Chapitre 2: Le conteneur dans la chaîne
béninoise des transports.
Apparu en Occident au début des années 60 le
conteneur s'est très vite étendu aux autres parties du monde. Les
tous premiers pays à se spécialiser pour ce nouveau type
d'emballage, furent ceux dont le transport maritime était performant
(installations portuaires adéquates, manutentions sophistiquées,
puissance des armements, etc.) . Progressivement, l'interdépendance de
plus en plus grande des échanges a généralisé
l'usage du conteneur et poussé tous les autres pays du globe notamment
les pays en voie de développement à s'y conformer. Tel est le cas
du Bénin dont l'extension du port s'est accompagnée de
l'utilisation de cette unité de charge.
Section 1 : Généralités (
historique)
Au Bénin, le projet de construction du port de Cotonou
ne comportait au départ aucun volet propre à l'exploitation des
conteneurs. Après la construction et la mise en service de ce port en
1965 , les besoins d'espace pour la réception de trafic conteneur se
sont faits vite remarquer. En 1975, quelques conteneurs notamment les 6' ont
été débarqués à Cotonou. En Décembre
1976, les armateurs ont exprimé au Bénin leur souhait de toucher
désormais le port de Cotonou avec des navires porte-conteneurs
intégraux. Il fallait alors penser à la construction d'un parc
à conteneurs et à l'acquisition des matériels de
manutention appropriés. Les travaux d'extension du port entrepris en
1979 ont prévu la construction d'un tel parc. Après sa
construction, la gestion de ce parc fut confiée à la SOBEMAP
(Société Béninoise des Manutentions Portuaires) a(*) . Dès lors, le trafic
conteneur devient une réalité. Son évolution est le signe
de son importance pour les activités de transport au Bénin.
Section 2 : Evolution du trafic conteneur au
Bénin
Le développement de la conteneurisation ne peut
s'apprécier que par une étude du trafic manipulé par les
divers modes. Au Bénin, les maillons portuaires et ferroviaires en
constituent les principaux acteurs . La plupart des marchandises
conteneurisées qui circulent dans la chaîne des transports au
Bénin, viennent ou partent du port de Cotonou. Par ailleurs, le seul
transporteur disposant d'un infrastructures qui facilitent l'acheminement
direct des marchandises depuis le port jusqu'à l'intérieur du
pays et au delà, est l'OCBN. Une étude du trafic conteneur de ces
deux maillons s'avère alors indispensable.
Paragraphe 1 : Analyse du trafic conteneur portuaire
Les données de base utilisées dans cette
analyse sont celles publiées par le Port Autonome de Cotonou sur le
trafic conteneur depuis 1980 ( l'année à partir de laquelle ce
trafic est devenu une réalité). Nous distinguons le trafic
conteneur à l'import, le trafic conteneur à l'export et le trafic
conteneur à total (cf Tableau 3 ).
Tableau n° 3 : Evolution du
trafic conteneur du Port de Cotonou (en tonnes)
Années
|
Importation
|
Exportation
|
Trafic Total
|
1980
|
70.882
|
8.544
|
79.426
|
1981
|
113.392
|
7.546
|
120.938
|
1982
|
126.342
|
8.539
|
134.881
|
1983
|
103.484
|
9.949
|
113.433
|
1984
|
115.504
|
13.086
|
128.590
|
1985
|
139.663
|
38.626
|
178.289
|
1986
|
136.798
|
56.994
|
193.792
|
1987
|
155.344
|
51.164
|
206.508
|
1988
|
167.759
|
23.609
|
191.368
|
1989
|
131.825
|
54.064
|
185.889
|
1990
|
172.976
|
39.219
|
212.195
|
1991
|
207.643
|
70.865
|
278.508
|
1992
|
229.235
|
71.523
|
300.758
|
1993
|
312.264
|
95.557
|
407.821
|
1994
|
350.987
|
185.756
|
536.743
|
1995
|
384.098
|
162.265
|
546.363
|
1996
|
431.412
|
182.307
|
613.719
|
1997
|
469.599
|
152.166
|
621.765
|
|
Source : SSEEE / PAC
Durant la période allant de 1980 à1997 le taux
de conteneurisation, c'est-à-dire la part du trafic conteneur dans le
trafic total de marchandises n'a cessé de croître, passant de 8.33
à 27.65% exception faite des années 1987 (16.26 %), 1988
(16.09%), 1992 (17.33%) et 1995( 26.30%). (cf Tableau n°4 et Graphique
n°1).
Tableau N°4 : Part du trafic
conteneur dans le trafic général de marchandises
au port de Cotonou (1980 - 1997) .
Années
|
Trafic marchandises
générales (TMG )
|
Trafic marchandises
conteneurisées(TMC)
|
TMC/TMG
( % )
|
1980
|
953.039
|
79.426
|
8,33
|
1981
|
1.166.037+
|
120.938
|
10,37
|
1982
|
1.133.574
|
134.881
|
11,89
|
1983
|
800.581
|
113.433
|
14,16
|
1984
|
886.305
|
128.590
|
14,50
|
1985
|
1.166.650
|
178.289
|
15,28
|
1986
|
1.167.234
|
193.792
|
16,60
|
1987
|
1.269.425
|
206.508
|
16,26
|
1988
|
1.189.336
|
191.368
|
16,09
|
1989
|
889.427
|
185.889
|
20,89
|
1990
|
1.119.174
|
212.195
|
18,95
|
1991
|
1.485.785
|
278.508
|
18,74
|
1992
|
1.734.874
|
300.758
|
17,33
|
1993
|
1.917.120
|
407.821
|
20,54
|
1994
|
1.984.637
|
536.743
|
27,04
|
1995
|
2.076.931
|
546.363
|
26,30
|
1996
|
2.219.813
|
613.719
|
27,64
|
1997
|
2.248.211
|
621.765
|
27,65
|
|
Source : Elaboré à partir des
statistiques du SSEEE / PAC
Graphique n° 1 : Evolution du taux de
conteneurisation au Port de CotonouCette tendance générale
à la hausse du trafic conteneur est due à la prise de conscience
des opérateurs économiques sur les avantages inhérents
à l'utilisation de cette unité de charge.
D'une façon générale le trafic conteneur
a connu deux périodes d'évolution ( cf graphique 2 )
- Une première période comprise entre 1980 et
1989.
- Une deuxième période allant de 1990 à
1997.
Au cours de la première période, le trafic
conteneur a connu soit des croissances très faibles, soit des baisses
très remarquables.
- C'est le cas des années 1983 ( -15.90 % ), 988 (
-7.33 % ) et 1989 ( -2.86 % ).
Les différentes tendances observées durant
cette première période peuvent s'expliquer par certaines
raisons.
* D'une part, " les céréales, les
hydrocarbures, le clinker, le ciment, les aciers de construction et les
charpentes ne sont pas conteneurisés. Les autres marchandises le sont
pour une certaine proportion: 100% pour les conserves, les laits
condensés, le café, les produits alimentaires et les friperies,
50% pour le sel, les huiles et graisses, les provendes et les matériaux
de construction, 20% des engrais insecticides machines diverses et les
réactifs ".b(*)
Les marchandises importées étant les plus
conteneurisées, une chute du trafic à l'importation engendre une
baisse du trafic conteneur.
· D'autre part, la crise économique qui dans les
années 80 a secoué le Bénin et le Niger, principaux
utilisateurs du port de Cotonou, a été un facteur important qui
explique les baisses tendancielles des taux de conteneurisation. En effet
à partir de 1980, l'exploitation de l'uranium, principale ressource
d'exportation du Niger a commencé par décroître. Cette
chute a eu des répercussions sur les importations de soufre et d'autres
produits chimiques destinés au traitement de l'uranate. La crise
économique a aussi occasionné la baisse des importations
Graphique N° 2 : Evolution du trafic
conteneur du port de Cotonou
des engrais chimiques, des insecticides, des matériaux
de construction et des friperies au Bénin et au Niger.
Au Bénin, la doctrine politique marxiste -
léniniste, prônée durant cette période (1980-1989) a
aussi obligé certains opérateurs économiques
internationaux à s'orienter vers d'autres ports au détriment de
celui de Cotonou .
De plus l'instabilité politique surtout des
années 1988 et 1989, a empêché certains transporteurs
maritimes de faire des escales à Cotonou. Le nombre de navires
commerciaux enregistrés passe ainsi de 542 à 458 entre 1988 et
1989. Les porte - conteneurs ont régressé jusqu'en 1990. 218,
172 et 152 respectivement en 1988, 1989 et 1990.
Au cours de la deuxième période (1990-1997) une
reprise du trafic conteneur sera amorcé dès 1990 avec des taux de
croissance plafonnant à 35.95% en 1993et 31.61% en 1994. Ce renversement
de la tendance est le reflet d'une amélioration de la situation
économique et politique au niveau des deux pays . Les échanges du
Bénin avec l'extérieur ont réellement repris en 1990 .
Cette nouvelle situation économique a provoqué un
redémarrage des importations et par conséquent une croissance du
trafic conteneur. La libéralisation des manutentions portuaires et la
construction des parcs à conteneurs privés par certains
armements(4(*)0)
étrangers ont surtout favorisé cette croissance du trafic
conteneur .
Au total, le trafic conteneur évolue à la
hausse au port de Cotonou, premier maillon de la chaîne de transport
béninois. L'étude de cette situation au niveau des chemins de
fer, principal relais de la voie maritime, s'avère nécessaire
pour mieux apprécier cette évolution.
* a Cette brève
historique nou a été faite par Mr DANGOU, Chef service conteneur
de la SOBEMAP
* b FOUCHIER P. (1984)
Perspectives de Trafic sur l'axe de transport Cotonou Niamey R.P.B. 252 p.
* (40) Cf LEXIQUE
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