Introduction :
Les tests d'habiletés visuelles sont un ensemble de
tests perceptivo-moteurs qui donne au praticien un profil qualitatif de la
performance d'un sujet, c'est-à-dire son développement visuel
ainsi que les adaptations ou concession de son pattern visuel.
Ils mettent en évidence les faiblesses de
discrimination visuelle (des difficultés à apprendre et
reconnaître des lettres, des chiffres et des similitudes ou
différences subtiles dans les mots ou images).
La stimulation de ces habiletés permet de prendre
conscience des éléments visuels à observer et permet de
développer des stratégies. Et particulièrement en ce qui
concerne les faiblesses importantes de la mémoire visuelle.
Des tests standardisés de copie de formes permettent
d'évaluer l'habileté à intégrer la vision avec le
système moteur en reproduisant une forme complexe.
Dans ce travail, je vais d'abord considérer les
différents tests d'habiletés visuels. J'essaierai d'expliquer le
principe sur lequel ils sont fondés et leurs utilités.
J'établirais un classement de ses différents tests selon certains
critères.
Chapitre 1 :
Habileté Visuelle :
1.1. Définition :
Une aptitude est une habileté acquise ou
développée qui permet de produire un acte donné
efficacement. Ainsi, un test d'habileté visuelle est une mesure de la
capacité du patient à exécuter efficacement un acte visuel
particulier.
Le processus visuel est extrêmement complexe. A partir
de ce complexe neurologique, un grand nombre de tests d'aptitude ont pu
être isolés. La plupart de ces tests ont reçu un nom
simple, comme par exemple la fusion, la stéréoscopie et la
perception des couleurs. Ces noms simples sont trompeurs, ils peuvent, dans
certains cas, donner plusieurs résultats, plusieurs affirmations...
La plupart des tests d'habiletés visuelles portent les
mêmes noms qui sont par ailleurs utilisés pour les tests de
routine que l'on effectue au moyen du phoroptor.
1.2. Technique de mesure :
Les Habiletés visuelles sont des mesures de la
coordination neuromusculaire, introduisant la convergence, les
mécanismes accommodatifs et le circuit essentiel de la
rétroaction. Se sont également des mesures des capacités
d'exécution du facteur d'intégration. Ces qualifications peuvent
être simples, comme suivre une cible mobile avec un
oeil ouvert, ou complexe, quand nous mesurons une compétence telle que
le taux de lecture efficace.
II est extrêmement difficile d'isoler une
habileté visuelle simple d'un acte visuel complexe. Le
stéréogramme habituel mesure en fait plusieurs aptitudes qui y
sont associées ou des portions de ces aptitudes. De ce fait, en
employant des tests d'habiletés, nous devons utiliser un groupe de tests
si nous voulons parvenir à isoler 1'individu inefficace et inefficient
des autres individus.
1.3. Buts des tests d'habiletés visuelles :
Les tests d'habiletés visuelles reproduisent des
conditions aussi proche que possible de la réalité, ces tests
donnent un tableau de la qualité de la performance visuelle. Ils
permettent de tirer un bilan qualitatif de la vision du sujet.
Un enfant peut avoir une acuité visuelle au loin de
20/20 et ne pas réussir en lecture et en écriture, soit parce
qu'il ne voit pas bien à sa distance de lecture ou à cause d'un
problème de coordination des deux yeux ou un problème de
focalisation au près qui l'empêche de soutenir, de façon
prolongée, une vision claire.
Les tests d'habiletés visuelles permettent d'effectuer
un bon dépistage de la vision.
1.4 La
bonne vision :
Pour affirmer qu'une vision est « bonne »,
il y'a des critères indispensables. On peut citer :
1.3.1.
Acuité visuelle :
Une des habiletés les plus importantes est
l'acuité visuelle (clarté, acuité). C'est le
prétendu 20/20, vue. Tout ce qui est signifié par la notation
20/20 est qu'une personne est capable de voir clairement à une certaine
distance. Malheureusement, le faite d'avoir une bonne acuité n'est pas
suffisant pour avoir un bon fonctionnement de sa vision. En effet, le diagramme
de Snellen ne permet pas de dire si la vision est bonne ou non. Ainsi, le test
d'acuité visuelle à distance ne détecte que certains
problèmes de réfraction (myopie, hypermétropie importante,
astigmatisme important) et l'amblyopie. Ce test ne rend pas du tout compte de
la fonction visuelle. Il y a beaucoup d'autres habiletés visuelles
importantes qui doivent être prises en considération.
1.3.2.
Coordination binoculaire :
Une autre qualification visuelle est la capacité de
coordonner les deux yeux ensemble. Un enfant est né avec deux yeux, mais
il doit apprendre à les utiliser ensemble. Certains enfants apprennent
à faire ceci correctement alors que d'autres pas.
Par exemple, quelques enfants développent un
problème connu sous le nom d'exophorie, qui est une tendance des yeux
à dévier dans une direction externe. D'autres développent
une esophorie, qui est une tendance des yeux à tourner vers
l'intérieur. L'implication éducative de ce problème
particulier est qu'un enfant esophore voit les choses plus petites qu'elles ne
sont réellement. Afin de voir un objet correctement, il est
nécessaire de le rendre plus grand. Le seul moyen à sa
disposition est de le rapprocher. C'est pour cela qu'on observe l'enfant avec
sa tête enterrée pour lire un livre.
Dans la vision binoculaire dite
« normale », la vision est nette et simple avec une
perception fusionnée pour de longues périodes, sans fatigue
excessive.
La fusion parfaite des deux images nous permet alors la
stéréoscopie (vision stéréoscopique)
c'est-à-dire la vision ou la perception des profondeurs
(communément appelée la vision "en trois dimensions"). Pour
pouvoir apprécier les profondeurs, les yeux doivent posséder les
3 degrés de fusion:
· le premier degré de fusion est lorsque les deux
yeux peuvent voir simultanément leur image respective;
· le deuxième degré de fusion est lorsque
les deux champs de vision peuvent se superposer l'un sur l'autre (sans vision
double);
· le troisième degré de fusion est
l'unification des images des deux champs de vision par le cerveau qui va
permettre la vision stéréoscopique.
1.3.3. Le système de focalisation (ou
accommodation) :
L'accommodation est une des fonctions du système visuel
qui nous permet de voir clair instantanément à toute distance.
Les muscles internes de l'oeil assurent une accommodation rapide et
précise.
Lorsque cette fonction est lente ou imprécise ou
qu'elle s'épuise, des plaintes d'embrouillement apparaissent.
Une personne qui a un problème d'accommodation se
plaindra souvent de voir embrouillé lorsqu'il lit ou écrit ou
après un travail prolongé. De plus, il pourra même voir
embrouillé en vision de loin après avoir forcé ses yeux
à lire ou à écrire.
La distance à laquelle une personne lit ou écrit
va souvent révéler la façon dont fonctionne son
système de focalisation.
Il existe donc une multitude d'habiletés visuelles qui
font partie intégrante de cette composante fonctionnelle.
1.3.4.
Convergence adéquate :
Pendant la lecture, les deux yeux tournent vers
l'intérieur de sorte qu'ils visent la tache de vision de près. Si
les yeux ont une tendance à dévier vers l'extérieur, le
sujet doit employer un effort et une énergie excessifs pour maintenir la
fixation sur la lecture. Plusieurs études ont prouvé que plus la
quantité d'effort impliquée dans la lecture est grande, plus la
compréhension et la performance seront mauvaises. Pendant la lecture,
les yeux ne se déplacent pas sans à-coup au-dessus d'une ligne
mais, ils font une série de fixations regardant d'un mot à un
autre. Quand il y'a une exophorie, à chaque fois que la fixation est
interrompue et qu'elle est déplacée au prochain mot, les yeux
vont tendre à dévier vers l'extérieur. Du coup, le sujet
doit fournir un effort supplémentaire pour les ramener vers
l'intérieur afin de regagner la fixation. La nature humaine étant
ce qu'elle est, et à cause de ce problème, l'enfant
généralement évite la tâche de lecture. Ceci est
causé par le fait que si l'enfant ne fait pas bien une certaine
tâche, il aura tendance à essayer de l'éviter. C'est
l'enfant qui regarde hors de la fenêtre plutôt que de prêter
une attention visuelle. Il est souvent accusé d'avoir une courte
envergure d'attention et d'essai. Généralement, il perd son
repère en lisant et/ou emploie son doigt ou un marqueur pour le
maintenir. En essayant de ramener sa fixation, l'enfant risque de ne pas tomber
sur le prochain mot à lire, mais plutôt sur quelques mots plus
loin. Par conséquence, il oublie des mots ou en confond d'autres.
Souvent, il additionne juste un mot ou deux pour faire une phrase
compréhensible. Si les deux yeux se dirigent au même point dans
l'espace, une personne verra l'objet fixé comme étant simple. Une
diplopie ou vision de recouvrement (figure 1) résulte si les deux yeux
ne se dirigent pas exactement au même point.
Figure 1
Ces rotations ou mouvements des yeux sont la convergence quand
les deux yeux se tournent vers l'intérieur, ce qui les rapproche l'un de
l'autre (quand on regarde de loin à près) et la divergence quand
les yeux font un mouvement vers l'extérieur, ce qui les éloignent
l'un de l'autre (quand on regarde de près à loin).
Ces mouvements sont nécessaires pour créer les
relations géométriques requises pour une vision simple (ne pas
voir double) où les images des deux yeux se fusionnent en une seule.
1.3.5. Les mouvements oculaires :
Les yeux ne restent jamais immobiles (micro fixations) sinon,
la vision serait supprimée totalement. De plus, nos yeux ne demeurent
jamais complètement droits. Ils doivent être capables de
mouvements conjugués et de mouvements simultanés vers
l'intérieur et l'extérieur.
Nos yeux doivent aussi posséder des latitudes dans le
fonctionnement, des capacités en réserve pour garder l'alignement
en vision de loin, de près, et dans toutes les directions du regard
malgré les exigences des tâches visuelles.
Il y'a des mouvements de vergence (la convergence et la
divergence), qui permettent l'alignement des deux yeux vers un même objet
et ce à différentes distances, il existe aussi des mouvements de
version où il y a rotation des deux yeux et au cours de laquelle les
axes visuelles tournent dans le même sens et sont du même angle.
Parmi les mouvements de version, on distingue notamment les mouvements de
saccades et de poursuites.
Les saccades sont des mouvements oculaires qui se font
rapidement d'un point à un autre dans le champ de vision afin de
replacer la nouvelle image sur la fovéa.
Les mouvements de poursuite servent à fixer un objet en
mouvement afin que celui-ci demeure constamment sur la fovéa.
1.3.6. La composante perceptuelle :
La composante visuelle (perception visuelle) qui nous permet
de reconnaître, de discriminer et finalement d'interpréter ce que
nous voyons afin de pouvoir tirer une signification de ce qui est vu. La
perception visuelle ne constitue pas une habileté unique mais un
ensemble d'habiletés dites perceptuelles. Ces habiletés
perceptuelles ne sont pas évidentes ou visibles (comme, par exemple, un
strabisme).
On a souvent tendance à délaisser ces
habiletés, surtout dans un dépistage visuel, puisqu'elles ne sont
pas faciles à mesurer ou à interpréter. Mais il faut
rappeler qu'on ne peut dissocier les habiletés perceptuelles des
habiletés visuelles surtout quand on est en présence d'enfants de
niveau scolaire primaire où l'importance de ces habiletés est
primordiale dans la performance de l'écriture, de la lecture, de
l'épellation et des mathématiques.
On peut évaluer ces habiletés une par une par
des tests appropriés pour voir si celles-ci ont été bien
intégrées ou apprises. Parmi ces habiletés, on compte
entre autres: la mémoire visuelle (essentielle en épellation et
mathématiques orales), la latéralisation (concept de la droite et
de la gauche), la perception des formes (par exemple, savoir reconnaître
qu'un carré est différent d'un triangle), l'organisation spatiale
et graphique (pour pouvoir écrire en ligne droite et de gauche à
droite de façon organisée), la coordination oeil-main
(importante, par exemple, pour recopier ce qui est au tableau dans un livre),
la comparaison visuelle (savoir reconnaître les différentes
dimensions d'un même objet), la visualisation (se former une image dans
notre tête).
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