code de la
Sécurité sociale), reconnaissent, la prise en charge par la
branche maladie (cofinancée par les salariés) de nombre de ces
pathologies, en lieu et place de la branche accidents du travail et maladies
professionnelles (l'ATMP est strictement financée par les seuls
employeurs), pour un montant inscrit dans la loi de financement de la
sécurité sociale, de plusieurs centaines de millions d'euros
chaque année.
Certains auteurs (ASKENAZY, 2005) considèrent
même, que la branche ATMP ne prend en charge que la moitié du
coût réel, soit 5 milliards d'euros par an correspondant à
une sous-déclaration des accidents du travail de l'ordre de 20% et par
une reconnaissance très incomplète des maladies professionnelles,
comme en atteste, par exemple, la création d'un fonds public (FIVA) pour
l'indemnisation des victimes de l'amiante5. Ce
phénomène est aggravé par une forte mutualisation du
risque pour les petites entreprises6, ce qui permet d'externaliser
les risques les plus importants par la sous-traitance des travaux les plus
pénibles ou dangereux. Cette technique est largement utilisée
dans le BTP, par exemple. Le système actuel ne responsabilise
guère les entreprises, malgré les apparences.
C'est dans cet ordre d'idées, que nous proposons
d'explorer les fondements théoriques de notre pratique, de confronter
notre expérience avec l'état de la recherche en gestion et en
sociologie, de systématiser et formaliser notre démarche.
Le thème de la protection sociale et de l'assurance
maladie, en particulier, récurrent dans le débat social depuis 40
ans, peut être l'occasion d'utiliser une partie des matériaux
accumulés depuis 15 ans de pratique professionnelle. C'est dans ce cadre
que s'inscrit notre contribution sur l'analyse des enjeux de ces
problématiques qui traversent le monde du travail.
C. Approche méthodologique : Le cas empirique
d'une entreprise de la grande distribution
Nous avons souhaité explorer ces problématiques,
à partir du cas concret
5 De manière plus générale, un certain
nombre de travaux intéressants cherchent à chiffrer les
coûts réels des AT et de certaines pathologies
sous-estimées comme le stress. (EJEAN et SULTAN-TAIEB, 2004, RAMACIOTTI
et PERRIARD, 2000, SCWAB CHRISTE et SOGUEL, 1991).
6 Le risque est entièrement mutualisé pour les
entreprises de moins de 10 salariés et partiellement mutualisé
entre 10 et 200.
d'une grande entreprise de la distribution : Casino, avec une
approche monographique sur la période 1992-2005.
Le cas de la grande distribution nous paraît exemplaire
à plus d'un titre. C'est, en effet, un secteur dont le
développement est récent (il s'est surtout
développé depuis 40 ans), ce qui lui a permis de mettre en oeuvre
des organisations du travail rompant avec les organisations traditionnelles et
utilisant d'emblée les techniques de l'information en
révolutionnant non seulement l'organisation traditionnelle du commerce,
mais également les relations entre la production, la distribution et la
consommation. Par ailleurs, il s'agit, sans doute, du secteur qui a
créé le plus d'emplois dans les dernières années en
contribuant à l'institutionnalisation des emplois et des horaires
atypiques.
Casino est l'une des entreprises les plus importantes du
secteur, et dont la particularité est d'avoir traversé le
XXème siècle, non seulement sans disparaître,
contrairement à ses concurrents succursalistes ou coopérateurs,
mais en poursuivant un développement continu, qui en fait, aujourd'hui,
un groupe de référence sur le plan mondial. Cette
originalité, ne nuit pourtant pas, à la
représentativité de l'entreprise de son secteur et nous avons
essayé de vérifier, chaque fois que cela était possible,
le caractère cohérent des données disponibles, à la
fois avec deux de ses concurrents directs (Auchan et Carrefour) et avec les
données de la branche.
D'autre part, parmi, les dépenses qui augmentent le
plus, au niveau de l'assurance maladie, on trouve celles liées aux
arrêts de travail7. L'évolution des indicateurs
socio-économiques des bilans sociaux et des bilans financiers des
entreprises de la grande distribution, et notamment, ceux de Casino, montre
à la fois une hausse significative des indices8 de «
souffrance au travail » (DEJOURS, 1998), que constituent
l'accidentéisme et l'absentéisme maladie ; et une
répartition inégalitaire dans l'affectation des richesses
créées par les salariés à leur détriment.
La différenciation de statut social dans une entreprise
où la hiérarchie des salaires est particulièrement
resserrée autour du SMIC, se construit à la fois par la
catégorisation socio professionnelle et par le type de contrat de
travail. La typologie de précarité contractualisée est
déterminante pour expliquer les comportements des employés et des
ouvriers en termes d'absentéisme maladie. Les travaux d'E. CAMBOIS
(2004) ont mis en évidence le lien entre précarité sociale
et dégradation des conditions de santé. Cependant, son approche
globale sur l'ensemble de la population tend à s'attacher
essentiellement aux ruptures des parcours individuels affectifs et
professionnels. Nous tenterons, pour notre part de valider l'hypothèse
d'une relation de causalité entre le statut social et contractuel dans
l'entreprise et l'état de santé des salariés.
L'objectif de cette analyse consiste à tester
l'hypothèse d'une faible reconnaissance9 du travail en tant
que créateur de richesse, associée au remplacement de
l'organisation du travail dans sa dimension prescriptive, par le management par
objectifs, qui engendre une souffrance au travail dont le coût est en
partie externalisé sur la société. Cette souffrance est
aggravée par
7 Le rapport de l'IGAS souligne une augmentation de 46% entre
1997 et 2002.
8 Dans le sens de « l'évaluation des traces du
travail sur la santé » (VOLKOFF S. et coll. 2005), p.15).
9 Au sens de l'approche psychopathologique de SIGRIEST ;
c'est-à-dire « un sentiment d'un déséquilibre
entre la mobilisation et la rétribution, le sentiment d'injustice,
apparaît très prédictifs des atteintes à la
santé ».
le contexte d'intensification10 du travail, de
densification11 des tâches et par les politiques sociales de
flexibilisation du travail. Nous tenterons de mettre en évidence les
mécanismes de cette externalisation des coûts de santé au
travail sur les salariés, les institutions de protection sociale
(assurance maladie et mutuelles) et le budget de l'Etat et de les confronter,
aux représentations issues du débat sur le financement de
l'assurance maladie.
Dans cette optique, nous nous proposons de définir le
cadre théorique qui nous servira pour analyser nos résultats
tirés des matériaux empiriques recueillis au cours de nos
différentes interventions sur le terrain :
· Analyse statistique des indicateurs pertinents des
Bilans Sociaux et des Bilans Financiers de Casino France et confrontation avec
les données macroéconomiques des institutions de l'assurance
maladie et accidents du travail.
· Exploitation d'une enquête
réalisée dans le cadre du cabinet DEGEST pour la Coordination
Nationale des Syndicats CGT CASINO en 1997 auprès de 400 salariés
de l'entreprise dans 31 établissements répartis sur l'ensemble du
territoire.
La confrontation des résultats statistiques des
indicateurs sociaux économiques et financiers de l'entreprise, avec les
réponses des salariés et des résultats des enquêtes
nationales sur les conditions de travail, nous permettront de
réinterroger certains aspects de l'organisation et de la reconnaissance
du travail salarié et de ses incidences sur le fonctionnement de
l'assurance maladie. Nous souhaitons replacer ce questionnement dans le cadre
du débat plus général sur la crise de régulation de
l'Etat Social avant d'envisager une démarche d'approche plurielle, en
matière de critères et d'indicateurs sociaux dans l'entreprise
articulés à ceux de la puissance publique.
** ***** *
10 On peut définir l'intensification du travail comme la
réalisation d'un même nombre de tâches ou d'activités
dans une durée plus réduite.
11 La densification du travail correspond à la
réalisation d'un nombre croissant de tâches ou d'activités
différentes dans une même durée de temps
fig. 2 : Les interactions entre facteurs et acteurs de
la santé au travail
Chapitre II - Cadre théorique : Une
démarche pluridisciplinaire
« Changer le travail », tel était le slogan
à la mode dans les années 1990, à l'initiative du
gouvernement de l'époque et de Martine AUBRY, Ministre du travail qui
avait obtenu un certain consensus sur ce thème avec les organisations
syndicales et le patronat. Les vicissitudes de la mise en place des 35 heures
ont, notamment, montré les effets pervers d'une démarche qui
confond travail avec les conditions de son exécution. Le travail change
au gré de l'évolution des connaissances scientifiques et
techniques et surtout, de leur mise en oeuvre. Les institutions n'ont pas de
prise sur son évolution. C'est l'affaire des opérateurs et de
leur professionnalisme. Par contre le travail change dans un cadre
managérial, organisationnel et institutionnel qui rend plus ou moins
difficiles les conditions de son exécution. C'est là
qu'intervient la gestion du rapport santé-travail et la
responsabilité des acteurs en matière de santé au travail.
Investir ce terrain de recherche nous semble malaisé et réducteur
sans une vision globale des enjeux de ce rapport. C'est pourquoi, nous avons
tenté d'explorer les fondements d'une approche pluridisciplinaire avant
de préciser les concepts que nous souhaitons utiliser d'un point de vue
sociologique, économique et psychodynamique.
A. Acteurs et facteurs d'interactions entre situation
de travail et santé : Une analyse pluridisciplinaire
nécessaire.
Les relations entre activités de travail et
santé sont complexes, tout d'abord, parce que si « le travail c'est
la santé », comme le dit la chanson populaire, il participe tout
à la fois aux aspects positifs et négatifs de l'état de
santé des salariés12 (HODEBOURG, 1993). Il devient,
ainsi, indispensable, de comprendre les interactions entre travail et
santé, lorsqu'on souhaite contribuer à l'amélioration des
conditions de santé physique et psychique des salariés. Mais leur
complexité, tient également, et surtout à une
multiplicité d'acteurs intervenant de manière spécifique
dans les champs en question et par voie de conséquence, à des
représentations différenciées et souvent contradictoires
plus ou moins formalisées, voire même institutionnalisées
dont les nombreuses interactions rendent difficile une analyse
précise.
Nous avons tenté de schématiser les facteurs et
les acteurs d'interaction dans un contexte descriptif (fig. 2 ci contre), qui
nous permet de replacer notre problématique dans son cadre plus
général. Le schéma met en évidence, l'importance
d'une approche pluridisciplinaire pour comprendre les mécanismes de ces
interactions.
A partir de la relation fondamentale de tension que les
salariés doivent gérer (réguler et arbitrer), entre
santé et exigences du travail, nous pouvons distinguer plusieurs
sphères qui vont relever d'une ou de plusieurs disciplines :
12 Jean HODEBOURG a écrit des pages émouvantes
dans son ouvrage « Le travail c'est la santé, perspectives d'un
syndicaliste ». Il a, ainsi, participé à un retour
salutaire du monde du travail sur les questions des conditions de travail et de
l'activité.
· Les jeux d'acteurs à partir de leurs
représentations dont l'analyse va plutôt relever d'une approche
sociologique.
· La situation de travail, ses caractéristiques
et les facteurs de régulation dans la tension efficacité /
santé qui vont intéresser, plus particulièrement
l'ergonomie, la médecine et la psychodynamique du travail.
· La rationalité des choix des individus, la
création de valeur, la nature, les processus et l'efficience des
organisations ou encore la relation avantages-coûts constituent, parmi
d'autres, quelques terrains de prédilection de la gestion et de
l'économie, notamment, de l'économie du travail.
Cette énumération n'est, bien entendu, pas
exhaustive. D'autres disciplines, telle l'épidémiologie, le
droit, etc. peuvent intervenir dans ce modèle. De plus, les champs de
recherche sont suffisamment vastes pour donner à chacune des raisons de
s'investir de manière autonome.
René PASSET montre l'intérêt de ce qu'il
appelle l'analyse « multidisciplinaire, multidimensionnelle ou
transdisciplinaire », pour l'analyse de systèmes complexes
dans ses différents travaux et en particulier dans la définition
et l'étude de « l'homme total » (PASSET R. 1996).
Les réflexions d'Edgar MORIN dans son entretien avec
Michel RANDOM sur la transdisciplinarité, nous paraissent
également particulièrement stimulantes (RANDOM M. 1996). En
parlant de l'évolution des sciences, il écrit : « Les
sciences progressent, dans la mesure où elles brisent leur
cloisonnement, mais ce cloisonnement se reforme toujours ». Ce
cloisonnement a sa légitimité, parce qu'il correspond à
une démarche analytique et que la dimension « solitaire » du
travail de recherche est incontournable. Il a également ses limites et,
en particulier, une double limite :
· Celle d'une dialectique nécessaire (MORIN parle
de « dialogique ») entre analyse et synthèse, entre
le « tout » et « la partie », qui nécessite de
constants allers-retours entre ces deux dimensions.
· Celle, également, d'une confrontation
nécessaire du travail solitaire, des problématiques et des
résultats, à partir de méthodologies
différentes.
Cela implique, de sortir du cadre de la
légitimité stricte des pairs, pour dépasser «les
chapelles» disciplinaires et oser, ainsi, l'indiscipline
revendiquée par Edgar MORIN !
Si le problème se pose pour toutes les sciences, il
est particulièrement aigu pour l'économie et la gestion et
même, pour être plus précis, pour l'économie du
travail et la gestion.
En effet, comment peut-on s'ignorer superbement et
réciproquement, alors que les objets de chacun s'inscrivent dans un
champ commun ?
Il est vrai, que l'économie du travail ne
s'intéresse plus guère au travail qu'au travers de l'emploi,
tandis que la gestion considère le travail, au mieux, comme une
ressource dont il importe de minimiser le coût, en ignorant sa fonction
sociale de création de valeur. Faut-il rappeler, que TAYLOR13
a donné un statut scientifique à l'organisation du travail, avec
ses travaux sur la division
13 L'organisation scientifique du travail
sociale du travail en utilisant des techniques d'observation
et d'analyse des activités de travail, outils méthodologiques des
ergonomes, aujourd'hui. De la même manière Adam SMITH et MARX ont
utilisé l'observation des situations de travail14 pour
étayer leur raisonnement.
Le travail n'est pas l'emploi. Cela peut paraître
évident et il convient de le souligner, tant la prégnance des
problèmes du chômage et par voie de conséquence celle de
l'emploi a occupé le devant de la scène dans les dernières
années. (ZARIFIAN, 2003, p 7).
Cependant traditionnellement, le travail est analysé de
manière souvent réductrice selon deux types d'approches :
· Une, structurelle et fonctionnelle à partir du
concept de division sociale du travail qui renvoie aux notions de prescription,
de reproduction et de performances.
· L'autre, sous un angle stratégique renvoie aux
concepts de domination et d'exploitation et aux rapports de forces
créées selon le modèle résistance / soumission.
Ces approches, négligent le sens premier du travail
qui réside dans la capacité à pouvoir agir, à
donner du sens et de l'engagement de la subjectivité pour les
salariés. C'est l'exercice concret de la puissance de pensée et
d'action des individus à la fois dans leur singularité et dans
leur interdépendance.
Dans ce sens, l'exercice du pouvoir est irréductible
même dans les travaux les plus taylorisés. Paradoxalement, la
résistance est première et l'oppression seconde. La
Résistance ne signifie pas réaction mais affirmation de sa
puissance d'action sur le mode de son initiative et de sa force d'invention.
Si les sciences économiques, tout comme la gestion,
ont délaissé ce type de démarche, la reprise et le
perfectionnement par l'ergonomie ou la psychopathologie du
travail15, nous amènent à fonder des espoirs sur la
fécondité d'une nouvelle approche pluridisciplinaire pour
renouveler les fondements théoriques de la place et du rôle du
travail dans le fonctionnement de nos sociétés modernes.
Enfin, pour ce qui nous concerne, nous n'avons pas la
prétention d'une pluridisciplinarité dominant chacune des
disciplines, ni encore moins, celle d'une connaissance universelle. Notre
démarche s'appuie, plus simplement, sur le pragmatisme de la pratique
d'une équipe pluridisciplinaire au service des institutions
représentatives des salariés, avec les apports de
l'expérience d'un militant syndical teintée par la
curiosité d'explorer les travaux de la communauté scientifique
s'intéressant au travail.
Cette démarche, nous paraît indispensable pour
faire le lien entre les différents indicateurs disponibles et, en
particulier, l'absentéisme maladie et l'accidentéisme au travail
et les concepts utiles à leur explication.
14 Comme, par exemple, celles de la manufacture
d'épingles. (Smith, 1776, livre premier, chapitres 1 à 3).
15 Christophe DEJOURS et Yves Clot, notamment, ont
contribué à donner des bases théoriques à la
psychodynamique à partir de leurs travaux sur la psychopathologie du
travail.
B. Absentéisme maladie et accidentéisme
au travail : entre construction sociale et indice de l'état de
santé.
L'absentéisme pour maladie et
pour accidentéisme : définitions
Dénombrement de l'absence (en nombre de jours de
travail « perdus ») des salariés à leur poste de
travail, ayant pour cause une incapacité temporaire de travail
liée à la maladie et ou à un accident du travail.
Le mot utilisé présente plusieurs synonymes
dont chacun garde la préférence de chacun des acteurs du
système social.
C'est ainsi qu' « absentéisme » est
plutôt utilisé par les employeurs et les services de gestion des
ressources humaines, mais également par les institutions, telles, la
sécurité sociale. Le médecin va plutôt
préférer le terme plus neutre « d'arrêt de travail
» ou « d'arrêt maladie », tandis que les salariés
vont parler de « congé maladie ».
Ces pratiques de langage ne sont bien entendu pas neutres,
elles correspondent chacune aux représentations du concept
L'absentéisme, en tant que fait social, reflète
des comportements, des pratiques et des conceptions différentes,
qu'elles soient sociales (individuelles et collectives), médicales ou
institutionnelles.
Le dénombrement des causes, des
caractéristiques des absences maladies et de leur évolution
intéresse la recherche épidémiologique (Chevalier,
Goldberg, 1992) et, d'une autre façon, les employeurs et gestionnaires
d'entreprises. Or, il est un indicateur encore peu utilisé par
l'ensemble des intervenants dans le domaine de la santé au travail. Les
chercheurs s'intéressent aux motifs médicaux qui provoquent ces
absences, à la durée et à la fréquence par individu
en fonction du sexe, de l'âge, de caractéristiques
professionnelles et de vie. Pour les gestionnaires, ce décompte est un
indicateur qui permet un contrôle de la disponibilité du travail
engagé, avec un transfert des charges aux régimes d'assurance
adéquats, et au mieux, en guise de prévention, il permet
l'observation des différentes causes en lien avec le contenu du travail
et la qualité de personnes.
Or, l'existence de ces décomptes est peu connue, et
lorsqu'elle l'est, l'accès n'en est pas aisé. Dans les
entreprises, ils conservent un caractère interne, sauf pour les
entreprises de plus de 300 salariés, pour lesquelles, la communication
aux comités d'entreprise de certains indicateurs est obligatoire une
fois par an (IGALENS et PERETTI, 2001). De plus, comme pour tout indicateur,
leur utilisation est soumise à certaines limites.
a) Intérêt et limites de
l'absentéisme et de l'accidentéisme comme indicateurs de
santé au travail :
Déjà, à la fin du
19ème siècle, la progression inquiétante de
l'absentéisme à la Manufacture des allumettes a contribué
à reconnaître le caractère professionnel du phosphorisme et
à interdire l'utilisation du phosphore dans la fabrication des
allumettes (DUZZI S., DEVINCK J.C., ROSENTAL P.A. 2006).
Plus récemment, les résultats des études
réalisées dans la cohorte « Gazel » (salariés
EDF-GDF)16 démontrent l'intérêt de suivre le
dénombrement, la durée
16 En janvier 1989, Electricité de France (EDF), Gaz
de France (GDF) et l'Institut National de la Santé et de la Recherche
Médicale (INSERM) s'associaient pour lancer un des plus importants
projets français de recherche épidémiologique : la cohorte
Gazel. Le partenariat entre ces grandes entreprises vouées au service
public et le plus important organisme de recherche médicale
français a pour but de mettre en place un véritable laboratoire
humain
et la fréquence des absences prescrites par un acte
médical. CHEVALIER et GOLDBERG (1987, p. 6 et 863-880) soulignent
l'intérêt de suivre ces arrêts sur une longue période
pour surveiller les pathologies lourdes, la durée éliminant de
fait les autres causes, moins bien contrôlées du point de vue du
niveau de morbidité. Les indicateurs préconisés sont ceux
qui détaillent les trois caractéristiques de survenue,
durée et fréquence de l'absence. Les survenues d'absence sont
comptées en distinguant les motifs.
La dernière enquête Sumer (DARES)
Décembre 2004 n° 52-1) réalisée en 2003 auprès
de 50 000 salariés, a posé pour la première fois la
question du nombre d'arrêts pour maladie, hors accidents du travail ou
maternité, les douze derniers mois et du nombre de jours total de ces
arrêts. La même question sur le nombre de jours d'arrêt est
posée en lien avec des accidents du travail survenus pendant les douze
derniers mois.
Par ailleurs, l'enquête annuelle de l'Insee,
EPCV17 (enquête permanente sur les conditions de vie des
ménages), comporte, une question sur les « congés- maladie
» durant les douze derniers mois, en distinguant, la réponse selon
la durée. Elle pourrait informer sur le sens des évolutions.
On peut également rapporter le nombre de jours (ou
d'heures) d'arrêt au nombre total de jours travaillés (ou d'heures
travaillées). C'est le taux d'absentéisme - rapport des
durées d'absences d'un groupe au total des durées normalement
travaillées par le groupe - qui est l'indicateur le plus pertinent, bien
qu'approximatif, puisqu'il n'individualise pas la mesure de l'absence, ni le
nombre de jours d'arrêt par travailleur arrêté.
Or, à l'heure actuelle, la CNAMTS décompte le
nombre d'indemnités journalières (I.J.), par région, sans
autre distinction qu'entre les ayants droit et les assurés, et les
motifs : maternité, accident du travail, maladie professionnelle, autre
maladie.
La sommation de la maladie et de la maternité pose un
premier problème de pertinence, dans la mesure où il s'agit de
deux situations très différentes dont le cumul n'a pas de sens,
ni sur un plan épidémiologique, ni même, sur celui de
l'analyse des coûts pour l'entreprise et pour les institutions.
Par ailleurs, l'individu n'étant pas identifié,
les notions de fréquence individuelle et d'absence par motif n'existent
pas. De ce fait, ces statistiques ne permettent de faire que le seul
décompte du taux d'absentéisme global englobant la
maternité dont le caractère ne nous paraît pas compatible
avec les autres causes. Par ailleurs, seul est publié le rapport de la
somme des Indemnités journalières pour les accidents du travail
au nombre d'heures travaillées, appelé «taux de
gravité» 18 des accidents du travail indemnisés.
La typologie retenue par grand secteur, refondue en neuf groupes et ses
subdivisions depuis 1998, ne permet que des correspondances très
imparfaites avec les secteurs NAF de l'Insee, communément
utilisés sur des données sociales et
épidémiologique, instrument scientifique au
service de la recherche médicale. La responsabilité scientifique
et technique de ce projet a été confiée à
l'Unité 88 de l'INSERM, en coopération avec les services
médicaux d'EDF et GDF, les CMCAS et la CCAS.
17 INSEE, Enquête annuelle. Il convient de souligner la
petite taille de l'échantillon (moins de 5 000 actifs) qui limite le
croisement possible par profession et grand secteur.
18 Le « taux de gravité » ne doit pas
s'entendre au sens de la gravité des accidents. Il mesure la
durée moyenne par agent des arrêts provoqués par les
accidents du travail et de ce fait ne constitue qu'un indicateur de leur
durée moyenne.
économiques.
Une classification sommaire et anonyme des arrêts de
travail par maladie, âge, sexe et secteur d'activité ou/et
profession donnerait un indicateur d'alerte pertinent.
Il convient, cependant, d'adopter une démarche
d'analyse et d'interprétation prudente des données quantitatives,
malgré toutes les améliorations que l'on peut apporter à
leur recueil. De nombreux biais peuvent, ainsi, intervenir :
· La prescription du repos, partie intégrante de
la thérapie, ressort de pratiques médicales non homogènes,
du point de vue de son opportunité, de la durée prescrite, comme
des médications elles mêmes et de leurs modalités.
· Le salarié lui-même, dans son rapport
avec l'institution médicale, apprécie et arbitre en fonction de
son contexte de vie et de travail et des représentations qu'il en a.
C'est, notamment l'incidence de ce repos sur sa situation professionnelle, au
regard de sa hiérarchie, de son insertion, de ses marges de manoeuvre du
point de vue de son contrat et de son collectif de travail. En effet, la non
déclaration des accidents bénins ou le refus des arrêts de
travail, tendent à s'amplifier, là où la crainte
d'être licencié est présente, ou encore lorsque le
salarié est embauché sous un statut précaire et souhaite
le transformer en statut stable (CRISTOFARI, 2001, p. 28 et 29). En outre, les
campagnes de prévention peuvent s'accompagner de pressions avec
affichage des résultats et objectifs (« zéro accident
») et (ou) d'incitations financières19 qui dissuadent la
hiérarchie intermédiaire, voire les victimes elles- mêmes,
de déclarer la totalité des accidents (Cour des Comptes, 2002, p.
35 et suivantes).
· Les politiques publiques, enfin, peuvent également
interférer dans les évolutions constatées des indicateurs
d'absentéisme ou d'accidentéisme. C'est le cas des
décisions récentes du gouvernement (Loi Fillon 2004) et de
l'assurance maladie (depuis 2003) qui, suivant les recommandations de L'ANAES,
ont mis en place une série de mesures de contrôle des patients et
des médecins, dont les effets semblent se faire sentir, par une moindre
progression en 2003 et 2004 des indemnités journalières
comptabilisés par la CNAM. Ce type de mesure n'a, cependant en
général, que des effets conjoncturels, dans la mesure où
elles ne relèvent que d'une politique répressive, ignorant ou
tout du moins, sous-estimant, les causes profondes du problème.
Nous retiendrons, au-delà des biais existants,
l'intérêt de suites de données relativement
homogènes sur la période considérée, dont les
évolutions apparaissent comme significatives.
b) Une construction sociale complexe à partir de
représentations contradictoires
« Les conditions de travail ne sont pas des objets
naturels qu'il suffirait d'observer et qui seraient justiciables d'un
traitement objectif. Il s'agit d'une construction sociale.»
(CURIE, 2000). A fortiori, l'absentéisme, en tant qu'indice
19 Primes de présentéisme, critère
intégré dans le calcul des primes d'intéressement, etc.
des conditions de travail, est un des
révélateurs à la fois objectif et subjectif de cette
construction sociale. La mise en lumière du travail réel est une
longue entreprise, notamment menée par des chercheurs en ergonomie,
présents sur les lieux de travail (TEIGER, LAVILLE, 1991). Elle est
à la source des interrelations établies entre le travail et la
construction de la santé.
Le terme même d' « absentéisme »,
présente une connotation négative significative de la
représentation médiatisée par les employeurs et les
institutions. Connotation, sur le mode culpabilisateur de comportements abusifs
vis-à-vis, à la fois, des collègues de travail et de la
solidarité nationale. C'est ainsi que l'on a tendance à valoriser
le présentéisme. On dit d'ailleurs souvent : « C'est un
bon employé, il ne s'arrête jamais », ou bien alors,
« j'avais de la fièvre, mais je me suis quand même rendu
au travail ». Ce type de représentation dominant
révèle, par ailleurs, un type de management dans les entreprises,
fondé sur une mobilisation « complète » des
capacités physiques, cognitives et psychiques des salariés qui
pose la question du risque d'une nouvelle aliénation dont les
conséquences ne sont pas évaluées.
A côté de cette représentation dominante,
celle de « l'arrêt ou congé maladie », historique et
institutionnalisée dans le système de l'assurance maladie est
partie intégrante du modèle d'Etat social en vigueur. Elle a du
mal à garder sa légitimité historiquement liée
à celle d'acquis sociaux obtenus dans des périodes symboliques de
notre histoire sociale (1936 et le Front Populaire, 1945 et la
Libération, etc.). Il s'agit d'une représentation relayée
par l'autorité médicale qui lui confère les vertus
thérapeutiques et à ce titre, constitue un des fondements du
traitement prescrit.
· Sur un plan sémantique, on peut souligner une
utilisation généraliste du terme, précisée, par les
différents motifs possibles (maladie, accidents du travail et du trajet,
maternité, convenance personnelle, etc.), alors même
qu'implicitement, le terme d'absentéisme seul s'applique dans le langage
habituel aux arrêts maladie. On soulignera également, sur ce plan
du langage, l'ambiguïté du terme « congé »
utilisé en association à celui de maladie pour
caractériser le droit acquis lors de son instauration.
· Sur un plan institutionnel, le concept recouvre des
situations très différentes qui mettent en jeu, dans le cadre
d'une relation contractuelle salarié-employeur, des procédures et
un cadre législatif ou règlementaire distincts. On peut citer
ainsi, par exemple, l'absence consécutive à la maladie, la
maternité ou l'arrêt de travail, validée par une
autorité médicale, l'absence autorisée par l'employeur
validée par la hiérarchie, l'absence institutionnelle
(congé paternité, etc.) validée par le Code du travail ou
/ et les accords conventionnels.
On peut citer, dans un registre similaire, la construction
sociale de l'aptitude au travail dont la responsabilité de sa
reconnaissance relève des services de Santé au travail
(anciennement Médecine du travail20). Ce concept sous entend,
comme une évidence, un jugement par le médecin au fil d'une vie
de travail, sur le degré d'adéquation des capacités
physiques et intellectuelles des salariés à leur poste de
travail. Ce qui reste discutable, n'est pas tant la
20 La réforme de la médecine du travail a
défini des Services de Santé au Travail dont le but est
d'adjoindre aux médecins du travail des intervenants en
prévention des risques professionnels qui peuvent être des
toxicologies, des ergonomes ou des ingénieurs en hygiène et
sécurité.
recherche louable du niveau d'adéquation entre l'homme
et son travail, mais le sens implicite et univoque des contraintes du travail
auxquelles il va de soi, que c'est à l'individu de s'y adapter.
On pourrait s'interroger sur une inversion du sens de
l'adéquation débouchant sur le degré d'aptitude d'une
situation de travail à l'individu consacrant enfin le principe
ergonomique de l'adaptation du travail à l'homme (KERBAL, 2003).
c) Des comportements des salariés dont la
rationalité au sens néoclassique ne fonctionne pas
On peut s'interroger sur la motivation des comportements des
salariés dans l'utilisation des droits mis à leur disposition
pour préserver et améliorer leur santé dans un contexte de
gestion de la tension entre travail et santé. Dans ce sens, il
paraît utile de se demander, si ces comportements répondent aux
lois de la rationalité économique des théories
néoclassiques. Correspondent-ils à une organisation des moyens
disponibles en vue d'atteindre ses buts répondant ainsi, à une
rationalité substantive ou dans les procédures utilisées
dans le cadre d'une rationalité procédurale ou limitée au
sens de SIMON (GUERRIEN, 2005, p.430) ?
Si nous empruntons à Amartya SEN la définition
de la rationalité, comme « la nécessité de
soumettre ses choix aux exigences de la raison » (SEN A. 2002, p.
14), on mesure toute la difficulté à définir ce qui
relèverait de « la raison » en matière
d'absentéisme et d'accidentéisme au travail. On se trouve devant
un problème similaire lorsqu'on utilise des définitions plus
restreintes. Cette difficulté tient dans la multiplicité des
facteurs qui interviennent dans le choix devant être effectué et
par conséquent, dans l'échelle des préférences
associée à l'appréciation de ces facteurs et à leur
hiérarchisation :
· Acceptation de la maladie et des représentations
qui s'y attachent (faiblesse, hérédité, etc.).
· Visite chez le médecin et nature de la
prescription médicale.
· Possibilité de contrôle de la
Sécurité sociale et de l'employeur (au travers d'une entreprise
spécialisée).
· Conséquences possibles sur le plan assuranciel
(assurance vie, garantie de solvabilité pour un emprunt éventuel,
etc.).
· Image renvoyée aux collègues, à
la hiérarchie, à l'employeur et conséquences
prévisibles sur la carrière, la notation, l'évolution du
contrat (en cas de CDD, de temps partiel, de licenciement, etc.).
· Incidence de l'arrêt sur la
rémunération (franchise légale des 3 premiers jours,
dispositions conventionnelles sur la durée de la couverture maladie,
existence d'un contrat de prévoyance et de clauses de couverture, primes
de présentéisme, etc.).
La complexité des mécanismes aboutissant aux
choix des salariés nous paraissent incompatibles avec l'application des
théories sur la rationalité. En effet, l'échelle de
préférences ne peut être ni unique, ni complète, ni
transitive (B. GUERRIEN, 2005 p.427 et suivantes). Dans ce sens, il nous semble
très difficile de prévoir les comportements en la matière
comme en témoigne le succès des produits assuranciels
proposés aux DRH pour garantir les coûts liés à
l'absentéisme maladie depuis quelques années.
C. Organisation du travail : entre « sur-travail
» et « sous- emploi ».
Les travaux de la psychodynamique du travail21 ont
mis en évidence le caractère décisif du besoin de
reconnaissance des individus dans « la dynamique de la mobilisation
subjective de l'intelligence et de la personnalité » (DEJOURS
Ch. 1998 p. 37). Elle participe, dans ce sens, pleinement à la
construction de l'identité des femmes et des hommes au travail. De
nombreux travaux de médecins du travail, de psychologues, d'ergonomes et
de sociologues ont également mis en évidence la souffrance
engendrée par la multiplication des injonctions paradoxales et la perte
de sens du travail qui s'en suit pour les individus.
Il existe de nombreux facteurs intervenant dans la
difficulté à définir les critères de la
reconnaissance de la quantité et de la qualité du travail.
L'évolution du langage est significative à cet
égard. On ne parle plus, de qualification, ou d'expérience pour
préférer les termes de « performance » et de «
compétences ». Le « savoir être » a tendance
à supplanter le « savoir faire ». Et la performance
dépend de plus en plus de la capacité à s'adapter en
permanence aux variations, aux aléas, aux imprévus pour
réaliser les objectifs fixés. D'où un affaiblissement de
la prescription du travail, dont le pendant est la montée en puissance
d'une prescription d'objectifs et de responsabilités. Nous avons ainsi
assisté à un désengagement progressif des
hiérarchies vis-à- vis des modalités d'exécution du
travail. L'organisateur a cédé la place au « manager ».
La fiche de poste a été remplacée par la lettre de
mission. Le spécialiste en organisation du travail ou le
chronométreur prétendait connaître le travail ; le manager
n'a plus cette prétention. Ses connaissances sont constituées de
savoirs, sans lien avec les contenus techniques des activités qu'il doit
encadrer : outils de gestion et fragments de sciences humaines constituant une
sorte de technologie des services de ressources humaines.
On pourrait penser que du fait du désengagement des
hiérarchies vis-à-vis des modalités de l'activité
de travail, la pression du pouvoir qui lui est attachée se soit
amoindrie. Or, il n'en est rien. Le contrôle ne s'est pas
relâché, il s'est plutôt modifié en donnant plus
d'autonomie pour gagner en contrôle social. Il s'exerce selon des
modalités différentes de ce que nous connaissions
antérieurement. Il est assumé par des individus plus
éloignés du métier qu'autrefois (PIOTET, 2002) et il
repose sur des indicateurs de plus en plus abstraits. Ces indicateurs ne sont
pas neutres. Ils sont constitués, tout au long de la chaîne
hiérarchique, par des indicateurs comptables pour l'activité et
des indicateurs « moraux » pour les salariés. Ils
sont définis, à la suite des entretiens d'évaluation,
devenus de véritables « couperets » pour
l'évolution de la carrière et la formalisation de l'avenir
professionnel. La nouvelle logique d'approche des compétences et son
volet d'évaluation à partir de valeurs telles « le savoir
être », nous semble, particulièrement peu pertinente et
dangereuse à cet égard.
La psychodynamique et la médecine du travail nous
apprennent que la souffrance au travail survient précisément,
à partir du moment où « les contradictions de
l'organisation du travail ne trouvent plus d'issue dans le débat
21 Et en particulier les travaux de Christophe DEJOURS et d'Yves
CLOT (Laboratoire de psychologie du travail du CNAM à Paris).
social et sont portées par les salariés sur
le mode de l'indignité personnelle » (DAVEZIES, 2005).
À partir de là, ceux qui souffrent, ceux qui
tombent malades, ce sont principalement, ceux qui ne peuvent se résoudre
à laisser couler, qui prennent malgré tout au sérieux les
enjeux du travail dans des situations où ces enjeux sont
écrasés par les contraintes des logiques financières. Ces
tensions entre normes marchandes et normes sociales qui sont
vécues au coeur de l'activité, dans leurs dimensions les plus
concrètes, posent des questions politiques et éthiques
fondamentales auxquelles sont confrontées nos sociétés. Le
paradoxe est qu'elles sont vécues, au travail, le plus souvent, dans
l'isolement et donc traitées comme témoignant de
défaillances personnelles, avec un sentiment de honte.
Les exigences de libéralisation et de globalisation
des marchés financiers, depuis les années 70, ont
entraîné une irruption des logiques financières dans
l'organisation du travail et dans la gestion des hommes, qui s'est traduite par
une course permanente à la réduction des coûts et à
la progression de la productivité apparente du travail. Nous touchons
là, les ressorts de l'un des paradoxes de la période : alors que
les dimensions qualitatives prennent une importance croissante dans
l'activité, les modes d'évaluation purement quantitatifs,
statistiques, comptables, les évaluations en termes de débit qui
sont ceux de la chaîne taylorienne tendent à être
appliquées à l'ensemble des activités. Comme le disait
Pierre Bourdieu : « on voudrait nous faire croire que c'est le monde
économique et social qui se met en équations »
(BOURDIEU, 1998, p. 41).
Le caractère réducteur de cette approche se
traduit par l'ignorance des managers des dimensions de l'activité qui ne
s'expriment pas en termes de valeurs marchandes.
Ce processus a des conséquences qui vont donner un
caractère dramatique à cette évolution. Dans ces
conditions de pression à « l'abattage » et de restriction sur
les moyens, de nombreux salariés culpabilisent de ne pas réussir
à maintenir le niveau de qualité qu'ils estiment
nécessaires pour leur travail. A tous les niveaux hiérarchiques,
on peut rencontrer des salariés qui ne se reconnaissent plus dans les
formes dégradées imposées à leur activité au
nom des contraintes économiques, ce qui engendre une
conflictualité autour des critères d'évaluation de la
qualité du travail :
· D'un côté, le management avec une
position très claire mais peu comprise : La qualité, c'est la
qualité pour le marché et dans le temps du marché
: « La qualité totale », l'excellence, c'est
le juste nécessaire. En faire plus qu'il n'est nécessaire pour
vendre, c'est gâcher des ressources collectives.
· Pour les salariés, la qualité renvoie
à des critères d'efficacité technique, « le bel
ouvrage », de développement de la
création de richesse, de justice et
d'authenticité.
Celui qui prétend faire plus, au nom des normes de son
métier et de ses propres conceptions éthiques est suspecté
de satisfaire des exigences personnelles. Il se fait plaisir. Il manifeste une
attitude individualiste. Ainsi, les salariés sont en permanence
incités à abréger, à en rabattre sur la
qualité, au nom d'évaluations focalisées sur des normes de
débit, sur les délais de réponse, sur les temps d'attente
et, au bout du compte, sur le résultat
d'exploitation. Les salariés se voient
encouragés à utiliser des techniques qui leur permettent, par
exemple, de se débarrasser d'un client trop exigeant (et donc non
rentable) ; techniques qu'ils connaissent, auxquelles ils ont parfois recours
mais qu'ils considèrent comme des pratiques honteuses qu'ils
réprouvent. Et tout cela est exprimé à travers des
discours franchement paradoxaux puisque les exigences de qualité sont en
même temps, toujours réaffirmées.
Cette problématique tend à se
généraliser parmi toutes les catégories de
salariés. Elle atteint des salariés appartenant à des
catégories autrefois à l'abri, qui éprouvent
également des sentiments d'amputation de leur professionnalisme. A
travers le sort qui est fait à leur investissement dans le travail,
à leur intelligence, à leur éthique, les salariés
ont de plus en plus le sentiment d'une inadaptation de leurs valeurs aux
exigences de leur travail à partir de l'impression, plus ou moins
inconsciente de perte, ou tout du moins, de la réduction de leur
capacité d'agir et donc du sens de leur travail et du travail dans leur
vie.
De telles situations modifient considérablement les
représentations sur le travail et pèsent sur le rapport salarial
et le climat social. Dès lors que ce qui est en jeu, c'est le sentiment
de faire un mauvais travail, il est difficile d'en débattre sans
s'exposer immédiatement à une accentuation du contrôle par
la hiérarchie. Chacun se débrouille comme il le peut avec les
manquements et les entorses aux règles de son métier. Les
repères communs définissant « un bon employé »
s'estompent, des dissensions surgissent entre collègues, le sentiment
d'appartenance à un groupe tend à se dissoudre et avec lui les
liens de solidarité, la capacité collective à affirmer le
point de vue du travail face à l'abstraction croissante de la
prescription. A la mesure de cet affaiblissement, s'installe une extrême
sensibilité (voire agressivité) aux remarques de la
hiérarchie, du public ou des collègues.
C'est là que la pathologie peut se nourrir, à
partir de la généralisation d'une souffrance qui ne trouve pas
l'écoute et la valorisation dont les individus ont besoin.
Il faut bien constater que la plupart des réponses
proposées par les « professionnels du psychisme » tendent
à cultiver une démarche d'individualisation, de culpabilisation
et de psychologisation de ces problèmes.
Les directions d'entreprise, recherchent des
réponses à la souffrance dans les multiples formes de gestion du
stress, de développement personnel et de coaching qui prolifèrent
sur le marché pour leur encadrement et plus généralement
pour le personnel qu'ils considèrent, comme stratégique. Il faut
bien admettre, que pour les opérateurs considérés comme
interchangeables, ce sont des solutions d'externalisation qui sont
privilégiées (sous-traitance, aide à la création
d'entreprise individuelles, « out placement », licenciement,
etc.).
Du côté des salariés, on peut remarquer
des réactions plus ou moins violentes de repli sur soi. D'une
victimisation favorisée par la mode du « harcèlement moral
», aux cas extrêmes de suicide ou de vengeances violentes sur les
individus qui personnalisent leur souffrance, on assiste à des
dérives qui trouvent difficilement une explication rationnelle pour ceux
qui ne connaissent pas en détail les itinéraires et les histoires
individuelles des concernés. Il convient, également de souligner,
l'augmentation de certaines pratiques addictives (drogues, alcool, tabac, etc.)
qui montrent la difficulté des individus à assumer un mal
être, d'autant plus difficile à admettre consciemment, qu'il
s'accompagne de la culpabilisation que fait naître le
sentiment d'impuissance.
Dans les deux cas, il s'agit d'approches
déconnectées des enjeux subjectifs de l'activité par
essence collective. Centrées sur l'individu dont elles prétendent
résoudre les problèmes, elles s'inscrivent dans le droit fil de
l'idéologie libérale ambiante.
On peut reprendre l'analyse d'Yves CLOT (1998, p.5) sur les
organisations du travail actuelles, fondées sur une équivoque de
la pensée managériale à la mode. Le paradoxe est
formulé entre :
D'un côté, « ce souci lancinant des
gestionnaires d'intensifier le rapport subjectif au travail »,
De l'autre, « cette même activité est
regardée le plus souvent comme le résidu temporaire de la
modernisation ».
Ce paradoxe, lui permet d'ordonner la condition
salariée contemporaine autour de deux catégories
symétriques : le « sur-travail » et le «
sous-emploi ».
· « Sur-travail », parce que
l'intensification de celui-ci apparaît comme une constante dans toutes
les activités en tant que composante essentielle de la
productivité apparente du travail pour ceux qui ont un emploi.
· « Sous-emploi » parce que le
recours croissant à la flexibilité externe et interne instaure,
de manière structurelle une catégorie de salariés sans
emploi ou avec un emploi précaire (temps partiel non choisi, CDD, stages
aidés, intérim, etc.).
Nous reprenons cette typologie, qui nous semble
particulièrement bien adaptée aux pratiques de la grande
distribution et qui permet d'explorer la nouvelle hiérarchie sociale qui
tend à se structurer dans les entreprises.
D. De la prescription des tâches à la
mobilisation de la subjectivité au travail des salariés :
L'organisation de la société industrielle du
XIXème et de la première moitié du
XXème était dominée par le taylorisme et le
fordisme. L'industrie produisait en masse des produits standardisés pour
des marchés de premier équipement et le public qui
découvrait la consommation achetait ce qu'on lui proposait. Nous
étions dans une « économie de l'offre ». L'organisateur
pouvait donc, naturellement prescrire les tâches à effectuer dans
le détail et traiter les salariés comme de purs
exécutants.
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des
marchés, pour l'essentiel, de rééquipement (du moins dans
les pays développés) et donc à des clients avertis, dans
une situation de concurrence exacerbée. Du point de vue des sciences de
la gestion, les conditions de la production et de la performance en sont
transformées. Elles ne tiennent plus, seulement aux économies
d'échelles que permettait la production de masse d'objets
standardisés mais à la capacité à adapter
l'activité au plus près des variations quantitatives et
qualitatives de la demande. La flexibilisation des outils de production
liés à la robotisation permet de réaliser des
séries courtes et d'alterner les productions en fonction de la demande.
Les rôles respectifs des directions, de l'encadrement et des agents sur
le terrain en sont profondément affectés. Le pilotage par l'aval,
ce que les organisateurs appellent « une gestion en flux tiré
», tend à se substituer aux
modalités antérieures d'organisation (en «
flux poussé »). Nous sommes, à présent, dans «
une économie de la demande ». Le rôle de l'encadrement a
fondamentalement changé, de ce fait. Il doit moins s'attacher à
prescrire la tâche, qu'à prescrire des objectifs et viser à
la mobilisation de la subjectivité (CLOT, 1998, p. 8) des
salariés, tout en étant lui-même soumis à cette
même logique.
Ces derniers se retrouvent donc sous la double pression
directe de la hiérarchie pour l'évaluer et gérer son
contrat de travail et celle du client, du patient ou de l'usager qui va
déterminer pour l'essentiel, le rythme et le contenu de son travail. La
proportion de salariés dont le rythme de travail dépend d'une
demande extérieure obligeant une réponse immédiate passe
de 28 % en 1984 à 55,4 % en 2003. Et il faudrait ajouter les 28 % dont
l'activité dépend immédiatement de la demande de
collègues (DARES, 2006). LORIOL a bien montré (2000), les liens
existants entre contraintes et douleurs physiques et le manque de
reconnaissance ressenti dans « la construction sociale de la
fatigue ».
Nous sommes dans une ère d'un nouveau «
productivisme réactif » comme le dit Philippe ASKENAZY
(2005). Les nouvelles formes d'organisation des entreprises renforcent
l'autonomie des salariés. Les entreprises font plus que par le
passé appel à l'initiative de leurs salariés pour mieux
répondre à la demande de leurs clients et pour améliorer
leur productivité. La contrepartie de cette plus grande
responsabilisation et de cette plus forte implication dans l'entreprise est un
accroissement relatif de la charge mentale au travail (HAMON-CHOLET et
ROUGERIE, 2000). Cette charge apparaît comme le coût d'un certain
enrichissement du travail et elle n'est pas nécessairement le signe
d'une dégradation des conditions de travail.
Cependant, les dernières enquêtes sur les
conditions de travail font état, entre 1991 et 1998, d'une augmentation
générale des facteurs de pénibilité mentale et
psychologique, alors même que les pénibilités physiques
n'ont pas régressé. L'intensification des rythmes de travail en
est le principal facteur. Or la progression de la pénibilité
mentale au travail naît principalement du cumul de ces contraintes.
L'intensification des rythmes de travail contrarie, alors, les effets
bénéfiques d'une plus grande autonomie des salariés.
Partout le travail évolue sur le modèle du
service. Ce qui fait dire à Philippe DAVEZIES que nous sommes à
l'ère de la « serviciarisation du monde du travail »
(2003)..
Le commerce et, plus particulièrement, la grande
distribution, ont joué dans ce sens, un rôle déterminant,
comme nous le verrons dans le prochain chapitre.
** ***** *
Nous avons adopté un cadre théorique
qui s'appuie sur une démarche pluridisciplinaire, regards
croisés, entre analyse économique héterodoxe et
critères de gestion alternatifs, apports de la psychodynamique du
travail sur les évolutions des organisations dans l'entreprise et
travaux de la sociologie du travail sur les évolution de la protection
sociale, les statuts sociaux et leurs relation contractuelles.
Cette démarche, nous semble nécessaire
à la différenciation du travail et de l'emploi, tout comme
à la compréhension des interactions entre facteurs et acteurs de
la santé au travail et à l'interprétation du
phénomène d'absentéisme maladie et d'accidentéisme
qui constitue le point de départ de notre recherche.
Les nouvelles organisations du travail, liées
aux exigences de rentabilité des marchés financiers et à
la « serviciarisation de l'économie », conduisent à une
modification de la prescription qui substitue les objectifs à la
description des tâches.
Cette modification se traduit par une
responsabilisation accrue des salariés, avec un cumul croissant de
contraintes physiques et mentales, à la base d'un cercle vicieux de
dégradation des conditions de travail.
Cette dégradation est aggravée par un
contexte de déréglementation du travail qui conduit à un
travail de moins en moins reconnu organisé entre « sur-travail
» et « sous-emploi ».
** ***** *
Le premier grand magasin crée en 1824 :
La belle Jardinière fera sa fortune grâce à
la fourniture d'uniformes aux grandes entreprises et à l'habillement des
couches moyennes parisiennes.
Man ufrance à SaintEtienne à la
fin du XIXème
siècle.
Le premier magasin Casino à Saint Etienne en 1898, dans
les locaux de l'ancien casino lyrique... !
Chapitre III - Le commerce : Un secteur qui a
joué un rôle déterminant dans la tertiarisation de
l'économie.
Il nous a semblé utile de présenter quelques
repères caractéristiques du secteur afin de mieux situer
l'entreprise étudiée dans le cadre de notre problématique.
Ces repères n'ont pas de caractère exhaustif, ils visent
simplement à situer le secteur dans l'économie française
et dans son évolution historique à travers l'évolution de
l'organisation, les conditions du travail et des politiques sociales. En effet,
au-delà des chiffres sur le poids du commerce dans l'économie, on
ne peut apprécier le rôle réellement joué par le
secteur dans les évolutions du système économique et
social sans s'intéresser aux mécanismes de son fonctionnement.
A. Un rôle déterminant dans
l'évolution du système économique et dans sa place
aujourd'hui
a) Quelques repères historiques :
L'évolution historique du commerce est intimement
liée à celle des sociétés humaines. Le capitalisme
primitif est un capitalisme commercial. L'essor, par exemple de la ville de
Lyon, au XVIème siècle, est celui du marché
national naissant centré sur la cour royale. Les dix plus hauts
contribuables de l'époque, parmi une population bourgeoise de 1600
personnes environ, sont des marchands (CCES-CGT, 1998, p.9). C'est cet essor
qui va créer les conditions du développement des manufactures de
soieries qui s'affirment à partir du siècle suivant.
Cependant, jusqu'au début du XIXème
siècle, le commerce de détail dans les campagnes est celui du
colporteur qui promène sa « pacotille » sur son dos, comme on
peut le voir dans les gravures anciennes. Dans les villes, c'est la boutique
modeste qui approvisionne le petit peuple au gré des évolutions
de prix et du marchandage. Elle est tenue par un personnel essentiellement
familial et pour les plus importantes, comprend un ou deux commis et un
apprenti.
L'histoire de l'évolution capitalistique des
entreprises a toujours été associée à celle des
techniques. Indice de vitalité économique, la monnaie
pénètre toutes les activités économiques, qu'elles
soient urbaines ou rurales. La quasi- disparition de la monnaie d'or, de trop
forte valeur, et la frappe du denier d'argent, dès 670, avaient
déjà stimulé l'augmentation du volume des échanges
et ouvert l'économie monétaire à un plus grand nombre
d'usagers.
Mais, pendant longtemps, le commerce a été
tributaire des moyens de transport : la dimension et la maniabilité des
bateaux, les performances des chariots (vitesse, capacité, etc.). C'est
l'Etat qui a contribué à l'essor commercial en développant
les infrastructures adaptées des routes commerciales, financées
par les impôts commerciaux.
Les foires du Moyen Age, constituent la première
organisation structurée de commerce de gros. Elles vont devenir, de
véritables pôles de liaison tant au niveau International que
national.
Au XVIème siècle, les progrès
du commerce, vont également être associés à
ceux de la banque, compte tenu des capitaux importants
nécessaires au grand commerce de l'époque22. On peut
déjà souligner l'importance du crédit nécessaire
à la structuration de l'organisation commerciale. Celle-ci, en effet,
avait besoin de capitaux importants pour financer les stocks et une rotation
lente des marchandises23.
Ce n'est qu'après la révolution, grâce
à la croissance de la population, à l'industrialisation et
à l'exode rural qui s'ensuit, que vont se créer les conditions de
la naissance et de la structuration du commerce moderne au
XIXème siècle. Celui-ci va se caractériser par
la création d'organisations commerciales spécialisées sur
un plan technique.
C'est ainsi que vont naître et se développer les
grands magasins, les coopératives de consommation, et dans une forme
technique voisine, les magasins à succursales dont Casino est une des
illustrations les plus typiques. Les techniques capitalistes investissent,
alors le commerce, secteur qui était resté en dehors du mouvement
de capitaux et des techniques qui ont caractérisé la
révolution industrielle.
Ce mouvement était devenu une nécessité
pour l'industrie qui avait besoin de massifier ses débouchés
limités par un commerce atomisé constituant, ainsi, un frein
à la rotation des capitaux.
C'est le cas de l'industrie textile et des armuriers qui sont
à l'origine de cette évolution.
Le premier grand Magasin « la Belle Jardinière
»24 est crée en 1824, pour le commerce du vêtement
confectionné, vendu à prix fixe. L'invention, de la machine
à coudre permet le développement considérable des
affaires. Le magasin s'agrandit peu à peu et, en 1856, le capital
atteint déjà 3 millions de francs. Le Bon Marché, Le
Printemps, Les 3 Quartiers, les Galeries Lafayette seront créées
sans la seconde moitié du 1 9ème siècle. Emile
ZOLA, dans Au bonheur des dames, en a immortalisé le drame des
évolutions de la société parisienne de l'époque :
« Il y avait là une évolution naturelle du commerce, on
n'empêcherait pas les choses d'aller comme elles devaient aller, quand
tout le monde y travaillait, bon gré, mal gré. Mouret avait
inventé cette mécanique à écraser le monde, dont le
fonctionnement brutal indignait Denise ; »
La diversification des industriels de la laine, dans le nord,
permettra la création de la vente par correspondance avec les Trois
Suisses ou la tradition du privilège royal de la fabrication des armes
à St Etienne avec la naissance de Manufrance en 1885.
Mais, ce qu'on nomme, la grande distribution,
n'apparaîtra que dans la deuxième moitié du
XXème siècle avec la naissance des Carrefour, Auchan,
ainsi que de la plupart des enseignes que nous connaissons aujourd'hui.
L'invention du libre service et la multiplication des
produits et des références mis à la disposition des
consommateurs, largement généralisés, aujourd'hui, en tant
que techniques commerciales ont permis cette évolution.
C'est Edouard LECLERC qui met en oeuvre cette technique en
1945 dans un
22 A l'époque, ce vocable, correspond au commerce
international (épices, soieries, etc.).
23 Par exemple, le commerce du pastel à Toulouse avait
besoin d'un cycle de 3 ans, entre la commande et le paiement de la marchandise
!
24 Elle doit son nom à sa localisation à Paris,
quai des fleurs.
entrepôt de gros dont il ouvre la vente au
détail. Puis, Carrefour, qui ouvre son premier hypermarché en
1963 à Sainte Geneviève des Bois, en région parisienne
doté de 2500 m2 de vente, d'un parking de 400 places, d'une
pompe à essence et de 12 caisses. L'inauguration, parrainée par
la romancière Françoise SAGAN sera un évènement
médiatique. L'ère des grandes surfaces et des centres commerciaux
est ouverte. Elle caractérise l'essentiel de notre paysage commercial,
aujourd'hui.
Avec, ce principe de la massification des marchandises
présentées au libre choix des consommateurs, la grande
distribution a également innové en instaurant le principe de
Trujillo25 : « Un îlot de pertes dans un océan
de profit ». Il s'agit d'un calcul des prix de vente en modulant la
marge commerciale, afin de créer des prix d'appel (vente à perte
ou prix coûtant) sur les produits de grande consommation dont le client
retient facilement le montant et peut, ainsi, effectuer des comparaisons avec
ceux des concurrents26.
b) Une place importante dans l'économie
Le commerce occupe, aujourd'hui, une place importante dans
l'économie par son rôle d'intermédiaire entre la production
et la consommation. Il représente environ 10% du PIB en France et 14% de
l'effectif salarié (INSEE-Références, 2006, p.9).
Les entreprises de la grande distribution, en particulier
dans les grandes et moyennes surfaces alimentaires (hyper et
supermarchés), en ayant atteint des tailles souvent comparables à
celles des plus grandes entreprises de l'industrie, jouent un rôle
déterminant dans les marchés financiers. En effet, Ces
entreprises mobilisent des capitaux importants par le biais du crédit
fournisseur, ce qui leur permet de disposer d'une trésorerie
excédentaire à placer sur les marchés financiers, source
d'une forte rentabilité externe à leur activité
principale. Le marché financier des valeurs mobilières en 2003
porte sur 19 sociétés cotées qui emploient environ 800.000
salariés et dont le chiffre d'affaires représente 43% du commerce
de détail27. La période de reflux de la croissance
économique (1999-2003) a été très nettement
amplifiée par les marchés financiers. En début de
période, surfant sur la vague spéculative de la « net
économie », ces groupes ont été largement
survalorisés. En 1999, leur valorisation boursière
dépassait un an de chiffre d'affaires, alors qu'en 2003 ils n'en «
valaient plus que le tiers, détruisant ainsi 56 milliards d'euros
pendant cette période. Cela ne les a pas empêché de
réaliser des profits importants (18,6 milliards d'euros) dont 70 % ont
été versés aux actionnaires, ce qui représente
environ 3300 € par an et par salarié.
Cette puissance a bouleversé les rapports production
distribution donnant, ainsi, à ce secteur une position souvent dominante
qui leur a permis d'imposer des conditions draconiennes aux producteurs et, en
particulier, aux plus petits d'entre eux. On peut, ainsi, mettre en
évidence un quasi doublement de la part
25 C'est le fabriquant de caisses enregistreuses NCR à
Dayton, qui s'est attaché les services de Bernard TRUJILLO pour
développer des séminaires visant à instaurer le
libre-service dans la distribution. Les dirigeants des futures entreprises
françaises de la grande distribution ont suivi ces séminaires.
26 La législation a évolué en interdisant
la vente à perte avec la loi 96-588 du 01 Juillet 1996, dite Loi Galland
ou Loi sur la loyauté et l'équilibre des relations
commerciales
27 Hors commerce automobile et divers
des services facturés28 aux industriels (de
2,8% à 5,0%) entre 1997 et 2004 (Comptes Commerciaux de la Nation), sans
que le consommateur ne trouve dans l'offre de la grande distribution une
répercussion ni dans les prix (la marge commerciale n'a baissée
que de 0,3 points pendant la période), ni dans les services
proposés.
Le secteur a enregistré des bouleversements profonds
depuis le rattrapage de son retard technologique sur l'industrie. Grâce
à un vaste processus de refonte de ses systèmes d'information et
de gestion pour gagner en productivité dans la guerre des prix et de la
concurrence.
Ce processus se déroule dans un contexte où les
stratégies des groupes dominants tendent à se rapprocher par les
politiques « marketing », les services et les compétences dans
des marchés qui tirent de plus en plus les prix vers le bas. Face aux
enjeux de compétitivité, de nouveaux concepts associés aux
innovations technologiques tentent de déplacer les enjeux concurrentiels
sur d'autres terrains où peuvent être exploités de nouveaux
gisements de productivité.
Parmi ces concepts, la fidélisation du client devient
un enjeu essentiel avec l'émergence des premiers prix conjuguée
à l'atonie de la consommation qui ont fortement influé sur le
comportement des consommateurs devenus plus rationnels et exigeants, plus
prudents et disciplinés dans leurs actes d'achat.
L'utilisation de systèmes d'information plus puissants
et innovants semble constituer la clé de voûte du succès
des politiques commerciales. Cette recherche est constamment motivée par
l'optimisation des gains de productivité pour gagner en
compétitivité. C'est le rôle assigné, aujourd'hui,
aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Il est évident que face aux phénomènes
de saturation des marchés, de banalisation des produits et des
technologies, face aux évolutions sociodémographiques, des modes
de vie et des comportements culturels, la grande distribution cherche à
développer de nouveaux pôles de croissance pour préserver
ou accroître ses marges ou ses parts de marché.
Les métiers traditionnels du commerce ne disparaissent
pas pour autant parce que les entreprises continueront toujours à
acheter, vendre, exposer, encaisser, livrer, mais sous des formes nouvelles,
souvent plus personnalisées, et plus adaptées aux besoins et aux
attentes de la clientèle mais également aux impératifs de
rentabilité.
Ces nouvelles formes sont largement favorisées par les
innovations technologiques (achats sans passer directement à
l'encaissement, gestion unitaire en temps réel, ventes à
distance, etc.) illustrées notamment par le commerce
électronique, la domotique, etc. Ces nouvelles politiques de l'emploi et
de gestion de la force de travail s'appuient sur le développement de la
polyvalence29, de la polycompétence30, de la
flexibilisation des organisations du
28 Commissions de référencement, remises
arrière, etc.
29 On peut définir la polyvalence au sens
général, comme la capacité à exécuter
différentes tâches ou à occuper plusieurs fonctions. Elle
exprime aussi la qualité d'une personne qui a des capacités
diverses pour exercer des activités ou des métiers
différents.
30 La polycompétence est une expression relativement
récente dans le vocabulaire des organisations qui
désigne l'ensemble des savoirs et des connaissances dont dispose un
opérateur pour assurer les tâches de postes distincts de
travail et de la dérégulation des horaires de
travail favorisant, ainsi, une véritable recomposition du rapport
salarial et, par conséquent, des rapports sociaux.
c) Le fer de lance d'une profonde transformation du
travail et de l'emploi fondée sur leur déréglementation
:
La naissance et l'évolution du grand commerce s'est
traduite sur le plan social par une profonde modification de l'organisation du
travail traditionnelle et de l'approche des qualifications qui ont volé
en éclats progressivement, pour imposer le temps partiel, les contrats
à durée déterminé, le recours à
l'intérim et à la sous-traitance, la polyvalence, les
systèmes d'intéressement qui caractérisent cette nouvelle
organisation du travail et cette nouvelle conception des rapports de
subordination du salarié à l'entreprise.
C'est le triomphe du modèle de gestion de l'entreprise
régulé par une flexibilité
généralisée du travail, dans toutes ses composantes
(emploi, rémunération, protection sociale). Dans le commerce de
détail certains métiers sont très instables. On observe
que le quart des effectifs est renouvelé chaque année chez les
vendeurs, les caissiers, les employés de libre service. Cette
instabilité se concentre surtout dans la grande distribution (grandes
surfaces à prédominance alimentaire), qui représente un
tiers des effectifs du secteur : le taux annuel de rotation atteint 66 %, avec
une forte part de CDD dans les entrées et les sorties (CERC, 2005).
Insee, DADS, 2002
45
40
25
20
50
35
30
15
10
5
0
Total secteurs marchands
18
% de salariés à temps partiel en
2002
Total Commerce Commerce de
détail
26,3
Fig. 3
37,4
Grandes surfaces à prédominance alimentaire
47,5
En matière de temps partiel, on relève, pour les
salariés du commerce de détail, une proportion supérieure
de vingt points à celle de l'ensemble de l'économie en 2004. Pour
les Grandes surfaces à prédominance alimentaire, c'est
près d'un salarié sur deux qui est concerné (INSEE, DADS
2002).
Il n'est pas inintéressant de remarquer, que les
évolutions de la législation sociale et de la négociation
conventionnelle depuis le milieu des années 1970 sont fortement
imprégnées de ces nouvelles conceptions en les
institutionnalisant ou en les favorisant.
Les politiques de l'emploi ont joué un rôle
important dans la banalisation du recours aux CDD à travers les contrats
aidés dont 2,2 millions de salariés sont titulaires en 2003
(IRES, 2005). Cette réalité touche particulièrement les
jeunes de moins de 25 ans dont le tiers est en stage ou en contrat aidé
en 2003. Il convient, enfin, de rappeler que 7 embauches sur 10 se font en CDD
ou en intérim ce qui a donné de fait, à ce type de
contrat, un statut de norme
ceux qu'il occupe habituellement et surtout de participer
à leur élaboration et à leur mise en oeuvre. La
polycompétence se développe de plus en plus dans les
organisations fondées sur la prescription d'objectifs.
d'embauche. Par ailleurs, si le temps partiel concernait
moins de 10% des actifs jusqu'en 1977, il atteint 17% en 2004 (DARES). Cette
progression résulte pour une part importante des mesures
d'exonération des charges sociales portant sur cette forme d'emploi
pendant la période 1992-2000 (date de la suppression de ce type
d'exonérations).
Ces mesures contribuent à dédouaner les
employeurs de leurs responsabilités de cofinanceurs de la protection
sociale en reportant sur la collectivité leur financement. Ces
exonérations sont massives pour le recrutement des bas salaires, les
plus nombreux dans le commerce, ce qui contribue par ailleurs à peser
sur les bas salaires et à déstabiliser la fonction de garantie de
revenu du SMIC. Comme pour les CDD, le temps partiel est également plus
répandu parmi les jeunes, nombreux dans le secteur. Il a, ainsi, une
fonction de « sas d'entrée » dans le monde du travail.
Les chambres syndicales du commerce, et plus
particulièrement le Conseil du Commerce de France31, ont
joué un rôle de lobbying important dans ces évolutions.
Déjà, dans la deuxième moitié du
XIXème siècle, les succursalistes inventent le contrat
de gérant mandataire qui sera une des premières formes
d'externalisation du coût du travail, déresponsabilisant
l'entreprise du temps de travail du couple de gérants et de la gestion
de leur personnel. En effet, en donnant au gérant la
responsabilité de la gestion du chiffre d'affaires de son magasin et en
liant sa rémunération à celui-ci, le gérant est
implicitement incité à ne plus compter son temps de
présence et donc de travail effectif, sans changer le temps de travail
théorique.
A partir de la décennie 1970, les employeurs du grand
commerce ont revendiqué l'ouverture des magasins le dimanche et
l'augmentation de l'amplitude des horaires de travail dans la journée
(fermetures tardives à 20 heures, puis 22 heures et jusqu'à
minuit). C'est Darty (chaîne de magasins d'électroménager
et de produits techniques) qui a initié les ouvertures le dimanche dans
l'illégalité, suivi par la plupart de ses concurrents,
préférant payer les amendes en cas de verbalisation par les
inspecteurs du travail ou les jugements des tribunaux. Plus récemment,
c'est par la médiatisation de l'ouverture de la période des
soldes, que nombre d'enseignes ont initié des ouvertures nocturnes.
La question du temps de travail a toujours été
un élément central dans la gestion de l'emploi pour le commerce,
traité en parallèle avec l'amplitude des horaires d'ouverture des
magasins et la réglementation du travail. Il s'agit d'aller dans le sens
d'une externalisation des risques liés à l'emploi ou à
l'activité sur un tiers (salarié ou entreprise sous-traitante).
Paradoxalement, et contrairement à certaines idées reçues,
les actions pour favoriser la hausse du temps de travail (dans le sens de
« sur-travail ») comme sa diminution (dans le sens de «
sous-emploi ») ont toujours été mises en oeuvre
conjointement dans l'objectif de diminuer le coût du travail :
· A la hausse (mais le plus souvent sans
rémunération directement liée), par l'instauration du
contrat de gérance, par la forfaitisation des horaires des cadres, par
les contrats de travail prévoyant une rémunération
liée au chiffre d'affaires, par l'utilisation des heures
supplémentaires, par la modulation et l'annualisation du temps de
travail, par une incitation
31 Organisation syndicale des employeurs du commerce,
affiliée au MEDEF (ancien Conseil National du Commerce regroupant les
organisations spécialisées par produit).
informelle au dépassement d'heures, en particulier
pour les employés administratifs, les agents de maîtrise et les
cadres.
· A la baisse (proportionnelle à la baisse
des rémunérations), par la création du contrat de
démonstration qui permet d'externaliser une partie du personnel sur les
fournisseurs (personnel représentant les grandes marques : contrats de
démonstration dans les Grands Magasins ou « Merchandiseurs »,
dans les Grandes Surfaces). Mais également par l'utilisation des
contrats à durée déterminée (CDD) et de tous les
statuts atypiques (stagiaires, intérim, personnel extérieur,
etc.) en remplacement de contrats à durée
indéterminée (CDI), ou par une évolution de l'offre
d'emploi à temps et à salaire partiels, instaurant de fait, un
temps partiel subi pour une majorité des salariés
concernés.
L'ensemble de ces caractéristiques organisationnelles
pour le secteur a fortement favorisé une situation sociale difficile
pour les salariés du commerce, en général. En effet, ils
sont majoritairement rémunérés sur une base égale
ou proche du SMIC et la forte proportion de contrats à temps partiel ou
non permanents, plongent un grand nombre d'entre eux dans une pauvreté
laborieuse en recrudescence (IRES, 2005, p.10) et qui touche plus nettement les
femmes et les jeunes.
B. Un secteur dans lequel les salariés sont
soumis à de nombreuses contraintes au travail
La catégorie sociale des employés de commerce
est souvent mal perçue quant au contenu de son travail, car souvent
assimilée à celle des employés administratifs dans la
catégorie générique des employés. Il s'en suit une
sous- estimation des contraintes physiques auxquelles ils sont soumis qui se
rapprochent plus de celles des ouvriers, que de celles de leurs homologues des
bureaux.
Par exemple, une caissière dans une grande surface
manipule, en moyenne, 2 tonnes de marchandises chaque jour et cette
activité physique se réalise dans le même temps contraint
(2 mn en moyenne par client), qu'une activité cognitive complexe
(réponse aux sollicitations des clients, recherche des codes barres,
saisie de ceux qui « ne passent pas », anticipation des
modes de paiement, et des incidents liés, surveillance pour
éviter le vol, communication avec ses collègues, etc.) (ASKENAZY,
2005).
Il est significatif de souligner la surreprésentation
des employés de commerce dans la catégorie « travailleurs de
force » définie par la DARES dans son analyse des risques
professionnels à partir de l'enquête SUMER réalisée
en 2003 (WALTISPERGER, 2006)32.
Cette enquête permet d'approcher plus
précisément les contraintes du travail ressenties par les
employés33 dans le secteur du commerce de détail.
32 L'auteur met en évidence une typologie des
salariés à partir du cumul des contraintes à partir de 20
indicateurs de pénibilité ressentie.
33 Comme, pour toute enquête, il s'agit de la «
parole » des salariés interrogés qui exprime leur «
ressenti » et non le résultat de constatations médicales
ou résultant d'une méthodologie ergonomique d'analyse des
situations de travail. Il convient, néanmoins de souligner des
recoupements convergents avec les études épidémiologiques
et les analyses
Les enquêtes nationales sur les conditions de travail,
tout comme celles réalisées par la Fondation Européenne
pour l'Amélioration des Conditions de Travail (FEACT) montrent des
résultats analogues et permettent en plus d'évaluer
l'évolution des déclarations des salariés au fil du temps
(DAUBASLETOURNEUX et THEBAUD-MONY, 2002), 34
On peut distinguer 4 grandes catégories de contraintes
:
· Physiques
· Organisationnelles (horaires et cognitives)
· Expositions à des agents biologiques
· Nuisances chimiques
Par ailleurs, la DARES, à partir de l'enquête SUMER
retient 4 catégories de facteurs de pénibilité :
· Les contraintes physiques
· Les horaires atypiques
· Les contraintes de rythme de travail
· Les tensions avec le public
Catégories de contraintes
:
Zola : Contraintes physiques,
organisationnelles, de rythme ; manque d'autonomie
Obligés du public :
Problèmes relationnels avec le public, les clients, les usagers
Contraints : Contraintes
organisationnelles, manque d'autonomie
Travailleurs de force :
contraintes physiques, intempéries
Cols blancs : longue durée,
travail assis, morcelé
D'après D. WALTIPERGER, DARES, 2006
|
|
ergonomiques réalisées, tout comme avec les
statistiques factuelles disponibles, tant au niveau des entreprises (bilan
social, Rapport des Services de Santé au Travail et des CHSCT),
qu'à celui des institutions (INSEE, CNAMTS, etc.).
34 Nous disposons des résultats de trois enquêtes
réalisées en 1984, 1991 et 1998.
14,9
Position à genoux
14,7
22,5
Position fixe de la tête et du cou
15,4
50
46,2
13,6
10,3
25,4
12,1
5,5
13,7
15,2
Maintien de bras en l'air
17,6
Fig. 4
15,4
Locaux climatisés
17,7
16,9
Gestes répétitifs à cadence
élevée
21,5
24,9
27,3
43,5
Déplacement à pied dans le travail
50,3
42,8
61,9
48,9
Position debout ou piétinement
70,6
Manutention manuelle de charges (définition
européenne)
Conduite sur la voie publique (auto,camion,car,autobus)
Autre bruit gênant pour le salarié (voir question
n°204)
Autres contraintes posturales (voir question n°231)
Comparaison des principales contraintes physiques
auxquelles sont soumises les salariés dans l'enquête SUMER
2003
Travail au froid imposé(températures < 1
5°C )
Travail sur écran (en continu ou discontinu)
0 20 40 60 80 100
Tous secteurs Commerce détail
1998 1991 1984
3,6
2,8
0,5
20,7
15,3
7,1
43,0
0,0
0,0
57,0
46,4
28,7
Fig. 5
44,6
34,1
16,4
46,4
27,5
12,3
76,2
77,2
75,5
Rester longtemps dans une autre posture pénible ou
fatigante
Effectuer des mouvements douloureux ou
fatigants
Effectuer des déplacements à pied longs ou
fréquents
Porter ou déplacer des charges lourdes
Subir des secousses ou des vibrations
Effectuer d'autres efforts physiques
Evolutions des contraintes physiques ressenties par
les employés de commerce
Rester longtemps debout
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0
Source : DARES, ENCDT, 2006 et calculs
personnels
a) De très fortes contraintes physiques qui se
cumulent souvent avec un environnement difficile
Parmi les treize principales contraintes recensées
dans l'enquête SUMER en 2003, les salariés du commerce de
détail déclarent en subir neuf avec une fréquence
supérieure ou voisine de celle de l'ensemble des salariés. C'est
le cas, notamment, pour :
· « la position débout ou le
piétinement » (70,6% contre 48,9%),
· « la manutention manuelle de charges
»35 (61,9% contre 40,8%),
· « le déplacement à pied dans le
travail » (50,3% contre 43,5%),
· « le travail sur écran » (48,2%
contre 50%).
Les enquêtes de la FEACT confirment ces
résultats en tendance36 et montrent une progression sensible
de ces contraintes dans la période 1984 -1998 pour tous les types sauf
pour la station débout, dont la proportion de salariés reste
stable, mais qui concerne les trois quarts des employés (Fig. 4). On
notera, plus particulièrement :
· « le port ou le déplacement de charges
lourdes » dont la proportion double pendant la période et qui
touche en 1998 près de deux employés sur trois,
· « les déplacements à pied longs
ou fréquents» (multipliés par près de 3),
· « les postures pénibles ou fatigantes
pendant une longue période » (multipliée par
près de quatre).
· « le travail répétitif »
est passé de 17 à 25,1 %.
Dans le domaine des pénibilités environnementales,
les employés de commerce disent :
· « travailler au froid souvent ou toujours
» deux fois plus que la moyenne (29,4% contre 14,9%).
· « subir des courants d'air » plus
souvent (49,9% contre 33,9%),
· « travailler avec une lumière
artificielle », également plus fréquemment que
l'ensemble de salariés (72%, contre 46,5%).
· « avoir une interdiction de parler pendant le
travail » dans une proportion cinq fois plus importante que la
moyenne (11,0% contre 2,1%). Cette proportion est passée de 5,2%
à 11% pendant la période.
35 Au sens de la définition européenne
36 Il convient de souligner un champ différent pour
cette enquête, puisque les données présentées
correspondent à la catégorie socioprofessionnelle des
employés de commerce qui ne recouvre pas complètement le secteur
du commerce de détail utilisé pour l'enquête SUMER.
Rendre compte par écrit de son activité au moins 1
fois/sem
Abandon fréquent d'une tâche pour une autre non
prévue
Ne pas connaître ses horaires pour la semaine prochaine
Normes de production, délai à respecter en une
heure au plus
Durée de la dernière semaine travaillée
supérieure à 40 h
Moyens matériels inadaptés et insuffisants pour le
travail
Tourner sur différents postes pour pallier les
absences
Demande extérieure obligeant à une réponse
immédiate
Ne pas pouvoir changer l'ordre des tâches à
accomplir
Contact tendu avec le public même occasionnellement
Exposition à un risque d'agression physique du public
Travail de nuit entre 0 et 5 heures même occasionnel
Exposition à un risque d'agression verbale du public
Travail souvent prolongé au delà de l'horaire
officiel
Travail posté en équipes, variable d'un jour
à l'autre
Tourner sur différents postes par rotation
régulière
Demande extérieure n'obligeant pas à une
réponse immédiate
Ne pas avoir de repos de 48 heures consécutives
Emporter toujours ou souvent du travail à domicile
Formation insuffisante et inadaptée pour le travail
Travail comportant des coupures dans la journée
automatique de pièces ou cadence automatique
Dépendance vis à vis du travail des
collègues
Comparaison des contraintes organisationnelles
auxquelles sont soumises les salariés dans l'enquête SUMER
2003
Durée de travail variable selon les semaines
Doit faire appel à d'autres en cas d'incident
Surveillance permanente de la hiérarchie
Devoir toujours ou souvent se dépêcher
Informations insuffisantes pour le travail
Contrôle ou suivi informatisé du travail
Travail au moins 10 dimanches par an
Ne pas pouvoir faire varier les délais
Ne pas pouvoir faire varier les délais
Horaires variables d'un jour à l'autre
Travail au moins 20 samedis par an
Etre en contact avec le public
Travail posté en équipe fixe
Effectuer des astreintes
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0
1,3
2,7
2,9
3,0
3,0
7,2
7,7
9,5
11,8
12,3
14,0
14,2
14,6
15,6
15,3
17,3
18,3
19,0
19,0
2,5
4,2
19,4
8,7
6,0
20,4
21,1
22,4
24,0
7,8
10,5
26,1
19,6
14,8
27,2
12,6
15,7
18,7
29,7
19,9
30,8
23,6
19,7
36,4
36,4
23,7
23,4
23,9
25,9
26,7
31,4
40,5
13,6
28,5
30,5
35,1
30,5
41,9
42,2
Tous secteurs Commerce détail
50,7
26,4
58,1
51,2
58,9
53,7
55,2
72,5
59,9
72,5
71,4
68,2
71,0
71,0
70,0
90,4
Il convient de souligner, enfin, un cumul des
pénibilités physiques et environnementales pour les
employés de commerce, tout comme pour le secteur, ce qui permet de
mettre en évidence une surreprésentation des employés de
commerce, dans la catégorie des « travailleurs de force
» (contraintes physiques, intempéries), au même titre que les
ouvriers (Waltisperger D. 2006).
b) Des contraintes organisationnelles en progression dans
un cadre d'horaires déréglementé
Nous avons évoqué les bouleversements dans les
organisations du travail qui ont marqué l'évolution du commerce
de détail, avec l'avènement et la multiplication des grandes
surfaces. Ces bouleversements sont décelables, à travers les
réponses des employés de commerce aux enquêtes nationales
sur les conditions de travail, pendant la période 1994 - 1998 pour
toutes les questions qui concernent les horaires et l'organisation du travail
et leurs résultats sont aussi cohérents avec ceux de
l'enquête SUMER 2003.
On peut constater, en effet, des progressions
éloquentes dans la proportion des contraintes subies sur le plan
organisationnel mises en évidence par :
1. Des horaires de travail de plus en plus
déstabilisants :
· La proportion des employés de commerce qui
déclarent : « Avoir des horaires de travail identiques tous les
jours » a baissé de 13,8 points pour passer de 63,6% à
49,7%. Cette évolution s'est traduite par une augmentation du travail en
équipes alternantes qui est passé de 2,5% à 6,5% et
surtout à une progression des horaires variables fixés par
l'entreprise (de 18,4% à 29,3%).
· La proportion des employés de commerce qui
« ne disposent pas de 48 heures de repos consécutifs
» est passée de 45,3% à 60,5% soit près de 3 fois
plus que l'ensemble des salariés (20,8% en 1998). Cette progression
s'explique en partie, par un quasi doublement de la part des employés
qui ont été amenés à travailler le dimanche (de
19,2% à 34,3%), en sachant que neuf salariés sur 10 travaillent
le samedi (90,9% en 1998). Il faut souligner que si la législation du
travail a été assouplie avec un certain nombre d'autorisations
d'ouverture des grandes surfaces le dimanche (zones touristiques,
périodes de fête, etc.), dans de nombreux cas, la
législation n'est pas respectée ce qui entraîne
régulièrement des procès à l'initiative des petits
commerçants ou des organisations syndicales.
· Si le travail de nuit reste, encore, relativement
marginal, parmi les employés de commerce, on peut noter un doublement de
leur proportion (de 2,2% à 5,5%) pendant la période 1984 -
1998.
· L'évolution de la répartition des
horaires de début et de fin du travail dans la journée (Fig.5 et
6) montre bien un étalement progressif, particulièrement
marqué, pour les plages de 9 à 10 heures pour le début de
la journée et de 18 à 18h30 pour la fin de journée.
Fig. 7 Fig. 8
45,0
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Evolution de la répartition des horaires de
début du travail parmi les employés de commerce
(a)1 984 (b)1991 (c)1 998
50,0
45,0
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Evolution de la répartition des horaires de fin
du travail parmi les employés de commerce
(a)1984 (b) 1991 (c)1998
Source : DARES ENCDT 2006
On constate une tendance à une embauche à la
fois plus tôt et plus tard dans la journée et, par
conséquent à une débauche décalée, elle
aussi, dans la journée.
· Enfin, si deux salariés sur trois
déclarent dépasser leurs horaires, ils sont 44% d'entre eux
à dire dans le commerce, que c'est « pour absences de certaines
personnes, contre 25,2% pour l'ensemble des salariés.
Ces évolutions sont significatives d'une progression
de la flexibilité des horaires de travail, modulés en fonction du
niveau de l'activité qui contribue à une déstabilisation
de l'organisation et des rythmes de vie. En 1998, à la question
posée pour la première fois sur la connaissance des calendriers
prévisionnels de travail, 27,2% des employés de commerce,
déclarent « ne pas les connaître avec plus d'une semaine
d'avance ». Par ailleurs, l'ajustement des effectifs à
l'activité contribue à une tension permanente dans le travail
laissant de moins en moins de place aux « temps morts » ou
aux périodes « plus calmes » dans la journée
et qui permettaient de récupérer pendant les périodes
d'activité moins soutenue. Dans ce sens, les évolutions
constatées mettent en évidence une forte tendance à
l'intensification du travail et à la déstabilisation de la vie
personnelle et familiale.
2. Les contraintes cognitives et leur évolution :
· Près de 6 salariés sur 10
déclarent en 1998 « qu'une erreur dans leur travail pourrait
entraîner des sanctions à leur égard ». Ils sont
en progression de 12 points par rapport à 1991.
· Ils sont une proportion équivalente en 1998,
à travailler dans l'urgence (« abandon d'une tâche pour
une autre non prévue ») et en progression de 10 points par
rapport à 1991.
· Ils sont près de 8 sur 10 à être
soumis à des « indications d'objectifs données par les
supérieurs hiérarchiques », en progression de 4,6
points sur 1991. Dans le même temps, on note un recul de la prescription
des tâches, puisque la part de ceux qui disent avoir « des
supérieurs qui disent comment faire le
travail » est de 20,8% en 1998, en baisse de 3,5
points sur 1991.
Fig. 9 Fig. 10
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Rotation sur plusieurs postes
1991
1998
5,0
Tous salariés
6,6
En fonction des besoins de l'entreprise
22,8
23,2
25,0
20,0
35,0
30,0
15,0
10,0
5,0
0,0
Rotation sur plusieurs postes
1991
1998
4,3
Employés de commerce
9,5
En fonction des besoins de l'entreprise
26,9
29,1
Source : DARES ENCDT 2006
· La polyvalence, a elle aussi, fortement
augmenté pendant la même période, et de manière plus
nette parmi les employés de commerce que pour le reste de la
population.
· Les rythmes de travail sont de plus en plus contraints
par plusieurs types de facteurs : « les automatismes et autres
contraintes techniques » qui concernent 19,1% des employés de
commerce (multipliés par plus de six) depuis 1984, « la
dépendance des collègues qui est passée de 3,1
à 14,5%), « les normes ou délais à respecter
» de 5,9 à 25,2%, « une demande extérieure exigeant
une réponse immédiate » de 79,5 à 85,6% et
« un contrôle hiérarchique permanent » de 13,2
à 38,1%.
· Le comportement en cas d'incident, dont
l'évolution montre une plus grande prise de responsabilité de la
part des employés de commerce : « ils le règlent
personnellement la plupart du temps » de 41,4 à 47,8% de 1991
à 1991, « ils le règlent personnellement dans des cas
prévus à l'avance » de 13,4 à 17,2% et «
ils font généralement appel à d'autres » de
45,3 à 35,1 %.
· Du point de vue de la tension avec le public, c'est
l'enquête SUMER qui nous renseigne sur le niveau ressenti par les
salariés dans le commerce de détail. Ils considèrent
à 68,2% en 2003, « être exposés à un risque
d'agression verbale du public » contre 42,2% pour l'ensemble des secteurs
et 71,2 contre 51,2% « avoir un contact tendu avec le public,
même occasionnellement ». Ce résultat montre le
rôle actif du secteur dans l'avènement d'une société
de services, comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent.
· Enfin, les enquêtes montrent une forte
augmentation des responsabilités hiérarchiques des
employés de commerce : « déclarent exercer une
autorité hiérarchique sur un ou plusieurs salariés
» de 9,3 à 11,6% dont « peuvent agir sur les primes ou sur
les promotions » de 18,1 à 26,7%.
Ce dernier résultat met en évidence la
fragilisation de la relation entre le statut social et le contrat de travail
qui semble reconnaître de moins en moins une augmentation des
responsabilités, et en particulier, les responsabilités
hiérarchiques pour une catégorie de personnels
(les employés) qui ne sont pourtant pas censés les exercer selon
les accords de classification en vigueur.
D'une manière plus générale, l'ensemble
des contraintes organisationnelles et leur évolution suggèrent,
clairement, un terrain de plus en plus propice au développement de la
souffrance au travail et aux pathologies qui lui sont associées.
c) Un cumul fréquent des contraintes physiques et
organisationnelles qui favorise l'augmentation des risques d'accidents et de
maladies professionnelles
Les résultats que nous venons d'évoquer
montrent bien une position particulière dans le monde du travail pour le
secteur du commerce et par conséquent, pour les employés qui y
travaillent (en tant que CSP). Cette particularité tient, à la
fois, à la diversité des activités réalisées
(vente, production, administratif, etc.) et à une division du travail
moins marquée ou structurée que pour les catégories
socioprofessionnelles travaillant dans d'autres secteurs de
l'économie.
Cela est particulièrement valable dans la grande
distribution, dont la jeunesse historique du secteur, lui a permis de
bénéficier des techniques et des technologies accumulées
par les autres secteurs pour « industrialiser » d'emblée les
processus de travail, tant au niveau de la vente, de la logistique, que des
traitements comptables et administratifs.
C'est ainsi qu'un responsable de rayon va réaliser des
tâches de mise en rayon, de manutention, de manipulation, etc. en sus de
celles spécifiques à sa fonction (gestion, administration,
achats, etc.). Il va donc être soumis à un cumul de contraintes
conséquent. On peut énoncer des exemples analogues, concernant
les autres types de personnel (Direction du magasin, chefs de
départements, hôtesses d'accueil, vendeurs, etc.).
Cette caractéristique, associée à une
embauche massive de personnels jeunes sans expérience et sans traditions
fortes (comme celles des salariés dans les secteurs plus anciens et
traditionnels), s'est traduite par la mise en oeuvre
généralisée d'une polycompétence (voir note
n°30) de fait, pour une majorité de salariés, quel que soit
leur poste de travail, dans un contexte syndical plus faible qu'ailleurs.
L'une des conséquences qui apparaît nettement
à travers les enquêtes que nous avons étudiées est
un cumul des pénibilités physiques et organisationnelles,
inhérentes à chaque type d'activité.
ISST - Paris I - DEA Politiques Sociales et
Société 2006 / D. Sanchis sous la direction de M. J.M. MONNIER
45
Ouvriers non qualifiés
Ouvriers qualifiés
Employés commerce services
Cadres prof. Intellectuelles
40
25
70
55
10
-5
Professions intermédiaires
Employés administratifs
Zola
Obligés public Trav. Force Contraints Cols blancs
CSP / Catégories de contraintes
|
Zola
|
Obligés public
|
Trav. Force
|
Contraints
|
Cols blancs
|
Cadres prof. Intellectuelles
|
0
|
16
|
6
|
7
|
71
|
Professions intermédiaires
|
2
|
20
|
16
|
17
|
45
|
Employés administratifs
|
1
|
19
|
11
|
17
|
52
|
Employés commerce services
|
3
|
25
|
33
|
22
|
17
|
Ouvriers qualifiés
|
11
|
6
|
47
|
19
|
17
|
Ouvriers non qualifiés
|
17
|
4
|
59
|
20
|
0
|
|
Fig. 12 Fig. 13
Employés de Commerce
6,8
être en contact avec des produits explosifs
3,1
1,6
10,3
accidents de la circulatrion
11,2
6,8
24,5
être blessé avec des outils ou des
matériaux
23,9
0,0
10,8
(c)1998 (b)1991 (a)1984
être blessé sur machine
9,9
5,3
10,9
brûlure
8,1
3,6
7,9
électrocution
5,7
4,2
21,0
faire une chute grave
16,5
7,1
19,1
être atteint par la chute de matériaux
12,5
7,6
0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0
accidents de la circulatrion
être blessé avec des outils ou des
matériaux
être atteint par la chute de matériaux
être en contact avec des produits explosifs
être blessé sur machine
faire une chute grave
électrocution
brûlure
0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0
0,0
4,0
5,1
Tous salariés
7,5
9,2
11,0
13,6
13,5
13,8
14,5
15,2
15,4
17,0
17,3
18,3
18,6
19,4
20,7
23,2
(c)1998 (b)1991 (a)1984
24,8
24,9
27,9
29,3
30,0
Fig. 14 Fig. 15
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
déclarent respirer des fumées
8,3
12,7
11,5
déclarent respirer des poussières
19,3
31,0
Employés commerce
32,6
déclarent respirer des produits toxiques
4,5
7,8
8,8
déclarent manipuler des produits toxiques
6,4
10,4
15,1
(a)1984 (b)1991 (c)1998
déclarent risquer des irradiations
0,3
0,1
Source : DARES, ENCDT, 2006
Tous salariés
40,0
36,3
35,3
35,0
(a)1984 (b)1991 (c)1998
30,0
27,0
25,0
21,8
21,3
20,3
9,0
20,0
17,7
15,7
14,6
14,3
15,0
12,7
10,0
3,4
5,0
2,7
0,0
déclarent respirer des fumées
déclarent respirer des poussières
déclarent risquer des irradiations
déclarent respirer des produits toxiques
déclarent manipuler des produits toxiques
Fig. 11
Répartition des catégories de
contraintes
selon les CSP
Source : SUMER 2003 et calculs personnels
La fig.11 met en évidence une distribution plus
homogène pour les employés de commerce que pour les autres CSP,
significative du cumul des contraintes lié à des activités
plus diffuses.
Dans ce sens, la typologie des catégories
d'indicateurs de pénibilité retenus par D. WALTISPERGER, ne nous
paraît pas adaptée au personnel de la grande distribution, dans la
mesure où elle est basée sur la typologie statistique qui
apparaît dans le traitement du questionnaire qui reflète, encore,
une organisation traditionnelle fondée sur la spécificité
des activités liée aux métiers.
L'analyse des risques d'accidents et d'exposition à des
substances nocives confirme, également ce résultat :
· Si l'exposition aux risques physiques (Fig. 12 et
13) et à des substances nocives recensées (Fig. 14 et 15) est
dans tous les cas inférieure à celle de l'ensemble des
salariés, on observe des proportions significatives et surtout, en forte
hausse sur la période 1984-1998. Ces progressions sont souvent plus
importantes que pour les autres CSP.
Au-delà des contraintes, propres au travail, les
conditions de l'emploi dans toutes ses composantes, a également une
influence sur l'Etat de santé au sens de la définition de l'OMS
(voir encadré dans le chapitre V).
C. Un système de rémunération
complexe qui contribue à l'amoindrissement du rapport salarial :
La disparition du salariat, en tant que statut est un vieux
rêve de la tradition libérale en France lié à la
remise en cause de « la lutte de classes » reléguée au
musée hétéroclite des objets désuets. En
témoignent les efforts des employeurs et des pouvoirs publics pour en
amoindrir ou en transformer les trois caractéristiques principales que
constituent la rémunération, le déroulement de
carrière et le statut de subordination. Dans sa critique de
l'école Philanthrope, MARX montre toute l'actualité de ce
problème : « Elle nie la nécessité de
l'antagonisme ; elle veut faire de tous les hommes des bourgeois ; elle veut
réaliser la théorie en tant qu'elle se distingue de la pratique
et qu'elle ne renferme pas d'antagonisme. Cette théorie deviendrait
alors la réalité idéalisée » (MARX,
1845).
a) Une rémunération soumise à de
nombreuses variabilités qui la rendent de plus en plus
aléatoire
La complexification, au fil du temps des feuilles de paye, au
point qu'une très grande majorité de salariés n'arrive pas
à se retrouver pour en vérifier la justesse des
éléments qu'elle comporte, ou plus simplement d'en comprendre les
subtilités illustre les transformations qui ont émaillé
les différents éléments d'une rémunération
dont la tendance ne va pas dans le sens d'une meilleure transparence. Elle
semble être devenue un simple document administratif de
référence, relatant l'historique de la rémunération
sous ses différentes formes et elle mobilise pour sa confection, de plus
en plus de professionnels (juristes, fiscalistes, etc.).
Le secret professionnel qui l'entoure, dans la plus belle des
traditions françaises, ne contribue pas non plus, à en mesurer
les évolutions et à garantir
la justice sociale de la rémunération du
travail qui reste dans la confidence de l'employeur, par l'intermédiaire
de ses services spécialisés et du salarié lui- même,
qui se contente, le plus souvent, de les classer, après avoir
jeté un oeil désabusé sur la « dernière ligne
» du net à payer.
Sans analyser chacun des éléments de la
rémunération de manière approfondie et exhaustive, nous
pouvons en lister les principaux, dans le but d'identifier les principaux
facteurs de variabilité :
· Le salaire de base : calculé sur
la base de la convention collective et du type de contrat horaire. Il
correspond, en principe à la classification d
· es emplois en vigueur dans l'entreprise, mais
défini de manière individuelle selon un rapport contractuel pour
lequel l'employeur garde toute latitude à la fois, dans sa
définition à l'embauche et, dans les évolutions annuelles
qu'il peut accorder selon ses propres critères de modulation ou refuser
dans la mesure où il respecte les minima de la classification.
· Le complément pour SMIC éventuel
: Comme nous le verrons, dans le cas de Casino, les grilles de
salaires peuvent démarrer en dessous du SMIC et dans ce cas, doivent
donner lieu à un complément égal à la
différence entre celui-ci et le minima applicable à
l'intéressé.
· Les primes fixes : dont la
périodicité peut varier en fonction de leur nature
(13ème mois ou prime annuelle de fin d'année). Entrent
également, dans cette catégorie, les primes exceptionnelles.
· Les primes variables soumises à
cotisations : Le plus souvent, elles sont liées au rendement
(CA, etc.)
· Les heures complémentaires :
Réservées aux temps partiel, lorsqu'ils effectuent des heures
supplémentaires par rapport à leur contrat horaire. Il faut
souligner que ces heures ne donnent pas lieu à majoration du salaire
horaire.
· Les heures supplémentaires :
Elles dépendent de la seule volonté de la hiérarchie, par
délégation de l'employeur et peuvent donner lieu à une
majoration de la rémunération horaire dans certaines conditions.
Depuis la mise en place des divers accords de réduction, du temps de
travail, elles sont de moins en moins utilisées du fait des clauses
d'annualisation et de modulation du temps de travail qui permet
d'intégrer, la plupart des besoins ponctuels ou saisonniers des
entreprises.
· Les indemnités de congés
payés ;
· Les cotisations sociales obligatoires
: calculées au prorata du salaire brut total selon un système
fort complexe de répartition entre le salarié et l'employeur, de
plafonds de la sécurité sociale, de tranches de salaire et de
catégorie socioprofessionnelle. Elles concernent la maladie, la
prévoyance, la retraite, les accidents du travail et les maladies
professionnelles, le chômage, la formation professionnelle. Elles sont
versées à la sécurité sociale, à des caisses
de retraite complémentaire et au GARP.
· Les contributions fiscales
socialisées : Elles concernent la CSG et la CRDS, mises en
place en 1995, constituent une entorse au principe du salaire socialisé
qui donnait aux cotisations sociales un caractère de
salaire indirect, justifiant l'indépendance, de plus
en plus relative, des organismes sociaux gérés «
paritairement » par les employeurs et les organisations syndicales
représentatives des salariés (MONN IER J. M. GOURDEL P.
LIÊM HOANG CUONG L.V. 2003).
· Les cotisations sociales facultatives
: Là encore, il s'agit d'un système fort complexe qui permet de
financer des prestations complémentaires, en matière de maladie
et de prévoyance (Mutuelles et assurances privées) et de retraite
(caisses complémentaires et assurances) où se mêlent les
principes de « répartition » et de « capitalisation
à la française ». Dans ce dernier cas, certaines cotisations
volontaires, considérées comme des éléments de
rémunération, sont soumises aux cotisations sociales
obligatoires.
· Les avantages collectifs non soumis à
cotisation : (transport, ticket restaurant, vacances, etc.).
· Les avantages en nature soumis à
cotisations : (repas, logement de fonction, etc.).
· Les indemnités de
déplacement : Elles ne relèvent pas, en principe, de la
rémunération, puisqu'elles sont une contrepartie forfaitaire ou
au « franc le franc », aux frais engagés par le salarié
pour ses déplacements professionnels. Le fisc et l'URSSAF, en ont fait,
cependant, un élément privilégié de leurs
contrôles, dans la mesure, où certains employeurs les utilisent,
comme un moyen de rémunération déguisée.
· Les primes variables non soumises à
cotisations :(intéressement et participation qui font souvent
l'objet d'un document distinct de la feuille de paye). On peut,
également, faire rentrer dans cette catégorie, les attributions
d'actions gratuites ou à prix préférentiel (stock
options37, etc.). Ces primes sont exonérées de
cotisations sociales et constituent le seul élément de
rémunération dont la part dans le salaire a augmenté de
manière significative depuis la mise en place après mai 68, d'un
arsenal législatif et réglementaire les divers gouvernements,
depuis l'initiative du Général De Gaulle et de sa «
participation ». Et le gouvernement actuel, s'apprête à
présenter devant le parlement, un nouveau projet de loi sur la
participation visant à en étendre le champ d'application à
toutes les entreprises38. Le texte rebaptise la participation pour
l'occasion en « dividende du travail ». Tout un programme. Il faut
noter que les salariés n'ayant pas une certaine ancienneté ou un
certain statut n'en bénéficient pas, ce qui exclut les
salariés les plus précaires, et contribue à aggraver leur
situation financière et les écarts avec le « noyau stable
» des entreprises.
Cette énumération, peu amène, illustre
la complexité du système et le nombre innombrable de moyens
à la disposition des employeurs et des pouvoirs publics, pour faire
varier une rémunération dont la majorité des
salariés a perdu, de fait, la maîtrise.
37 Les stocks options sont généralement
réservés aux dirigeants et aux cadres supérieurs, mais de
nombreuses entreprises, ont créé des systèmes, souvent
liés aux plans d'épargne entreprise et à
l'intéressement, qui permettent aux salariés d'obtenir un nombre
d'actions limité.
38 Aujourd'hui, la participation, concerne 40% des
salariés, environ.
Elle permet, par ailleurs, de mesurer les évolutions
importantes, intervenues dans le système et qui bat en brèche
l'idée fort répandue, d'une rigidité du système
français néfaste à la compétitivité du
pays.
Elle permet d'entrevoir la méthode utilisée
pour se servir de certains éléments de la
rémunération, comme autant de moyens d'intégration des
salariés aux objectifs des actionnaires. C'est, notamment, le cas de
tous les éléments calculés sur la base des
résultats financiers dont l'objectif est de les substituer
progressivement au salaire, ce qui contribue à amoindrir le rapport
symbolique au salaire, en faisant croire au personnel qu'ils ont acquis un
statut d'actionnaire. Ce processus s'inscrit dans la « logique de
compétence39 » qui soumet la rémunération
aux résultats en fonction des objectifs fixés et tend à
remplacer la « logique de qualification40 » qui
rémunère un travail selon les normes du métier et de la
profession (PIOTET, 2002). C'est également le reflet de la substitution
de la prescription des objectifs à celle des tâches.
Elle permet, enfin, de comprendre les interactions entre le
sentiment de manque de reconnaissance, dont se plaignent les salariés et
qui constitue un élément structurant de leur identité
(SCHWARTZ, 1997), et par conséquent, de leur santé psychique. Ce
sentiment est d'autant plus vif, que la variabilité de leur
rémunération, ne correspond pas le plus souvent, à la
représentation qu'ils ont de la quantité, de la qualité de
leur travail et de leur implication dans l'entreprise. Les dernières
statistiques de l'INSEE dans son rapport annuel sur les salaires, notent une
baisse du salaire moyen des employés et des professions
intermédiaires de 0,2% par an depuis 7 ans !
Le dernier sondage CSA (ANACT, La Tribune, France Info, mai
2006) montre que « les possibilités d'évolution de
carrière » et « la reconnaissance de l'investissement
dans le travail » sont les deux sujets, pour lesquels, les
salariés expriment le moins de satisfaction, en sachant que ce sont les
conditions de travail qui sont cités le plus fréquemment, comme
« le plus important quand on a un emploi ». Par ailleurs,
c'est dans le secteur du commerce que l'on relève le plus
d'insatisfaction sur ces sujets.
La variabilité et les incertitudes du revenu sont
également liées à l'évolution de carrière,
en tant que telle. Il est donc nécessaire d'y revenir, afin d'avoir une
vue plus globale de la situation et de son évolution.
b) Une évolution de carrière de plus en plus
marquée par l'incertitude de l'existence
A l'heure où les discours politiques sur la «
flexisécurité » se multiplient, il n'est pas
inintéressant de rappeler l'évolution de ces 30 dernières
années en matière d'insécurité de l'emploi. Les
travaux de RAMEAUX que nous avons cité,
39 Objet de vastes débats en sciences sociales ces
dernières années, on trouve plusieurs définitions dont
celle que privilégie le MEDEF : « Elle désigne une
combinaison de connaissances, savoir-faire, expériences et
comportements, s'exerçant dans un contexte précis. Elle se
constate lors de la mise en oeuvre en situation professionnelle à partir
de laquelle elle est validable. C'est donc à l'entreprise de la
repérer, de l'évaluer, de la valider et de la faire
évoluer » (KERBAL, EYMERY, 2004, p.155).
40 « Sous le terme de qualification des travailleurs,
nous proposons d'identifier le résultat combiné de la formation
professionnelle et de l'expérience au travail, composante essentielle de
la compétence d'une personne ou d'un collectif de travail. En effet, il
est important de rappeler que la qualification a une dimension collective
» (VERNIERES, 2003, cité par KERBAL, EYMERY, 2004, p.172.)
confirmant ceux du CERC et de l'IRES en 2005, et de l'HORTY
en 2004, concluent à une augmentation qui n'est pas significative. Par
contre le changement fondamental résiderait dans les formes de
transition de l'emploi vers le non emploi, avec le passage d'une
mobilité choisie (démission) à une mobilité
imposée (chômage, précarité, licenciement).
Le contrat à durée déterminée ou
l'intérim, en tant que nouvelles normes d'embauche et de
régulation du marché de l'emploi, se traduisent à la fois,
par une sélection renforcée en prolongeant la période
d'essai légale dans les faits, et constituent une pression sur les
salariés qui souhaitent obtenir un contrat CDI.
Par ailleurs, ce système favorise la rotation
importante du personnel que nous avons pu observer, ce qui entraîne un
ajustement permanent des effectifs en fonction de l'activité et surtout,
des objectifs budgétaires des entreprises définis par les
impératifs des marchés financiers.
Ce recours massif aux CDD devient un facteur de
mobilité contrainte, dont l'un des effets pervers est de dissuader la
mobilité choisie (démission) pour les salariés.
Il favorise le développement des horaires atypiques et
le déclin des horaires collectifs qui ont historiquement
structuré l'emploi dans le commerce.
Il contribue également à structurer des
représentations d'insécurité sociale qui ne sont pas
toujours fondées sur des éléments objectifs.
Fig. 54
Le sentiment de sécurité en emploi selon
le type de contrat
Source : enquête ECHP, 1994-2001.
C'est ainsi qu'une étude du CERC de 1993, montrait
qu'un salarié sur deux, dans le privé, redoutait la perte de son
emploi dans les deux ans à venir. Cette vulnérabilité
ressentie se révélait sans commune mesure avec la
réalité41. Le rapport du CERC sur la
sécurité de l'emploi (2005) montre que si le sentiment de
sécurité s'est amélioré de 1994 à 2001,
l'écart entre représentations et réalité sur ce
point demeurent.
Cet aspect, nous semble, particulièrement important.
En effet, les employeurs ont compris depuis longtemps les inconvénients
d'une proportion d'emplois trop précarisés dans l'entreprise. Les
évolutions que nous avons constatées chez Casino, l'illustrent
parfaitement. Par contre, ce sont eux, qui tirent le principal
bénéfice de ce sentiment d'insécurité lié au
chômage et à la précarité. Il permet
41 Le pourcentage de licenciements en 1992 était de
4%.
de peser sur le climat social et d'alimenter un fatalisme peu
propice à développer des luttes revendicatives sur les salaires,
les conditions de travail, etc. Il est, paradoxalement, favorisé par le
discours des organisations syndicales, dénonçant le
phénomène, mais qui ne contribuent pas à éclairer
la réalité objective des processus factuels dans les
entreprises42.
Il faut comprendre l'insécurité sociale dans un
sens plus large, c'est-à-dire qui résulte de plusieurs facteurs
et de leur combinaison. Elle correspond à l'incertitude de l'existence,
conséquence du paupérisme (au sens d'Engels, 1845). En effet, la
sécurité ne peut se résumer à un palliatif au non
travail. Il ne s'agit pas seulement de veiller à la
sécurité des chômeurs, mais à la
sécurité professionnelle, à celle du travail, de la
santé et de l'existence en général.
Dans l'histoire de la construction de l'Etat social, la
transformation de la notion d'assistance liée aux assurances
privées en concept de sécurité sociale en passant par le
stade des assurances sociales, est liée de façon étroite
à la notion de plein emploi (Hatzfeld, 1971). On peut expliquer cette
transformation, par le passage d'une société fondée sur la
propriété qui procure la sécurité à partir
de la garantie patrimoniale, à une société fondée
sur le salariat qui constitue une propriété virtuelle et qui va
créer les institutions nécessaires à la garantie de la
sécurité.
Aujourd'hui, c'est bien la notion de flexibilité dans
sa triple dimension temporelle, fonctionnelle et salariale qui fragilise cette
propriété virtuelle, constituée par le contrat de travail,
et qui change la donne de l'efficacité des institutions de protection
sociale. Cette notion est justifiée par la valorisation du risque,
érigée en nouvelle valeur fondamentale de notre
société.
Cela mérite que l'on passe en revue quelques uns des
aspects concrets que revêt cette flexibilité dans les
différents obstacles qui se dressent tout au long des parcours
professionnels, ou plus précisément, des trajectoires qui
s'offrent aux salariés, et en particulier, aux jeunes :
· Les stages : C'est un passage
pratiquement obligé pour les jeunes, dans le cadre de leur formation
professionnelle ou (et) universitaire. Le concept est fondé sur le
principe louable, d'une immersion dans l'entreprise, visant à donner aux
stagiaires une connaissance pratique de l'entreprise et de leur futur
métier. Malheureusement, l'importance et le poids du chômage des
jeunes ont souvent transformé ces stages en périodes de travail,
pas toujours en rapport avec leurs études et gratuit, acceptées
par les intéressés, dans l'espoir d'une embauche à la
fin.
La précarité de cet état ne peut que se
traduire par une hésitation des intéressés face à
la maladie à se soigner dans des conditions optimales qui contribue
à structurer leurs craintes actuelles, dans leurs comportements
futurs.
· Les contrats aidés : Nous
avons vu l'influence de ce type de contrat dans l'évolution de la
précarité. Ils contribuent également à ce qu'il
est
42 Les moyens d'étude des confédérations
syndicales sont relativement limités et consacrés pour
l'essentiel à des travaux plus globaux sur les aspects
macroéconomiques, par exemple, mais rarement sur les pratiques de
gestion des entreprises ou sur les données issues des bilans sociaux et
des bilans financiers. C'est ainsi, que le Centre d'Etudes Economiques et
Sociales (CCES) de la CGT, réalise un travail remarquable d'analyse et
de vulgarisation de la réalité économique au niveau
français et international avec des moyens limités, mais ne
dispose d'aucun moyen pour travailler sur les aspects statistiques des
données sociales, économiques et financières disponibles
sur les entreprises.
convenu de nommer pudiquement « la modération
salariale » et à ce double titre favorisent une
insécurité de l'existence.
· La création d'entreprise :
C'est le symbole de la valeur risque, érigée en valeur
suprême de la pensée libérale. A ce titre, il s'agit du
moyen privilégié, et doté de toutes les attentions des
pouvoirs publics, proposé, aux jeunes et aux licenciés pour
créer leur emploi. 224.000 entreprises ont été
créées en 2004, soit autant d'emplois
précaires43.
· Le contrat de franchise : C'est la
version modernisée des anciens contrats de gérance des Maisons
à Succursales qui ont fait le succès de Casino à ses
débuts et la version élaborée de la création
d'entreprise. Il s'agit, typiquement d'une des formes d'organisation du travail
qui transforme le salarié en employeur, tout en lui imposant des liens
de subordination proches de ceux du statut salarié. C'est, d'ailleurs un
modèle qui se développe fortement depuis quelques années
en France, en particulier, dans le commerce et les services. En 2005 on compte
un millier de réseaux de franchiseurs et près de 40.000
franchisés. Le principe, consiste à proposer un concept
commercial « clés en main » (enseigne, aménagement de
l'espace de travail, publicité, fournisseurs, produits ou services,
prix, logiciels de gestion et de reporting, etc.) à un salarié
(le franchisé), qui crée et finance son fonds de commerce et qui
payera un droit d'entrée moyen de 12.200 € et une redevance au
franchiseur, en échange des services rendus. Cette redevance est souvent
importante (de 5 à 15% du CA) et place le franchisé dans une
position où, responsable de son propre contrat de travail salarié
et de ceux de ses éventuels employés, il ne peut garantir son
revenus qu'en augmentant son temps de travail et en reportant sur ses propres
employés (lorsqu'il en a) l'exploitation que lui-même subi.
· Le contrat de travail :
Paradoxalement, l'emploi salarié continue de progresser en France. C'est
essentiellement lié à la diminution du nombre de
commerçants, artisans et agriculteurs. Ce sont, pour l'essentiel, les
secteurs du grand commerce et des services qui ont crée le plus d'emploi
dans les dernières années dont l'effet a été le
plus souvent de substitution d'un emploi stable et qualifié par des
emplois précaires a été important. Il faut rajouter
à ces éléments, la dérégulation
législative, conventionnelle (au sens des conventions collectives) et
contractuelle du contrat de travail qui ont permis une forte flexibilisation de
celui-ci avec des conséquences multiples et en particulier sur le plan
salarial (resserrement de la hiérarchie des bas et moyens salaires,
ralentissement des promotions, limitations des hausses de salaires, etc.).
L'analyse des données recueillies chez Casino, va nous
permettre d'illustrer, chacun de ces éléments.
**
43 La pérennité des entreprises nouvelles est
à peine de 50% au bout de 5 ans (INSEE, SINE).
***** *
L'évolution du commerce a toujours
été déterminante dans celle des systèmes
économiques et sociaux. La modernisation et le développement des
techniques commerciales ont joué un rôle structurant dans
l'évolution de la législation sociale des 50 dernières
années, en particulier, en institutionnalisant une précarisation
de l'emploi et un travail morcelé, fondés sur la
déréglementation des contrats et du temps de travail.
Depuis l'avènement du libre service et des
grandes surfaces, les profonds changements dans l'organisation du travail que
le secteur a connus, ont joué un rôle précurseur dans
l'évolution de la politique sociale du pays et, en particulier, sur les
incitations à modifier le CDI en tant que norme contractuelle de
l'emploi, pour multiplier les contrats atypiques. Il a, ainsi,
bénéficié largement des aides publiques attachées
à ce type de contrats et, plus particulièrement, des
exonérations de cotisations sociales.
Ces transformations ont eu des conséquences
durables en matière de conditions de travail et de santé
liées à la multiplication des contraintes physiques,
environnementales et organisationnelles auxquelles les salariés du
commerce sont soumis. Les évolutions rapides de ces contraintes, mises
en évidence par les enquêtes sur les conditions de travail,
montrent une spécificité pour les employés de commerce, en
matière de pénibilité du travail.
C'est à partir de ces résultats que nous
allons aborder le cas empirique de CASINO afin d'illustrer ces
mécanismes.
** ***** *
Chapitre IV - Casino France (magasins) : Les
mécanismes d'une externalisation croissante des coûts
cachés de l'organisation du travail
Entreprise centenaire aux racines stéphanoises, Casino
s'est imposée, aujourd'hui, comme l'un des acteurs majeurs sur le
marché européen de la distribution en s'adaptant aux
impératifs des marchés financiers et en associant les techniques
modernes de gestion de l'emploi à ses traditions de gestion
paternaliste.
A. Un des leaders « historiques » de la
grande distribution :
Avec Carrefour, Auchan et Leclerc, Casino est l'une des
enseignes de la grande distribution les plus importantes et la plus ancienne
des leaders actuels.
En effet, contrairement aux trois premiers qui datent de la
seconde moitié du 20ème siècle, Casino a
été fondé en 1898, par Geoffroy GUICHARD. C'est la seule
enseigne de cette époque qui a réussi à se maintenir
jusqu'à nos jours en s'adaptant aux évolutions du secteur,
même si c'est au prix de la perte du pouvoir par la famille des
fondateurs.
Avec 40 milliards de chiffre d'affaires en 2005, Casino
appartient à l'un des groupes de distribution les plus importants avec
les enseignes de magasins Casino, Monoprix, Franprix, Leader Price, Spar,
etc.
· Le premier contrat de gérant mandataire est
signé en 1898. Cette forme particulière de salariat, que Geoffroy
GUICHARD a emprunté à la « Société Economique
» de Reims, berceau des « Maisons à Succursales », est
motivée par « le coût élevé de la main
d'oeuvre nécessaire à l'époque pour le conditionnement des
marchandises en vrac » (GUICHARD C. et G. et collectif, 1998). En
effet, elle associe les liens de subordination du salarié à
l'employeur du contrat de travail salarié à un pseudo statut
d'entrepreneur qui le rend responsable sur ses propres revenus de l'embauche et
de la rémunération de salariés du magasin.
En 1904, alors que les lois sur les retraites
ouvrières sont en préparation, il créée la caisse
de prévoyance et d'assurance décès. Casino, à
l'instar des grandes entreprises industrielles de l'époque, va mettre en
oeuvre une politique sociale et peser dans le débat sur la construction
de l'Etat social (HATZFELD, 1971).
· En 1905, c'est la Société de Secours
Mutuel qui assure un service médical et pharmaceutique gratuit et verse
une indemnité aux salariés en maladie et aux femmes en couches
des employés ( GUICHARD C. et G. et collectif, 1998, p. 14.).
· En 1923, à l'occasion de son
25ème anniversaire, est créée la Caisse de
Retraites pour « assurer la sécurité des employés
quittant la société pour des raisons d'âge ou pour d'autres
raisons, sans prétendre suppléer l'Etat dans ses fonctions de
pacificateur social » ( GUICHARD
C. et G. et collectif, 1998, p. 80). Ce système sera
complété à l'occasion du 50ème
anniversaire.
· En 1936, l'entreprise n'échappe pas aux
mouvements sociaux d'ampleur qui marquent un tournant dans le déclin du
paternalisme entrepreneurial caractérisant la politique sociale de
l'entreprise.
· En 1986 un redéploiement stratégique est
décidé pour faire face au développement d'une concurrence
efficace des enseignes modernes d'hypermarchés, créées
dans les années 60 (Carrefour, Auchan, Continent, Leclerc, etc.).
Pendant cette période, en effet, la croissance rapide des nouvelles
enseignes contribue à transformer profondément le secteur du
commerce avec la quasi disparition brutale du mouvement coopératif de
distribution et un affaiblissement progressif des « Maisons à
Succursales » traditionnelles. Casino va rompre avec son histoire
d'entreprise intégrée pour se recentrer sur son métier de
base, la distribution, en orientant sa stratégie vers la modernisation
de son parc de magasins et le développement des grandes surfaces. C'est
ainsi que l'entreprise va céder progressivement la totalité de
son patrimoine industriel, ainsi que les enseignes spécialisées
afin de dégager des liquidités pour concentrer ses efforts sur la
croissance interne, mais surtout sur des opérations de croissance
externe afin de renforcer son appareil commercial, son positionnement
géographique et plus récemment, une implantation internationale
aux Etats-Unis, en Amérique latine, en Europe et en Asie.
Un des axes de ce repositionnement stratégique va
être celui d'une nouvelle politique sociale qui va tenter de concilier la
tradition paternaliste fondée sur la recherche de la
fidélité de ses employés et le développement des
politiques de flexibilités interne et externe.
La période que nous avons étudiée,
(1992-2005), correspond à ce redéploiement stratégique et
va se traduire, à la fois, par :
· Un développement du groupe par croissance
externe, dont la principale acquisition porte sur le groupe Rallye
(intégré dans le parc Casino en 1994), en notant que
parallèlement à l'accord commercial entre les deux groupes, si
l'enseigne Rallye a disparu, ce sont les actionnaires de ce groupe qui sont
progressivement monté en puissance dans l'actionnariat de Casino.
· Un développement à l'international des
activités,
· La filialisation des activités en 2000 qui se
traduit par la sortie du siège social de Saint Etienne et des
entrepôts du périmètre de Casino France, la nouvelle
société Casino Distribution, ne conservant que les magasins
à l'enseigne Casino.
· Une redistribution de l'actionnariat avec le
désengagement des actionnaires historiques et une modernisation de la
gouvernance du groupe qui rentre en bourse et figure, désormais, parmi
les valeurs du CAC 40.
· La mise en place de l'accord de réduction du temps
de travail en juin 1999.
· L'expérimentation de la transformation de certains
supermarchés et hypermarchés en « Hard Discount ».
Calculs :
- Absentéisme maladie = Nb heures d'absence
maladie x 100 (en % du temps de travail)
Fig. 16 Nb heures travaillées
- Absentéisme accidents du travail = Nb heures d'absence
AT x 100 (en % du temps de travail) Fig. 16 Nb heures travaillées
- Absentéisme selon la durée = Nb jours
d'absence AT (en Nb jours par salarié) Fig. 18 Effectif
considéré
- Indicateur synthétique = Nb heures absence (maladie +
AT + A Trajet) Fig. 17
Nb heures travaillées
Pour des raisons de commodité de lecture et de
comparabilité les données présentées dans les
graphiques sont le plus souvent exprimées en Indice 100 base 1994. Dans
tous les cas, le lecteur pourra se reporter à l'annexe où
l'ensemble des données de base sont présentées.
B. Une forte croissance des indicateurs
d'absentéisme pour maladie et accidentéisme, indices d'une
augmentation de la souffrance au travail.
L'analyse des indicateurs de morbidité publiés
dans le bilan social, est révélatrice, au fil des ans, de
l'évolution de l'état de santé de la population
salariée des entreprises. C'est l'un des domaines de ce document, le
plus utile et le plus pertinent pour suivre sur une entreprise cette
évolution.
a) Les indicateurs de morbidité du bilan social
Plusieurs indicateurs présents dans les bilans sociaux,
permettent d'évaluer cette évolution :
· 182 - Le nombre d'heures d'absence pour maladie et
cure
· 182 bis - Le pourcentage de l'effectif ayant eu un ou
plusieurs arrêts maladie
· 183 - La répartition du nombre de jours
d'absence pour maladie selon la durée de l'arrêt (exprimée
en jours calendaires). Voir fig.5
· 184 - Le nombre d'heures d'absence pour accident du
travail et du trajet
· 311 - Le nombre d'accidents du travail et de trajet
avec arrêt
· 313 - Le nombre d'incapacités partielles ou
totales notifiées à l'entreprise.
· 314 - Le nombre d'accidents mortels (travail,
trajet)
· 331 - Le nombre et dénomination des
maladies professionnelles déclarées à la
Sécurité Sociale au cours de l'année
considérée (avec arrêts).
Nous avons traité ces indicateurs en les rapportant au
temps de travail ou à l'effectif, afin d'obtenir des données
homogènes et comparables.
Nous avons, par ailleurs, calculé un indicateur
synthétique d'absentéisme pour maladie et accidents qui permet
une approche globale de la morbidité.
190,0
180,0
170,0
160,0
150,0
140,0
130,0
120,0
110,0
100,0
90,0
80,0
70,0
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2005
Evolution des indicateurs d'absentéisme
moyen annuel chez Casino
y = 5,3632x + 89,175
y = 10,786x + 69,153
y = 3,436x + 79,544
Taux d'absentéisme pour maladie
Taux d'absentéisme pour Accident du Travail
Taux d'absentéisme pour Accident du Trajet
Fig. 16
Fig. 17
% Temps de travail
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Taux d'absentéisme pour maladie
|
100,0
|
106,5
|
100,4
|
101,9
|
108,9
|
114,2
|
130,6
|
140,6
|
147,7
|
146,2
|
138,0
|
Taux d'absentéisme pour Accident du Travail
|
100,0
|
103,8
|
96,0
|
94,8
|
101,2
|
112,2
|
147,9
|
167,6
|
181,0
|
186,6
|
181,5
|
Taux d'absentéisme pour Accident du Trajet
|
100,0
|
89,3
|
83,5
|
80,1
|
79,9
|
87,7
|
120,9
|
119,5
|
110,8
|
117,1
|
112,9
|
Taux d'absentéisme pour maladie et
accidentéisme
|
100,0
|
105,8
|
99,5
|
100,6
|
107,5
|
113,4
|
132,3
|
143,1
|
150,6
|
149,9
|
142,2
|
|
9,0%
8,0%
7,0%
6,0%
5,0%
4,0%
3,0%
2,0%
1,0%
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2005
y = 0,0029x + 0,0539
y = 0,0026x + 0,0435
Evolution du taux d'absentéisme moyen annuel
par catégorie chez Casino (maladie et
accidentéisme)
y = 0,0003x + 0,0166
y = 0,0011x + 0,0386
y = 0,0011x + 0,0303
Employés ouvriers coef. 150 et + Employés ouvriers
coef, <150
Total
Cadres
Maîtrise
% Temps de travail
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
1,6%
|
2,2%
|
1,7%
|
1,5%
|
1,4%
|
1,9%
|
2,1%
|
1,9%
|
1,9%
|
2,0%
|
1,9%
|
Maîtrise
|
3,3%
|
3,7%
|
3,4%
|
3,0%
|
3,2%
|
3,4%
|
3,8%
|
4,0%
|
4,4%
|
4,4%
|
4,1%
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
5,6%
|
6,2%
|
6,2%
|
6,2%
|
6,7%
|
6,9%
|
7,8%
|
8,2%
|
8,4%
|
8,3%
|
7,9%
|
Employés ouvriers coef, <150
|
4,9%
|
4,6%
|
3,8%
|
3,7%
|
3,3%
|
3,7%
|
4,8%
|
5,4%
|
5,7%
|
5,2%
|
4,8%
|
Total
|
4,9%
|
5,2%
|
4,9%
|
5,0%
|
5,3%
|
5,6%
|
6,4%
|
6,9%
|
7,2%
|
7,1%
|
6,7%
|
|
160,0
150,0
140,0
130,0
120,0
110,0
100,0
90,0
80,0
Evolution des arrêts maladie selon leur
durée chez Casino
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2005
y = 3,3232x + 89,53
y = 5,7456x + 85,089
y = 6,017x + 89,205
y = 0,31 13x + 93,33
Nb jours absence maladie de 6 à 30 jours
Total
Nb jours absence maladie < 6 jours
Nb jours absence maladie > 30 jours
Fig. 18
Indicateurs
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Nb jours absence maladie < 6 jours
|
100,0
|
90,0
|
97,5
|
103,0
|
105,2
|
118,7
|
137,2
|
143,2
|
146,6
|
137,1
|
136,8
|
Nb jours absence maladie de 6 à 30 jours
|
100,0
|
94,0
|
86,9
|
88,6
|
88,6
|
98,1
|
99,2
|
107,2
|
102,3
|
95,1
|
87,2
|
Nb jours absence maladie > 30 jours
|
100,0
|
110,8
|
103,5
|
101,8
|
107,7
|
112,1
|
144,3
|
149,9
|
153,6
|
151,7
|
143,1
|
Total
|
100,0
|
95,3
|
93,7
|
96,3
|
98,1
|
108,2
|
121,1
|
128,0
|
127,6
|
120,5
|
115,3
|
|
Sources : Bilans sociaux Casino 1992-2005 et calculs
personnels
b) Un absentéisme maladie et accidents du travail
en hausse pour toutes ses composantes et toutes les catégories entre
1997 et 2003
On peut constater, sur la période
considérée, une très nette progression de
l'absentéisme moyen (en % du temps travaillé), tant pour les
arrêts de travail pour maladie que pour ceux prescrits à
l'occasion d'accidents du travail ou du trajet (fig.16). Cette progression
concerne chacune des quatre catégories socio-professionnelles (fig.17)
renseignées dans le bilan social. Ce sont les employés et
ouvriers qualifiés (coefficient >150) qui enregistrent la progression
la plus importante.
Les graphiques montrent une rupture de tendance en 97-98, ce
qui permet de distinguer deux périodes correspondant à deux
étapes distinctes dans la vie de l'entreprise :
· 1992-1 997, durant laquelle l'absentéisme a
tendance à décroître.
· 1997-2003 avec une très forte progression de tous
les indicateurs.
Depuis 2003, on peut pressentir une nouvelle rupture avec une
tendance à la baisse des 3 indicateurs qui devra être
vérifiée dans les années à venir.
La répartition des arrêts maladies selon leur
durée (fig.18), donne des indications sur l'évolution de
l'état de santé des salariés. En effet, on constate la
plus forte progression pour les arrêts de longue durée (plus de 30
jours) avec une droite de régression sur la période qui affiche
une pente de 6 soit près du double de celle du total des arrêts
(3,3). Cette croissance suggère la présence de plus en plus
fréquente de pathologies lourdes, et en particulier, de troubles
musculosquelettiques, de maladies nerveuses et cardiovasculaires dont on
constate la progression dans les rapports sur la santé des
français annexés chaque année au projet de loi de
finances.
Les résultats de l'enquête par questionnaire que
nous avons réalisé en 1997 et les diagnostics des médecins
du travail, montrent l'importance des troubles ressentis par les
salariés qui peuvent favoriser ce type de pathologies :
Question 21. - Ressentez-vous des troubles liés
à votre travail ?
TOTAL
100,0% 100,0% 100,0%
100,0%
Troubles Trav.
mal de dos mal dans les jambes troubles de la vue mal
de tête stress
aucun trouble autres
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
27,2%
28,8% 27,8% 26,1%
14,4% 15,8% 16,3%
15,2% 9,3% 11,7%
7,0% 9,0% 8,5%
5,4% 4,6% 5,1%
1,9% 2,0% 1,4%
31,5%
30,9%
TOTAL
30,7%
26,8%
16,0%
11,4%
8,5%
5,0%
1,6%
Consom.Médicame
occas ion
nellement régulièrement jamais ne sait pas
TOTAL
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
43,5%
35,9% 29,6% 34,2%
11,5% 14,1% 13,7%
9,2% 5,5% 5,0%
50,9%
47,1%
TOTAL
100,0%
47,6%
33,2%
13,5%
5,6%
Question 22. - Avez-vous besoin de soins ou de
médicaments, suite à des problèmes de santé
liés au travail ?
Question 32. - Considérez-vous votre travail
plutôt ?
100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
TOTAL
Appréc. Trav.
monotone agréable
varié frustrant pénible motivant
dévalorisant valorisant
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
20,7%
19,3%
13,6% 11,4% 13,5%
16,9% 15,3% 16,1%
9,2% 10,5% 10,5%
7,1% 4,7% 4,5%
9,8% 8,6% 10,3%
3,4% 2,6% 3,2%
22,4%
24,6% 21,8%
20,1%
TOTAL
20,6%
22,4%
13,0%
16,0%
10,3%
4,8%
9,8%
3,1%
Question 43. - Votre travail présente-t-il des
inconvénients liés :
TOTAL
28,2% 21,4% 13,3% 18,6% 10,6% 3,8% 4,1%
TOTAL
|
100,0% 100,0% 100,0%
|
100,0%
|
|
Inconv. Trav.
horaires,
rythmes manutentions équipements ambiance
générale locaux transports aucun inconvénient
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
26,3%
21 ,5%
13,0% 12,4% 13,8%
18,5% 20,5% 17,9%
14,1% 7,7% 11,2%
4,4% 3,0% 4,5%
2,2% 5,6% 3,4%
2 9,3%
21,5% 21,3%
2 8,0%
Question 15. - Vous arrive-t-il de travailler la nuit
(après 22 h ou avant 6 h) ?
Nuit
occas ion
nellement régulièrement jamais
TOTAL
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
49,6%
22,8% 16,0% 16,7%
27,6%
48,1%
35,8%
47,5%
35,8%
TOTAL
100,0%
37,3%
45,5%
17,2%
Question 42. - Pour effectuer votre travail, vous avez en
général des locaux et des mobiliers bien adaptés
?
Locaux Adaptés
oui
non
ne sait pas
TOTAL
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
4 3,8%
52,3%
3,9% 2,1% 2,1%
4 6,7%
51,2% 52,2%
45,7%
TOTAL
100,0%
45,7%
52,0%
2,3%
Les troubles, mis en évidence par les salariés
de Casino, tout comme par ceux de Carrefour ou d'Auchan, les contraintes
physiques et organisationnelles, l'appréciation de leur travail,
constituent autant d'éléments de souffrance, dont
l'absentéisme maladie et l'accidentéisme élevé que
nous avons constaté sont des indices révélateurs.
Avec un taux de 1,12% du temps de travail en
absentéisme pour accidents du travail et du trajet, et 7,2% pour
maladie, Casino obtient en 2003, des résultats proches du double de la
moyenne nationale (respectivement 0,6 et 3,7%) des entreprises privées
(DARES citée par GALLOIS P. 2005).
Ce constat est d'autant plus inquiétant, que
l'âge moyen chez Casino est relativement plus jeune que celui de la
population salariée en France, alors que l'on sait que la
fréquence et la durée moyennes des arrêts augmentent avec
l'âge :
Tranches d'âge
|
Fréquence annuelle pour 1000
salariés
|
Nb jours d'arrêt annuel moyen par
salarié arrêté
|
Moins de 40 ans 40 à 49 ans 50 à 59 ans
|
375 380 415
|
28 45 67
|
|
Source DSS, citée par Gallois P.
(2005)
Tranches d'âge
|
France
|
Casino
|
Moins de 20 ans
|
1,2%
|
3,3%
|
20 à 39 ans
|
49,6%
|
57,9%
|
40 à 59 ans
|
47,2%
|
37,3%
|
60 ans et plus
|
2,0%
|
1,4%
|
|
Source : INSEE recensement de la population et bilan
social Casino
Afin de compléter les données sur les indicateurs
de morbidité, nous allons voir ceux qui concernent les maladies
professionnelles et les incapacités.
6,0
5,0
y = 0,2804x + 0,8843
4,0
3,0
2,0
1,0
0,0
Fig. 19
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
2005
Année
Evolution du nombre d'incapacités permanentes
totales et partielles notifiées pour 1000 salariés (1
992-2005)
4,0
3,5
3,0
2,5
y = 0,2705x - 0,8385
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
-0,5
-1,0
Fig. 20
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
2005
Année
Evolution du nombre de maladies professionnelles
déclarées à la Sécurité Sociale pour 1000
salariés (1992-2005)
0,0541
0,0000 0,0000
1,7440
0,6863 1,6406
1998
1999
1992
1997
2002
1994
1995
1993
2001
1996
Nb pour 1000 salariés
0,1354 0,6600
0,3642 0,2313
2003
|
2004
|
2005
|
MA 94-05
|
1994-2005
|
2,0176
|
2,8130
|
3,3667
|
45,6%
|
6124,2%
|
|
2005
2004
1997
2002
1993
1999
1998
2003
2001
1995
1994
1996
1992
2,04
5,40
4,81
164,4%
2,32
3,06
2,18
3,54
2,31
3,64
2,90
2,60
0,38
1,85
Nb pour 1000 salariés
MA 92-05 1992-2005
7,8%
Sources : Bilans sociaux Casino 1992-2005 et calculs
personnels
c) Des maladies professionnelles et des incapacités
de travail en hausse
On constate également une forte hausse des maladies
professionnelles déclarées à la sécurité
sociale (Fig.19) sur la période et en particulier depuis 1998.
Contrairement aux indicateurs de maladie et d'accidentéisme, la
progression ne s'arrête pas en 2003, mais se poursuit jusqu'en 2005.
Cette progression est particulièrement spectaculaire, puisque la pente
de la droite de régression est de 597. Il convient, toutefois, de
nuancer ce résultat dans la mesure où un certain nombre de
modifications de la législation et de la réglementation sont
intervenues pendant la période considérée dans le sens
d'une amélioration de la reconnaissance d'un certain nombre de maladies
par la Sécurité Sociale. C'est, notamment, le cas pour les
affections péri- articulaires dont le tableau a été
modifié en 1982 et en 1991 date à laquelle de nouveaux syndromes
ont été ajoutés et ce type d'affections représente
68,3% des maladies professionnelles reconnues en 2003. Néanmoins, une
étude de la CNAMTS44, montre que l'évolution de la
réglementation n'intervient que faiblement45 dans ces
évolutions et ce, pour l'ensemble des maladies professionnelles.
Nous devons, par conséquent, souligner cette
progression des maladies professionnelles chez Casino comme une donnée
structurante de l'évolution de la santé au travail dans
l'entreprise, d'autant plus qu'en 1992 et 1993, aucune maladie professionnelle
n'a été déclarée dans l'entreprise.
La place prépondérante des TMS au niveau du
régime général s'avère encore plus forte au niveau
du secteur du commerce et de la grande distribution. Ces affections touchent,
en particulier, les personnels de caisse et de manutention nombreux dans le
secteur et bien entendu parmi le personnel Casino. Ces personnels sont soumis
à des hypersollicitations des muscles à l'origine de ces
pathologies. Nous ne disposons, malheureusement pas de statistiques
détaillées par type de maladie, ce qui ne permet pas, dans
l'état actuel des données à notre disposition,
d'approfondir l'analyse. On peut, néanmoins supposer que l'essentiel des
maladies professionnelles déclarées par l'entreprise, concerne ce
type de maladie. Par contre, le très faible nombre de salariés
considérés comme atteints par les maladies professionnelles (15
cumulés depuis 1992, contre 506 déclarés) montre bien les
difficultés à reconnaître les effets de la
pénibilité sur le travail dans l'entreprise et une faible
sensibilisation des acteurs sur cette problématique.
Le nombre d'incapacités totales ou partielles
notifiées par les services de santé au travail est
également un indicateur significatif dans l'appréciation de
l'évolution de la santé au travail.
44 CNAMTS-DRP (février 2005), « Evaluation du
nombre de maladies professionnelles réglées en 2003 sous
l'hypothèse d'une réglementation constante depuis 1991.
»
45 En effet, l'étude montre que globalement le nombre
total de maladies professionnelles réglées serait passé
,dans cette hypothèse, de 5 000 à 19 676 en 2003 au lieu de 32
003. Pour ce qui est des TMS (Tableau 57), il serait passé, dans les
mêmes conditions, de 1 342 à 19 676 au lieu de 23 672.
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
Pyramide des âges des cadres (1992 et
2005)
2005
1992
Fig. 21
Cadres
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
0,0%
|
0,0%
|
20 - 25
|
0,3%
|
0,6%
|
25 - 30
|
8,9%
|
6,6%
|
30 -35
|
18,9%
|
21,6%
|
35 - 40
|
21,1%
|
20,0%
|
40 - 45
|
19,8%
|
17,5%
|
45 - 50
|
16,4%
|
14,2%
|
50 - 55
|
12,0%
|
11,7%
|
> 55
|
2,4%
|
7,7%
|
|
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
15,0%
10,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
5,0%
0,0%
5,0%
0,0%
Pyramide des âges des Emp. Ouv. Coéf. 150
et plus (1992 et 2005)
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
Pyramide des âges des Emp. Ouv. Coéf. <
150 (1992 et 2005)
Pyramide des âges des maîtrises (1992 et
2005)
Pyramide des âges tous salariés (1992 et
2005)
2005
1992
2005
2005
1992
1992
2005
1992
Fig. 22
Fig. 23
Fig. 24
Fig. 25
Maîtrise
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
0,0%
|
0,0%
|
20 - 25
|
4,4%
|
11,3%
|
25 - 30
|
25,7%
|
24,1%
|
30 -35
|
17,7%
|
19,4%
|
35 - 40
|
15,5%
|
11,7%
|
40 - 45
|
15,4%
|
10,8%
|
45 - 50
|
11,1%
|
9,3%
|
50 - 55
|
8,5%
|
8,3%
|
> 55
|
1,7%
|
5,0%
|
|
Emp. Ouv. coef. 150 et plus
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
0,5%
|
3,9%
|
20 - 25
|
11,2%
|
14,6%
|
25 - 30
|
21,9%
|
9,8%
|
30 -35
|
19,4%
|
11,2%
|
35 - 40
|
16,1%
|
13,5%
|
40 - 45
|
12,5%
|
16,0%
|
45 - 50
|
9,5%
|
13,4%
|
50 - 55
|
5,8%
|
10,8%
|
> 55
|
3,1%
|
6,8%
|
|
Emp. Ouv. coef. < 150
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
9,0%
|
10,5%
|
20 - 25
|
36,5%
|
39,9%
|
25 - 30
|
19,3%
|
16,5%
|
30 -35
|
11,7%
|
10,2%
|
35 - 40
|
8,7%
|
8,1%
|
40 - 45
|
6,3%
|
6,6%
|
45 - 50
|
3,9%
|
4,7%
|
50 - 55
|
2,7%
|
2,2%
|
> 55
|
1,8%
|
1,3%
|
|
Tous salariés
|
1992
|
2005
|
< 20
|
3,5%
|
3,8%
|
20 - 25
|
19,1%
|
15,7%
|
25 - 30
|
20,7%
|
11,9%
|
30 -35
|
16,5%
|
12,6%
|
35 - 40
|
13,6%
|
13,2%
|
40 - 45
|
10,9%
|
14,6%
|
45 - 50
|
8,0%
|
12,2%
|
50 - 55
|
5,2%
|
9,8%
|
> 55
|
2,5%
|
6,1%
|
|
Source : Bilans sociaux Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
On constate, tout comme pour les maladies professionnelles,
une hausse considérable et continue, sur l'ensemble de la période
considérée, avec une pente de la droite de régression de
99,3. Ce résultat, permet de revenir sur l'évolution de
l'absentéisme dans la mesure où l'incapacité permanente a
une incidence sur celui-ci. En effet, la notification de l'incapacité
permet d'externaliser le problème pour l'entreprise, puisque les
salariés concernés ne seront plus comptabilisés dans
l'effectif46, alors qu'ils sont du fait de leur maladie ou accident,
en situation d'absentéisme le plus souvent permanente. Ainsi, cela a eu
pour effet de baisser le volume d'un absentéisme qui aurait
progressé encore plus vite si le nombre d'incapacités
notifiées n'avait pas augmenté pendant la période. On peut
même s'interroger, sur le lien éventuel entre la réduction
de l'absentéisme constatée entre 2003 et 2005 et une progression
plus marquée, dans la même période, du nombre
d'incapacités notifiées, d'autant plus que ce sont les absences
de longue durée (plus de 30 jours) dont la baisse a été la
plus importante.
On voit, ainsi, que les arrêts maladies (longue
durée ou répétés), peuvent être
utilisés par le corps médical, en tant qu'alternative à la
notification d'incapacité selon des critères propres au contexte
local du jeu d'acteurs que constituent l'attitude du médecin du travail
et du médecin traitant, le comportement du salarié, le
positionnement des organisations syndicales dans les IRP et, notamment, dans
les CHSCT47 et la politique de l'entreprise (LORIOL in OMNES et
BRUNO, 2004, p. 259 et suivantes). Le docteur RAMAUT, décrit,
également (2006), ce mécanisme, à partir de son
expérience de médecin du travail dans un hypermarché de
2000 à 2006.
C. Une évolution de l'emploi qui peut expliquer
l'importance du niveau et de la progression des indicateurs de
morbidité.
Les caractéristiques de l'emploi constituent des
facteurs explicatifs de l'état de santé d'une population. Les
ergonomes connaissent bien cette relation qu'ils explorent par l'étude
des données sociales sur les populations dont ils analysent
l'activité. De nombreux travaux ont mis en évidence l'influence
du sexe, de l'âge, ou du niveau de précarité sur les
capacités et donc, sur les comportements des opérateurs dans la
réalisation de leur travail (WISNER A. 1976 ; DANIELLOU F. 1986 ; GUERIN
F. et coll. 1997). Ces caractéristiques sont autant de facteurs
déterminants pour la compréhension de la relation santé -
travail.
a) Une population fortement féminisée et
relativement jeune, mais dont la tendance est au vieillissement
Casino compte une forte proportion de femmes qui
représentent près de 2 salariés sur 3 en 2005.
On peut, cependant, noter une stabilisation de cette
proportion depuis 2001, qui masque des évolutions notables dans les
catégories socioprofessionnelles :
46 Il convient de souligner que l'employeur dispose d'un mois
pour licencier un salarié déclaré en incapacité de
travail pour l'ensemble des postes disponibles dans l'entreprise par les
services de santé au travail. De plus, la loi ne fait pas obligation
à l'employeur de rémunérer le salarié pendant cette
période.
47 Comité d'Hygiène, de Sécurité et
des Conditions de Travail
· La part des femmes parmi le personnel
d'encadrement a sensiblement augmenté pour passer respectivement de
10,9% en 1992 à 15,8% en 2005 pour les cadres et de 25,9 à 32,5%
pour les agents de maîtrise.
60%
40%
20%
80%
70%
50%
30%
10%
0%
Evolution de la proportion de femmes par
catégorie (1992-2005)
Année
Employés
ouvriers coef. 150 et +
Employés ouvriers coef, <150
Total
Cadres
Maîtrise
Fig. 26
% Femmes au 31-12
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
10,9%
|
11,1%
|
11,6%
|
11,7%
|
12,7%
|
13,7%
|
15,0%
|
15,2%
|
13,9%
|
15,2%
|
15,6%
|
15,6%
|
15,8%
|
Maîtrise
|
25,9%
|
26,1%
|
27,1%
|
27,2%
|
27,5%
|
28,3%
|
29,9%
|
30,5%
|
29,5%
|
30,7%
|
31,6%
|
32,3%
|
32,5%
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
64,7%
|
64,8%
|
68,3%
|
68,2%
|
68,4%
|
68,9%
|
68,6%
|
68,6%
|
74,6%
|
75,0%
|
74,8%
|
74,7%
|
74,4%
|
Employés ouvriers coef, <150
|
67,7%
|
69,0%
|
70,2%
|
71,2%
|
70,4%
|
68,3%
|
69,6%
|
68,1%
|
66,8%
|
59,1%
|
56,6%
|
54,1%
|
53,3%
|
Total
|
59,5%
|
59,6%
|
62,1%
|
62,3%
|
62,0%
|
61,6%
|
61,8%
|
61,7%
|
65,6%
|
65,3%
|
65,2%
|
65,0%
|
64,9%
|
|
Source : Bilans sociaux Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
· L'évolution la plus notable concerne les
catégories d'employés et d'ouvriers pour lesquelles on observe
une inversion de la tendance à partir de 1998 avec une
féminisation croissante pour les plus qualifiés et à
l'inverse, une augmentation de la proportion d'hommes parmi les moins
qualifiés.
Casino ne faillit pas à une des
caractéristiques des Grandes surfaces, avec une forte proportion de
jeunes salariés de moins de 25 ans, qui constitue la classe d'âge
la plus importante parmi les moins bien classifiés (employés
ouvriers au coefficient < 150).
· Les plus de 50 ans, sont ainsi relativement peu
représentés dans l'entreprise sauf parmi les employés
ouvriers qualifiés et les cadres, ce qui se traduit par une distribution
de l'âge moyen structurant des générations
différentes en fonction de la catégorie socioprofessionnelle.
· On observe, en effet un écart de 12,5 ans en
2005 entre l'âge moyen des cadres et celui des employés ouvriers
les moins qualifiés. Cet écart s'est accru pendant toute la
période étudiée, (1992-2005) de 1,2 ans.
· On relève, par ailleurs, un écart de
près de 10 ans (9,4) entre les 2 catégories d'employés
ouvriers qualifiés, écart également accru, de 6,6 ans
pendant la période, ce qui traduit bien une évolution
structurelle favorisant une autonomisation de ces deux catégories.
41,0
39,0
37,0
35,0
33,0
31,0
29,0
27,0
25,0
Evolution de l'âge moyen par
catégorie
Cadres Maîtrise
Emp. Ouv. coef. 150 et plus Emp. Ouv. coef. < 150
Tous salariés
Fig. 27
Age moyen
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
MA 92-05
|
1992-2005
|
Cadres
|
40,5
|
40,4
|
40,2
|
40,5
|
40,5
|
40,5
|
40,5
|
40,8
|
40,6
|
40,4
|
40,8
|
41,1
|
41,2
|
0,1%
|
1,8%
|
Maîtrise
|
36,9
|
35,7
|
35,9
|
35,8
|
35,4
|
35,5
|
35,7
|
35,8
|
35,1
|
35,4
|
35,7
|
36,0
|
36,1
|
-0,2%
|
-2,1%
|
Emp. Ouv. coef. 150 et plus
|
35,6
|
35,7
|
35,9
|
36,5
|
36,8
|
37,1
|
37,4
|
37,7
|
37,4
|
37,1
|
37,4
|
37,9
|
38,1
|
0,5%
|
6,9%
|
Emp. Ouv. coef. < 150
|
29,2
|
29,2
|
30,1
|
29,6
|
28,8
|
27,1
|
26,5
|
27,1
|
28,0
|
28,3
|
28,5
|
28,8
|
28,7
|
-0,1%
|
-1,9%
|
Tous salariés
|
33,7
|
33,7
|
34,2
|
34,5
|
34,8
|
35,1
|
35,4
|
35,6
|
35,5
|
35,8
|
36,3
|
36,9
|
37,2
|
0,8%
|
10,5%
|
|
15,0%
14,0%
13,0%
12,0%
11,0%
Fig. 29
10,0%
9,0%
8,0%
7,0%
6,0%
5,0%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
2005
Personnel extérieur + intérim (ETC) /
EMM
54%
52%
51,2%
51,9% 52,0% 51,7%
50%
49,1%
48,7%
48%
47,7%
47,6%
48,3%
Fig. 28
46%
46,0%
45,5%
44%
44,0%
42%
41,2%
40%
Année
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
2005
Evolution de la part des salariés permanents
sur l'effectif moyen mensuel
1996
1994
1992
1998
1997
1995
1993
49,1%
51,7%
51,9%
47,6%
48,7%
51,2%
52,0%
% salariés permanents (Permanents /
EMM)
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
46,0%
|
41,2%
|
44,0%
|
45,5%
|
47,7%
|
48,3%
|
|
Personnel extérieur + intérim (ETC) / EMM
2004
2005
1992 1993 1994 1995 1996
1997 1998 1999 2001 2002 2003
11,5% 12,1% 10,0% 8,4% 13,2%
14,1% 11,0% 10,4% 6,8% 5,9% 6,7%
8,0%
9,3%
Source : Bilans sociaux Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
· La différence d'âge moyen entre la
maîtrise et les employés ouvriers qualifiés, nous
paraît tout aussi significative, puisqu'elle montre que la
majorité de ces derniers sont sous la responsabilité, d'agents de
maîtrise qui sont souvent plus jeunes qu'eux, ce qui peut favoriser des
conflits dans une relation hiérarchique tendue.
· Enfin, on notera, un vieillissement sensible de la
catégorie des employés ouvriers qualifiés de 2,5 ans
(+6,9%), contribuant à amplifier le phénomène, pour
l'ensemble de la population de l'entreprise (dont l'âge moyen augmente de
+10,5%), du fait de l'importance proportionnelle de la catégorie dont le
poids est passé de 48,2 à 74,4% pendant la période.
b) Une faible proportion de personnel permanent48
La part du personnel permanent sur l'effectif moyen mensuel
permet d'approcher un certain degré de précarité en
première analyse.
Pour Casino, on constate en premier lieu :
· Une proportion de personnel permanent
inférieure à 1 salarié sur 2 en 2005 avec une inversion de
tendance en 2001, année où une remontée s'amorce
après une baisse continue de 1992 à 2000.
· Il convient de rappeler que les effectifs
considérés n'intègrent pas les stagiaires des
écoles et universités (2447 en 2005), les intérimaires et
le personnel extérieur (respectivement 431 et 1183 équivalents
temps plein en 2005). L'ensemble de ces deux derniers types de contrats
représente près de 10% de l'effectif moyen mensuel en 2005 (fig.
29) et en forte progression depuis 2002. L'importance du recours à la
sous-traitance et à l'intérim interroge sur la pression que cela
peut constituer sur le personnel Casino en termes de concurrence directe et,
par conséquent les inquiétudes que cela peut susciter parmi le
personnel.
· La proportion de temps partiel chez Casino est
légèrement inférieure à celle de la moyenne des
grandes surfaces (voir Fig.3 et 30). En 2002, elle atteint 45,7% du personnel,
soit 2 points de moins que celle du secteur. Les femmes ont ce type de contrat
4 fois plus fréquemment que les hommes, cependant on peut noter une
certaine stabilité de la proportion des hommes à temps partiel
depuis 1999, tandis que celle des femmes baisse sensiblement
simultanément (de 64,8 à 56,9%). On remarquera la progression
constante du temps partiel pendant la période 1992-1999 qui correspond
à celle pendant laquelle les pouvoirs publics ont consenti des
exonérations de charges patronales pour ce type de contrat.
48 Le personnel permanent (Indicateur 112 du bilan social) se
définit par un contrat CDI à temps complet et par sa
présence dans l'entreprise toute l'année civile
considérée. Sont, par conséquent exclus les temps partiel,
les CDD et les CDI embauchés ou partis dans l'année.
Fig. 30 Fig. 31
60%
50%
40%
30%
20%
70%
10%
0%
Evolution de la proportion de Temps partiel par
sexe (1992-2005)
Année
Total Femmes TP
Total Hommes TP
Total TP
100%
40%
20%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
10%
0%
Evolution de la proportion des embauches en CDD par
catégorie (1992-2005)
Année
Cadres
Employés
ouvriers coef. 150 et +
Employés ouvriers coef, <150
Total emb CDD
Maîtrise
% Temps partiel
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Hommes < 20 h
|
3,5%
|
3,0%
|
2,6%
|
2,8%
|
3,3%
|
4,0%
|
4,3%
|
4,3%
|
5,8%
|
6,5%
|
7,0%
|
6,1%
|
6,6%
|
Hommes 20 - 30 h
|
4,7%
|
5,8%
|
7,6%
|
8,0%
|
8,4%
|
9,2%
|
10,5%
|
1 1,2%
|
8,4%
|
8,2%
|
7,9%
|
7,5%
|
7,2%
|
Hommes 30 - 34 h
|
0,7%
|
0,1%
|
0,3%
|
0,1%
|
0,1%
|
0,1%
|
0,2%
|
0,4%
|
0,7%
|
0,6%
|
0,5%
|
0,4%
|
0,4%
|
Femmes <20 h
|
5,7%
|
5,6%
|
4,8%
|
5,7%
|
6,2%
|
7,0%
|
6,9%
|
7,1%
|
7,9%
|
8,3%
|
8,5%
|
8,5%
|
8,9%
|
Femmes 20 - 30 h
|
50,9%
|
52,4%
|
52,0%
|
52,9%
|
53,7%
|
53,9%
|
55,5%
|
56,9%
|
53,0%
|
51,3%
|
49,5%
|
47,9%
|
45,6%
|
Femmes 30 - 34 h
|
0,4%
|
0,5%
|
1,2%
|
1,1%
|
1,0%
|
1,0%
|
0,9%
|
0,8%
|
2,5%
|
2,2%
|
2,2%
|
2,0%
|
2,4%
|
Total Hommes TP
|
9,0%
|
8,9%
|
10,5%
|
10,9%
|
11,8%
|
13,3%
|
14,9%
|
15,9%
|
14,8%
|
15,4%
|
15,5%
|
14,1%
|
14,2%
|
Total Femmes TP
|
57,1%
|
58,4%
|
58,0%
|
59,6%
|
60,9%
|
61,8%
|
63,3%
|
64,8%
|
63,4%
|
61,8%
|
60,2%
|
58,5%
|
56,9%
|
Total TP
|
37,6%
|
38,4%
|
40,0%
|
41,2%
|
42,2%
|
43,2%
|
44,8%
|
46,1%
|
46,7%
|
45,7%
|
44,6%
|
42,9%
|
41,9%
|
% CDD dans les embauches
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
0,0%
|
2,6%
|
2,5%
|
16,1%
|
3,9%
|
10,8%
|
4,3%
|
3,8%
|
8,6%
|
8,7%
|
2,9%
|
2,9%
|
1,0%
|
Maîtrise
|
2,3%
|
45,1%
|
77,8%
|
73,4%
|
54,8%
|
41,3%
|
34,3%
|
16,5%
|
0,8%
|
0,4%
|
0,6%
|
1,5%
|
1,6%
|
% CDD dans les emb Employés ouvriers
coef. 150 et +
|
992
47,6%
|
93 14
33,9%
|
19
53,5%
|
199
50,3%
|
997
54,6%
|
1998
59,0%
|
1999
65,2%
|
001
75,5%
|
02 23
78,3%
|
78,2%
|
24
80,1%
|
82,2%
|
81,8%
|
Cdes
Employés ouvriers coef, <150
Mîtie
|
0,0%
90,2%
23%
|
,6%
88,2%
|
78%
5% 1%
93,4%
|
73%
3
92,1%
|
10,8
92,2%
|
4,3%
92,5%
|
38%
92,6%
165%
|
8,6%
93,0%
|
,7%
91,5%
|
9%
90,0%
6%
|
9%
91,7%
5%
|
%
93,1%
%
|
93,5%
|
Total emb CDD
Employés ouvriers
|
86,9%
76%
|
,1%
82,2%
9% 55%
|
90,3%
|
54,
50%
88,7%
54
|
41,3
88,8%
590
|
34,3%
88,4%
652%
|
87,4%
755%
|
0,8%
87,6%
83%
|
,4%
84,9%
2% 81%
|
82,8% 82%
|
84,0%
|
84,8%
%
|
83,8%
|
|
Fig. 32 Fig. 33
40%
20%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
10%
0%
Rotation du personnel CDI + Mutations
(1992-2005)
Cadres
Maîtrise
Total rotation CDI+ Mutations Employés ouvriers coef. 150
et + Employés ouvriers coef, <150
350%
300%
250%
200%
150%
100%
50%
0%
Rotation du personnel CDD + Saisonniers
(1992-2005)
Cadres
Maîtrise
Total rotation CDD + Saisonniers Employés ouvriers
coef. 150 et + Employés ouvriers coef, <150
Rotation CDD+ Saisonniers
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
0,2%
|
0,1%
|
0,3%
|
0,1%
|
0,4%
|
0,2%
|
0,1%
|
0,3%
|
0,4%
|
0,1%
|
0,1%
|
0,1%
|
Maîtrise
|
10,5%
|
13,3%
|
12,2%
|
10,3%
|
6,6%
|
5,3%
|
2,5%
|
0,2%
|
0,1%
|
0,1%
|
0,2%
|
0,3%
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
4,0%
|
7,6%
|
5,0%
|
5,0%
|
6,7%
|
11,5%
|
21,3%
|
39,3%
|
51,0%
|
52,0%
|
50,1%
|
54,3%
|
Employés ouvriers coef, <150
|
157,2%
|
246,9%
|
186,1%
|
219,7%
|
253,5%
|
307,5%
|
335,1%
|
320,0%
|
249,6%
|
283,8%
|
251,4%
|
271,7%
|
Total rotation CDD + Saisonniers
|
68,9%
|
92,8%
|
66,5%
|
71,0%
|
69,7%
|
71,4%
|
75,6%
|
84,4%
|
81,3%
|
76,7%
|
65,9%
|
67,1%
|
|
Rotation CDI+ Mutations
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
7,3%
|
48,7%
|
2,7%
|
4,1%
|
4,2%
|
6,6%
|
5,0%
|
5,2%
|
6,5%
|
7,8%
|
5,3%
|
6,1%
|
Maîtrise
|
13,3%
|
65,6%
|
4,7%
|
9,6%
|
9,9%
|
11,3%
|
13,5%
|
21,2%
|
22,2%
|
20,6%
|
15,9%
|
15,4%
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
7,8%
|
58,6%
|
5,2%
|
4,8%
|
4,8%
|
7,3%
|
7,2%
|
11,2%
|
11,6%
|
13,4%
|
12,9%
|
11,6%
|
Employés ouvriers coef, <150
|
21,2%
|
77,2%
|
16,3%
|
20,5%
|
20,9%
|
24,9%
|
26,0%
|
28,0%
|
30,1%
|
37,1%
|
31,5%
|
23,0%
|
Total rotation CDI+ Mutations
|
13,1%
|
65,4%
|
8,8%
|
10,0%
|
9,4%
|
11,3%
|
11,2%
|
15,3%
|
16,0%
|
17,3%
|
15,1%
|
12,9%
|
|
Source : Bilans sociaux Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
|
|
|
Auchan
|
Carrefour
|
Casino
|
TOTAL
|
13,1%
|
15,6%
|
25,6%
|
21,6%
|
54,2%
|
50,0%
|
30,8%
|
38,4%
|
15,0%
|
23,7%
|
17,4%
|
18,7%
|
9,2%
|
8,4%
|
13,9%
|
12,0%
|
8,5%
|
2,4%
|
12,3%
|
9,4%
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
|
Entreprise
Dépass. Hor.
jamais heures supl. payées ou
récup. heures compl. dépass.occas. non
comptabilisés dépass.régul. non
comptabilisés TOTAL
Par ailleurs, lorsqu'on interroge les salariés, une grande
majorité exprime un non choix pour ce type de contrat (2 sur 3).
Question 14.- Quelles sont les raisons du temps partiel
de votre contrat ?
TOTAL
100,0% 100,0% 100,0%
100,0%
Rais.TPart.
élever 1 enfant on ne vous a pas laissé le
choix travail trop pénible travail chez autre employeur revenus
familiaux le permettant poursuivre des études autre
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
29,1%
54,5%
0,0% 5,7% 3,3%
3,6% 3,3% 3,3%
3,6% 9,8% 7,8%
7,3% 10,7% 3,7%
1,8% 2,5% 0,0%
52,5% 65,1%
15,6%
16,7%
TOTAL
60,3%
17,9%
6,1%
0,9%
3,6%
3,4%
7,8%
Question 48 : Qu'est-ce qui vous semble prioritaire pour
améliorer votre vie ?
n°216 : « Il y a des années que je demande
à travaillée à temps complet ».
n°530 : « Je suis à temps partiel depuis 13
ans et je souhaiterai une augmentation de contrat ».
n°205 : « Construire une famille nécessite
de l'argent. Ce n'est pas en travaillant à 22 h en CDD que je pourrais
construire quelque chose ».
Il faut souligner que même quand certains salariés
souhaitent un temps partiel, les horaires qu'on leur impose ne leur conviennent
pas :
n°392 : « Un mi-temps m'intéresserait
à condition que les heures soient bien réparties ».
Les résultats de l'enquête montrent bien le
paradoxe du « sur travail » et du « sous emploi » avec
à la fois des personnels qui souhaiteraient travailler d'avantage, comme
nous venons de le voir et des salariés qui dépassent leurs
horaires habituels, sans en avoir toujours de contrepartie
rémunérée.
Ils sont plus de 1 sur 4 dans ce cas de manière
régulière ou occasionnelle. La proportion élevée
(30%) de salariés effectuant des heures supplémentaires
(payées ou récupérées) constitue également,
une forme de « sur travail » mal supporté par les
salariés :
n°24 : « réduire le temps de travail nous
travaillons chacun entre 50 et 66 heures par semaine ! »
Question 16. - Dépassez-vous les horaires de
votre contrat de travail ?
La proportion d'embauches en CDD qui dépasse les 80%
au niveau de l'entreprise et les 90% pour les employés ouvriers peu
qualifiés (fig.31), confirme bien le caractère de norme sociale
que ce contrat revêt, en lieu et place de la période d'essai
légale.
Cette catégorie de personnel qui représente
près d'1 salarié sur 10 dans les effectifs moyens mensuels et qui
ne compte que 3,5% de plus de 50 ans en 2005, apparaît bien ainsi, comme
une catégorie en perpétuel renouvellement vouée aux
tâches les moins gratifiantes de l'entreprise.
Les réponses obtenus dans notre enquête font
souvent état dans ces conditions de témoignages poignants
significatifs d'une souffrance récurrente :
Question 48 : Qu'est-ce qui vous semble prioritaire pour
améliorer votre vie ?
n°60 : « Garantir mon emploi, même en CDD ?
Nous ne sommes jamais vraiment sûr à l'heure actuelle c'est
envisager l'avenir des enfants, une maison, etc. »
n°377 « Pouvoir faire des projets à long
terme ».
· Cette pratique se traduit par une
rotation49 du personnel très importante pour les CDD (voir
Fig. 33). Elle atteint 67.1% en 2005 globalement et 271% pour les
employés ouvriers les moins qualifiés ! Cela correspond en
moyenne à près de 3 CDD par an pour le même poste de
travail. La série de données sur la période 1992-2005
montre une situation ancienne puisqu'en début de période
déjà la rotation atteignait 157%. Elle confirme le
caractère structuré de la politique de l'emploi dans
l'entreprise.
· Pour les CDI, au contraire, on constate (voir fig.32)
une rotation relativement faible en moyenne, qui atteint 12,9% en 2005,
même si on peut observer une pointe à 17,3% en 2002. La forte
pointe de 1994 n'a pas d'autre signification que technique, puisqu'elle
correspond à l'intégration du personnel Rallye. Ce sont les
cadres avec 6% et les employés ouvriers qualifiés avec 11,6% qui
sont le moins mobiles.
Nous avons calculé des indices de mobilité
externe ou taux de sortie de l'emploi50 en distinguant le
caractère contraint (licenciement, fin de CDD) du choix du
salarié (démission, retraite). Ce type d'indicateur peut nous
permettre d'approcher les comportements vis-à-vis de l'emploi et leur
évolution dans la période (voir annexe A, les aspects
méthodologiques).
49 Nous avons calculé la rotation par le rapport entre la
somme des embauches dans l'année et les effectifs au 31 décembre
de l'année précédente.
50 Ces indices sont calculés en rapportant le nombre
de départs (choisis ou contraints) à la somme des effectifs au 31
décembre de l'année précédente et du total des
embauches de l'année considérée.
Fig. 34
44%
64%
54%
34%
24%
14%
4%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
Evolution comparative des indices de mobilité
Total Casino (1992-2005)
Indice de mobilité imposée Indice de
mobilité choisie Indice total de mobilité
y = 0,0074x + 0,4009
y = 0,0005x + 0,0758
y = 0,0069x + 0,3251
Total Casino
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Indice de mobilité imposée
|
35,9%
|
32,7%
|
29,8%
|
36,3%
|
36,7%
|
36,5%
|
37,1%
|
39,0%
|
41,6%
|
39,6%
|
40,5%
|
38,3%
|
Indice de mobilité choisie
|
6,9%
|
10,4%
|
6,5%
|
7,2%
|
6,7%
|
7,5%
|
8,3%
|
9,3%
|
8,5%
|
8,0%
|
7,6%
|
8,2%
|
Indice total de mobilité
|
42,9%
|
43,1%
|
36,3%
|
43,4%
|
43,4%
|
44,0%
|
45,4%
|
48,4%
|
50,0%
|
47,6%
|
48,1%
|
46,4%
|
|
Fig. 35 Fig. 36
71%
61%
51%
41%
31%
21%
11%
1%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
Evolution comparative des indices de mobilité
des cadres (1992-2005)
Indice de mobilité imposée Indice de
mobilité choisie Indice total de mobilité
y = -0,0016x + 0,0572
y = -0,0015x + 0,1169
y = 4E-05x + 0,0597
41%
71%
61%
51%
31%
21%
11%
1%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
Evolution comparative des indices de mobilité
des maîtrise (1992-2005)
Indice de mobilité imposée Indice de
mobilité choisie Indice total de mobilité
y = 0,0002x + 0,0813
y = 0,0001x + 0,0601
y = 0,0003x + 0,1414
Cadres
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Indice de mobilité imposée
|
7,9%
|
4,6%
|
8,3%
|
4,0%
|
2,5%
|
1,4%
|
3,6%
|
4,7%
|
5,4%
|
5,0%
|
4,5%
|
4,5%
|
Indice de mobilité choisie
|
4,8%
|
6,1%
|
5,8%
|
5,5%
|
6,1%
|
5,8%
|
11,1%
|
5,5%
|
5,6%
|
4,5%
|
4,9%
|
6,3%
|
Indice total de mobilité
|
12,7%
|
10,7%
|
14,0%
|
9,4%
|
8,5%
|
7,2%
|
14,7%
|
10,2%
|
11,0%
|
9,5%
|
9,3%
|
10,8%
|
|
Maîtrise
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Indice de mobilité imposée
|
9,7%
|
4,1%
|
6,5%
|
5,5%
|
5,0%
|
3,9%
|
5,3%
|
6,3%
|
6,0%
|
7,2%
|
6,7%
|
6,7%
|
Indice de mobilité choisie
|
6,3%
|
11,7%
|
6,3%
|
7,9%
|
7,3%
|
8,7%
|
9,1%
|
9,5%
|
8,6%
|
7,4%
|
7,9%
|
8,1%
|
Indice total de mobilité
|
16,0%
|
15,8%
|
12,8%
|
13,4%
|
12,3%
|
12,7%
|
14,4%
|
15,8%
|
14,6%
|
14,7%
|
14,6%
|
14,9%
|
|
Fig. 37 Fig. 38
41%
71%
61%
51%
31%
21%
11%
1%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
Evolution comparative des indices de mobilité
des employés ouvriers 150 et plus (1 992-2005)
Indice de mobilité imposée Indice de
mobilité choisie Indice total de mobilité
y = 0,0267x - 0,0145
y = 0,0284x + 0,0637
y = 0,0017x + 0,0782
41%
71%
61%
51%
31%
21%
11%
1%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
y = 0,0158x + 0,585
Evolution comparative des indices de mobilité
des employés ouvriers < 150 (1992-2005)
Indice de mobilité imposée Indice de
mobilité choisie Indice total de mobilité
y = 0,01 78x + 0,5046
y = -0,002x + 0,0803
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Indice de mobilité imposée
|
7,8%
|
8,5%
|
6,9%
|
7,3%
|
6,3%
|
7,1%
|
10,3%
|
17,4%
|
26,1%
|
29,2%
|
31,6%
|
32,3%
|
Indice de mobilité choisie
|
6,1%
|
11,2%
|
6,6%
|
8,2%
|
8,2%
|
9,0%
|
9,6%
|
11,0%
|
10,1%
|
9,4%
|
8,9%
|
9,1%
|
Indice total de mobilité
|
13,9%
|
19,7%
|
13,5%
|
15,6%
|
14,5%
|
16,1%
|
19,9%
|
28,4%
|
36,2%
|
38,6%
|
40,5%
|
41,4%
|
|
Employés ouvriers coef, <150
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Indice de mobilité imposée
|
53,4%
|
51,0%
|
48,9%
|
58,5%
|
61,8%
|
65,9%
|
67,8%
|
66,2%
|
66,6%
|
65,9%
|
69,8%
|
68,4%
|
Indice de mobilité choisie
|
7,5%
|
10,0%
|
6,5%
|
6,5%
|
5,6%
|
6,2%
|
6,8%
|
8,0%
|
6,7%
|
6,1%
|
5,1%
|
5,8%
|
Indice total de mobilité
|
60,9%
|
61,0%
|
55,4%
|
65,1%
|
67,4%
|
72,1%
|
74,6%
|
74,2%
|
73,3%
|
72,0%
|
74,9%
|
74,2%
|
|
Source : Bilans sociaux Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
ISST - Paris I - DEA Politiques Sociales et
Société 2006 / D. Sanchis sous la direction de M. J.M. MONNIER
72
Les graphiques ci-contre font ressortir plusieurs
résultats significatifs :
· Ce sont les cadres dont l'indice total est le plus
faible (autour de 10%), même si il est proche de celui des agents de
maîtrise (autour de 15%). Pour l'encadrement, cet indice total se
répartit en parts équivalentes entre l'obligation et le choix de
la mobilité. Ils sont globalement stables sur l'ensemble de la
période considérée.
· On observe, parallèlement, une forte
progression pour la mobilité imposée parmi les deux
catégories d'employés ouvriers. Celle-ci est multipliée
par 4 pendant la période pour atteindre 32,3% pour les coefficients 150
et plus et passe de 53,4 à 68,4% pour les coefficients inférieurs
à 150. Par contre, les indices de mobilité choisie pour les deux
catégories se révèlent également stables et
à un niveau faible, tout comme pour l'encadrement.
Ces indices rendent compte d'un taux de sortie moyen de
l'emploi dans l'entreprise qui englobe à la fois le « noyau stable
» composé de l'encadrement, de la majorité des
employés et ouvriers qualifiés et d'une très faible part
des employés ouvriers de coefficient inférieur à 150 qui
correspond pour l'essentiel, comme nous l'avons vu précédemment,
à un statut provisoire lié à une période d'essai de
fait.
L'analyse de l'évolution de l'ancienneté
moyenne, va nous permettre de mieux caractériser chez Casino, les
phénomènes de précarité et d'instabilité qui
suscitent un vif débat entre les économistes du travail. Ce
débat oppose les « évolutionnistes », qui
diagnostiquent une hausse de l'instabilité de l'emploi et les «
fixistes », qui récusent ce diagnostic (L'HORTY Y. 2004 et RAMAUX
Ch. 2006).
15
13
11
9
7
5
3
1
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
2005
y = -0,0111x + 15,551
y = 0,1775x + 9,0373
y = -0,2391x + 4,736
Evolution comparative de l'ancienneté moyenne
par catégorie (1992-2005)
Cadres
Maîtrise
Employés ouvriers coef. 150 et + Employés ouvriers
coef, <150
y = 0,066x + 11,617
y = -0,1106x + 11,783
Fig. 39
Source : Bilans
sociaux Casino
1992 - 2005 et calculs personnels
Ancienneté moyenne
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
15,9
|
15,8
|
15,0
|
15,4
|
15,4
|
15,3
|
15,3
|
15,7
|
15,6
|
15,4
|
15,5
|
15,6
|
15,3
|
Maîtrise
|
12,4
|
11,5
|
11,3
|
11,2
|
10,9
|
10,8
|
11,0
|
11,3
|
10,2
|
10,5
|
10,6
|
10,8
|
10,7
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
11,3
|
11,5
|
11,5
|
12,0
|
12,1
|
12,3
|
12,6
|
13,0
|
12,2
|
11,8
|
12,0
|
12,3
|
12,3
|
Employés ouvriers coef, <150
|
4,3
|
4,3
|
5,1
|
4,6
|
3,9
|
2,6
|
1,7
|
1,9
|
2,1
|
2,1
|
2,3
|
2,4
|
2,5
|
Total Casino
|
9,2
|
9,2
|
9,5
|
9,8
|
10,0
|
10,3
|
10,6
|
10,8
|
10,2
|
10,5
|
10,9
|
11,3
|
11,4
|
|
Le graphique (fig.39) montre une ancienneté moyenne en
augmentation significative (+24,4%), mais qui résulte de plusieurs
phénomènes distincts :
· Une seule catégorie, celle des
employés ouvriers de coefficient 150 et plus enregistre une progression
de l'ancienneté moyenne pendant la période. Cette progression de
+8,7%, ne se vérifie que de 1992 à 1999. Depuis 2001,
l'ancienneté reste stable.
· L'ancienneté moyenne de cadres baisse très
légèrement (-4,3%), mais affiche une courbe de tendance quasi
horizontale (pente de 0,01).
· L'ancienneté moyenne des agents de
maîtrise affiche une baisse plus significative (-14,2%, pente de -0,11),
mais là encore, la baisse se concentre sur la période 1992-1997
et on assiste plutôt à une progression depuis 2001.
· Pour les employés ouvriers de coefficient
inférieur à 150, on constate une baisse de l'ancienneté
moyenne très significative (-41,4% et une pente de -0,24), avec une
rupture de tendance en 1999, à partir de quand s'affiche une progression
continue. Néanmoins, l'élément majeur, pour cette
catégorie et bien une ancienneté moyenne très faible (5
fois inférieure à celle de leurs homologues plus
classifiés. Cet écart, confirme bien une caractérisation
de cette catégorie qui relève plus de la précarité
statutaire et contractuelle que de la grille de classification
professionnelle.
· Enfin, la progression notable, du poids des
employés ouvriers de coefficient 150 et plus pendant la période,
explique l'augmentation globale de l'ancienneté moyenne.
L'analyse de la proportion de salariés ayant moins d'un
an de présence dans l'entreprise au 31 décembre confirme les
éléments précédents (fig. 40).
46%
41%
36%
31%
26%
21%
16%
11%
6%
1%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004
2005
y = 0,0009x + 0,092
y = 0,0066x + 0,3734
y = 0,0107x - 0,0096
Evolution comparative du % moyen de salariés
dont la présence est < à 1 an par catégorie (1
992-2005)
Cadres
Maîtrise
Employés ouvriers coef. 150 et + Employés ouvriers
coef, <150
y = 0,0016x + 0,0147
y = 0,0005x + 0,1419
Fig. 40
% salariés < 1 an de
présence
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
2,9%
|
1,5%
|
1,4%
|
1,4%
|
1,8%
|
2,6%
|
3,6%
|
2,9%
|
3,1%
|
2,1%
|
2,5%
|
3,3%
|
4,7%
|
Maîtrise
|
5,5%
|
9,4%
|
8,4%
|
12,4%
|
13,2%
|
10,2%
|
9,3%
|
8,8%
|
13,3%
|
10,4%
|
8,3%
|
9,0%
|
9,9%
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
2,4%
|
2,3%
|
2,0%
|
2,2%
|
2,5%
|
2,8%
|
4,8%
|
6,5%
|
12,4%
|
12,7%
|
11,8%
|
11,0%
|
12,0%
|
Employés ouvriers coef, <150
|
39,0%
|
33,3%
|
35,3%
|
38,5%
|
41,0%
|
46,6%
|
47,5%
|
46,1%
|
46,3%
|
47,3%
|
41,7%
|
39,0%
|
43,9%
|
Total Casino
|
15,9%
|
14,0%
|
13,8%
|
14,3%
|
13,4%
|
12,6%
|
13,0%
|
14,3%
|
18,6%
|
16,8%
|
14,5%
|
13,1%
|
14,2%
|
|
Source : Bilans sociaux Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
On se trouve bien devant un phénomène de
marginalisation provisoire51 d'une partie du personnel
constituée, pour l'essentiel par des jeunes, embauchés en CDD, en
intérim ou en sous-traitance, qui ne rendent pas le travail plus
instable, mais qui participent nettement à imposer une
représentation d'insécurité professionnelle
structurée. Cette représentation est amplifiée par le
poids du chômage qui a touché plus d'un salarié sur deux
à Casino et plus de 2 sur 3 des 30-40 ans.
20. - Avez-vous déjà été au
chômage ?
Chômage
jamais 1 fois plusieurs fois
TOTAL
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
47,3%
38,0%
14,7%
45,5% 48,9%
36,9% 36,0%
17,6%
15,0%
TOTAL
100,0%
46,8%
37,5%
15,6%
19. - Si vous avez déjà changé
d'entreprise, c'est suite à ?
moins de 25 de 25 à 30 de 30 à 35 de 35 à
40 de 40 à 45 de 45 à 50 de 50 à 55 55 et plus
TOTAL
Chgmt entreprise
15,9%
64,2%
50,8%
30,4%
6,0%
8,4%
66,7%
64,7%
39,2%
licenciement économique fin CDD fin de
stage licenciement autre cause vous avez démissionné
14,9% 9,1% 4,5% 6,4% 0,0% 4,1% 2,4% 0,0%
13,4% 20,8% 28,6% 42,2% 52,8% 65,6%
4,5% 11,2% 19,6% 20,2% 21,7% 13,9% 21,4% 29,4%
3,0% 8,1% 8,9% 8,3% 9,4% 11,5% 7,1% 5,9%
38,4% 22,9% 16,0% 4,9% 2,4% 0,0%
TOTAL
100,0%
100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
100,0%
Entreprise
TOTAL
Chgmt entreprise
16,3%
14,7%
16,6%
16,0%
33,7%
27,6% 30,6%
30,1%
6,2%
8,4%
34,8%
40,0%
39,8%
39,3%
TOTAL
100,0%
licenciement économique fin CDD fin de
stage licenciement autre cause vous avez démissionné
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
6,5% 7,1% 5,7%
8,7% 10,7% 7,2%
Age_C
(chi2 = 216,46, ddl = 28, 1-p = 99,99%).
Les réponses de l'enquête montrent
également des changements d'entreprise avant l'emploi chez Casino suite
à une démission dans 4 cas sur 10, mais surtout, suite à
une fin de CDD ou de stage (36,3%) et après un licenciement (23,8%). En
d'autres termes et pour reprendre Jean DE LA FONTAINE : « Ils n'en
mouraient pas tous, mais tous (une majorité, en l'occurrence)
étaient touchés ». Les témoignages des
salariés sont sans ambiguïté sur les conséquences
d'un tel processus :
Question 48 n°69 : « A 52 ans,
je n'ai pas la possibilité de faire autre chose je voudrais garder mon
emploi jusqu'à la retraite avec toutes les garanties et pouvoir
bénéficier des avantages de la SS pour me soigner dans de bonnes
conditions ».
51 Nous utilisons le terme de provisoire, dans la mesure ou
plusieurs études (LEFRESNE, 2003, MARCHAL et alii, 2004, RAMAUX, 2006) ,
ont montré que la très grande majorité de ces jeunes ont
trouvé un emploi stable dans les trois ans qui suivent leur
entrée dans le monde du travail.
Cela nous amène à interroger les
résultats économiques et financiers de l'entreprise afin de les
confronter au champ des possibles, démarche nécessaire à
l'élaboration de pistes alternatives qui participent à une
approche plurielle des performances des entreprises.
D. Des résultats d'activités
relativement performants mais une affectation de la valeur ajoutée peu
favorable aux salariés.
Incontestablement, Casino est un exemple de réussite,
de celles qui restent dans les annales des histoires d'entreprise et des sagas
familiales d'entrepreneurs cités en exemple. Pourtant, à travers
les analyses que nous venons d'évoquer, on voit bien le danger d'une
simplification réductrice dont la distinction, voire l'opposition, entre
« l'économique et le social » est porteuse.
Il nous paraît donc utile, d'explorer les performances
de l'entreprise en confrontant plusieurs indicateurs différents
permettant de les évaluer au regard des intérêts de ses
différents acteurs.
a) Des indicateurs de productivité apparente du
travail qui montrent une forte tendance à son intensification
Les rendements de la surface de vente en chiffre d'affaires
et en valeur ajoutée, ont affiché (fig. 41) une progression
moyenne jusqu'en 2003, puis une chute sensible dans les deux dernières
années en raison de la conjoncture.
Fig. 41 Fig. 42
145
140
135
130
125
120
115
110
105
100
95
90
85
80
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Evolution comparée des indices de
productivité de la surface de vente
CA / m2 (K€ constants)
VA / m2 (K€ constants)
Linéaire (VA / m2 (K€ constants))
y = 0,2303x + 98,913
y = 0,1658x + 101,08
145
140
135
130
125
120
115
110
105
100
95
90
85
80
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Evolution comparée des indices de
productivité des salariés par m2
y = 3,5309x + 91,31
Surface de vente / salarié (m2) Surface de
vente / HT (m2)
y = 2,0058x + 93,097
Indicateurs
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Surface de vente en milliers de m2
|
100,0
|
96,9
|
100,6
|
103,4
|
106,3
|
107,3
|
107,4
|
108,9
|
111,0
|
108,4
|
113,0
|
122,0
|
CA / m2 (K€ constants)
|
100,0
|
102,1
|
98,5
|
96,5
|
95,2
|
97,0
|
100,9
|
105,1
|
106,4
|
109,5
|
102,1
|
91,4
|
VA / m2 (K€ constants)
|
100,0
|
99,5
|
97,4
|
101,0
|
103,9
|
105,9
|
96,7
|
105,7
|
110,0
|
116,6
|
106,5
|
82,5
|
Surface de vente / salarié (m2)
|
100,0
|
97,0
|
98,2
|
99,5
|
101,0
|
104,7
|
107,0
|
110,1
|
110,1
|
106,4
|
114,1
|
125,5
|
Surface de vente / HT (m2)
|
100,0
|
99,0
|
101,6
|
104,4
|
106,4
|
109,5
|
111,8
|
123,4
|
123,7
|
121,0
|
128,8
|
141,5
|
|
Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
C'est ainsi, qu'en 2005, on observe un CA au m2 en
baisse de -8,6% par rapport à 199452 en € constants et
une VA au m2 en baisse de -17,5% sur la même période.
Ces résultats sont confirmés par l'évolution de
l'efficacité du capital (VA / Total Immobilisations brutes) dont la
tendance lourde à la baisse se traduit par un ratio divisé par 3
depuis 1992, même si on assiste à une stabilisation depuis
2001.
Fig. 43 Fig. 4453
180%
170%
160%
150%
140%
130%
120%
110%
100%
40%
90%
80%
70%
60%
50%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005
Evolution comparée de
l'éfficacité du capital et de la productivité apparente
du travail (1 992-2005
Efficacité du capital (VA/Immo B) VA / FP
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005
Evolution comparée de la rentabilité
économique et de celle des capitaux propres (1 992-2005
Rentabilité capitaux propres (Profit total net / CP)
Rentabilité économique (EBE/CP)
Ratios financiers
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Rentabilité économique (EBE/CP)
|
23,1%
|
5,6%
|
42,0%
|
38,6%
|
42,3%
|
52,3%
|
65,1%
|
68,9%
|
27,7%
|
37,0%
|
41,7%
|
38,8%
|
15,7%
|
8,4%
|
Rentabilité capitaux propres (Profit total net / CP)
|
5,0%
|
0,9%
|
12,4%
|
8,6%
|
12,3%
|
17,3%
|
23,7%
|
24,7%
|
8,6%
|
17,4%
|
17,3%
|
13,9%
|
7,5%
|
5,4%
|
Efficacité du capital (VA/Immo B)
|
168,5%
|
118,6%
|
93,4%
|
83,5%
|
81,6%
|
78,7%
|
80,7%
|
78,3%
|
49,1%
|
53,7%
|
54,8%
|
54,4%
|
56,4%
|
56,4%
|
VA / FP
|
123,6%
|
127,1%
|
126,3%
|
127,1%
|
128,9%
|
134,2%
|
139,0%
|
141,0%
|
147,3%
|
157,6%
|
160,1%
|
163,8%
|
162,8%
|
162,8%
|
|
Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
A l'inverse, on peut relever une forte augmentation du nombre
moyen de m2 par salarié qui progresse sur la période
de +25,5% et pour le nombre de m2 par heure travaillée de
+41,5%. Il s'agit d'un premier indice d'une intensification du travail,
corroboré par l'évolution du ratio Valeur ajoutée / Frais
de personnel qui mesure l'évolution de la productivité apparente
du travail d'un point de vue comptable (fig.43). La parole des salariés
dans l'enquête confirme également ces résultats :
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
Charge Trav.
normale trop importante pas assez importante ne sait
pas
52,7%
38,9% 48,8%
2,3% 1,0% 3,4%
6,1% 1,0% 2,9%
49,1%
44,9%
48,7%
TOTAL
100,0% 100,0% 100,0%
TOTAL
46,8%
47,7%
2,7%
2,8%
100,0%
34. - Votre charge de travail est-elle ?
52 Nous n'avons pas pu utiliser la même période
1992-1 994, en raison d'une comptabilisation différente de la surface de
vente et des données comptables suite à l'intégration du
groupe rallye en 1992.
53 Le décrochage des courbes que l'on constate sur ce
graphique n'ont qu'une signification technique et correspondent au changement
de périmètre comptable considéré par Casino en 2000
avec la filialisation qui a séparé les comptes du siège,
des entrepôts et des magasins.
Question 48
N° 343 : « moins de fatigue, plus de temps libre
donc meilleures conditions dans le travail »
N° 7 : « le partage du temps de travail doit
être prioritaire pour le bien être de chacun avec une
réduction du temps de travail sans baisse proportionnelle du salaire
mais aussi comme axe de réflexion contre le chômage
».
N° 14 : « ... effectif convenant à la
charge de travail »
N° 49 : « Avoir plus de loisirs pour être
davantage au service du client. Moins de travail = bonne humeur ».
29. - Qu'est ce qui a le plus changé dans votre
travail depuis votre embauche ?
Chang.Trav.
les technologies l'organisation du travail la baisse des
effectifs la charge de travail ne sait pas
TOTAL
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
28,2% 30,5%
22,2%
31,0%
12,9% 12,1% 11,2%
5,6% 1,3% 2,9%
29,2% 30,6%
26,9% 30,0%
25,2%
TOTAL
100,0%
26,9%
29,4%
29,3%
11,6%
2,8%
L'augmentation de la charge de travail et la baisse des
effectifs sont les éléments considérés par les
salariés, comme ceux qui ont le plus changé depuis leur embauche.
Ils sont près de 1 sur 2 (48,7%) à juger leur charge de travail
trop importante (question 34). On notera les aspirations à la
réduction du temps de travail exprimées dans l'enquête
réalisée en 1997, avant l'accord de RTT mis en place en 1999.
Dans le même sens, on peut souligner que cet accord ne s'est nullement
traduit par une baisse de la productivité apparente du travail (fig.
43). C'est au contraire la période où elle a évolué
le plus, ce qui montre que ce sont les salariés qui se sont «
financé » leur RTT par une hausse de productivité,
malgré les dispositions de l'accord sur la stabilisation des salaires.
L'ensemble de ces résultats, met en évidence une intensification
du travail que l'on peut mettre en relation avec la dégradation de
l'état de santé des salariés54.
Par ailleurs, les indicateurs de rentabilité
économique55 et de rentabilité des
capitaux56 (fig. 44), montrent des évolutions et des niveaux
tout à fait honorables. Cette dernière affiche même un
niveau supérieur aux 20%, admis comme étant la norme d'exigence
des marchés financiers aujourd'hui en 1998 et en 1999. Si les niveaux
ont baissé à partir de 2000, c'est à la fois lié au
changement de périmètre, qui ne comptabilise plus, à
partir de cette date que les magasins57 et à une conjoncture
concurrentielle dégradée depuis cette date.
Il convient, par conséquent, d'expliquer les raisons
de ces données en apparente contradiction, en sachant que la hausse de
la productivité apparente du travail, suggère une
réduction du « coût du travail ».
54 De nombreux travaux ont été
réalisés sur le lien entre intensification, densification du
travail et santé. Nous pouvons citer ISERES (2001), POITOU (2005),
MENAHEM (2000), THERY et coll. (2006), KERGOAT J., BOUTET J., JACOT H.,
LINHARDT D. et coll. (1999), CARTRON D. (1999), BAUDELOT C., GOLLAC M. et
collectif (2002), etc.
55 Nous avons calculé la rentabilité
économique par le rapport entre l'excédent brut d'exploitation
(EBE) et les capitaux permanents.
56 Rapport entre le profit total net et les capitaux propres.
Elle constitue la rémunération de l'actionnaire.
57 La création du groupe CASINO, qui fait figure de
holding en 2000, absorbe une partie de la rentabilité, notamment, par le
biais des frais de groupe qui lui sont versés (comptabilisés dans
les charges externes).
Fig. 45 Fig. 46
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005
Evolution de la répartition en % de la Valeur
ajoutée (1992-2005)
Coût personnel
(Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
Etat (Impôts exploit.+Impôts
bénéf.-Subventions exploit.)
Profit total net
660
610
560
510
460
410
360
310
260
210
160
110
60
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005
Evolution comparée du coût du personnel
avec le profit et les dividendes (1 992-2005)
Montant total distribué aux actionnaires
Profit total net
Coût personnel
(Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
y = 44,567x - 6,0704
y = -0,7518x + 93,305
y = 18,344x + 63,949
Répartition de la VA (en %)
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Coût personnel
(Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
|
83,4%
|
80,5%
|
79,7%
|
78,1%
|
76,7%
|
75,6%
|
71,9%
|
69,4%
|
70,9%
|
64,6%
|
64,0%
|
62,8%
|
59,5%
|
66,9%
|
Etat (Impôts exploit.+Impôts
bénéf.-Subventions exploit.)
|
7,2%
|
7,7%
|
7,5%
|
9,3%
|
10,9%
|
12,6%
|
10,7%
|
11,9%
|
13,8%
|
14,7%
|
13,8%
|
13,8%
|
13,0%
|
7,9%
|
Profit total net
|
9,4%
|
11,8%
|
12,9%
|
12,6%
|
12,4%
|
11,8%
|
17,4%
|
18,7%
|
15,3%
|
20,7%
|
22,2%
|
23,4%
|
27,4%
|
25,2%
|
|
€ constants 2005 par salarié
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Coût personnel
(Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
|
100,0
|
93,8
|
91,3
|
87,5
|
85,6
|
86,3
|
87,0
|
88,8
|
75,6
|
85,2
|
87,3
|
87,3
|
86,0
|
85,6
|
Profit total net
|
100,0
|
123,2
|
139,4
|
130,5
|
129,8
|
126,8
|
197,9
|
224,6
|
171,9
|
249,8
|
278,7
|
298,1
|
359,6
|
293,2
|
Montant total distribué aux actionnaires
|
100,0
|
96,3
|
165,2
|
111,9
|
155,8
|
215,6
|
290,9
|
316,3
|
306,5
|
581,4
|
562,5
|
525,5
|
675,8
|
490,8
|
|
Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
Problèmes méthodologiques dans le calcul
des soldes intermédiaires de gestion :
La valeur ajoutée : Elle est le
résultat du solde entre le chiffre d'affaires et les consommations
intermédiaires (achats consommés + charges externes).
Mais les normes comptables ne permettent pas toujours une
bonne appréciation économique des grandeurs utilisées dans
les comptes sociaux des entreprises. Les principales difficultés sont
liées au classement des différents postes de charges externes.
Par exemple, les rémunérations des personnels
intérimaires et celui des entreprises sous-traitantes figurent dans ces
dernières. Il convient, par conséquent, quand c'est possible de
les reclasser dans les coûts de personnel. La plupart des experts
comptables, le font dans leurs rapports sur les comptes annuels pour les
comités d'entreprise.
D'autres postes, peuvent contribuer à minorer la valeur
ajoutée et, par conséquent, le résultat d'exploitation. On
peut citer, notamment :
· Les redevances immobilières, notamment, dans le
cas où le propriétaire des locaux est lié à
l'actionnaire principal, ce qui peut faire évoluer les loyers selon des
critères autres que celui du prix de marché.
· Les frais de siège et autres frais versées
à des filiales appartenant au même groupe, dont la
réalité peut être discutée.
Dans le cas de Casino, on ces difficultés, du fait
d'un niveau de détail insuffisant dans les données
financières que nous avons pu traiter. On a pu, néanmoins,
surmonter ces difficultés, en rapprochant certaines données non
comptables (par exemple le nombre des intérimaires et le nombre de
salariés dépendant d'entreprises extérieures (obtenues
dans les bilans sociaux) pour vérifier que cela n'altérait pas la
pertinence de nos analyses.
Le coût du travail : Nous l'avons
calculé en additionnant les salaires et traitements, les cotisations
sociales, l'intéressement et la participation et après
déduction des 10 plus hauts salaires de l'entreprise que nous avons
réintégré dans le profit total net.
Le profit total net : Nous l'avons
calculé en déduisant le coût du travail et les impôts
(d'exploitation et des sociétés) de la valeur ajoutée et
en ajoutant les résultats financier et exceptionnel. Il permet ainsi de
mesurer le profit total net disponible pour les actionnaires et pour le
financement de l'entreprise.
|
|
ISST - Paris I - DEA Politiques Sociales et
Société 2006 / D. Sanchis sous la direction de M. J.M. MONNIER
79
b) Une réduction du « coût du travail
» qui s'accompagne d'une hausse spectaculaire de la
rémunération des actionnaires
Le « coût du travail » serait la «
bête noire » de notre compétitivité et, par
corollaire, à la source des difficultés de notre économie.
Il concentre donc, toute l'attention des managers dans la gestion de leur
centre de profit et celle des pouvoirs publics dans la définition des
politiques sociales visant à réduire son poids. Chez Casino, on
observe des résultats qui vont à l'encontre des idées
reçues sur ce sujet.
La répartition de la valeur ajoutée (fig. 45)
qui mesure la richesse créée par l'entreprise, fait
apparaître une baisse de 16,5 points de la part
affectée58 aux salariés pendant la
période 1992-2005. Simultanément, si la part de
l'Etat59 est restée globalement stable (+0,5 point), le solde
disponible pour le financement de l'entreprise et pour la
rémunération des actionnaires a presque triplé pour passer
de 9,4% de la valeur ajoutée en 1992, à 25,2% en 2005 !
On peut noter une évolution parallèle, pour
l'ensemble du secteur des grandes surfaces (Comptes Commerciaux de la Nation,
2003). Tandis que la part des frais de personnel dans la valeur ajoutée
a diminué de 1997 à 2001 (de 69,1% à 62,4%), celle du
profit brut a fortement augmenté dans le même temps (de 21,4%
à 28,8%).
14%
13%
12%
11%
10%
9%
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005
Evolution comparée des charges externes avec le
coût du personnel en % du CA (1992-2005)
Autres charges externes en % du CA
Coût du personnel en % du CA
y = -0,0026x + 0,1231
y = -0,0003x + 0,1 092
Fig. 47
Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et
calculs personnels
Evolution comparée charges externes /
personnel
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Autres charges externes en % du CA
|
10,7%
|
10,2%
|
10,3%
|
10,7%
|
10,8%
|
11,1%
|
11,6%
|
12,0%
|
11,3%
|
10,5%
|
10,5%
|
9,9%
|
9,7%
|
10,7%
|
Coût du personnel en % du CA
|
12,9%
|
11,3%
|
11,2%
|
10,9%
|
10,9%
|
11,1%
|
11,1%
|
11,0%
|
9,2%
|
9,1%
|
9,2%
|
9,2%
|
9,1%
|
9,2%
|
|
On voit bien dans la fig. 47, une baisse beaucoup moins
importante pour les charges externes, que pour les frais de personnel au point
de dépasser ces derniers en poids dans le CA depuis 1996. Encore,
faut-il souligner, que le poids du personnel extérieur
(intérim+sous-traitance) a baissé pendant la période (de
11,5% des effectifs moyens mensuels en 1992 à 9,3% en 2005), alors que
leur coût est comptabilisé dans les charges externes (LORINO,
1989).
58 Nous préférons utiliser le terme
d'affectation, plutôt que celui de répartition communément
répandu, mais qui évoque des métaphores du type de celle
de « la répartition du gâteau », que nous ne
considérons pas pertinente. Paul BOCCARA a bien montré dans ses
travaux (1985) l'intérêt de privilégier le concept
d'affectation que nous reprenons.
59 Impôts d'exploitation-subventions+impôts sur les
bénéfices.
360
340
320
300
280
260
240
220
200
180
160
140
120
100
Evolution des rémunérations, de
l'intéressement et de la participation (1992-2005)
Salaire moyen annuel (hors 10 + hauts) Cotisations sociales
Intéressement + participation
y = -0,4777x + 92,71
y = 16,865x + 86,371
y = -2,2074x + 94,467
Fig. 48
Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et
calculs personnels
80
60
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005
€ constants 2005 par salarié
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Salaire moyen annuel (hors 10 + hauts)
|
100,0
|
94,4
|
91,8
|
88,5
|
86,7
|
87,4
|
87,5
|
88,8
|
77,7
|
86,5
|
88,8
|
89,2
|
89,5
|
91,2
|
Cotisations sociales
|
100,0
|
94,1
|
90,1
|
83,9
|
76,5
|
75,8
|
80,0
|
80,2
|
60,4
|
67,3
|
71,4
|
70,7
|
69,2
|
71,1
|
Intéressement
|
100,0
|
76,2
|
118,0
|
125,0
|
172,1
|
203,4
|
209,2
|
204,8
|
205,7
|
341,8
|
289,9
|
302,3
|
228,9
|
87,3
|
Participation
|
100,0
|
65,9
|
48,8
|
98,8
|
255,6
|
272,7
|
172,6
|
347,0
|
396,0
|
399,2
|
428,1
|
443,4
|
434,6
|
318,1
|
Intéressement + participation
|
100,0
|
73,3
|
98,4
|
117,6
|
195,7
|
223,0
|
198,8
|
245,0
|
259,5
|
358,0
|
329,0
|
342,2
|
287,0
|
152,5
|
Coût personnel
(Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
|
100,0
|
93,8
|
91,3
|
87,5
|
85,6
|
86,3
|
87,0
|
88,8
|
75,6
|
85,2
|
87,3
|
87,3
|
86,0
|
85,6
|
|
L'analyse de l'évolution du coût moyen du
travail par salarié est tout aussi éclairante (fig. 46 et 48). Il
a baissé en euros constants de -14,4%, tandis que le profit total net
était multiplié par trois et le montant distribué aux
actionnaires par près de cinq (fig.46).
Cette baisse du pouvoir d'achat du salaire moyen est la
résultante de l'évolution des quatre composantes que sont le
salaire moyen, le glissement vieillesse technicité, les cotisations
sociales et la somme de l'intéressement et de la participation aux
bénéfices de l'entreprise :
· Le salaire moyen : Il s'agit
d'une grandeur moyenne résultant des salaires payés aux
salariés présents en partie ou en totalité dans
l'entreprise pendant l'année considérée. Elle ne
reflète donc pas l'évolution du salaire d'un même
salarié qui aurait été présent pendant toute la
période considérée (1992-2005), mais la masse salariale
moyenne de chaque année. Elle inclut, par conséquent, les effets
du glissement vieillesse technicité positif (promotions) et
négatif (salaire d'embauche inférieur à celui d'un partant
à poste égal).
Ce salaire moyen a baissé de -8,8% pendant la
période en euros constants. Et pourtant, le changement de la structure
de qualification et de classification qui est intervenu pendant la
période a contribué à augmenter le niveau moyen de
qualification et de classification. En effet le poids des cadres est
passé de 5,2 à 5,7% des heures travaillées ; celui des
agents de maîtrise de 10,8 à 12,4% ; celui des employés
ouvriers au coefficient égal ou supérieur à 150 de 47,5
à 71,5% : tandis que celui des employés ouvriers au coefficient
< à 150, a été ramené de 36,5 à 10,4%
(voir fig. 49).
Le graphique montre une substitution progressive entre les
deux catégories d'employés-ouvriers liée non pas à
une promotion des employés ouvriers < 150 dans la catégorie
supérieure, mais au différentiel entre le SMIC et les minima des
salaires d'embauche dans la grille Casino, dont un nombre de niveaux toujours
plus grand n'atteint
Les exonérations de cotisations sociales et
les contrôles de l'URSSAF dans les entreprises :
On compte aujourd'hui, pas moins de 46 dispositifs
différents en vigueur visant à exonérer les entreprises de
tout ou partie de leurs obligations en matière de cotisations sociales.
C'est, toujours le levier majeur de tous les dispositifs mis en place dans le
cadre des politiques sociales visant à soutenir l'emploi. En 2005, ces
dispositifs représentent, l'équivalent de 23 milliards d'euros,
soit environ le double du déficit des comptes de la protection sociale
et 5% des recettes totales.
En 2005, les 1500 contrôleurs de l'URSSAF ont
procédé à 112.000 vérifications dans les
entreprises. Ils ont opéré à des redressements dans 55%
des cas, contre 45% en 2002. S'il s'agit d'un taux moyen, celui-ci atteint 89%
en 2005, pour les entreprises de plus de 200 salariés. C'est pourtant
les plus grandes entreprises qui ont le plus de moyens pour se retrouver dans
le dédale des textes réglementaires. On ne peut s'empêcher
de rapprocher ces taux de celui de 10% des salariés
considérés prendre des congés maladie de manière
abusive, dans les estimations les plus pessimistes (Gallois P. 2005). Encore,
faut-il rappeler que d'après Daniel LENOIR, Directeur
Général de la CNAM, la « fraude » des salariés,
ne représenterait que 6% des sommes remboursées.
En 2005 les contrôles dans les entreprises ont
donné lieu à un redressement net total en faveur de l'URSSAF de
587 millions d'euros.
On peut, par conséquent faire une estimation du manque
à gagner lié aux sous déclarations des entreprises de
l'ordre de 14 milliards d'euros en 2005, en faisant l'hypothèse d'une
distribution équivalente de la sous déclaration entre
l'échantillon contrôlé et l'ensemble des entreprises
redevables.
75%
65%
55%
45%
35%
25%
15%
5%
Evolution du poids des catégories dans le total
des heures payées (1992-2005)
Cadres
Maîtrise
Employés ouvriers coef. 150 et + Employés ouvriers
coef, <150
Fig. 49
Nb Heures par salarié
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cadres
|
5,2%
|
5,7%
|
5,6%
|
5,4%
|
5,4%
|
5,7%
|
5,9%
|
5,9%
|
5,9%
|
4,8%
|
5,1%
|
5,2%
|
5,5%
|
5,7%
|
Maîtrise
|
10,8%
|
11,0%
|
11,4%
|
11,0%
|
11,3%
|
11,6%
|
11,9%
|
12,2%
|
12,2%
|
11,4%
|
11,8%
|
11,7%
|
12,2%
|
12,4%
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
47,5%
|
48,1%
|
49,4%
|
52,7%
|
52,7%
|
59,7%
|
62,9%
|
62,2%
|
62,2%
|
61,1%
|
65,2%
|
68,6%
|
70,4%
|
71,5%
|
Employés ouvriers coef, <150
|
36,5%
|
35,2%
|
33,6%
|
31,0%
|
30,6%
|
23,0%
|
19,4%
|
19,7%
|
19,7%
|
22,7%
|
18,0%
|
14,5%
|
11,9%
|
10,4%
|
|
Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
pas le SMIC. Ce changement structurel des qualifications pour
cette catégorie résulte d'un artifice technique qui ne modifie
pas le rapport salarial. C'est ainsi,
Cat
|
|
Minimas Casino DCF
|
|
|
|
31/12/2000
|
01/07/2001
|
01/10/2002
|
01/07/2003
|
01/07/2004
|
1A
|
980,40
|
1
|
011,66
|
1
|
053,23
|
1
|
100,44
|
1
|
135,34
|
1
|
191,73
|
1B
|
980,40
|
1
|
014,55
|
1
|
053,23
|
1
|
110,00
|
1
|
135,34
|
1
|
191,73
|
2A
|
980,40
|
1
|
021,41
|
1
|
053,23
|
1
|
119,55
|
1
|
135,34
|
1
|
191,73
|
2B
|
1 007,54
|
1
|
058,31
|
1
|
070,78
|
1
|
151,23
|
1
|
151,23
|
1
|
191,73
|
3A
|
1 013,94
|
1
|
066,39
|
1
|
084,10
|
1
|
165,51
|
1
|
165,51
|
1
|
191,73
|
3B
|
1 040,01
|
1
|
177,06
|
1
|
190,85
|
1
|
280,31
|
1
|
280,31
|
1
|
269,73
|
4A
|
1 070,50
|
1
|
194,75
|
1
|
214,64
|
1
|
305,92
|
1
|
305,92
|
1
|
295,13
|
4B
|
1 222,18
|
1
|
295,97
|
1
|
317,50
|
1
|
409,66
|
1
|
409,66
|
1
|
398,02
|
5
|
|
1
|
295,97
|
1
|
396,00
|
1
|
480,00
|
1
|
510,00
|
1
|
510,00
|
6
|
|
1
|
417,78
|
1
|
527,00
|
1
|
613,00
|
1
|
645,00
|
1
|
645,00
|
7
|
|
1
|
823,29
|
1
|
964,00
|
2
|
081,00
|
2
|
122,00
|
2
|
122,00
|
8
|
|
2
|
210,51
|
2
|
381,00
|
2
|
522,00
|
2
|
572,00
|
2
|
572,00
|
9
|
|
2
|
517,09
|
2
|
711,00
|
2
|
872,00
|
|
|
|
|
SMIC
|
967,99
|
1
|
012,20
|
1
|
053,26
|
1
|
078,53
|
1
|
135,37
|
1
|
191,73
|
|
que l'on peut observer en juillet 2004 des salaires minimas
garantis égaux au SMIC jusqu'au niveau 3 A qui correspond au premier
niveau de la catégorie des employés-ouvriers de coefficient 150
et plus. Ce qui se traduit dans les faits à la disparition de cette
catégorie. Cela contribue également à resserrer la
hiérarchie des salaires, en particulier, pour l'ensemble des
employés-ouvriers.
Non communiqué pour lesnégociations annuelles sur
les salaires
·
Inférieur ou égal au SMIC
Les cotisations sociales : Il s'agit des
cotisations effectivement payées par l'entreprise, déduction
faite des différentes exonérations obtenues en fonction des
mesures en vigueur chaque année (voir Annexe D, La chronologie des
principaux événements affectant le financement de la protection
sociale). Le graphique (fig. 48) met en évidence une baisse de 28,9 % en
moyenne par salarié en euros constants sur la période 1992-2005.
Cette baisse est trois fois supérieure à celle du salaire moyen.
Elle résulte à la fois d'une utilisation optimisée des
possibilités permises par la réglementation complexe en
matière d'exonérations (voir encadré) et d'un nivellement
par le bas des salaires autour du SMIC60.
· L'intéressement : résulte
des accords d'entreprise signés par les partenaires sociaux en
application des diverses dispositions instaurées
60 Ce sont, en effet les bas salaires qui ont le plus
bénéficié des exonérations. La plupart de ces
mesures prévoient des exonérations dégressives pour les
salaires jusqu'à 1,6 fois le SMIC.
500
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Evolution de la participation et de
l'intéressement (1992-2005)
Intéressement Participation Profit total net
y = 11,379x + 104,98
y = 30,79x + 39,136
y = 18,359x + 63,91
Fig. 50
par la législation depuis l'ordonnance du 7 janvier
1959, modifiée par l'ordonnance de 1986. Il est régi par les
articles L441-1 et suivants du Code du Travail. Chez Casino, (fig. 50) on
constate une pente de +11,4 pour la droite de tendance du montant moyen par
salarié en euros constants sur la période 1992-2005.
· La participation : Il s'agit du
dispositif le plus ancien visant à associer les salariés aux
résultats financiers de l'entreprise. Son évolution affiche (fig.
50) une très forte progression (multipliée par plus de 3 en euros
constants), pendant la période considérée et dont la
droite de tendance a une pente de 30,8).
L'intéressement et la participation sont, donc, les
deux seules composantes qui ont progressé, sans empêcher
l'érosion significative du coût du travail, que nous avons
relevée précédemment. On peut, même suggérer,
qu'elles y ont contribué, compte tenu d'un mode de calcul qui les
maximise d'autant plus que la masse salariale diminue.
Il n'est, par conséquent, pas étonnant que
l'opinion des salariés soit particulièrement sévère
et dans certains cas, désabusée, concernant la question des
salaires et des rémunérations en général. On
notera, un lien fort entre le sentiment exprimé de manque de
reconnaissance et celui d'une faible considération souvent mis en avant
:
Question 48 n°70 : « Aucun avenir
en vue retraite ? Deux enfants à charge !! Coefficient 190
arraché plus rien derrière. GDI + PVI61 = 0 = carotte
pourrie ».
n°77 : « Avec un peu plus d'argent et de temps
libre on serait peut être plus heureux et certainement moins malade
»
n°87 : « Valoriser mon travail »
n°103 : « Une considération et respect de
l'individu. Plus de vacances et une grande écoute entre
hiérarchie et salarié ».
n°168 : « UNE AUGMENTATION POUR MIEUX VIVRE MIEUX
SE SOIGNER CAR J'AI DES PROBLEMES DE SANTE GARANTIE DE L'EMPLOI CAR J'AI 50
ANS »
n°260 : « Salaire de la honte après 16 ans
de casino. Aucune considération ».
n°275 : « les salaires sont insuffisant pour faire
aux charges tjs croissante pouvoir profiter du temps - trop de chômage
inquiétude ».
n°482 : « Que l'on nous prennent pas pour des
"GOGO" ».
n°492 : « Payer au chiffre pas d'augmentation du
%. 6 jours de travail par semaine à 10 h et des fois plus. Sans
sécurité de l'emploi ».
n°511 : « Par rapport à mon coefficient le
salaire ne correspond pas à celui que je devais avoir.
61 La GDI et le PVI correspondaient à des
modalités d'intéressement.
Etant maîtrise, nous sommes augmentés au bon
vouloir du chef, aucune augmentation depuis 1993 »
n°469 : « J'ai ma fierté et donc dans la
société actuelle j'aimerais vivre correctement ».
47. - Qu'est ce qu'il vous semble prioritaire pour
améliorer votre vie :
(chi2 = 26,52, ddl = 7, 1-p = 99,95%).
Amél. vie
travailler plus pour gagner plus augmenter votre salaire
réduire le temps de travail sans gagner
moins apprendre pour progresser dans votre carrière réduire
votre charge de travail
garantir votre emploi pour l'avenir Mieux pouvoir vous
soigner
garantir votre retraite
TOTAL
Sexe
féminin masculin
100,0% 100,0%
25,2%
16,8%
17,6% 16,4%
18,6%
3,8% 3,4%
9,1% 8,9%
6,3% 8,3%
2,5% 1,7%
26,0%
21,3%
14,0%
TOTAL
100,0%
25,6%
18,7%
17,1%
16,7%
3,6%
9,0%
7,2%
2,2%
39. - Avez-vous le sentiment de vivre mieux que vos
parents ?
Vivre mieux
oui non ne sait pas
TOTAL
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
35,7% 35,6%
56,6%
7,8% 5,5% 8,4%
58,9% 62,8%
28,8%
TOTAL
100,0%
31,2%
61,2%
7,6%
51. - Votre entreprise a-t-elle les moyens
d'améliorer la situation des salariés ? (2 réponses dans
l'ordre de leur importance)
oui il y a beaucoup de bénéfices oui il y a
beaucoup de gaspillages non mais on pourrait mieux le répartir entre
les salariés non ça va trop mal pour l'entreprise
aujourd'hui non ça la mettrait en difficulté face à la
concurrence ne sait pas
TOTAL
Auchan
|
Carrefour
|
Casino
|
TOTAL
|
49,5%
|
48,2%
|
47,6%
|
47,9%
|
39,6%
|
43,0%
|
38,9%
|
40,0%
|
3,3%
|
4,3%
|
5,1%
|
4,7%
|
0,5%
|
0,4%
|
1,0%
|
0,8%
|
1,1%
|
0,9%
|
2,1%
|
1,7%
|
6,0%
|
3,3%
|
5,3%
|
4,9%
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
100,0%
|
|
Entreprise
Moyens
Question 52 : Commentez votre opinion sur les moyens de
votre entreprise
N°9 : « dans les bénéfices
préserver une partie pour les augmentations »
N°10 : « depuis notre réouverture Mai notre
CA est de +40% donc on peut avoir quand même une augmentation
»
N°11 : « malgré les mensonges des
différentes directions nous savons qu'il y a beaucoup d'argent mais ils
préfèrent le réinvestir trop de gaspillages »
N°12 : « meilleure répartition des
bénéfices meilleur salaire égalité pour tous
augmentation des contrats (plus jamais de temps partiel ) meilleur condition de
travail »
N° 93 : « casino est en nette progression,
toujours plus de bénéfices mais qui ne servent pas aux
employés. au niveau
d'un seul magasin, il y a beaucoup de gaspillages »
53. - Pour réduire le chômage, pensez-vous
qu'il faut plutôt ?
Réduire chômage
accroître le temps partiel
réduire les obligations sociales des
entreprises taxer les licenciements
développer le travail la nuit, le dimanche et les jours
fériés obliger à remplacer les départs à
la retraite réduire la durée du travail
augmenter les salaires pour relancer la
consommation interdire les heures supplémentaires
avancer l'âge de la retraite
baisser le coût du travail pour plus de
compétitivité ne sait pas
TOTAL
Entreprise
Auchan Carrefour Casino
100,0% 100,0% 100,0%
3,9% 3,5% 3,5%
9,0% 7,8% 6,9%
8,1% 9,2% 7,3%
0,6% 1,0% 1,0%
17,1% 21,8% 23,1%
14,7% 12,1% 14,1%
21,6% 22,4% 21,4%
6,3% 5,8% 7,2%
15,3% 14,5% 13,6%
1,8% 1,5% 1,5%
1,8% 0,4% 0,4%
TOTAL
100,0%
3,5% 7,3% 7,8% 1,0% 22,2% 13,7% 21,7% 6,8% 14,0% 1,5%
0,5%
Question 55. Que pensez-vous des mesures prises par le
gouvernent en matière d'emploi ?
N°9 : « les entreprises auront de la main d'oeuvre
à bon marché, les salariés corrects seront
supprimés »
N°10 : « cela ne favorise que les entreprises
»
N°11 : « c'est inacceptable c'est une forme de nous
rouler sur la baisse du chômage »
N°12 : « de la merde »
N°13 : « c'est beaucoup trop
exagéré proposons des emplois stables et convenables plus
d'emplois précaires qui ne résout pas le chômage
durablement une fois de plus on privilégie les patrons en les
avantageants à exploiter de plus en plus les jeunes »
N°14 : « révoltant »
N°15 : « on se retrouve a embauché que des
moins de 25 ans et après ? »
N°16 : « ce sont des cadeaux faits aux
entreprises qui n'en n'ont pas toujours besoin quant aux contrats ils
augmentent la précarité les patrons en abusent et les jeunes
s'aperçoivent qu'on se moquent d'eux tout cela ne résout en rien
le problème du chômage »
N°17 : « nul »
N°18 : « non car cela sert à cacher le
véritable besoin des entreprises car après ces contrats on refuse
des autres personnes »
N° 62 : « Très bien si cela débouche
sur un emploie fixe. »
N°63 : « Ca n'apporte pas grand chose. les
entreprises s'en servent et ça coûte aux travailleurs.
»
N°64 : « N'est-ce pas du profit ? A la fin du
contrat ces jeunes ont-ils un emploi ? N'est-ce pas une raison de baisser le
taux de chômage pendant une période ? »
N°65 : « Pour moi ça profite aux employeurs
car il y a aucun emploi de concret à la fin du contrat. Que des emplois
à mi-temps. »
N°66 : « Je n'ai pas assez de connaissance sur
ces contrats. néanmoins, les exonérations de charges ne
favorisent pas plus les contrats d'embauche c'est encore du profit pour les
patrons. »
N°67 : « On recule pour mieux sauter !
»
N°73 : « c'est de l'exploitation du travail
gratuit c'est une honte!!! Comment peut-on vivre avec un salaire aussi
minable »
N°74 : « les exonérations de charges n'ont
rien apporté les employeurs n'ayant pas joué le jeu les CES et
CIE un scandale ! »
N°75 : « ce sont des "pis aller" pour faire croire
que le chômage diminue »
Ces quelques exemples de l'expression des salariés,
montrent la colère qui les anime et exprime, par là même
une partie de leur souffrance. Par contre, on notera une absence relative du
lien conscient entre leurs problèmes de santé et la politique de
l'entreprise ou les mesures d'allègement utilisées par Casino.
Cela nous amène à revenir sur la question de l'externalisation
des « coûts de santé » liés au travail.
c) Une évolution antagonique des cotisations
sociales et de l'absentéisme qui montre l'externalisation des
coûts de la santé des salariés
C'est en faisant le rapprochement entre la hausse de
l'absentéisme au travail pour maladie ou accidentéisme et
l'évolution des cotisations sociales payées par l'entreprise que
l'on peut mettre en évidence l'externalisation des coûts de la
santé au travail. La fig. 51, montre bien l'évolution divergente
de ces deux indicateurs pendant la période étudiée
à partir de 1994.
140
130
120
110
100
90
80
70
60
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
2004
Evolution comparée de l'absentéisme
maladie et AT avec le coût des cotisations sociales
(1992-2005)
Absentéisme moyen (maladie + AT)
Cotisations sociales
Fig. 51
Evolution comparée
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cotisations sociales
|
100,0
|
94,1
|
90,1
|
83,9
|
76,5
|
75,8
|
80,0
|
80,2
|
67,3
|
71,4
|
70,7
|
69,2
|
71,1
|
Absentéisme moyen (maladie + AT)
|
100,0
|
99,4
|
86,1
|
91,1
|
85,7
|
86,6
|
92,5
|
97,6
|
113,8
|
123,1
|
129,6
|
129,0
|
122,4
|
|
Source : Bilans sociaux et financiers Casino 1992 - 2005
et calculs personnels
Bien évidemment, l'absentéisme a un coût.
Celui-ci n'est pas simple à appréhender de manière
formelle et exhaustive. En effet, il est constitué de nombreux
éléments, et pour l'essentiel, il constitue l'un des meilleurs
exemples de ce que l'appelle communément les « coûts
cachés ».
Sans rentrer dans les détails d'un sujet qui
mériterait de nombreuses recherches et qui a fait d'ores et
déjà l'objet de nombreux travaux, on se contentera
d'énumérer quelques unes des composantes les plus
évidentes de ces coûts (apparents et cachés), dans le cas
précis de l'absentéisme lié à la maladie et
à l'accidentéisme :
· Les salaires directement supportés
par l'entreprise sous forme de paiement des jours de carence ou de
complément aux indemnités journalières versées par
la sécurité sociale.
· Les salaires non perçus par les
salariés qui sont soumis aux règles de la carence, soit
parce qu'ils non pas d'ancienneté suffisante (c'est notamment le cas des
contrats CDD), soit parce que leurs droits sont épuisés (en
particulier, dans les cas de longues maladie).
· Les indemnités
journalières versées par les caisses de
Sécurité Sociale, dont il faut rappeler qu'elles ont
progressé de 46% entre 1997 et 2002, alors que tous les constats
convergent pour considérer une amélioration globale de la
santé des français.
· Les compléments de salaires et les
indemnités d'invalidité versés par les mutuelles,
organismes de prévoyance et assurances privées qui donnent lieu
à des hausses de cotisations régulières afin
d'équilibrer leurs comptes. Il faut ajouter, dans ce registre, les fonds
spéciaux créés pour indemniser les victimes pour des
pathologies particulières, comme c'est le cas pour l'amiante.
· Les dépenses de soins
(consultations, pharmacie, hospitalisation) qui accompagnent les
arrêts maladie et de travail. Ces dépenses sont supportées,
à la fois par les caisses de Sécurité Sociale, les
mutuelles et assurances et les salariés eux- mêmes, de plus en
plus confrontés aux mesures récurrentes de
déremboursement, de forfaits divers, etc. qu'ils doivent financer sur
leurs revenus.
· Les dépenses liées aux
remplacements indispensables, (intérim, etc.) même si les
entreprises ont de moins en moins tendance à remplacer les absents et
laissent le soin aux salariés présents, et notamment, à
l'encadrement de proximité, de pallier, le plus souvent, de
manière impromptue à ces situations qui ont tendance à se
banaliser de plus en plus.
· Les manques à gagner en chiffre
d'affaires perdu suite aux ventes manquées, aux retards de
livraison, au retard des commandes dans des circuits de production de plus en
plus marqués par une organisation en flux tendu sensible au moindre
aléa. On peut ajouter, dans ce registre, les indemnités de retard
et coûts de non qualité liés aux désorganisations
causées par l'absentéisme non programmé.
· Etc.
Dans le cas de Casino, nous n'avons, bien entendu, pas la
prétention de chiffrer ces dérives. Nous nous sommes
contentés de chiffrer la masse salariale correspondant à
l'absentéisme cumulé maladie plus accidentéisme et de son
évolution.
Fig. 52 Fig. 53
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2005
Evolution du coût total des salaires
correspondant à l'absentéisme pour maladie et pour
accidentéisme par catégorie (1994-2005)
Maladie Cadres
Maladie Maîtrise
Maladie Employés-Ouvriers Maladie Total
20%
19%
18%
17%
16%
15%
14%
13%
12%
11%
10%
9%
8%
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2001 2002 2003 2004 2005
13,0%
8,4%
Evolution du coût en salaires de
l'absentéisme maladie et accidentéisme par rapport aux
cotisations sociales
13,0%
12,7%
12,9%
18,0%
14,0%
19,2%
y = 0,0093x + 0,0947
18,7%
18,2%
17,8%
Coût salaires absences maladie et AT
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(Millions € constants 2005)
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
1994-2005
|
Maladie Cadres
|
1,5
|
1,9
|
1,5
|
1,4
|
1,4
|
1,8
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
1,6
|
1,6
|
8,0%
|
Maladie Maîtrise
|
6,2
|
6,6
|
6,4
|
5,6
|
6,3
|
6,7
|
6,3
|
7,1
|
7,7
|
7,7
|
7,2
|
17,0%
|
Maladie Employés-Ouvriers
|
18,0
|
28,2
|
26,6
|
26,7
|
28,9
|
31,2
|
31,7
|
34,6
|
36,2
|
35,0
|
32,4
|
79,9%
|
Maladie Total
|
25,6
|
36,7
|
34,5
|
33,7
|
36,6
|
39,7
|
39,4
|
43,2
|
45,4
|
44,2
|
41,2
|
60,7%
|
|
Source : Bilans sociaux et financiers Casino 1994 - 2005
et calculs personnels
Le graphique (fig. 52) montre une augmentation de 60,7% de ce
coût en euros
constants avec une progression de près de 80% pour les
employés-ouvriers.
Le graphique (fig. 53) montre un poids des salaires
liés à l'absentéisme dans l'ensemble des cotisations
sociales qui est passé de 8,4% à 17,8%. En première
approche, nous pouvons considérer cet indicateur, en termes de tendance,
comme une estimation du phénomène d'externalisation, en prenant
comme hypothèse une évolution de l'ensemble des coûts
externalisés parallèle à celle des salaires.
Ce constat, interpelle directement la responsabilité
individuelle et collective des acteurs dans l'entreprise en matière de
santé au travail, mais également, les politiques sociales et les
mécanismes de régulation publique.
Il suggère une inefficacité de
l'exonération des cotisations sociales qui ont contribué à
une baisse importante du coût du travail, mais sans effet mesurable, ni
sur la création d'emploi, ni sur l'accroissement de l'investissement.
Par contre, l'effet de substitution entre les revenus du travail et ceux du
capital semble patent.
** ***** *
L'analyse des bilans sociaux et des bilans financiers
de Casino montre une forte croissance des indicateurs de morbidité, dans
un contexte de progression de la productivité apparente du travail.
Cette progression est essentiellement liée à une intensification
et à une densification du travail dans un cadre d'emploi soumis à
une forte mobilité contrainte et bénéficiant d'une faible
rémunération dont la hiérarchie est fortement
resserrée au voisinage du SMIC. Cette évolution ne permet plus de
différencier le niveau de qualification des salariés par leur
classification.
Les salariés se plaignent à travers
l'enquête, du manque de reconnaissance. Ils expriment leur incertitude
face à l'avenir et leur mal vivre.
L'entreprise réalise, néanmoins, des
performances économiques honorables et affiche des résultats et
une rentabilité financière particulièrement
élevés.
Ces résultats sont obtenus pour l'essentiel,
grâce à une réduction significative du « coût du
travail » dans ses composantes relevant du salaire (direct et indirect),
malgré une progression des primes d'intéressement et de la
participation. Cela traduit une flexibilité de la
rémunération qui s'ajoute aux flexibilités temporelles et
fonctionnelles.
On observe la baisse la plus importante pour le
salaire indirect, que constituent les cotisations sociales. Cela confirme le
caractère mythique du poids de celles-ci, mal nommées,
«charges sociales». Cette baisse est liée à l'incidence
des exonérations de cotisations sociales, devenues le principal levier
utilisé par les pouvoirs publics en matière de politiques
d'emploi. Cette évolution, ne montre pas d'efficacité en
matière de création d'emploi dans l'entreprise. Par contre, elle
contribue à amplifier la substitution entre le travail et le capital, en
termes de revenus.
Par ailleurs, l'évolution antagonique des
cotisations sociales et des indicateurs de morbidité met en
évidence une externalisation des coûts de santé au travail,
de plus en plus supportés par les salariés eux-mêmes, par
les institutions sociales et par l'Etat, qui nous amènent à
réinterroger les mécanismes du fonctionnement de l'assurance
maladie, des politiques de soutien à l'emploi qui nous semblent
ébranler les mécanismes de la solidarité nationale en
relation avec les besoins de santé au travail.
** ***** *
Chapitre V - Des enseignements qui
réinterrogent l'efficacité des performances de gestion dans les
entreprises et les institutions sociales et appellent une approche et des
critères pluriels pour les définir et les évaluer
Ainsi, les résultats qui se dégagent de l'analyse
du cas Casino font émerger plusieurs séries de questions :
· Est-il possible de cerner et de traiter les causes
profondes des problèmes de santé que révèle
l'augmentation de l'absentéisme maladie et de l'accidentéisme ?
Quelles sont les responsabilités de chacun des acteurs ? Comment les
inciter à oeuvrer pour se doter des outils nécessaires à
un état des lieux partagé dont le suivi, permette une
amélioration de la situation et surtout, la mise en oeuvre d'une
véritable politique de prévention ?
· Est-il efficace de diminuer les cotisations sociales ?
Comment est pris en compte le lien entre état de santé et
dépenses de santé ? Quels problèmes de financement de la
Sécurité Sociale cela induit ?
· Qui sont les acteurs de la solidarité
nationale, en matière de santé et comment pourrait-elle mieux
jouer son rôle ? Les questions de l'intégrité physique et
psychique de l'homme au travail ne sont-elles pas traitées sur le seul
mode de la norme et de la réparation et ne participent-elles pas peu ou
prou à masquer les échecs de la prévention ?
A. Une nécessaire remise en question des
critères dominants dans l'approche de la gestion et de l'organisation du
travail dans les entreprises
La progression de l'absentéisme lié à la
maladie et à l'accidentéisme, en tant que faits sociaux,
résulte de multiples ruptures intervenues dans le rapport salarial
marqué, notamment, par l'émergence et le développement de
nouvelles politiques d'emploi associées à de nouvelles formes
d'organisation du travail et de son statut. Elles ont contribué à
la déstructuration de ce rapport et eu pour effet la fragilisation des
salariés.
Cette fragilisation est alimentée par une
dégradation des conditions d'emploi et de travail qui contribue à
un affaiblissement des identités professionnelles construites
jusqu'alors, sur des représentations collectives et partagées.
Celles-ci ont perdu de leur force avec les nouvelles logiques d'organisation et
de gestion des entreprises, dominées par les marchés financiers
et la rentabilité à court terme.
Nous avons pu constater dans notre travail de recherche, que
ces risques ne sont pas virtuels. Leurs conséquences sur le «
coût du travail » sont considérables, (GIRAULT-LIDVAN et
LIDVAN, 1999). et il n'est pas concevable d'en dédouaner les
entreprises, en laissant à la société le soin d'en
financer les écarts et les dérives et en particulier, les
dégâts sur la santé.
La grande distribution a joué un rôle
déterminant dans ce processus, à partir de
sa naissance dans les années 1960, époque
paradoxale de l'apogée du statut salarial, en introduisant de nouvelles
organisations du travail tayloriennes visant à ajuster l'emploi par son
morcellement aux rythmes minutés de l'activité et surtout des
impératifs de rentabilité dictés par le marché.
C'est le début, non pas de « la fin du travail » ou
« la fin de l'emploi stable », mais d'une phase de
déréglementation tous azimuts, facilitée par l'explosion
du chômage.
L'analyse des données de l'emploi dans les 40
dernières années, met en évidence une forte
corrélation entre les niveaux du chômage et le caractère
choisi ou subi de la mobilité. La peur du chômage met les
salariés dans l'obligation « d'accepter » une mobilité
interne et externe contrainte, caractéristique des horaires et des
emplois atypiques. C'est l'insécurité de cette contrainte qui
tisse les ressorts de la « métamorphose de la question sociale
» (CASTEL R. 1995), dont les problèmes resurgissent sur le devant
de la scène des débats sur les enjeux de
société.
Pour autant, la précision et la justesse du
diagnostic, exigent l'intelligence de ne pas noircir un tableau suffisamment
préoccupant, au risque de favoriser le sentiment de fatalité, au
lieu d'ouvrir les perspectives du champ des possibles et la
crédibilité de réponses alternatives à ce
tableau.
D'autant que dans le même temps, l'intensification et
la densification du travail du travail se poursuivent et constituent
l'essentiel de la progression de sa productivité apparente. Sans que ni
les managers, ni les institutions sociales ne s'intéressent suffisamment
à leurs conséquences sur la santé au point d'oublier que
les contraintes physiques et organisationnelles non seulement ne se
réduisent pas, dans la majorité des cas, mais, au contraire ont
tendance à progresser et à se cumuler, augmentant, ainsi les
facteurs de risques et les atteintes à la santé (affections
péri-articulaires, accidents cardiovasculaires, troubles psycho-sociaux,
etc.).
a) Un système d'assurance maladie qui marginalise
la santé au travail et néglige le concept de « veille
sanitaire » dans ce domaine
Le cas de Casino n'est pas singulier dans la grande
distribution du point de vue des résultats que nous avons mis en
évidence. On peut relever des faits similaires dans les autres grandes
entreprises, comme Carrefour ou Auchan. Les résultats de l'enquête
que nous avons présentés en témoignent. Ces
résultats traduisent les dysfonctionnements d'un système qui
cloisonne les différents aspects du travail et marginalise les questions
de la santé induite par les conditions concrètes de
l'exécution du travail.
La loi dite de modernisation sociale de janvier 2002 a
introduit des innovations dans l'approche des questions relatives à la
santé au travail. On relève, entre autres que la loi a
rajouté les termes de « physique » et « mentale » et
introduit la notion de « veille sanitaire » au bénéfice
des travailleurs.
Ces modifications apparaissent comme des ruptures importantes
pour les perspectives d'une meilleure prise en charge des enjeux de la
santé dans l'environnement professionnel. Mais elles ne garantissent pas
pour autant, une amélioration de la santé si les besoins de
santé au travail ne sont pas réellement identifiés afin de
mieux définir et mettre en oeuvre des politiques de prévention
où chaque salarié accède à la maîtrise des
enjeux de la gestion de sa santé tout au long de sa vie et dans le cadre
d'un contrôle social qui ne se limite pas à la seule sphère
des institutions fussent-elles compétentes et
indépendantes.
« Les besoins de santé s'expriment à
travers le besoin de vivre, d'avoir un emploi stable, bien
rémunéré, de disposer du temps libre pour sa vie familiale
et sociale, d'être respecté dans sa dignité, de
reconnaître l'utilité sociale de son travail, de développer
sa créativité et son potentiel, de donner du sens à ses
actes et à son existence ». (KERBAL A. 2003).
« La santé est un état de complet bien
être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une
absence de maladie ou d'infirmité. La possession du meilleur état
de santé qu'il est capable d'atteindre constitue l'un des droits
fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa
religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou
sociale ».
Constitution de l'Organisation mondiale de la
santé signée le 22 juillet 1947.
« Aucun salarié ne doit subir les agissements
répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou
pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de
porter atteinte à ses droits et à sa dignité,
d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son
avenir professionnel »
Art. L. 122-49 du Code du travail modifié par la
loi de modernisation sociale L'article L. 230-2 du code du
travail est ainsi modifié :
Dans la première phrase du premier alinéa du I,
après les mots : « protéger la santé », sont
insérés les mots : « physique et mentale »
|
|
Cette définition, que nous reprenons volontiers,
montre les interactions multiples qui interviennent pour atteindre et maintenir
un état de santé au sens de la définition de l'OMS (voir
encadré).
C'est précisément ce processus qui nous semble
sous-estimé dans le système actuel du fonctionnement de
l'assurance maladie.
Le rapport de la Cour des Comptes publié en
février 2002 sur la gestion du risque accidents du travail et maladies
professionnelles dresse un tableau particulièrement sévère
des pratiques actuelles. Elle qualifie le dispositif juridique actuel de
couverture « obsolète, complexe, discriminatoire,
inéquitable (et) juridiquement fragile », parallèlement
d'ailleurs à des critiques très vives portées sur le
système de tarification, l'efficience de la prévention, mais
aussi le fonctionnement général de la branche.
Parmi les conclusions de son diagnostic, elle met en cause le
fonctionnement défectueux de la commission maladies professionnelles
chargée d'adapter les tableaux des maladies professionnelles à
l'évolution des connaissances et des risques, les connaissances
lacunaires de ces risques, la sous-estimation du nombre de victimes, etc. Elle
ajoute que la fonction de « veille sanitaire » n'existe encore que de
manière très limitée et la fonction d'alerte n'est
réellement remplie par aucune des instances existantes. Ce constat
inquiétant a le mérite de montrer l'étendue du chemin
à parcourir pour sortir des vieilles logiques de gestion des risques au
travail.
L'épisode douloureux des effets de la canicule,
pendant l'été 2003, est venu malheureusement, confirmer ce
constat. Et si des mesures ont été prises pour prévenir
les conséquences sanitaires de ce genre d'évènement, il
nous semble, que le concept de « veille sanitaire », va largement
au-delà de ce type de problème et recouvre, en particulier, le
champ du travail, comme le dit la Cour des Comptes. Au-delà des mesures
ponctuelles et le plus souvent répressives
qui sont prises dans les entreprises, tout comme au niveau
des pouvoirs publics (loi du 13 août 2004) et des caisses maladie,
à l'encontre des salariés (contrôles, entretien de reprise
avec la hiérarchie, primes de présentéisme, etc.), c'est
au coeur de l'organisation du travail et du rapport social, qu'il nous semble
nécessaire de remettre à plat les problématiques de la
santé au travail.
Gilles Arnaud (Le Monde 2004), secrétaire
général adjoint du Syndicat national professionnel des
médecins du travail, nous livre un diagnostic sans appel :
« Certes, il existe des tricheurs, des
salariés mais aussi des médecins identifiés qui
prescrivent abusivement. Mais la cause essentielle de ce déficit
provient des pathologies liées au travail. Nous enregistrons des
phénomènes visibles qui, en fait, relèvent des maladies
professionnelles. C'est particulièrement le cas des troubles
musculo-squelettiques, qui fournissent une bonne part des arrêts-maladie.
Les pathologies liées à l'amiante sont aussi de plus en plus
perceptibles. Depuis quelques années, nous enregistrons aussi un fort
accroissement de pathologies moins visibles, liées au stress et à
la souffrance au travail. Les salariés n'arrivent plus à suivre
l'intensification des charges. Ils s'accrochent pour tenir, avant de
présenter les signes d'un syndrome dépressif... Enfin, un certain
nombre de troubles (asthme, cancers non reconnus...) ont une origine
professionnelle indéniable. Comme ils ne sont pas reconnus comme
maladies professionnelles, la charge est imputée au régime
général de l'assurance-maladie. Il s'agit là d'un
transfert incontestable.
A contrario, nous constatons un
"présentéisme" préjudiciable parmi les précaires,
en CDD ou en intérim : de crainte de perdre leur emploi, ils
cachent leur maladie. »
Si la question des conditions de travail liées aux
organisations est fondamentale dans l'étude des problématiques de
santé, on ne peut la dissocier des nombreuses questions que pose la
reconnaissance sociale des femmes et des hommes au travail. En premier lieu,
dans les termes utilisés. On a remplacé les services du
personnel, par ceux des « Ressources Humaines », ce qui a permis
d'imposer dans le langage courant, l'abréviation « RH ». Au-
delà du caractère anecdotique de cette pratique, elle
révèle une relégation des « personnels » en tant
que personnes au rang de simple ressource au sens du facteur de production
travail. L'ajout de l'adjectif « humain » n'est là que pour
masquer la froide considération d'une ressource dont l'objectif premier
fixé aux DRH est d'en minimiser le coût.
b) Un modèle dominant de l'approche des
performances fondé sur la représentation des actionnaires
Le modèle dominant de l'approche des performances de
l'entreprise est largement caractérisé par la
représentation qu'en ont les actionnaires, relayée par la plupart
des économistes, des médias et des fonctionnaires
représentant l'Etat en charge de la régulation du système
social en vigueur.
Il repose sur la tradition positiviste et sur la
prégnance de l'économique par rapport au social en tant que
dimension symbolique au sens de Bourdieu (1998, p.59). Cette
représentation est construite à partir des outils et des
indicateurs que le système a mis en place pour donner la
lisibilité nécessaire à la prise de décisions de
gestion par les dirigeants.
Les salariés et leurs représentants, exclus du
processus de décision, ne sont admis dans l'arène du jeu
d'acteurs des rapports sociaux que pour exprimer
leur point de vue dans le champ de la négociation
sociale et ne disposent pas toujours des outils nécessaires pour
objectiver la réalité et fonder le débat sur un
état des lieux partagé propice à la confrontation des
points de vue et des réalités.
De ce fait, le débat se polarise sur un plan
idéologique alimenté, d'un côté par les
données issues de l'entreprise ou de l'appareil institutionnel et de
l'autre, par « l'expérience » pas ou peu formalisée des
représentants des salariés.
L'analyse néoclassique, qui fonde la plupart des
théories économiques dominantes, intègre le principe d'une
« information libre et parfaite » (STIGLITZ, 1996 et 2003
p.20)62, condition nécessaire, pour permettre les choix
rationnels garantissant un fonctionnement optimal du système. Force est
de constater le caractère « virtuel » de ce principe dans
notre société néolibérale, dans la mesure où
l'on tend à confondre souvent communication, voire propagande avec
information.
La qualité de l'information, et surtout sa vitesse de
transmission, sont aujourd'hui, un enjeu stratégique pour chacun des
acteurs de la vie économique. C'est le plus souvent, un avantage
concurrentiel essentiel dans la guerre économique que se livrent les
entreprises présentes sur un même marché.
Comprendre
Connaître
Transformer
Agir
Formaliser
Savoir
Elles constituent le coeur du mécanisme de l'action
pour la transformation que l'on pourrait résumer par le schéma
ci-contre.
Ce mécanisme, nous semble déterminant dans la
construction du rapport de force entre les acteurs. L'accès à une
information de qualité pour les salariés, et pour les citoyens en
général, constitue donc, en cela, un enjeu de
société et une condition indispensable pour réduire les
injustices sociales. Le caractère contradictoire des
intérêts des acteurs de l'entreprise (actionnaires, personnel,
clients, fournisseurs, prêteurs, etc.) est source d'appréciations
contrastées voire contradictoires quant à la rentabilité
de l'entreprise (RICHARD, 1989, p.26).
Or les modèles de l'information d'entreprise, qui ont
bénéficié dans les trente dernières années
des progrès considérables des nouvelles technologies de
l'information, se sont concentrés uniquement sur l'information
nécessaire aux actionnaires et aux dirigeants d'entreprise,
délaissant celle qui permettrait d'éclairer les salariés,
leurs représentants et les institutions collectives et publiques
à partir de leurs propres critères d'appréciation.
62 Joseph E. STIGLITZ, colauréat du prix Nobel
d'économie et initiateur de la théorie du « screening
», figure qui vise à obtenir de l'information privée de la
part d'un agent économique, a stigmatisé le rôle de
l'information imparfaite dans les marchés, et dénoncé les
idées fausses quant au libre marché théorique dans lequel
opère le système capitaliste dans sa forme libérale.
B. Des compromis à trouver dans la
définition du concept de performance et des critères de son
évaluation
Il existe parmi les salariés, un sentiment
d'incompréhension quant au lien entre, d'un côté, ce qu'ils
vivent au quotidien, et de l'autre, les descriptions qu'en font la
hiérarchie, les médias et les élites en
général, puis les solutions préconisées, à
caractère univoque, qui s'imposeraient d'elles mêmes. Ce
fossé se creuse, d'abord, au sein même de l'entreprise,
révélant ainsi, une crise aigüe des
représentations.
Il s'agit d'une véritable fracture qui conduit souvent
à des dérives et cantonne le débat dans une sphère
idéologique au nom des « certitudes » de chacun. Ce
débat a le plus souvent cours, sans qu'un état des lieux
précis et partagé, ne permette à chacun de se construire
une idée précise sur le réel et ses enjeux, notamment, au
sein de l'entreprise en tant que lieu de valorisation du processus
économique.
a) Des indicateurs de gestion insuffisants pour les
salariés et leurs représentants
C'est ainsi que l'on peut suivre en temps réel et en
continu, les performances d'une entreprise sur les marchés financiers,
tandis que, par exemple, le bilan social résultant d'une obligation
légale datant de 1977, n'a guère évolué dans son
contenu, sa présentation, dans la pertinence et la fiabilité de
ses données et dans le délai de présentation aux IRP
(Institutions Représentatives des Salariés)63 depuis
son instauration.
Pourtant, les systèmes d'information utilisés
pour la gestion64 des entreprises, permettent d'établir des
tableaux de bord multiples, généralement réservés
aux seuls dirigeants des centres de profit, renforçant ainsi,
l'opacité de la gestion et de la définition stratégique
des objectifs de l'entreprise. Pourtant, les salariés, par le biais de
leurs représentants, doivent se contenter des documents mis à la
disposition du Comité d'entreprise (et d'établissement), tel le
bilan social, dont la qualité n'est plus à la hauteur des enjeux
de l'information dans le débat social à l'aube du
troisième millénaire. Par ailleurs, seuls sont communiqués
les comptes sociaux au niveau de l'entreprise, ce qui ne permet pas le plus
souvent aux élus et aux salariés, de disposer
d'éléments d'appréciation factuels sur les performances de
leurs établissements.
Sur le plan institutionnel, on peut relever également,
le caractère réducteur, incomplet et parfois partial des
indicateurs utilisés, alors que les documents officiels, tels la
DADS65, sont informatisés et rassemblent un grand nombre de
données sociales, sans qu'elles ne soient utilisés
systématiquement pour alimenter l'information sociale et
publique66, participant ainsi, à une certaine
63 Les données annuelles du Bilan Social sont
présentées au Comité d'entreprise dans un délai
variant de 3 à 6 mois après la fin de l'exercice
écoulé.
64 Les entreprises utilisent de plus en plus des systèmes
informatisés de gestion intégrés (ERP) permettant un suivi
permanent des performances industrielles, économiques, comptables,
financières et sociales.
65 La déclaration annuelle des salaires est transmise
obligatoirement chaque année aux organismes fiscaux et sociaux.
66 Il convient, néanmoins de valoriser l'initiative de
L'INSEE qui produit depuis 1998 une enquête sur une
dizaine d'indicateurs de la DADS sur un échantillon égal
à 1/12ème de la population des entreprises (de 1/25ème de
1998 à
« privatisation » du savoir. Les bases de
données économiques et sociales privées se multiplient,
alors que l'Etat et les institutions publiques ne se dotent pas des moyens
nécessaires pour traiter une information fiable, transparente et
pertinente accessible à tous et répondant aux critères
d'intérêt général dont la puissance publique est
responsable.
C'est ainsi, qu'en matière de réparation
intégrale des AT et des MP, le rapport commandé par le ministre
de la santé Elisabeth GUIGOU note : « On observera, à ce
stade, combien le contraste est saisissant entre la sensibilité de ce
dossier et son ancienneté, d'une part, et, d'autre part, la
pauvreté des informations disponibles pour éclairer
d'éventuelles décisions. Ainsi, le dossier n'est-il pas
fondamentalement mieux documenté que lors de la parution du rapport de
M.M DORION et LENOIR, membres de l'IGAS, en 1991... » Par ailleurs,
on sait que les résultats de l'enquête CNAM de 1997 sur les
maladies professionnelles n'ont pas été publiés ! (YAHIEL,
2002).
D'une manière plus générale, les
indicateurs de la macroéconomie versés dans le débat ne
correspondent pas aux critères de management de l'entreprise. Issus de
la comptabilité nationale, ils mesurent les agrégats, tout en
négligeant les flux et ignorent une partie non négligeable de
l'activité (associative, souterraine, etc.). En effet quand le PIB
(Produit Intérieur Brut) par habitant ou l'indice de
Développement Humain (IDH) 67 sont les ratios les plus connus
pour caractériser la performance d'un pays, l'entrepreneur et
l'actionnaire s'intéressent essentiellement à la
rentabilité des capitaux investis68, rarement à la
richesse produite (valeur ajoutée)69 et encore moins à
la santé des salariés. Ceux-ci continuent de considérer le
travail comme un coût et non comme une source de valeur.
Cette situation génère des effets pervers et
alimente des débats contradictoires sur la qualité et la
fiabilité des statistiques publiques. L'exemple des chiffres
publiés par le gouvernement sur les statistiques de l'emploi et du
chômage est significatif à cet égard. L'opacité du
système favorise les suspicions quant à la réalité
des données et aux tentations possibles de leur utilisation à des
fins autres que scientifiques et professionnels.
Elle tend également à affaiblir la
crédibilité des analyses sur la réalité
économique et sociale, et par conséquent, la pertinence des
solutions proposées. Ces solutions sont perçues, plus comme
appartenant à la sphère du politique, que comme des perspectives
dont les citoyens pourraient s'approprier. Comme disait GRAMSCI : « Le
peuple sent, mais ne sait pas ».
Et, pourtant, la présence de plus en plus
marquée des experts des élites dans le débat
ambiant70, vise à légitimer le point de vue
défendu. Sans doute, parce qu'au-delà du discours à la
mode sur la démocratie participative, les principaux concernés ne
se sentent pas associés à l'élaboration que l'on
présente, toujours selon une démarche élitiste distinguant
ceux qui pensent et qui ont le pouvoir réel ou symbolique, de ceux qui
doivent mettre en oeuvre. Dans ce
2001). L'accès à ce type de données, n'est
cependant pas simple, puisque soumis au contrôle de la CNIL, sous
prétexte de confidentialité.
67 Indicateur mis au point et utilisé par l'ONU à
partir des travaux d'A. SEN pour établir des comparaisons
internationales.
68 Résultat net sur capitaux propres.
69 Solde entre le chiffre d'affaires et les consommations
intermédiaires.
70 Commissions de sages, rapports d'experts, commentateurs
« professionnels » aux côtés des journalistes, etc.
sens, l'irruption des experts dans la sphère politique
n'est pas sans influence sur le concept de démocratie dans la mesure
où le politique s'appuie sur l'opinion de l'expert en tant que «
vérité révélée ». Il ne tire plus sa
légitimité du peuple qu'il représente, mais de l'expert
dans un mouvement d'instrumentalisation réciproque. La distinction entre
le politique et le savant, au sens des travaux de Max WEBER (1919), nous semble
de ce point de vue, brûlante d'actualité.
b) Une approche plurielle pour des diagnostics
partagés
Il convient, sans doute, d'expliquer par cette contradiction,
l'une des causes essentielles de la crise qui touche, aujourd'hui, l'ensemble
des élites institutionnelles et des experts et de leurs modèles
explicatifs.
C'est, précisément, cet état de fait qui
fait émerger le besoin de repenser l'analyse du réel, en vue de
donner de la lisibilité (éléments de compréhension)
et de la visibilité (éléments de perspectives) aux
citoyens tant sur le plan macro-économique que sur le plan
micro-économique sur les critères et indicateurs de performances
et de gestion qui pourraient alimenter un débat plus fondé sur
des approches plurielles, s'inscrivant dans une conflictualité positive.
Il s'agit de rapprocher, non pas les points de vue, mais la
représentation des faits et des résultats à partir d'une
base commune et partagée de données et de concepts pertinents.
C'est ainsi, qu'il nous semble nécessaire
d'améliorer le contenu et l'utilisation du bilan social.
L'utilisation de l'ensemble des indicateurs globaux n'est
certainement pas aussi répandue qu'elle le pourrait. Leur diffusion sur
un support unique, avec des commentaires actualisés, en imposant un
calcul homogène, à partir d'une source fiabilisée (La
déclaration annuelle des salaires, DADS), est sans doute une des actions
souhaitables dans le cadre de la modernisation du dispositif législatif
et réglementaire sur le bilan social et son articulation avec les
données financières et économiques de l'entreprise et le
système d'information de la CNAMTS.
En effet, Il s'agit moins de contester le point de vue qui
fonde les outils classiques de l'évaluation du réel, que de
contribuer à l'émergence et la validation d'outils alternatifs
visant à faire reconnaître celui des salariés, à
partir de leurs besoins et de leurs intérêts spécifiques
(BOCCARA, 1985 et LOUCHART, 1995).
Notre pratique professionnelle au sein d'un cabinet
d'expertise et d'études au service de l'économie sociale, et plus
particulièrement des institutions représentatives des
salariés, a toujours été nourrie par la volonté de
surmonter cet écueil.
Elle se caractérise par la recherche de la
construction et de l'expérimentation de méthodes et d'outils
opératoires que les salariés et leurs représentants
peuvent s'approprier afin de mieux appréhender le réel. Cela nous
paraît être une condition essentielle pour leur permettre de
s'impliquer dans l'élaboration d'alternatives crédibles dans un
cadre d'action et de démocratie participative sans en galvauder le
concept, ce qui suppose d'avoir une claire conscience des enjeux de
l'évaluation.
Les multiples déséquilibres que l'on peut
observer dans les effets des pratiques
actuelles de gestion, tant au niveau des entreprises,
qu'à celui des institutions de régulation collective remettent en
question les modèles utilisés. Ils appellent à la
recherche, la confrontation et l'expérimentation d'autres pratiques
fondées sur une approche différente des critères
d'évaluation du concept de « performances ».
Le cas de CASINO illustre parfaitement cette
évolution. L'ensemble des matériaux recueillis (parole des
salariés, statistiques sociales, économiques et
financières) suggère, l'ouverture d'un véritable chantier
de mise en débat des théories et des pratiques de gestion des
entreprises par la « déconstruction » des critères
dominants actuels pour en tirer les enseignements dans le fonctionnement des
institutions sociales. C'est à ce prix que l'on pourra mieux traiter les
enjeux de la tension efficacité-santé par une approche
renouvelée de ces théories et de ces pratiques.
C'est le cas, notamment, pour le « coût du travail
» qui apparaît de plus en plus comme un mythe qui cache mal
l'antagonisme capital-travail toujours d'actualité et dont la domination
du premier, permet de moins en moins les régulations garantes de la
cohésion sociale.
L'exemple, parmi d'autres, des pratiques de la
négociation annuelle obligatoire des salaries dans les entreprises
(NAO), illustre la nécessité de repenser les critères
pertinents utilisés dans la négociation sociale. En effet, la
question de l'organisation du travail est exclue de fait, de la sphère
de la négociation, alors qu'elle devient de plus en plus centrale, au
coeur des questions de charge physique et mentale du travail, de ses
conséquences sur la santé, l'emploi et sur la reconnaissance du
travail et donc, de sa rémunération à sa juste valeur.
Ce n'est plus seulement une question de justice sociale, mais
cela relève d'un questionnement plus global, sur les capacités du
système et de la société à dépasser ses
propres contradictions et éviter le déclin. Cela pose le
problème d'un antagonisme croissant entre les normes sociales et celles
des marchés financiers. A l'échelle de l'entreprise, le
renouvellement des pratiques de négociation entre les acteurs sociaux
pour sortir d'un paritarisme de façade, nous paraît indispensable.
Une des voies à explorer étant celle des articulations
nécessaires dans les négociations entre
rémunération directe et indirecte, emploi, statut et organisation
du travail.
Par exemple, l'évolution divergente de la
productivité apparente (fig. 43) du capital (VA / Immobilisations) et du
travail (VA / FP) que l'on a vu au chapitre IV pour Casino, pose la question de
l'efficacité économique des pratiques de gestion actuelle,
considérant le personnel comme la principale variable d'ajustement.
Elles posent, par là même, la question du « coût du
travail » et suggère une remise en question du concept.
Tout d'abord, dans l'utilisation des mots. Pourquoi,
parle-t-on de « coût du travail », alors que l'on ne semble pas
considérer la rémunération des actionnaires comme un
coût ? Chez Casino, en 2004, elle représentait 2,3% du CA contre
0,4% en 1992. Il s'agit bien d'un coût, puisqu'il s'agit de
rémunérer le capital que les actionnaires mettent à la
disposition de l'entreprise en tant que facteur de production de valeur. Dans
le cas du « travail vivant », le terme de « coût »,
nous semble mal adapté pour caractériser une
rémunération dont l'objectif est d'abord de reproduire la force
de travail au sens de MARX (1859). Elle constitue, par là même, au
moins en partie, un investissement pour financer un travail potentiel dans le
futur.
c) Les cotisations sociales : coût ou investissement
?
Depuis 1993, les gouvernements français successifs ont
mis en place une série de mesures consistant à alléger les
cotisations sociales des employeurs sur les salaires les plus bas. On peut
considérer que depuis treize ans il y a eu trois vagues de mesures
d'allègement des cotisations sociales (Voir annexe G).
· Première vague : Entre juillet 1993 et
octobre 1996, sont mises en place des réductions de cotisations
sociales portant sur les salaires inférieurs à 1,2 fois le SMIC
(juillet 1993 à décembre 1994), puis sur les salaires
inférieurs à 1,3 SMIC (de janvier 1995 à septembre 1996),
et enfin sur tous les salaires inférieurs à 1,33 SMIC (à
partir d'octobre 1996). Ces dernières réductions sont plus
connues sous le nom de « ristourne Juppé ». Ces diverses
réductions de cotisations salariales avaient pour objectif d'encourager
les employeurs à recourir à plus de main-d'oeuvre non
qualifiée et à créer des emplois non qualifiés.
Elles étaient par ailleurs inconditionnelles : seul le niveau de salaire
déterminait l'accès ou non à une réduction de
cotisations.
· Seconde vague, à la fin des
années 1990, les lois Aubry I (juin 1998) et Aubry II, janvier
2000) ont eu quant à elles pour objectif d'inciter les employeurs
à réduire la durée du travail en atténuant le
« surcoût » salarial induit par la baisse de la durée du
travail. Les allègements proposés, plus conséquents que
les précédents, sont cette fois conditionnés à
l'adoption par l'entreprise d'une nouvelle durée du travail,
inférieure ou égale à 35 heures hebdomadaires ou 1.600
heures annuelles. L'aide est double : à une réduction forfaitaire
de cotisations sociales s'ajoute un allègement dégressif pour les
salaires inférieurs ou égaux à 1,8 SMIC. Par ailleurs, la
« ristourne Juppé » reste en vigueur pour les entreprises qui
ne réduisent pas le temps de travail.
· Troisième série de mesures, le
dispositif Fillon de 2003 se donne pour objectif de réduire le
coût de la convergence des salaires minimums. Il vient se substituer
à la réduction dégressive sur les bas salaires et à
l'allègement « 35 heures » des lois Aubry. Les taux de
cotisations sociales sont allégés pour tous les salaires
inférieurs à 1,6 SMIC. Le seuil au-delà duquel on ne
bénéficie plus des allègements est ainsi en baisse par
rapport au dispositif Aubry, mais reste néanmoins au voisinage du
salaire médian. Le niveau des allègements doit augmenter
progressivement entre 2003 et 2005. Enfin, cet allégement est, comme la
« ristourne Juppé », inconditionnel : son impact est cependant
différent selon que l'entreprise est « passée » ou non
aux 35 heures et selon la date de passage.
Si chacune de ces vagues visait des objectifs
différents, elles ont abouti à des effets similaires. D'autant
que cette présentation succincte ne doit pas faire oublier qu'au fil du
temps, différents aménagements au mode de calcul des
allègements ont été apportés, pouvant eux aussi
avoir des effets, tant sur le recours au temps partiel plutôt qu'au temps
complet, que sur le recours aux heures supplémentaires plutôt
qu'à l'embauche de CDI, CDD ou intérimaires.
Toutes les études réalisées sur les
effets de ces allègements produisent des résultats
mitigés, discutés et certains auteurs avancent, même des
jugements sévères (REMY, 2006). C'est ainsi que la Cour des
comptes dans un rapport non publié de 2006 (Liaisons sociales, 2006),
considère un coût trop onéreux,
au regard des faibles effets sur l'emploi. LERAIS (2001),
émet l'hypothèse d'un effet négatif sur la
productivité du travail !
Ces différents dispositifs ont un coût croissant
: on évalue à environ 19,8 milliards d'euros le coût des
réductions de cotisations patronales pour l'année 2005,
contre17,1 milliards en 2003 ; 5,8 milliards en 1996 et 0,6 milliard en 1993,
date de la première mesure de ce type (CREPON et DESPLATZ, 2001 et
Liaisons sociales n°14696 septembre 2006). De plus, ils ne
compensent pas complètement le manque à gagner pour la
Sécurité Sociale (VOLOVITCH, 2001).
Cette croissance des coûts et leur niveau atteint,
appelle une remise à plat urgente du système, d'autant que le
gouvernement De Villepin, s'apprête à mettre en place, encore, un
nouveau dispositif de dérégulation, pour mettre en oeuvre une des
promesses du Président de la République, avec
l'exonération de toutes les cotisations sociales patronales pour les
salaires égaux au SMIC.
Plusieurs pistes non exhaustives, nous semblent
intéressantes à explorer avec un phasage dans le temps qui
permette de traiter parallèlement les problèmes de court terme et
une action en profondeur sur le long terme :
· Une réévaluation des
salaires (et pas seulement des plus bas), qui permet de relancer la
consommation et l'épargne, répond à un besoin crucial de
reconnaissance du travail, participe au bien-être des salariés et
par là même, contribue à inverser la tendance à la
dégradation de la santé liée à ces questions. Cette
réévaluation, apportera, de manière mécanique, une
hausse des cotisations sociales significative : A titre d'exemple, une hausse
de 1% des salaires en plus des hausses programmées, amènerait 9
milliards d'euros, permettrait une réduction du déficit 2005 de
la protection sociale de 46,4%. Ce financement par le profit des entreprises ne
représente que 2% de l'excédent brut d'exploitation national !
· Une réduction progressive et
modulée des exonérations de cotisations sociales
permettrait de réduire le budget de l'Etat et de
rééquilibrer celui de la protection sociale. Elle peut se faire,
de manière jumelée avec la réévaluation des
salaires, en rétablissant une affectation plus juste de la valeur
ajoutée des entreprises, dont nous avons vu l'évolution
disproportionnée au profit des revenus du capital. Ces mesures devraient
intégrer une plus grande systématisation du contrôle des
cotisations versées par les employeurs en rendant obligatoire une
information détaillée au Comité d'entreprise, qui devrait
disposer des moyens de vérification ad hoc. Dans le même sens, la
question devrait être abordée dans les négociations
annuelles sur les salaires et donner lieu à une information
détaillée.
· Un transfert plus juste et plus incitatif
combiné à une hausse du taux de cotisation à la caisse des
ATMP, permettrait de mieux sensibiliser les partenaires sociaux dans
les entreprises à mettre en place de véritables politiques de
prévention de la santé au travail. Le rapport DIRICQ71
a évalué la dépense en cause : « a minima, une
fourchette située entre 355 et 750 millions d'euros (hors IJ en ce qui
concerne les maladies)» (DIRICQ, 2006). Cette évaluation est
largement
71 Du nom du Président de la commission chargée
par l'Assemblée Nationale d'évaluer les dépenses prises en
charge par la caisse de l'assurance maladie en lieu et place de celle des
APMP.
contestée, à la fois, par des universitaires
(ASKENAZY, 2005) et par les organisations syndicales. C'est ainsi, que la CGT a
transmis à la commission DIRICQ (voir annexes du rapport DIRICQ), une
évaluation argumentée estiment le transfert nécessaire
à 15 milliards d'euros. Le parlement à retenu un montant de 330
millions d'euros !
· Une amélioration significative et une
transparence accrue du système d'information de la CNAMTS qui
permette un meilleur suivi épidémiologique des pathologies en
lien avec la santé et une meilleure prise en charge dans les tableaux
des maladies professionnelles. Il faut souligner que la commission DIRICQ,
comme celle qui l'a précédée a émis un avis
sévère sur la qualité de ce système
d'information.
· La suppression de la CADES et la
reprise par les institutions publiques de la gestion de la dette sociale
amènerait des économies de frais financiers et supprimerait une
spéculation encourageant les marchés financiers.
· La modification de l'assiette des
cotisations. Nous serons, volontairement prudents sur cette question,
dans la mesure où les débats actuels72 sur le sujet,
montrent les risques de déstabilisation du système pouvant
entraîner de nombreux effet pervers. De plus, le quasi consensus apparent
des tenants de l'élargissement de l'assiette à la valeur
ajoutée, nous semble masquer des divergences tellement profondes, qu'il
ne nous paraît pas possible de soutenir une solution seulement sur la
base de son principe, sans en explorer de manière approfondie les
modalités et les conséquences possibles.
La plupart de ces propositions, peuvent permettre, rapidement
une réduction massive du déficit social et favoriser sur un plus
long terme, l'approfondissement et l'expérimentation nécessaires
à réforme en profondeur que la plupart des acteurs
réclament de concert. Encore faudra-t-il que chacun prenne ses
responsabilités.
C. Des responsabilités collectives et
individuelles pour garantir à la protection sociale son caractère
solidaire
Il est tentant de réduire les actions de
prévention à des compétences techniques permettant de les
renvoyer à des spécialistes et à la seule
responsabilité de l'Etat et de manière générale,
des pouvoirs publics. Certes, le rôle de celui-ci est fondamental. Mais
nous croyons également que celui des entreprises et surtout des
salariés est indispensable à la transformation nécessaire
de la façon de travailler (DAVEZIES, in THERY, 2006). En effet, comment
aborder l'identification et la prévention des risques physiques et
psychiques dans l'organisation du travail sans l'engagement des principaux
72 De nombreux économistes libéraux se sont
ralliés à la thèse de l'élargissement de l'assiette
à la valeur ajoutée. Il n'est pas anodin que le rapport qui
inspire les projets de « réforme » libérale (et auquel
le FMI fait référence dans ses recommandations annuelles)
s'intitule Vers une société sociale professionnelle. Ce plagiat
du terme forgé par la CGT - dont Nicolas Sarkozy se réclame lui
aussi - montre qu'il est nécessaire d'avancer un certain nombre de
principes permettant de se démarquer de cette récupération
libérale (HUSSON, 2006). De nombreux auteurs, mettent en évidence
la contradiction entre le caractère de salaire indirect ou
socialisé que constituent les cotisations sociales et la fiscalisation
entrainée par une taxation de la valeur ajoutée (FRIOT, 1998,
THALLER, 2006, etc.).
intéressés ? La tradition solidaire de
l'assurance maladie en France a besoin d'un renouvellement de son organisation
et de l'implication de ses acteurs pour dépasser ses
difficultés.
a) La protection sociale : un modèle
inachevé
Si la pensée néolibérale prône
l'amoindrissement de l'Etat social au nom de ses échecs et de ses
dysfonctionnements, elle le fait dans un contexte d'autoritarisme
renforcé pour imposer son point de vue, ce qui ne constitue pas le
moindre de ses propres paradoxes (ROSAN VALLON 2005).
Il nous semble, a contrario, qu'il convient de reprendre un
édifice inachevé dans la première moitié du
XXème siècle, en impliquant plus et mieux tous les
acteurs dans la définition et dans la mise en oeuvre de nouvelles
politiques de régulations et de redistribution. C'est à la fois
une question de justice et d'efficacité au regard des enjeux de la
cohésion sociale et du développement de notre
société (ROSANVALLON, 1995). En effet, « l'économique
» et le « social », n'ont nullement besoin d'une
réconciliation pour réduire un supposé antagonisme, «
l'économique » n'a pas d'autre légitimité, que celle
de l'instrument de mesure de l'état de la société.
Dans ce sens, nous partageons avec RAMAUX (2006), la
thèse selon laquelle, on ne peut réduire « l'Etat Social
», à la seule protection sociale, mais se compose des quatre
piliers que sont :
· La protection sociale,
· Le droit du travail,
· Les services publics,
· La politique macroéconomique de soutien à
l'activité et à l'emploi.
S'il est vrai que les différentes politiques
libérales ou néolibérales conduites en Europe au niveau de
l'Union Européenne, tout comme par les gouvernements successifs en
France ont indéniablement ébranlé, chacun des 4 piliers
dans les 30 dernières années, il n'en demeure pas moins que leurs
arguments et leur action n'a pas permis de prouver ni l'inefficacité du
concept « d'Etat social », ni la pertinence de leurs thèses.
Cela constitue un encouragement à persister, à la fois dans la
résistance aux assauts du libéralisme de droite, comme de gauche
pour ébranler notre système, et dans la construction de solutions
qui gagneront en crédibilité par la confrontation avec les
politiques actuelles.
Les salariés et leurs organisations syndicales ont une
responsabilité centrale dans ce processus à un triple niveau :
· Empêcher ou du moins limiter les mesures de
déstabilisation,
· Proposer des mesures nouvelles en animant le débat
citoyen,
· Agir concrètement dans les entreprises sur
chacun des leviers de responsabilisation des salariés. Par exemple, Il
est significatif de constater les difficultés à mettre en place
le document unique dans les entreprises dont la réglementation a
prévu qu'il était de la responsabilité de l'employeur de
l'établir, mais qui a omis d'y associer les salariés et leurs
représentants autrement que par un avis devant être émis
par le CHSCT73. Cette procédure d'identification des risques
est
73 Comité d'Hygiène de Sécurité et
des Conditions de Travail
pourtant fondamentale pour intervenir sur l'organisation du
travail et les effets des changements permanents qui y sont apportés.
Cela pose, bien entendu, la question de droits nouveaux et
des moyens de les exercer pour les salariés. Cela pose également
la question de la responsabilité sociale des entreprises.
b) La responsabilité sociale des entreprises, ne
peut pas s'exercer sur le mode unilatéral en matière de
protection sociale
A l'occasion du 35ème anniversaire de
Carrefour et de la première année de la création de sa
Direction des Ressources Humaines, Le Figaro du 9 juillet 1998, dans un article
intitulé : « Carrefour veut se donner une image sociale »,
décrit l'initiative médiatique du distributeur en écrivant
:
« Chez Carrefour, on ne néglige pas le social
et on tient à le faire savoir. L'initiative est conforme à une
tendance de fond des grandes sociétés, qui de plus en plus,
revendiquent le titre d'entreprise citoyenne, image et marketing obligent.
».
Sans rentrer dans une polémique stérile, on
à peine à lui accorder un tel label, tout comme d'ailleurs aux
autres entreprises de la grande distribution, lorsqu'on lit attentivement les
réponses aux questions ouvertes de notre enquête parmi les
salariés de Casino, Carrefour et Auchan. La lecture des travaux qui
racontent le quotidien des relations hiérarchiques et des souffrances
vécues par les salariés, n'autorise pas plus à aller dans
ce sens (PHILONENKO et GUIENNE, 1998, RAMAUT, 2006).
Par contre, il nous semble que la question se pose et
même, qu'il est indispensable de ne pas laisser les entreprises «
s'autoattribuer » les médailles dans ce domaine, d'autant que
l'utilisation du commerce équitable dans les principes du marketing tend
à devenir, aujourd'hui, un passage obligé pour la valorisation de
l'image des entreprises. On ne comprendrait, pas en effet, qu'elles puissent
vanter, auprès des consommateurs, les mérites de la
solidarité internationale pour « payer le juste prix aux petits
producteurs dans le monde, tout en considérant dans la pratique du
quotidien, leur personnel comme une simple variable d'ajustement.
Certains des travaux qui se développent sur ce sujet
(ARNAL et GALAVIELLE, 2005, et CAPRON M. et QUAIREL-LANOIZELEE F. 2004),
tendent à montrer le caractère souvent réducteur de
l'approche des employeurs dans le domaine de la responsabilité sociale
des entreprises (RSE). En effet, les initiatives, en ce domaine se heurtent
rapidement à la contradiction entre le « leadership », mode de
gestion qui a prévalu, jusqu'à présent «
shareholders74 » et la prise en compte des acteurs de
l'entreprise en dehors des actionnaires (« stakeholder »).
D'ailleurs, certains, préfèrent utiliser le terme de «
Responsabilité Sociétale des entreprises », choix qui n'est
pas anodin et qui traduit la volonté d'accréditer l'idée
que les entreprises pourraient se substituer à l'Etat pour assurer les
régulations nécessaires, dans une démarche toute
libérale.
74 La prise de conscience de la multiplicité des
parties prenantes et de leurs intérêts dans le fonctionnement des
entreprises a conduit à l'approche de ce que les anglo-saxons nomment la
« stakeholders theory » qui s'oppose à la conception
première de la gouvernance d'entreprise qui privilégie uniquement
l'actionnaire « shareholders » ou «leadership ».
On peut regretter, de ce point de vue, le caractère
général de la loi de 2001 sur les NRE (Nouvelles
Régulations Economiques) 75 et surtout, la négation du
principe d'association des salariés et de leurs représentants
à la gouvernance de l'entreprise, malgré la
nécessité reconnue de tenter de concilier les
intérêts des actionnaires (petits et grands) et des
salariés (ALTERNATIVES ECONOMIQUES, 2004 et ATTAC, 2004).
Dans ce cadre, il nous semble nécessaire de souligner
un problème qui nous paraît relativement peu abordé dans le
débat sociétal, et souvent négligé par les
organisations syndicales, alors que pourtant fondamentalement
d'actualité : celui du pouvoir dans les lieux mêmes de la
valorisation du travail créateur de richesses.
Autrement dit, nous ne pouvons pas nous contenter d'un
système social qui confine la démocratie aux portes de
l'entreprise. L'actualité quotidienne fourmille d'exemples qui montrent,
la crise grave affectant le pouvoir dans toutes ses déclinaisons
(managérial, médiatique, politique, etc.).
Contrairement à une idée reçue, le
contenu des luttes ouvrières en France a souvent été
marqué par la revendication de pouvoir participer à la gestion de
son destin, même si on ne l'a pas souvent valorisé. Cela a
été le cas, notamment, des luttes pour le contrôle des
caisses d'initiative patronale au XIXème siècle, qui
relèvent d'une lutte plus globale et traditionnelle en France contre
l'arbitraire patronal (DREYFUS, 2001).
N'est-on pas dans une époque particulièrement
propice à la revendication du pouvoir à partager dans les
décisions d'utilisation des richesses créées par le
travail ? Nous croyons à la nécessité d'une
véritable révolution symbolique à engager de ce
coté là, pour donner les raisons de faire émerger de
nouvelles espérances et de fonder de nouvelles solidarités
sociales indispensables à la cohérence de l'Etat-Nation.
Cela implique, non seulement la définition de
nouvelles régulations sociales, mais également, la mise en place
de processus d'informations pertinentes et de contrôles, associant
l'ensemble des acteurs du monde du travail et plus largement des citoyens.
Nous ne croyons pas au concept d'entreprise « souveraine
» associée à celui de « gouvernance » par un noyau
d'actionnaires sous le contrôle moral des autorités du
marché. Ce modèle montre, chaque jour, un peu plus ses limites.
L'entreprise résulte d'une construction sociale dans laquelle chacun des
acteurs (actionnaires, dirigeants, salariés, clients, fournisseurs,
Etat, etc.) a une légitimité associée au rôle qui
est le sien dans les processus de création de richesses.
Cette remarque nous renvoie au concept de
propriété et du rapport social induit dans toute la
complexité qu'il recèle. Nous ne pouvons réduire le sens
de la propriété de l'entreprise pour les actionnaires, à
celui de la propriété d'un objet réservé à
leur usage personnel, pas plus que celui d'une propriété
collective déléguée à l'Etat par le biais d'une
nationalisation, s'est révélé opérant en soi. La
question de la responsabilité sociale des entreprises existe bien, mais
au travers de la responsabilité sociale de chacun de ses acteurs et,
notamment, par l'investissement qu'en décideront les salariés, en
tant que partie prenante du processus décisionnel.
75 Loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles
régulations économiques
** ***** *
L'exploration du réel avec un regard qui
cherche à s'affranchir de la pensée dominante en matière
de gestion, suggère de nombreuses pistes de recherche pouvant
répondre au malaise croissant crée par les contradictions d'un
système qui semble montrer de plus en plus ses limites.
L'exemple de l'évolution des performances
économiques, sociales et financières de Casino réinterroge
les mécanismes qui président au fonctionnement de l'assurance
maladie. Il pose le problème de la responsabilité sociale des
entreprises au sens premier du terme, c'est-à- dire de leur contribution
à un fonctionnement harmonieux de la société et au
développement de la cohésion sociale.
Force est de constater, que les évolutions de
l'organisation du travail et de la rémunération, favorisés
par la déréglementation et, paradoxe libéral, par une
dérégulation organisée par l'Etat, contribuent à
généraliser une incertitude sociale dont les effets sur la
santé génèrent de multiples troubles supportés par
l'ensemble de la société.
Cette responsabilité est également celle
de l'Etat et par conséquent des citoyens qui devraient s'atteler
à reprendre l'édifice inachevé de « l'Etat social
» pour lui redonner les moyens, adaptés à la situation
actuelle, et capables de contribuer à la cohésion sociale
nécessaire par des régulations plus efficaces.
C'est également la responsabilité des
salariés, de leurs organisations syndicales et de leurs institutions
représentatives, pour investir le domaine de l'organisation du travail,
plus et mieux participer à la prévention de la santé au
travail et contrôler les fonds distribués sous forme de
cotisations sociales, tout comme le niveau des exonérations dans ce
domaine et leur utilisation.
** ***** *
Chapitre VI - Conclusion générale
Le choix, même d'un sujet, dans un travail de cette
nature, constitue à lui seul, une question douloureuse, dans la mesure
où il consiste à laisser de côté de nombreuses
questions, certes en lien parfois direct avec la problématique choisie,
mais supposant un effort de recherche, en soi suffisant, pour ne pas les
traiter de manière superficielle. Nous avons conscience, à
l'issue de notre travail de ne pas toujours avoir su se prémunir de ce
défaut et débordé du sujet à propos de questions
qui nous tiennent à coeur, mais qui auraient mérité mieux
qu'un simple survol. Nous souhaitons, ici, nous en excuser, par avance. C'est
sans doute, l'une des principales difficultés que nous avons
rencontré et sans doute, la principale limite de ce travail.
L'approche pluridisciplinaire que nous avons choisie pour
analyser le phénomène de hausse de l'absentéisme maladie
et de l'accidentéisme dans le cas d'une entreprise de la grande
distribution a montré les dérives d'une analyse, le plus souvent
sous l'angle de la rentabilité financière, sans
référence à la réalité des systèmes
de santé au travail et des besoins réels des salariés.
Cette approche pluridisciplinaire soulève de vastes
questions que la présente recherche n'avait pas l'ambition de traiter.
Plus modestement, elle se voulait une contribution au débat sur le
lancinant enjeu de la tension efficacité-santé, à partir
des connaissances et des expériences acquises en milieu professionnel,
sur la réalité du travail.
Nous avons tenté de montrer que le compromis de cette
tension a toujours été géré au détriment des
salariés au regard des dégâts engendrés par des
logiques d'organisation, tributaires de la rationalité économique
qui considère le travail comme un « coût » dans le
processus de valorisation de la production et comme une « contrainte
» dans le calcul économique.
Nos résultats mettent en évidence le besoin de
développer d'autres grilles de lecture et la construction de nouveaux
indicateurs, autres que comptables, pour nourrir le nécessaire
débat pluriel dans le traitement des questions soulevées dans
notre recherche.
En effet, les indicateurs comptables n'enregistrent que des
flux visibles et quantitatifs qui sont loin de refléter l'ensemble des
flux invisibles (mobilisation de la subjectivité au travail,
activité psychique, intensité, densité du travail, etc.).
Et même la réalité du travail ne peut se limiter à
une liste, aussi exhaustive soit-elle, de contraintes plus ou moins
juxtaposées pour décrire l'homme au travail et le réel de
l'activité.
Ces questions concernent toute la société parce
qu'elles touchent plus globalement des enjeux qui dépassent la seule
sphère de l'entreprise, pour toucher plus directement la santé
publique dont la santé au travail ne constitue qu'une des dimensions.
Celle-ci est, cependant, essentielle parce que la santé se construit
aussi dans le travail.
La santé, c'est aussi « ne pas la perdre à
gagner sa vie » au regard des risques auxquels les salariés sont
exposés au quotidien. Nous reprenons le voeu formulé par Philippe
ASKENAZY, stigmatisant « l'urgence à reposer le travail »
(ASKENAZY, 2006).
C'est dans cette perspective que l'approche
pluridisciplinaire peut trouver sa légitimité face aux
défis de la complexité où chaque sujet, chaque acteur peut
apporter sa contribution avec ses méthodes et ses outils, avec ses
connaissances et expériences du travail, dans des cadres de co-analyses,
et dans des réseaux d'échanges, de confrontations et de
coopérations impliquant des règles communes de conduite,
clairement définies et partagées au service ultime de la
collectivité et de la cohésion sociale.
De tels cadres ne peuvent que contribuer à la
construction de démarches et de méthodologies d'analyse qui
favorisent l'effort de questionnement dans l'explicitation des choix, des
limites, des compromis et des enjeux induits dans la gestion de la tension
santé-efficacité permettant de donner enfin sens au fameux
leitmotiv véhiculé par les cultures managériales et les
projets d'entreprise qui proclament que « l'homme en est la principale
richesse ».
Encore faudrait-il le reconnaître, autrement, que par
des slogans, en s'en donnant les moyens. Ils pourraient déboucher sur
des expérimentations concrètes, permettant aux salariés et
plus généralement aux citoyens, de s'impliquer dans le
débat et dans l'action participative.
Ces questions, nous paraissent avoir un caractère
d'urgence dans leur traitement, sous peine de s'enliser dans un processus
inefficace et couteux pour la société et pour les individus.
Notre système social a largement prouvé ses avantages dans le
passé et présente encore, aujourd'hui, des principes et des
résultats avantageux, notamment, au regard des systèmes
dominés par leur caractère marchand, comme celui des Etats-Unis.
Il nous reste à montrer les capacités individuelles et
collectives pour le renouveler.
** ***** *
Chapitre VII - Annexes : A. Note
méthodologique
a) Définitions :
· L'ACCIDENT DU TRAVAIL est l'accident
qu'elle qu'en soit la cause, survenu par le fait ou à l'occasion d'un
travail à toute personne salariée ou travaillant, à
quelque titre ou en quelques lieux que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs
ou chefs d'entreprise.
· L'ACCIDENT DU TRAJET est l'accident
survenu aux mêmes personnes sur le trajet entre leur lieu de travail et
leur domicile ou à l'occasion d'une mission effectuée pour le
compte de l'employeur.
· UNE MALADIE PROFESSIONNELLE est une
maladie présumée d'origine professionnelle lorsqu'elle est
inscrite sur une liste présentée sous forme de tableaux portant
indication d'un côté des affections considérées
comme professionnelles de l'autre, des travaux susceptibles de les provoquer et
de la durée d'incubation. Pour les maladies non inscrites sur une liste,
il appartient à l'assuré d'apporter la preuve, par expertise
individuelle, le cas échéant, de son origine professionnelle.
Ces notions font l'objet d'une jurisprudence abondante.
· PRESTATIONS : Dûment
constaté, l'accident du travail, l'accident du trajet ou la maladie
professionnelle entraîne pour la victime une prise en charge totale par
la sécurité sociale des soins et des actions de
rééducation fonctionnelle et professionnelle. Les
indemnités journalières sont majorées. En cas de
réduction définitive de la capacité de travail, la victime
a droit :
- à un capital, lorsque le taux de cette
incapacité permanente est inférieur à 10 % à une
rente, lorsque ce taux est égal ou supérieur à 10 %.
- En cas de décès de l'assuré, les
ayants-droit (conjoint, enfants et descendants à charge)
perçoivent une rente.
Ces règles s'appliquent aux secteurs professionnels
couverts par la « branche accidents du travail et maladies
professionnelles », mais aussi aux agents non titulaires de la fonction
publique, aux ouvriers de l'État du ministère de la
défense, aux agents de la SNCF, aux agents des industries
électriques et gazières, aux agents de la régie autonome
des transports parisiens et dans le régime minier. En revanche, les
fonctionnaires de l'État, des hôpitaux et des collectivités
territoriales relèvent d'autres systèmes d'indemnisation.
b) L'enquête auprès de salariés de
Casino, Auchan et Carrefour :
Cette enquête a été réalisée en
1997 par le cabinet DEGEST pour le compte de la Coordination Nationale des
Syndicats CGT de Casino.
1211 questionnaires ont été traités pour
les 3 entreprises. Cela représente un taux moyen de réponses que
l'on peut évaluer à 12% en moyenne.
En effet, il semble qu'il y ait une grande disparité
pour ce résultat dans la mesure où la distribution du
questionnaire n'a pas été homogène dans les
différents établissements. Ce sont les militants des syndicats
CGT et des structures professionnelles ou interprofessionnelles qui en ont
assumé la responsabilité, ce qui a rendu difficile un
contrôle précis de la distribution.
Les conditions particulièrement difficiles de cette
distribution, pour des raisons de disponibilité des militants,
d'accessibilité des salariés ou de difficultés apparues
avec les directions des établissements, rendent particulièrement
intéressant ce résultat qui montre par ailleurs un réel
besoin d'expression des salariés.
On peut estimer à 220 environ, le nombre
d'établissements différents dans lesquels le questionnaire a
été diffusé (25 Auchan, 60 Carrefour et 120 Casino),
même s'il semble n'avoir été distribué dans des
proportions significatives, que dans 50 à 60 établissements (10
Auchan, 15 Carrefour et 30 Casino).
Près d'1 répondant sur 2, a renseigné une
ou plusieurs questions ouvertes, ce qui témoigne d'un réel besoin
de s'exprimer et d'être écouté.
Des taux de non réponses faibles, ce qui montre un
sérieux et une implication importante pour les répondants qui ont
tenu à participer à l'enquête de la CGT et qui l'ont fait
avec application, malgré la longueur relative du questionnaire et les
conditions difficiles de sa distribution.
Malgré le taux de réponse non homogène
pour les 3 entreprises considérées, la comparaison des bilans
sociaux des trois entreprises aux caractéristiques des
répondants, nous permet de conclure à une bonne
représentativité de l'échantillon des répondants
par rapport à l'ensemble de la population ciblée. Il convient,
toutefois de relever un taux de syndicalisation relativement
élevé par rapport à la réalité, en
particulier à la CGT. Ce biais, n'a pas d'incidence sur les
réponses concernant l'appréciation des conditions du travail et
les représentations des salariés. Les tris croisés sur ce
critère, montre une homogénéité des
réponses, indépendamment de l'étiquette syndicale des
répondants.
47,7
Auchan Carrefour Casino
38,6
12,1
11,6
9,7
0,8 0,8
0,7 0,3
0
0,1
44,1 45,5
44,443,6
Location Propriété Parents Amis SDF
60
50
40
30
20
10
0
I. Caractéristiques de l'échantillon
(1)
2 - Votre établissement
Auchan Carrefour Casino
Hommes Femmes
ELS vendeurs
Entrepôt, réserve
OP
50
38,8
36,1
40
35,8
35,2
30,8
30
21,2
16,1
20
12,5
9
10
6
0,7
0
Caisier (e)
Administratif
Sécurité
Autre
5,3 5,3 6 7,5
8,1 7,7 6,3
4,3 4,7 2,7
Auchan Carrefour Casino
1 - Votre entreprise
%
100
80
60
40
20
0
11
27,7
63,3
Auchan Carrefour Casino
5- Votre activité professionnelle (fonction
principale)
%
Siège
Hypermarché
Supermarché
Entrepôt
Supérette
%
98,4
86,6
56,8
0 0,3 0,3
3,1 0,8 0 0,8
12,7 13, 1 6,1 10 ,6 13,5
Auchan Carrefour Casino
120
100
80
60
40
20
0
6 - Votre sexe
%
80
60
42,9
41,8
41,1
40
20
0
57,1 58,9 58,2
I. Caractéristiques de l'échantillon
(2)
7 - Quel âge avez-vous
%
40
20
30
10
0
15,5
10,2
10,6
30,2
28,2
20,6
13,2
10,9
15,9
18,6
13,6 16 13,9
15,4 14,7
10,9
8,5
15,3
3,1
7,2
7,6
Auchan Carrefour Casino
<25 25 à 30 30 à 35 35 à 40 40 à
45 45 à 50 > 50
9 - Votre habitation principale
%
I. Caractéristiques de l'échantillon
(3)
0
Employé Ouvrier Maîtrise Cadre
10- Quel est votre diplôme le plus
élevé
%
11 - Votre catégorie
91
91,6
83,6
Auchan Carrefour Casino
2,9
1
6 77,56
1,5 0,31,5
39,7
38,2
37,9
Auchan Carrefour Casino
35,9
30,6
23,7
22,9
19,2
16,6
13,7
12,1
9,7
CEP, BEPC Baccalauréat CAP, BEP Supérieur
%
120
100
80
60
40
20
50
40
30
20
10
0
12 - Votre statut
%
120
100
80
60
40
20
0
89,2
90,8
81,5
Auchan Carrefour Casino
12,5
9,2
3,9
1,2
0,3
0
7,2 0 0,3 0,9 1,5 1,4
Stagiaire CDI CDD Extérieur Autre
Dans les réponses aux questions ouvertes, nous avons
conservé, volontairement le texte exact des répondants, ce qui
explique les « fautes » d'orthographe et de grammaire, que nous
considérons utiles pour l'analyse.
Environnement de travail : Les condition
d'hygiène
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
Environnement sale
|
9,2
|
11,7
|
16,5
|
21,8
|
24,7
|
25,2
|
12,5
|
13,0
|
8,7
|
7,3
|
3,4
|
Environnement humide
|
7,9
|
10,8
|
12,6
|
12,7
|
15,0
|
16,6
|
4,8
|
4,2
|
4,0
|
4,7
|
3,9
|
Courants d'air
|
35,9
|
40,5
|
49,9
|
26,9
|
30,7
|
33,9
|
9,1
|
9,9
|
16,0
|
13,9
|
7,0
|
Risques infectieux
|
8,4
|
14,7
|
23,0
|
14,1
|
18,7
|
27,4
|
5,8
|
4,0
|
4,5
|
14,6
|
13,3
|
Absence ou mauvais état des locaux sanitaires
|
5,2
|
7,8
|
10,9
|
5,7
|
9,4
|
11,4
|
0,5
|
1,6
|
0,4
|
5,7
|
5,7
|
Absence de vue sur l'extérieur
|
-
|
27,5
|
33,3
|
-
|
18,2
|
20,9
|
-
|
9,3
|
12,4
|
5,9
|
2,7
|
Travail à la lumière artificielle
|
-
|
64,1
|
72,0
|
-
|
41,3
|
46,5
|
-
|
22,8
|
25,6
|
7,9
|
5,2
|
Environnement de travail : Les températures
extrêmes
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
Proportion de salariés qui déclarent que la
température à leur travail est
|
1,1
|
3,5
|
1,9
|
1,9
|
3,9
|
4,0
|
0,8
|
0,4
|
2,2
|
0,7
|
2,1
|
Souvent
|
13,2
|
20,3
|
13,1
|
15,5
|
22,4
|
15,3
|
2,3
|
2,1
|
2,2
|
0,1
|
0,2
|
Rarement
|
34,5
|
28,3
|
26,2
|
32,1
|
31,9
|
25,2
|
2,4
|
3,6
|
0,9
|
8,3
|
6,9
|
Jamais
|
51,1
|
48,0
|
58,8
|
50,5
|
41,8
|
55,4
|
0,6
|
6,2
|
3,4
|
7,7
|
4,9
|
Proportion de salariés qui déclarent que la
température à leur travail est très basse toujours
|
2,3
|
4,8
|
6,3
|
1,0
|
1,6
|
1,8
|
1,3
|
3,2
|
4,4
|
4,0
|
0,8
|
Souvent
|
23,9
|
25,2
|
23,1
|
15,2
|
15,7
|
13,1
|
8,7
|
9,5
|
10,0
|
0,9
|
2,1
|
Rarement
|
27,7
|
26,2
|
23,8
|
29,4
|
31,4
|
23,5
|
1,7
|
5,2
|
0,3
|
3,8
|
5,8
|
Jamais
|
46,1
|
43,8
|
46,8
|
54,4
|
51,2
|
61,5
|
8,3
|
7,4
|
14,7
|
0,7
|
7,1
|
Environnement de travail : Les empêchements de
parler
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
poste isolé
|
4,7
|
3,3
|
6,0
|
8,4
|
5,7
|
7,2
|
3,7
|
2,4
|
1,2
|
1,3
|
1,2
|
Interdiction de parler
|
5,2
|
7,0
|
11,0
|
1,7
|
2,0
|
2,1
|
3,5
|
4,9
|
8,9
|
5,8
|
0,4
|
Port de protection
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,9
|
1,2
|
2,5
|
0,9
|
1,2
|
2,5
|
0,0
|
1,6
|
Exigences du travail
|
5,7
|
8,2
|
11,6
|
4,0
|
6,2
|
6,6
|
1,7
|
2,0
|
5,0
|
5,9
|
2,6
|
Autres raisons
|
1,7
|
1,4
|
1,9
|
0,9
|
1,5
|
1,6
|
0,8
|
0,1
|
0,2
|
0,1
|
0,7
|
Sans objet
|
-
|
8,7
|
13,5
|
-
|
9,7
|
12,4
|
-
|
1,1
|
1,1
|
4,8
|
2,7
|
Environnement de travail : Les nuisances
sonores
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
|
|
|
|
|
|
Entendre une personne placée à 2 ou 3 m
|
5,8
|
12,2
|
15,9
|
13,8
|
15,3
|
14,0
|
8,0
|
3,2
|
1,9
|
10,1
|
0,2
|
Ne pas entrendre une personne placée à 2 ou 3 m
|
0,6
|
1,2
|
0,6
|
2,7
|
3,5
|
3,5
|
2,0
|
2,3
|
2,9
|
0,0
|
0,9
|
Subir de temps en temps des bruits très forts ou
trè aigus
|
12,1
|
21,3
|
19,0
|
24,8
|
32,0
|
30,5
|
12,6
|
10,7
|
11,6
|
6,8
|
5,8
|
Les indications données par les supérieurs
hiérarchiques
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
|
|
|
|
|
|
Supérieure disent comment faire le travail
|
|
24,4
|
20,8
|
|
17,9
|
14,2
|
-
|
6,4
|
6,6
|
3,5
|
3,7
|
Indiquent simplement l'objectif
|
|
75,6
|
79,2
|
|
82,1
|
85,8
|
-
|
6,4
|
6,6
|
3,5
|
3,7
|
Changements de poste selon une rotation
régulière
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
occupant différents postes selon une rotation
régulière
|
|
|
9,4
|
|
|
6,5
|
-
|
-
|
2,8
|
|
|
Du point de vue de l'intérêt de leur tavail et de
leurs compétences et de leur qualif c'est plutôt mieux
|
|
|
73,0
|
|
|
72,4
|
-
|
-
|
0,6
|
|
|
Du point de vue de l'intérêt de leur tavail et de
leurs compétences et de leur qualif c'est plutôt moins bien
|
|
|
8,8
|
|
|
11,1
|
-
|
-
|
2,3
|
|
|
Du point de vue de leur charge de travail c'est plutôt
mieux
|
|
|
43,4
|
|
|
37,4
|
-
|
-
|
6,0
|
|
|
Du point de vue de leur charge de travail c'est plutôt
moins bien
|
|
|
22, 1
|
|
|
28,3
|
-
|
-
|
6,2
|
|
|
C'est source d'erreur
|
|
|
15,6
|
|
|
18,5
|
-
|
-
|
2,9
|
|
|
Durée d'utilisation de l'informatique
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
|
|
|
|
|
|
Total utilisateurs
|
15,2
|
30,0
|
48,9
|
25,7
|
39,3
|
50,9
|
10,5
|
9,2
|
2,0
|
33,7
|
25,2
|
< 1 heure / jour
|
29,1
|
21,3
|
26,0
|
31,4
|
20,3
|
21,9
|
2,4
|
1,0
|
4,0
|
3,1
|
9,5
|
De 1 à 3 heures
|
29,9
|
31,0
|
22,7
|
29,8
|
28,3
|
25,1
|
0,1
|
2,7
|
2,3
|
7,2
|
4,8
|
3 heures et plus
|
41,0
|
47,7
|
51,3
|
38,7
|
51,4
|
53,0
|
2,2
|
3,7
|
1,7
|
10,3
|
14,3
|
Le contrôle des horaires
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
|
|
|
|
|
|
Aucun contrôle
|
49,2
|
48,6
|
47,8
|
52,0
|
52,8
|
55,6
|
2,8
|
4,1
|
7,8
|
1,4
|
3,6
|
Pointeuse
|
18,8
|
19,5
|
21,2
|
16,5
|
15,9
|
15,8
|
2,3
|
3,6
|
5,4
|
2,4
|
0,7
|
Signatures fiches horaores, etc.
|
2,6
|
1,1
|
4,3
|
5,5
|
5,3
|
6,6
|
2,9
|
4,2
|
2,3
|
1,7
|
1,1
|
Contrôle par encadrement
|
29,3
|
30,7
|
26,7
|
25,9
|
26,0
|
22,0
|
3,4
|
4,7
|
4,7
|
2,6
|
3,9
|
Responsabilités hiérarchiques
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
|
|
|
|
|
|
Déclarent exercer une autorité sur 1 ou plusieurs
salariés
|
|
9,3
|
11,6
|
|
22,0
|
22,4
|
-
|
12,7
|
10,8
|
2,3
|
0,4
|
Dont peuvent agir sur les primes ou sur les promotions
|
|
18,1
|
26,7
|
|
32,9
|
33,0
|
-
|
14,8
|
6,3
|
8,6
|
0,1
|
Heure de début de travail
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
Avant 5 heures
|
1,3
|
0,6
|
1,4
|
1,4
|
1,5
|
1,8
|
0,1
|
0,8
|
0,3
|
0,1
|
0,3
|
de 5 à 7 heures
|
5,3
|
8,7
|
11,8
|
8,0
|
8,5
|
9,2
|
2,8
|
0,1
|
2,6
|
6,6
|
1,2
|
De 7 à 7h30
|
3,6
|
6,8
|
5,2
|
9,0
|
8,7
|
7,8
|
5,4
|
1,9
|
2,6
|
1,6
|
1,2
|
De 7h30 à 8 heures
|
6,7
|
4,7
|
5,8
|
14,3
|
13,1
|
12,4
|
7,6
|
8,3
|
6,6
|
0,9
|
1,9
|
De 8 à 8h30
|
14,7
|
14,9
|
10,0
|
30,5
|
29,3
|
26,7
|
15,8
|
14,4
|
16,6
|
4,7
|
3,9
|
De 8h30 à 9 heures
|
10,1
|
9,2
|
10,1
|
13,5
|
13,1
|
13,9
|
3,4
|
3,9
|
3,7
|
0,0
|
0,4
|
De 9 à 10 heures
|
41,2
|
32,9
|
30,8
|
12,1
|
13,7
|
14,9
|
29,1
|
19,2
|
15,9
|
10,4
|
2,8
|
De 10 à 14 heures
|
10,2
|
13,9
|
14,3
|
5,7
|
6,7
|
7,5
|
4,4
|
7,2
|
6,8
|
4,1
|
1,7
|
De 14 à 20 heures
|
6,5
|
7,5
|
9,6
|
3,4
|
3,4
|
3,5
|
3,1
|
4,1
|
6,0
|
3,0
|
0,1
|
De 20 à 24 heures
|
0,3
|
0,7
|
1,0
|
1,9
|
2,1
|
2,4
|
1,6
|
1,4
|
1,4
|
0,6
|
0,5
|
Heure de fin de travail
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
Avant 8 heures
|
1,0
|
1,2
|
1,0
|
3,2
|
3,0
|
3,2
|
2,2
|
1,9
|
2,2
|
0,0
|
0,0
|
De 8 à 14 heures
|
10,1
|
14,6
|
18,8
|
8,3
|
9,8
|
10,7
|
1,9
|
4,8
|
8,1
|
8,7
|
2,4
|
De 14 à 17 heures
|
6,2
|
9,1
|
11,5
|
21,6
|
19,7
|
20,4
|
15,4
|
10,6
|
8,9
|
5,3
|
1,2
|
De 17 à 17h30
|
3,4
|
4,2
|
3,4
|
18,0
|
15,7
|
14,3
|
14,6
|
11,6
|
10,9
|
0,1
|
3,7
|
De 17h30 à 18 heures
|
2,8
|
3,3
|
2,9
|
12,9
|
12,3
|
11,4
|
10,1
|
9,0
|
8,5
|
0,1
|
1,6
|
De 18 à 18h30
|
9,4
|
8,5
|
6,0
|
13,6
|
13,9
|
13,2
|
4,2
|
5,4
|
7,2
|
3,4
|
0,4
|
De 18h30 à 19h30
|
44,3
|
32,9
|
28,6
|
11,7
|
13,0
|
13,7
|
32,5
|
19,9
|
14,9
|
15,7
|
2,0
|
De 19h30 à 22 heures
|
21,5
|
25,0
|
26,6
|
8,7
|
10,5
|
10,9
|
12,8
|
14,5
|
15,7
|
5,1
|
2,2
|
Après 22 heures
|
1,2
|
1,2
|
1,2
|
1,9
|
2,0
|
2,2
|
|
0,8
|
1,0
|
|
0,3
|
Le travail de nuit
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
Aucune
|
97,8
|
96,1
|
94,5
|
87,9
|
88,0
|
86,1
|
9,9
|
8,1
|
8,4
|
3,3
|
1,8
|
De 1 à 50
|
0,7
|
2,6
|
3,2
|
6,3
|
7,1
|
6,9
|
5,6
|
4,4
|
3,7
|
2,4
|
0,6
|
De 51 à 100
|
0,3
|
0,8
|
1,1
|
2,6
|
2,4
|
3,3
|
2,2
|
1,6
|
2,2
|
0,8
|
0,8
|
De 101 à 200
|
0,2
|
0,0
|
0,3
|
0,8
|
1,6
|
2,1
|
0,6
|
1,6
|
1,7
|
0,2
|
1,3
|
200 et plus
|
1,0
|
0,5
|
0,9
|
2,5
|
1,0
|
1,6
|
1,5
|
0,5
|
0,7
|
0,1
|
0,9
|
Possibilité de repos pendant le travail de nuit
|
-
|
-
|
15,3
|
-
|
-
|
35,8
|
-
|
-
|
20,5
|
|
|
Le travail du dimanche
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
Aucun
|
80,8
|
64,5
|
65,7
|
81,7
|
79,0
|
75,1
|
0,9
|
14,6
|
9,4
|
15,1
|
6,6
|
De 1 à 16
|
5,6
|
16,2
|
17,3
|
8,8
|
10,3
|
12,5
|
3,2
|
5,9
|
4,8
|
11,6
|
3,7
|
De 17 à 42
|
4,4
|
7,8
|
8,5
|
6,5
|
8,2
|
9,5
|
2,1
|
0,5
|
1,0
|
4,0
|
3,0
|
43 et plus
|
9,1
|
11,5
|
8,6
|
3,0
|
2,4
|
2,9
|
6,1
|
9,1
|
5,7
|
0,5
|
0,1
|
Le travail du samedi
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
|
|
|
|
|
|
Aucun
|
9,1
|
9,6
|
9,1
|
56,3
|
52,7
|
52,7
|
47,2
|
43,1
|
43,7
|
0,0
|
3,5
|
De 1 à 16
|
3,3
|
5,1
|
6,3
|
13,6
|
16,6
|
18,3
|
10,3
|
11,5
|
12,0
|
2,9
|
4,7
|
De 17 à 42
|
6,5
|
15,1
|
14,3
|
10,4
|
17,3
|
15,2
|
3,9
|
2,1
|
0,8
|
7,9
|
4,7
|
43 et plus
|
81,1
|
70,1
|
70,3
|
19,7
|
13,4
|
13,8
|
61,4
|
56,7
|
56,5
|
10,8
|
5,9
|
Les fluctuations par rapport aux horaires
habituels
|
Employés de commerce
|
Ensemble
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
Déclarent qu'ils leur arrivent de dépasser leurs
horaires
|
|
|
67,6
|
|
|
64,3
|
-
|
-
|
3,3
|
|
|
Dont pour surcroît d'activité
|
|
|
81,6
|
|
|
90,2
|
-
|
-
|
8,6
|
|
|
pour absences de certaines personnes
|
|
|
44,8
|
|
|
19,7
|
-
|
-
|
25,2
|
|
|
pour convenances personnelles
|
|
|
5,7
|
|
|
11,3
|
-
|
-
|
5,6
|
|
|
Déclarent qu'il leur arrive de travailler moins
longtemps
|
|
|
23,8
|
|
|
28,1
|
-
|
-
|
4,3
|
|
|
Dont pour ralentissement d'activité
|
|
|
68,1
|
|
|
57,5
|
-
|
-
|
10,6
|
|
|
pour convenances personnelles
|
|
|
39,5
|
|
|
50,1
|
-
|
-
|
10,6
|
|
|
Déclarent qu'il leur arrivent de travailler plus et
moins
|
|
|
22,3
|
|
|
25,7
|
-
|
-
|
3,4
|
|
|
Le repos de 48 heures consécutives
|
Employés de commerce
|
|
Ensemble
|
|
d-a
|
e-b
|
f-c
|
c-a
|
f-d
|
(a)1984
|
(b)1991
|
(c)1998
|
(d)1984
|
(e)1991
|
(f)1998
|
N'en disposent pas
|
45,3
|
52,2
|
60,5
|
18,7
|
21,3
|
20,8
|
26,6
|
30,8
|
39,8
|
15,2
|
2,0
|
C. Données économiques,
financières et sociales Casino a) Données économiques
et financières (1 992-2005)
Montant En Millions dEuros
Ratios
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
92-05
|
Surface de vente (milliers de m2)
|
1370,0
|
1362,0
|
1 397,0
|
1 353,0
|
1 406,0
|
1 445,0
|
1 485,0
|
1 499,0
|
1 501,0
|
1 522,0
|
1 551,0
|
1 514,0
|
1 578,0
|
1 703,7
|
22,0%
|
Montant net CA
|
4875,1
|
7681,6
|
7 997,5
|
8 039,1
|
8 249,2
|
8 382,7
|
8 585,1
|
8 855,3
|
9 376,8
|
10 106,1
|
10 580,0
|
10 838,8
|
10 788,6
|
10 598,0
|
32,5%
|
Achats consommés
|
3 605,4
|
5 833,3
|
6 096,2
|
6 102,1
|
6 228,2
|
6 241,1
|
6 352,2
|
6 523,5
|
7 635,1
|
7 635,1
|
7 992,3
|
8 160,4
|
8 159,4
|
8 191,2
|
34,4%
|
Marge commerciale brute
|
1 269,6
|
1 848,2
|
1 901,3
|
1 937,0
|
2 021,0
|
2 141,6
|
2 232,9
|
2 331,8
|
1 741,7
|
2 471,0
|
2 587,7
|
2 678,4
|
2 629,2
|
2 966,8
|
56,0%
|
Autres charges externes
|
522,2
|
786,6
|
825,8
|
860,0
|
892,4
|
933,8
|
998,4
|
1 062,6
|
1 059,4
|
1 059,4
|
1 109,8
|
1 073,2
|
1 048,3
|
1 134,0
|
37,3%
|
Consommations intermédiaires
|
4 127,6
|
6 620,0
|
6 922,0
|
6 962,1
|
7 120,6
|
7 174,9
|
7 350,5
|
7 586,1
|
8 694,5
|
8 694,5
|
9 102,1
|
9 233,6
|
9 207,7
|
9 325,2
|
34,7%
|
Valeur Ajoutée
|
781,9
|
1104,4
|
1 133,7
|
1 111,0
|
1 155,7
|
1 243,2
|
1 327,9
|
1 369,3
|
1 274,2
|
1 441,2
|
1 550,5
|
1 636,1
|
1 595,1
|
1 356,8
|
19,7%
|
VA disponible pour les salariés et les populations
|
686,6
|
951,6
|
981,8
|
978,5
|
1 024,2
|
1 081,6
|
1 097,7
|
1 136,7
|
1 033,1
|
1 123,3
|
1 177,9
|
1 217,5
|
1 194,3
|
1 087,5
|
10,8%
|
Effectifs Eq Temps plein
|
24 738
|
35 400
|
35 107
|
35 722
|
36 104
|
36 689
|
37 158
|
36 880
|
33 859
|
35 818
|
36 427
|
36 887
|
36 157
|
35 470
|
1,0%
|
Heures Travaillées
|
37 631 663
|
52 321 200
|
55 281 701
|
54 067 554
|
54 739 321
|
54 796 113
|
55 230 685
|
54 162 929
|
53 109 561
|
48 826 618
|
49 605 490
|
49 522 707
|
48 473 992
|
47 647 758
|
-13,8%
|
Salaires traitements (hors 10 plus hauts salaires)
|
432,7
|
602,4
|
621,7
|
608,7
|
625,8
|
646,5
|
661,4
|
668,5
|
612,3
|
640,0
|
679,1
|
702,7
|
702,3
|
714,2
|
14,9%
|
Montant global des 10 rémunérations les plus
élevées
|
2,3
|
2,3
|
2,1
|
2,3
|
2,3
|
2,2
|
2,2
|
2,7
|
2,1
|
2,3
|
2,9
|
2,9
|
3,1
|
2,7
|
28,4%
|
Cotisations sociales
|
181,2
|
251,6
|
255,8
|
241,8
|
231,5
|
234,8
|
253,2
|
252,8
|
199,5
|
208,6
|
228,7
|
233,3
|
227,4
|
233,1
|
-8,9%
|
Intéressement et participation
|
14,1
|
14,7
|
20,2
|
23,8
|
39,6
|
45,4
|
40,6
|
49,5
|
53,1
|
66,0
|
60,9
|
62,8
|
50,0
|
25,6
|
26,6%
|
Coût personnel
(Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
|
628,1
|
868,8
|
897,7
|
874,2
|
896,9
|
926,7
|
955,2
|
970,8
|
864,9
|
914,6
|
968,7
|
998,8
|
979,7
|
972,9
|
8,4%
|
Etat (Impôts exploit.+Impôts
bénéf.-Subventions exploit.)
|
53,9
|
82,9
|
84,0
|
104,3
|
127,3
|
154,9
|
142,6
|
165,9
|
168,2
|
208,7
|
209,3
|
218,7
|
214,6
|
114,6
|
36,4%
|
Exédent brut d'exploitation
|
95,3
|
171,2
|
169,5
|
157,2
|
173,3
|
216,4
|
271,0
|
297,7
|
310,7
|
419,9
|
475,8
|
531,3
|
512,8
|
276,2
|
62,9%
|
Profit total net
|
70,8
|
127,2
|
145,2
|
140,6
|
144,6
|
144,9
|
231,4
|
261,4
|
186,8
|
292,9
|
336,2
|
372,5
|
451,1
|
367,1
|
152,7%
|
Montant total distribué aux actionnaires
|
20,5
|
28,8
|
49,9
|
35,0
|
50,3
|
71,4
|
98,5
|
106,7
|
96,5
|
197,6
|
197,2
|
190,3
|
245,6
|
178,0
|
257,0%
|
Participation
|
0,0
|
3,7
|
2,8
|
5,6
|
14,6
|
15,7
|
10,0
|
19,8
|
22,9
|
20,8
|
22,4
|
23,0
|
21,4
|
15,1
|
432,9%
|
Profit conservé par l'entreprise
|
50,3
|
98,4
|
95,4
|
105,7
|
94,4
|
73,5
|
132,9
|
154,8
|
90,3
|
95,3
|
139,0
|
182,3
|
205,5
|
363,1
|
280,6%
|
Capitaux propres
|
412,8
|
3036,2
|
403,3
|
407,6
|
410,1
|
413,6
|
415,9
|
432,2
|
1 121,6
|
1 134,4
|
1 141,7
|
1 369,1
|
3 270,2
|
3 295,1
|
717,0%
|
Ratios
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Rentabilité économique (EBE/CP)
|
23,1%
|
5,6%
|
42,0%
|
38,6%
|
42,3%
|
52,3%
|
65,1%
|
68,9%
|
27,7%
|
37,0%
|
41,7%
|
38,8%
|
15,7%
|
8,4%
|
Rentabilité capitaux propres (Profit total net / CP)
|
5,0%
|
0,9%
|
12,4%
|
8,6%
|
12,3%
|
17,3%
|
23,7%
|
24,7%
|
8,6%
|
17,4%
|
17,3%
|
13,9%
|
7,5%
|
5,4%
|
Efficacité du capital (VA/Immo B)
|
93,4%
|
93,4%
|
93,4%
|
83,5%
|
81,6%
|
78,7%
|
80,7%
|
78,3%
|
49,1%
|
53,7%
|
54,8%
|
54,4%
|
56,4%
|
56,4%
|
VA / FP
|
123,6%
|
127,1%
|
126,3%
|
127,1%
|
128,9%
|
134,2%
|
139,0%
|
141,0%
|
147,3%
|
157,6%
|
160,1%
|
163,8%
|
162,8%
|
162,8%
|
FP / Immo B
|
136,4%
|
93,3%
|
74,0%
|
65,7%
|
63,4%
|
58,7%
|
58,0%
|
55,5%
|
33,3%
|
34,1%
|
34,2%
|
33,2%
|
34,6%
|
34,6%
|
Capitaux propres / Capitaux permanents
|
76,4%
|
76,4%
|
76,4%
|
77,0%
|
77,2%
|
63,5%
|
65,5%
|
66,2%
|
83,2%
|
62,3%
|
63,1%
|
63,3%
|
84,1%
|
84,1%
|
Dettes à + d'un an / Capitaux permanents
|
7,1%
|
7,1%
|
7,1%
|
7,0%
|
3,0%
|
16,4%
|
16,2%
|
17,2%
|
8,0%
|
32,7%
|
32,7%
|
33,0%
|
13,5%
|
13,5%
|
Montant par heure de travail En Euros courants
Ratios / heure de travail
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
92-05
|
Montant net CA
|
129,55
|
146,82
|
144,67
|
148,69
|
150,70
|
152,98
|
155,44
|
163,49
|
176,56
|
206,98
|
213,28
|
218,87
|
222,56
|
222,42
|
53,7%
|
Achats consommés
|
95,81
|
111,49
|
110,28
|
112,86
|
113,78
|
113,90
|
115,01
|
120,44
|
143,76
|
156,37
|
161,12
|
164,78
|
168,33
|
171,91
|
55,9%
|
Marge commerciale brute
|
33,74
|
35,32
|
34,39
|
35,83
|
36,92
|
39,08
|
40,43
|
43,05
|
32,79
|
50,61
|
52,16
|
54,08
|
54,24
|
62,27
|
81,0%
|
Consommations intermédiaires
|
109,68
|
126,53
|
125,21
|
128,77
|
130,08
|
130,94
|
133,09
|
140,06
|
163,71
|
178,07
|
183,49
|
186,45
|
189,95
|
195,71
|
56,3%
|
Valeur Ajoutée
|
20,78
|
21,11
|
20,51
|
20,55
|
21,11
|
22,69
|
24,04
|
25,28
|
23,99
|
29,52
|
31,26
|
33,04
|
32,91
|
28,48
|
38,9%
|
VA disponible pour les salariés et les populations
|
18,25
|
18,19
|
17,76
|
18,10
|
18,71
|
19,74
|
19,88
|
20,99
|
19,45
|
23,01
|
23,75
|
24,59
|
24,64
|
22,82
|
28,5%
|
Salaires traitements (hors 10 plus hauts salaires)
|
11,50
|
11,51
|
11,25
|
11,26
|
11,43
|
11,80
|
11,97
|
12,34
|
11,53
|
13,11
|
13,69
|
14,19
|
14,49
|
14,99
|
33,3%
|
Montant global des 10 rémunérations les plus
élevées
|
0,0614
|
0,0438
|
0,0376
|
0,0420
|
0,0425
|
0,0394
|
0,0392
|
0,0500
|
0,0386
|
0,0477
|
0,0579
|
0,0589
|
0,0633
|
0,0560
|
49,0%
|
Cotisations sociales
|
4,82
|
4,81
|
4,63
|
4,47
|
4,23
|
4,28
|
4,58
|
4,67
|
3,76
|
4,27
|
4,61
|
4,71
|
4,69
|
4,89
|
5,7%
|
Intéressement et participation
|
0,38
|
0,28
|
0,37
|
0,44
|
0,72
|
0,83
|
0,73
|
0,91
|
1,00
|
1,35
|
1,23
|
1,27
|
1,03
|
0,54
|
46,9%
|
Coût personnel (Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
|
16,69
|
16,60
|
16,24
|
16,17
|
16,38
|
16,91
|
17,29
|
17,92
|
16,29
|
18,73
|
19,53
|
20,17
|
20,21
|
20,42
|
25,7%
|
Etat (Impôts exploit.+Impôts
bénéf.-Subventions exploit.)
|
1,43
|
1,58
|
1,52
|
1,93
|
2,33
|
2,83
|
2,58
|
3,06
|
3,17
|
4,27
|
4,22
|
4,42
|
4,43
|
2,40
|
58,2%
|
Exédent brut d'exploitation
|
2,53
|
3,27
|
3,07
|
2,91
|
3,17
|
3,95
|
4,91
|
5,50
|
5,85
|
8,60
|
9,59
|
10,73
|
10,58
|
5,80
|
89,0%
|
Profit total net
|
1,88
|
2,43
|
2,63
|
2,60
|
2,64
|
2,64
|
4,19
|
4,83
|
3,52
|
6,00
|
6,78
|
7,52
|
9,31
|
7,70
|
193,2%
|
Montant total distribué aux actionnaires
|
0,54
|
0,55
|
0,90
|
0,65
|
0,92
|
1,30
|
1,78
|
1,97
|
1,82
|
4,05
|
3,98
|
3,84
|
5,07
|
3,74
|
314,2%
|
Participation
|
0,00
|
0,07
|
0,05
|
0,10
|
0,27
|
0,29
|
0,18
|
0,37
|
0,43
|
0,43
|
0,45
|
0,46
|
0,44
|
0,32
|
518,3%
|
Profit conservé par l'entreprise
|
10,97
|
58,03
|
7,30
|
7,54
|
7,49
|
7,55
|
7,53
|
7,98
|
21,12
|
23,23
|
23,02
|
27,65
|
67,46
|
69,16
|
847,9%
|
Coût personnel (Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)
|
83,4%
|
80,5%
|
79,7%
|
78,1%
|
76,7%
|
75,6%
|
7 1,9%
|
69,4%
|
70,9%
|
64,6%
|
64,0%
|
62,8%
|
59,5%
|
66,9%
|
-19,8%
|
Etat (Impôts exploit.+Impôts
bénéf.-Subventions exploit.)
|
7,2%
|
7,7%
|
7,5%
|
9,3%
|
10,9%
|
12,6%
|
10,7%
|
11,9%
|
13,8%
|
14,7%
|
13,8%
|
13,8%
|
13,0%
|
7,9%
|
10,0%
|
Profit total net
|
9,4%
|
11,8%
|
12,9%
|
12,6%
|
12,4%
|
11,8%
|
17,4%
|
18,7%
|
15,3%
|
20,7%
|
22,2%
|
23,4%
|
27,4%
|
25,2%
|
168,4%
|
Source : Comptes sociaux Casino, Rapports
assemblée générale et calculs personnels
b) Données sociales (1 992-2005)
Indicateurs du Bilan social
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
111 Effectifs au 31-12
|
23 700
|
24 484
|
36 653
|
36 294
|
37 000
|
37 521
|
38 022
|
37 882
|
36 063
|
36 855
|
36 475
|
35 342
|
35 224
|
111 Cadres
|
1 174
|
1 275
|
1 765
|
1 762
|
1 841
|
1 922
|
2 010
|
1 906
|
1 533
|
1 656
|
1 679
|
1 710
|
1763
|
111 Maîtrise
|
2 230
|
2 425
|
3 604
|
3 590
|
3 770
|
3 984
|
4 065
|
4 089
|
3 907
|
3 963
|
4 031
|
4 005
|
3 981
|
111 Employés ouvriers coef. 150 et +
|
11 771
|
12 085
|
18 925
|
19 826
|
21 891
|
23 871
|
24 991
|
24 500
|
23 741
|
26 056
|
26 484
|
26 125
|
26 416
|
111 Employés ouvriers coef, <150
|
8 525
|
8 699
|
12 359
|
11 116
|
9 498
|
7 744
|
6 956
|
7 387
|
6 882
|
5 180
|
4 281
|
3 502
|
3 064
|
|
1
|
1
|
51,7%
|
51,2%
|
49,1%
|
48,7%
|
47,6%
|
46,0%
|
41,2%
|
44,0%
|
45,5%
|
47,7%
|
48,3%
|
112 Effectifs permanent
|
12 716
|
12 917
|
19 120
|
18 908
|
18 605
|
18 719
|
18 523
|
17 763
|
15 060
|
16 397
|
17 126
|
17 460
|
17 373
|
112 Cadres
|
1 090
|
1 194
|
1 695
|
1 712
|
1 767
|
1 824
|
1 871
|
1 782
|
1 419
|
1 556
|
1 579
|
1 594
|
1 631
|
112 Maîtrise
|
2 064
|
2 087
|
3 078
|
3 013
|
3 087
|
3 350
|
3 414
|
3 429
|
3 030
|
3 236
|
3 396
|
3 438
|
3 329
|
112 Employés ouvriers coef. 150 et +
|
7 397
|
7 487
|
11 090
|
11 689
|
12 248
|
12 841
|
12 922
|
12 230
|
10 049
|
10 953
|
11 461
|
11 757
|
11 832
|
112 Employés ouvriers coef, <150
|
2 165
|
2 149
|
3 257
|
2 494
|
1 503
|
704
|
316
|
322
|
562
|
652
|
690
|
671
|
581
|
113 Effectifs titulaires CDD au 31-12
|
2 902
|
2 977
|
4 565
|
4 162
|
3 949
|
3 807
|
3 896
|
4 233
|
4 072
|
3 500
|
3 109
|
2 907
|
3 026
|
Cadres
|
0
|
1
|
0
|
3
|
1
|
4
|
2
|
2
|
3
|
3
|
2
|
1
|
1
|
Maîtrise
|
3
|
233
|
299
|
390
|
325
|
230
|
188
|
101
|
7
|
2
|
2
|
3
|
6
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
197
|
241
|
352
|
309
|
361
|
464
|
792
|
1 028
|
1 657
|
1 700
|
1 640
|
1 607
|
1 770
|
Employés ouvriers coef, <150
|
2 702
|
2 502
|
3 914
|
3 460
|
3 262
|
3 109
|
2 914
|
3 102
|
2 405
|
1 795
|
1 465
|
1 296
|
1 249
|
114 Effectif mensuel moyen de l'année
|
24 493
|
24 817
|
36 975
|
36 923
|
37 877
|
38 442
|
38 910
|
38 643
|
36 573
|
37 270
|
37 669
|
36 616
|
35 940
|
Cadres
|
1 150
|
1 232
|
1 795
|
1 742
|
1 787
|
1 885
|
1 960
|
1 956
|
1 511
|
1 621
|
1 662
|
1 705
|
1 714
|
Maîtrise
|
2 293
|
2 413
|
3 692
|
3 550
|
3 696
|
3 848
|
3 993
|
4 025
|
3 702
|
3 907
|
3 939
|
3 992
|
3 953
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
11 812
|
11 950
|
18 377
|
19 552
|
20 804
|
23 274
|
24 990
|
24 735
|
23 172
|
25 280
|
26 817
|
26 787
|
26 751
|
Employés ouvriers coef, <150
|
9 238
|
9 222
|
13 111
|
12 079
|
11 590
|
9 435
|
7 967
|
7 927
|
8 188
|
6 462
|
5 251
|
4 132
|
3 522
|
|
48,2%
|
48,2%
|
49,7%
|
53,0%
|
54,9%
|
60,5%
|
64,2%
|
64,0%
|
63,4%
|
67,8%
|
71,2%
|
73,2%
|
74,4%
|
115 Répartition par sexe au 31-12
|
37,7%
|
37,2%
|
35,5%
|
32,7%
|
30,6%
|
24,5%
|
20,5%
|
20,5%
|
22,4%
|
17,3%
|
13,9%
|
11,3%
|
9,8%
|
Total femmes
|
14 093
|
14 601
|
22 776
|
22 613
|
22 927
|
23 127
|
23 488
|
23 389
|
23 658
|
24 060
|
23 774
|
22 964
|
22 861
|
Cadres Hommes
|
1 046
|
1 134
|
1 560
|
1 556
|
1 607
|
1 658
|
1 709
|
1 616
|
1 320
|
1 404
|
1 417
|
1 443
|
1 485
|
Cadres Femmes
|
128
|
141
|
205
|
206
|
234
|
264
|
301
|
290
|
213
|
252
|
262
|
267
|
278
|
Maîtrise Hommes
|
1 653
|
1 792
|
2 628
|
2 614
|
2 732
|
2 855
|
2 851
|
2 840
|
2 756
|
2 748
|
2 756
|
2 711
|
2 687
|
Maîtrise Femmes
|
577
|
633
|
976
|
976
|
1 038
|
1 129
|
1 214
|
1 249
|
1 151
|
1 215
|
1 275
|
1 294
|
1 294
|
Employés ouvriers coef. 150 et + Hommes
|
4 153
|
4 259
|
6 005
|
6 311
|
6 927
|
7 424
|
7 857
|
7 684
|
6 041
|
6 526
|
6 669
|
6 618
|
6 760
|
Employés ouvriers coef. 150 et + Femmes
|
7 618
|
7 826
|
12 920
|
13 515
|
14 964
|
16 447
|
17 134
|
16 816
|
17 700
|
19 530
|
19 815
|
19 507
|
19 656
|
Employés ouvriers coef, <150 Hommes
|
2 755
|
2 698
|
3 684
|
3 200
|
2 807
|
2 457
|
2 117
|
2 353
|
2 288
|
2 117
|
1 859
|
1 606
|
1 431
|
Employés ouvriers coef, <150 Femmes
|
5 770
|
6 001
|
8 675
|
7 916
|
6 691
|
5 287
|
4 839
|
5 034
|
4 594
|
3 063
|
2 422
|
1 896
|
1 633
|
116 Répartition par âge au 31-12
|
|
1992
|
1993
|
1994
|
|
1995
|
1996
|
1997
|
|
1998
|
1999
|
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
|
2005
|
|
Age moyen
|
|
33,7
|
33,7
|
|
34,2
|
34,5
|
34,8
|
|
35,1
|
35,4
|
|
35,6
|
35,5
|
35,8
|
36,3
|
|
36,9
|
|
37,2
|
Age moyen Cadres
|
|
40,5
|
40,4
|
|
40,2
|
40,5
|
40,5
|
|
40,5
|
40,5
|
|
40,8
|
40,6
|
40,4
|
40,8
|
|
41,1
|
|
41,2
|
Cadres < 20 ans
|
|
0
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
|
0
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Cadres 20-25 ans
|
|
4
|
9
|
|
14
|
10
|
9
|
|
6
|
15
|
|
14
|
7
|
8
|
8
|
|
1
|
|
11
|
Cadres 25-30 ans
|
|
105
|
134
|
|
179
|
180
|
188
|
|
228
|
252
|
|
207
|
139
|
158
|
131
|
|
109
|
|
116
|
Cadres 30-35 ans
|
|
222
|
242
|
|
363
|
360
|
380
|
|
378
|
372
|
|
357
|
340
|
376
|
397
|
|
398
|
|
380
|
Cadres 35-40 ans
|
|
248
|
255
|
|
354
|
331
|
348
|
|
360
|
378
|
|
369
|
301
|
327
|
319
|
|
338
|
|
353
|
Cadres 40-45 ans
|
|
233
|
232
|
|
309
|
315
|
323
|
|
324
|
332
|
|
301
|
265
|
276
|
275
|
|
301
|
|
309
|
Cadres 45-50 ans
|
|
193
|
212
|
|
289
|
294
|
302
|
|
288
|
288
|
|
293
|
199
|
209
|
235
|
|
240
|
|
251
|
Cadres 50-55 ans
|
|
141
|
139
|
|
181
|
181
|
196
|
|
232
|
262
|
|
252
|
201
|
204
|
201
|
|
199
|
|
207
|
Cadres > 55 ans
|
|
28
|
52
|
|
76
|
91
|
95
|
|
106
|
111
|
|
113
|
81
|
98
|
113
|
|
124
|
|
136
|
Total Cadres
|
|
1 174
|
1 275
|
1
|
765
|
1 762
|
1 841
|
1
|
922
|
2 010
|
1
|
906
|
1 533
|
1 656
|
1 679
|
1
|
710
|
1
|
763
|
Age moyen Maîtrise
|
|
36,9
|
35,7
|
|
35,9
|
35,8
|
35,4
|
|
35,5
|
35,7
|
|
35,8
|
35,1
|
35,4
|
35,7
|
|
36,0
|
|
36,1
|
Maîtrise < 20 ans
|
|
0
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
|
2
|
1
|
|
1
|
1
|
2
|
2
|
|
1
|
|
0
|
Maîtrise 20-25 ans
|
|
98
|
302
|
|
352
|
437
|
467
|
|
431
|
417
|
|
424
|
565
|
564
|
510
|
|
463
|
|
451
|
Maîtrises 25-30 ans
|
|
574
|
608
|
|
883
|
881
|
1 041
|
1
|
199
|
1 224
|
1
|
198
|
1 043
|
959
|
1 010
|
|
959
|
|
960
|
Maîtrise 30-35 ans
|
|
395
|
360
|
|
656
|
592
|
563
|
|
558
|
566
|
|
583
|
655
|
716
|
746
|
|
782
|
|
774
|
Maîtrise 35-40 ans
|
|
345
|
327
|
|
496
|
461
|
480
|
|
525
|
519
|
|
520
|
452
|
484
|
477
|
|
478
|
|
467
|
Maîtrise 40-45 ans
|
|
343
|
327
|
|
502
|
457
|
433
|
|
424
|
444
|
|
451
|
391
|
416
|
414
|
|
423
|
|
430
|
Maîtrise 45-50 ans
|
|
248
|
263
|
|
387
|
402
|
403
|
|
414
|
424
|
|
428
|
348
|
356
|
369
|
|
370
|
|
371
|
Maîtrise 50-55 ans
|
|
190
|
188
|
|
233
|
245
|
263
|
|
286
|
322
|
|
344
|
312
|
306
|
315
|
|
332
|
|
330
|
Maîtrise > 55 ans
|
|
37
|
50
|
|
95
|
115
|
120
|
|
145
|
148
|
|
140
|
140
|
160
|
188
|
|
197
|
|
198
|
Total Maîtrise
|
|
2 230
|
2 425
|
3
|
604
|
3 590
|
3 770
|
3
|
984
|
4 065
|
4
|
089
|
3 907
|
3 963
|
4 031
|
4
|
005
|
3
|
981
|
Age moyen Emp. Ouv. coef. 150 et plus
|
|
35,6
|
35,7
|
|
35,9
|
36,5
|
36,8
|
|
37,1
|
37,4
|
|
37,7
|
37,4
|
37,1
|
37,4
|
|
37,9
|
|
38,1
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + < 20 ans
|
|
53
|
45
|
|
38
|
52
|
78
|
|
99
|
274
|
|
402
|
870
|
1 042
|
1 083
|
|
978
|
1
|
032
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + 20-25 ans
|
|
1 320
|
1 375
|
2
|
116
|
1 906
|
2 137
|
2
|
221
|
2 185
|
2
|
147
|
2 925
|
3 804
|
3 985
|
3
|
877
|
3
|
848
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + 25-30 ans
|
|
2 572
|
2 496
|
3
|
643
|
3 574
|
3 766
|
4
|
031
|
4 137
|
3
|
611
|
2 756
|
2 914
|
2 672
|
2
|
495
|
2
|
594
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + 30-35 ans
|
|
2 289
|
2 390
|
3
|
848
|
4 074
|
4 353
|
4
|
496
|
4 311
|
3
|
982
|
3 290
|
3 369
|
3 377
|
3
|
159
|
2
|
968
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + 35-40 ans
|
|
1 894
|
1 958
|
3
|
232
|
3 394
|
3 766
|
4
|
096
|
4 386
|
4
|
385
|
4 066
|
4 160
|
3 941
|
3
|
692
|
3
|
576
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + 40-45 ans
|
|
1 474
|
1 578
|
2
|
623
|
2 811
|
3 119
|
3
|
472
|
3 661
|
3
|
716
|
3 587
|
3 887
|
4 091
|
4
|
146
|
4
|
218
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + 45-50 ans
|
|
1 121
|
1 193
|
1
|
859
|
2 162
|
2 450
|
2
|
771
|
2 998
|
3
|
118
|
2 908
|
3 134
|
3 265
|
3
|
443
|
3
|
539
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + 50-55 ans
|
|
680
|
709
|
1
|
045
|
1 230
|
1 484
|
1
|
826
|
2 038
|
2
|
144
|
2 234
|
2 416
|
2 552
|
2
|
712
|
2
|
850
|
Emp. Ouv. coef. 150 et + > 55 ans
|
|
368
|
341
|
|
521
|
623
|
738
|
|
859
|
1 001
|
|
995
|
1 105
|
1 330
|
1 518
|
1
|
623
|
1
|
791
|
Total Emp. Ouv. coef. 150 et +
|
|
11 771
|
12 085
|
18
|
925
|
19 826
|
21 891
|
23
|
871
|
24 991
|
24
|
500
|
23 741
|
26 056
|
26 484
|
26
|
125
|
26
|
416
|
Age moyen Emp. Ouv. coef. < 150
|
|
29,2
|
29,2
|
|
30,1
|
29,6
|
28,8
|
|
27,1
|
26,5
|
|
27,1
|
28,0
|
28,3
|
28,5
|
|
28,8
|
|
28,7
|
Emp. Ouv. coef. < 150 < 20 ans
|
|
766
|
614
|
|
728
|
706
|
672
|
|
766
|
790
|
|
863
|
854
|
611
|
443
|
|
341
|
|
323
|
Emp. Ouv. coef. < 150 20-25 ans
|
|
3 115
|
3 359
|
4
|
383
|
4 217
|
3 896
|
3
|
532
|
3 134
|
2
|
962
|
2 623
|
1 926
|
1 707
|
1
|
384
|
1
|
223
|
Emp. Ouv. coef. < 150 25-30 ans
|
|
1 649
|
1 707
|
2
|
384
|
2 097
|
1 866
|
1
|
571
|
1 509
|
1
|
684
|
1 287
|
923
|
717
|
|
569
|
|
507
|
Emp. Ouv. coef. < 150 30-35 ans
|
|
996
|
1 024
|
1
|
623
|
1 383
|
1 014
|
|
691
|
648
|
|
755
|
753
|
626
|
463
|
|
404
|
|
312
|
Emp. Ouv. coef. < 150 35-40 ans
|
|
740
|
732
|
1
|
122
|
958
|
787
|
|
476
|
418
|
|
506
|
576
|
444
|
379
|
|
300
|
|
247
|
Emp. Ouv. coef. < 150 40-45 ans
|
|
540
|
540
|
|
884
|
730
|
553
|
|
321
|
237
|
|
321
|
394
|
337
|
279
|
|
242
|
|
202
|
Emp. Ouv. coef. < 150 45-50 ans
|
|
336
|
358
|
|
651
|
552
|
305
|
|
216
|
128
|
|
165
|
229
|
179
|
178
|
|
155
|
|
144
|
Emp. Ouv. coef. < 150 50-55 ans
|
|
228
|
208
|
|
344
|
279
|
221
|
|
110
|
68
|
|
99
|
126
|
101
|
79
|
|
66
|
|
67
|
Emp. Ouv. coef. < 150 > 55 ans
|
|
155
|
157
|
|
240
|
194
|
184
|
|
61
|
24
|
|
32
|
40
|
33
|
36
|
|
41
|
|
39
|
Total Emp. Ouv. coef. < 150
|
|
8 525
|
8 699
|
12
|
359
|
11 116
|
9 498
|
7
|
744
|
6 956
|
7
|
387
|
6 882
|
5 180
|
4 281
|
3
|
502
|
3
|
064
|
Indicateurs du Bilan social
12 Travailleurs extérieurs
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
121 Salariés entrep. extér. éq. temps
plein
|
1 141
|
1 226
|
1 225
|
1 015
|
1 737
|
1 680
|
1 099
|
970
|
786
|
752
|
850
|
1 076
|
1 183
|
122 Stagiaires (écoles, université)
|
3 430
|
2 360
|
4 241
|
3 126
|
6 594
|
3 247
|
3 020
|
2 818
|
1 961
|
2 543
|
2 616
|
2 428
|
2 447
|
123 Intérimaires (moy. mens. éq. temps plein)
|
319
|
335
|
692
|
571
|
727
|
952
|
931
|
872
|
239
|
211
|
295
|
316
|
431
|
124 Durés moy. (heures) contrat intérim.
|
55
|
78
|
73
|
69
|
74
|
82
|
79
|
68
|
19
|
15
|
14
|
12
|
13
|
13 Embauches
|
18 072
|
17 132
|
38 719
|
27 602
|
29 424
|
29 278
|
31 025
|
33 005
|
37 890
|
35 672
|
33 755
|
28 612
|
28 860
|
Cadres
|
3
|
5
|
622
|
53
|
74
|
85
|
130
|
104
|
106
|
135
|
91
|
106
|
140
|
Maîtrise
|
194
|
532
|
1 915
|
609
|
715
|
622
|
659
|
648
|
874
|
818
|
643
|
626
|
745
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
973
|
1 385
|
7 994
|
1 924
|
1 933
|
2 515
|
4 502
|
7 130
|
12 578
|
15 620
|
16 972
|
16 314
|
17 708
|
Employés ouvriers coef, <150
|
16 902
|
15 210
|
28 188
|
25 016
|
26 702
|
26 056
|
25 734
|
25 123
|
24 332
|
19 099
|
16 049
|
11 566
|
10 267
|
Total employés ouvriers
|
17 875
|
16 595
|
36 182
|
26 940
|
28 635
|
28 571
|
30 236
|
32 253
|
36 910
|
34 719
|
33 021
|
27 880
|
27 975
|
131 Embauches CDI
|
2 376
|
3 065
|
2 439
|
3 098
|
3 236
|
3 380
|
3 862
|
4 074
|
5 694
|
6 101
|
5 386
|
4 321
|
4 595
|
Cadres
|
51
|
74
|
39
|
26
|
49
|
58
|
88
|
75
|
74
|
63
|
66
|
68
|
98
|
Maîtrise
|
172
|
286
|
92
|
159
|
306
|
352
|
402
|
511
|
826
|
739
|
618
|
586
|
682
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
496
|
908
|
796
|
927
|
819
|
1 013
|
1 469
|
1 728
|
2 724
|
3 384
|
3 364
|
2 870
|
3 149
|
Employés ouvriers coef, <150
|
1 657
|
1 797
|
1 512
|
1 986
|
2 062
|
1 957
|
1 903
|
1 760
|
2 070
|
1 915
|
1 338
|
797
|
666
|
132 Embauches CDD
|
15 693
|
14 107
|
18 425
|
19 938
|
21 626
|
21 820
|
22 908
|
24 705
|
28 120
|
25 345
|
24 535
|
20 853
|
20 426
|
Cadres
|
0
|
2
|
1
|
5
|
2
|
7
|
4
|
3
|
7
|
6
|
2
|
2
|
1
|
Maîtrise
|
4
|
235
|
323
|
439
|
371
|
248
|
210
|
101
|
7
|
3
|
4
|
9
|
11
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
401
|
425
|
810
|
811
|
874
|
1 375
|
2 452
|
4 749
|
8 880
|
10 425
|
11 746
|
11 526
|
12 224
|
Employés ouvriers coef, <150
|
12 889
|
11 212
|
17 291
|
18 683
|
20 379
|
20 190
|
20 242
|
19 852
|
19 226
|
14 911
|
12 783
|
9 316
|
8 190
|
133 Embauches saisonniers
|
2 399
|
2 233
|
4 290
|
4 451
|
4 159
|
3 966
|
3 872
|
4 042
|
3 984
|
3 959
|
3 723
|
3 195
|
3 291
|
Cadres
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Maîtrise
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
49
|
41
|
107
|
128
|
111
|
81
|
305
|
581
|
949
|
1692
|
1 805
|
1 749
|
1 967
|
Employés ouvriers coef, <150
|
2 350
|
2 192
|
4 183
|
4 323
|
4 048
|
3 885
|
3 567
|
3 461
|
3 035
|
2267
|
1 918
|
1 446
|
1 324
|
134 Embauches < 25 ans
|
14 063
|
12 458
|
15 658
|
21 203
|
21 959
|
21 811
|
22 483
|
23 608
|
26 759
|
25 118
|
24 433
|
20 343
|
19 971
|
Cadres
|
3
|
5
|
5
|
6
|
5
|
5
|
12
|
9
|
4
|
5
|
1
|
1
|
6
|
Maîtrise
|
27
|
205
|
275
|
372
|
408
|
322
|
339
|
334
|
412
|
353
|
260
|
261
|
277
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
433
|
624
|
743
|
839
|
880
|
1 337
|
2 705
|
4 854
|
8 854
|
11 002
|
12 077
|
11 542
|
12 164
|
Employés ouvriers coef, <150
|
13 600
|
11 624
|
14 635
|
19 986
|
20 666
|
20 147
|
19 427
|
18 411
|
17 489
|
13 758
|
12 095
|
8 539
|
7 524
|
135 Entrées par mutation groupe
|
95
|
43
|
13 565
|
115
|
403
|
112
|
383
|
184
|
92
|
267
|
111
|
243
|
548
|
Cadres
|
44
|
12
|
582
|
22
|
23
|
20
|
38
|
26
|
25
|
66
|
23
|
36
|
41
|
Maîtrise
|
18
|
11
|
1 500
|
11
|
38
|
22
|
47
|
36
|
41
|
76
|
21
|
31
|
52
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
27
|
11
|
6 281
|
58
|
129
|
46
|
276
|
72
|
25
|
119
|
57
|
169
|
368
|
Employés ouvriers coef, <150
|
6
|
9
|
5 202
|
24
|
213
|
24
|
22
|
50
|
1
|
6
|
10
|
7
|
87
|
Indicateurs du Bilan social
|
1992
|
1993
|
|
1994
|
|
1995
|
|
1996
|
|
1997
|
|
1998
|
|
1999
|
|
2001
|
|
2002
|
|
2003
|
|
2004
|
|
2005
|
|
14 Départs
|
18 831
|
16
|
431
|
26
|
550
|
27
|
961
|
28
|
718
|
28
|
757
|
30
|
529
|
33
|
149
|
37
|
270
|
34
|
844
|
34
|
135
|
29
|
745
|
28
|
978
|
Cadres
|
168
|
|
124
|
|
280
|
|
210
|
|
146
|
|
144
|
|
194
|
|
333
|
|
199
|
|
182
|
|
160
|
|
167
|
|
214
|
Maîtrise
|
457
|
|
274
|
|
706
|
|
579
|
|
555
|
|
507
|
|
653
|
|
729
|
|
736
|
|
756
|
|
669
|
|
681
|
|
734
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
2 106
|
1
|
930
|
3
|
357
|
3
|
377
|
3
|
285
|
3
|
820
|
5
|
417
|
8
|
330
|
12
|
937
|
15
|
824
|
17
|
647
|
17
|
557
|
18
|
118
|
Employés ouvriers coef, <150
|
16 100
|
14
|
103
|
22
|
207
|
23
|
795
|
24
|
732
|
24
|
286
|
24
|
265
|
23
|
757
|
23
|
398
|
18
|
082
|
15
|
659
|
11
|
340
|
9
|
912
|
142 Démissions
|
3 728
|
2
|
730
|
3
|
962
|
4
|
697
|
4
|
194
|
4
|
206
|
4
|
757
|
5
|
249
|
6
|
383
|
6
|
020
|
5
|
576
|
4
|
983
|
4
|
825
|
Cadres
|
48
|
|
50
|
|
66
|
|
127
|
|
78
|
|
96
|
|
87
|
|
65
|
|
68
|
|
50
|
|
49
|
|
45
|
|
51
|
Maîtrise
|
195
|
|
125
|
|
314
|
|
324
|
|
305
|
|
298
|
|
361
|
|
368
|
|
412
|
|
362
|
|
307
|
|
312
|
|
304
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
998
|
|
675
|
1
|
239
|
1
|
634
|
1
|
500
|
1
|
810
|
2
|
214
|
2
|
593
|
3
|
321
|
3
|
539
|
3
|
752
|
3
|
594
|
3
|
596
|
Employés ouvriers coef, <150
|
2 487
|
1
|
880
|
2
|
343
|
2
|
612
|
2
|
311
|
2
|
002
|
2
|
095
|
2
|
223
|
2
|
582
|
2
|
069
|
1
|
468
|
1
|
032
|
|
874
|
143 Licenciements économiques
|
465
|
|
254
|
|
492
|
|
60
|
|
26
|
|
2
|
|
0
|
|
21
|
|
0
|
|
17
|
|
141
|
|
23
|
|
9
|
Cadres
|
46
|
|
24
|
|
84
|
|
14
|
|
15
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
2
|
|
0
|
|
1
|
Maîtrise
|
96
|
|
42
|
|
79
|
|
10
|
|
0
|
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
4
|
|
2
|
|
1
|
|
3
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
228
|
|
130
|
|
259
|
|
27
|
|
10
|
|
1
|
|
0
|
|
16
|
|
0
|
|
13
|
|
96
|
|
17
|
|
2
|
Employés ouvriers coef, <150
|
95
|
|
58
|
|
70
|
|
9
|
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
5
|
|
0
|
|
0
|
|
41
|
|
5
|
|
3
|
143 bis dont retraités et
préretraités
|
0
|
|
0
|
|
69
|
|
1
|
|
14
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Cadres
|
|
|
|
|
16
|
|
1
|
|
14
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
8
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
33
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
12
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
144 Licenciements pour autres causes
|
733
|
|
569
|
1
|
100
|
|
772
|
|
627
|
|
506
|
|
698
|
1
|
001
|
1
|
023
|
1
|
301
|
1
|
545
|
1
|
368
|
1
|
428
|
Cadres
|
50
|
|
34
|
|
106
|
|
55
|
|
22
|
|
17
|
|
66
|
|
82
|
|
81
|
|
74
|
|
67
|
|
71
|
|
86
|
Maîtrise
|
105
|
|
50
|
|
204
|
|
123
|
|
95
|
|
71
|
|
153
|
|
194
|
|
165
|
|
228
|
|
219
|
|
220
|
|
255
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
290
|
|
239
|
|
396
|
|
326
|
|
296
|
|
262
|
|
334
|
|
545
|
|
531
|
|
704
|
|
908
|
|
817
|
|
875
|
Employés ouvriers coef, <150
|
288
|
|
246
|
|
394
|
|
268
|
|
214
|
|
156
|
|
145
|
|
180
|
|
246
|
|
295
|
|
351
|
|
260
|
|
212
|
145 Fin CDD
|
12 411
|
11
|
838
|
19
|
781
|
21
|
376
|
22
|
598
|
23
|
093
|
23
|
940
|
25
|
365
|
28
|
018
|
25
|
541
|
24
|
985
|
21
|
731
|
21
|
198
|
Cadres
|
3
|
|
1
|
|
4
|
|
2
|
|
3
|
|
3
|
|
4
|
|
2
|
|
4
|
|
7
|
|
1
|
|
1
|
|
1
|
Maîtrise
|
4
|
|
4
|
|
45
|
|
49
|
|
80
|
|
59
|
|
51
|
|
42
|
|
7
|
|
16
|
|
2
|
|
11
|
|
8
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
403
|
|
715
|
1
|
131
|
1
|
153
|
1
|
108
|
1
|
502
|
2
|
547
|
4
|
735
|
8
|
421
|
10
|
798
|
11
|
994
|
12
|
246
|
12
|
811
|
Employés ouvriers coef, <150
|
12 001
|
11
|
118
|
18
|
601
|
20
|
172
|
21
|
407
|
21
|
529
|
21
|
338
|
20
|
586
|
19
|
586
|
14
|
720
|
12
|
988
|
9
|
473
|
8
|
378
|
146 Départs pendant la période
d'essai
|
1 271
|
|
850
|
|
809
|
|
807
|
|
845
|
|
702
|
|
822
|
|
993
|
1
|
558
|
1
|
700
|
1
|
601
|
1
|
242
|
1
|
077
|
Cadres
|
1
|
|
4
|
|
2
|
|
1
|
|
1
|
|
6
|
|
1
|
|
6
|
|
4
|
|
6
|
|
6
|
|
7
|
|
10
|
Maîtrise
|
26
|
|
25
|
|
27
|
|
47
|
|
42
|
|
49
|
|
41
|
|
58
|
|
108
|
|
95
|
|
86
|
|
78
|
|
86
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
64
|
|
55
|
|
43
|
|
68
|
|
60
|
|
80
|
|
113
|
|
180
|
|
479
|
|
616
|
|
711
|
|
600
|
|
542
|
Employés ouvriers coef, <150
|
1 180
|
|
766
|
|
737
|
|
691
|
|
742
|
|
567
|
|
667
|
|
749
|
|
967
|
|
983
|
|
798
|
|
557
|
|
439
|
147 Retraites et préretraites (hors
écon.)
|
53
|
|
53
|
|
106
|
|
83
|
|
148
|
|
172
|
|
172
|
|
240
|
|
137
|
|
123
|
|
146
|
|
299
|
|
312
|
Cadres
|
2
|
|
1
|
|
5
|
|
5
|
|
18
|
|
7
|
|
15
|
|
22
|
|
10
|
|
9
|
|
7
|
|
18
|
|
13
|
Maîtrise
|
6
|
|
3
|
|
6
|
|
3
|
|
15
|
|
19
|
|
26
|
|
30
|
|
18
|
|
13
|
|
15
|
|
38
|
|
49
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
29
|
|
35
|
|
64
|
|
53
|
|
84
|
|
128
|
|
130
|
|
187
|
|
104
|
|
98
|
|
122
|
|
238
|
|
247
|
Employés ouvriers coef, <150
|
16
|
|
14
|
|
31
|
|
22
|
|
31
|
|
18
|
|
1
|
|
1
|
|
5
|
|
3
|
|
2
|
|
5
|
|
3
|
148 Décès
|
26
|
|
22
|
|
45
|
|
39
|
|
41
|
|
30
|
|
55
|
|
44
|
|
44
|
|
29
|
|
33
|
|
31
|
|
33
|
Cadres
|
0
|
|
0
|
|
1
|
|
0
|
|
6
|
|
2
|
|
6
|
|
5
|
|
0
|
|
3
|
|
3
|
|
2
|
|
1
|
Maîtrise
|
4
|
|
1
|
|
5
|
|
3
|
|
7
|
|
1
|
|
5
|
|
3
|
|
6
|
|
3
|
|
4
|
|
2
|
|
5
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
10
|
|
11
|
|
24
|
|
24
|
|
19
|
|
17
|
|
40
|
|
33
|
|
34
|
|
21
|
|
23
|
|
23
|
|
24
|
Employés ouvriers coef, <150
|
12
|
|
10
|
|
15
|
|
12
|
|
9
|
|
10
|
|
4
|
|
3
|
|
4
|
|
2
|
|
3
|
|
4
|
|
3
|
149 Départs par mutation groupe
|
144
|
|
115
|
|
255
|
|
127
|
|
239
|
|
46
|
|
85
|
|
236
|
|
107
|
|
113
|
|
108
|
|
68
|
|
96
|
Cadres
|
18
|
|
10
|
|
12
|
|
6
|
|
3
|
|
13
|
|
15
|
|
151
|
|
32
|
|
33
|
|
25
|
|
23
|
|
51
|
Maîtrise
|
21
|
|
24
|
|
26
|
|
20
|
|
11
|
|
9
|
|
16
|
|
34
|
|
20
|
|
35
|
|
34
|
|
19
|
|
24
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
84
|
|
70
|
|
201
|
|
92
|
|
208
|
|
20
|
|
39
|
|
41
|
|
47
|
|
35
|
|
41
|
|
22
|
|
21
|
Employés ouvriers coef, <150
|
21
|
|
11
|
|
16
|
|
9
|
|
17
|
|
4
|
|
15
|
|
10
|
|
8
|
|
10
|
|
8
|
|
4
|
|
0
|
Indicateurs du Bilan social
12 Travailleurs extérieurs
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
121 Salariés entrep. extér. éq. temps
plein
|
1 141
|
1 226
|
1 225
|
1 015
|
1 737
|
1 680
|
1 099
|
970
|
786
|
752
|
850
|
1 076
|
1 183
|
122 Stagiaires (écoles, université)
|
3 430
|
2 360
|
4 241
|
3 126
|
6 594
|
3 247
|
3 020
|
2 818
|
1 961
|
2 543
|
2 616
|
2 428
|
2 447
|
123 Intérimaires (moy. mens. éq. temps plein)
|
319
|
335
|
692
|
571
|
727
|
952
|
931
|
872
|
239
|
211
|
295
|
316
|
431
|
124 Durés moy. (heures) contrat intérim.
|
55
|
78
|
73
|
69
|
74
|
82
|
79
|
68
|
19
|
15
|
14
|
12
|
13
|
13 Embauches
|
18 072
|
17 132
|
38 719
|
27 602
|
29 424
|
29 278
|
31 025
|
33 005
|
37 890
|
35 672
|
33 755
|
28 612
|
28 860
|
Cadres
|
3
|
5
|
622
|
53
|
74
|
85
|
130
|
104
|
106
|
135
|
91
|
106
|
140
|
Maîtrise
|
194
|
532
|
1 915
|
609
|
715
|
622
|
659
|
648
|
874
|
818
|
643
|
626
|
745
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
973
|
1 385
|
7 994
|
1 924
|
1 933
|
2 515
|
4 502
|
7 130
|
12 578
|
15 620
|
16 972
|
16 314
|
17 708
|
Employés ouvriers coef, <150
|
16 902
|
15 210
|
28 188
|
25 016
|
26 702
|
26 056
|
25 734
|
25 123
|
24 332
|
19 099
|
16 049
|
11 566
|
10 267
|
Total employés ouvriers
|
17 875
|
16 595
|
36 182
|
26 940
|
28 635
|
28 571
|
30 236
|
32 253
|
36 910
|
34 719
|
33 021
|
27 880
|
27 975
|
131 Embauches CDI
|
2 376
|
3 065
|
2 439
|
3 098
|
3 236
|
3 380
|
3 862
|
4 074
|
5 694
|
6 101
|
5 386
|
4 321
|
4 595
|
Cadres
|
51
|
74
|
39
|
26
|
49
|
58
|
88
|
75
|
74
|
63
|
66
|
68
|
98
|
Maîtrise
|
172
|
286
|
92
|
159
|
306
|
352
|
402
|
511
|
826
|
739
|
618
|
586
|
682
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
496
|
908
|
796
|
927
|
819
|
1 013
|
1 469
|
1 728
|
2 724
|
3 384
|
3 364
|
2 870
|
3 149
|
Employés ouvriers coef, <150
|
1 657
|
1 797
|
1 512
|
1 986
|
2 062
|
1 957
|
1 903
|
1 760
|
2 070
|
1 915
|
1 338
|
797
|
666
|
132 Embauches CDD
|
15 693
|
14 107
|
18 425
|
19 938
|
21 626
|
21 820
|
22 908
|
24 705
|
28 120
|
25 345
|
24 535
|
20 853
|
20 426
|
Cadres
|
0
|
2
|
1
|
5
|
2
|
7
|
4
|
3
|
7
|
6
|
2
|
2
|
1
|
Maîtrise
|
4
|
235
|
323
|
439
|
371
|
248
|
210
|
101
|
7
|
3
|
4
|
9
|
11
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
401
|
425
|
810
|
811
|
874
|
1 375
|
2 452
|
4 749
|
8 880
|
10 425
|
11 746
|
11 526
|
12 224
|
Employés ouvriers coef, <150
|
12 889
|
11 212
|
17 291
|
18 683
|
20 379
|
20 190
|
20 242
|
19 852
|
19 226
|
14 911
|
12 783
|
9 316
|
8 190
|
133 Embauches saisonniers
|
2 399
|
2 233
|
4 290
|
4 451
|
4 159
|
3 966
|
3 872
|
4 042
|
3 984
|
3 959
|
3 723
|
3 195
|
3 291
|
Cadres
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Maîtrise
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
49
|
41
|
107
|
128
|
111
|
81
|
305
|
581
|
949
|
1692
|
1 805
|
1 749
|
1 967
|
Employés ouvriers coef, <150
|
2 350
|
2 192
|
4 183
|
4 323
|
4 048
|
3 885
|
3 567
|
3 461
|
3 035
|
2267
|
1 918
|
1 446
|
1 324
|
134 Embauches < 25 ans
|
14 063
|
12 458
|
15 658
|
21 203
|
21 959
|
21 811
|
22 483
|
23 608
|
26 759
|
25 118
|
24 433
|
20 343
|
19 971
|
Cadres
|
3
|
5
|
5
|
6
|
5
|
5
|
12
|
9
|
4
|
5
|
1
|
1
|
6
|
Maîtrise
|
27
|
205
|
275
|
372
|
408
|
322
|
339
|
334
|
412
|
353
|
260
|
261
|
277
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
433
|
624
|
743
|
839
|
880
|
1 337
|
2 705
|
4 854
|
8 854
|
11 002
|
12 077
|
11 542
|
12 164
|
Employés ouvriers coef, <150
|
13 600
|
11 624
|
14 635
|
19 986
|
20 666
|
20 147
|
19 427
|
18 411
|
17 489
|
13 758
|
12 095
|
8 539
|
7 524
|
135 Entrées par mutation groupe
|
95
|
43
|
13 565
|
115
|
403
|
112
|
383
|
184
|
92
|
267
|
111
|
243
|
548
|
Cadres
|
44
|
12
|
582
|
22
|
23
|
20
|
38
|
26
|
25
|
66
|
23
|
36
|
41
|
Maîtrise
|
18
|
11
|
1 500
|
11
|
38
|
22
|
47
|
36
|
41
|
76
|
21
|
31
|
52
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
27
|
11
|
6 281
|
58
|
129
|
46
|
276
|
72
|
25
|
119
|
57
|
169
|
368
|
Employés ouvriers coef, <150
|
6
|
9
|
5 202
|
24
|
213
|
24
|
22
|
50
|
1
|
6
|
10
|
7
|
87
|
Indicateurs du Bilan social
|
1992
|
1993
|
|
1994
|
|
1995
|
|
1996
|
|
1997
|
|
1998
|
|
1999
|
|
2001
|
|
2002
|
|
2003
|
|
2004
|
|
2005
|
|
14 Départs
|
18 831
|
16
|
431
|
26
|
550
|
27
|
961
|
28
|
718
|
28
|
757
|
30
|
529
|
33
|
149
|
37
|
270
|
34
|
844
|
34
|
135
|
29
|
745
|
28
|
978
|
Cadres
|
168
|
|
124
|
|
280
|
|
210
|
|
146
|
|
144
|
|
194
|
|
333
|
|
199
|
|
182
|
|
160
|
|
167
|
|
214
|
Maîtrise
|
457
|
|
274
|
|
706
|
|
579
|
|
555
|
|
507
|
|
653
|
|
729
|
|
736
|
|
756
|
|
669
|
|
681
|
|
734
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
2 106
|
1
|
930
|
3
|
357
|
3
|
377
|
3
|
285
|
3
|
820
|
5
|
417
|
8
|
330
|
12
|
937
|
15
|
824
|
17
|
647
|
17
|
557
|
18
|
118
|
Employés ouvriers coef, <150
|
16 100
|
14
|
103
|
22
|
207
|
23
|
795
|
24
|
732
|
24
|
286
|
24
|
265
|
23
|
757
|
23
|
398
|
18
|
082
|
15
|
659
|
11
|
340
|
9
|
912
|
142 Démissions
|
3 728
|
2
|
730
|
3
|
962
|
4
|
697
|
4
|
194
|
4
|
206
|
4
|
757
|
5
|
249
|
6
|
383
|
6
|
020
|
5
|
576
|
4
|
983
|
4
|
825
|
Cadres
|
48
|
|
50
|
|
66
|
|
127
|
|
78
|
|
96
|
|
87
|
|
65
|
|
68
|
|
50
|
|
49
|
|
45
|
|
51
|
Maîtrise
|
195
|
|
125
|
|
314
|
|
324
|
|
305
|
|
298
|
|
361
|
|
368
|
|
412
|
|
362
|
|
307
|
|
312
|
|
304
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
998
|
|
675
|
1
|
239
|
1
|
634
|
1
|
500
|
1
|
810
|
2
|
214
|
2
|
593
|
3
|
321
|
3
|
539
|
3
|
752
|
3
|
594
|
3
|
596
|
Employés ouvriers coef, <150
|
2 487
|
1
|
880
|
2
|
343
|
2
|
612
|
2
|
311
|
2
|
002
|
2
|
095
|
2
|
223
|
2
|
582
|
2
|
069
|
1
|
468
|
1
|
032
|
|
874
|
143 Licenciements économiques
|
465
|
|
254
|
|
492
|
|
60
|
|
26
|
|
2
|
|
0
|
|
21
|
|
0
|
|
17
|
|
141
|
|
23
|
|
9
|
Cadres
|
46
|
|
24
|
|
84
|
|
14
|
|
15
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
2
|
|
0
|
|
1
|
Maîtrise
|
96
|
|
42
|
|
79
|
|
10
|
|
0
|
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
4
|
|
2
|
|
1
|
|
3
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
228
|
|
130
|
|
259
|
|
27
|
|
10
|
|
1
|
|
0
|
|
16
|
|
0
|
|
13
|
|
96
|
|
17
|
|
2
|
Employés ouvriers coef, <150
|
95
|
|
58
|
|
70
|
|
9
|
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
5
|
|
0
|
|
0
|
|
41
|
|
5
|
|
3
|
143 bis dont retraités et
préretraités
|
0
|
|
0
|
|
69
|
|
1
|
|
14
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Cadres
|
|
|
|
|
16
|
|
1
|
|
14
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
8
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
33
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
12
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
144 Licenciements pour autres causes
|
733
|
|
569
|
1
|
100
|
|
772
|
|
627
|
|
506
|
|
698
|
1
|
001
|
1
|
023
|
1
|
301
|
1
|
545
|
1
|
368
|
1
|
428
|
Cadres
|
50
|
|
34
|
|
106
|
|
55
|
|
22
|
|
17
|
|
66
|
|
82
|
|
81
|
|
74
|
|
67
|
|
71
|
|
86
|
Maîtrise
|
105
|
|
50
|
|
204
|
|
123
|
|
95
|
|
71
|
|
153
|
|
194
|
|
165
|
|
228
|
|
219
|
|
220
|
|
255
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
290
|
|
239
|
|
396
|
|
326
|
|
296
|
|
262
|
|
334
|
|
545
|
|
531
|
|
704
|
|
908
|
|
817
|
|
875
|
Employés ouvriers coef, <150
|
288
|
|
246
|
|
394
|
|
268
|
|
214
|
|
156
|
|
145
|
|
180
|
|
246
|
|
295
|
|
351
|
|
260
|
|
212
|
145 Fin CDD
|
12 411
|
11
|
838
|
19
|
781
|
21
|
376
|
22
|
598
|
23
|
093
|
23
|
940
|
25
|
365
|
28
|
018
|
25
|
541
|
24
|
985
|
21
|
731
|
21
|
198
|
Cadres
|
3
|
|
1
|
|
4
|
|
2
|
|
3
|
|
3
|
|
4
|
|
2
|
|
4
|
|
7
|
|
1
|
|
1
|
|
1
|
Maîtrise
|
4
|
|
4
|
|
45
|
|
49
|
|
80
|
|
59
|
|
51
|
|
42
|
|
7
|
|
16
|
|
2
|
|
11
|
|
8
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
403
|
|
715
|
1
|
131
|
1
|
153
|
1
|
108
|
1
|
502
|
2
|
547
|
4
|
735
|
8
|
421
|
10
|
798
|
11
|
994
|
12
|
246
|
12
|
811
|
Employés ouvriers coef, <150
|
12 001
|
11
|
118
|
18
|
601
|
20
|
172
|
21
|
407
|
21
|
529
|
21
|
338
|
20
|
586
|
19
|
586
|
14
|
720
|
12
|
988
|
9
|
473
|
8
|
378
|
146 Départs pendant la période
d'essai
|
1 271
|
|
850
|
|
809
|
|
807
|
|
845
|
|
702
|
|
822
|
|
993
|
1
|
558
|
1
|
700
|
1
|
601
|
1
|
242
|
1
|
077
|
Cadres
|
1
|
|
4
|
|
2
|
|
1
|
|
1
|
|
6
|
|
1
|
|
6
|
|
4
|
|
6
|
|
6
|
|
7
|
|
10
|
Maîtrise
|
26
|
|
25
|
|
27
|
|
47
|
|
42
|
|
49
|
|
41
|
|
58
|
|
108
|
|
95
|
|
86
|
|
78
|
|
86
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
64
|
|
55
|
|
43
|
|
68
|
|
60
|
|
80
|
|
113
|
|
180
|
|
479
|
|
616
|
|
711
|
|
600
|
|
542
|
Employés ouvriers coef, <150
|
1 180
|
|
766
|
|
737
|
|
691
|
|
742
|
|
567
|
|
667
|
|
749
|
|
967
|
|
983
|
|
798
|
|
557
|
|
439
|
147 Retraites et préretraites (hors
écon.)
|
53
|
|
53
|
|
106
|
|
83
|
|
148
|
|
172
|
|
172
|
|
240
|
|
137
|
|
123
|
|
146
|
|
299
|
|
312
|
Cadres
|
2
|
|
1
|
|
5
|
|
5
|
|
18
|
|
7
|
|
15
|
|
22
|
|
10
|
|
9
|
|
7
|
|
18
|
|
13
|
Maîtrise
|
6
|
|
3
|
|
6
|
|
3
|
|
15
|
|
19
|
|
26
|
|
30
|
|
18
|
|
13
|
|
15
|
|
38
|
|
49
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
29
|
|
35
|
|
64
|
|
53
|
|
84
|
|
128
|
|
130
|
|
187
|
|
104
|
|
98
|
|
122
|
|
238
|
|
247
|
Employés ouvriers coef, <150
|
16
|
|
14
|
|
31
|
|
22
|
|
31
|
|
18
|
|
1
|
|
1
|
|
5
|
|
3
|
|
2
|
|
5
|
|
3
|
148 Décès
|
26
|
|
22
|
|
45
|
|
39
|
|
41
|
|
30
|
|
55
|
|
44
|
|
44
|
|
29
|
|
33
|
|
31
|
|
33
|
Cadres
|
0
|
|
0
|
|
1
|
|
0
|
|
6
|
|
2
|
|
6
|
|
5
|
|
0
|
|
3
|
|
3
|
|
2
|
|
1
|
Maîtrise
|
4
|
|
1
|
|
5
|
|
3
|
|
7
|
|
1
|
|
5
|
|
3
|
|
6
|
|
3
|
|
4
|
|
2
|
|
5
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
10
|
|
11
|
|
24
|
|
24
|
|
19
|
|
17
|
|
40
|
|
33
|
|
34
|
|
21
|
|
23
|
|
23
|
|
24
|
Employés ouvriers coef, <150
|
12
|
|
10
|
|
15
|
|
12
|
|
9
|
|
10
|
|
4
|
|
3
|
|
4
|
|
2
|
|
3
|
|
4
|
|
3
|
149 Départs par mutation groupe
|
144
|
|
115
|
|
255
|
|
127
|
|
239
|
|
46
|
|
85
|
|
236
|
|
107
|
|
113
|
|
108
|
|
68
|
|
96
|
Cadres
|
18
|
|
10
|
|
12
|
|
6
|
|
3
|
|
13
|
|
15
|
|
151
|
|
32
|
|
33
|
|
25
|
|
23
|
|
51
|
Maîtrise
|
21
|
|
24
|
|
26
|
|
20
|
|
11
|
|
9
|
|
16
|
|
34
|
|
20
|
|
35
|
|
34
|
|
19
|
|
24
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
84
|
|
70
|
|
201
|
|
92
|
|
208
|
|
20
|
|
39
|
|
41
|
|
47
|
|
35
|
|
41
|
|
22
|
|
21
|
Employés ouvriers coef, <150
|
21
|
|
11
|
|
16
|
|
9
|
|
17
|
|
4
|
|
15
|
|
10
|
|
8
|
|
10
|
|
8
|
|
4
|
|
0
|
Indicateurs du Bilan social
|
1992
|
1993
|
|
1994
|
|
1995
|
|
|
1996
|
|
1997
|
|
1998
|
|
1999
|
|
2001
|
|
2002
|
|
2003
|
|
2004
|
|
2005
|
|
181 Absentéisme
|
2 975 803
|
2 865 617
|
4
|
148
|
175
|
4 313
|
324
|
4
|
173
|
472
|
4 208
|
277
|
4 503
|
509
|
3 440
|
108
|
4 896
|
757
|
5 309
|
445
|
5 554
|
607
|
5 447
|
625
|
3 209
|
675
|
Cadres
|
57
|
072
|
48
|
355
|
|
71
|
781
|
88
|
895
|
|
69
|
906
|
66
|
839
|
70
|
881
|
62
|
470
|
76
|
007
|
79
|
071
|
79
|
088
|
81
|
518
|
52
|
769
|
Maîtrise
|
181
|
972
|
173
|
555
|
|
302
|
874
|
299
|
148
|
|
299
|
183
|
278
|
325
|
322
|
078
|
261
|
774
|
326
|
456
|
383
|
072
|
406
|
847
|
417
|
069
|
243
|
584
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
1 671
|
197
|
1 616
|
285
|
2
|
345
|
067
|
2 695
|
006
|
2
|
752
|
052
|
3 081
|
258
|
3 499
|
717
|
2 645
|
766
|
3 539
|
676
|
4 000
|
937
|
4 346
|
544
|
4 389
|
157
|
2 676
|
604
|
Employés ouvriers coef, <150
|
1 065
|
562
|
1 027
|
422
|
1
|
428
|
453
|
1 230
|
275
|
1
|
052
|
331
|
781
|
855
|
610
|
833
|
470
|
098
|
954
|
618
|
846
|
365
|
722
|
128
|
559
|
881
|
237
|
848
|
182 Heures absence maladie
|
1 904
|
478
|
1 856
|
806
|
2
|
698
|
146
|
2 810
|
269
|
2
|
681
|
088
|
2 724
|
000
|
2 936
|
144
|
3 018
|
526
|
3 112
|
718
|
3 403
|
407
|
3 571
|
161
|
3 457
|
739
|
3 209
|
657
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
48
|
768
|
64
|
291
|
|
49
|
353
|
47
|
590
|
45
|
201
|
60
|
083
|
49
|
303
|
49
|
201
|
49
|
722
|
52
|
701
|
52
|
690
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
207
|
280
|
221
|
940
|
|
213
|
208
|
188
|
481
|
211
|
718
|
222
|
762
|
209
|
589
|
236
|
486
|
258
|
253
|
256
|
851
|
242
|
578
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
1
|
539
|
298
|
1 756
|
402
|
1
|
776
|
455
|
2 019
|
967
|
2 327
|
274
|
2 335
|
837
|
2 318
|
426
|
2 635
|
683
|
2 856
|
679
|
2 849
|
199
|
2 676
|
541
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
902
|
800
|
767
|
636
|
|
642
|
072
|
467
|
962
|
351
|
951
|
399
|
844
|
535
|
400
|
482
|
037
|
406
|
507
|
298
|
988
|
237
|
848
|
183 Nb jours absence maladie maladie
|
16 095
|
14 325
|
|
22
|
277
|
21
|
211
|
|
21
|
380
|
22
|
293
|
22
|
989
|
24
|
699
|
26
|
694
|
28
|
744
|
28
|
967
|
26
|
583
|
24
|
967
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
244
|
|
242
|
|
|
240
|
|
238
|
|
254
|
|
328
|
|
226
|
|
250
|
|
242
|
|
239
|
|
239
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
1
|
064
|
|
967
|
|
|
992
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1
|
135
|
1
|
135
|
1
|
272
|
1
|
143
|
1
|
237
|
1
|
268
|
1
|
268
|
1
|
316
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
12
|
893
|
12
|
905
|
|
14
|
399
|
16
|
108
|
16
|
862
|
17
|
583
|
18
|
379
|
21
|
901
|
22
|
670
|
21
|
564
|
20
|
653
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
8
|
076
|
7
|
097
|
|
5
|
749
|
4
|
812
|
4
|
738
|
5
|
516
|
6
|
946
|
5
|
356
|
4
|
787
|
3
|
512
|
2
|
759
|
1 à 6 jours
|
5
|
715
|
5
|
091
|
|
8
|
382
|
7
|
535
|
|
8
|
370
|
8
|
973
|
9
|
275
|
10
|
191
|
11
|
379
|
12
|
100
|
12
|
518
|
11
|
380
|
11
|
142
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
72
|
|
45
|
|
|
61
|
|
58
|
|
90
|
|
122
|
|
64
|
|
56
|
|
48
|
|
66
|
|
80
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
|
356
|
|
275
|
|
|
315
|
|
424
|
|
384
|
|
456
|
|
394
|
|
404
|
|
404
|
|
372
|
|
469
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
4
|
439
|
4
|
130
|
|
5
|
123
|
5
|
986
|
6
|
305
|
6
|
745
|
7
|
140
|
8
|
677
|
9
|
405
|
8
|
952
|
8
|
962
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
3
|
515
|
3
|
085
|
|
2
|
871
|
2
|
505
|
2
|
496
|
2
|
868
|
3
|
781
|
2
|
963
|
2
|
661
|
1
|
990
|
1
|
631
|
7 à 14 jours
|
5
|
181
|
4
|
313
|
|
6
|
522
|
5
|
854
|
|
5
|
650
|
6
|
041
|
5
|
992
|
6
|
591
|
6
|
213
|
6
|
999
|
6
|
710
|
6
|
020
|
5
|
400
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
73
|
|
77
|
|
|
64
|
|
63
|
|
62
|
|
79
|
|
47
|
|
65
|
|
63
|
|
53
|
|
49
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
|
269
|
|
251
|
|
|
240
|
|
301
|
|
295
|
|
319
|
|
237
|
|
311
|
|
314
|
|
296
|
|
287
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
3
|
857
|
3
|
627
|
|
3
|
890
|
4
|
452
|
4
|
476
|
4
|
783
|
4
|
393
|
5
|
403
|
5
|
220
|
4
|
950
|
4
|
532
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
2
|
323
|
1
|
899
|
|
1
|
456
|
1
|
225
|
1
|
159
|
1
|
410
|
1
|
536
|
1
|
220
|
1
|
113
|
|
721
|
|
532
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5
|
064
|
15 à 29 jours
|
2
|
499
|
2
|
342
|
|
3
|
597
|
3
|
645
|
|
3
|
356
|
3
|
284
|
3
|
441
|
3
|
580
|
3
|
713
|
3
|
940
|
3
|
831
|
3
|
512
|
3
|
174
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
48
|
|
46
|
|
|
51
|
|
60
|
|
44
|
|
57
|
|
50
|
|
49
|
|
60
|
|
40
|
|
36
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
|
189
|
|
190
|
|
|
163
|
|
200
|
|
216
|
|
242
|
|
190
|
|
197
|
|
224
|
|
212
|
|
217
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
2
|
247
|
2
|
394
|
|
2
|
483
|
2
|
511
|
2
|
642
|
2
|
683
|
2
|
730
|
3
|
177
|
3
|
101
|
2
|
920
|
2
|
679
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
1
|
113
|
1
|
015
|
|
|
659
|
|
513
|
|
539
|
|
598
|
|
743
|
|
517
|
|
446
|
|
340
|
|
242
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
921
|
30 à 59 jours
|
1
|
314
|
1
|
276
|
|
1
|
907
|
2
|
046
|
|
1
|
904
|
1
|
938
|
2
|
031
|
2
|
088
|
2
|
339
|
2
|
448
|
2
|
433
|
2
|
343
|
2
|
121
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
24
|
|
42
|
|
|
29
|
|
23
|
|
30
|
|
34
|
|
29
|
|
36
|
|
31
|
|
32
|
|
34
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
|
126
|
|
123
|
|
|
109
|
|
104
|
|
109
|
|
113
|
|
137
|
|
138
|
|
126
|
|
141
|
|
140
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
1
|
201
|
1
|
344
|
|
1
|
381
|
1
|
531
|
1
|
634
|
1
|
607
|
1
|
783
|
1
|
990
|
2
|
029
|
1
|
971
|
1
|
791
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
|
556
|
|
537
|
|
|
385
|
|
280
|
|
258
|
|
334
|
|
390
|
|
284
|
|
247
|
|
199
|
|
156
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
947
|
60 à 89 jours
|
|
464
|
|
429
|
|
|
649
|
|
756
|
|
|
698
|
|
684
|
|
770
|
|
741
|
|
936
|
|
995
|
1
|
033
|
|
929
|
|
878
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
8
|
|
7
|
|
|
9
|
|
15
|
|
10
|
|
8
|
|
10
|
|
12
|
|
8
|
|
15
|
|
14
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
|
29
|
|
31
|
|
|
53
|
|
32
|
|
38
|
|
49
|
|
59
|
|
55
|
|
47
|
|
84
|
|
63
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
|
405
|
|
512
|
|
|
506
|
|
551
|
|
623
|
|
571
|
|
689
|
|
805
|
|
879
|
|
748
|
|
745
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
|
207
|
|
206
|
|
|
130
|
|
86
|
|
99
|
|
113
|
|
178
|
|
123
|
|
99
|
|
82
|
|
56
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
801
|
90 à 180 jours
|
|
507
|
|
468
|
|
|
737
|
|
760
|
|
|
761
|
|
804
|
|
828
|
|
800
|
1
|
128
|
1
|
130
|
1
|
215
|
1
|
108
|
1
|
088
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
8
|
|
12
|
|
|
8
|
|
7
|
|
8
|
|
14
|
|
9
|
|
17
|
|
13
|
|
18
|
|
9
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
|
50
|
|
43
|
|
|
49
|
|
36
|
|
41
|
|
40
|
|
68
|
|
58
|
|
64
|
|
74
|
|
61
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
|
438
|
|
495
|
|
|
570
|
|
638
|
|
654
|
|
619
|
|
841
|
|
920
|
1
|
014
|
|
925
|
|
938
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
|
241
|
|
210
|
|
|
134
|
|
123
|
|
125
|
|
127
|
|
210
|
|
135
|
|
124
|
|
91
|
|
80
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
018
|
> 180 jours
|
|
415
|
|
406
|
|
|
483
|
|
615
|
|
|
641
|
|
569
|
|
652
|
|
708
|
|
986
|
1
|
132
|
1
|
227
|
1
|
291
|
1
|
164
|
Cadres
|
|
|
|
|
|
|
11
|
|
13
|
|
|
18
|
|
12
|
|
10
|
|
14
|
|
17
|
|
15
|
|
19
|
|
15
|
|
17
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
|
|
45
|
|
54
|
|
|
63
|
|
38
|
|
52
|
|
53
|
|
58
|
|
74
|
|
89
|
|
89
|
|
79
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
|
|
306
|
|
403
|
|
|
446
|
|
439
|
|
528
|
|
575
|
|
803
|
|
929
|
1
|
022
|
1
|
098
|
1
|
006
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
|
|
121
|
|
145
|
|
|
114
|
|
80
|
|
62
|
|
66
|
|
108
|
|
114
|
|
97
|
|
89
|
|
62
|
Indicateurs du Bilan social
|
1992
|
|
1993
|
|
1994
|
|
1995
|
|
1996
|
|
1997
|
|
1998
|
|
1999
|
|
2001
|
|
2002
|
|
2003
|
|
2004
|
|
2005
|
|
184 Heures absence AT
|
235
|
600
|
221
|
482
|
333
|
629
|
338
|
571
|
317
|
007
|
313
|
661
|
337
|
230
|
366
|
675
|
435
|
758
|
501
|
814
|
541
|
107
|
545
|
947
|
521
|
999
|
Cadres
|
|
|
|
|
3
|
891
|
2
|
724
|
4
|
241
|
3
|
292
|
2
|
997
|
2
|
114
|
1
|
156
|
2
|
893
|
3
|
474
|
5
|
306
|
5
|
968
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
24
|
620
|
26
|
292
|
19
|
683
|
26
|
252
|
29
|
958
|
31
|
175
|
33
|
412
|
38
|
198
|
41
|
610
|
37
|
529
|
46
|
094
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
173
|
041
|
189
|
598
|
202
|
022
|
216
|
993
|
249
|
573
|
273
|
251
|
314
|
268
|
374
|
072
|
409
|
650
|
435
|
419
|
419
|
138
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
132
|
077
|
119
|
957
|
91
|
061
|
67
|
124
|
54
|
702
|
60
|
135
|
86
|
922
|
86
|
651
|
86
|
373
|
67
|
693
|
50
|
799
|
184 bis Heures absence A trajet
|
36
|
397
|
34
|
955
|
63
|
913
|
55
|
800
|
52
|
837
|
50
|
754
|
51
|
031
|
54
|
907
|
68
|
221
|
68
|
556
|
63
|
450
|
65
|
649
|
62
|
221
|
Cadres
|
|
|
|
|
2
|
013
|
3
|
211
|
1
|
184
|
1
|
100
|
|
78
|
|
273
|
|
797
|
2
|
455
|
2
|
111
|
2
|
037
|
2
|
630
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
6
|
626
|
4
|
754
|
5
|
622
|
2
|
113
|
7
|
201
|
7
|
837
|
6
|
448
|
8
|
394
|
10
|
323
|
10
|
016
|
6
|
722
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
37
|
429
|
31
|
785
|
32
|
703
|
34
|
093
|
35
|
964
|
36
|
678
|
50
|
011
|
48
|
935
|
42
|
679
|
48
|
074
|
44
|
333
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
17
|
845
|
16
|
050
|
13
|
328
|
13
|
448
|
7
|
788
|
10
|
119
|
10
|
965
|
8
|
772
|
8
|
337
|
5
|
522
|
8
|
536
|
185 Heures absence Maternité
|
467
|
925
|
454
|
555
|
666
|
624
|
720
|
674
|
722
|
555
|
720
|
872
|
732
|
884
|
|
0
|
698
|
361
|
702
|
397
|
690
|
373
|
704
|
540
|
681
|
509
|
Cadres
|
|
|
|
|
6
|
245
|
6
|
356
|
4
|
908
|
5
|
740
|
8
|
804
|
|
|
10
|
958
|
12
|
366
|
11
|
819
|
10
|
549
|
10
|
956
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
28
|
703
|
20
|
890
|
27
|
734
|
29
|
372
|
34
|
305
|
|
|
33
|
207
|
47
|
827
|
47
|
685
|
52
|
858
|
55
|
430
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
403
|
186
|
507
|
367
|
513
|
859
|
558
|
471
|
586
|
842
|
|
|
494
|
000
|
516
|
148
|
545
|
961
|
560
|
903
|
555
|
616
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
228
|
490
|
186
|
061
|
176
|
054
|
127
|
289
|
102
|
933
|
|
|
160
|
196
|
126
|
056
|
84
|
908
|
80
|
230
|
59
|
507
|
186 Heures absence Congés
autorisés
|
56
|
858
|
54
|
255
|
82
|
624
|
78
|
213
|
83
|
925
|
86
|
781
|
87
|
748
|
|
0
|
68
|
589
|
68
|
091
|
69
|
125
|
63
|
827
|
65
|
024
|
Cadres
|
|
|
|
|
5
|
276
|
5
|
014
|
5
|
291
|
5
|
854
|
5
|
847
|
|
|
3
|
880
|
4
|
562
|
5
|
000
|
4
|
691
|
4
|
748
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
11
|
439
|
10
|
762
|
11
|
927
|
13
|
539
|
14
|
805
|
|
|
11
|
528
|
10
|
681
|
11
|
063
|
11
|
747
|
11
|
242
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
44
|
792
|
44
|
063
|
48
|
375
|
54
|
182
|
58
|
341
|
|
|
43
|
965
|
45
|
619
|
46
|
832
|
42
|
956
|
44
|
421
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
21
|
117
|
18
|
374
|
18
|
332
|
13
|
206
|
8
|
755
|
|
|
9
|
216
|
7
|
229
|
6
|
230
|
4
|
433
|
4
|
613
|
187 Heures absence Autres causes
|
274
|
545
|
243
|
564
|
303
|
239
|
309
|
797
|
316
|
060
|
312
|
209
|
358
|
472
|
|
0
|
513
|
110
|
565
|
180
|
619
|
391
|
609
|
923
|
640
|
319
|
Cadres
|
|
|
|
|
5
|
588
|
7
|
299
|
4
|
929
|
3
|
263
|
7
|
954
|
|
|
9
|
913
|
7
|
594
|
6
|
962
|
6
|
234
|
11
|
233
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
24
|
206
|
14
|
510
|
21
|
009
|
18
|
568
|
24
|
091
|
|
|
32
|
272
|
41
|
486
|
37
|
913
|
48
|
068
|
45
|
190
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
147
|
321
|
165
|
791
|
178
|
638
|
197
|
552
|
241
|
723
|
|
|
319
|
006
|
380
|
480
|
444
|
743
|
452
|
606
|
492
|
443
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
126
|
124
|
122
|
197
|
111
|
484
|
92
|
826
|
84
|
704
|
|
|
151
|
919
|
135
|
620
|
129
|
773
|
103
|
015
|
91
|
453
|
Indicateurs du Bilan social
|
1992
|
1993
|
|
1994
|
|
|
1995
|
|
|
1996
|
|
|
1997
|
|
1998
|
|
1999
|
|
2001
|
|
|
2002
|
|
2003
|
|
|
2004
|
|
2005
|
|
311 Nb AT avec arrêt
|
1 430
|
1
|
230
|
2
|
021
|
|
1
|
942
|
|
2
|
003
|
|
1
|
914
|
2
|
130
|
1
|
996
|
2
|
350
|
|
2
|
442
|
2
|
451
|
|
2
|
331
|
2
|
140
|
Cadres
|
7
|
|
9
|
|
12
|
|
|
12
|
|
|
13
|
|
|
14
|
|
11
|
|
11
|
|
9
|
|
|
18
|
|
15
|
|
|
20
|
|
13
|
Maîtrise
|
52
|
|
66
|
|
127
|
|
|
108
|
|
|
107
|
|
|
114
|
|
146
|
|
101
|
|
117
|
|
|
160
|
|
139
|
|
|
137
|
|
147
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
597
|
|
528
|
|
907
|
|
|
946
|
|
1
|
057
|
|
1
|
152
|
1
|
334
|
1
|
233
|
1
|
405
|
|
1
|
538
|
1
|
699
|
|
1
|
761
|
1
|
624
|
Employés ouvriers coef, <150
|
774
|
|
627
|
|
975
|
|
|
876
|
|
|
826
|
|
|
634
|
|
639
|
|
651
|
|
819
|
|
|
726
|
|
598
|
|
|
413
|
|
356
|
312 bis Nb jours arrêt pour AT
|
45 863
|
43
|
539
|
66
|
421
|
|
68
|
252
|
|
63
|
103
|
|
63
|
103
|
70
|
173
|
77
|
415
|
94
|
469
|
|
107
|
310
|
114
|
444
|
|
116
|
295
|
110
|
581
|
Cadres
|
654
|
|
202
|
|
719
|
|
|
468
|
|
|
733
|
|
|
618
|
|
552
|
|
386
|
|
212
|
|
|
536
|
|
639
|
|
|
970
|
1
|
094
|
Maîtrise
|
2 794
|
2
|
752
|
4
|
080
|
|
4
|
622
|
|
3
|
280
|
|
4
|
636
|
5
|
584
|
5
|
652
|
6
|
162
|
|
7
|
049
|
7
|
690
|
|
6
|
915
|
8
|
479
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
23 157
|
22
|
046
|
34
|
371
|
|
37
|
280
|
|
39
|
506
|
|
42
|
918
|
50
|
824
|
56
|
369
|
67
|
780
|
|
80
|
852
|
88
|
121
|
|
93
|
950
|
90
|
344
|
Employés ouvriers coef, <150
|
19 258
|
18
|
539
|
27
|
251
|
|
25
|
882
|
|
19
|
584
|
|
14
|
931
|
13
|
213
|
15
|
008
|
20
|
315
|
|
18
|
873
|
17
|
994
|
|
14
|
460
|
10
|
664
|
312 ter Nb jours arrêt pour ATrajet
|
|
|
|
12
|
978
|
|
10
|
928
|
|
10
|
589
|
|
10
|
409
|
10
|
428
|
11
|
747
|
14
|
866
|
|
14
|
812
|
13
|
492
|
|
14
|
154
|
13
|
448
|
Cadres
|
|
|
|
|
369
|
|
|
556
|
|
|
217
|
|
|
199
|
|
15
|
|
54
|
|
145
|
|
|
452
|
|
392
|
|
|
375
|
|
487
|
Maîtrise
|
|
|
|
1
|
129
|
|
|
783
|
|
|
753
|
|
|
342
|
1
|
299
|
1
|
419
|
1
|
190
|
|
1
|
555
|
1
|
918
|
|
1
|
852
|
1
|
240
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
7
|
743
|
|
6
|
035
|
|
6
|
598
|
|
6
|
928
|
7
|
291
|
7
|
989
|
11
|
036
|
|
10
|
861
|
9
|
336
|
|
10
|
743
|
9
|
858
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
3
|
737
|
|
3
|
554
|
|
3
|
021
|
|
2
|
940
|
1
|
823
|
2
|
285
|
2
|
495
|
|
1
|
944
|
1
|
846
|
|
1
|
184
|
1
|
863
|
313 Nb incapacités perm. notifiées (tot.
& part.)
|
50
|
|
54
|
|
14
|
|
|
96
|
|
|
70
|
|
|
89
|
|
90
|
|
134
|
|
106
|
|
|
114
|
|
137
|
|
|
176
|
|
194
|
Français
|
50
|
|
54
|
|
14
|
|
|
96
|
|
|
70
|
|
|
89
|
|
90
|
|
134
|
|
106
|
|
|
114
|
|
137
|
|
|
176
|
|
194
|
Immigrés
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
314 Nb accidents mortels
|
2
|
|
0
|
|
2
|
|
|
0
|
|
|
3
|
|
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
2
|
|
|
1
|
|
2
|
|
|
1
|
|
1
|
travail
|
0
|
|
0
|
|
2
|
|
|
0
|
|
|
2
|
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
0
|
|
|
1
|
|
1
|
|
|
0
|
|
0
|
trajet
|
2
|
|
0
|
|
0
|
|
|
0
|
|
|
1
|
|
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
2
|
|
|
0
|
|
1
|
|
|
1
|
|
1
|
315 Nb ATrajet avec arrêt
|
|
|
|
|
250
|
|
|
246
|
|
|
249
|
|
|
276
|
|
264
|
|
247
|
|
305
|
|
|
254
|
|
246
|
|
|
242
|
|
243
|
Cadres
|
|
|
|
|
3
|
|
|
4
|
|
|
2
|
|
|
7
|
|
2
|
|
3
|
|
3
|
|
|
1
|
|
3
|
|
|
3
|
|
6
|
Maîtrise
|
|
|
|
|
17
|
|
|
13
|
|
|
18
|
|
|
17
|
|
25
|
|
16
|
|
25
|
|
|
27
|
|
26
|
|
|
21
|
|
19
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
|
111
|
|
|
120
|
|
|
133
|
|
|
151
|
|
151
|
|
149
|
|
184
|
|
|
152
|
|
158
|
|
|
191
|
|
173
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
|
119
|
|
|
109
|
|
|
96
|
|
|
101
|
|
86
|
|
79
|
|
93
|
|
|
74
|
|
59
|
|
|
27
|
|
45
|
316 Nb AT intérimaires &
prestataires
|
105
|
|
140
|
|
190
|
|
|
259
|
|
|
228
|
|
|
294
|
|
252
|
|
202
|
|
76
|
|
|
144
|
|
36
|
|
|
38
|
|
41
|
32 Répartition accidents par
éléments matériels
|
1 422
|
1
|
222
|
2
|
021
|
|
1
|
942
|
|
2
|
003
|
|
1
|
914
|
2
|
130
|
1
|
996
|
2
|
350
|
|
2
|
442
|
2
|
451
|
|
2
|
331
|
2
|
140
|
321 Risques graves (32 à 40)
|
|
|
|
|
21
|
|
|
15
|
|
|
14
|
|
|
17
|
|
21
|
|
14
|
|
23
|
|
|
30
|
|
28
|
|
|
21
|
|
17
|
322 Chutes avec dénivellation (02)
|
132
|
|
118
|
|
187
|
|
|
156
|
|
|
165
|
|
|
183
|
|
189
|
|
161
|
|
201
|
|
|
206
|
|
173
|
|
|
175
|
|
163
|
323 Machines (09 à 29)
|
137
|
|
126
|
|
203
|
|
|
186
|
|
|
198
|
|
|
177
|
|
182
|
|
174
|
|
196
|
|
|
169
|
|
181
|
|
|
154
|
|
157
|
324 Circulation, manutention, stockage (01,03,04,05,0
|
7 848
|
|
748
|
1
|
233
|
|
1
|
231
|
|
1
|
255
|
|
1
|
165
|
1
|
339
|
1
|
275
|
1
|
447
|
|
1
|
566
|
1
|
571
|
|
1
|
499
|
1
|
360
|
325 Objets, masses, particules en mouvement (05)
|
41
|
|
21
|
|
74
|
|
|
68
|
|
|
78
|
|
|
89
|
|
96
|
|
74
|
|
95
|
|
|
96
|
|
77
|
|
|
95
|
|
80
|
326 Autres cas
|
264
|
|
209
|
|
303
|
|
|
286
|
|
|
293
|
|
|
283
|
|
303
|
|
298
|
|
388
|
|
|
375
|
|
421
|
|
|
387
|
|
363
|
33 Maladies professionnelles
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
331 Nb maladies car. prof. déclarées à la
séc. soc.
|
0
|
|
0
|
|
2
|
|
|
5
|
|
|
25
|
|
|
14
|
|
9
|
|
26
|
|
60
|
|
|
65
|
|
76
|
|
|
103
|
|
121
|
332 Nb salariés atteints par maladies prof.
|
0
|
|
0
|
|
4
|
|
|
1
|
|
|
4
|
|
|
2
|
|
1
|
|
0
|
|
0
|
|
|
1
|
|
0
|
|
|
2
|
|
0
|
333 Nb déclar. procédés w pouvant provoquer
mal. pro
|
23
|
|
24
|
|
5
|
|
|
2
|
|
|
0
|
|
|
1
|
|
0
|
|
6
|
|
0
|
|
|
1
|
|
0
|
|
|
0
|
|
0
|
35 Sécurité
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
351 Effectif formé à la sécurité
|
|
|
|
4
|
291
|
|
2
|
989
|
|
5
|
979
|
|
4
|
784
|
4
|
926
|
|
|
2
|
981
|
|
2
|
621
|
3
|
707
|
|
4
|
746
|
4
|
542
|
352 Evol. budgétaire programme sécurité
(€)
|
|
|
|
1 602
|
982
|
3
|
434
|
384
|
3
|
270
|
677
|
2
|
665
|
834
|
1 694
|
083
|
|
|
1 099
|
555
|
2
|
849
|
900
|
2 567
|
905
|
3
|
923
|
164
|
4 453
|
704
|
Indicateurs du Bilan social
|
1992
|
|
1993
|
1994
|
1995
|
|
1996
|
|
1997
|
1998
|
|
1999
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
411 Heures travaillées
|
37 631 663
|
36
|
642 705
|
55 281 701
|
54 067 554
|
54
|
739 321
|
54
|
796 113
|
55 230 685
|
54
|
162 929
|
48 826 618
|
49 605 490
|
49 522 707
|
48 473 992
|
47 652 758
|
Cadres
|
1 943 224
|
2
|
081 645
|
3 076 753
|
2 898 485
|
2
|
973 369
|
3
|
111 739
|
3 235 899
|
3
|
220 900
|
2 361 940
|
2 531 886
|
2 576 057
|
2 668 822
|
2 707 783
|
Maîtrise
|
4 082 613
|
4
|
037 841
|
6 297 365
|
5 940 307
|
6
|
192 660
|
6
|
382 414
|
6 566 788
|
6
|
604 700
|
5 579 300
|
5 839 764
|
5 813 877
|
5 902 031
|
5 907 243
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
17 868 614
|
17
|
643 125
|
27 324 586
|
28 492 731
|
28
|
846 638
|
32
|
714 943
|
34 719 787
|
33
|
673 184
|
29 809 207
|
32 321 172
|
33 948 865
|
34 134 104
|
34 094 065
|
Employés ouvriers coef, <150
|
13 737 212
|
12
|
880 094
|
18 582 997
|
16 736 031
|
16
|
726 654
|
12
|
587 017
|
10 708 211
|
10
|
664 145
|
11 076 171
|
8 912 668
|
7 183 908
|
5 769 035
|
4 943 667
|
412 Nb salariés bénéficiant repos
compensateur
|
1042
|
|
1039
|
422
|
728
|
|
607
|
|
814
|
730
|
|
599
|
473
|
64
|
122
|
288
|
444
|
413 Nb salariés bénéficiant horaires
variables
|
|
|
|
1 463
|
1 517
|
|
1 497
|
|
1 646
|
1 674
|
|
1 647
|
1 021
|
1 250
|
1 267
|
1 327
|
1 391
|
Cadres
|
|
|
|
530
|
562
|
|
606
|
|
679
|
712
|
|
675
|
494
|
588
|
591
|
620
|
614
|
Maîtrise
|
|
|
|
306
|
303
|
|
289
|
|
327
|
345
|
|
383
|
413
|
517
|
538
|
560
|
619
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
556
|
581
|
|
538
|
|
584
|
573
|
|
556
|
101
|
121
|
111
|
116
|
122
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
71
|
71
|
|
64
|
|
56
|
44
|
|
33
|
13
|
24
|
27
|
31
|
36
|
414 Temps partiel
|
8 904
|
|
9 413
|
14 665
|
14 969
|
|
15 617
|
|
16 212
|
17 047
|
|
17 472
|
16 831
|
16 828
|
16 278
|
15 166
|
14 775
|
Hommes payés > 30 h / semaine
|
69
|
|
13
|
43
|
11
|
|
8
|
|
14
|
25
|
|
51
|
83
|
77
|
66
|
53
|
49
|
Hommes payés > 20 < 30 h / semaine
|
454
|
|
572
|
1 056
|
1 090
|
|
1 189
|
|
1 325
|
1 523
|
|
1 630
|
1 036
|
1 053
|
1 007
|
933
|
896
|
Hommes payés < 20 h / semaine
|
337
|
|
296
|
357
|
387
|
|
468
|
|
576
|
620
|
|
629
|
715
|
836
|
894
|
755
|
813
|
Femmes payés > 30 h / semaine
|
58
|
|
69
|
265
|
243
|
|
221
|
|
225
|
222
|
|
193
|
587
|
535
|
512
|
459
|
557
|
Femmes payés > 20 < 30 h / semaine
|
7 179
|
|
7 652
|
11 849
|
11 956
|
|
12 301
|
|
12 462
|
13 046
|
|
13 297
|
12 547
|
12 336
|
11 774
|
11 003
|
10 436
|
Femmes payés < 20 h / semaine
|
807
|
|
811
|
1 095
|
1 282
|
|
1 430
|
|
1 610
|
1 611
|
|
1 672
|
1 863
|
1 991
|
2 025
|
1 963
|
2 024
|
415 Nb salariés ayant 2 j de repos
consécutifs
|
4 140
|
|
3 824
|
3 742
|
3 968
|
|
6 478
|
|
5 148
|
5 697
|
|
5 672
|
3 049
|
2 613
|
2 989
|
3 157
|
3 798
|
Cadres
|
533
|
|
573
|
577
|
283
|
|
840
|
|
787
|
909
|
|
919
|
570
|
628
|
637
|
687
|
675
|
Maîtrise
|
567
|
|
512
|
516
|
551
|
|
894
|
|
800
|
955
|
|
1 059
|
662
|
749
|
738
|
789
|
823
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
2 025
|
|
1 926
|
2 016
|
2 077
|
|
3 778
|
|
2 970
|
3 085
|
|
3 054
|
1 181
|
863
|
1 089
|
920
|
1 620
|
Employés ouvriers coef, <150
|
1 015
|
|
813
|
633
|
1 057
|
|
966
|
|
591
|
748
|
|
640
|
636
|
373
|
525
|
761
|
680
|
416 Nb moyen jours congé annuels
|
|
|
|
31,59
|
31,02
|
|
31,04
|
|
31,04
|
31,10
|
|
|
32,14
|
31,26
|
31,31
|
31,32
|
31,35
|
Cadres
|
|
|
|
34,03
|
31,52
|
|
31,49
|
|
31,50
|
31,51
|
|
31,51
|
31
|
31
|
31
|
32
|
31,51
|
Maîtrise
|
|
|
|
32,37
|
31,20
|
|
31,19
|
|
31,12
|
31,11
|
|
31,13
|
36
|
31
|
31
|
31
|
31,06
|
Employés et Ouvriers
|
|
|
|
31,31
|
30,96
|
|
30,99
|
|
31,00
|
31,06
|
|
31,10
|
35
|
31
|
31
|
31
|
31,38
|
417 Nb heures fériées
payées
|
|
|
|
1 797 304
|
1 771 216
|
2
|
000 702
|
2
|
043 602
|
2 095 727
|
2
|
011 853
|
1 807 488
|
1 835 702
|
2 082 099
|
1 860 086
|
1 674 792
|
Cadres
|
|
|
|
100 472
|
102 121
|
|
122 900
|
|
123 122
|
128 684
|
|
120 384
|
93 460
|
106 302
|
116 721
|
102 938
|
94137
|
Maîtrise
|
|
|
|
208 480
|
202 367
|
|
240 001
|
|
247 820
|
256 028
|
|
252 480
|
216 053
|
233 183
|
259 442
|
235 840
|
215741
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
|
|
|
911 676
|
961 813
|
1
|
134 957
|
1
|
256 984
|
1 349 476
|
1
|
293 199
|
1 123 938
|
1 208 724
|
1 432 194
|
1 319 641
|
1202875
|
Employés ouvriers coef, <150
|
|
|
|
576 676
|
504 915
|
|
502 844
|
|
415 676
|
361 539
|
|
345 790
|
374 037
|
287 493
|
273 742
|
201 667
|
162039
|
42 Organisation et contenu du travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
421 Nb salariés avec horaires alternants ou
nuit
|
544
|
|
312
|
350
|
159
|
|
232
|
|
184
|
153
|
|
187
|
36
|
92
|
395
|
416
|
258
|
Cadres
|
6
|
|
5
|
4
|
1
|
|
3
|
|
0
|
0
|
|
70
|
0
|
1
|
1
|
3
|
3
|
Maîtrise
|
60
|
|
39
|
44
|
27
|
|
26
|
|
33
|
29
|
|
22
|
5
|
6
|
40
|
41
|
24
|
Employés ouvriers coef. 150 et +
|
185
|
|
101
|
228
|
102
|
|
152
|
|
141
|
117
|
|
79
|
11
|
50
|
262
|
200
|
168
|
Employés ouvriers coef, <150
|
293
|
|
167
|
74
|
29
|
|
51
|
|
10
|
7
|
|
16
|
20
|
35
|
92
|
172
|
63
|
43 Conditions physiques de travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
431 Nb salariés exposés régulièrement
à > 85 Db
|
0
|
|
9
|
10
|
17
|
|
15
|
|
9
|
8
|
|
4
|
0
|
7
|
7
|
7
|
0
|
432 Nb prélèvement, analyses pdts toxiques &
mesures
|
|
|
|
8 051
|
0
|
|
0
|
|
3
|
7
|
|
47
|
2
|
13
|
14
|
18
|
16
|
44 Transformation organisation du travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
441 Expériences transformation organisation travail
|
|
|
|
474
|
208
|
|
309
|
|
106
|
118
|
|
168
|
34
|
59
|
51
|
45
|
43
|
442 Nb salariés concernés
|
3 048
|
|
4 250
|
3 007
|
2 412
|
|
2 410
|
|
1 290
|
901
|
|
1 005
|
202
|
579
|
628
|
717
|
1 259
|
D. Données sur les accidents du travail et sur les
comptes de la protection sociale
Ensemble branches France entière
Année
|
|
1955
|
|
|
1975
|
|
|
1993
|
|
|
1994
|
|
|
1995
|
|
|
1996
|
|
|
1997
|
|
|
1998
|
|
|
1999
|
|
|
2000
|
|
|
2001
|
|
|
2002
|
|
|
2003
|
|
Nb Salariés
Nb AT avec arrêt Nb J perdus
Nb AT avec IP Nb AT mortels Prestations (M €)
Indemnités K
K rentes et K A mortels
|
8 1 19
|
587 011 748 67 1
|
130 777 049 253 757
|
13 1 30
|
623 113 792 118 1
|
988 124 251 996 986
|
14 25
|
139 675 783 53
|
929 932 815 077 855
|
14 25
1 1
|
278 670 498 57
363 54 265
|
686 539 288 155 838 237 776 005
|
14 26
1 1
|
499 675 021 62
389 61 252
|
318 794 266 682 743 578 287 381
|
14 25
1 1
|
473 662 385
52
383
50
192
|
759 089 729 023 806 208 829 258
|
14 25
1 1
|
504 663 633 48
386 48 119
|
119 703 189 662 746 316 077
120
|
15 27
1 1
|
256 700 046
50
490
51
130
|
781 564 062 579 757 756 589 871
|
14
1 1
|
724 726
49
535
50
140
|
426 176
936 768 266 866 484
|
16
1 1
|
868 767
53
667 55 264
|
914 029
938 761 001 462 790
|
17
1 1
|
233 755
48
788
49
231
|
914 153
872 794 369 877 254
|
17
1 1
|
673 782
55
999 58 443
|
670 264
167 789 607 875 963
|
17
2 1
|
632 744
58
131 65 534
|
670 338
231 766 532 922 403
|
Source : CNAMTS / DRP CNdAMdTS. (1 997-2003).
Statistiques financières et technologiques des accidents du
travail.
Evolution des comptes de la Protection sociale de 1994
à 2003
Indicateurs
|
|
Millions d'euros courants
|
|
1994
|
2002
|
2003 2004
|
94 - 03
|
Cotisations employeurs
|
133
|
277
|
173
|
044
|
178
|
512
|
0
|
33,9%
|
Cotisations salariés
|
77
|
799
|
79
|
677
|
83
|
628
|
|
7,5%
|
Autres Cotisations
|
17
|
321
|
18
|
310
|
18
|
587
|
|
7,3%
|
Cotisations effectives
|
228
|
397
|
271
|
031
|
280
|
727
|
|
22,9%
|
Cotisations fictives
|
31
|
368
|
41
|
729
|
42
|
511
|
|
35,5%
|
Cotisations totales
|
259
|
765
|
312
|
760
|
323
|
238
|
|
24,4%
|
Impôts et taxes
|
23
|
490
|
88
|
908
|
91
|
443
|
|
289,3%
|
Transferts
|
56
|
056
|
81
|
998
|
84
|
428
|
|
50,6%
|
Contributions publiques
|
50
|
592
|
53
|
100
|
53
|
709
|
|
6,2%
|
Produits financiers
|
3
|
427
|
4
|
205
|
4
|
216
|
|
23,0%
|
Autres recettes
|
7
|
829
|
8
|
373
|
8
|
513
|
|
8,7%
|
Total
|
401
|
159
|
549
|
344
|
565
|
547
|
|
41,0%
|
Solde
|
-4
|
123
|
|
404
|
-7
|
873
|
-11 285
|
-91,0%
|
Santé
|
143
|
530
|
153
|
630
|
164
|
215
|
|
14,4%
|
Maladie
|
116
|
211
|
124
|
507
|
134
|
120
|
|
15,4%
|
Invalidité
|
20
|
192
|
21
|
766
|
22
|
479
|
|
11,3%
|
Accidents du travail
|
7
|
126
|
7
|
357
|
7
|
616
|
|
6,9%
|
Vieillesse Survie
|
162
|
463
|
194
|
301
|
199
|
625
|
|
22,9%
|
Vieillesse
|
137
|
143
|
164
|
445
|
168
|
758
|
|
23,1%
|
Survie
|
25
|
320
|
29
|
856
|
30
|
867
|
|
21,9%
|
Maternité Famille
|
41
|
143
|
43
|
704
|
43
|
947
|
|
6,8%
|
Matérnité
|
5
|
583
|
5
|
630
|
5
|
773
|
|
3,4%
|
Famille
|
35
|
560
|
38
|
074
|
38
|
174
|
|
7,4%
|
Emploi
|
27
|
913
|
33
|
158
|
36
|
876
|
|
32,1%
|
Chômage
|
23
|
199
|
30
|
698
|
34
|
164
|
|
47,3%
|
Insertion & réinsertion profession.
|
4
|
714
|
2
|
460
|
2
|
712
|
|
-42,5%
|
Logement
|
11
|
603
|
13
|
474
|
13
|
832
|
|
19,2%
|
Pauvreté & exclusion sociale
|
3
|
646
|
5
|
836
|
6
|
501
|
|
78,3%
|
Total prestations sociales
|
390
|
298
|
444
|
103
|
464
|
996
|
|
19,1%
|
Total prestations de service
|
35
|
652
|
47
|
598
|
50
|
693
|
|
42,2%
|
Total prestations Protection soc.
|
425
|
950
|
491
|
701
|
515
|
689
|
|
21,1%
|
Millions d'euros constants Base 100 en 1998
|
1994
|
2002
|
2003
|
94 - 03
|
140
|
885
|
163
|
403
|
168
|
567
|
19,6%
|
82
|
240
|
75
|
238
|
78
|
969
|
-4,0%
|
18
|
310
|
17
|
290
|
17
|
551
|
-4,1%
|
241
|
434
|
255
|
931
|
265
|
087
|
9,8%
|
33
|
159
|
39
|
404
|
40
|
142
|
21,1%
|
274
|
593
|
295
|
335
|
305
|
229
|
11,2%
|
24
|
831
|
83
|
955
|
86
|
348
|
247,7%
|
59
|
256
|
77
|
430
|
79
|
724
|
34,5%
|
53
|
480
|
50
|
142
|
50
|
717
|
-5,2%
|
3
|
623
|
3
|
971
|
3
|
981
|
9,9%
|
8
|
276
|
7
|
907
|
8
|
039
|
-2,9%
|
424
|
058
|
518
|
738
|
534
|
038
|
25,9%
|
-4
|
358
|
|
381
|
-7
|
435
|
-70,6%
|
151
|
723
|
145
|
071
|
155
|
066
|
2,2%
|
122
|
845
|
117
|
570
|
126
|
648
|
3,1%
|
21
|
345
|
20
|
553
|
21
|
227
|
-0,6%
|
7
|
533
|
6
|
947
|
7
|
192
|
-4,5%
|
171
|
736
|
183
|
476
|
188
|
503
|
9,8%
|
144
|
971
|
155
|
283
|
159
|
356
|
9,9%
|
26
|
766
|
28
|
193
|
29
|
147
|
8,9%
|
43
|
492
|
41
|
269
|
41
|
499
|
-4,6%
|
5
|
902
|
5
|
316
|
5
|
451
|
-7,6%
|
37
|
590
|
35
|
953
|
36
|
047
|
-4,1%
|
29
|
506
|
31
|
311
|
34
|
822
|
18,0%
|
24
|
524
|
28
|
988
|
32
|
261
|
31,5%
|
4
|
983
|
2
|
323
|
2
|
561
|
-48,6%
|
12
|
266
|
12
|
723
|
13
|
061
|
6,5%
|
3
|
854
|
5
|
511
|
6
|
139
|
59,3%
|
412
|
577
|
419
|
361
|
439
|
090
|
6,4%
|
37
|
687
|
44
|
946
|
47
|
869
|
27,0%
|
450
|
264
|
464
|
307
|
486
|
958
|
8,1%
|
15 016 17 373 17 428 16,1%
Frais de gestion
% des recettes
14 205
3,5%
18 398
3,3%
18 456
3,3%
29,9%
-7,8%
Source : Comptes de la Protection sociale DREES
E. Chronologie des principaux événements
affectant le financement de la protection sociale
1981 : cotisations d'assurance
maladie : hausse de 1 point de la part salariale
1981 : cotisations d'assurance
maladie : déplafonnement de 3,5 points de la part patronale
1984 : cotisations d'assurance
vieillesse : hausse de 1 point de la part salariale
1984 : déplafonnement total
de la part patronale des cotisations d'assurance maladie
1987 : cotisations d'assurance
vieillesse : hausse de 0,2 point de la part salariale
1987 : cotisations d'assurance
maladie : hausse de 0,4 point de la part salariale 1989 :
cotisations d'assurance vieillesse : hausse de 1 point de la part salariale
1989 : cotisations famille : passage du taux global à
8% dont 3,5% déplafonnés 1990 : cotisations
famille : passage du taux global à 7% déplafonnés
1991 : création de la CSG
famille (1,1%) - baisse de 1,6 point de la cotisation famille
déplafonnée
1991 : cotisations d'assurance
maladie : hausse de 0,9 point de la part salariale
1992 : cotisations d'assurance
maladie : hausse de 0,2 point de la part patronale
1993 : hausse de 1,3 point de la
CSG famille
1994 : affectation de cette hausse
au FSV
1995 : création de
l'allégement dégressif sur les bas salaires
1996 : fusion de
l'allégement sur les bas salaires et de l'exonération des
cotisations d'allocations familiales
1997 : création de la CSG
maladie (1% substitué à 1,3 point de cotisation salariale
maladie)
1998 : hausse de 4,1 points de la
CSG maladie et substitution à 4,75 points de cotisations salariales
maladie
1998 : création de
l'allégement « Aubry I »
2000 : création de
l'allégement « Aubry II »
2003 : création de
l'allégement unique des cotisations patronales 2004 :
suppression du FOREC
2004 : augmentation du taux de
la CSG sur les pensions de retraite (de 6,2 à 6,6 %) et extension de son
assiette sur les revenus d'activité dans le cadre de la réforme
d'assurance maladie
F. Historique des mesures d'allégements de
« charges sociales »
date
|
mesure
|
principe
|
1er juillet 1993
|
Exonération famille 1993 gouvernement Balladur
|
Exonération totale des cotisations sociales familiales
de 1 à 1,1 SMIC mensuel (5,4 points de cotisation) et de moitié
de 1,1 à 1,2 SMIC mensuel (2,7 points de cotisations)
|
1er janvier 1995
|
Exonération famille 1994
|
Idem mais décalage des seuils de 1 à 1,2 SMIC et de
1,2 à 1,3 SMIC
|
er septembre 1995
|
Ristourne Juppé 1
|
Réduction dégressive de cotisations sociales au
titre de l'assurance maladie jusqu'à 1,2 SMIC mensuel (12,8 points de
cotisation) ; contrairement aux allocations familiales, cette réduction
est proratisée pour les travailleurs à temps partiel3. Cet
allégement est cumulable avec l'exonération famille.
|
1er octobre 1996
|
Ristourne Juppé 2
|
Fusion des deux mesures en une ristourne dégressive
unique4 sur l'ensemble des cotisations d'assurance sociale à la charge
des employeurs équivalent à 18,2 % de cotisations au niveau du
SMIC mensuel et s'annulant à 1,33 SMIC.
|
1er janvier 1998
|
Ristourne Juppé 3
|
Idem, mais le seuil est ramené à 1,3 SMIC. De
plus, proratisation par le taux de temps partiel appliquée à
l'allégement précédent5 .
|
19 janvier 2000
|
Allégement Aubry II*
|
Cet allégement est conditionné à la
signature d'un accord de réduction du temps de travail majoritaire
spécifiant le nombre d'emplois créés. La partie
allégements bas salaires vient s'ajouter à l'aide structurelle
(forfaitaire et indépendante de la rémunération
perçue) pour réduire le coût du travail des salariés
percevant environ jusqu'à 1,8 SMIC mensuel. Cette aide est
dégressive, maximale au niveau du SMIC (réduction de 26 points de
cotisations) et s'applique aux entreprises passées à 35
heures.
|
7 janvier 2003
|
Allégement Fillon
|
Réduction dégressive de cotisations sociales
employeur de 26 points au niveau du SMIC horaire et s'annulant à 1,7
SMIC dans sa version finale. Dans sa phase transitoire : du 30 juin 2003 au 1er
juillet 2004 : taux de 20,8 points et seuil de 1,5 puis du 1er juillet 2004 au
30 juin 2005 : taux de 23,4 points et seuil de 1,6 SMIC. Le dispositif final
s'applique à l'ensemble des entreprise à partir du 1er juillet
2005.
|
décembre 2004
|
|
Idem mais le seuil final est ramené à 1,6 SMIC.
|
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