1.2.3 NOTION D'UTILITÉ
La notion d'utilité de la CI vient en réponse
aux questions 11 à 14. Au total, 68 propositions ont été
relevées, qui ont été classées en 11
catégories :
1) À rien
2) À calmer
3) Ca améliore la relation aux
soignants
4) À soigner
5) À recadrer
6) À faire le point
7) À arrêter quand ça
dérape
8) À protéger (de soi-même et des
autres)
9) À faire une évaluation
10) À se rassembler
11) À trouver un bon dosage
1) À calmer
Pour 7 patients (64%) la CI sert à calmer des
états de crise ou d'agitation. C'est « pour ramener au
calme rapidement (4) »
2) À rien
6 patients (55%) déclarent que la CI ne sert à
rien.
Parmi eux, 2 la trouvent plutôt néfaste :
pour l'un, ça sert à « emmerder les gens, à
les embêter encore plus, à les faire souffrir encore plus
(B) »; pour l'autre, c'est même l'isolement qui
rend malade : « A avoir des hauts et des bas. Avant,
j'étais une personne qui changeait jamais, une personne simple, avec sa
personnalité, maintenant je suis bipolaire. (E) ».
Pour les 4 autres patients, elle ne sert tout simplement
à rien.
Les propos sont plutôt pessimistes :
« C'est une solution pas terrible, mais y a pas
autre chose (D) »
« La CI, ça arrange rien
(B) »
« Silencieux face à soi-même, on
guérit pas. (4) »
Néanmoins, sur ces 6 patients, un seul se contente de
cette réponse. Les 5 autres formulent d'autres propositions parmi les
suivantes :
3) Ça améliore la relation aux
soignants
6 patients (55%) notent qu'un séjour en CI
améliore la relation aux soignants. L'amélioration est valable
dans les deux sens : d'une part les patients montrent « un
plus grand respect (F) », d'une autre, ce sont les soignants qui
sont « plus gentils (B) ».
Le patient F remarque que les soignants
« doivent être autant effrayés que nous, de recevoir
des coups. Ce sont surtout des femmes, qui viennent avec un plateau. C'est
lourd, ça peut faire mal. J'ai de l'estime. On les remercie de leur
gentillesse, de leur compassion, de leur sympathie. C'est encourageant. Les
hommes, c'est plus pour la cigarette. Ils relativisent :
« T'inquiète pas, Bonhomme ». C'est plus
rude mais avec une touche d'humour qui aide à se sentir
humain. »
4) À soigner
Pour 5 patients (45%), la CI modifie en mieux l'état
des patients. Cela peut être une stabilisation :
« faire d'un état nerveux un état stable
(D) », une transformation : « on sort
transformé (A) », « ça change votre
état (F) », ou quelque chose « un petit peu
utile (2) », qui soigne.
5) À recadrer
4 patients (36%) trouvent que l'isolement a un
côté disciplinaire. Il s'agit de « remettre dans le
droit chemin (3) », pour les rebelles, « comme les
UMD (F) ».
6) À faire le point
4 patients sur 11 (36%) ont trouvé que l'isolement
permettait de faire le point à un moment de sa vie. C'est surtout
l'inactivité qui oblige à « repenser au
passé (B) ». Pour un patient (F), c'est un peu comme
toucher le fond : « J'ai vu jusqu'où je pouvais aller
dans la chute. Ca permet d'aller de l'avant, vers la
sortie. ».
7) À arrêter quand ça
dérape
4 patients (36%) voient la CI comme un garde-fou, qui
empêche de s'enfoncer trop profondément dans la maladie :
« si elles ont des pensées qui dépassent la
normale, elles vont prendre des crises. (C) ».
Pour le patient F : « Ça a une
utilité. Sinon il n'y aurait plus de limite dans les délires,
c'est un signal, pareil qu'en ville, il y a un commissariat. Ça sert de
garde-fou, de panneau stop « de danger ponctuel ».
8) À faire une
évaluation
4 y voient l'occasion d'une évaluation des patients par
les soignants. La CI sert ainsi à « ouvrir la
personnalité de la personne pour que le médecin
découvre... (E) ».
9) À protéger (de soi-même et des
autres)
Ils sont seulement 3 à penser que la CI puisse servir
à se protéger ou à protéger les autres,
« à éviter les disputes, les bagarres
(C) »
10) À se rassembler
3 encore accordent à la CI le bénéfice
d'aider à lutter contre le morcellement psychique. Il s'agit ainsi de
« récupérer les bouts qui s'en vont
(D) ».
11) À trouver un bon dosage
2 patients y voient enfin l'occasion de modifier le traitement
et d'ajuster les doses : « on revoit les médicaments
et ça donne un résultat, mieux en général
(A) ».
Tableau 3 - Notion
d'utilité / Nombre de sujets par catégorie de
réponse
Notion d'utilité
|
Nombre de
sujets
|
Moyenne
en %
|
A calmer
|
7
|
63.63%
|
A rien
|
6
|
54.54%
|
Ca améliore la relation aux soignants
|
6
|
54.54%
|
A soigner
|
5
|
45.45%
|
A recadrer
|
4
|
36.36%
|
A faire le point
|
4
|
36.36%
|
A arrêter quand ça dérape
|
4
|
36.36%
|
A faire une évaluation
|
4
|
36.36%
|
A protéger (de soi-même et des autres)
|
3
|
27.27%
|
A se rassembler
|
3
|
27.27%
|
A trouver un bon dosage
|
2
|
18.18%
|
Total
|
11
|
Figure 3 - Notion
d'utilité/ Moyennes du nombre de sujets par catégorie de
réponse
|