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Les multinationales pétrolières et la protection de l'environnement en Afrique Centrale

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par Levy Cardel PAYIMA
Université de Limoges - Master 2 en Droit International et Comparé de l'environnement 2006
  

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b) Dégradation due à l'exploitation pétrolière

Les causes de dégradation sus évoquées occultent en effet celle relative à l'exploitation du pétrole.

L'exploitation du pétrole dans les forêts tropicales exige des défrichages de certaines zones. Ainsi, au Cameroun et au Tchad, la forêt a été détruite sur une longueur de 1070 km afin de faire construire l'Oléoduc sus évoqué. En dehors de cette dégradation directe, les forêts d'Afrique centrale subissent également un effet de serre résultant des torchères des gaz.

Le déversement du pétrole dans le milieu forestier ne permet pas le développement normal des espèces. En effet, quand le recouvre les racines aériens des arbres de mangrove, il empêche l'oxygène de circuler dans les tissus des racines enfoncées dans les sols anoxiques. Le pétrole peut être absorbé par les racines, véhiculé jusqu'aux feuilles et bloquer la transpiration. Le pétrole peut perturber les membranes des racines, ce qui provoque une concentration mortelle de sel dans les tissus.

Une mortalité soudaine et massive d'arbres de mangrove provoque une érosion des sédiments. A la suite d'un déversement de pétrole à Panama en 1986, beaucoup d'arbres de mangrove ont pourri et sont tombés. Cet exemple est visible aux alentours de Gamba et du terminal de Djeno. Les sédiments de ces habitats se sont érodés à des rythmes pouvant atteindre plusieurs centimètres par jour. Cet impact sur la mangrove atteint les habitats naturels marins que nous avons vus plus haut.

Paragraphe 2 : Disparition de la diversité biologique

La convention de Rio de 1992 sur la diversité biologique définit la diversité biologique comme étant la « la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes » 17.

Il est devenu évident que depuis plusieurs années, dans les plus grandes zones forestières tropicales d'Afrique centrale, la diversité biologique se trouve menacée à la suite de la déforestation et de la dégradation des forêts. Le problème de l'extinction de la diversité biologique dans cette région devient ainsi une priorité internationale.

Les forêts tropicales de l'Afrique centrale abritent la plus importante réserve de la biodiversité du monde après les forêts amazoniennes. Elles sont riches en espèces emblématiques, rares et ou menacées dont les grands mammifères (Gorilles de plaines, Chimpanzés, etc....) ou les oiseaux de forêt (Perroquets, Picatharte...). On y dénombre plus de 10000 espèces de papillons....dont beaucoup sont endémiques.

Cette importante réserve mondiale est en prise également à la déforestation suite à l'exploitation du pétrole, et à la pollution qui en résulte. Cela entraine une diminution des ressources phitogénétiques.

17 - Convention de Rio de 1992 art.2

a) Disparition de la diversité biologique suite à la déforestation.

L'exploitation du pétrole impose, à certains endroits, l'ouverture et/ou le défrichage de massifs forestiers à grande échelle. Ce défrichage est indispensable pour l'implantation des installations nécessaires à l'exercice de l'activité mais également des pistes ou voies où doivent circuler les engins. La construction de l'oléoduc Tchad / Cameroun en est une belle illustration.

Ce défrichage et les piste ainsi créées favorisent un braconnage de plus en plus accrue dans les zones d'activités. Car ils permettent aux chasseurs de pénétrer très loin dans la forêt et à des endroits où, sans ces pistes et ces voies ils ne pouvaient pas y arriver au grand dame de la diversité biologique18.

Ainsi donc la suite de cette déforestation, la diversité biologique se trouve menacée 19. Le problème de l'extinction de la diversité biologique devient ainsi une priorité politique internationale.

Sur le plan mondial, la disparition de la diversité biologique a donné lieu à l'adoption de la convention sur la diversité biologique, dont les objectifs sont la conservation, l'utilisation commerciale durable et le partage des avantages découlant de l'exploitation de ces ressources.20

18 - Cf. The Ecologist, 1987, vol. 17, n°4/5. Selon l'éditorial de ce numéro, chaque jour de déforestation impliquerait la disparition d'une espèce.

19 - Rapport Brundtland, P. 185

20 - La convention sur la diversité biologique fut ouverte à la signature le 5 juin 1992 et est entrée en vigueur le 29 décembre 1993. Malgré l'existence de cet instrument juridiquement contraignant, la disparition des espèces continue à être l'un des problèmes majeurs de notre temps. Les constatations à cet égard sont accablantes. Le rapport préparé et publié par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) confirme la tendance à la disparition accélérée de la biodiversité dans toutes les régions du monde. Cette tendance s'est accélérée plus particulièrement en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie ou la dégradation de la diversité biologique a atteint un niveau très préoccupant.

En dehors de cet aspect, l'exploitation du pétrole se fait parfois directement dans des zones considérées comme des réserves nationales ou mondiales de biodiversité. Les installations pétrolières dans les champs de Gamba Ivinga et de Rabi-Kounga au Gabon sont une illustration parfaite de ce cas de figure. C'est à juste titre que Jean BOURGEAIS, Conseiller Technique Principal de WWF - Gamba, intitule son article publié le 21 décembre 2001 « Impact de l'exploitation pétrolière dans le complexe de Gamba : le pire est à venir ». En effet, dans cet article Jean BOURGEAIS met en évidence la disparition de la biodiversité et l'impact socio-sanitaire qui en résulte.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon