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Contrainte Psycho-Physiques et Electrophysiologiques sur le codage de la stimulation électrique chez les sujets porteurs d'un implant cochléaire

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par Stéphane GALLEGO
Université Lyon I - Doctorat 1999
  

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Article 5 :

SIMULATION ACOUSTIQUE DU MESSAGE DELIVRE PAR L'IMPLANT COCHLEAIRE
S. Garnier, S. Gallégo, A. Veive, C. Berger-Vachon

Cahier de l'audition, 1998, 10:6, 22-24

L'objectif de cet article est de mesurer l'intelligibilité du signal traité par l'implant mais restitué de manière acoustique. 10 sujets normo-entendants et 20 sujets atteints d'une surdité moyenne ont participé à l'expérimentation. Afin d'étudier les processus naturels du traitement auditif, il n'y a eu aucun entraînement de décryptage du signal émis.

La reconnaissance phonétique moyenne (liste de 34 mots tri-phonémiques de Lafon) est de 86% pour les normo-entendants (allant de 80 à 95 % selon les sujets) et de 45% pour le groupe de personnes atteintes de surdités moyennes (allant de 0 à 85 % selon les sujets).

L'information transmise par l'implant cochléaire est intelligible et décryptée de manière naturelle par le système auditif. Par contre elle est beaucoup moins riche que l'information non traitée et nécessite une attention plus grande.

SIMULATION ACOUSTiQUE

DU MESSAGE DÉLiVRÉ PAR

L'IMPLANT COCHLÉAIRE

DiGISONIC DE iviXivi

Les performances des sujets porteurs d'un implant cochléaire sont très supérieures, à surdité équivalente, à celles des sujets utilisant une aide auditive classique. Ceci suggère que l'appauvrissement du signal effectué par l'implant pourrait être bénéfique à l'intelligibilité. Il est de deux ordres :

· Appauvrissement fréquentiel

· Appauvrissement temporel

Notre étude a consisté à simuler les "appauvrissements" effectués par l'implant et à réaliser des tests sur normo-entendants et sur malentendants.

Il est important de noter que le signal résultant ne peut en aucun cas être strictement comparé à ce qu'un implanté cochléaire perçoit. Le but est ici d'évaluer l'effet du codage.

Subjects using cochlear implant have far better performances that conventional hearing aided subjects having the same hearing loss. This suggest that temporal and spectral impoverishments performed by the implant could be beneficial to intelligibility.

:Our study consists in simulating these impoverishments in order to measure "their effect on normal-hearing and hearing-impaired subjects' intelligibility.

 
 
 
 

né multi-électrodes (Beliaeff et al. 1994). Il est composé de deux parties (Cf. Figure 1), l'une externe (microphone, processeur numérique et antenne émettrice) et l'autre placée chirurgicalement en interne (récepteur et 15 électrodes implantées le long de la cochlée).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Microphone

 
 
 
 

Contour
d'oreille

Antenne
externe

PC

Electrodes implantées

Récepteur
interne
interne

Patient

Digigram

Simulateur

Figure 1 Synoptique du Digisonic DX10 de MXM

Stéphane Garnier

Doctorant Boursier du Groupe d'Audioprothésiste ENTENDRE, UPR CNRS 5020, Lyon

Stéphane Gallego

Doctorant Boursier de la Société MXM, UPR CNRS 5020, Lyon

Angélique Veive

Etudiante en audioprothèse Lyon

Lionel Collet

Professeur à l'Université Lyon 1 Directeur du laboratoire "Neurosciences et Systèmes Sensoriels", UPR CNRS 5020, Lyon

Figure 2 Principe du traitement du signal

F FT (Digisonic NIX.1)

Sommation des sinusoïdes

L'analyse fréquentielle effectuée par le processeur se fait sur 128 points à la fréquence d'échantillonnage de 15,6 kHz. Les 64 bandes d'énergie ainsi obtenues sont alors regroupées en 15 bandes ajustables en fonction du réglage du patient. Les informations sont encodées et envoyées à travers la peau. Le décodeur interne interprète le message et transmet un courant proportionnel à l'énergie de chaque bande à l'électrode qui lui correspond. Le rythme de stimulation peut être fixe (entre 100 et 400 Hz) ou proportionnel à la fréquence fondamentale de la voix mesurée en temps réel.

correspondante). Un algorithme de superposition et sommation (overlap and add) a été mis en oeuvre pour assurer la continuité du signal. La figure 2 illustre l'ensemble du traitement, la partie gauche est réalisée par le processeur de l'implant, la partie droite par le simulateur.

4. Population

L'étude porte sur 10 sujets normo-entendants et sur 20 sujets malentendants ayant tous une surdité équivalente.

5. Déroulement du test

Les sujets sont dans une chambre insonorisée. Le test consiste à leur faire écouter une liste de mots (listes de Lafon) ayant été préalablement traitées par l'implant et reconstituées par la méthode décrite ci-dessus.

Le score ainsi obtenu est comparé à celui du même test sans traitement. Les sujets normo-entendants ont été testés à 40 dB SPL et les sujets malentendants à 60 dB SPL.

Deux modes de fonctionnement sont disponibles. Le mode "musique" permet de stimuler l'ensemble des électrodes, c'est à dire que toutes les informations énergétiques sont transmises.

En mode "parole", seules les 6 bandes fréquentielles de plus grande énergie sont utilisées.

2. Le DIGIGRAM

o

4 o

o Non traitée

· Traitée

t

tes \tis èee

k6e-t-te

Figure 3 Scores d'intelligibilité des deux populations dans les deux conditions


·

100 90 80 70 60 50 40 30 20 10

Le DIGIGRAM est un système qui permet de récupérer en temps réel les informations transmises par le processeur en se substituant à la partie interne de l'implant (Beliaeff et al. 1994). C'est un outil indispensable à toute étude basée sur l'analyse des données transmises à l'implant.

3. Reconstruction du signal acoustique

Les blocs de données, recueillis par le DIGIGRAM, sont composés de l'énergie de stimulation de chaque électrode en fonction du temps.

Pour chaque bande de fréquence (i.e. chaque électrode), nous avons synthétisé une sinusoïde centrée dans cette bande à laquelle nous avons attribué l'énergie mesurée par le DIGIGRAM. Cette somme de sinusoïdes représente une fenêtre de notre signal (de durée égale à celle de la trame de stimulation

RÉSULTATS

Les résultats d'intelligibilité des deux populations dans les deux conditions d'écoute sont représentés sur la figure 3.

On remarque que le traitement affecte très peu l'intelligibilité des normo-entendants alors que celle des malentendants est très fortement réduite.

Nous pouvons nous intéresser à la corrélation entre l'intelligibilité du signal traité et celle du signal non traité, celle-ci est représentée sur la figure 4. On constate l'existence d'une forte corrélation entre ces deux grandeurs :

(r = 0.855, p < 0.001).

70-


·


·

Figure 5 Corrélation entre la perte d'intelligibilité due
au traitement et l'intelligibilité de la voix normale

E

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Le.

·
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·


·

 
 


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60

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_: 30 -

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-(7) 10 -

Ç

· Malentendants 'a 0 -

a) o Normo-entendants

' '

40 50 6 '

60 70 80 90 100

Intelligibilité de la voix normale(%)

0-10 o-

100
· Malentendants 90 o Normo-entendants

80 70 60 50 40 30 20 10 o

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Intelligibilité de la voix normale (%)

Figure 4 Corrélation entre les scores d'intelligibilité
de la voix traitée et non traitée

De la même façon, la perte d'intelligibilité due au traitement est significativement liée à l'intelligibilité de la voix normale

(Fig. 5 ; r = -0.539, p = 0.002).

DISCUSSION

Lorsque le sujet malentendant

connaît déjà des difficultés avec

la voix normale, celles-ci sembleot être amplifiées lorsque l'on applique le traitement.

La diminution plus rapide de l'intelligibilité de la voix traitée peut être expliquée par une plus forte implication des fonctions psychoacoustiques élémentaires (résolution temporelle et/ou fréquentielle).

Les différentes composantes du signal traitées sont résolues chez le normo-entendant, ce qui lui permet d'analyser correctement le signal.

Chez le malentendant, certaines composantes peuvent être non résolues, le signal devient alors impossible à analyser de façon fine.

CONCLUSIONS

Les résultats de cette étude appuient l'hypothèse que les meilleures performances des sujets porteurs d'un implant cochléaire seraient dues à la restauration (même grossière) du codage fréquentiel par la place. La prothèse auditive pour le sourd profond doit tendre vers la correction ou le remplacement du codage fréquentiel déficient.

D

REFERENCES

Michel Beliaeff, Philippe Dubus, Jean-Marc Leveau, Jean-Claude Repetto, Philippe Vincent. (1994) Sound signal processing and stimulation coding of the Digisonic DX10 15-channel cochlear implant. Advances in Cochlear Implants, edited by I.J. Hochmair-Desoyer and E.S. Hochmair, 198-203.

 

Les Cahiers de i Auddon - VoL 10 - N16 - Nov./0éc 97

Le traitement effectué par l'implant cochléaire et restitué acoustiquement est intelligible en situation de calme. Nous avons voulu mesurer ce qu'il en était avec un signal de parole bruité, qui représente une

stimulation plus réelle.

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