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Chambre d'isolement : du point de vue des patients. Impact d'un temps d'élaboration sur le vécu des patients après un séjour en chambre d'isolement dans une unité d'hospitalisation de psychiatrie adulte

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par Charlotte Mouillerac
Université Paris 8 - Master 1 psychologie clinique et psychopathologie 2007
  

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6.5 LA DURÉE

Dans sa revue de littérature, J. Palazzolo42(*) note que « la durée moyenne d'isolement varie de 31 minutes (Way, 1986) à 3000 heures (Lendemeijer et coll, 1993) » selon les études.

L'écart est très important d'une étude à l'autre. Selon l'ANAES43(*), les données vont de 10 jours en moyenne dans les recherches anglo-saxonnes à 4 à 6 jours pour les rares données françaises. I. Trouvé, dans sa thèse de 200144(*), relève que, aux USA, la durée varierait de 2,5 à 25,6 heures. En Grande Bretagne cette durée serait de 14,6 minutes à 4,3 heures. En France, 50% des patients isolés le seraient pendant moins de 5 jours, 25% entre 6 et 10 jours et 25% plus de 10 jours.

Cette durée apparaît fortement liée à la culture et à l'histoire des services. La nature de l'incident "précipitant", l'histoire et la personnalité du patient, l'atmosphère du service, sont d'autres facteurs déterminants.

Il est à noter en tout cas que si un isolement court peut avoir des effets bénéfiques, une longue période en CI pourrait bien avoir une nocivité psychopathologique et un retentissement conséquent sur la suite de la prise en charge.

6.6 LE MOTIF

La décision d'isoler un patient se prend le plus souvent en urgence pour assurer la sécurité du patient, des autres patients ou du personnel. Elle peut aussi être prise en amont, suite à une réflexion à visée préventive, lorsqu'un passage à l'acte est prévisible, ou thérapeutique, pour permettre par exemple au patient de se recentrer.

Les raisons les plus souvent invoquées sont : des actes agressifs, un comportement violent envers les soignants ou les autres patients, une dangerosité potentielle, un comportement inapproprié (agitation psychomotrice, fugue, dénudation), un risque de suicide ou d'automutilation, un risque de rupture thérapeutique (certains patients sont ainsi isolés systématiquement du fait de leur placement en hospitalisation sous contrainte (HSC)).

L'ANAES reconnaît 5 indications à la mise en chambre d'isolement :

Ø Prévention d'une violence imminente du patient envers lui-même ou autrui alors que les autres moyens de contrôle ne sont ni efficaces ni appropriés.

Ø Prévention d'un risque de rupture thérapeutique alors que l'état de santé impose les soins.

Ø Isolement intégré dans un programme thérapeutique.

Ø Isolement en vue d'une diminution des stimulations reçues.

Ø Isolement à la demande du patient45(*).

D. Friard46(*) note que certaines études repèrent des périodes à risque : premières 24 heures d'hospitalisation, ou premières semaines, moments où l'emploi du temps n'est pas structuré par des soins ou activités, temps de réunion où les soignants sont moins disponibles ou au contraire périodes où les patients sont très sollicités.

On noterait un accroissement des mises en CI lié à la disponibilité du personnel ainsi qu'au stress de l'équipe. Les moments de relèves ou de réunion, les périodes de sous-effectif, un sentiment d'insécurité, lié parfois à un manque de personnel masculin, ou à la pré-occurence d'un événement violent sont des éléments qui ont leur influence. L'isolement peut ainsi parfois avoir des vertus anxiolytiques sur l'équipe soignante, plus que sur le patient47(*).

Plusieurs études (nord américaines), citées par E. Williams et R.E. Myers48(*), ont mis en évidence le fait qu'à la fois la philosophie et la culture de l'unité, la philosophie à l'égard du traitement, l'attitude du personnel soignant, leur disponibilité, leur formation, le nombre de patients par rapport au nombre de soignants et la situation géographique de l'établissement de soins avaient une influence sur le taux d'utilisation de l'isolement et de la contention.

6.6.1 CARACTÉRISTIQUES DU PATIENT ISOLÉ

Les patients isolés le plus souvent ont en moyenne entre 20 et 35 ans. Pour ce qui est de l'impact du sexe sur la fréquence de l'isolement ou de la contention, les études sont contradictoires. Dans certaines études les femmes sont isolées plus fréquemment, dans d'autres ce sont les hommes.

Les pathologies concernées sont celles représentées dans les services de psychiatrie. On retrouve une grande proportion de schizophrènes, mais pas plus élevée que la proportion dans la population généralement hospitalisée.

On note aussi des troubles de la personnalité, accès maniaques, troubles envahissants du développement. D'une manière générale, les études ne mettent pas en évidence de lien de cause à effet entre une pathologie et la fréquence de l'isolement.

Les patients psychotiques auraient tendance à être isolés plus particulièrement au début de l'hospitalisation. Contrairement aux idées reçues, ces mêmes patients psychotiques seraient moins impliqués dans des comportements violents.

* 42 Palazzolo, J. (2002) Chambre d'isolement et contention en psychiatrie. Paris : Ed. Masson, p 52

* 43 ANAES / 24 et 25 novembre 2004 / Conférence de consensus - Liberté d'aller et venir dans les établissements sanitaires et médico-sociaux et obligation de soins et de sécurité / Paris (ministère des solidarités, de la santé et de la famille)

* 44 Trouvé, S. (2001) Les chambres d'isolement en psychiatrie adulte, approche clinique et thérapeutique. Thèse de médecine, Université Paris XI, Paris-Sud

* 45 ANAES. 1998. Evaluation des pratiques professionnelles dans les établissements de santé - L'audit clinique appliqué à l'utilisation des chambres d'isolement en psychiatrie/ Collection Evaluation en Etablissements de Santé. Paris. p.30

* 46 Friard, D. (2002) L'isolement en psychiatrie : séquestration ou soin ? Paris. Ed. Masson. p 54

* 47 Outlaw, F.H. / Lowery, B.J. (1992) Seclusion : the nursing challenge . Journal of psychosocial nursing and mental health services. 30 (4). p 13-17

* 48 Williams, E./ Myers, R.E. (2001) Relationship of Less Restrictive Interventions with Seclusion/Restraints Usage, Average Years of Psychiatric Experience, and Staff Mix. Journal of the American Psychiatric Nurses Association. Vol. 7. p 139-144

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