1.7 La politique linguistique dans la
partie française de Saint-Martin
L'île de Saint-Martin faisant partie de la
République Française, la politique linguistique qui s'y est
appliqué tient compte de cette réalité juridique
incontournable. Ainsi, en vertu de l'article 2 de la Constitution, le
français demeure la langue officielle de cette collectivité
d'outre-mer : « La langue de la République est le
français ». Tous les textes nationaux y sont applicables, mais
certaines adaptations ont été prévues par la
« loi n° 84-747 du 2 août 1984 relative aux
compétences des régions de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique
et de la Réunion ». Ces adaptations concernent les
activités éducatives et culturelles complémentaires
relatives à la connaissance des langues et des cultures
régionales [143].
Malgré la présence du créole parlé
par la majorité de la population, seul le français
bénéficie d'une reconnaissance juridique. Pour le reste, c'est la
politique du laisser-faire.
En matière de Justice, la procédure se
déroule toujours en français, mais des traducteurs sont
disponibles pour les personnes étrangères « mises en
examen », c'est-à-dire celles qui ne parlent pas
français ou des immigrants qui, dans certains cas, ne connaissent que le
créole ou l'anglais.
Dans l'Administration Publique, les communications se
déroulent généralement en français puisque c'est la
langue officielle, mais l'anglais des îles (Saint-Martinois) est
largement utilisé dans toutes les communications orales. Dans certaines
localités, toutes les communications orales ne se déroulent qu'en
anglais Saint-Martinois, bien que les documents écrits ne soient
rédigés qu'en français.
L'Enseignement Public à Saint-Martin est le même
qu'en France et suit un calendrier identique. L'enseignement n'est
dispensé qu'en français. Evidement, le système actuel
passe sous silence les difficultés pédagogiques
qu'entraînent l'enseignement exclusif de la langue française et
l'importation du module pédagogique métropolitain. Il ne faut pas
oublier que la grande majorité ne parle pas le français comme
langue maternelle, ce qui cause forcément des problèmes
d'apprentissage. Les méthodes pédagogiques sont peu
appropriées à des élèves dont le français
constitue une langue secondaire.
La situation semble très préoccupante pour
Saint-Martin, car le multilinguisme est particulièrement
prononcé. Il n'existe pas de classes d'accueil
spécialisées pouvant recevoir des enfants qui ne parlent pas le
français. Ces élèves sont souvent analphabètes dans
leur propre langue et sont totalement démotivés.
Du côté des Médias, la presse
écrite compte un quotidien francophone, France-Antilles, plusieurs
hebdomadaires ou mensuels régionaux complétés par la
diffusion des journaux édités en France. Il existe aussi
plusieurs journaux en créole (presse populaire). Le service public de
radio-télévision est assuré par RFO sur deux canaux.
La Société nationale de radio et de
télévision pour l'outre-mer retransmet des programmes de France
Télévision, d'Arte et de la Cinquième, et produit des
programmes régionaux en français.
Comme un peu partout aux Antilles, les stations de radio
locales privées témoignent d'une extraordinaire vitalité
et diffusent pratiquement toutes leurs émissions en créole.
Dans la vie Economique, l'anglais occupe la plus large place,
mais les communications orales officielles se font néanmoins en
français. La publicité reste en français.
La politique linguistique du gouvernement français est
simple :La langue officielle étant le français, il suffit
d'ignorer simplement la langue locale courante, l'« anglais des
îles », dans le cadre de l'administration de l'Etat et de
l'éducation coloniale [34].
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