Initiatives PPTE et les perspectives de croissance
économique en Afrique sub saharienne, cas de la République
Démocratique du Congo
IMPORTANT :
« Les lecteurs trouveront dans cet ouvrage la
vérité sur les fausses résolutions de la lutte contre la
pauvreté dans l 'ensemble des PED et particulièrement en RDCongo
initier par les Institutions Financières Internationale, Et un ensemble
des propositions des résolutions pour parvenir à une lutte contre
la pauvreté et renouer avec une croissance rapide et durable proposer
par l'auteur. »
|
EPIGRAPHE
« S'il m'était donnée la
possibilité de faire toute chose dans ma vie sans subir une
conséquence, ce ne serait pas les études que j'aurais choisies.
Elles sont encombrantes et embarrassantes comme
activité.
Mais hélas ! dans le monde actuel, elles sont comme
un comp rimé qu'on avale douloureusement , mais avec l'espoir de gagner
plus d'énergies pour être efficace dans le travail »
Ben Ellah - BALONGELWA
DEDICACE
A celui qui est venu , et a annoncé la bonne nouvelle
de la paix à vous qui étiez loin, et la bonne nouvelle de la paix
à ceux qui étaient près; car par Lui nous avons, les uns
et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit;
Je dédie ce travail
AVANT- PROPOS
A près cinq années combien pénibles, nous
sommes arrivé au terme des nos études Universitaires. Seul le
courage sans relâche, la patience mais surtout la
persévérance nous ont permis d'arriver au bout du travail que
nous pouvons nous glorifier aujourd'hui.
Nos propres efforts n'ont pas suffi pour arriver au terme de
ce mémoire sanctionnant la fin de notre formation universitaire en
Sciences Economiques. Nous sommes sans doute le produit des efforts consentis
par plusieurs personnes. Nous ne saurions passer sous silence les efforts
désintéressés.
Nous adressons nos sincères remerciements au corps
professoral de l'Université Protestante au Congo pour avoir
contribué à notre formation. Puissent-ils trouver, par ce
travail, le couronnement de leurs efforts
désintéressés.
Nous pensons plus particulièrement au Professeur
Evariste MABI- MULUMBA, dont la direction clairvoyante a assuré
la cohésion de ce travail. C'est avec enthousiasme qu'il a
accepté de le diriger et ses remarques, ses conseils, propositions et
orientations nous ont été très
bénéfiques.
Nous exprimons aussi notre gratitude à l'Assistant
Alexandre NSHUE MBO MOKIME, dont l'encadrement préliminaire a
facilité grandement notre tache et aussi celle du professeur. Ses
remarques et considérations ont placé cette oeuvre à sa
hauteur.
Nous ne remercions jamais assez tous les camarades et amis avec
qui nous avons partagés les joies et peines durant cette longue
expérience Académique. Nous pensons à Bruno Mussa, Didier
Muland, Jay Ngalasi, Andres Udima, Simone Nabussi et Patrick kazadi,. En suite
notre pensée va à Fanny Mwanza.
Qu'ils trouvent, dans ce travail, le fruit de leurs
encouragements.
INTRODUCTION
Problématiques et hypothèses
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e par l'histoire de l'humanité, la fin d'un siècle
est toujours caractérisée par des événements qui
attirent même l'attention des observateurs les moins attentifs.
|
A la fin du 20ème siècle, au moment
où certaines personnes ont les regards tournés vers la
technologie à cause de son progrès et ses découvertes
étonnantes , notre attention est focalisée sur les questions
soulevées par l'endettement ,la pauvreté et la croissance
économiques.
L'Afrique est en crise. Depuis des années,
l'évolution économique et les problèmes d'endettements y
sont préoccupant. Et cette évolution tend à la
marginaliser au sein de l'économie Mondiale. Dans les années qui
ont suivi la Deuxième Guerre Mondiale, l'Afrique a connu une
réelle croissance, mais déjà à cette époque,
le rythme en était inférieur à celui des autres pays de
l'OCDE.
Durant les années 1980 le retard grandit :
difficultés internes et externes s'accumulent, des secteurs
économiques importants stagnent ou régressent et, globalement, le
PIB par habitant reste faible. Sachant que la croissance économique ne
peut être réalisé sans investissements souvent massifs et
coûteux, les pays africains ,face à la faiblesse de leur
épargne interne , n'avaient de choix pour financer ces investissements,
que de recourir aux emprunts à l'extérieur. Ils ont même
été encouragés à le faire par les pouvoirs publics
des pays développés et les Banques qui trouvaient là un
moyen rentable de recycler les excédents des pays pétroliers
qu'elles recueillaient sous forme de dépôts
rémunérés.
Ce sentiment intense de bien-être et de confiance de
courte durée s'estompera avec les chocs pétroliers de 1973 et
1979, qui ont porté le prix du baril de pétrole de moins 3
dollars US à près de 40 dollars US et qui se sont suivi
concomitamment d'une détérioration des termes de l'échange
due à la baisse des cours de leurs principales matières
d'exportation, d'une hausse des taux d'intérêt internationaux,
ainsi que d'une réduction sensible des flux au titre de l'aide publique
au développement en faveur de ces pays.
Ne pouvant plus dégager suffisamment de ressources en
devises pour faire face au service de la dette , les pays africains ont
accumulé une dette de plus en plus importante qui les a conduit à
une crise d'endettement.
La République Démocratique Congo n'a pas
échappé à ce phénomène. En effet , le poids
de sa dette extérieure est passée de 380millions de dollars US en
1970 à 12.9 milliards de dollars US en 2002 dont près de
10,5milliards de dollars US d'arrières ( 80% de la dette du pays sont
des échéances impayées).
En 2002, la RDC se trouvait dans une situation difficile vis-
à- vis de sa capacité à assurer le service de la dette. Le
pays avait bénéficié entre 1981 et 1989, de six accords
de
rééchelonnement de sa dette au sein du Club de
Paris .Ces rééchelonnements, qui d'ailleurs sont des engagements
non productifs n'ont fait qu'alourdir à terme la facture de la dette .
Ainsi, entre 1990 et 2000 tous les indicateurs quantitatifs de gestion de la
dette extérieure de la RDC furent en rouge.
Les recettes d'exportation se sont effritées
d'année en année passant de 2 milliards de dollars US en 1991
à seulement 700 millions de dollars US en 2000, alors que le PIB est
passé de 6,5milliards de dollars US à 3,5milliards
évoluant à un taux de plus ou moins -5% en moyenne entre 1990 et
2001 contre un accroît démographique de 3,2% en
moyenne.1
Certains théoriciens et praticiens du
développement tel que RAVAILLON estiment qu'une suppression, à
tout le moins partielle, des dettes africaines qui tiendrait compte des
données comptables, c'est-à-dire des données
chiffrées pourrait en conséquences intervenir sans mettre en
cause l'équilibre financier des institutions privées et sans
menacer le système financier international. 2
D'ores et déjà nous pouvons estimer que la
solution à cette crise doit être recherchée sur les plans
externe et interne.
En septembre 1999, le Fonds Monétaire Internationale
(FMI) a créé la Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance (FRPC) afin de placer les objectifs de la
lutte contre la pauvreté et de promotion de la croissance au centre de
ses opérations de prêts dans ses pays membres les plus pauvres.
L'examen de la FRPC achevé en 2002 a confirmé que les programmes
appuyés par les prêts accordés au titre de la FRPC sont
effectivement devenus plus favorables aux pauvres et à la croissance,
les objectifs et les conditions des programmes appuyés par la FRPC
étant tirés directement du Document de Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté (DSRP).
Sur le plan interne l'enjeu pour le développement de
l'Afrique est essentiel, il n'est pas viable à long terme que tout
effort pour dégager des ressources supplémentaires aboutisse en
premier lieu à mieux servir les créanciers sans retombée
réelle sur la population , cependant un raisonnement dans les seuls
termes d'un volume donné de ressources escamote un aspect
économique et politique fondamental, celui de l'utilisation qui sera
faite des ressources nouvelles ainsi fournies aux pays endettés et
à la RDC en particulier.
1. Fonds Monétaire International (1999), Cadre
stratégique de la lutte contre la Pauvreté ; questions d'ordre
opérationnel,
tiré sur Internet. Htt://
www.imf.org
2. Norro. M, (1999), Economie Africaine : Analyse
économique de l'Afrique subsaharienne ; 2è Ed de BOECK ;
Bruxelles, p.248
Comment alors arriver à briser ce circuit auto -
entretenu entre l'endettement et une croissance économique nulle ou
négative pour résoudre durablement le problème de la
pauvreté en Afrique sub saharienne ?
L'initiative conjointe en faveur des pays pauvres très
endettés (PPTE) est-elle une nouvelle formule pour les institutions de
Betton Woods pour stimuler la croissance économique des pays en
développement (PED) et ainsi lutter contre la pauvreté ?
Alors que la RDC est bénéficiaire d'une telle
initiative, que peut-elle pour faire renouer avec la croissance et s'attaquer
à la pauvreté ?
Quels bénéfices peut-on attendre d'un
allégement de la dette au titre de l'initiative PPTE ? C'est autour de
ces interrogations que s'organise notre étude.
Intérêt et choix du sujet
Les menaces qui pesaient sur le système financier
international au début de la crise de l'endettement ne sont plus
imminentes aujourd'hui .Même si globalement cette dette continue de
s'accroître, elle ne constitue plus un danger pour ceux qui l'ont
financée faut-il en conclure que la crise de l'endettement est
terminée3 ?
Cette performance globale masque bien des disparités
.S'il faut se situer au niveau sous régional, les progrès en
cette matière ont été très
différenciés. Certains pays à revenu intermédiaire
d'Asie et d'Amérique latine se sont certes, affranchis du poids de leur
endettement, mais la situation reste très préoccupante pour
certaines régions notamment l'Afrique subsaharienne. En dépit des
multiples annulations et allégements dont elle a
bénéficié, cette partie du monde continue, en effet,
d'accumuler des arriérés de payement. Les difficultés
financières que cela engendre et les résultats mitigés
d'une décennie d'ajustement hypothèquent, aujourd'hui encore, le
développement de ces nations. Pour eux, la question de la dette
entière est préoccupante.
Il n'y a donc point de meilleur moment pour
réfléchir sur l'endettement la pauvreté et la croissance
que celui-ci qui voit les énergies être mobilisées sur le
plan international ,pour éradiquer la pauvreté et trouver une
réponse adéquate à l'endettement excessif qui freine le
développement économique.
La pauvreté est devenu l'une des questions les plus
brûlantes de l'heure. En dépit de tout ce qu'ont rendu possible
les révolutions techniques du 20ème siècle,
plus de la moitié de la population mondiale vit, en effet, avec moins
d'un dollar par jour et cette situation bloque l'expansion économique
des PED. Réfléchir aujourd'hui sur les facteurs qui sont
susceptible de pouvoir déterminer les mécanismes de
l'allégement de la dette et se proposer de présenter les voies et
moyens de sortir du sous-développement économique suscite notre
intérêt sur le plan scientifique tant que habitant d'un pays
classé parmi les pays pauvre très endetté .Par ailleurs ,
cette réflexion apparaît aussi comme une modeste contribution
parmi celles qui tentent de sortir des millions d'Africains et des Congolais de
la misère.
3.Thetika Banzodila., Endettement extérieur
et pauvreté en Afrique subsaharienne ; Mémoire
2ème licence économie mathématique,
UPC,2002-2003, p.5
Délimitation spatiale et temporelle
Comme l'indique l'intitulé de notre travail, l'Afrique
Subsaharienne constitue notre champ de recherche ou d'action. Le choix de cette
partie du continent est guidé par l'évolution similaire de
l'endettement et de la pauvreté de ces différents pays. Notre
étude portera sur la période allant de1 999 à 2003, mais
il y a lieu de signaler que cette délimitation temporelle n'est pas
rigide puisque la compréhension d'un aspect du problème demande
de dépasser ces limites
Méthodes et techniques de recherche
Toute travail scientifique recours à des méthodes
et techniques comme un moyen ou cheminement pour arriver à certains
résultats.
En effet, pour ce travail nous avons utilisé l'interview
libre inorganisée (unstandardised interview), nous avons
préfère cette technique à celle de l'interview par
questionnaire. En suite tout part aussi d'un modèle économique
analysant les limites du processus de l'endettements; les faits historiques
sont alors confrontés aux enseignements tirés du modèle.
Ainsi, nous avons recouru aux méthodes et techniques documentaires
Subdivision du travail
Le travail est organisé en trois chapitres et
sanctionné par une conclusion et quelques suggestions.
Le premier chapitre porte sur des considérations
générales. Il circonscrit les notions essentielles relatives au
sujet; il s'agit de la définition des concepts de base, des causes et
des conséquences de la crise d'endettement, des programmes d'ajustement
structurel et des différentes approches utilisées pour
résoudre la crise de l'endettement.
Le deuxième chapitre retrace tous les problèmes
liés à l'endettement extérieur et la crise
économique de la RDC.
Le troisième chapitre traite de l'Initiative PPTE et
des perspectives de croissance en RDC. Il est proposé, dans ce chapitre,
quelques pistes de solution pour sortir le pays de cette situation qui justifie
en partie son appauvrissement.
Chapitre I. CONSIDERATIONS GENERALES
Dans le présent chapitre, nous parlerons de certaines
considérations générales qui, à notre sens, sont
nécessaires pour la compréhension du sujet sous-examen. Nous
parlerons essentiellement de l'endettement extérieur, nous
présenterons les contours et la terminologie. Dans la première
section, nous montrerons à l'aide d'un modèle
macroéconomique très simple pourquoi certains pays recourent
à l'emprunt extérieur. Dans la deuxième section par
contre, nous définirons les concepts de base. Par la suite, nous
évoquerons les causes qui ont été à la base de la
crise de l'endettement des années 80, ainsi que les conséquences
qu'elles ont fait peser sur les économies des PED, avant d'analyser la
genèse et les concepts de l'approche PPTE.
Section I. Origine de l'endettement extérieure
I.1. Justification économique de l'emprunt
La justification économique de l'emprunt
extérieur se trouve dans la possibilité qu'il donne à un
pays de réaliser sans attendre des investissements, pour lesquels ses
ressources propres sont aujourd'hui insuffisantes mais qui sont susceptibles de
générer une valeur ajoutée supérieure au montant
qui devra ultérieurement être remboursé (principal et
intérêt).
Il s'ensuit que la contribution nette de l'emprunt au
développement et à la croissance dépend de deux
éléments :
- la rentabilité atteinte dans l'utilisation des
ressources empruntées ;
- et le coût du remboursement.
Ces dernières années, dans de nombreux pays en
développements (PED), et de l'Afrique subsaharienne en particulier, ces
deux éléments n'ont pas été satisfaisants.
Parmi les raisons principales qui expliquent le recours
à l'emprunt extérieur, on peut citer la faiblesse de
l'épargne interne par rapport aux investissements projetés. En
d'autres termes, l'endettement extérieur est le fruit des besoins de
financement ressentis par le pays débiteur. Si l'épargne
nationale était abondante et suffisante pour financer les
investissements nécessaires, l'idée d'emprunter à
l'extérieur des capitaux serait une fantaisie sans
justification.4
Considérons d'abord une économie ouverte, c'est
-à - dire qui entretient de relations avec l'extérieur. La
demande globale D de l'économie est donnée par la somme ci-
après :
D= C+G+I+X-M (1)
où C représente la consommation
privée ou des ménages, G la consommation publique, I
l'investissement, X les exportations et M les
importations.
4.Nakas (1986), Le recours à l'emprunt
extérieur dans le processus du
du développement ,
PUSAF/Abidjan,l'harmattan,Paris,p.57
Les revenus perçus par les agents Y leurs permettent de
financer leurs dépenses de consommation C, de faire face aux redevances
fiscales T et de constituer des épargnes S. Nous pouvons donc
écrire :
Y=C+T+S (2)
Puisque l'équilibre macroéconomique est une
situation dans laquelle le revenu national Y suscite une dépense
nationale D qui lui est identique, on peut égaliser les relations (1) et
(2). Nous obtenons l'identité suivante :
I+ G =T+S ou I = S+ (T- G)
Après arrangement des termes, on obtient : X- M = (S - I)
+ (T- G) (3)
X- M représente le solde de la balance commerciale, S-I
est le solde du compte capital consolidé du pays et T- G le solde des
finances publiques. De manière générale, ce dernier solde
est presque toujours négatif, soit T-G<0. Dans ces conditions, si X-M
est aussi négatif, alors S-I sera nécessairement négatif :
S-I<0 ou S<I, et l'économie ressent, bel et bien un besoin de
financement.
Au regard de ce qui vient d'être dit, les
économies qui s'endettent sont celles confrontées à des
déficits extérieurs et à des déficits importants
des finances publiques Elles sont marquées pour la plupart par une
instabilité des prix intérieurs.
La réalisation de la croissance qui est une
nécessité fondamentale dans un processus de développement
n'est possible que grâce à l'investissement. Pour les pays qui
ressentent un besoin de financement, l'investissement devra être
financé en partie par l'épargne intérieure S (si le solde
est positif ceci traduit que l'épargne intérieure est
supérieure à l'investissement intérieur, ce qui permet de
prêter au reste du monde); et en partie par les transferts reçus
du reste du monde.
Ces transferts peuvent être gratuits (dons) ou assortis
des conditions de remboursement (dettes). En cas de solde négatif
(balance courante déficitaire) comme ce fut le cas des PED une demande
d'investissement supérieur à l'épargne oblige le pays
d'augmenter son endettement extérieur du montant du déficit
courant qui en résulte.
D'ou l'endettement extérieur, dans ce cas, doit
être perçu comme une réponse optimale (rationnelle) de
l'économie face à un déséquilibre
extérieur.
Pour faire bref, à cause de leur exigence en
investissement et de la faiblesse de leur épargne intérieure, les
PED se sont vus obligés de recourir aux capitaux extérieurs afin
de financer leur croissance, et briser par conséquent « le cercle
vicieux de la pauvreté ». Cependant, ce besoin légitime de
recourir à l'aide extérieure, dans un monde de plus en plus
interdépendant, ne portait pas en soi des germes d'une éventuelle
crise5 . Cette dernière est la résultante de plusieurs
facteurs tant exogènes qu'endogènes. C'est ce que nous
épinglerons dans les lignes qui suivent.
5.Thetika ,B ;op.cit. p.8.
I.2. Définition des concepts
I.2.1. La dette extérieure et son
service
L'endettement extérieur brut d'un Etat, à un
moment donné, est la somme des engagements contractuels en cours et
ayant donné lieu à des versements de la part des résidents
d'un pays en faveur des non-résidents, comportant obligation de
remboursement du principal avec ou sans paiement d'intérêt, ou de
paiement d'intérêt avec ou sans remboursement de
capital.6
Autrement dit, il s'agit de l'ensemble des dettes d'un pays
à l'égard de l'étranger.
La dette extérieure peut etre publique ou
privée. Elle est publique lorsqu'elle est contractée par l'Etat
ou une société privée avec la garantie de l'Etat. La dette
privée non-garantie est contractée par une société
privée suffisamment importante pour inspirer confiance aux
prêteurs en dehors de la garantie de l'Etat.
Le service de la dette désigne les paiements
d'amortissements du principal et des intérêts que doit assurer le
débiteur en conséquence des emprunts
effectués,7 c'est-à-dire l'ensemble des charges
liées à l'exécution des obligations contractées.
6.Bizot,B.C. (2001) , «La dette des pays en
développement :vers une nouvelle gouvernance internationale »,in
notes et études ,
n°5124.La documentation Française,
Paris,p.13
7.BEKOLO-EBE.B.(1985), Le statut de l'endettement
extérieur dans l'économie sous-développée :
Analyse critique. Présence africaine, Paris,p.229
I.2.2. Capacités de s'endetter et de servir la
dette
La capacité de servir la dette peut se définir
comme la capacité du débiteur à payer aux
créanciers les sommes dues au titre d'amortissement du principal et des
intérêts.
Cette notion permet d'apprécier si le débiteur est
à même d'assurer les charges découlant des dettes
contractées. Elle permet de fixer une limite à
l'emprunt.8
La capacité d'endettement est un concept qui fait appel
à l'idée d'un plafond fixé au volume de l'endettement, en
fonction d'une anticipation sur la capacité du débiteur d'as
surer ultérieurement le service de la dette.9
I.2.3. La capacité d'emprunter et de
remboursement
D'après DHONTE, 10 la capacité
d'emprunter est le plus haut niveau de versements en pourcentage des
exportations qui puissent être indéfiniment maintenu sans que le
taux de service de la dette dépasse un plafond donné. Dans le
même sens, la capacité d'emprunt se comprend comme ce qui peut
être régulièrement emprunté pour renouveler la dette
existante sans diminuer l'apport net au développement.11
Contrairement à la capacité de servir la dette, la
capacité de remboursement porte sur la capacité du pays à
assurer uniquement les règlements d'amortissements.
I.2.4. Le rééchelonnement de la
dette
IL s'agit de la modification du calendrier de remboursement
ainsi que de la structure des échéances. Il renvoie à plus
tard le paiement de la dette arrivée à échéance
grâce à un différé d'amortissement et donc, à
un étalement des échéances dans le temps, avec bien
entendu comme conséquence directe, une pénalisation au niveau du
taux d'intérêt.
I.2.5. L'encours de la dette, aide liée (ou
prêt liée) et niveau de l'endettement maximal
L'encours désigne la partie de la dette non encore
payée alors que l'aide liée ( ou prêt lié) est une
assistance conditionnée par l'achat des biens ou services provenant du
pays donateur .Le niveau d'endettement maximal est, le seuil au-delà du
quel le poids de la dette n'est plus supportable.
8 . BEKOLO EBE,B.,Op.cit,p.229
9. Idem, p.229
10 .DHONTE, cité par BEKOLO EBE, Op.cit.p.230
11.MOKONDA Bonza,(2001-2002), Politique
économique, cours dispensé à l'UPC/FASE,
inédit, Kinshasa ,p.78
I.2.6. Composantes et forme de la dette extérieure
I.2.6.a. La composante
La généralisation du prêt à
l'échelle internationale comme moyen de financement du
développement a entraîné une multiplicité de centres
pourvoyeurs. Au plan national et international, des structures
appropriées ont été mises en place pour répondre
aux demandes.
La dette elle-même fait une notion multiple. Elle est
contractée à court terme, en devise ou en monnaie locale. Les
créanciers et les emprunteurs sont soit publics ou privés,
bilatéraux ou multilatéraux; les taux de références
sont fixes ou variables,...La figure ci- après donne une idée
claire sur les composantes de la dette.
Figure 1. Les composantes de la dette
Dette extérieure
Dette à court terme
Dette à long terme
Crédit au FMI
Par débiteur
Dette privée non garantie
|
|
Dette publique et dette garantie
|
|
|
Multilatéraux
Etats
Club de Paris
Club de Londres
Marché Secondaire
Autres
Créanciers privés
Créanciers officiels
Par Créancier
Source :Bizot,B.C.op.cit.p.14.
En substance, nous pouvons relever qu'il existe selon l'origine :
- des crédits fournisseurs (formule CPD) ;
- des crédits gouvernementaux ou bilatéraux ;
- des crédits des organismes multilatéraux ;
- des crédits des banques privées.
Les crédits fournisseurs : il s'agit
des crédits qui, contrairement aux autres prêts ne sont pas
accordés par des organismes financiers mais par des institutions non
financières, notamment des entreprises qui obtiennent des contrats des
prestations de services ou qui sont sollicités pour effectuer des
travaux.12 Il se passe en conséquence une convention
appelée «convention de paiement différé
» (CPD) entre l'entreprise et le pays bénéficiaire de
la prestation.
Les crédits gouvernementaux ou
bilatéraux : ils mettent en relation directe deux pays et
visent à établir des rapports plus étroits et personnels
entre les gouvernements et à développer la coopération
entre les pays concernés. Aussi, il est généralement
demander que ces crédits soient utilisés pour acquérir des
biens ou services en provenance du pays donateur, d'où leur
caractère lié. Cependant, ils sont assortis de taux
d'intérêts de faveur se situant en dessous des taux du
marché, et ils bénéficient des échéances
longues. Pour ces deux raisons, ils constituent une source de financement
susceptible d'être avantageuse pour les pays en développement (
PED).
Les prêts des organismes multilatéraux
: les prêts accordés par la Banque Mondiale (BIRD), la
Banque Africaine de Développement ( BAD), la Banque Européenne
d'Investissement (BEI), le Fonds Spécial des Nations - Unies (FSNU),...
relèvent de cette catégorie. Ils sont assortis de conditions se
situant en dessous de celles du marché.
La particularité de ces prêts est qu'ils sont des
occasions pour ces institutions créancières de prodiguer des
conseils aux gouvernements bénéficiaires des prêts, et de
demander la restructuration de tel ou tel secteur ou l'organisation de telle ou
telle entité économique.
Les crédits des banques privées
: Par transformation des dépôts et des liquidités
du marché monétaire national et l'euromarché
monétaire, les banques privées ont contribué pour une
large part au financement des projets des PED. Wellons13 indique
qu'entre 1971 et 1973 au moins 605 établissements financiers de par le
monde ont transformé des fonds à court terme de plus de 11,5
milliards de dollars pour recycler en Afrique, en Asie et en Amérique
latine sous forme de prêts à moyen et long termes. Dans la
même période, on a constaté que 78 établissements de
12 pays différents ont participé à des crédits
organisés en faveur d'un seul pays, la République
Démocratique du Congo.
'2.Naka, .Op. cit.,pp.29-30
'3.Wellons cité par Naka,. Op. cit.,
p.35
Cependant, ces contrats abondent en commissions et frais
divers au profit des prêteurs (commission d'engagements gestion, de
participation, frais d'avocat, de télex, de voyages, d'impression, ...).
Il arrive que ces commissions et frais atteignent jusqu'à 1,5% du
montant total du crédit, surtout quand les prêteurs ont en face
d'eux des négociateurs peu expérimentés et n'ayant pas
d'informations sur l'évolution des tendances du marché.
I.2.6.b. La forme
L'assistance de l' étranger prend diverses formes, dont
les plus importantes sont l'aide publique au développement et les
investissements privés directs.
L'aide publique au développement (APD)
::: est destinée à créer les conditions pour un
développement socio-économique durable et donc à
améliorer de manière progressive et substantielle le niveau de
vie des populations des pays bénéficiaires. L'aide publique est
composée des prêts octroyés par les puissances occidentales
et les organisations multinationales .Elle est donc bilatérale ou
multilatérale.
L'APD bilatérale peut revêtir plusieurs formes :
les dons (en espèce ou en nature), l'assistance technique et militaire,
ou les prêts assortis de conditions de faveur. Il est important de noter
que l'aide militaire est exclu de la dette.14 Cependant, comme cela
a été dit précédemment, l'une des principales
caractéristiques de l'aide publique bilatérale est qu'elle est
liée. Il en résulte souvent des désagréments pour
les pays bénéficiaires dans ce sens que cela fait perdre à
l'emprunteur le bénéfice de la concurrence, et partant , le choix
des meilleurs prix et de la meilleure qualité.
Notons par ailleurs que l'APD répond à une
condition financière stricte de libéralité
(élément - don) qui doit être au moins de
25%.15
L'APD multilatérale est une aide qui transite par
l'intermédiaire d'organisations internationales. Celles-ci peuvent
être classées en trois catégories.16
- les Organismes des Nations Unies tels que le
Haut-Commissariat aux Réfugiées (HCR), le Programme Alimentaire
Mondiale (PAM), le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) et le Fonds des
Nations Unies pour la Population (FNUAP) ;
- Les institutions financières internationales, telles
l'Association Internationale de Développement (IDA), les guichets
concessionnels des banques régionales (BAD par exemple) ;
- La commission des communautés européennes
(CCE).
14. MOKONDA.Bonza,cité par MUELA B. , Op.cit.,
p.75
15.MUELA.B,(2003), «Problématique de
l'endettement extérieure et financement du
développement économique en République
Démocratique du Congo »,
travail de mémoire 2E licence économie
mathematique,UPC, p.8
16.Ibidem,p.20
Les Investissements Directs Internationaux (IDI)
::: ils sont réalisés en grande partie par les
entreprises multinationales. Par définition, l'IDI traduit l'objectif
d'une entité résident dans une économie (investisseur
direct) d'acquérir un intérêt durable dans une
entité résident dans une économie autre que celle de
l'investissement (entreprise d'investissement direct).
La notion d'intérêt durable implique l'existence
d'une relation à long terme entre l'investissement direct et
l'entreprise, et l'exercice d'une influence notable sur la gestion de
l'entreprise. L'investissement direct comprend à la fois
l'opération initiale entre les entités et toutes les
opérations ultérieures en capital entre elles et entre les
entreprises affiliées, qu'elles soient constituées ou non en
sociétés.17
Ces investissements privés ajoutent au problème
de la dette une nouvelle dimension, à savoir le rapatriement d'une
partie des bénéfices sous la forme de dividendes.18
Ainsi par exemple, le financement de l'IDI par
réinvestissement de bénéfices (normalement pris en compte
dans les balances de paiements comme un double flux, d'entrée et de
sortie) vient rompre l'égalité entre IDI et apport de devises :
il y a croissance des actifs détenus par des entreprises
étrangères sans entrée de devises.19
17 . François Bost (1999), L'Afrique
subsaharienne , oubliée par les investisseurs, cité par
Thetika B. ;Op. cit., p.43.
18. MOKONDA Bonza, Op. cit.,p.76
19 .Raffinot,M (1991)., Dette
extérieure et ajustement structurel.
Edicef/ AUPELF, Paris, P.54
Section II. Crise d'endettement et Programme
d'ajustement structurel
II.1. Crise de l'endettement
II.1.1 Genèse de la crise
L'origine de l'endettement peut être fixée aux
environs de la deuxième moitié des année 1 960.Certains
pays en développement sont d'ailleurs nés endettés comme
la République Démocratique du Congo (R.D.C) qui hérita des
dettes de l'ancienne colonie Belge envers la métropole.20 Le
phénomène s'est déclaré dés 1970 et son
intensification à partir de 1975 s'est exacerbée dans les
années 1980.21
Le début des années 1980 fut
caractérisé par la crise de la dette qui éclata dans la
plupart des pays débiteurs d'Amérique Latine et d'Afrique Sub
saharienne. Avant toute chose, voyons les principales caractéristiques
de la dette des deux continents synthétisées dans le tableau ci-
dessous
Tableau 1 : Structure et coûts de la
dette
|
Amérique Latine
|
Afrique Sub saharienne
|
1) Structure en (%)
|
|
|
- Créanciers privés
|
68
|
25
|
- Créanciers Public
|
20
|
61
|
- Multilatéraux
|
12
|
24
|
2) Service annuel de la dette (en % des exportations)
|
38,10
|
20,21
|
|
Source : ZAKI LAIDI (1989) , Enquête
sur la Banque Mondiale, cité par MOKONDA .B,Op.cit,p.72
20 . Raffinot,M,. Op.cit. p.45
21 . MOKONDA Bonza, Op.cit. p.72
La structure comparée de la dette dans les deux
continents montre d'une part que les pays de l'Amérique latine sont plus
endettés vis-à-vis des créanciers privés, tandis
que pour les pays de l'Afrique Subsaharienne ce sont les Etats qui ont
été les plus gros prêteurs. D'autre part, le service de la
dette représente 38,10% des recettes d'exportation des pays de
l'Amérique latine contre 26,21% pour ceux de l'Afrique subsaharienne.
II.1.2. Les causes
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 et les
déficits courants
En octobre 1973, la guerre éclata entre Israël et
les pays Arabes. Pour protester contre l'appui donné à
Israël par les Etats - Unis et les Pays- Bas, les membres arabes de
l'organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) imposèrent
un embargo sur les livraisons de pétrole à ces deux pays. Dans la
crainte d'une désorganisation plus générale des
expéditions de pétrole, les acheteurs firent augmenter les prix
sur les marchés pétroliers en essayant de s'assurer des stocks de
production.
Encouragés par ces développements sur le
marché du pétrole, les pays membres de l'OPEP commencèrent
à relever les prix qu'ils pratiquant à leurs principaux
acheteurs, les grandes compagnies pétrolières.
Le prix du pétrole connut une forte augmentation. En
mars 1974, le prix du pétrole avait quadruplé par rapport
à son prix d'avant-guerre, passant de 3 USD à 12 USD le baril.
Get accroissement des prix du pétrole eu comme effet immédiat
d'augmenter de 10 fois le surplus courant des principaux pays producteurs de
pétrole et de creuser en même temps les déficits courants
des pays non producteurs.22
22.Raffinot,M.,Op.Cit, p.775.
Tableau n° 2 : Balance courante des principaux pays
exportateurs de pétrole, des pays en développement et des pays
industrialisés entre 1973-1986 (en milliards de USD)
Année
|
Principaux Exportateurs
|
Pays en développement
|
Pays Industrialisés
|
1973
|
6.7
|
-11.3
|
20.3
|
1974
|
68.3
|
-37.0
|
-10.8
|
1975
|
35.4
|
-46.3
|
19.8
|
1976
|
40.3
|
-32.6
|
0.5
|
1977
|
29.4
|
-29.6
|
-2.4
|
1978
|
-1.3
|
-33.2
|
14.6
|
1979
|
56.8
|
-49.7
|
-25.6
|
1980
|
102.4
|
-74.4
|
-61.8
|
1981
|
45.8
|
-95.0
|
-18.9
|
1982
|
-17.8
|
-73.2
|
22.2
|
1983
|
-18.0
|
-40.9
|
-23.0
|
1984
|
-10.0
|
-25.0
|
-64.2
|
1985
|
-5.5
|
-28.7
|
-54.2
|
source : FMI, Perspectives de l'économie mondiale,
1983,1985,1986
En 1973 et 1974, la balance courante des pays en
développement non producteurs de pétrole passa de -11,3 à
-37 milliards de dollar. Par contre celle des pays industrialisés passa
de 20,3 milliards à - 10,3 milliards de USD.
L'accroissement du déficit courant de ces deux groupes de
pays correspondit à l'accroissement du surplus courant des principaux
producteurs de pétroles.
Le surplus a augmenté de plus de 10 fois entre ces deux
années (6,7 milliards à 68,2 milliards de USD) témoignant
ainsi d'un transfert de revenu des premiers vers les seconds. D'après le
modèle développé dans la première section, ce
déficit courant des pays en développement devait les amener
à s'endetter en vue de desserrer les contraintes financières
nées de ce choc pétrolier.
En effet, incapables de modifier, à court terme, leurs
dépenses respectives, les pays membres de l'OPEP vont transférer
cette manne pétrolière dans les banques commerciales des pays
riches pour la fructifier. Ces banques, à leur tour,
prêtèrent massivement aux pays du sud pour financer leurs
déficits courants et cela sans aucune règle de prudence en cette
matière.
Quels sont les facteurs qui étaient à la base
du mouvement de ces pétrodollars du Nord vers le Sud ?
Premièrement, la réduction de l'activité
dans les pays de l'OCDE et la chute des taux de profit vont faire chuter la
demande de crédits (situation conjoncturelle due au choc
pétrolier). Il en résultera une concurrence interbancaire de plus
en plus vive qui conduira les banques commerciales à s'intéresser
étroitement aux possibilités de « vendre » du
crédit aux pays en développement et, plus
particulièrement, à ceux qui sont relativement plus
riches.23
Deuxièmement, il faut noter que jusqu'au moment
où a eu lieu le premier choc pétrolier, les exportations des pays
en développement étaient très confortables du fait d'une
relative stabilité des cours mondiaux des matières
premières. En plus, ces économies ont connu, jusqu'au
début des années 70, une croissance rapide .Tout semblait
indiquer que ces pays seraient capables de faire face à leurs
engagements extérieurs.
Troisièmement, face à un environnement mondial
marqué par une forte inflation, la rémunération
réelle de ces prêts était faiblement positive voire
même négative. Aussi, les pays en développement trouvaient
que l'emprunt était si peu coûteux qu'il aurait été
peu judicieux de refuser les prêts offerts.
En 1976, les bons de trésor à 3 mois aux Etats
-Unis rapportaient 4,9% l'an alors que l'indice de prix à la
consommation s'accroissait de 6,7%. Ce qui revient à dire que si une
banque américaine accordait un prêt intérieur en 1976, elle
aurait eu un taux de rendement réel de -1 ,8%.24
L'intérêt que les banques percevaient sur leurs prêts aux
pays en développement était lié aux taux interbancaires
sur le marché de Londres, le LIBOR (London Inter Bank Offered
Rate).
23.Raffinot,M , Op.cit., p.37
24.Krugman, P.R.et Obstfeld,M., (1996),Economie
Internationale,
2è éd .De Boeck, Bruxelles,p.776
Nous avons esquissé ci- dessus les difficultés
extérieures liées à la gestion de la dette. Or, il s'est
avéré qu'entre 1970 et 1980, trois facteurs conjugués ont
eu une incidence négative sur l'évolution de la dette :
- la hausse des taux d'intérêt ;
- la diminution des recettes d'exportation ;
- et l'effondrement des transferts financiers en faveur des
pays débiteurs.
Les taux d'intérêts furent la goutte d'eau qui
fit déborder le vase. Au cours de la période susvisée, les
créanciers, en l'occurrence les banquiers recyclant les
pétrodollars accumulé, faisaient du crédit à un
taux réel négatif, justifié par le fait que le taux
nominal du crédit était inférieur au niveau de l'inflation
en vigueur dans les pays occidentaux.
Les banquiers à la recherche des clients,
concédaient des prêts à des taux négatifs dans
l'espoir sans doute que les efforts déployés par leurs
gouvernements pour maîtriser l'inflation finiraient par donner des
résultats escomptés. Il va sans dire que si cette situation
avaient perduré , ce sont les débiteurs qui auraient tiré
leur épingle du jeu ; le coût du crédit étant plus
abordable. En fin 1979, malencontreusement, la décision des Etats -Unis
de libéraliser la fixation des taux d'intérêt eut comme
conséquence directe le relèvement au-delà de 10% du
Libor.25 En plus , la désinflation des économies
occidentales (6,2% en 1982 contre 13,5% en 1980) rendit aussitôt positif
le taux au point que même avec la baisse du Libor au niveau réel,
le taux parut encore élevé. La nouvelle donne issue de la
combinaison de la hausse de taux d'intérêt et de la
désinflation se traduit pour les pays du Tiers Monde par un bond des
taux d'intérêt réels de 20% entre 1978 -1979 et 1980
-1981.
Cette situation dramatique ajoutée à la
modicité des recettes d'exportation, résultat combiné de
la détérioration des termes de l'échange et de
l'inélasticité de la demande des matières
premières dans les pays industrialisés, entraîne
une augmentation du coût de remboursement de la dette qui ne pouvait que
provoquer une grave crise. Déjà en 1979, vingt- deux pays,
incapables de faire face au service annuel de la dette, se sont vus dans
l'obligation de reporter à l'année suivante le paiement de
l'ordre de 5,1 milliards de USD. Il faut alors souvent recourir à des
crédits de court terme qui vont asphyxier très rapidement
beaucoup de pays. Le Brésil accumulera, en 1982 12milliards de USD de
crédits nouveaux à court terme pendant que le Mexique totalise 80
milliards de USD. Le Nigeria n'a pas trouvé mieux que d'expulser un
million d'émigrés croyant ainsi résoudre ses
problèmes26 .
25.MOKONDA BONZA , Op.Cit.p.72 26.MOKONDA
Bonza , Op.Cit.p.75
II.1.3. Les conséquences
La crise de l'endettement a été suivie de fortes
conséquences nuisibles pour les PED dont la croissance reposait
essentiellement sur l'afflux des capitaux extérieurs. D'une façon
globale, cette crise a induit l'inflexion du financement extérieur.
Ainsi, il a été observé 27:
- l'effondrement des flux de financement privés ;
- la réduction des flux multilatéraux ;
- la stagnation de l'aide publique au développement ;
- le fléchissement des investissements directs vers les
PED.
Par ailleurs, il convient de remarquer que pour un pays, le
fait d'être très endetté et insolvable a de lourdes
conséquences sur son développement économique. Insolvable,
il ne peut recevoir des prêts de la part des prêteurs privés
et sa capacité d'emprunter auprès des prêteurs officiels
est très faible.
Très endetté, il doit souvent faire d'importants
remboursements du capital emprunté. Et surtout, il doit payer
annuellement des intérêts qui représentent plus de 15% de
ses recettes d'exportation de biens et services et souvent plus de 4% de son
PNB, même s'il n'assure pas la totalité de ses obligations. Il
doit limiter ses importations de biens de consommation, mais aussi de
matières premières et de biens d'équipements
destinés à l'activité de production. Dans de nombreux cas,
la charge de la dette effectivement assurée, remboursement du capital et
versement des intérêts, excède l'aide reçue. Il y a
donc un transfert net de ressources du PED vers les pays
prêteurs.28
Aujourd'hui, l'ensemble de la dette des PED est estimé
à 2400 milliards de USD, c'est environ moins de 4% de toutes les dettes
du monde.
27.Raffinot,M ,Op.Cit, pp.49-54.
28.Auverny-Bennelot,P. (1991), « La dette du
tiers- monde : Mécanisme et enjeux », in Notes et études
documentaires, n°4940, Ed. La documentation française,
paris,p.68
Avec 80 milliards de USD selon les estimations du
Secrétariat Général du Comité pour l'Annulation de
la Dette, on peut éliminer l'extrême pauvreté de la
planète. Lorsque cette somme est étalée pendant dix ans,
elle peut suffir pour éliminer les besoins en eau potable, pour avoir
une alimentation décente et des soins de santé essentiels avec
une éducation primaire pour tous.29
La crise de l'endettement témoigne de l'existence de
déséquilibres, par la dette extérieure. La crise de 1982
se présente comme une crise financière classique marquée
par une rupture des flux de financement privés. Elle frappe de plein
fouet l'Amérique Latine, contrairement aux pays de l'Afrique
financés par un nombre croissant de capitaux publics. Les pays
d'Amérique du sud font donc face à une situation de surajustement
en ce sens qu'ils doivent en plus compenser la réduction du flux de
financement privé.
La nécessité de faire face à des
remboursements élevés et à des transferts négatifs,
pèse sur la croissance du fait des sorties de devises liées au
services de la dette, de la pression à la baisse des prix dans les pays
débiteurs, d'une limitation de la production des agents privés
par anticipation d'une hausse de la fiscalité.
L'évolution économique des pays du tiers monde
dans les années quatre-vingt a été pour l'Amérique
Latine et l'Afrique, et à la différence de l'Asie, les
années marquées par un effondrement des taux de croissance, les
revenus étant fortement touchés et les firmes
étrangères fermaient leurs filiales et multipliaient les
désinvestissements. De plus, l'ajustement achoppait souvent sur la
réduction du déficit budgétaire et sur la balance des
paiements. Toutefois, on a assisté, dans un second temps, à une
réduction du déficit de la balance courante permettant un
ajustement extérieur. Il est cependant difficile de déterminer si
ces évolutions sont les résultats de l'endettement
extérieur ou de l'ajustement structurel imposé.
Au regard de toutes ces conséquences, il s'avère
indispensable pour les pays prêteurs de mettre en place des
mécanismes à même de leur permettre de suivre
l'évolution de l'endettement et de prendre ainsi des mesures
estimées adéquates pour éviter des situations de crises et
insérer les flux de dette dans le processus de croissance. Pour ce
faire, il a été mis au point des indicateurs quantitatifs afin de
permettre une bonne gestion de la charge de la dette.
29.Millet D.,(2004), Document radio phonique : Radio
France Internationale ;
Secrétariat Général du Comité pour
l'Annulation de la Dette (SGCAD) ; Paris.
II.2. L'ajustement structurel
Les conséquences de l'endettement extérieur des
pays de l'Afrique subsaharienne ne se limitent pas à la menace de
déstabilisation du système financier international ; elles sont
également internes et se situent au coeur même de leur processus
de développement et de la croissance de leurs économies, dans la
mesure où le poids de cet endettement est devenu un obstacle
difficilement surmontable.30
L'obligation des pays Africains d'honorer les
échéances d'une part et la limitation ou le tarissement des flux
nouveaux de capitaux extérieurs d'autre part entraînent une
moindre croissance et un prélèvement sur les maigres ressources
disponibles. Dans certains cas, les rééchelonnements successifs
du capital emprunté et des intérêts aboutissent, par un
effet « boule de neige » c'est- à- dire une
augmentation de volume, à un accroissement de l'encours nominal, alors
même que le pays concernés ont accepté de mener pendant des
années des politiques d'austérité de
rigueur.31
Devant cette crise, ni même la Communauté
Mondiale, ni les pays Africains ne sont restés indifférents. Au
contraire, les prises de positions se sont multipliées, entraînant
recherches de causes et propositions de politiques. Mieux, certaines mesures de
redressement ont commencé à être appliquées.
De façon assez logique , la première
réflexion d'ensemble a été menée en Afrique
même .En Avril 1980, les chefs d'Etats et de gouvernements de l'OUA
,réunis à Lagos dans une conférence , ont
élaboré et adopté un plan d `action en vue de la mise en
oeuvre de la stratégie de Moronvia pour le développement
économique de l'Afrique.
Parmi les recommandations de cette stratégie de
croissance économique, deux sont mises en évidence :
l'intégration régionale et la politique d'autonomie, il faut dire
le rapport, préparer la voie à l'établissement
ultérieur d'un marché commun Africain, prélude à
une Communauté Economique Africaine et , sans faire fi de toutes les
contributions extérieures il importe que les gouvernements
privilégiaient les efforts internes de développement sans rupture
d'avec le marché mondial.
Ultérieurement, en 1985, à Addis - Abeba, les
chefs d'Etats et de gouvernement se sont à nouveau réunis pour
faire le point sur la mise en oeuvre du plan d'action de Lagos. Il a fallu
constater que les recommandations avaient connu peu de suivi. Mais cette
évolution est surtout perceptible dans le programme qui a
été adopté en juin 1986 lors de la session extraordinaire
des Nations - Unies, consacrée à l'Afrique. Dans ce programme
d'action des Nations- Unies pour le redressement et le développement de
l'Afrique (PANUEREDA), les idées qui prévalent sont celles d'une
part, de la responsabilité divisée de l'Afrique et de la
communauté internationale face à la crise et d'autre part, de la
nécessité de mener conjointement toute politique de
redressement.32
30.Duruflé,G. (1998),L'ajustement structurel
en Afrique , Ed KARTHALA, Paris,p.14
31 . Duruflé ,G. ,Op. Cit.,p.15
32 . Norro, M. ,Op.Cit,p.24
Les mesures prises sont reparties en :
- mesures prises par les pays Africains;
- par la communauté internationale ;
- et les mesures prises par le système des Nations
Unies.
Que faut -il penser ?
IL est claire que l'Afrique n'est pas sortie de la crise : les
changements , si changements il y a eu ,faibles et fragiles, on est loin
d'être certain que les politique d'ajustement, telles qu'elles ont
été conçues et menées , aient constitué des
réponses adéquates.
En raison du caractère excessivement serré des
contraintes financières, ce qui est annoncé comme un processus
d'ajustement tend à devenir une gestion de l'enlisement dont on ne voit
pas le terme. Cette conclusion est malheureusement une des constantes de
l'analyse que , pour des raisons compréhensibles , mais non sans
hypocrisie , les bailleurs de fonds , eux - même confrontés au
caractère statutairement limité de leurs ressources et aux
exigences de leur conseil d'administration, tentent d'escamoter. Tous les
programmes d'ajustement de la BIRD se doivent assortis d'un scénario de
sortie de crise où, moyennant une enveloppe de financement
extérieur fixée ex-ante, on dessine un scénario
macroéconomique de retour progressif à l'équilibre des
finances publiques et extérieures accompagné d'un taux de
croissance au moins égal à celui de la population. Aucun de ces
scénarios ne résiste vraiment à une analyse serrée
, et de fait , année après année , les besoins de
financement dépassent les prévisions, tandis que les pays
s'installent dans la stagnation voire dans la récession et le
désinvestissement .
Il a fallu attendre la crise financière mexicaine, puis
le plan Baker, pour que les pays créanciers reconnaissent
officiellement, pour les pays endettés et en particulier pour l'Afrique,
le besoin urgent d'un desserrement des contraintes financières et d'un
apport substantiel d'argent frais. Encore ne l'ont -ils fait que du bout des
lèvres .Les banques commerciales ont suivi, avec réticence, pour
le Mexique et le Brésil, qui faisaient peser les plus fortes menaces sur
le système financier international et, depuis, n'ont cessé de se
couvrir et de se dégager. Quant aux pays Africains, de
rééchelonnement en rééchelonnement , on ne fait que
leur maintenir la tête hors de l'eau , tout en leur imposant des
programmes d'austérité qui contreviennent à toute autre
perspective de croissance et de développement et qui se traduisent par
une dégradation souvent dramatique des conditions de vie de couches
importantes de la population .33
33. Duruflé, G ;Ibidem
II.2.1. Les programmes d'ajustement : des aspects
dogmatiques
Le débat sur l'efficacité des mesures
d'inspiration libérale, de restructuration de l'économie
introduit par la Banque Mondiale est fortement hypothéqué par ce
que l'on vient de dire sur les contraintes financières. Dans bien des
cas, il est presque dérisoire d'en appeler à la vigueur de
l'investissement privé et aux vertus des forces du marché dans le
climat de déflation qui prévaut. Ces incantations masquent alors
bien mal un quasi dégagement sans contrepartie de l'Etat et un pur et
simple désinvestissement En revanche , les critiques qu'à bon
droit suscite ce processus d'ajustement déflationniste dont on ne voit
pas le terme, avec toutes les conséquences que cela implique pour les
conditions de vie des populations, ne doivent masquer ni la justesse d'une
partie des diagnostics portés par la Banque Mondiale sur la faiblesse de
la gestion et les erreurs de la politique économique du passé ,
ni certains effets positifs de tous les efforts de réorganisation , de
rationalisation , de remise en ordre de la gestion des finances publiques ,
menés sous la férule du FMI et de la Banque Mondiale et avec leur
appui technique .34
Sur les orientations de fond : ouverture de l'économie
et articulation du système de prix intérieur sur le
système des prix internationaux, désengagement de l'Etat,
privatisation, application généralisée du principe de la
vérité des prix et priorité donnée aux forces du
marché , les termes généraux du débat sont
connus.
Par rapport à ce débat , s'il est une chose que
font ressortir les différentes études de cas , c'est la faible
pertinence des positions systématiques : bien des oppositions de
principe aux réformes proposées par la BIRD ne font que
défendre un statu quo dont la mauvaise gestion et les
conséquences économiques néfastes sont
indéfendables et sans issue . Dans bien des cas, les analyses de la BIRD
ont au contraire le mérite de s'attaquer à des problèmes
laissés dans l'ombre pour des raisons politiques, mais auxquels des
solutions doivent être trouvées . A l'inverse, dans de nombreux
cas, les a priori systématiques du FMI et de la Banque Mondiale en
faveur des solutions libérales ou bien ne se justifient pas après
étude, ou bien semblent relever plus de la croyance que de l'approche
pragmatique de la situation. Il en est ainsi de la recherche
désespérée d'un taux de change d'équilibre, de la
libéralisation du prix du riz ou du système d'allocation des
devises à Madagascar, de certains programmes de privatisation (cas
de la Sodesucre en Cole d'Ivoire), ou encore de cette conviction
affichée que, dans un contexte plus libéral , l'investissement
privé national et étranger suffira à assurer une
croissance soutenue du secteur industriel, comme si celui -ci se composait d'un
tissu homogène dépourvu des blocages et des discontinuités
qu'une analyse concrète met en évidence35.
34. Duruflé, G. ;Op.cit ,p.15 35 Ibidem, p.16
II.2.2. Le plan BAKER
Le Plan BAKER a été annoncé lors de
l'Assemblée Annuelle du Fonds Monétaire International et de la
Banque Mondiale qui s'est tenue à Séoul du 08 au 11 octobre 1985,
par le Secrétaire d'Etat au trésor des Etats - Unis. Ce plan a
proposé que les banques de développement multilatérales
prêtent un montant supplémentaire de 9 milliards de dollars au
cours de la période 1986-1988 pour favoriser l'adoption par les pays
endettés des politiques axées sur les marchés et aussi que
les banques privées s'engagent à donner un montant total de 20
milliards de dollars sous forme de nouveaux concours net au cours des 3
années à venir pour appuyer les programmes d'ajustement. On
retiendra que 58 banques privées qui avaient consenti des prêts
aux pays en développement, se sont réunies à Washington
D.C. le 28 octobre 1985 et ont donné leur accord de principe à la
stratégie de la dette proposée par Baker.36
En ce qui concerne particulièrement l'Afrique
subsaharienne, ce plan a prévu de consentir de nouveaux prêts
à partir d'un fonds spécial de 2,7 milliards de USD
alimenté par les remboursements des prêts accordés à
la fin des années 60 aux pays de l'Afrique au Sud du Sahara . Ce fonds
consentirait des crédits aux pays africains les plus pauvres, à
des taux bas et avec de longues périodes de remboursement.
Le plan Baker prévoyait aussi de fournir 1,2 milliard
de USD environ par an aux pays Africains les cinq prochaines années .Il
faut signaler que les montant proposés étaient nettement
inférieurs aux besoins de financement de l'Afrique Subsaharienne ;la
République Démocratique du Congo, à elle seule avait
besoin d'un Financement de l'ordre de 1milliard de USD par an sur les trois
années à venir pour amorcer la relance de son économie.
Par ailleurs , il y a lieu de souligner que selon le document de l'O.U.A.
intitulé « programme prioritaire de redressement économique
de l'Afrique, 1986-1990 », qui a servi de base à une session
extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies
en 1986, le service de la dette Africaine absorberait à lui seul entre
14,6 et 24,5 milliards de dollars par an jusqu'en 1990, pour une dette qui se
situait, selon les estimations , entre 130 et 170 milliards de USD en 1986.
Avec les efforts d'ajustement structurel clairement pensons
-nous qu'il était illusoire et trompeur de parler de sortie de crise par
le haut, ou même plus simplement de sortie de crise dans un horizon
prévisible , étant donné les conditions financières
qui prévalaient , les différents programmes d'ajustement dont
leur remboursement a été imposé par des conditions
socio-économiques strictes par le Fonds Monétaire International
et la Banque Mondiale sans tenir compte des difficultés qu'avaient les
différents pays .Il y a parfois d'incompatibilité dans la
réalisation simultanée de certains de ces objectifs 37.
36. MUTAMBA LUKUSA ,Op.cit, p. 63
37.Idem,p.63
C'est ainsi que les mesures de dévaluation ont rarement
conduit aux résultats attendus en matière d'accroissement de la
production. Plus d'une fois, la limitation des crédits qui accompagnait
la dévaluation a asséché la trésorerie des
entreprises, les empêchant d'accroître ou même de maintenir
le volume des importations d'intrants nécessaires à la
production. Comme le montre Maryse DE HERDT et Ndayambaje dans le cas du
Rwanda, la primauté donnée par le FMI à l'assainissement
des finances publiques n'a pas permis d'améliorer la
rémunération des exportateurs (en l'occurrence la production du
café) freinant la stimulation à la production attendue
38.
Le laminage du fardeau de la dette (d'une façon ou
d'une autre) et l'apport d'argent frais sont des conditions nécessaires
à toute reprise d'une croissance soutenue et plus
équilibrée , et à toute perspective de
développement (infrastructures, éducation , santé
apparition de nouveaux dynamismes économiques...) premièrement.
Mais ces conditions nécessaires ne sont cependant pas à elles
seules suffisantes, comme le montrent la genèse des
déséquilibres dès la fin des années 70, sous
l'effet même de l'apport massif de capitaux extérieurs.
Il faut ajouter aussi l'annulation totale de la dette des pays
en développement, en souhaitant que l'Initiative PPTE apporte une aide
qui viendra en renfort des autres instruments dont dispose la Communauté
Internationale - y compris les crédits aux projets et à l'appui
de réformes, et l'assistance consentie par les bailleurs de fonds, en
vue d'engager les économies sur le chemin d'un développement
durable axé sur la réduction de la pauvreté.
38 · Norro, M. , Op.Cit.,p.248
Section III. Mécanisme PPTE, genèse et
concept
Les deux premiers sections nous ont permis de faire un constat
: le niveau d'endettement de l'Afrique subsaharienne est intolérable
pour un grand nombre des pays. Ce qui se traduit par une contraction de
l'activité économique et par un renforcement de la
pauvreté.
L'endettement et la croissance s'auto-entretiennent et
piègent le développement économique Un niveau
élevé du service de la dette sape les efforts pour une croissance
économique réelle, et une croissance ralentie ne permet
évidemment pas de générer suffisamment de revenu pour
faire face au service de la dette. L'une des hypothèses retenues dans ce
travail est que , la solution , à court terme , passe par une
réduction significative de la charge de la dette pour créer un
environnement propice à la relance de la croissance.
Depuis les temps où les premières
difficultés de la dette sont apparues, beaucoup des mesures ont
été prises dans ce sens. Bien que louable, l'ensemble des ces
actions posées n'ont eu que des effets très limités sur
l'encours de la dette de ces pays. La communauté internationale a depuis
lors pris conscience des effets néfastes sur la croissance et la
pauvreté d'un service de la dette élevé, surtout pour les
pays qui sont au départ très pauvres.
En réponse à cette situation, un consensus se
dégage aujourd'hui autour de la vision qui tente à
dépasser le cadre des mécanismes classiques d'allégement
de la dette pour une approche plus globale et étendue. L'initiative
PPTE, que nous nous approprions dans ce travail, est la traduction, dans les
faits, de cette volonté commune. Nous affirmons que cette initiative
constitue manifestement une avancée significative dans la volonté
de restructuration de la dette des pays pauvres. Son originalité tient
à son articulation avec les politiques de lutte contre la
pauvreté.
Nous allons tacher, dans cette troisième section,
d'explorer les pistes de résorption de . La crise de la dette à
travers l'initiative PPTE. Si la réduction de la dette dans le cadre de
l'initiative offre aux pays la possibilité de sortir du cycle de
rééchelonnement, cependant pour que le niveau d'endettement reste
tolérable, il est indispensable de remédier aux causes
sous-jacentes du problème de sa dette. L'initiative en elle - même
est un vaste chantier qui inclut des reformes et des ajustements à forte
potentialité de relance de la croissance économique. Si la
réduction de la précarité des exportations dont elle
préconise pour le maintien de la dette à un niveau
tolérable il devrait s'inscrire dans un cadre élargi de
l'ouverture extérieure de ces économies qui ne peut être
possible que si les contraintes qui y pèsent sont réduites.
III. 1. Mécanisme PPTE : Concept
Les pays d'Afrique subsaharienne ont affiché des
résultats économiques décevant dans les années 80
et au début des années 90, la plus grande partie de la
région se montrant incapable de rompre avec un scénario de
croissance faible ou de recul du revenu par habitant, de forte inflation et de
difficultés de balance des paiements.
Entre 1995 et 1997, toute fois, les performances se sont
améliorées et le revenu réel par habitant a
commencé à progresser dans certains pays qui ont maintenu une
croissance rapide au cours des deux dernières décennies. Si le
redressement des termes de l'échange y a aussi contribué, cette
embellie a été possible avant tout parce que de nombreux pays se
sont engagés à mener des politiques macroéconomiques
saines, à s'ouvrir d'avantage sur l'extérieur, à mieux
gérer leurs économies et à relever le formidable
défi économique et social lancé à l'ensemble de la
région.
Là où les autorités ont tenu ce cap, la
croissance s'est accélérée et la pauvreté a
reculé. Souvent, cette nouvelle politique a été
adoptée dans le cadre des programmes à moyen terme appuyés
par le FMI et la Banque Mondiale. En dépit des progrès
récents, la croissance reste fragile, les niveaux de vie sont toujours
très bas et la pauvreté est endémique. Les indicateurs
d'éducation et de santé demeurent médiocres et, dans
certains pays, le rythme des créations d'emplois ne parvient pas
à suivre celui de la population active. Les économies restent
à la merci des aléas climatiques (sécheresse, inondations)
et sont toujours fortement tributaires des aides extérieurs
concessionnelles. La région n'a pas été capable de tirer
pleinement profit du processus de mondialisation.39
L'idée d'un engagement plus actif de la
Communauté Internationale se heurte, dans la plupart de ces pays,
à une série d'obstacles : l'insuffisance des infrastructures et
les carences de l'administration fiscale et du recouvrement de l'impôt;
des politiques fiscales et d'investissement soumises davantage au bon vouloir
de quelques fonctionnaires qu'à des règles transparentes;
l'accès limité aux technologies de l'information; le manque
d'équipements de communication ;l'état encore embryonnaire des
services financiers et la faiblesse de l'appareil judiciaire.40
Enfin, plusieurs conflits armés assombrissent les
perspectives économiques de la région et, dans de nombreux pays,
la propagation du SIDA/VIH abaisse la productivité de la main -
d'oeuvre. Ce survol de la situation régionale trace les grandes lignes
des politiques susceptibles d'améliorer les chances
d'accélération durable de la croissance et de recul de la
pauvreté en Afrique subsaharienne.
39.F M I (2002), Finance et
développement ;
publication trimestriel, Washington , septembre,p.29
40.FMI (2000) , Accélérer la croissance et
réduire la pauvreté, role du FMI , publication trimestriel,
Washington Décembre,p.2
Il est essentiel, en effet, que la croissance
s'accélère durablement si l'on veut relever les niveaux de vie et
réduire la pauvreté, car la faiblesse du revenu par habitant est
telle dans la région que la redistribution ne modifiera guère,
à elle seule, la situation de pauvreté actuelle.
Outre la stabilité macroéconomique, sur laquelle
il faut continuer à mettre de l'accent en menant des politiques
budgétaire, monétaire et de change appropriées, des
réformes structurelles doivent être réalisées pour
améliorer l'efficience des marchés .
IL est largement reconnu que l'endettement extérieur
d'un certain nombre de pays à faible revenu, Africains pour la plupart,
est devenu extrêmement difficile à gérer.
Même l'arsenal complet des mécanismes classiques
de rééchelonnement et de réduction de la dette ,
allié à des apports continus de financement concessionnel et
à la poursuite des politiques économiques saines, ne suffisent
pas pour ramener l'endettement extérieur de ces pays à un niveau
supportable, dans des délais raisonnables et sans le
bénéfice d'un complément de soutien
extérieur41. L'image contrastée et dramatique qu'offre
l'humanité aujourd'hui est celle d'une extrême pauvreté de
masse qui côtoie l'opulence indescriptible d'une minorité. Cette
triste réalité choque les esprits les plus lucides du fait de son
ampleur : près de 3 milliards de personnes vivent avec moins de 2
dollars par jour et sont quotidiennement soumises à des dures
épreuves.
Les recherches et les engagements sans espoir se multiplient
sur le plan international. La déclaration du millénaire s'est
assignée, dans ses objectifs de développement, la tâche
ambitieuse de réduire de moitié le nombre de pauvres d'ici 2015.
Le doute est permis à ce sujet : des dizaines de ces engagements se sont
avérés, dans le passé, comme des simples
déclarations d'intention. Différentes acceptions que
présente la pauvreté et la non explication de celles-ci peut
conduire les observateurs non avertis à des erreurs
d'interprétation. Lorsqu'on évoque 10% ou 20% des pauvres dans
les pays occidentaux, les lecteurs de l'annuaire 2001 de la Banque Mondiale sur
la pauvreté ne retrouvent aucun de ceux-ci sur ces statistiques.
La confusion vient de la différence qu'il y a entre
pauvreté relative (terme employé en occident) et pauvreté
absolue (utilisé dans les pays en développement). La
première acceptation désigne un indicateur
d'inégalité : est pauvre ce lui qui n'a pas accès aux
biens consommés par la grande majorité de ses concitoyens. Celui
- ci n'est pas nécessairement pauvre en terme absolu. Pour l'autre
acception, est pauvre ce lui qui est incapable de satisfaire ses besoins
fondamentaux. Si pour un habitant de l'Europe Occidentale, manquer une voiture
ou un poste téléviseur est un signe de pauvreté, mais ces
biens ne sont pas nécessaires pour la survie d'un individu comme le
serait l'accès aux soins de santé et à la nourriture.
41.KAZADI,J. et AREND KOUWENAAR.A,(2003),
Soutenabilité de la dette et ressources PPTE ,
Ministère du Plan de la RDC, Kinshasa ,p.3
Aussi lorsque la Banque Mondiale publie les statistiques sur la
pauvreté basées sur le seuil de 1 ou 2 dollars par jour, les
pauvres de l'Occident ne sont donc pas concernés.
Devant cette réalité et sous la pression de la
Société Civile Internationale sur les pays riches ou (G7), la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont lancé un
programme d'allégement de la dette des pays pauvres très
endettés connu sous le nom de l'initiative en faveur des pays pauvres
très endettés (Initiative PPTE).
Il s'agit d'un cadre d'action conçu pour fournir une
assistance spéciale aux pays pauvres très endettés qui
mettent en oeuvre des programmes d'ajustement et de reformes avec l'appui de
ces deux Institutions, mais pour qui les mécanismes classiques
d'allégement de la dette ne suffisent pas. Cette initiative vise
à garantir qu'aucun pays ne soit confronté à une charge
d'endettement intolérable.
Il s `agit , en outre , de garantir les programmes sociaux,
surtout en matière de santé et d'éducation de base parce
que ayant compris que les investissements dans la mise en valeur des ressources
humaines sont indispensables à la fois pour accroître la
rentabilité du travail et promouvoir la mobilité sociale.
Après un examen exhaustif de l'initiative , un certain nombre de
modifications ont été approuvées en 1999 à la
réunion du G7 en Cologne afin d'octroyer plus vite un allégement
plus important et d'une portée plus large et de renforcer les liens
entre l'allégement de la dette , la réduction de la
pauvreté et la politique sociale.
III.2. Allégement de la dette et l'initiative
PPTE
L'initiative PPTE est l'aboutissement d'un long processus
d'allégement de la dette qui a commencé au début de la
crise en 1982. La plupart de ces mesures étaient fonction de
l'idée que l'on se faisait de cette crise qui, au début,
paraissait temporaire. Mais avec le temps, la crise prenait des allures d'une
crise fondamentalement structurelle qui menaçait l'équilibre
macroéconomique des pays débiteurs. La réponse à
cette évolution fut l'adoption des solutions plus globales.
Avant d'analyser l'allégement de la dette dans le cadre de
l'initiative PPTE, nous allons d'abord faire un survol rétrospectif des
mécanismes d'allégement de la dette.
III.1.1. Allégement de la dette dans le
passé
Lorsque la crise éclata au début des
années 80, les créanciers étaient convaincus qu'elle
était passagère : ils l'imputaient à une crise de
liquidité temporaire. Aussi refusèrent-ils d'envisager des
mesures globales, préférant s'y prendre au cas par cas. Soit que
les dettes étaient restructurées -
rééchelonnées - soit refinancées (apport de
nouveaux crédits pour payer la dette). Parfois des créances
furent échangées contre les produits du pays où contre des
actions de développement.42
Malgré ces actions ponctuelles, la crise de
liquidité ne fut pas résorbée et pire encore, la dette des
PED continuait de gonfler. Cette évolution entraîna une prise de
conscience, par la Communauté Internationale, d'une insolvabilité
durable. Alors, petit à petit, on envisageait l'adoption des solutions
globales.
En 1987, la Citicorps, banque américaine, prit la
décision de provisionner 50% de l'encours de se créances
latino-américaines. Ce qui fut un encouragement pour les autres banques
à constituer des provisions sur les créances douteuses. Cette
option sera suivie puis généralisée par les banques du
monde entier.
C'est à Toronto (1988), lors de la réunion du
G7, que les premières réductions de la de la dette publique
seront évoquées. Les pays riches proposèrent
d'alléger d'un tiers la dette des pays pauvres et les plus
endettés. Ces réductions ont atteint 4 milliards de USD en 1991,
somme très modique relativement à l'encours de la dette de ces
pays. En mars 1989, le Secrétaire Américain au Trésor,
Brady, proposa un plan qui portera son nom qui se voulait un accord cadre
pour la dette bancaire. Cet accord permettait aux pays à revenu
intermédiaire de racheter les prêts en cours avec une
décote (garantie par la banque centrale américaine) ou de les
échanger contre des titres qui diminuent la dette ou son service.
Près de 100 milliards de dette avaient pu être restructurée
en 1991, mais ce ne sont que des gros débiteurs d'Amérique Latine
et le Nigeria qui en ont bénéficié.43
Beaucoup d'autres initiatives vont suivre. Au sommet de
Naples, en 1995, l'idée d'une réduction substantielle de la dette
pour les pays les plus pauvres et les plus endettés, vit le jour. Elle
trouvera enfin son expression avec l'initiative PPTE, proposée par la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International en 1996
42.Brunel,S.(1995), Le sud dans la nouvelle
économie mondiale, Ed. P.U.F,Paris,pp.232-233
43.ONU, cité par THETIKA,B. ; Op.cit
,p.63
III.1.2. L'initiative PPTE genèse
L'initiative constitue un dispositif global de
réduction de la dette des pays pauvres qui requiert la participation de
tous les créanciers ; elle suppose donc une action concertée de
la communauté financière en vue de ramener à un niveau
tolérable la charge de la dette de ces pays. Pour
bénéficier de cette initiative, le pays doit s'engager à
mettre en oeuvre des programmes d'ajustement et des réformes de
politiques sociales.
Sa mise en oeuvre part du constat que l'endettement
extérieur d'un certain nombre des pays pauvres, est devenu
extrêmement difficile à gérer. Même l'arsenal complet
des mécanismes classiques de rééchelonnement et de
réduction de la dette , allié à des apports continus de
financement concessionnel et à la poursuite de politiques
économiques saines , peut ne pas suffire pour ramener l'endettement
extérieur de ces pays à un niveau tolérable dans les
délais raisonnables, sans le bénéfice d'un
complément de soutien extérieur.44
Proposée par la Banque Mondiale et le FMI en 1996 et
entérinée lors du sommet de G8 à Cologne en juin 1999,
l'initiative PPTE a la particularité de s'articuler avec les politiques
de lutte contre la pauvreté. C'est en principe la raison pour la quelle
les pays qui postulent à l'initiative devraient être dotés
d'un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté(CSLP) dans un
document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP),
élaboré en concertation avec la société civile.
A. Quels sont les pays admissibles
?
Pour bénéficier de l'initiative PPTE, un pays
doit remplir les critères suivant : (i) avoir un faible revenu qui le
qualifie à emprunter aux conditions fortement concessionnelles ; (ii)
avoir un fardeau d'endettement insoutenable, hors de champ de mécanisme
d'allégement traditionnels ; (iii) établir des
antécédents positif dans la mise en oeuvre des réformes et
de bonnes politiques économiques.
Actuellement, sur 41 pays en développement
classés parmi les très endettés, 84% sont d'Afrique
Subsaharienne. Il s'agit notamment de: Angola ,Bénin, Burkina Faso,
Burundi, Cameroun, Comores , Congo, Cote d'Ivoire, Ethiopie, Gambie , Ghana
,Guinée - Bissau, Kenya, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie,
Mozambique, Niger, Ouganda, République Centrafricaine, RDC, Rwanda, Sao
Tomé et Principe, Sénégal ,Sierra Leone , Somalie, Soudan,
Tanzanie, Tchad, Togo et Zambie.
B.Les étapes de l'initiative PPTE,
éligibilité et condition
Pour être éligible à l'initiative PPTE, le
pays doit avoir: (i) adopté avant le point de décision ( voir
tableau de synthèse à la page suivante page 32) un document de
stratégie pour la réduction de la pauvreté ( DSRP)
établi selon un vaste processus participatif, au moins provisoire; (ii)
une situation de dette non soutenable, après application de toutes les
mesures d'allégement décidées dans le cadre du Club de
Paris avant l'initiative ; (iii) adopté des programmes d'ajustement et
de réformes appuyés par le FMI et la Banque Mondiale et
établir des antécédents satisfaisants.
44.FMI (2002),
:www.imf.org/np/exr/facts/fer/hipcf.htm
D'après les critères (ii), on procède
à une analyse du degré d'endettement tolérable du pays.
Suivant les seuils retenus, on suppose que si le ratio valeur actualisée
nette de la dette extérieure/ exportations dépasse 150%,
après application des mécanismes classiques d'allégement
de la dette, le pays peut être admis à recevoir une aide au titre
de l'initiative .Dans le cas particulier des économies très
ouvertes ( ratio exportations / PIB supérieur à 30%) ayant une
charge d'endettement très élevée par rapport aux recettes
mobilisées (plus de 15%, du PIB) , le ratio valeur actualisée
nette de la dette / exportations retenu comme objectif peut être
fixé en dessous de 150%. Dans ce cas, l'objectif retenu pour le ratio
valeur actualisée nette de la dette / recettes budgétaires est de
205%, au point de décision.
Une fois atteint le point de décision et admis au titre
de l'initiative, commence alors une période intermédiaire dont la
durée peut s'étaler de 1 à 3 ans selon les performances
des pays. Pendant cette période, le pays continue d'appliquer comme il
convient les programmes et réformes soutenues par la Banque Mondiale et
le FMI. Les créanciers bilatéraux et les banques commerciales
sont invités durant cette période à prendre des mesures
d'allégement des obligations venant à échéance (90%
de la VAN).Le pays continu, entre temps, à appliquer sa stratégie
de lutte contre la pauvreté et prépare sa version finale du
DSRP.
A l'is sue de cette deuxième phase, le pays atteint le
« point d'achèvement ».Sont alors enclenché de
façon définitive, les annulations de dette nécessaires
pour amener la dette au niveau déclaré soutenable .Les
créanciers publics, multilatéraux, et bilatéraux sont
impliqués dans cet effort d'annulation en proportion de leurs
créances respectives.45
45. Jacquet, P. (2003), « L'aide au développement
dans la gouvernance globale » in Synthèse annuelle de
l'actualité mondiale (Ramsès), IFRI, Paris
,pp.227-228
Initiative PPTE : diagramme des flux
*Le pays établit des bons antécédents
pendant une période de trois ans et met au point,
avec la société civile un document de
stratégie pour la réduction de la pauvreté.(DSRP) ;
initialement , un DSRP intérimaire qui peut atteindre le point de
décision.
*Le club de Paris procède à un
rééchelonnement de flux aux conditions de Naples , c'est à
dire du service de la dette admissible arrivant à
échéances au cours de la période de consolidation de trois
ans , la réduction pouvant atteindre la valeur actuelle nette des
échéances de la dette admissible.
*Les autres créanciers bilatéraux et les
créanciers commerciaux accordent des conditions au moins comparables.
*Les institutions multilatérales continuent d'appuyer
l'ajustement dans le cadre des programmes soutenus par le FMI et la Banque
Mondiale.
|
Point de décision
Soit soit
La réduction du stock de la dette consentie par le Club
de Paris aux conditions de Naples et les conditions comparables
accordées par les autres créanciers bilatéraux
Sont suffisantes
Sortie du processus
La réduction du stock de la dette consentie par le Club
de Paris aux conditions de Naples et les conditions
comparables accordées par les autres
créanciers bilatéraux et commerciaux. Ne sont pas
suffisantes Pour ramener la dette du pays à un niveau
tolérable
Tous les créanciers (multilatéraux ,
bilatéraux et commerciaux ) se décident à alléger
la dette au point d'achèvement < flottant ».Le montant de l'aide
fournie est fonction de l'effort nécessaire pour ramener la dette
à un niveau tolérable ; il est calculé à partir des
dernières données
disponibles au point de décision
|
Deuxième étape
*Les pays établissent une seconde série
d'antécédents favorables en appliquant les politiques convenus au
point de décision (qui vise à atteindre le point
d'achèvement < flottant ») et liées au DSRP
(intérimaire). *La Banque mondiale et le FMI apportent une assistance
transitoire.
*Le Club de Paris accorde un rééchelonnement des
flux aux conditions de Cologne (réduction de 90% de la VAN de la dette,
ou davantage si nécessaire).
*Les autres créanciers bilatéraux et commerciaux
accordent un allégement de la dette à des conditions
comparables.
*Les autres créanciers multilatéraux accordent un
allégement transitoire de la dette à des conditions
discrétionnaires.
*Tous les créanciers et donateurs continuent d'appuyer
la stratégie globale de réduction de la pauvreté
conçue par les gouvernements concernés avec la participation de
la société civile et de la communauté des donateurs
d'aides.
Point d'achèvement « flottant
»
*Le point d'achèvement est lié à la mise
en oeuvre pendant au moins une année d'une stratégie globale de
réduction de la pauvreté, et notamment d'une politique de
stabilisation macro-économique et d'ajustement structurel, pour les pays
qui n'étaient pas admissibles au titre de l'initiative initiale (cas non
réactifs), et à l `adoption d'un DSRP complet pour ceux qui
étaient admissibles au titre de l'initiative initiale(cas
rétroactifs).
*Tous les créanciers apportent une aide
déterminée au point de décision ; l'allégement
transitoire de la dette fourni entre le point de décision et le point
d'achèvement est pris en compte dans le calcul de cette assistance.
*Tous les groupes de créanciers accordent une réduction
équivalente (en valeur actuelle nette ) de leurs créances,
déterminée par l'objectif de viabilité de la dette. Cet
allégement n'est assorti d'aucune conditionnalité nouvelle. 1.Le
Club de Paris accorde une réduction de la dette admise aux conditions de
Cologne (réduction de 90% de la dette ou davantage si nécessaire
; 2.Les autres créanciers bilatéraux et commerciaux accordent des
conditions au moins comparables sur les stock de la dette ; 3.Les institutions
multilatérales accordent un allégement de la dette , chacune
d'elles choisissant parmi un menu d'options possibles.
Source : FMI (2002), Rapport annuel 2002,
www.imf.org
Il est à noter que les créanciers
bilatéraux peuvent décider d'aller au-delà de leurs
obligations dans le cadre de l'initiative PPTE.La France, par exemple, a pris
l'engagement d'annuler la totalité de ses créances
bilatérales au titre de l'APD sur les pays au point d'achèvement.
Pour ces pays, il est aussi prévu un éventuel concours de
financement au cas où un choc exogène viendrait
détériorer les indicateurs de la dette.
En 2000, 22 pays ont atteint le point de décision ; ils
étaient 26 en 2002 et 6 ont atteint le point d'achèvement en
juillet 2002 (Bolivie, Burkina Faso, Mauritanie, Mozambique, Tanzanie et
Ouganda).
Tableau n°3 : Initiative renforcée en faveur
des PPTE : Classification des pays, fin avril 2002
Points d'achèvement Points de décision
Points de décision Pays dont la dette
Atteints (6) atteints (21) non encore atteints (12) est
tolérable (4)
|
Bolivie
|
Bénin
|
Mauritanie
|
Burundi
|
Rép. Dém. Pop. Lao
|
Angola
|
Burkina Faso
|
Cameroun
|
Nicaragua
|
Comores
|
Somalie
|
Kenya
|
Mozambique
|
Ethiopie
|
Niger
|
Congo, Rép.du
|
Soudan
|
Vietnam
|
Ouganda
|
Gambie
|
Rwanda
|
Congo, Rep.
|
Togo
|
Yémen
|
Tanzanie
|
Guinée
|
Sao Tomé
|
Démocratique
|
|
|
Mauritanie
|
G-Bieeau
|
et- Principe
|
Cote d' Ivoire
|
|
|
|
Honduras
|
Sénégal
|
Libéria
|
|
|
|
Madagascar
|
Sierra Leone
|
Myanmar
|
|
|
|
Malawi
|
Tchad
|
République
|
|
|
|
Mali
|
Zambie
|
Centrafricaine
|
|
|
Source :FMI(2002),Documents PPTE ;
www.imf.org
Les pays qui ont atteint le point d'achèvement,
bénéficient, au titre de l'initiative PPTE multilatérale
et bilatérale, d'une réduction de dette de 30 milliards de USD
sur une dette initiale de 52 milliards de USD.46
III.1.3.Allégement de la dette et
réduction de la pauvreté
L'allégement de la dette, même substantiel, n'est
pas une panacée. Cependant, il aménagera, tout au moins, un
environnement propice à la relance de la croissance. Un service de la
dette élevé agit comme un frein à l'investissement et
entame sérieusement la croissance. Les faits historiques ont
attesté cette constatation.
Du moment où l'endettement agit négativement sur
les déterminants de la croissance, il agit de ce fait même sur la
pauvreté. Dans les meilleurs des hypothèses, on est en droit de
s'attendre à des gains de croissance à la suite de la
réduction de la charge de la dette. La réduction de la dette
(au titre de l'initiative PPTE) est directement
bénéfique aux pauvres sans que cela soit assuré par
l'entremise de la croissance. Le Rapport 2002 du FMI47
révèle cet aspect. Il affirme qu'en réduisant d'environ un
tiers le ratio service de la dette /exportations des PPTE, l'allégement
accordée leur permettra d'épargner entre 1/2 et 1 1/2 du PIB par
an sur un budget et d'augmenter ainsi sensiblement les dépenses en
faveur des pauvres comme l'éducation et la santé.
46.FMI (2002),Rapport annuel , Washington,p.59
47. Idem, p.59
Somme toute, l'initiative PPTE s'inscrit dans la démarche
qui tend à rechercher durablement des solutions aux problèmes de
la pauvreté et la relance économique.
Chapitre II. APERCU SUR LA SITUATION ECONOMIQUE ET LES
PROBLEMES D'ENDETTEMENT DE LA RDC
Dans le présent chapitre, nous parlerons de
l'aperçu sur la situation économique de la R.D.C.et les
problèmes liés à l'endettement de la République
Démocratique du Congo.
Section I. Situation économique de la RDC
Se penchant sur la situation post - coloniale de la R.D.C.,
l'une des observations qui frappe est la faillite économique et la
misère sociale généralisée de la population.
L'économie Congolaise présente le paradoxe le plus frappant du
continent noir. En effet, pays le plus potentiellement riche d'Afrique avec
d'incomparables ressources minières, forestières, et humaines la
RDC possède une économie parmi les moins performantes du
continent ; entre 1990 et 2000, le taux de croissance moyen de son PIB
était de - 6,5% alors que la population était en train de
croître au taux de 3,4% par année.
Dans les lignes qui suivent, nous proposons une lecture
évolutive de la situation de la RDC. Nous avons subdivisé
l'histoire économique du pays en 4 grandes périodes, à
savoir :
- 1960-1966 : période des troubles ;
- 1967-1974 : période d'expansion ;
- 1975-1989 : période de la récession et des
tentatives de stabilisation ;
- 1990-2003 : période de la grande crise ou de la
conflagration économique.
1.1. Période des troubles 1960 à 1966
Les querelles politiques des cinq premières
années qui ont suivi l'indépendance (mouvement de
rébellions, de récession et des guerres civiles) ont
entraîné une destruction et un abandon important des
infrastructures économiques du pays. Il s'agit notamment de la
destruction et de l'abandon des voies de communications, des ponts, des usines,
des plantations, des écoles, des hôpitaux, etc. Ce qui eut comme
conséquences une hausse importante des prix intérieurs, un
déséquilibre des paiements extérieurs et un quasi -
épuisement des réserves de change, entraînant
l'instauration d'un système de contrôles administratifs des
importations et des paiements de plus en plus restrictifs et compliqué.
Il en est a donc résulté le détournement des ressources
des activités productives vers les activités commerciales et
spéculatives. Nonobstant ces constats tristes, une bonne partie des
engagements du pays vis-à-vis de l'extérieur a été
respectée pendant cette période. 48
1.2. Période d'expansion ou de l'essor
économique 1967 à 1974
A partir de 1966, le pays est entré dans une
période de paix civile et sociale marquée par l'instauration de
l'autorité de l'Etat et la réorientation de la politique
économique. En effet, la reforme monétaire de juin 1967,
conjugué avec la montée des cours du cuivre et de la confiance
des nouveaux investisseurs, à entraîné un apport massif des
capitaux; et il s'en est suivi une croissance réelle du PIB de 7% en
moyenne annuelle de 1968 à 1974. Les réserves de change
atteignaient, fin 1970, le montant de 220 49 millions de dollars,
soit trois années de besoin d'importations.
48.NZANDA-BUANA KALEMBA.M.,(1995), Economie
zaïroise de demain :pas de navigation à vue.
Edition ProsDé, Kinshasa, p.91
49.Cfr NZANDA- BUANA, Op.cit.pp.97-100, et NDELE BAMU,
A. (1992), « Les grandes leçons de l'histoire monétaire,
financière et économique du Congo -Zaïre », in
Zaïre - Afrique, n°267, Kinshasa, pp 395 - 403
C'est durant cette période de haute conjoncture que le
pays a réalisé plusieurs projets économiques :
industriels, routiers, hydroélectriques et autres, ainsi que la
création et la restructuration des grandes entreprises publiques dans le
domaine de la distribution de l'eau (REGIDESO), de l'électricité
(SNEL), des transports (ONATRA) et des assurances (SONAS).
A ces dysfonctionnements internes provoqués par la
zaïrianisation, sont venus s'ajouter d'autres facteurs essentiellement
externes dont la chute des cours de cuivre et la hausse des prix des produits
pétroliers (premiers chocs pétroliers).
1.3. Période de la récession et des
tentatives de stabilisation de 1975 à 1989
A partir de 1975, l'économie Congolaise est
entrée dans une phase de récession marquée par une
profonde détérioration des principaux indicateurs
économiques et sociaux. L'origine de cette récession tient
principalement à trois phénomènes; il s'agit d'abord de
l'échec de l'expérience de la politique de Zaïrianisation/
radicalisation lancée en novembre 1973, qui a livré
l'économie nationale entre des mains non expertes. Il en
résulté une méfiance des investisseurs tant
étrangers que nationaux vis-à-vis du pays ; ce qui eut comme
conséquences des désordres socio-économiques, la baisse
très sensible de la production agricole ; la négligence de
l'entretien des routes, l'abandon de la gestion de la chose publique au profit
des affaires acquises. Il faut ensuite relever la légèreté
doublée d'une tendance prononcée à la tricherie visant
l'enrichissement personnel et sans cause, qui a longtemps
caractérisé les responsables de la gestion de l'économie
nationale. Mais aussi du choc pétrolier de 1973 et la baisse brutale des
cours mondiaux du cuivre.
Les résultats affichés par l'économie furent
:
- la régression de l'activité économique
avec des taux de croissance, si pas négatifs,
Inférieurs au taux de croissance de la population
estimé à 3,4 % l'an, d'où un
appauvrissement général et une
détérioration des conditions de vie de la population;
- les déficits des finances publiques donnant naissance
à une création excessive de liquidités;
- le déficit chronique de la Balance de Paiement
atteignant 600 millions de dollars en 1989 contre
7,4 millions de dollars en 1970;
- la détérioration de tous les indicateurs de la
dette extérieure qui a été multipliée par six entre
1970 et 1975, et par 47 entre 1970 et 1990 entraînant ainsi une
diminution de la capacité de paiement de l'Etat et aggravant le
problème de l'endettement;
- la monnaie nationale a continué sa chute libre et ,
à la fin de l'année 1989, elle avait perdu plus de 90% de sa
valeur de la période 1967 - 1975;
- l'inflation est restée très forte, laminant ainsi
le pouvoir d'achat des populations l'exacerbation des détournements des
deniers public et de la corruption comme moyen de survie.
1.4. Période de la conflagration
économique
Cette période révèle une réelle
débâcle économique et un effondrement du système
économique du pays .Elle peut- être subdivisé en deux sous
- périodes, à savoir de 1990 à 1997, puis de 1998 à
2003.
· la première sous - période de 1990
à 1997 : est caractérisée par une anarchie et un
vandalisme dans la gestion des finances de l'Etat. Tous les indicateurs
économiques et sociaux sont passés au rouge, comme
conséquence d'une absence totale de politique cohérente en
matière monétaire, financière et sociale, le pouvoir ayant
décidé de tout sacrifier à travers la corruption politique
tous azimuts et l'achat des consciences. Cette période fut
marquée par la rupture de la
coopération avec tous les partenaires extérieurs
pour non respect des engagements, singulièrement dans le paiement du
service de la dette dont les arriérés se chiffraient fin 1991
à 1.746 millions de dollars.
Concrètement, il a été observé les
faits suivants 50 :
- la taille de l'économie est revenue
à son niveau de 1958, alors que la population est passée de 2,9
fois plus nombreuses et que la structure de l'économie a change.
L'économie s'est vue contrainte de se replier sur des activités
de subsistance et des activités informelles;
- l'urbanisation croissante, mauvaise qualité de
l'infrastructure des transports, l'insuffisance des investissements;
- l'économie démonétisée et les
marchés des capitaux comme ceux des changes ne fonctionnant presque plus
qu'à des fins spéculatives (de 28% du PIB en 1958), la masse
monétaire au sens large n'était plus que d'environ 9% en 1988 -
1989 et 1,4 % en 1993;
- un recours accru à la création
monétaire pour financer les déficits budgétaires
croissants.
La gouvernance économique et
politique
L'appréhension de l'engrenage hyper inflationniste au
Congo devrait prendre en compte l'analyse minutieuse de la situation politique
qui a nourrit les mécanismes d'anticipations pessimistes des agents
économiques. Cette dynamique se cristallise sur le comportement du taux
de change parallèle qui évolue en temps réel en rapport
avec les prévisions des agents économiques. Lorsqu'un
gouvernement bénéficiant de l'adhésion populaire
était mis en place, les circuits parallèles des changes ont
réagi positivement. En effet, le mouvement ininterrompu de
dépréciation du taux de change de la monnaie congolaise a
toujours connu un répit, en favorisant la baisse des tensions
inflationnistes. Les analyses sur le processus hyper inflationniste distinguent
généralement deux phases dans la prolifération du
phénomène.
Dans la première étape, le poids de la
contrainte internationale notamment de l'endettement constitue le vecteur
essentiel, alors que la deuxième phase est caractérisée
par la suprématie du taux de change dont les fluctuations entretiennent
les anticipations autoréalisantes des agents économiques dans
l'explosion des prix.
Dans le cadre de l'économie congolaise, au -
delà des transferts financiers relatifs à la dette, il convient
de mentionner le manque à gagner consécutif au retrait des
organismes internationaux au début de la décennie 90. Ainsi, les
autorités gouvernementales seront privées du soutien au
financement des déséquilibres de la Balance des Paiements, et le
recours à l'émission monétaire va se
généraliser car les recettes fiscales ne permettent pas de
générer des ressources substantielles. Il convient de
déplorer également l'existence d'un système de prix
différenciés selon le type de modalités de paiement dans
l'engrenage hyper inflationniste .En règle générale, les
opérateurs économiques procèdent aux « sur- plus
», lorsque les transactions sont réglées par chèques
ou en billets de5 millions de zaïres 51.
50 . Ministère du Plan et Développement, Programme
triennal minimum : 1997-1999 Kinshasa, (décembre 1997), pp.14-17
51. . Il convient de remarquer que ces billets de 5 millions
ont été démonétisés par le Premier ministre
issu de l'opposition dès leur mise en circulation .Cette situation a
entraîné des Émeutes à Kinshasa en janvier 1993 car
les militaires ont refusé ces nouvelles coupures.
Dans ce contexte, la préférence pour les devises
accroît la demande de ces encaisses en favorisant l'envolée des
prix. Cependant, l'existence d'un régime frontalier poreux permet
d'éviter la reprimairisation de l'économie, notamment dans les
zones frontalières. En effet, les échanges continuent à se
développer harmonieusement dans ces régions dans la mesure
où les individus font des transactions en devises.
Les répercussions des pillages de septembre 1991
sur l'économie Congolaise
Les pillages orchestrés à Kinshasa les 23 et 24
septembre 1991 sur l'initiative des militaires se sont
généralisés, pour atteindre la plupart des centres urbains
du pays. Les militaires furent relayés par les civils pour se servir, en
détruisant l'outil de production existant. Cette situation va porter un
lourd préjudice à l'économie nationale, car le manque de
confiance animera désormais l'ensemble des opérateurs
économiques.
Les pillages des années 1991 et 1993 ont des
répercutions psychologiques dans le mental des investisseurs parce
qu'ils étaient systématiques et avaient détruit
volontairement tout l'appareillage de production, mettant ainsi au
chômage des dizaines de milliers d'ouvriers et des sociétés
en faillite. On a assisté à la recrudescence des pratiques
spéculatives au détriment des investissements productifs. La
conséquence immédiate de ces événements reste la
pénurie des biens sur les marchés et l'accélération
des tensions inflationnistes. On enregistra une hausse de 47,9% de l'indice des
prix aux marchés pour le mois de septembre 1991 alors qu'il
représentait 37% en Août. Il semble que les dommages subis par les
entreprises représentent environ 618,1 millions de dollars. Par
ailleurs, on estime à 73.278 les pertes d'emplois, et les besoins en
fonds de roulement se chiffrent à 319 millions de dollars. Les
dégâts les plus considérables concernent les domaines du
commerce, des industries manufacturières et des services dont les pertes
d'emplois atteignent environ 80,1% de l'ensemble des secteurs52.
· La deuxième sous - période de
1998 à 2003 53
A la prise du pouvoir par l'A.F.D.L. le 17 mai 1997, le peuple
Congolais, préparé par 7 années de démystification
du dictateur, attendait, comme en 1965, un changement radical .
Au moment de la prise de pouvoir par l'A.F.D.L., celle- ci
jouissait d'un préjugé favorable de la population et
auprès des investisseurs potentiels. En effet, exaspéré
par l'obstination du pouvoir dictatorial à ne pas ouvrir l'espace
politique, la population attendait que les nouvelles forces armées la
débarrassent de celui ci et qu'elles installent une véritable
démocratie avec un pouvoir réellement civil.
Parallèlement, les opérateurs économiques et les
investisseurs extérieurs potentiel attendaient du nouveau pouvoir un
climat, paisible et propice aux activités économiques.
52.SUMATA Claude, (2001),L'économie
parallèle de la RDC :taux de change et dynamique de l'hyper inflation au
Congo ,Ed Harmattan , Paris, pp.224-227
53.TALA-NGAI Fernand (2001), RDC de l'an 2001 :
déclin ou déclic, Ed Analyses sociales, Kinshasa ,
pp.147-148
54.ANEZA(Association Nationale des Entreprises
Zaïroises), cité par TALA- NGAI. F.,Op.cit p.147
Certains investisseurs avaient même signé des
conventions avec la rébellion, en anticipant la prise du pouvoir. Mais
au fur et à mesure que le nouveau pouvoir se consolidait en ralliant
quelques leaders
acquis à la cause démocratique, un noyau de
« dur » à tendance dictatoriale naissait dans les
rangs
des nouveaux dirigeants.
Cela se traduisit d'abord par une attitude de méfiance
envers les opérateurs économiques, suivie de suspicion, avant
d'arriver à des incarcérations sous divers prétextes ;
à la rigueur, ils avaient à payer des amendes transactionnelles
de validité douteuse .Cette attitude belliqueuse aux allures
communisantes envers la haute finance et les opérateurs
économiques, ajoutée aux nombreuses promesses commerciales non
tenues, occasionna le gel des investissements ainsi que des aides promises.
Quant au plan triennal de stabilisation et de relance de
l'économie, il n'était pas crédible aux yeux des personnes
sensées , car il s'appuyait sur des impondérables telle qu'une
aide extérieure accrue alors qu'une des conditions essentielles qui
n'avait jamais été remplie était l'ouverture de l'espace
politique . Comment peut - on demander à des pays démocratique
des aides financières pendant que l'on refuse d'appliquer chez soi la
démocratie ?
Les tentatives d'une restructuration économique ne
pouvaient qu'échouer parce que les facteurs générateurs
des précédents échecs demeuraient, le manque de cadre
incitatif et le refus d'une gestion financière transparente. Cela
s'explique par l'abandon d'un budget élaboré dans le but de
contraindre le gouvernement à une orthodoxie financière. Ce
budget a été remplacé par des injonctions verbales. De
même l'abandon de la réforme fiscale amorcée a eu pour
conséquence le recours à des créations monétaires
qui vont ruiner la nouvelle monnaie.
Alors que l'atmosphère politique ne permettait pas
encore à l'économie d'amorcer une phase de stabilisation
l'éclatement d'une guerre entre les ex-alliés va ruiner tous les
espoirs d'une stabilisation économique et pire, cette guerre va plonger
le pays dans un marasme économiques qu'il n'avait jamais
connus55.
Cette sous - période fut caractérisée parles
faits suivants55 :
- recul de la croissance économiques : le PIB a
enregistré une baisse cumulée de 21 ,9% pour la période
1997-2000, soit une en régression moyenne annuelle de 5,5%;
- difficultés d'approvisionnement en produits
pétroliers et en biens de première nécessité, dues
entre autres raisons, à l'insuffisance des ressources en monnaies
étrangères, aux renchérissements des produits
pétroliers;
- investissements entravés par la faiblesse de
l'épargne nationale (3,7% en moyenne entre 1997 et 2000, contre une
moyenne africaine de 17%);
- politique monétaire expansionniste entraînant des
conséquences délétères sur les prix
intérieurs et le taux de change;
- persistance d'une inflation élevée, avec un taux
annuel moyen de 212,4% entre 1997 et 2000;
55. Ministère du plan et Développement (septembre
2001), Programme Intérimaire Renforcé
du Gouvernement, Kinshasa, p.14
- déficit des paiements extérieurs et accumulation
des arriérés de paiement;
- déséquilibres structurels du marché de
change;
- sous-bancarisation du pays (pour une population
estimée à 50,4 millions d'habitant), les banques dans leur
ensemble ne disposent que de 25 guichets, soit en moyenne 2 millions de
personnes par guichet;
- déséquilibre profond des finances publiques et
éviction du secteur privé.
Au regard de ce qui précède, dans un environnement
macroéconomique aussi macabre que malsain, devrions - nous conclure en
paraphrasant NDELE56que: en 42 ans d'indépendance, la
République
Démocratique du Congo a connu 35 ans de crise
ouverte et 7 ans seulement de vie sociale e normale,
soit 1967 à 1974, age d'or de l'histoire
économique du pays ? Quel paradoxe pour un pays que la
nature a doté de tout.
Au début de l'année2001, un changement politique
s'opèrera au sommet de l'Etat, avec l'avènement du
Président joseph KABILA. La République
Démocratique du Congo reprend le dialogue avec les partenaires
extérieurs. Puisant les grandes lignes de son action dans le discours
d'investiture du chef de l'Etat du 26 janvier 2001, le gouvernement mettra sur
pied avec le concours des services du FMI, deux Programmes économiques
successifs. Le premier, dénommé Programme Intérimaire
Renforcé (PIR), étalé de juin 2001 à mars 2002,
visant essentiellement à casser l'hyper- inflation et à
créer les conditions propices à la relance de l'activité
économique.
Et le second, communément appelé, Programme
Economique du Gouvernement (PEG), couvrant la période 2002 à
2005, visait essentiellement la consolidation de la stabilité
macroéconomique et la croissance économique en vue de
réduire la pauvreté. Fondé essentiellement sur
l'exécution équilibrée des opérations
financières de l'Etat, la maîtrise de l'expansion monétaire
et la mise en oeuvre des reformes structurelles, les deux programmes ont
permis:
- la reprise de la coopération avec la Communauté
Financière Internationale après 11 ans de rupture;
- la réalisation, en 2002, d'un taux de croissance
positif de 3,5%, après 13 années de contraction du
PIB. Au 30 juin 2003, la croissance est de 2,4% par rapport
à un objectif de 5% en fin d'années; - la réduction
sensible du taux d'inflation qui est passé de 511,2% à la fin
2000, à 135,1% en 2001
puis à 16% à fin 2002. Au 27 juillet 2003, le taux
annualisé est de 10,6% contre un objectif de
8%;
- la stabilité remarquable du Franc Congolais
observée depuis la suppression des taux de change multiples au 27 mai
2001, et la réduction de l'écart entre les taux officiel et libre
de 182% en 2000 à 0,8% juillet 2003;
- l'exécution sur base caisse des opérations
financières de l'Etat, que se sont soldées par des
excédents en 2001 et 2002. Néanmoins, il importe de relever le
faible niveau d'exécution des dépenses d'investissement dont la
réalisation est tributaire du décaissement des ressources
extérieures;
56 . NDELE BAMU ,A.(1992), « Les grandes leçons de
l'histoire monétaire, financière et économique du Congo-
Zaïre » , in Zaïre - Afrique , n° 267,Kinshasa, p.403
- l'amélioration du cadre juridique, légal et
réglementaire des affaires grâce, à la promulgation d'une
nouvelle réglementation de change libérale, d'un code des
investissements, d'un code et du cadastre miniers, d'un code forestier et d'un
code du travail a permis l'attrait de nouveaux capitaux tels que ceux investis
dans le secteur de la téléphonie cellulaire et du traitement des
minerais.
C'est au vu de ces résultats et des efforts entrepris
par le gouvernement en vue de la réunification du pays et de la
réconciliation nationale que les conseils d'administration du FMI et de
la Banque Mondiale ont décidé à l'issue de leurs
réunions tenues respectivement les 23 au 24 juillet 2003, d'une part le
décaissement en faveur de la République Démocratique du
Congo de la 3ème tranche de la FRPC de plus ou moins 37
millions de USD, au titre d'appui à la Balance des Paiements et,
d'autres part, l'accession de notre pays au point de décision de
l'initiative PPTE57.
Section II. La crise de l'endettement de la
R.D.C.
2.1. Genesè de la crise d'endettement de la
R.D.C
Une rétrospective en matière d'endettement
extérieur de la RDC montre que la dette publique congolaise tire sa
source de la charte coloniale. La loi du 18 octobre 1908 met à charge du
Congo - Belge son service de la dette publique58.
Durant la colonisation et avant le plan décennal
colonial (1950 -1959), l'évolution de la dette extérieure a
été influencée d'abord par le développement des
territoires d'outre mer et par la mise en oeuvre des programmes des grands
travaux.
De 1909 à 1949, la dette directe passa de 125 millions
de franc à 3.690 millions de franc comprenant plus de 2 milliards de
franc de dette consolidée. Le plan décennal (1950 -1959) eut un
grand impact sur le volume et la croissance de la dette publique
extérieure du Congo- Belge qui passa de près de 3 milliards en
1949 à près de 24 milliards de francs congolais en 1959.
Voilà comment naquit en 1960 la République Démocratique du
Congo, déjà endettée par le fait de l'héritage des
dettes de l'ancien Congo - Belge envers la métropole.
En effet, au lendemain de l'indépendance, il se posa un
problème juridique de succession aux dettes publiques du futur
gouvernement Congolais et déjà un problème
d'insolvabilité se manifesta. La nouvel Etat, confronté à
une crise politique sans précédent, n'a pas su dégager les
ressources en devises nécessaires pour honorer ces engagements
financiers contractés par la métropole .Ces problèmes
firent l'ob jet des accords conclu le 6 février 1965 et d'une convention
intervenue en juillet 1971. La Belgique pris alors à sa charge le fonds
belgo - congolais d'amortissement et de gestion de la dette, mettant ainsi fin
à la première crise d'endettement de la RDC 59.
57.MASANGU M.Jean Claude, (Octobre 2003), « La
RDC accède à l'initiative PPTE Renforcée »,
in notes des Conjonctures, Edition CEDI, Kinshasa pp. 3-5
58.HCR - PT (Décembre 1995),Réponse de l'OGGEDEP au
questionnaire de la commission
Economico - Financière sur l'endettement public,
Kinshasa. 59 .KAWATA BUALUM(1989), L'endettement extérieur du
Zaïre , in Zaïre - Afrique,
n°237,Kinshasa, p.351
2.1.1. Evolution de la dette extérieure de la RDC
et analyse des principaux agrégats
Il sera question dans ce paragraphe, de montrer comment a
évolué la dette extérieure de la RDC durant la
période sous étude, mais surtout la persistance de la crise
d'endettement, à travers l'analyse des principaux indicateurs. Pour ce
faire, nous subdivisons l'analyse en deux grandes parties : la première
allant de 1981 à 1990, et la seconde de 1991 à2003. Ces deux
périodes seront également subdivisés en sous-
période.
2.1.1.1. La dette extérieure après
l'indépendance de 1960 à 1965
Au lendemain de l'indépendance, le jeune Etat congolais
comme nous l'avons souligné ci haut hérita de toute la dette
coloniale et il deviendra ainsi, l'une des rares nations au monde qui est
née avec une dette extérieure. Malgré quelques emprunts
sporadiques et la prise en charge d'une partie de la dette coloniale, la dette
de la RDC est restée stable. Jusqu'en 1970, la dette extérieure
se situait aux environs de 330 millions de dollars américains. Il y a
lieu de noter que la prise en charge d'une partie de la dette coloniale par le
Royaume de Belgique a été dictée par la très
célèbre convention PH SPAAK- Moise TSHOMBE.
La Période allant de 1965 à
1975
Au début des années 70, l'essor
économique mondial, le relèvement spectaculaire des cours de
matières premières et la sur- liquidité des
pétrodollars qui s'en est suivie, ont poussé les
détenteurs de ces fonds à la conquête des marchés de
recyclage. Les pays industrialisés offraient des facilités
financières aux pays en voie de développement (PED) qui
initiaient des politiques d'investissement à outrance dans le but
d'ouvrir des perspectives de croissance soutenue dans le cadre de la
décennie onusienne de développement 1970 - 1980.
Durant cette période sous revue, la RDC s'est
lancée dans la politique des grands investissements (Inga, Avions
mirages, Cités de la voix du Zaïre, Sidérurgie de MALUKU,
ligne Haute Tension Inga SHABA etc.). De ce fait, la dette extérieure
qui était presque insignifiante, prendra une ascension fulgurante
passant d'environ 300 millions de dollars américains en 1970 à
plus de 2 milliards de dollars en 1976. 60 Ces investissement se
sont avérés peu ou pas rentables et donc incapables de
générer un surplus affectable au service de la dette. Or, pour
avoir accès à d'autres crédits, il fallait payer les
arriérés. L'Etat devient alors incapable d'accéder
à d'autres prêts et d'améliorer sa structure
financière. 61
60 . SUANA MADIER A DIER,(2001-2002) «
Allégement de la dette des pays à faible revenu dans le cadre
de l'Initiative PPTE » ,Mémoire 2ème Licence
Comptabilité ISC ; Kinshasa ,p20.
61.
http://
www/users.skynet.be/cadtm/pages Décembre 2002
La Période allant de 1981 à
1990
Cette période, comme nous l'avons vu, est celle pendant
la quelle l'économie congolaise était déjà
entrée dans une phase de récession, avec toutes les
conséquences qui s'en étaient suivies. Cependant, l'assistance du
FMI avait un tant soit peu permis à l'économie congolaise de ne
pas sombrer.
En effet, cette assistance financière, s'est
matérialisé par deux accords .x de confirmation >>
successifs (9/12 millions DTS de juin 1981 à juin 1983), et comportait
l'obligation pour l'Etat de limiter son déficit, d'apurer
progressivement son passif extérieur, d'alléger ses interventions
dans l'économie. La neutralisation de l'Etat, la restauration de
l'initiative privée et la restructuration de l'économie constitue
les trois principaux volets. En 1981 ,la situation s'était fortement
dégradé(quadruplement du déficit budgétaire ),
baisse du coût du cuivre, jointe à la hausse des importations,
entraînant une baise des avoirs extérieurs, dépassement des
plafonds d'endettement, d'où une suspension des crédits du FMI.
La RDC paraissait en totale faillite financière; le service de la dette
représentait plus de 50% des exportations.
En 1983, la RDC a dévalué sa monnaie de 77,5%;
elle a libéralisée ses échanges, abandonné ses
nombreux projets ambitieux, réduit ses dépenses sociales.
L'inflation de 100% avant la dévaluation a atteint 14% en 1984 et le
déficit budgétaire a représenté 3,4% du PIB. Le
rétablissement des équilibres financiers a fait de la RDC un .x
malade >> modèle du FMI. Le prix à payer a
été un ralentissement de la croissance et le maintient des
salaires à un niveau très bas. La baisse importante du ratio du
service de la dette de 60% à 28%, résultat du
réaménagement a abouti à un retardement des
échéances.62
A. Sous - période 1981- 1982
63
Au cours de l'année 1981, la RDC n'a conclu aucun
accord bilatéral de consolidation. Au 31 décembre 1981, les
engagements initiaux de la dette contractée auprès des
partenaires étrangers s'élevaient à 5.189 millions de
dollars de crédits à long terme dont 4.523,9 millions ont
été utilisés, 322,9 millions ont été
remboursés, de sorte que l'encours au 1er janvier 1982 fut de
4.201 millions de dollars.
Au 31 décembre 1982, le niveau du service de la dette
en fonction de l'encours s'est levé à 622,6 millions de dollars
dont 377,5 millions en principal et 285,1 millions en intérêt.
Donc sur un service dû de 622,6 millions de dollars, il a
été effectué un service de 163,10 millions, soit un taux
d'exécution de 26,2%
B. Sous - période de 1983 à
1985
Les mesures prises au cours de cette période
grâce au concours du FMI ont permis d'améliorer l'ensemble de la
situation économique du pays. Ainsi, le PIB s'est accru de 1,3% en 1983
; de 2,7% en 1984, contre - 0,5% en 1982.
62.Hugon , P. (1985), « L'Afrique subsaharienne
face au Fonds Monétaire International », in Afrique
Contemporaine, n°139, Ed .La Documentation Française, Paris,
pp.6 - 7
63.Les données relatives à cette
période sont tirées des Rapports Annuels de l'OGEDEP,1981et
1982
A la lecture du tableau qui suit (tableau n°3), le fait
le plus frappant est le poids de la dette due aux
rééchelonnements antérieurs (1975, 1976, 1977, 1979, 1981,
1983,1985). En effet, au 31 décembre 1985, la dette due au Club de Paris
a présenté 71,3% des engagements initiaux, dont 33,3% (14,7% plus
18,6%) due au rééchelonnement. De la même façon,
pour un encours global de la dette due au Club de Paris s'élevant
à 73,6% de l'encours global de 1975, 69,65% sont due au
rééchelonnement. Ceci montre combien le processus de la remise de
la dette n'est qu'une fuite en avant.
C. Sous - période 1986- 1988
A la suite de l'expansion de la liquidité
intérieure et de la dépréciation de la monnaie nationale
sur le marché de change ainsi qu'à l'insuffisance de l'offre
globale des biens et services, la situation économique s'est
détériorée par rapport à la sous période
précedente . En effet, le taux d'inflation croissant depuis 1986 s'est
chiffré à 78,7% en 1987 et 94,2 % en 1988. Le tableau n°2
révèle une fois encore le poids de la dette due aux
rééchelonnements (1975, 1976, 1979, 1981, 1983, 1985,1987). En
prenant comme année de référence l'année 1988, sur
un total des engagements initiaux de la dette due au Club de Paris
,chiffré à 7.714,40 millions de dollars, 4.780,73 millions de
dollars, soit 61, 9% du total sont due aux rééchelonnements.
Toujours pour la même année, sur un encours de 5.256,33 millions
de dollars dus au Club de Paris, 3.683,09 millions soit, 70% sont dus à
ces mêmes rééchelonnements64.
D. Sous - période de 1986 a 1990
Le ralentissement de l'activité économique
observée au cours de la période allant de 1986 à 1988
s'est accentue en 1989. Par ailleurs, la poursuite en 1990 du processus de
transformation économique et politique déclenchée en 1989
par le vent de la perestroïka (passage de l'économie
planifiée à l'économie libérale) a eu une influence
très négative sur l'ensemble des pays du Tiers - Monde
(particulièrement ceux de l'Afrique sub saharienne), dont la RDC. Il
sied de relever également que pendant cette période, le pays
évoluait dans un climat de gèle de relation avec ses partenaires
extérieurs. Ainsi au 31 décembre 1990, l'encours de la dette
extérieure s'est chiffré à 9.285,90 millions de dollars
dont 6.760,61 millions soit 73% due au Club de Paris ; le service dû
s'est élevé à 661,81 millions de dollars alors que le
service effectué s'élevait à 156,19 millions de dollars,
soit un taux d'exécution de 17%.
Toutes les grandeurs absolues concernant la dette
extérieure de la RDC présente jusqu'à ce niveau de
l'étude ( engagements initiaux, encours de la dette , service due,
service effectué, arriérés,...) ne nous renseignent pas
suffisamment sur la capacité du pays à supporter ou non le poids
de sa dette extérieur.
Ainsi, en considérant 1987 comme année de
référence, le calcul du premier rapport important, c'est-
à - dire l'encours total de la dette extérieure (7.294 millions
de dollars) par rapport au PNB donne : le ratio
Encours dette / PNB =139,5%
· Ceci veut dire que le niveau actuel de l'encours de la
dette Congolaise est excessif par rapport à la production nationale
brute PNB. Ce ratio ayant fortement dépassé 50%, le pays peut
être considéré comme fortement endetté.
· Un deuxième indicateur à prendre en
considération est la part de la dette publique extérieure
supportée par chaque habitant. Après calculs, la dette per capita
de la RDC en 1987 est de 264 millions de dollars. Cet indicateur est cependant
peu utile du point de l'analyse économique parce que fortement
influencé par le nombre d'habitant.
64 .Muela Bakutela.B.Op cit. ;p.35
· Comme la plupart des pays en développement,
la RDC à cette période a été confrontée aux
problèmes des paiements extérieurs. Le tableau ci- après
montre l'évolution du rapport entre le service de la dette et les
recettes d'exportations.
Tableau n° 5 : Evolution du service de la dette de
1981 à 1985 (en millions de dollars)
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
service initial
|
739
|
755
|
577
|
....
|
....
|
....
|
A. service contractuel+arriéré
|
772
|
926
|
1388
|
....
|
836
|
747
|
B.Rééchelonnements obtenus
|
371
|
....
|
737
|
....
|
418
|
345
|
C= A- B : Service contractuel
|
401
|
926
|
651
|
638
|
418
|
402
|
Après rééchelonnement
|
|
|
|
|
|
|
D.Service effectué
|
203
|
115
|
221
|
327
|
380
|
366
|
E= C -D : Arriérés cumulés en fin
d'année
|
171
|
811
|
430
|
311
|
38
|
36
|
Exportations
|
1475
|
1522
|
1602
|
1943
|
867
|
1952
|
Dette ext. en %des exportations
|
|
|
|
|
|
|
- avant rééchelonnement
|
52
|
61
|
87
|
....
|
45
|
38
|
- après rééchelonnement
|
27
|
61
|
41
|
33
|
22
|
21
|
- Service effectué
|
16
|
8
|
14
|
17
|
10
|
19
|
Source : KAWATA. B. (1989), « L'endettement
extérieur du Zaïre » ; in Zaïre - Afrique,
n°237, Kinshasa, p.358
En 1975, le service initial de la dette extérieure
représentait 30% des recettes d'exportations évaluées
à 853 millions de dollars. Cependant, à la fin 1983, le service
ré échelonné de la dette s'élevait à 1.388
millions de dollars représentant seulement 14% des recettes
d'exportation, mais 221 millions furent effectivement payés avant la fin
de l'année.
En 1984, les échéances exigibles
représentaient 638millions de dollars, soit un ratio du service de la
dette d'environ 33% dont seulement 17% furent payés.
En 1985, le service initial se montait à 836 millions
de dollars, soit un ratio de 45%. Le service dépassait le budget de
l'Etat. Grâce à la consolidation intervenue au mois de mai 1985,
le service exigible fut ramené à 380 millions de dollars
représentent un ratio du service de la dette de 20% des recettes
d'exportation.
La situation en 1986 se présenta de la même
manière. En effet, le service initial était de 747 millions de
dollars représentant 38% des recettes d'exportations. Une nouvelle
consolidation dans le cadre du Club de ·Paris intervint en
mai 1986, et ramena le service à 366 millions de dollars soit un ratio
de 19% des recettes d'exportations. En réalité, en y ajoutant les
charges dues au FMI et le remboursement des arriérés commerciaux,
c'est un total de 24% des recettes d'exportation qui a servi au remboursement
en 1986.
En 1987, les recettes d'exportations se sont
élevées à 1.829 millions de dollars et le service initial
de la dette se montait à 820 millions de dollars, soit un ratio de
45%.
De nouveau, une consolidation intervint le 28 mai 1987 portant
sur un montant de 723 millions de dollars.
L'année 1988 ne connaîtra aucune consolidation
des échéances jusqu'à celle intervenue le 23 juin 1989
portant sur un montant de 1.645 millions de dollars. N'eut été
cette dernière consolidation, la RDC aurait dû payer cette
année un service de la dette de 1.032 millions de dollars, soit 51% des
recettes d'exportations. Au total, entre 1973 et fin 1989, la RDC a
consacré près de 2,9 milliards de dollars américains au
remboursement de la dette et au paiement des intérêts.
Les transferts nets ont connu, quant à eux, une forte
accélération au cours de ces dernières années,
atteignant le chiffre significatif et négatif de 1.813 millions de
dollars. Cette situation ne permit pas à la RDC de mettre en oeuvre ses
programmes d'investissements pour entamer la relance économique.
Bref, la RDC, connaît une importante crise d'endettement
et celle-ci ne fait que s'aggraver, par le fait de son incapacité
à dégager des ressources susceptibles de faire face à la
charge de la dette. Le problème ne réside pas réellement
dans le stock de la dette, mais plutôt dans les flux à
dégager annuellement au titre du service de la dette
(intérêts + amortissements). Ainsi, malgré les six accords
de réaménagements de la dette conclue avec le Club de Paris entre
1981 et 1989, la RDC n'a pas réussi à sortir du cercle vicieux
d'endettement dans lequel elle s'est enfermée. Ces différents
rééchelonnements font que l'alourdissement de la dette
extérieure est, en grande partie, le fait de ces engagements non
productifs plutôt que des capitaux frais.
La période 1991 à 2003
Cette période a été
caractérisée par une situation économique macabre. En
1990, la RDC en rompt avec les politiques d'ajustement structurel, et va perdre
son éligibilité aux allégements de dette, et les
engagements au titre d'APD ont fortement chuté; ce qui a eu comme
conséquence immédiate la réduction de la capacité
de l'appareil économique de poursuivre le redressement économique
et, de ce fait, d'assurer le remboursement de la dette congolaise. Les pillages
de triste mémoire de 1991 et 1993 ont davantage enterré une
économie déjà sinistrée.
En 1997, un nouveau régime politique va se mettre en
place à la suite d'une guerre qui a duré plus de six mois en
apportant sa part de contribution dans le chaos déjà
installé.
Cependant, dans le souci de reconstruire l'économie
nationale, les nouvelles autorités vont élaborer un plan
appelé «Programme Triennal Minimum»ayant une enveloppe
évaluée à 4,5 milliards de dollars, dont 40% soit 1,8
milliard, devront être financés par l'extérieur.
Malheureusement, à la suite de la non reconnaissance par le nouveau
pouvoir de la dette extérieure contractée par la deuxième
République, une méfiance va s'installer dans le chef des
bailleurs de fonds et geler la reprise de la coopération. Cette
situation va par ailleurs perdurer, à cause de la guerre dite
d'agression amorcée le 02 Août 1998.
A la suite d'un tableau aussi sombre, comment peut - on
imaginer sortir de la crise d'endettement qui s'est même enracinée
?. Nous allons analyser cette situation en deux sous -période : de 1991
à 1995, puis de 1996 à 2002.
A. La Sous - période 1991-1995
Le tableau ci - dessous présente la structure de la dette
extérieure de la RDC de 1991 à1 995 Tableau n° 6 :
Structure de la dette de 1991 à 1995(en millions de dollars)
RUBRIQUE
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
Encours
|
8.662,41
|
9.627,17
|
9.064,73
|
90372,84
|
10.111,7
|
- Club de Paris
|
6.203,06
|
6.947,86
|
6.434,99
|
6.673,29
|
6.964,3
|
- Club de Kinshasa
|
249,35
|
256,18
|
246,42
|
25 1,51
|
258,4
|
- Club de Londres
|
349,41
|
349,14
|
349,14
|
349,14
|
349,14
|
- Inst. Multinationales
|
1.690,98
|
3.939,5
|
4.720,8
|
5.607,5
|
6.445,0
|
- Trust Gécamines
|
1.506,1
|
2.906,1
|
3.695,9
|
4.174,2
|
4.835,0
|
- Autres Paiements
|
9,00
|
7,50
|
7,50
|
6 ,75
|
212,1
|
Service dû
|
2.392,8
|
3.939,5
|
4.720,8
|
5.607,5
|
6.445,0
|
- Club de Paris
|
1.506,1
|
2.906,1
|
3.695,9
|
4.174,2
|
4.835,0
|
- Club de Kinshasa
|
67,2
|
73,0
|
199,1
|
3 17,5
|
341,3
|
- Club de Londres
|
513,5
|
528,5
|
528,5
|
618,1
|
643,4
|
- Inst. Multinationales
|
96,5
|
197,4
|
256,2
|
353,0
|
503,0
|
- Trust Gécamines
|
30,5
|
39,6
|
43,1
|
90,7
|
122,3
|
- Autres Paiements
|
179
|
194,9
|
-
|
-
|
-
|
Service effectué
|
205,8
|
78,9
|
13,5
|
13,1
|
22,8
|
- Club de Paris
|
13,6
|
-
|
-
|
-
|
-
|
- Club de Kinshasa
|
25,2
|
7,5
|
-
|
-
|
-
|
- Club de Londres
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
- Inst. Multinationales
|
24,9
|
14,2
|
7,7
|
-
|
-
|
- Autres Pays
|
30,5
|
39,6
|
-
|
-
|
-
|
- FMI
|
111,6
|
17,6
|
5,8
|
13,1
|
22,8
|
Arriérés
|
2.119,6
|
3.683,5
|
4.714,2
|
6.147,5
|
6.444,8
|
- Club de Paris
|
1.492,5
|
2.905,6
|
3.695,9
|
4.174,2
|
4.835,0
|
- Club de Kinshasa
|
42,0
|
65,5
|
199,1
|
371,5
|
341,3
|
- Club de Londres
|
513,5
|
528,5
|
528,5
|
618,1
|
643,4
|
- Inst .Multinationales
|
71,6
|
183,2
|
248,5
|
353,0
|
502,8
|
Source : OGEDEP, Rapport Annuel 1991 -1995,
Kinshasa
Ce tableau montre que les agrégats se sont
détériorés d'année en année. En effet,
l'encours de la dette est passé de 8.662,41 millions de dollars en 1991
à 10.111,7 millions de dollars en 1995, soit un accroissement de
1.449,29 millions de dollars
(16,7 %). De même, le service dû s'est accru
d'année en année a cause d'une nette réduction du service
effectué, qui est passé de 205,8 millions de dollars en 1991
(contre 505,62 millions en 1990) , à 78, 8 millions en 1992 et seulement
22,8 millions en 1995, soit un taux moyen de 2,3% par an, de 1991 à
1995. Comme corollaire à cette situation, les arriérés
n'ont fait que s'accumuler, allant de 2.119,6 millions de dollars en 1991
à 6.444,8 millions en 1995 et ceci aura comme conséquence, de
gonfler la charge de la dette dans les années à venir
Pendant cette période, le PIB a connu bien des contre -
performances orchestrés à un rythme moyen d'environ 7,4 %.
Tableau n° 7 Evolution du PIB et de la population
de1991 à 1995
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
PIB (en milliards de ZRZ de1987)
|
730,8
|
654,3
|
654,8
|
543,9
|
547,7
|
PIB (en milliards de USD de1987
|
6,5017
|
5,8211
|
5,0338
|
4,8389
|
4,8727
|
PIB/ Hab.(en USD en 1987)
|
168,4
|
145,9
|
121,8
|
113,3
|
110,5
|
Taux de croissance
|
- 8,4
|
- 10,5
|
-13,5
|
-3,9
|
0,7
|
Taux de croissance du PIB/Hab.
|
-11,3
|
-13,4
|
-16,5
|
- 7,0
|
- 2,5
|
Population (en millions d'hab.)
|
38,8
|
39,9
|
41,3
|
42,7
|
44,1
|
Taux de croissancedémographiq
|
3,4
|
3,4
|
3,4
|
3,4
|
3,3
|
Source : Banque Centrale du Congo (2000),
Rapport Annuel, Kinshasa.
Comme on le voit, le taux de croissance du PIB est
resté négatif, atteignant son niveau le plus bas en 1993 avec -
13,5%, alors que la population a continué à croître
à un taux constant de 3,4%. Par ailleurs, les recettes d'exportation se
sont chiffrées à 1.935,75 millions de dollars en 1991, contre
2.593,41 en 1990, soit une diminution de 23%; elles se sont chiffrés
à 1224 millions en 1992, pour tomber à 1.146,8 millions en
1993.
Les différents agrégats de la dette
extérieure sont présentés dans le tableau ci -
après. Tableau n° 8 : Agrégats de la dette
extérieure (en millions de dollars US)
Rubrique
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
A. Service dû
|
2.392,8
|
3.939,5
|
4.720,8
|
5.607,5
|
6.445,0
|
B. Service effectué
|
205,8
|
78,9
|
13,1
|
13,1
|
22,8
|
C. Recette d'exportation
|
1.935,41
|
1.224,0
|
1.146,8
|
1.028,0
|
1.562, 0
|
D.Encours de la dette
|
8.662,41
|
9.627,17
|
9.064,73
|
9.372,84
|
10.111,7
|
E. PIB
|
6.501,7
|
5.821,1
|
5.033,8
|
4.838,9
|
4.872,7
|
F.Population (en millions d'hab)
|
38,6
|
39,9
|
41,3
|
42,7
|
44,1
|
Note : ce Tableau a été
conçu à partir des données des tableaux n° 6et
n° 7
A la lumière de ces agrégats, nous
présentons certains ratios pour mieux appréhender la crise de
l'endettement.
Tableau n° 9 : Calculs des ratios
Rubrique
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1.Taux d'exécution du service =B/A* 100
|
8 ,56
|
2,00
|
0,29
|
0,23
|
0,35
|
2.Ratio service de la dette =A/C*100
|
123,61
|
321,85
|
411,65
|
545,48
|
412,37
|
3.Service dû /PIB= B/E*100
|
38,80
|
67,68
|
93,78
|
115,88
|
132,27
|
4.Service effectué/ PIB= B/ E* 100
|
3,16
|
1,35
|
0,27
|
0,27
|
0,47
|
5.Encours/ PIB= D/E *100
|
133,23
|
165,38
|
180,08
|
193,70
|
207,52
|
6.Encours /exportation =D/C*100
|
447,51
|
786,53
|
790,44
|
911,75
|
646,98
|
7.Service dû par habitant= A/F (en USD)
|
61,99
|
98,73
|
114,30
|
131,32
|
146,14
|
8.Encours par habitant= D/F (en USD)
|
224,41
|
241,28
|
219,48
|
219,50
|
229,29
|
Note :- Ces ratio ont été
calculés sur base des données du tableau n° 7;
- Les ratios 1 à 6 sont calculés en % tandis que 7
et 8 sont exprimés en dollar.
· le taux d'exécution du service de la
dette, qui permet d'évaluer l'effort fourni par le
Trésor Public pour faire face aux échéances exigibles,
n'est pas significatif; car il n'a représenté que 8,51% en 1991,
puis a baisse à 2% en 1992 et enfin à 0,35% en 1995, alors qu'il
représentait 20,58% en 1990. Cette situation est à la baisse du
gonflement des arriérés envers les créanciers.
· le ratio du service de la dette,
indique la proportion dans la quelle les gains résultant des
exportations sont absorbés par le service de la dette. On estime qu'un
pays qui consacre annuellement plus de 30% de ses recettes d'exportations de
biens et services à rembourser le capital emprunté et à
verser les intérêts, est dans une situation financière
difficile. A l'inverse, si le service absorbe moins de 18% des recettes
d'exportations, la situation financière a toutes les chances
d'être saine. 63 . Or, dans le cas de la RDC, ce ratio est
allé de 123,61 % en 1991 à 545,48%, c'est- à -dire 18 fois
plus que le seuil tolérable. Ceci témoigne en effet de
l'incapacité de l'économie à servir la dette.
· Le ratio service dû sur PIB,
mesure la part des richesses produites par le pays qui sera
prélevé pour être versée à
l'extérieur. Lorsque le service de la dette dépasse 4% du PNB et
18 % des recettes d'exportations, le pays aura des difficultés à
remplir ses obligations64. Or dans le cas de l'économie
Congolaise, ce ratio n'a fait que croître, allant de 36,80 % en 1991
à 132,27% en 1995, soit 9 fois plus en 1991 et 33 fois plus que le seuil
tolérable en 1995. Concrètement ceci voudrait dire que,
même si toutes les richesses produites par l'économie Congolaise
étaient versées à l'extérieur, elles ne seraient
à même de couvrir la charge de la dette extérieure.
Le service effectué par rapport au PIB, diffère
du précédent par le fait qu'il mesure la part des
richesses produites par le pays qui ont été
réellement prélevées et versées à
l'extérieur.
65 . BIZOT,B.C.Op. Cit. p.62
66 . Idem, p.62
Ainsi, ces richesses n'ont représenté qu'une
part du PIB, soit 3,16% en 1991 et presque rien depuis 1993 jusqu'à
1995. Par conséquent, la production Congolaise n'a pas réellement
souffert du poids de la charge de la dette. Il sied de remarquer que ces deux
ratios sont positivement corrélés; lorsque l'un augmente, l'autre
augmente, et inversement.
· L'encours de la dette par rapport au PIB,
apprécie la dette extérieure par rapport au poids
économique du pays. Le FMI considère qu'un pays est peu
endetté quand ce ratio est inférieur à 30% alors que s'il
dépasse 50%, le pays est considéré comme fortement
endetté67 . Pour ce qui est de la RDC, à n'en point
douter, elle est plus que fortement endettée car le ratio a
été de 133,23% en 1991 et 207,52% en 1995.
· L'encours de la dette par rapport aux recettes
d'exportations, On considère généralement que
lorsque l'encours de la dette par rapport aux recettes d'exportations est
inférieur à 165%, le pays n'a pas un niveau d'endettement
inquiétant68. S'agissant de la RDC, la chute des recettes
d'exportations entraînant l'accroissement de l'encours de la dette a fait
que ce ratio se situe de loin au-delà du seuil tolérable.
L'encours de la dette a représenté 447,75% de recettes
d'exportations en 1991, 786,56% en 1995, pour culminer à 911,75% en
1994.Ceci prouve à suffisance que le niveau d'endettement de la RDC est
plus inquiétant, par le fait des recettes d'exportations.
· Le service dû par habitant et encours
par habitant, mesure la part du service de la dette que chaque citoyen
devrait supporter, tandis que l'encours par habitant mesure la part de chaque
citoyen dans l'encours de la dette. Ainsi, le premier ratio est passé de
224,41 dollars par habitant en 1991 à 229,29 en 1995. Il est important
de remarquer que cette charge per capita a une allure positive tandis que le
PIB per capita évolue négativement. Ce qui se traduit
concrètement par l'appauvrissement de la population et, par
conséquent, il y a eu détérioration du niveau de vie.
B. Sous - période de 1996 - 2000
Le tableau ci-dessous présente la structure de la dette
extérieure de la RDC de 1996 à 2000
67.BIZOT,B.C,Op.cit,p.59 68.Ibidem,p.61
Tableau n° 10 : Structure de la dette
extérieure de 1996 à 2000 (en millions de USD)
Rubrique
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Encours
|
9. 151,77
|
8.549,17
|
8.867,32
|
8.355,86
|
7.694,40
|
- Club de Paris
|
6.406,49
|
5.891,7 9
|
6.150,67
|
5.711,73
|
5.110,87
|
- Club de Kinshasa
|
316,45
|
312,59
|
318,47
|
305,19
|
300,30
|
- Club de Londres
|
37,77
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
- Inst. Mult
|
1.982,61
|
1.913,45
|
1.958,46
|
1.917,26
|
1.849,12
|
- Trust Gécamines
|
260,42
|
245,54
|
253,92
|
235, 88
|
249,01
|
-Autres paiements
|
8,25
|
8,25
|
8,25
|
8,25
|
8,25
|
- Dettes acquéreurs
|
140,33
|
140,33
|
140,33
|
140,33
|
140,33
|
Service dû
|
7.279,2
|
7.549,7
|
8. 190,4
|
9.023,5
|
8.902,3
|
- Club de Paris
|
5.962,0
|
6.062,9
|
6.501,3
|
6.977,1
|
6.943,3
|
- Club de Kinshasa
|
285,8
|
292,0
|
313,9
|
316,1
|
315,2
|
- Club de Londres
|
37,2
|
37,2
|
37,2
|
37,2
|
37,2
|
- Inst Mult
|
561,1
|
608,5
|
727,3
|
1.077,1
|
961,3
|
- Autres Paiements
|
4 29,1
|
549,1
|
601,7
|
616,0
|
644,8
|
Service effectué
|
42
|
-
|
2
|
-
|
-
|
FMI
|
42
|
-
|
2
|
-
|
-
|
Arriéré
|
7.196,61
|
7.467,20
|
8.350,39
|
8.846,81
|
8.735,94
|
- Club de Paris
|
5.965,95
|
6.062,88
|
6.853,56
|
6.977,19
|
6.943,28
|
- Club de Kinshasa
|
285,74
|
291,97
|
313,84
|
3 15,92
|
3 15,66
|
- Club de Londres
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
- Inst Mult
|
516,13
|
608,50
|
727,31
|
1.077,22
|
961,28
|
- Trust Gécamines
|
142,44
|
311,74
|
268,61
|
284,34
|
312,31
|
- Autres Paiements
|
8,84
|
9,70
|
10,46
|
9,69
|
2 1,00
|
- Dettes acquéreurs
|
145,19
|
145,19
|
145,19
|
145,19
|
145,19
|
Stock de la dette
|
12.721,80
|
12.773,28
|
13.109,50
|
13.109,50
|
12.135,41
|
- Club de Paris
|
9.490,11
|
9.042,66
|
9.701,88
|
8.814,95
|
|
- Club de Kinshasa
|
394,63
|
389,68
|
400,46
|
393,36
|
387,08
|
- Club de Londres
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
37,22
|
- Inst Mult
|
2.294,52
|
2.247,23
|
2.461,43
|
2.447,30
|
2.357,13
|
- Trust Gécamines
|
350,49
|
401,60
|
353,61
|
371,36
|
372,91
|
- Autres Paiements
|
9,64
|
9,70
|
9,71
|
9,69
|
2 1,43
|
- Dettes acquéreurs
|
145,19
|
195,19
|
145,19
|
145,19
|
145,19
|
Source : OGEDEP (1996-2000), Rapport Annuel,
Kinshasa
Ce tableau révèle que globalement, la crise
d'endettement a atteint son paroxysme. En effet, l'évolution stagnante
tant de l'encours des arriérés du stock de la dette ainsi que la
cessation de paiement du service de la dette montrent que les capacités
de l'économie à faire face à la charge d'endettement se
sont complètement effritées. Cette situation va être
confirmée par l'analyse des différents indicateurs de la charge
de la dette extérieure.
Mais d'abord il sied de retracer l'évolution du PIB pour
la période 1996 - 2000 Tableau n° 11 : Evolution du PIB et
de la Population de 1996 à 2000
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
PIB(en milliards de ZRZde 1987)
|
541,8
|
512,4
|
503,5
|
451,4
|
400
|
PIB(en milliards de USD de 1987)
|
4,8202
|
4,5587
|
4,4795
|
4,0160
|
3,5590
|
Population (en millions d'hab.)
|
45,6
|
47,1
|
45,7
|
50,4
|
52,1
|
Taux de croissance du PIB
|
- 1,1
|
- 5,4
|
-1,7
|
- 10,3
|
- 11,4
|
PIB/Hab .(en USD 1987)
|
105,7
|
96,8
|
92,0
|
79,7
|
68,3
|
Taux de Croissance du PIB/Hab
|
-4,3
|
-8,4
|
-5,0
|
-13,4
|
-14,3
|
Taux de croissance démographiq.
|
3,3
|
3,4
|
3,4
|
3,4
|
3,4
|
Source : Banque Centrale du Congo,(1 996- 2000),
Rapports Annuels, Kinshasa
Comme on peut le voir, alors que le taux de croissance avait
atteint 0,7% en 1995, il s'est détérioré en 1996 pour
redevenir négatif et continuer ainsi à chuter jusqu'à
atteindre en fin 2000 son niveau le plus bas, soit -11,4%. Ceci traduit une
baisse sensible de l'activité économique globale. Dans le
même sens, le PIB par tête n'a fait que décroître,
allant de 105,7 dollars par habitant en 1996 à seulement 68,3 dollars en
2000, quel paradoxe pour un peuple aussi gracieusement nanti par nature ! Les
recettes d'exportations, quant à elles, ne peuvent pas se
démarquer de cette tendance générale. Ainsi, elles ont
accusé une chute vertigineuse, passant de 1.546,6 millions de dollars en
1996 à seulement 685,2 millions en 2000.
Les agrégats de la dette extérieure, pour cette
deuxième sous - période sont présentés dans le
tableau suivant :
Tableau n° 12 : Evolution du PIB et de la Population
de 1996 à 2000
Rubrique
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
A.Service dû
|
7.279,2
|
7.549,7
|
8. 190,4
|
9.023,5
|
8.902,3
|
B.Service effectué
|
42
|
-
|
-
|
-
|
-
|
C.Recette d'exportation
|
1.546,6
|
1.448,9
|
1.422,2
|
749,0
|
685,2
|
D Encours de la dette
|
9.151,77
|
8.549,17
|
8.867,32
|
8.355,86
|
7.694,90
|
E. PIB
|
4.820
|
4.558
|
4.479
|
4.016
|
3.559
|
F. Population (en millions d'habitants )
|
45,6
|
47,1
|
48,7
|
50,4
|
52,1
|
|
Note : Ce tableau a été
conçu à partir des données des tableaux n° 10 et
n°1 1
Sur base de ces agrégats, on peut calculer certains ratios
pour caractériser la crise de l'endettement. Tableau n° 13
: Détermination des ratios proprement dits
Rubrique
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
1.Taux d'exécution du
service=B/A*100
|
0,57
|
-
|
0,02
|
-
|
-
|
2.Ratio service de la dette=A/C*100
|
470,65
|
521,06
|
575,89
|
1.204,73
|
1.299,99
|
3.Service dû /PIB=A/E*100
|
151,02
|
165,63
|
182,86
|
224,68
|
250,13
|
4.Service effectué/PIB=B/E*100
|
0,88
|
-
|
0,03
|
-
|
-
|
5.Encours /PIB = D/E*100
|
189,86
|
187,56
|
197,96
|
208,03
|
216,20
|
6.Encours d'exportation= D/C*100
|
519,73
|
590,04
|
623,49
|
1.115,60
|
1.123,01
|
7.Service dû par habitant = A/F(en USD)
|
159,63
|
160,29
|
168,18
|
179,03
|
170,86
|
8.Encours par habitant = D/F (en USD)
|
200,69
|
181,51
|
182,08
|
165,79
|
147,69
|
Note : Ces ratios ont été
calculés sur base des données du tableau n°1 1
Le taux d'exécution du service de la dette,
est presque nul pendant la période sous examen, il a
représenté 0,57% en 1996 et 0,02% en 1998. Le service de la dette
n'a pas été exécuté en 1997, ni en 2000. Au regard
de cette situation, devrait on dire qu'il s'agit d'une indifférence des
autorités face au problème d'endettement, ou tout simplement d'un
sabotage, pour ne pas ruiner le niveau de vie des populations ? En toute
évidence, cette situation est due au fait que la reprise de la
coopération n'a pas eu lieu.
L'incapacité de l'économie à servir la
dette continue à maintenir le pays dans la crise de l'endettement, car
au lieu de se situer dans l'intervalle de solvabilité, soit entre 18% et
30%, le ratio du service de la dette a continué à grimper de
470,65% en 1996 pour atteindre 1.299,22% en 2000.
Alors qu'il se situait déjà au - delà du
seuil tolérable en 1995, soit à 132,27%, le ratio service
dû par rapport au PIB a continué à accroître ; il est
passé à 151,02% en 1996 pour atteindre 250,13% en 2000 .Le ratio
service effectué par rapport au PIB est quasiment nul, à cause de
la tendance du taux d'exécution du service.
Le seuil de tolérance étant limité
à 165% l'encours de la dette par rapport aux recettes d'exploitations
qui était de 1.115,60% en 1996 et 1.123,01% en 2000 a traduit le niveau
d'un endettement plus qu'inquiétant pour le pays.
Etant donné que durant la période sous
étude le PIB par tête a continué à accuser un taux
de croissance négatif , le service dû par habitant et l'encours
par habitant prouvent à suffisance l'état de l'appauvrissement de
la population Congolaise .
Au regard de ce qui précède, point n'est besoin
d'être économiste monétariste pour voir et comprendre que
tous les indicateurs relatifs à la gestion de la dette extérieure
de la République Démocratique du Congo sont au rouge.
Le stock de la dette au 31 décembre
2001
Le stock de la dette étant un indicateur
macroéconomique très important pour apprécier le poids de
la dette extérieure dans l'économie d'un pays à un moment
donné. Il perme de connaître l'encours de la dette, les
arriérés et le service à échoir.
Pour le besoin d'analyse de la soutenabilité de la dette
dans le cadre de l'initiative PPTE à la quelle la République
Démocratique du Congo vient d'accéder, les institutions de
Bretton Woods (IBW) ont retenu l'année 2001 comme étant
l'année de base du recul relatif de la dite initiative. La situation du
stock de la dette publique extérieure de la République
Démocratique du Congo au 31 décembre 2001 en millions de dollars
s'est présentée comme suit :
- VAN service de la dette : 7.336
- Moyenne Mobile des exportations (3ans) :996
- Ratio cible VAN du service dette
= 730%
Recettes d'exportation
Il faut signifier ici que le service de la dette est un
indicateur important pour l'analyse macroéconomique il permet de cerner
deux ratios cibles, à savoir :
1. VAN service de la dette
= =150%
Recettes d'exportations
2. VAN service de la dette
= = 250%
Recettes Budgétaires
Tableau n° 14 : Stock résumé au 31
Décembre 2001 (en millions de USD)
Catégorie Créanciers
|
Encours
|
Principal
|
Intérêts
|
Intérêts retard
|
Total
|
Stock
|
Club de Paris
|
4868
|
3641
|
2148
|
2312
|
8111
|
9338
|
Club de Kinshasa
|
322
|
259
|
85
|
51
|
400
|
463
|
Club de Londres
|
37
|
37
|
0
|
58
|
95
|
95
|
Institutions Multilatérales
|
2536
|
1251
|
616
|
54
|
1921
|
3206
|
Court terme
|
177
|
177
|
0
|
0
|
177
|
177
|
Total
|
7940
|
5365
|
2849
|
2475
|
10704
|
13279
|
Source :OGEDEP( 2001-02002),Direction dette
extérieure
Au 31 Décembre 2001, le stock total de la dette de la
République Démocratique du Congo se chiffrait à 13.279
millions de dollars américains, soit 1.230,1% des exportations des biens
et services de l'année.
Les engagements envers le Club de Paris représentaient
70,3% et ceux envers les multilatéraux 20,6%. Les
arriérées sur le service de la dette se sont établis
à 10,704 millions de dollars américains, soit près de
80,6% du stock de la dette.
Tableau n°15Projection des ratios de la VAN service
de la dette/Recettes d'exportation
ANNEES
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
VAN service de la dette
|
7336 996
|
7350 1350
|
7227 1231
|
7178 1082
|
7127 1427
|
7075 1679
|
7259 1934
|
Moyenne Mobile d'exportation
|
Ratio cible VAN service dette
|
736,5%
|
544,4%
|
587,1%
|
663,4%
|
499,4%
|
421,4%
|
375,3%
|
Recettes d'exportation
|
Source : Eco Fin et Staff FMI - Banque
Mondiale
Somme toute, la République Démocratique du Congo
a vu sa capacité à financer le développement de son
économie s'amenuiser à cause du recul de la production
intérieure et des problèmes soulève par la dette
extérieure.
Chapitre III.
L'INITIATIVE PPTE ET LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE
EN RDC
Les problèmes du financement de la croissance en
Afrique constituent un thème qui s'inscrit tout naturellement dans le
droit fil des préoccupations majeures du moment. La relance
économique de l'Afrique Subsaharienne qui est aujourd'hui un sujet qui
mobilise aussi bien les gouvernements du continent que les membres de la
Communauté Internationale, constituera l'objet de la première
section de ce chapitre. On se souviendra à ce sujet que les chefs d'Etat
de l'Ex Organisation de l'Unité Africaine ont adopté en 1985 le
« Programme Prioritaire de Redressement Economique et de
Développement de l'Afrique 1986 - 1990 », programme qui a
été soumis et adopté par la Communauté
Internationale au cours d'une session spéciale des Nations - Unies
consacrée à cette crise économique que traverse le
continent Africain. Par ailleurs, le régime PPTE a été
conçu par les Institutions de Brettons Woods (IBW) en 1996 pour
rencontrer les problèmes liés à l'allègement de la
dette des pays à faible revenu, dette considérée comme un
obstacle pour leur développement. L'admission de la République
Démocratique du Congo à cette Initiative constituera notre
deuxième section. Alors que l'allégement de la dette sera
progressif au niveau de son service d'ici 2006, quelles seront les perspectives
d'une croissance pour une économie aussi délabrée que
celle de la RDC ? C'est autour de cette dernière question que sera
organisée la troisième section de ce chapitre.
Section I. Problèmes du financement de la
croissance en RDC
I . 1 . Le poids de l'histoire
Dans les lignes qui suivent, nous allons partir d'abord d'une
restrospective historique des mécanismes fortuits du financement de la
croissance en Afrique en remontant à la période coloniale, nous
présenterons ensuite pour terminer les difficultés de financement
en R.D.C.
Le financement de la croissance provient, en premier lieu, de
l'épargne nationale, c'est - à- dire la somme de l'épargne
publique et l'épargne privée. Lorsque celle - ci est
insuffisante, pour financer la croissance possible, on peut alors recourir
à l'épargne d'autres pays, c'est-à-dire du reste du monde.
Cependant, comme le bon sens l'exige, à terme les prêts
extérieurs doivent être remboursés grâce aux
excédents de production réalisés à l'aide d'apports
financiers extérieurs et de l'épargne nationale. Comme l'indique
Chandra HARDY67, au cours des années 60, les taux de
croissance du PNB par habitant de l'Afrique Subsaharienne étaient
faibles mais positifs et des acquis considérables ont été
enregistrés en matière d'augmentation du niveau de
l'épargne et de l'investissement. Les entrées des capitaux
étrangers correspondaient en moyenne à 3% du PIB et le niveau de
l'investissement est passé de 16 à 21% entre 1960 et 1970.
67.Hardy cité par Kabuya Kalala,(1987)
«Problèmes et gestion de financement du développement en
Afrique », in Zaïre -Afrique, n°163 , Kinshasa, p.620
Au cours des années 70, la décennie des chocs
pétroliers, la détérioration des termes de
l'échange s'est traduite par une baisse de 50% du pouvoir d'achat des
exportations et par une baisse régulière des revenus. Les
entrées de capitaux étrangers ont considérablement
augmenté après la première et la seconde hausse du prix du
pétrole. Ce qui permis initialement d'amortir la baisse du niveau de vie
et à maintenir le niveau des investissements, mais n'a pas suffi pour
à compenser les effets défavorables de la sécheresse et de
la crise en général de la balance des paiements. Les ressources
en devises de nombreux pays Africains ne permettent pas d'honorer le service de
la dette et de financer les importations de première
nécessité. Le taux d'épargne intérieure qui
était passé de 13% du PIB en 1960 à 20% en 1979 a
été que de 12% en 1983. L'Afrique se trouvait manifestement dans
une situation où les contraintes de l'épargne et des devises
constituent des entraves.
GORDON 68 retrace l'origine de la
débâcle des politiques africaines de financement de croissance
partiellement dans la fragilité et le manque d'adaptation des structures
institutionnelles en matières de politique économique et
financière. Les pays Africains, pour la plupart et la République
Démocratique du Congo en particulier, ont accédé à
l'indépendance sans y être bien préparés:
système monétaire représentait un accessoire marginal de
la Banque Centrale Métropolitaine; les banques commerciales
étaient, elles aussi, des avant- postes secondaires des centres
monétaires européens avec très peu d'autonomie de
financement; la croissance économique était financée par
des dons venant de la métropole. 40 à 50% de l'investissement
global étaient consacrés à l'industrie contre 5% seulement
à l'agriculture au cours des années 60 et 70.Or comme l'affirme
FRIMPONG - ANSAH 69, dans la plupart des pays
Africains, il a été constate une détérioration du
potentiel d'épargne au cours des années 1980.
Cette crise africaine est caractérisée
essentiellement par une baisse continue de la production face à une
augmentation rapide de la pression démographique. Selon Kabuya
Kalala, pour mesurer l'ampleur de la crise il faut revoir le niveau des
investissements qui avait été relativement élevé en
Afrique Subsaharienne pendant les années 1970 ( 22% du PIB) a
amorcé, depuis 1980, une baisse continue pour se situer à
seulement 14,5% environ en 1984. Ce phénomène, résulte de
l'effet combiné de la faiblesse de l'épargne intérieure et
surtout de la diminution de l'apport des capitaux extérieurs. Il est
évident que la relance des économies exige de renverser ces
tendances défavorables au développement, et pour y parvenir il
faut une mobilisation d'importantes ressources financières aussi bien
intérieures qu'extérieures. L'investissement destiné
à répondre aux besoins vitaux n'est pas seulement souhaitable
pour mettre un terme à la souffrance humaine; c'est également un
élément clé dans une stratégie
intégrée de croissance.
68.D.L.GORDON, cite par KABUYA KALALA,Op.
Cit.,p.621
69.J.H. FRIMPONG - ANSAH, cite par KABUYA
KALALA,Op. Cit.,p.622
Or, les perspectives de mise en oeuvre de ces ressources
financières doivent non seulement se fonder sur les leçon
tirées de plusieurs dizaines d'années de gestion
économique des pays africains depuis les indépendances
politiques, mais surtout sur l'adoption et la mise en oeuvre des mesures visant
à tirer le meilleur profit des ressources ainsi mobilisées. Il a
été cependant constaté que peu de résultats
positifs ont été enregistrés malgré l'injection
massive des capitaux dans le circuit économique de la République
Démocratique du Congo. Certains en concluent que beaucoup de ressources
ont été ainsi gaspillées70.
Lorsqu'une économie fait toujours recours à
l'emprunt extérieur, ne dégage pas une épargne suffisante,
est connaît des sérieux déséquilibres au niveau de
sa Balance de paiements. C'est ce que nous avons fait remarquer au premier
chapitre de cette étude; telle est la situation de l'économie
Congolaise depuis bien des années et jusqu'aujourd'hui.
L'économie Congolaise plus que jamais a besoin d'une importante
bouffée d'oxygène pour se relever mais comment parvenir a une
relance durable est soutenue alors que le pays doit faire face annuellement au
paiement du service de la dette et aux arriérés dus aux dettes
contractées. Est- ce en prélevant une partie sur des recettes
intérieures ou avec les fonds reçus des nouveaux emprunts que le
pays effectuera son service de la dette? Pourra-t-il financer son
développement avec la réduction de sa dette dans le cadre de
l'Initiative PPTE ?
Voilà autant d'interrogations posées par les
problèmes du financement de la croissance en République
Démocratique du Congo. Mais le débat sur le financement de la
croissance remonte à l'époque des indépendances et jusque
là, on semble pas trouver une réponse adéquate à
cette question. Les engagements financiers se sont multipliés au cours
des décennies dans le chef des pays riches mais la plupart de ces
promesses sont restées lettre morte.
Le débat de ce troisième millénaire a
été marqué par une prise de conscience de cette question
épineuse dictée par l'ampleur de la pauvreté et des
inégalités dans le monde. Nous pouvons nous demander si la
communauté internationale peut faire mieux aujourd'hui que dans le
passé? Il ne semble pas exister une réponse unique à cette
question cependant sans négliger le sentiment des institutions de
Bretton Wood en la matière, les prêteurs ont leur conception
globale sur la question et les emprunteurs la leur.
Concernant la RDC, le non paiement de sa dette envers les
institutions de Bretton Woods pouvait constituer un handicap à
l'éligibilité aux mécanismes existant de réduction
de sa dette extérieure. Elle doit chercher à se mettre en phase
avec ses partenaires tant bilatéraux que multilatéraux afin de
pouvoir bénéficier des différentes mesures de
réduction et d'annulation des dettes. Les mesures d'annulation ne
concernent que les pays les plus pauvres dont la dette comprend une forte
proportion de crédits d'Etat à Etat.
70.MUELA BAKUETU.B, Op.Cit.,p.49
Avec un revenu annuel de 68,3 USD, soit à peu
près 6 USD par mois et par habitant, la République
Démocratique du Congo est loin en deçà du seuil de la
pauvreté (à 0,21 dollar par jour et par personne soit environ
97,05 Franc Congolais), donc la tranche de l'extrême pauvreté. Par
ailleurs la grande partie de sa dette est d'origine publique (à peu
près 70% envers le Club de Paris). Voilà autant des
problèmes qui empêchent le financement de la croissance
économique de la RDC depuis des décennies alors que la RDC,
était en droit de brandir son état, pour bénéficier
des mesures d'allégement de sa dette extérieure. Dans le
même ordre d'idées la RDC pouvait se référer au
plan BAKER pour solliciter un rééchelonnement
pluriannuel de sa dette, et obtenir par conséquent des flux substantiels
de nouveaux prêts tels que prônés par ce plan et ainsi
relancer son économie.
Quel devrait être l'argument de la RDC face à son
incapacité à dégager des ressources nécessaires au
remboursement de sa dette Jean Claude Williame71, s'inspirant de
l'une des résolutions des Nations - Unies avait abordé cette
dimension du problème. Il envisageait pour la RDC
l'éventualité de refuser le remboursement d'une partie de la
dette étant donné l'incidence négative de cette
dernière à la relance de l'économie nationale et le bien -
être de la population. Pour ce dernier, la responsabilité de la
dette congolaise devrait être partagée entre l'élite
dirigeante congolaise et certaines puissances étrangères. Pour ce
faire, il rappelle un principe du droit public international
relatif aux dettes qualifiées « d'odieuses
», qui dispose que:« si un pouvoir despotique contracte
une
dette non pas pour le besoin et dans les
intérêts de l'Etat mais pour fortifier son régime
despotique, pour réprimer la population qui le combat etc. cette dette
est odieuse pour la population de l'Etat entier. Cette dette n'est pas
obligatoire pour la nation ; c'est une dette de régime, dette
personnelle du
pouvoir qui l'a contracté, et par conséquent
elle tombe avec la chute de ce pouvoir >>. L'ancien
Président Tanzanien Mwalimu Julius Nyerere lors
de son passage à Kinshasa à l'invitation de feu Président
Laurent Kabila, avait aussi qualifié la dette Congolaise
d'odieuse.
Dans le même ordre d'idées, Rolf
KNIEPER72 renchérit en citant un passage de la Charte des
Nations Unies pour appuyer le principe stipulé ci-dessus: «
S'il existe une obligation de tous les
Etats de contribuer à la justice sociale et à
la solidarité internationale, la destination des crédits à
des
fins clairement imp roductives devrait être
qualifiée d'odieuse... En conséquence, ils ne seraient pas
à
rembourser. Les bailleurs de fonds privés qui contribuent
au financement de tels projets effectuent dans ce cas un investissement
à haut risque>>.
On s'apercevra à cette occasion que la
rhétorique politique de la décolonisation a certes
contribuée à la prise de conscience pour un processus rapide de
croissance, mais cela s'est appuyé sur une recherche excessive de
l'industrialisation. Plusieurs crédits ont servi à financer des
projets dont le matériel livré n'était pas conforme aux
conditions climatiques locales, ni aux besoins immédiats de
l'économie nationale il s'agit entre autres de la sidérurgie de
Maluku, de la zone franche d'Inga, de la Cinat : Cimenterie Nationale au
détriment de l'accroissement de la productivité agricole.
71 .Williame,J.C.cité par Mokonda Bonza,Op cit.p.86
72.KNIEPER,R.cité par Mokonda Bonza,Op. cit.,p.87
Conformément au principe ci haut cité, une grande
partie de la dette extérieure du pays devrait être
déclarée odieuse.
Le problème d'ordre économique se rapportent aux
aspects structurels de l'économie congolaise et notamment à la
Balance de paiements: effritement des recettes d'exportation et diminution des
importations face aux besoins croissants de l'économie, diminution des
montants obtenus au titre de l'aide et de l'emprunt à cause de la dette
extérieure et de l'accumulation des arriérés. La
détérioration de la qualité de la vie des populations
congolaises n'est qu'une véritable conséquence des
problèmes d'ordre économique.
La réduction du revenu par habitant et l'augmentation
du déficit du secteur public expliquent la tendance à la baisse
de l'épargne intérieure. Les perspectives de mobilisation des
ressources financières internes doivent naturellement se fonder sur les
possibilités d'action sur tous les paramètres de formation de
l'épargne, notamment le niveau général du revenu, le taux
d'intérêt des dépôts d'épargne,
l'accroissement et la diversification des exportations, l'accroissement des
recettes fiscales.
Le mécanisme PPTE, comme proposition de
résolution de la crise présente des limites et ne garantit pas la
tolérabilité du niveau de l'endettement des pays pauvres. Nous
pensons qu'une réduction de la dette ou son annulation totale dans le
cadre de cette Initiative peut entraîner des gains en termes de
croissance économique et être aussi bénéfique pour
les pauvres. Ce gain de la croissance pourraient amorcer un cercle vertueux qui
à l'absence d'un nouvel accroissement ou d'un nouveau paiement de la
dette, abaisserait le ratio d'endettement en finançant la croissance
économique. Mais ce dividende de la croissance risquerait de ne pas se
matérialiser si le pays enregistre fréquemment des
déséquilibres macroéconomiques.
Il convient cependant de noter que, quelles que soient les
stratégies adoptées et les mesures institutionnelles mises en
place à l'intérieur de la RDC, la croissance de l'épargne
nationale ne pourra suffire à assurer la relance économique: les
res sources extérieures constitueront encore longtemps un
complément indispensable.
Section II. L'admission de la RDCà l'initiative
PPTE
Le mécanisme PPTE a été lancé en
1996 à l'initiative conjointe du le Fonds Monétaire International
(FMI) et de la Banque Mondiale (BM). Il vise à réduire le poids
de la dette des pays pauvres très endettés. Ce mécanisme a
été amélioré en 1999 en vue notamment de favoriser
l'admissibilité d'un plus grand nombre de pays pauvres très
endettés. Les principales innovations de ce mécanisme ont
été de renforcer le lien entre
L'allégement de la dette et l'objectif de
réduction de la pauvreté et introduire la notion du point
d'achèvement flottant déterminé en fonction du rythme des
mises en oeuvre des réformes structurelles essentielles (la
stabilité macroéconomique, la restructuration des entreprises,
etc.).
Contrairement aux mécanismes traditionnels
d'allégement de la dette, l'initiative PPTE implique la participation
entière et équitable de tous les créanciers au processus
visant à ramener la dette extérieure d'un pays à un niveau
soutenable.
Il y a lieu de noter que, dans le cadre de l'Initiative PPTE
renforcée, la dette extérieure d'un pays est
réputée soutenable lorsque le ratio de la valeur actuelle nette
de la dette VAN par rapport aux exportation des biens et services est
inférieur ou égal à 150% . En d'autres termes, lorsque la
VAN de la dette extérieure d'un pays représente 1,5 fois la
valeur de ses exportations des biens et services, alors sa dette est
considérée comme étant soutenable73.
Nous discuterons, dans cette section de l'admissibilité
de la République Démocratique du Congo à l'initiative PPTE
renforcée; il sera question de décrire les différentes
étapes ou conditions, les types des classifications des pays pris en
compte dans le cadre de cette initiative pour terminer avec des politiques de
soutien par l'entremise et l'Aide Publique au Développement (APD) face
à l'Initiative PPTE renforcée.
II.1. Description de l'Initiative PPTE renforcée
II.1.1. Les conditions d'éligibilité
à l'Initiative PPTE renforcée74
Pour être éligible et recevoir une assistance
à titre concessionnel du FMI, désormais appelée
Facilité pour la réduction de la Pauvreté et la Croissance
(FRPC), ou de la Banque Mondiale [(Association Internationale de
Développement (A.I.D.)]; il faut :
- avoir un revenu moyen par habitant inférieur à
780 USD par an;
- avoir entrepris des programmes de réformes avec l'appui
du FMI et de la Banque Mondiale;
- avoir une dette insoutenable après l'application des
mécanismes traditionnels d'allégement, c'est-
à-dire après l'application des termes de Naples,
soit une réduction de 67% de la VAN de la dette
éligible au Club de Paris;
73. MASANGU MLONGO , Op. cit. pp. 2-3 74.http//
www.europa.eu.int/comm/europaid/project/resal
Octobre 2000
- le ratio[1] Valeur Actuelle Nette de la dette/ Exportations des
biens et services doit représenter plus de 150%;
- le ratio [2] Service de la dette/ Exportations des biens et
services doit être supérieur à 20%; - le ratio [3]
Exportations de biens et services/ PIB de 30%;
- le ratio [4] Recettes fiscales/ PIB doit être égal
à 15%;
Il convient de souligner que pour les pays très
ouverts, un ratio Valeur Actuelle Nette de la dette / Exportations de biens et
services inférieur à 150% pour être recommandé au
point d'achèvement. Pour cela, le pays doit satisfaire à deux
critères au point de décision:
- avoir un ratio Exportations de biens et services/ PIB d'au
moins 30%;
- avoir un ratio Recettes fiscales/ PIB d'au moins 15%.
Pour les pays remplissant ces conditions, le ratio objectif VAN
de la dette/ Exportations sera calculé de manière à
obtenir un ratio VAN de la dette/ Recettes budgétaires de
250%.75
II.2. Le déroulement de l'Initiative PPTE
renforcée
L'application de l'initiative PPTE se déroule en deux
phases chacune suivie par un point de décision et d'achèvement au
cours desquels une évaluation de la soutenabilité de la dette est
effectuée. Chaque phase est censée durer trois ans mais au cas
par cas, des aménagements peuvent être portés pour les pays
sortants des conflits armés ou soit encore pour des
intérêts géostratégiques.76
II.2.1. La première Phase
Le pays doit appliquer pendant trois ans des programmes
d'ajustement structurel avec le soutien de la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International. IL reçoit une assistance à titre
concessionnel des créanciers multilatéraux. Les créanciers
bilatéraux du Club de Paris accordent une réduction du service de
la dette basée sur les termes de Naples (réduction de 67% de la
VAN) et les créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris
doivent accorder des réductions équivalentes. Le ratio objectif
(ratio [1]) à atteindre au point d'achèvement de 150% est
fixé au point de décision. 77
II.2.1.1. Point de décision
Il s'agit d'évaluer la soutenabilité de la dette
(étude des ratios [1], [2] et [3] ), et en particulier de
déterminer si une nouvelle opération de réduction de la
dette suivant les termes de Naples portant sur l'encours (67% de la VAN de la
part des créanciers du Club de Paris), complétée par une
action au moins aussi favorable de la part des créanciers
bilatéraux non membres du Club de Paris est suffisante pour rendre la
dette soutenable .
75. http//
www. europa.eu.int/comm/europaid /Project
/resal Octobre 2000
76 . Idem 77. Idem
Trois situations sont envisageables à ce stade :
- si la dette est soutenable après les réductions
accordées, le pays n'est pas éligible ;
- si la dette du pays reste insoutenable malgré
l'application des termes de Naples, le pays entre
dans la deuxième phase. Les objectifs à atteindre
en termes de ratio de soutenabilité au point
d'achèvement sont fixés à ce stade;
- si un doute existe quant à la soutenabilité de la
dette, des réductions supplémentaires sont appliquées.
II.2.1.2. Deuxième phase, ou période
intermédiaire
Lorsqu'un pays est éligible, il doit mettre en place des
programmes de réformes économiques pendant trois ans. Toutefois,
cette période peut être plus courte si grâce aux
réformes, les performances économiques s'améliorent
rapidement au cours de cette deuxième phase. Les créanciers
fournissent des concours sous différentes formes.
II.2.1.2.1. Le point d'achèvement
Le ratio objectif VAN de la dette/ Exportations à
atteindre au point d'achèvement est fixé au point de
décision. Les créanciers membres du Club de Paris proposent une
réduction de la VAN du stock de la dette de 90% (terme de Cologne). Les
autres créanciers commerciaux et bilatéraux doivent entreprendre
des actions au moins équivalentes. Les institutions
multilatérales succèdent également à des
réductions de la VAN de leurs créances de manière à
assurer un traitement global et équitable pour tous les
créanciers impliqués. 78
II.2.Classification des pays pris en compte dans
l'Initiative PPTE renforcée
Au départ de l'Initiative PPTE en 1994, 41 pays ont
été considérés par la Banque Mondiale, comme
très endettés. Le Malawi a en suite été
ajoutée, ce qui signifie qu'au moins 42 pays doivent être
considérés comme PPTE. Sur 42 pays seuls 36 ont été
intégrés à l'Initiative de Cologne, c'est-à-dire
que 6 pays initialement considérés dans la liste des PPTE ont
été totalement exclus de l'Initiative PPTE : l'Angola, la
Guinée Equatoriale, le Kenya, le Nigeria, le Viet Nam et le
Yémen. Ils ne sont pas considérés comme très
pauvres et très endettés et ne peuvent donc pas prétendre
à l'Initiative. Cette première sélection permet aux
créanciers de réduire le coût de l'Initiative en excluant
les pays lourdement endettés comme le Nigeria (35 milliards de US) et le
Viet Nam (26,5 milliards de USD). 79
II.2.1. Estimation des coûts potentiels des
PPTE
Le coût total de l'Initiative est estimait à 27,4
milliards de dollars en VAN de 1998 (50milliards en Valeur Nominale) pour
trente trois pays qui devraient pouvoir bénéficier d'une aide
(à l'exclusion de Libéria, de la Somalie et du Soudan), soit plus
du double du total du coût pour l'Initiative Initiale, qui était
estimé à 12,5 milliards de dollars. 80
78 .
http://www.
europa.eu.int/comm/europaid /Project/ resal Octobre 2000
79.htt://
www.dette2000.org/rapport-partiel.
ht ml janvier 2001
80 . David A, et Anthony R .(1996), Allégement de la
dette des pays à faible revenu ,
Edition FMI- WASHINGTON, p.26
A cet effet, l'exclusion des Pays susmentionnés se
justifie selon les institutions de Bretton Woods, par des dérapages dans
l'application des reformes ainsi que par des conflits armés et des
troubles politiques dans ces pays qui pourraient retarder leur arrivée
au stade de la prise de décision. Si l'on inclut le Libéria, la
Somalie et le Soudan, le total des coûts en VAN de 1998 serait d'environ
19 milliards de dollars pour l'Initiative finale et 36 milliards de dollars
pour l'Initiative renforcée. 81
Tableau n° 16 : Initiative PPTE et estimation des
coûts potentiels par créancier (en milliard de USD)
LIBELLES
|
Calculs de 33 pays Décembre1999
|
Calcul de 33 Pays actualisé
|
Coût
total en%
|
1.Créanciers Bilatéraux et Commerciaux
|
13,70
|
14,60
|
41,47%
|
Club de Paris
|
11,10
|
11,00
|
31,61%
|
Autres Créanciers Bilatéraux
|
1,70
|
2,50
|
6,70%
|
Créanciers Commerciaux
|
0,90
|
1,10
|
3,16%
|
2.Créanciers Multilatéraux
|
20,40
|
20,20
|
57,06 %
|
Banque Mondiale dont :
|
6,30
|
6,20
|
17,82%
|
- IDA
|
5,70
|
5,60
|
46,09%
|
- BIRD
|
0,60
|
0,60
|
1,61%
|
- FMI
|
2,30
|
2,20
|
6,32%
|
- BAD/ FAD
|
2,20
|
2,30
|
6,17%
|
- BID
|
1,10
|
1,10
|
3,16%
|
- Autres
|
2,20
|
2,20
|
5,90%
|
COUT TOTAL (1)
|
34,10
|
34,80
|
100%
|
COUT TOTAL (2) LIBERIA, SOMALIE et SOUDAN
|
36,60
|
37,30
|
|
Source : Institut International d'Administration
Publique,(Octobre 2000), Rapport d'avancement PPTE, paris, p.7
II.3. Politiques de Soutien
L'Initiative PPTE ne constitue-t-il pas une panacée aux
difficultés économiques et au problème de la
pauvreté des pays africains, la plupart d'entre eux n'auraient-ils pas
encore besoin pendant longtemps d'apports importants d'aide extérieure
concessionnelle ?Il est prématuré de répondre à
cette question, étant donnée que l'Initiative PPTE
elle-même est un processus. Ainsi la réponse viendra au fur et
à mesure qui les pays auront atteint le point de décision.
82
81.Idem.p.23 82.Idem, p.23
II.3.1. Aide Publique au Développement (APD) face
à l'Initiative PPTE renforcée
La mise en oeuvre de l'Initiative PPTE renforcée est
certes un pas dans la bonne direction car beaucoup des PPTE, verront leur dette
réduite, comme le Niger au mois de mai 2004. Mais une question
mérite d'être posée : l'Aide Publique au
Développement fera-t- elle les frais de la remise de dette ?
Pour l'Initiative PPTE, il faut trouver plus de 28 milliards
de dollars, dont plus de la moitié sera à la charge des
Institutions Financières Multilatérales. Le risque est grand de
voir les pays donateurs affectés pas la remise de la dette les
ressources qu'ils destinaient à l'Aide Publique au
Développement.
Au- de là de la remise de la dette le vrai combat en
faveur de la solidarité internationale reste donc celui des 0,7% du PIB
que les pays riches se sont engagés à consacrer à l'aide.
83
II.3.2. Allégement de la dette lié à
la réduction de pauvreté
En est -il possible de faire pour que l'allégement de la
dette conduise à la véritable réduction de la
pauvreté ?
L'examen de l'Initiative PPTE et le processus consultatif ont
fait une large place à la question de savoir comment lier, de
matière plus étroite et plus transparente l'allégement de
la dette aux actions de réduction de la pauvreté ; un accord sans
ambiguïté s'est fait jour sur plusieurs points importants :
- premièrement et avant tout, l'allégement de la
dette doit s'inscrire dans une stratégie intégrée de
réduction de la pauvreté comportant toute une gamme des
politiques axées sur l'amélioration des programmes sociaux, une
bonne gestion des affaires publiques et l'instauration d'une croissance
économique qui profite au plus grand nombre. En approuvant un
allégement de dette prononcé, plus large et plus rapide les
gouvernements ont aussi en septembre 1999 adopté un conjoint de la
Banque Mondiale et du Fonds Monétaire et International qui décrit
une telle
démarche; 84
- au titre d'un cadre renforcé de
réduction de la pauvreté, l'allégement de la dette
consenti au titre de l'Initiative PPTE sera lié à la mise en
place de stratégies nationales de réduction de la pauvreté
conçues par les gouvernements pour que l'allégement de la dette
et plus largement l'aide extérieure au développement, fasse une
réelle différence dans la vie des pauvres; 85 au point
d'achèvement sera touj ours subordonnée à la constatation
de progrès dans la mise en oeuvre d'une stratégie de
réduction de la pauvreté.
- toutefois à titre transitoire les pays pourront
accéder au point de décision sans qu'il y ait accord sur un cadre
stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), mais
l'accession
83.DUROUR, P. ,(Octobre 2000) , Relations
financières internationales .Ed II AP/ Paris,p.21 84.
http://
www.Worldbank.org/hipc/french
85.Idem
II .4 . Accès de la RDC à l'Initiative PPTE
Renforcée
L'accès de la République Démocratique du
Congo au point de décision de l'Initiative PPTErenforcée est le
fruit d'efforts d'ajustement soutenus du gouvernement, dans un contexte
politique difficile marqué par la partition du pays à cause de la
guerre et par la dégradation des indicateurs économiques et
sociaux depuis plusieurs dizaines d'années.
Puisant les grandes lignes de son action dans le discours
d'investiture du chef de l'Etat du 26 janvier 2001, le gouvernement a mis en
place, avec le concours des services du FMI et de la Banque Mondiale, deux
programmes économiques successifs. Le premier dénommé
Programme Intérimaire Renforcé (PIR), de juin 2001 à mars
2002, visant essentiellement à casser l'hyper- inflation et à
créer les conditions propices à la relance de l'activité
économique. Et le second, communément appelé, Programme
Economique du Gouvernement (PEG), couvrant la période 2002-2005, vise la
consolidation de la stabilité macroéconomique et la relance de la
croissance économique en vue de réduire la pauvreté.
Fondé essentiellement sur l'exécution
équilibrée des opérations financières de l'Etat, la
maîtrise de l'expansion monétaire et la mise en oeuvre des
reformes structurelles, les deux programmes ont permis :
· la reprise de la coopération avec la
communauté financière internationale après 11 ans de
rupture ;
· l'exécution sur base caisse des
opérations financières de l'Etat, qui se sont soldés par
des excédents en 2002. Néanmoins, il importe de relever le faible
niveau d'exécution des dépenses d'investissement dont la
réalisation est tributaire au décaissement des ressources
extérieures;
· la réalisation en 2002 d'un taux de croissance de
3%, après 13 années de contraction du PIB et de 3,5% en 2003;
· la réduction sensible du taux d'inflation qui est
passé de 511,2% à la fin 2000, à 135,1% à fin 2001
puis à 16% à fin 2002, et à 4,4% à fin 2003.
86
C'est au vu de ces résultats et des efforts entrepris
par le gouvernement en vue de la réunification du pays et de la
réconciliation nationale que les conseils d'administration du Fonds
Monétaire International et de la Banque Mondiale ont
décidé à l'issue de leurs réunions tenues
respectivement les 23 et 24 juillet 2003, d'une part le décaissement en
faveur de la R.D.C. de la 3ème tranche de la FRPC de plus ou
moins 37 millions de USD, au titre d'appui à la Balance des paiements et
d'autres part, son accession au point de décision de l'Initiative
PPTE.
86 .MASSANGU MULONGO. ,Op.cit p.3
L'accession de la R.D.C. au point de décision
constitue un événement majeur qui devrait positivement affecter
les perspectives de croissance du pays. Cette décision comporte
plusieurs retombées. D'abord sur le plan externe:
· l'annulation de 90% du service total de la dette
extérieure de la R.D.C. pendant la période intérimaire de
2003 à 2006. Cet allégement a permis une réduction du
service de la dette de l'ordre de USD 36 millions en 2003, et permettra une
réduction de 100 millions en 2004 et 173 millions en 2005;
· l'allégement du service de la dette de USD
1,031 milliard (environ USD 831 millions en VAN), sous forme d'une
réduction de 90% du service de la dette sur les crédits de l'IDA
de 2003 à 2005;
· l'allégement de la dette envers le FMI de
près de USD 0,472 milliard en VAN sous forme d'une réduction
annuelle moyenne du service de la dette d'environ 50% jusqu'en 2012;
· l'annulation à hauteur de 80% du stock de la
dette au point d'achèvement en cas de succès du programme. Dans
ces conditions, la dette passerait de USD 8,404 milliards à 1,557
milliard en VAN, soit une réduction de USD 6,311 milliards. Ce stock de
1,557 milliard correspond à 2,568 milliards de USD en terme nominal.
87
Il y a lieu de rappeler que la République
Démocratique du Congo, avait bénéficié d'une
annulation de près de 4,6 milliards en 2002 lors de son passage au Club
de Paris, avec la possibilité d `accéder aux nouvelles ressources
extérieures pour la reconstruction du pays.
Sur le plan interne, le ressources provenant de
l'allégement additionnel du service de la dette du fait de l'accession
au point de décision, doivent être affectées aux
dépenses de lutte contre la pauvreté recensées dans le
(DSRP-I) Document Intérimaire : la santé, l'éducation, les
infrastructures de base, l'approvisionnement en eau potable et en
électricité. Les principaux objectifs du gouvernement, à
travers le DSRP - I soumis aux partenaires et qui devra être
finalisé avant le point d'achèvement, sont des trois ordres
· restaurer la paix et promouvoir la
réconciliation nationale;
· assainir l'environnement macroéconomique et
stabiliser l'économie;
· assurer la sécurité alimentaire,
éducation et la santé.
Tous ces trois axes sont pris en compte dans le programme
triennal du gouvernement appuyé par la FRPC. 88
L'accession de la RDC au point de décision de
l'initiative PPTE est le résultat d'un processus de deux ans et demi qui
est passé par des décisions et mesures courageuses et parfois
impopulaires prises par le gouvernement. L'une des mesures les plus importantes
et peut être les plus difficiles a été celle d'autoriser la
Banque Centrale du Congo d'abandonner à partir du 27 mai 2001 le
régime du taux de change fixe au profit de celui à taux
flottant.
87 .MABI MULUMBA Evariste (2004), L'accession de la RDC à
l'Initiative PPTE et la relance
économique, Kinshasa, p.4
88.Ibidem
En principe, dès le mois de septembre 2002 le
gouvernement aurait dû revoir la structure de ses dépenses en
faveur des secteurs de l'éducation, de la santé du
développement rural et des infrastructures, n'eussent été
les pressions des exigences de la réunification du territoire national,
qui ont maintenu la prépondérance les dépenses politiques
et militaires.
L'allégement de la dette n'est pas une fin en soi. Le
problème fondamental est celui d'amorcer un développement humain
durable par la création d'un environnement favorable aux investissements
créateurs d'emplois décents.
On ne peut atteindre un développement humain durable
que par l'amélioration de la situation de l'emploi. Selon le Document
Intérimaire de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté, document élaboré dans le cadre du Programme
Economique du Gouvernement, « l'emploi a plus tragiquement subi
les
conséquences des difficultés de l'Etat
caractérisées par la mauvaise gestion des entreprises publiques
et l'absence de politique de partenariat et d'incitation aux investissements
»89.
Le défi du gouvernement de transition sera notamment
de conduire la nation au point d'achèvement de l'initiative PPTE afin de
permettre à la population de jouir pleinement du fruit des sacrifices
consentis durant la mise en oeuvre de ces programmes.
89.Ibidem
Section III. L'initiative PPTE et les perspectives de
croissance
La réduction du stock de la dette est une chose, mais
rendre soutenable la dette d'un pays suppose qu'on l'ait engagé sur la
voie d'une croissance durable. Si l'Initiative PPTE offre effectivement des
nouvelles opportunités de développement, il faudrait les
exploiter à suffisance et les mettre au profit de la population,
particulièrement des pauvres.
3.1. Allégement de la dette et la réduction
de la pauvreté
Ce dernier point de l'étude nous permettra de
répondre aux questions que nous nous sommes posées sur la
réduction de la pauvreté, à savoir: l'Initiative PPTE
est-elle une issue au problème de réduction de la pauvreté
en République Démocratique du Congo ? Que faut-il faire pour que
l'allégement de la dette conduise à une véritable
réduction de la pauvreté ? Nous parlerons des perspectives de la
croissance en RDC, car il n'est pas possible de réduire la
pauvreté sans réaliser une croissance de qualité.
Le 12 juin 2002, la RDC a bénéficié d'un
crédit relais de 402,3 millions DTS (environ 519,0 millions USD) pour
apurer ses arriérés envers le Fonds Monétaire
International. Ce crédit relais lui a été accordé
conjointement par la Belgique, la France, la Suède et l'Afrique du
Sud.
A la même date, le Conseil d'Administration du FMI a
consenti à la RDC un prêt sur 3ans de 750
millions USD, soit 581,4 millions DTS à des conditions
concessionnelles (0,5% de taux d'intérêt annuel remboursable sur
10 ans par paiement semestriel, avec un délai de grâce de 5ans
1/2) au titre de Facilité pour la Réduction de la Pauvreté
et pour la Croissance. Un tirage de 420 millions
DTS soit 541,8 millions USD a été
effectué sur ce montant dont 402,3 millions ont servi au remboursement
du crédit relais. La différence, soit 17,7 millions DTS ( soit
22,8 millions USD) est destinée en partie à la constitution d'une
provision pour le paiement des charges d'intérêts dus au FMI en
2002-2003 (8,7 millions DTS) et le solde, soit 9 millions DTS, à l'aide
à la balance des paiements.
Le crédit de la relance économique
accordé par la Banque Mondiale a été utilisé en
partie au règlement des arriérés envers cette Institution
soit 330 millions USD. En sus du remboursement du crédit relais, deux
autres tirages totalisant 72,0 millions USD ont été
effectués sur les ressources du crédit de relance
économique, à savoir :30,0 millions USD destinés à
échéance envers la Banque Mondiale et 42,0 millions au titre
d'aide budgétaire.
En août 2002, la Banque Mondiale a accordé un
deuxième crédit de 454 millions de dollars destiné
à appuyer le Programme Multi-Sectoriel d'Urgence, de Reconstruction et
de Réhabilitation. La RDC était éligible à ce
mécanisme : c'est un pays pauvre où le revenu national brut par
habitant est loin inférieur à la norme de l'admissibilité
au guichet de l'IDA, c'est-à-dire au guichet des prêts
octroyés à des conditions concessionnelles.
Du 12 au 13 septembre 2002, se sont en plus
déroulées à Bercy (Paris) au siège du
Ministère de l'économie et finances, les négociations
entre la partie congolaise, conduite par le Ministre des finances et budget et
les créanciers du Club de Paris conduit par le Président du Club.
Ont pris part a ce forum en tant qu'observateurs, les
délégués du FMI, de la Banque Mondiale, de la BAD, de
l'OCDE, de la CNUCED et de l'Union Européenne. Ces négociations
ont été sanctionnées par un accord dit procès
verbal agrée à Paris le 13 septembre 2002 ou « accord X
».
Cet accord traite environ 8980 millions USD dont environ 16%
au titre des prêt d'APD. Ce montant consiste en 8490 millions USD
d'arriérés en principal, intérêts et
intérêts de retard au 30 juin 2002 et 30 juin 2005.
Cet accord a été conclu selon les termes de
Naples. Les prêts d'APD pré-date butoir doivent être
remboursés sur 40 ans, dont 16 ans de grâce à un taux
d'intérêt favorable que le taux concessionnel de ce prêt et
les échéances sur les crédits commerciaux pré-date
butoir sont traitées de manière à obtenir un taux de
réduction de 67% en prenant en compte les réductions
déjà mises en rééchelonné sur 23 ans dont 6
ans de grâce à un taux d'intérêt de marché. Ce
traitement a conduit à une annulation immédiate d'environ 4640
millions USD sur la dette extérieure du Club de Paris. Ces mesures ont
réduit aussi le service de la dette due aux créanciers du Club de
Paris entre 30 juin 2002 et 30 juin 2005 de 9090 millions USD à 390
millions USD.
La lutte contre la pauvreté est par l'hypothèse
l'objectif premier de toutes stratégies et politiques de
développement préconisées ou mises en oeuvre aujourd'hui
par des dirigeants des pays en développements, mais y parvenir n'est pas
chose facile. Au regard de la profondeur et de la péristance des crises
économiques en Afrique subsaharienne, singulièrement en RDC,
extirper la pauvreté ou en réduire l'incidence exige beaucoup, la
stabilité macroéconomique ne saurait suffire pour cette
fin90.
La projection faite du ratio VAN de la dette sur Exportations
des biens et services pour l'année 2007, est de 375%. Bien que le pays
ait accédé au point de décision de l'Initiative, sa dette
reste toujours insoutenable. Ce qui porte à croire que le régime
PPTE n'est pas une panacée au problème de la réduction de
la pauvreté.
Le tableau suivant témoigne de l'insuffisance de
réduire la pauvreté par le régime PPTE en RDC.
Tableau n° 17 : Projection du revenu par jour et
par habitant
ANNEE
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
PIB au Prix Constant (millions $)
|
5.518
|
5.456
|
5.966
|
6.560
|
7.156
|
7.769
|
8.434
|
9.114
|
9.848
|
Population En millions
|
55,6
|
57,3
|
59,0
|
60,8
|
62,6
|
64,5
|
66,4
|
68,4
|
70,5
|
PIB/habitan ($/ Jour)
|
0.28
|
0,26
|
0,28
|
0,29
|
0,32
|
0,33
|
0,35
|
0,37
|
0,38
|
|
Source : Fond Monétaire et
International(2003 ) , Soutenabilité de la dette et ressources
PPTE,
Kinshasa, Décembre, p.4
90.Nshue Mbo mokime.A, (2004) « Réduire
la pauvreté de moitié d'ici 2015 :Le Congo est-il bien parti ?
», in Economie et Développement , n°1, CRES , Kinshasa,
p.6
L'analyse du PIB par jour et par tête d'habitant montre
que de 2002 à 2010, le revenu par jour et par habitant reste en
deçà de 2 USD. Il s'est situé à 0,28 USD en 2002 et
sera de 0,38 USD en 2010. Dans ces conditions, le fardeau de la dette et de ses
intérêts constitue un obstacle pour le Congolais de jouir du bien
être pour lui-même et sa famille, y compris de la nourriture, des
vêtements et d'un logement suffisant.
Le modèle de développement fondé
essentiellement sur le secteur public que la RDC a retenu depuis son accession
à l'indépendance, a montré sa fragilité sous les
effets combinés du choc pétrolier de 1974 et de la baisse de
cours mondiaux du cuivre ainsi que son incapacité à produire
assez de richesse pour répondre aux besoins de la population. Ajouter
à l'initiative PPTE, nous pensons pour ce qui nous concerne, que le
mécanisme PPTE tend aussi à démontrer ses limites. Dans le
cas de la RDC, même après le point d'achèvement, le fardeau
de la dette bien qu'estimée à 1,500 milliard, sera toujours
insoutenable et hypothéquera les chances d'amorcer une croissance
élevée et soutenue dans deux à trois ans voir dix ans.
Au regard de cet état de choses, le Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale, devront être plus
créatifs pour définir d'autres modalités
d'allègement de la dette impliquant notamment la disponibilisation de
ressources extérieures plus importantes pendant la phase finale.
L'appui de la Communauté Internationale ne produira
qu'un impact marginal si elle ne s'attaque pas d'urgence et efficacement aux
problèmes posés par les capacités humaines et
institutionnelles qui constituent l'un des facteurs clés de la faible
absorption des ressources fournies aux pays en conflit ou sortant d'un conflit
armé.
Pour que le pacte entre les pays riches et les pays en
développement, soit réalisé, nous pensons que les pays
riches doivent effectivement conjuguer des efforts, pour atteindre les
objectifs.
Ils doivent définir des échéances et des
cibles concrètes, en agissant également sur plusieurs fronts :
par exemple un démantèlement des subventions commerciales et
droits de douane inéquitables, afin d'instaurer des conditions
égales pour tous. La zone OCDE par exemple verse plus de 300 milliards
USD de subventions agricole chaque année. Aux Etats-Unis, les
subventions à la culture de coton se montent à plus de trois fois
l'aide de ce pays à l'Afrique Subsaharienne. En Union Européenne,
Les subventions en numéraire accordées par vache laitière
sont supérieures à l'aide par habitant destinée à
l'Afrique Subsaharienne91.
Que faire dans des telles conditions ? Nous pensons
qu'il faut exhorter donc les pays riches à supprimer les droits de
douane, quotas et subventions discriminatoires qui nuisent aux échanges
et aux investissements agricoles par exemples dans les PED et la RDC en
particulier, ensuite il faut annuler totalement la dette des PED, parce que sa
suppression pourrait intervenir sans mettre en cause l'équilibre
financier des institutions financières privées et sans menacer le
système financier international.
91 PNUD, (2003) ; « Rapport Mondial sur le
Développement humain »,New-York,p.2
Si chaque année les pays en développement
remboursent plus de 240 milliards USD, les allègements de dette
prévus dans le cadre du régime PPTE devraient porter à
terme, sur 73 milliards de stock de dette. Cela peut paraître important
à première vue mais ne représente que 2,8% du stock de la
dette de l'ensemble des pays en développement. 92
Comment lier les allègements de la dette à
une véritable réduction de la pauvreté ?
L'utilisation des
fonds dégagés par les allègements de
dette est une des préoccupations principales des organisations de la
société civile mobilisées autour de la question de la
dette. Il convient à la fois de s'assurer que ces fonds serviront au
financement du développement et d'éviter d'en tirer
prétexte pour imposer des conditions excessives. Il importe de mettre en
place des mécanismes transparents; d'attribution des fonds, associant
les organisations de la société civile locale et les
églises.
En Ouganda par exemple, la mise en place d'un tel
mécanisme a fait que l'allègement de sa dette lui ait permis de
doubler son taux de scolarisation primaire, et d'augmenter de 270% ses
dépenses de santé publique93.
L'intégration des Documents de Stratégies pour
la Réduction de la Pauvreté (DSRP) dans le cycle
budgétaire témoigne du souci de rendre les actions
gouvernementales efficaces et bénéfiques pour la
collectivité. Les raisons de cette formule sont premièrement,
l'affectation des ressources budgétaires à la lutte contre la
pauvreté et deuxièmement, la détermination des
autorités à exécuter des politiques favorables aux
pauvres
L'admission de la RDC à cette initiative devrait en
principe, conduire à certaines réalisations en matière de
lutte contre la pauvreté, mais les choses semblent ne pas vraiment
évoluer dans ce sens. Nonobstant l'allégement de la dette en
septembre 2002 et la fin de la guerre, les dépenses politiques et
militaires demeurent prépondérantes. En 2003, il a
été prévu d'engager des dépenses PPTE, pour un
montant de 11.783 millions de Franc congolais, mais malheureusement, leur
exécution étant nulle. Et jusqu'à la fin du mois de
février 2004, aucune dépense PPTE n'a pas été
engagée. Et comme dit Essimbo (2003), citer par Nshue Mbo
Mokime94 le gouvernement doit prouver ses capacités et sa
détermination à orienter sa politique en faveur des pauvres.
Pour permettre aux pays d'orienter les fonds
dégagés par l'Initiative PPTE dans les projets de
développement à caractère social, il faudrait que l'APD
augmente pour financer ces allègements. Mais par - delà ces
augmentations, il faudrait qu'il y ait amélioration de la gouvernance
politique et
économique. Une plate forme qui plaide pour la dette et
son développement avait pensée que « la
mise en place d'une telle instance indépendante
arbitrant les intérêts des débiteurs et créanciers,
devrait être confiée aux Nations Unies et prendre en compte le
respect des besoins et des droits fondamentaux des populations et la
reconnaissance de l'illégitimité de certaines créances
». 95
92 . Voir Plate Forme (janvier 2002), Dette et
Développement, Tiré sur Internet :
www.dette2000.org 93. Nshue Mbo
Mokime, A, (2004) Op. cit.p.6
94 .Voir plate forme ,Op.cit
94.Ibidem
3.2 La bonne gouvernance et résolution du
problème de la dette
Comment peut-on résoudre le problème de
l'endettement de la RDC ? Il ne semble pas exister une
réponse unique à cette question.
Plusieurs réponses sont réservées,
à cette question tout dépend d'une opinion à l'autre.
Néanmoins, parmi les solutions possibles ayant retenu notre attention
pour résoudre le problème de l'endettement de la RDC, on peut
noter ce qui suit :
· le rééchelonnement de la dette payable
d'ici dix à vingt ans sans intérêts en attendant que la
République Démocratique du Congo retrouve une croissance
économique suffisante.
· Le renouement avec les principes de bonne gestion et
de bonne gouvernance afin d'éviter que les mêmes causes produisent
les mêmes effets, que les emprunts futur n'hypothèquent à
nouveau l'avenir des générations entières. La dette
publique de la République Démocratique du Congo, s'est
accumulée parce que les hommes et des femmes jugés aptes n'ont
pas assumé dans les faits leur citoyenneté. C'est ainsi que des
hommes de tout bord qui ont accédé au pouvoir de l'Etat ont
contracté des dettes pour le compte de, se sont scandaleusement enrichis
au passage et ont laissé à la nation un lourd passif difficile
à éponger.
Un contrôle démocratique s'avère
indispensable pour la gestion rationnelle des emprunts futurs.
94
Comme le montre le modèle de Quaden95,
l'emprunt à l'extérieur pour s'avérer pertinent, doit
financer la croissance, et cette pertinence dépend de l'importance des
taux de croissance affichés et de la différence entre croissance
et intérêt à payer. Dans ce sens, il s'avère
nécessaire sinon indispensable d'améliorer la gouvernance
économique et politique pour permette aux pays pauvres de faire face
à la crise de l'endettement.
Les résultats peu reluisant que l'économie
congolaise a réalisé depuis des années sont à la
base de la crise de l'endettement du pays. En effet, si le pays orchestrait sa
marche sur le sentier de la croissance, il aurait pu faire face au tribut de la
dette. Mais il n'a pas été possible de procéder de la
sorte à cause de la gestion prédatrice qui a
caractérisé le pays. En effet, comme le souligne Mabi
Mulumba, la solution pour la RDC consistera à de remettre de
l'ordre dans les finances publiques, s'assurer de l'efficacité de
l'action publique et il faudra de l'équité sociale dans la
manière de gérer les fonds publics et les ressources PPTE.
L'essence du nationalisme étant la primauté des
intérêts du groupe social sur ceux des individus, le gouvernement
de la République Démocratique du Congo devrait se
présenter comme porte parole, réalisateur et défenseur de
intérêts sociaux.
94.
http://WWW./users.
Skynet.be/cadnt/pages,décembre2002 95.Thetika .B ., 2003,
Op.cit , p.90
Il ne fait l'ombre d'aucun doute que la paix et bel est bien
une condition nécessaire au bon fonctionnement des économies et
à leur développement. Quoique les dividendes qu'elles offrent ne
sont pas quantifiables, il est difficile d'observer une stabilité
macroéconomique et de réaliser la croissance sans paix. A ce
propos, Mankiw (1999), citer par Nshue Mbo
Mokime96 .x les guerres sont des traumatismes
autant pour les combattants que pour les économies >>.
En effet, ces deux guerre ont négativement pèse
sur le cours de l'activités économique dans le pays en
interdisant aux détenteurs de capitaux d'investir massivement dans le
pays. Mais, faut-il leur attribuer toute la responsabilité des contre
performance économique de es dernières années ? Nous
pensons en qui nous concerne que le mode de gouvernance des décideurs
même en période de paix a eu des incidences plus grandes que les
guerres. Déjà le changement de régime en 1997 qui se
réclamait être une libération n'a pas marqué
positivement le processus de démocratisation et la gouvernance
.xéconomique. La politique de fixing du taux de change, interdiction de
la libre circulation des devises et le monopole octroyé à la
société Israélienne International Diamond Industries
(IDI) furent des véritables fiasco pour le
pouvoir97.
Le concept de bonne gouvernance a été introduit
en Afrique à partir des années 90. Dans l'entendement des
Anglo-saxons, les critères de cette bonne gouvernance sont : la
responsabilisation des gouvernements et de leur administration, la
participation au système politique la transparence des
procédures, la prévisibilité des comportements, etc..
Concrètement, la bonne gouvernance dans le cas de la RDC doit avoir pour
but final une redistribution juste des revenus. Cette bonne gouvernance
apparaît aujourd'hui comme une des conditionnalités politiques
exigées par les organismes internationaux en invitent les dirigeants des
PED à des modes de gestion susceptibles d'apporter un mieux-être
aux populations. Et pour ce faire, ces organismes encouragent la
prépondérance de la société civile qui doit servir
de contrepoids au pouvoir, dans la gestion de la chose publique, dans le
respect des droits de l'homme, et de l'excellence, et récompensent
financièrement les progrès dans la démocratisation.
La RDC a opté pour une économie libérale.
Ce type d'économie a ses caractéristiques, à savoir : la
propriété privée des moyens de production, la libre
concurrence des producteurs et la recherche du profit. Si elle a l'avantage de
simplifier la gestion étatique, par contre, elle se met en crise
aussitôt qu'elle est contrariée ou que les moyens matériels
ou humains deviennent qualitativement ou quantitativement insuffisants pour
assurer son bon fonctionnement.
Tala-Ngai98, pour compléter a ce sujet .x
il faut des hommes d'une compétence éprouvée, apte
à saisir les mécanismes internes et externes des marchés
et capables d'appliquer correctement les impératifs du
libéralisme économique >>.Pour Musangu
Luka99 .x l'accumulation du capital humain devrait passer
obligatoirement par les secteurs de l'éducation et de la santé.
Les investissements dans ceux deux secteurs améliorent directement le
bien-être des populations, mais contribuent également de
façon indirecte au renforcement des différentes forme du capital,
qui concourent à l'accroissement des revenus. Par conséquent, le
développement du capital humain est à la fois essentiel pour la
croissance et un moyen de lutte contre la pauvreté. >>
96. Idem, p.7
97. Nshue Mbo Mokime, A , (2002), Op.cit. p.7
98. Tala - Ngai,(2001), Op.cit, p.93
99.Musangu-Luka,(2004)Annulation du capital humain en
RDC faut-il une éducation de masse ou d'élite ? in Economie et
Développement, n° 1 ,CRES, Kinshasa, p.16
Depuis l'accession du pays à l'indépendance,
quelques caractéristiques communes observées font douter des
méthodes de gestion ou de la manière d'appréhender la
gestion de la chose publique. Quelques exemples illustre ce propos:
1. Un nombre incalculable de colloques, séminaires,
ateliers initiés presque quotidiennement sur l'ensemble du territoire
national pour résoudre différents problèmes sont
restés sans suite parce que l'applicabilité des
résolutions n'a jamais fait l'objet de ces concertations ; tout se passe
comme si la finalité des la discussions est d'aboutir à une
déclaration sans se soucier de la viabilité des solutions
proposées ; cela est peut être dû à l'ignorance,
à la mauvaise appréhension, des problèmes
spécifiques rencontrés sur le terrain, ou pour n'avoir pas pris
suffisamment en compte le champ d'application de ces mesures.
2. Plutôt que d'attendre la sanction populaire sur leur
gestion, les dirigeants s'octroient des autosatisfécits à travers
les médias pour démontrer leur efficacité, ainsi les
actions les plus anodines sont montées en épingle pour masquer
les lacunes laissées dans l'ombre et tenter d'occulter le manque
flagrant d'efficacité dans les actions menées.
Le mode de gestion des affaires n'ayant pas changé, la
guerre de 1998 ne pouvait qu'être prévisible pour les esprits
clairvoyants. Tout compte fait, les guerres ont été
néfastes pour développement du pays mais leur
responsabilité dans la crise socioéconomique n'est pas à
comparer avec celle qui revient à la mauvaise gouvernance.
Nous pensons qu'une bonne gouvernance économique et
politique est pensable pour résoudre le problème d'endettement.
Et la République Démocratique du Congo doit trancher
définitivement avec les espérances du passé, il faudrait
revoir en profondeur un modèle de développement et surtout son
mode de gouvernance. En paraphrasant, le Représentant de la Banque
Mondiale Ruhl (2003), a ce même propos, soutient en se fondant
sur le travaux de Paul collier « que la République
Démocratique du Congo pourrait tomber à nouveau dans un conflit
si un processus de paix démocratique n'intervenait pas de manière
effective », le caractère assez fragile de la transition est
de mauvaise augure pour la résorption durable de la crise et la sortie
de l'ornière de la pauvreté. La mauvaise gouvernance perturbe la
paix sociale et conduit toujours à une régression
économique avec comme corollaires, la perte du pouvoir d'achat des
masses laborieuses, la perte d'emploi, la méfiance de la population
vis-à-vis de l'autorité.
3.4. Réformes structurelles et relance
économiques
Depuis les années 70, lorsque les pays de l'Afrique
sont devenus membres des Institutions de la Communauté Internationale,
le binôme crédit aide est resté la base logique de leur
développement. Le crédit s'est traduit par l'impasse de la dette
qui, de versement en rééchelonnements, continue d'entraver la
croissance des pays d'Afrique.
Pour réaliser la croissance d'environ 7%
envisagée dans les objectifs internationaux de développement pour
diminuer de moitié l'incidence de la pauvreté en Afrique
subsaharienne d'ici 2015 , le continent a besoin de combler un déficit
annuel de 12% de son PIB, soit 68 milliards USD. Il faudra pour ce faire
augmenter l'épargne domestique et améliorer la perception des
recettes fiscales.
Cependant, la majeure partie de ces ressources devra
être obtenue de l'extérieur du continent, c'està-dire du
reste du monde. Selon le Nouveau Partenariat pour le développement de
l'Afrique, « NOPADA » en sigle, ce sont avant tout la
réduction de la dette dans le cadre du mécanisme PPTE et
l'accroissement de l'Aide Publique au Développement (APD) qui
apporteront les ressources extérieures requises à court et moyen
terme, tandis que les apports des capitaux privés doivent être
envisagés plutôt à long terme.100
Le gouvernement devrait revoir en pro fondeur la structure de
ses dépenses en faveur des secteurs de l'éducation, de la
santé du développement rural et des infrastructures, nonobstant
les pressions des préoccupations d'ordre sécuritaire et des
exigences de la réunification du territoire national, qui ont maintenu
la prépondérance les dépenses politiques et
militaires.101
On ne peut réaliser un développement humain
durable sans l'amélioration de l'emploi. Selon le Document
Intérimaire de stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP-I), document élaboré dans le cadre du
Programme Economique du Gouvernement (PEG), l'emploi a le plus tragiquement
subi les conséquences des difficultés de l'Etat
caractérisées par la mauvaise gestion des entreprises publiques
et par l'absence de politique de partenariat et d'incitation aux
investissements. L'emploi a représenté 2% de la population totale
en 2000 et 4% de la population active, 8%, 18% et 35% en 1958,et à titre
ullistratif de cette situation, quelle différence peut-on établir
entre le chômeur et cet employé des Lignes Aériennes
Congolaises(LAC), impayé depuis 118 mois ?102
Lorsque nous prenons en compte la situation économique
de la République Démocratique du Congo qui est celle d'une
économie post-conflit mis en place depuis le début 2001 avec
l'accompagnement des institutions financières internationales, des
coopérations multilatérales et bilatérales, un programme
de stabilisation économique, ainsi qu'en avril 2002 le PEG dont un des
volet est le Programme Multiculturelle d'Urgence, de Réhabilitation et
de Reconstruction (P.M.U.R.R.). Si alors, le programme de stabilisation de 2001
avait pour objectif la création d'un environnement favorable à la
relance économique, le PMURR s'engage dans des actions de reconstruction
et de réhabilitation des infrastructures de base et de production,
particulièrement les infrastructures routières,
spécialement les routes de desserte agricole appelée à
désenclaver les zones agricoles pour faciliter l'écoulement de
leurs produits ainsi favorisée103
100 . Idem
101. Tala-Ngai , Op.cit, p.173 102.Mabi Mulumba
.Op.cit, p.4 103 . Idem ,p.4
En espérant, que la restructuration des entreprises
publiques ira dans nombre de cas, aboutir à leur privatisation. La
faiblesse du modèle de développement de la RDC ont mis en
évidence la nécessité de réaliser des reformes
profondes tant dans le portefeuille de l'Etat que dans les systèmes
financier et fiscal. La restructuration des entreprises publiques est à
envisager pour cause d'efficacité économique. En ce qui nous
concerne, nous croyons qu'une privatisation partielle serait la bienvenue, car
il faudrait tenir compte de la dimension sociale pour permettre à la
population de s'assumer. En tout état de cause, il y a lieu de penser
que la plupart de pays Africains et la RDC en particulier seraient plus
prospèrent si l'Etat se concentrait sur la mise en oeuvre des services
essentiels au lieu de diriger des entreprises publiques qui peuvent être
bien gérer par le secteur privé; la privatisation pourrait donc
s'avérer efficace. Et même si l'ouverture extérieure peut
entraîner la disparition de certaines entreprises nationales moins
efficaces face à la concurrence étrangère, on doit
s'attendre à la création d'autres entreprises, plus efficacement
bâties sur les décombres des anciennes, si ces réformes
sont bien menées.
Il sera donc d'une nécessité impérieuse
d'accompagner les travailleurs ainsi libérés de même que
ceux déjà en chômage suite à la fermeture soit de
leurs entreprises en leur fournissant les moyens de se prendre en charge pour
faire reculer l'informel et la pauvreté et contribuer à la
création d'emploi plus humain. Mabi Mulumba104
propose à ce sujet que cet accompagnement prenne la forme d'un
fonds de financement aux conditions allégées pour ceux qui
manquent des capitaux ou d'une assistance technique en gestion.
104. Ibidem, p.4
3.4.1. Participation des pauvres au processus de
croissance
L'allégement de la dette n'étant pas une fin en
soi, le problème fondamental est celui d'amorcer un développement
humain durable par la création d'un environnement favorable aux
investissements créateurs d'emplois décents et ainsi renouer avec
la croissance. Pour y parvenir
Il faudra mettre de l'ordre dans la gestion des finances
publiques et orienter les ressources financières disponibles vers les
secteurs économiques rentables ou vers ceux à effet
multiplicateur ou d'entraînement sur d'autres.
Il est indispensable que l'on offre aux pauvres la
possibilité de participer au processus de croissance économique
en leur donnant accès à des moyens et en accroissant la
rentabilité des actifs dont ils disposent déjà. On peut
citer comme intervention de type immédiat les réformes agraires
,les programmes de réinstallation, les possibilités de
crédit spécial et le programme de formation. A plus long terme,
les investissements dans la mise en valeur des ressources humaines sont
indispensables à la fois pour accroître la rentabilité du
travail et promouvoir la mobilité sociale.
La création d'un mécanisme d'octroi des
crédits aux petits planteurs par exemple avec une amélioration de
la vulgarisation agricole destinée aux petits exploitants. Mais
également une extension de l'adduction d'eau dans les zones pauvres par
la remise en état des routes rurales, pour faciliter l'accès aux
marchés à partir des zones rurales éloignées et
pour encourager le développement du système de micro
marché dans le secteur structuré. Le Nigeria par exemple est
parvenu à relier toutes les grandes villes par des routes
asphaltées ce qui favorise les échanges et en même temps
diminue le prix des produits. Nous pensons que ce sont là les projets
qui devraient être soutenus par la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International, en matière de population, de
santé, de nutrition et d'éducation.
La lutte contre la pauvreté et la croissance ne
porteront leurs fruits que lorsque des progrès cohérents auront
été réalisés simultanément sur beaucoup des
fronts, sinon tous. Cette lutte en République Démocratique du
Congo exige une large gamme d'actions qui se renforcent mutuellement sur les
problèmes aussi disparates que la dette, l'environnement, le role de la
femme le développement institutionnel, la sécurité
alimentaire et les services sociaux de base.
Comment renouer avec la croissance et lutter efficacement
contre la pauvreté dans un lorsque le Congolais moyen qui, dans son
imaginaire habituel croit ferme en un Congo riche, ce dernier étant
comme foudroyé en apprenant que la Communauté Internationale
classait son pays, malgré ses immenses potentialités parmi les
pays le plus pauvres de la planète et très endettés. La
lutte contre la pauvreté exige des actions visant à provoquer des
changements politiques aux niveaux macro et micro sectoriels, et à
soutenir une mise en oeuvre efficace des programmes et projets au niveau
micro.
Parce qu'il ne faut pas imputer tous les maux du pays à
l'endettement extérieur. Celui-ci n'est pas un obstacle qui s'impose le
plus fondamentalement à la croissance économique; il n'est qu'un
facteur limitatif parce que son remboursement recourt à des fonds qui
auraient pu financer des investissements nécessaires à la
croissance.
Si la dette extérieure paraît aujourd'hui
insupportable par tête d'habitant, surtout en ce qui concerne le
coût du service, c'est parce qu'il y a eu d'une part cessation de
paiement depuis plusieurs années , après 11 ans de rupture et
d'autres part, persistance d'un marasme économique favorisé par
une instabilité politique prolongée. 105
3.5. Ouverture extérieure
Si les années 70, ont été celles de
l'instabilité, des taux de change flottants et des chocs
pétroliers , les années 80, marquées par le «
consensus de Washington >>, sont celles, durant les quelles,
l'idéologie néoclassique était parvenue au paroxysme de
son illusion salvatrice. Elles étaient aussi celles de la gloire des
institutions financières internationales comme le FMI dont l'emprise sur
les économies alors endettés devenait importante, mais enfin, des
années de la décennie perdue pour les pays en
développement, qui ont vu leurs niveaux de vie sensiblement baisser.
Depuis le début des années 90 jusqu'aujourd'hui,
le monde est cadencé au rythme de la mondialisation comme au temps de la
guerre froide. La pensée économique est bipolarisée
vis-à-vis de son apport dans l'amélioration du sort de milliards
de pauvres dans le monde. Selon le Rapport d'Abidjan 2003 du Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NOPADA)
106 340 millions de personnes soit la moitié de la
population, vivent avec moins d'un dollar par jour. Le taux de mortalité
des enfants de moins de cinq ans y est de 140 pour1000 et l'espérance de
vie à la naissance de seulement 54ans, 58% seulement de la population a
accès à de l'eau potable, le taux d'alphabétisation des
personnes de plus de 15 ans est de 41%.
Pour les plus optimistes, la mondialisation serait peut
être l'unique voie du salut pour les plus pauvres du monde et peut
être pour la RDC aussi mais pour ses détracteurs, elle n'est pas
moins que l'origine de tous les maux qui accablent ces mêmes pauvres.
D'aucuns avancent que « l'ouverture est la raison pour la quelle la
mondialisation conduit à une croissance et à une réduction
de la pauvreté plus rapide dans le pays pauvres >>.
D'aucun comme James Harold107, annoncé
déjà la fin de la mondialisation du 19ème
siècle contenait les germes de sa propre destruction et, de ce
fait, elle aurait débouché à la grande crise des
années 30. Cette phase de la mondialisation serait d'après
Harold, sur sa trajectoire d'autodestruction. D'autres, dans cette
catégorie, beaucoup plus réalistes et en même temps
alarmiste, plaident pour une mondialisation à visage humain.
'05. Ibidem
'06 .Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique (NOPADA), Abidjan 2003, p.39
'07 Thetika ,B. (2003) Op.cit., p.67
L'objectif n'est pas de nous engager dans cette
polémique stérile, mais plutôt de rechercher, dans les
arguments des uns et des autres, des vérités économiques
qui pourront accroître les revenus des pays pauvres très
endettés. Si les économistes s'accordent presque tous à
dire que la libéralisation des échanges stimule la croissance et
fait reculer la pauvreté, on ne s'inquiète pas moins de ses
conséquences néfastes. Nous pensons qu'il est important
d'évaluer la qualité des données sur les rapports entre
l'ouverture au commerce, la croissance et le recul de la pauvreté.
Joseph Striglitz (prix Nobel d'économie 2001 et ancien
Vice Gouverneur de la Banque Mondiale) 108
ajoute à ce sujet que : « S'ouvrir au commerce
international a aidé de nombreux pays à se
développer
beaucoup plus vite..... l'élément clé
de la politique industrielle qui a enrichi la majeure partie de l'Asie
orientale et amélioré le sort des millions de ses habitants,
c'est la croissance fondée sur les exportations. Grâce à la
mondialisation, beaucoup d'êtres humains vivent longtemps aujourd'hui, et
beaucoup mieux...La mondialisation a réduit le sentiment d'isolement qui
régnait tant dans les pays pauvres et a donné à beaucoup
de leurs habitants un accès au savoir très supérieur
à celui dont pouvait jouir l'individu le plus riche de n'importe quel
pays voilà un siècle... »
Pour ce qui nous concerne, nous pensons que la
réduction des obstacles au commerce et l'ouverture à la
concurrence accroîtraient la richesse et ferraient reculer la
pauvreté en Afrique subsaharienne et singulièrement en RDC.
L'ouverture d'une économie aux échanges implique la
possibilité que peuvent avoir les ressortissants étrangers de
pouvoir effectuer des opérations sans que l'Etat n'impose des
coûts qu'il n'impose à ses propres citoyens. Ces coûts sont
les droits de douane et autres, les obstacles non tarifaires, les
réglementations sanitaires et sécuritaires. Mais malheureusement
dans les Etats riches, il existe des restrictions au commerce international,
les EtatsUnis d'Amérique, et les pays de l'Union Européenne
accordent des subventions agricoles qui influent négativement sur le
commerce des produits agricoles des PED.
L'ouverture aux échanges contribue largement à
l'augmentation de la productivité et au revenu par habitant et elle est
une importante variable explicative du niveau de la croissance du PIB
réel par habitant. En outre la libéralisation des échanges
et l'intensification de la concurrence des importations qui en découle
augmente la productivité et donc la croissance. En effet, le commerce
contribue à la diffusion des connaissances, des technologies et
innovations qui renforcent la productivité, en partie grâce
à l'importation des facteurs de production.
108 .Stiglitz,J.(2001), La grande désillusion : la
mondialisation aujourd'hui ca ne va pas, Ed. Fayard, Paris 2002,pp.28-29
Dans ce cas, les bénéfices pour les pauvres
peuvent être évident du fait que la libéralisation des
échanges réduit les rentes des monopoles et la valeur des
relations avec le pouvoir politique et bureaucratique, modifie les prix des
biens échangeables. Aussi, elle est susceptible d'accroître les
salaires relatifs des travailleurs peu qualifiés. L'élargissement
des débouchés qui résulte de l'ouverture
extérieure, peut bénéficier aux pays pauvres dont les
marchés sont exigus.
Notre propos est que l'ouverture extérieure est plus
que jamais recommandable pour la RDC en vue d'accroître son revenu et de
faire face à la pauvreté, mais il faudra encore que cette
libéralisation soit progressive et s'il faut, un peu plus rapide pour
des secteurs types. IL est souhaitable de mettre en place des institutions
financières solides, des structures juridiques et des institutions de
régulation du marché appropriées pour que les gains
attendus soient réels si la dynamique de la libéralisation ne
peut, par elle-même, stimuler ces réformes d'accompagnement.
Pour finir le gouvernement de la République
Démocratique du Congo doit prendre en compte le secteur informel car il
assure une part importante de la production, du commerce et des services. Il
sera très capital d'intégrer des éléments comme la
stabilité politique, des politiques macroéconomiques saines, des
infrastructures et la réduction de la corruption, nécessaires
pour attirer les investisseurs dans le pays tout en encourageant le commerce
intra-africain qui est susceptible de générer
énormément de ressources pour le financement de l'économie
Congolaise.
Ensuite, il devrait se soucier de la réputation de sa
politique aux yeux de la population, en faisant connaître par exemple le
DSRP, qui d'ailleurs devrait être connu de tous. Les quelques
problèmes ne semblent pas être au centre des préoccupations
font voir que la RDC a peu de chances d'atteindre l'objectif de
réduction de la pauvreté de moitié d'ici 2015. Et comme le
dit Mukoko Samba, il faut une croissance de 8% pour réduire de
moitié l'incidence de la pauvreté.
CONCLUSION GENERALE
Nous pensons être arrivé au terme de la
réflexion de notre sujet qui s'intitule «
L'initiatve
i
Pays pauvres très endettés (PPTE) et
les perspectives de croissance en Afrique subsaharienne cas de la
République Démocratique du Congo ».
A l'issue de cette réflexion l'objet majeur a
consisté d'une part à expliquer les raisons de l'accroissement de
l'endettement des pays en développement et plus particulièrement
ceux à faible revenu pris en compte dans le cadre de l'initiative PPTE
et son impact sur les économies de ces pays étant donné
que les PED consacrent généralement des ressources
supplémentaires qui aboutisse en premier lieu à mieux servir les
créanciers sans retombée réelle sur la population. Et
d'autres part d'analyser le processus de l'Initiative PPTE
déclenché en 1996, à l'initiative conjointe du Fonds
Monétaire International et la Banque Mondiale et sous la pression de la
Société Civile Internationale sur les pays riches dans le but de
garantir qu'aucun pays ne soit confronté à une charge
d'endettement intolérable. Et voir dans les perspectives d'avenir si
à elle - même l'initiative PPTE peut favoriser un climat de
relance.
La dette extérieure congolaise est un fardeau et un
handicap au développement du pays. Le drainage sub stantiel et
systématique de maigres ressources à travers le mécanisme
de l'endettement est un suicide. Déjà en 1970, le volume de la
dette extérieure en terme d'engagements est passé de 330 millions
USD à 5.1224 milliards en 1980. 20 ans après c'est-à-dire
au 31 décembre 2000, le stock dû de sa dette s'élève
a peu près à 9 milliards USD pour atteindre un stock global au 30
juin 2002 de 12.652 milliards USD. Mais le problème de la dette ne
réside dans le stock mais plutôt dans la capacité de
l'économie de dégager des ressources susceptibles de permettre au
pays de faire face aux charges de la dette (paiement des intérêts
et amortissement), sans pour autant compromettre le processus de
développement.
En ce qui concerne la République Démocratique du
Congo, les indicateurs quantitatifs de la gestion de sa dette extérieure
sont au rouge, une situation qui est confirmée par le niveau du taux
d'exécution du service de la dette qui est quasiment nul depuis 1993. Le
ratio service dû sur PIB qui représente 250% montre que même
si toutes les richesses produites par l'économie nationale
étaient versées à l'extérieur, elles ne sauraient
couvrir les charges de la dette.
Est-ce que le régime PPTE est une voie de
sortie pour la République Démocratique du Congo, permet-il ou
permettra-il d'alléger le fardeau de sa dette publique extérieure
et réduire sa pauvreté ?
Les allégements obtenus par la RDC durant la
période allant du 30 juin 2001 au 31 décembre 2002 auprès
de ses partenaires multilatéraux et du Club de Paris ont fait baisser le
stock de #177; 30% par rapport au stock du 30 juin 2002, ce qui, à
première vue, laisse augurer un espoir de l'alternance d'une dette
insoutenable à une dette soutenable, atteignant ainsi les objectifs PPTE
d'ici 2006.
Mais la gestion reste au niveau de la problématique de
constitution et orientation des fonds suite de la réduction obtenue dans
le cadre du régime PPTE. Pour ce qui nous concerne nous pensons que
cette constitution de fonds est théorique car la République
Démocratique du Congo n'assumait pas son service de la dette.
La projection effectuée par le FMI sur le PIB par
habitant de la RDC sur la période 2002-2010 montrent que la population
ne pourra pas atteindre le seuil de pauvreté fixé à 1USD.
Dans ces conditions, le fardeau de la charge de la dette et de ses
intérêts constituera toujours un obstacle pour le congolais de
jouir du bien être pour lui-même et sa famille, y compris de la
nourriture, des vêtements et un logement suffisant.
L'allégement de la dette n'est pas une fin en soi. Le
problème fondamental est celui d'amorcer un développement humain
durable par la création d'un environnement favorable aux investissements
créateurs d'emplois décents.
La sortie de la RDC de la crise se heurte à plusieurs
barrières : faible capacité à dégager un consensus
social, manque d'excellence dans la préparation des décisions,
faible niveau de l'éducation, par ailleurs, il serait malvenu
d'envisager de résoudre le problème de pauvreté sans
accorder une place de choix à l'équité sociale dans
l'action gouvernementale.
Est-ce que l'initiative peut à
elle-même favoriser la relance ?
Il vrai que l'initiative ouvre des fenêtres
d'opportunités mais elle ne se suffit pas à elle-même Une
somme d'actions devrait l'accompagner pour qu'on puisse l'engager sur la voie
d'une croissance durable.
Dans le contexte actuel de la RDC, une amélioration de
la gestion des finances publiques n'aura de sens que si elle s'accompagne d'une
restructuration des dépenses en faveur des pauvres. Car la
stabilité macroéconomique n'est pas suffisante pour faire face
à la pauvreté, par contre une confection des matelas sur lesquels
devra reposer la croissance doit être envisagée dès
aujourd'hui. Nous pensons qu'il faudrait revoir le système de
rémunération pour réduire le nombre de travailleurs
pauvres pour que peaufine une demande solvable sans la quelle la croissance ne
pourra pas se perpétuer.
Le Rapport 2002 du FMI révèle que la
réduction de la dette au titre du régime PPTE est directement
bénéfique aux pauvres sans que cela soit assuré par
l'entremise de la croissance. En affirmant que réduire d'environ un
tiers le ratio service de la dette sur exportations des PPTE,
l'allégement accordée permettra aux pays à revenu faible y
compris la RDC d'épargner 1/2 et 1 1/2 du PIB par an sur un budget et
d'augmenter sensiblement les dépenses en faveur des secteurs pro-pauvres
notamment l'éducation et la santé.
Nous pensons pour ce qui nous concerne, que seul le
mécanisme, comme proposition de résolution de la crise
congolaise, dans sa politique de relance présente des limites. D'abord
l'Initiative à ellemême ne garantit pas la
tolérabilité du niveau d'endettement, il faudrait sur le plan
interne engager la République Démocratique du Congo sur la voie
d'une croissance durable, par l'application comme il convient des programmes et
réformes soutenues par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International.
Il faut cependant noter que , quelles que soient les
stratégies adoptées et les mesures institutionnelles mises en
place, l'épargne nationale ne pourra suffire à assurer la relance
économique dans les deux ou trois ans à venir: les ressources
extérieures constitueront encore longtemps un complément
indispensable. Nous estimons qu'une réduction ou annulation totale de la
dette de la République Démocratique du Congo, devrait intervenir
dans le cadre de cette Initiative. Ceci pourrait entraîner des gains en
termes de croissance et être aussi bénéfique pour les
pauvres. Ces
gains de la croissance pourraient amorcer un cercle vertueux qui,
à l'absence d'un nouveau paiement de la dette, abaisserait le ratio
d'endettement du pays en finançant la croissance.
Mais attention, ce dividende de la croissance risquerait de ne
pas se matérialiser si les pays enregistrent fréquemment des
déséquilibres macroéconomiques.
Mais, si l'Initiative PPTE offre effectivement des nouvelles
opportunités de développement, il faudrait alors les exploiter
à suffisance et les mettre au profit de la population,
particulièrement les pauvres. Or en réalité, les
ressources PPTE ne constituent pas des dons que les bailleurs de fonds
accordent au pays bénéficiant de l'Initiative. Donc a
elle-même l'Initiative PPTE ne peut pas favoriser la relance ni lutter
efficacement contre la pauvreté.
Pour finir, le gouvernement congolais doit fournir un effort
pour non seulement maîtriser ses dépenses mais aussi les rendre
efficaces, car après la deuxième revue du PEG, le FMI dans son
communiqué du mardi 12 août 2003, a révélé
des préalables auxquels la RDC devra se soumettre dans le mois à
venir pour consolider son cadre macroéconomique en vue d'atteindre le
point d'achèvement de l'Initiative PPTE. La lutte contre la
pauvreté et la croissance ne porteront leur fruits que lorsque des
progrès auront été réalisés
simultanément par une politique macroéconomique stabilisant les
prix et des actions orientées vers l'accroissement des investissements
productifs, seuls moyens de créations des emplois décents afin de
réduire la pauvreté et améliorer le bien-être
général.
SIGLES ET ACRONYMES
- ADP : Aide Publique au Développement
- AID : Association Internationale de Développement
- AFDL : Alliance de Force Démocratique pour la
Libération
- BEI : Banque Européenne d'Investissement - BAD :
Banque Africaine de Développement - BM : Banque Mondiale
- CCE : Commission de Communauté Européenne - CPD :
Convention de Paiement Différé
- CSLP : Cadre Stratégique de Lutte Contre la
Pauvreté
- DSRP : Document de stratégie pour la Réduction de
la Pauvreté
- DSRP-I : Document de stratégie pour la Réduction
de la Pauvreté Intérimaire
- FRPC : Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance
- FMI : Fonds Monétaire International
- FSNU : Fonds Spécial des Nations Unies
- FNUAP : Fonds des Nations unies Pour la Population
- FCD : French Congolese Devise
- G7 : les sept pays Industrialisés du Monde
- HCR : Haut Commissariat pour les Réfugiés
- IDI : Association International de Développement - IBW :
Institutions de Brettons Woods - LAC : Ligne aérienne congolaise - LIBOR
: London Inter Bank offered Rate
- NOPADA : Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique
- OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
- OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
- OUA : Organisation de l'Unité Africaine - ONU :
Organisation des Nations Unies
- ONATRA : Office Nationale de transport
- PANUEREDA : Programme d'Action des Nations Unies pour le
Redressement et le
Développement de l'Afrique.
- PAM : Programme Alimentaire Mondiale - PED : Pays en
Développement
- PEG : Programme Economique du Gouvernement
- PIB : Produit Intérieur Brut
- PIR : Programme Intérimaire Renforcé
- PMURR : Programme Multi sectoriel d'Urgence, de
Réhabilitation et de Reconstruction - PNB : Produit National Brut
- PNUD : Programme de Nations unies pour le
Développement
- PPTE : Initiative pour l'allégement de la dette des Pays
Pauvres Très Endettés
- PTM : Programme Triennal Minimum
- RDC : République Démocratique du Congo - REGIDESO
: Régie d'eau
- SONAS : Société nationale d'Assurence
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Mathématique / UPC, Kinshasa
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décembre2002
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TABLES DES MATIERES
Dédicace 2
Avant propos 3
Introduction générale 4
Chapitre I. CONSIDERATIONS GENERALES 8
Section 1. Origine de l'endettement extérieure
8
1.1 .Justification économique de l'emprunt
8
1 .2.Définition des concepts 10
Section 2. Crise de l'endette et programme d'ajustement
structurel 16
2.1.Crise de l'endettement 16
2.2.1.Genèse de la crise 16
1.les causes 17
2. les conséquences 21
2.2.Programmes d'ajustement structurel 23
2.2.1. Les programmes d'ajustements : des aspects dogmatiques
25
2.2.2. Le plan BAKER 26
Section 3. Mécanismes PPTE , genèse et concepts
28
3.1 .Allégement de la dette et l'initiative PPTE
31
3.2.Allégement de la dette et l'initiative PPTE
32
3.2.1.Allégement de la dette dans le passé
32
A. quels sont les pays admissibles 33
B. les étapes de l'initiative PPTE :
éligibilité et condition 33 Chapitre II.
APPERCU SUR LA SITUATION ECONOMIQUE ET LES PROBLEMES
D'ENDETTEMENT DE LA CROISSANCE 38
Section 1. Situation économique de la République
Démocratique du Congo 38
1.1.Période des troubles 1960 à 1966
38
1.2. Période d'expansion ou de l'essor économique
1967 à 1974 38
1.3. Période de la récession et des tentatives de
stabilisation 1975 à1989 39
1 .4.Période de la conflagration économique 1990
à 2002 39
Section 2. Les problèmes d'endettement de la R. D. Congo
44
2.1.Genesè de la crise d'endettement de la R.D.C
44 CHAPITRE III. L'INITIATIVE PPTE ET LES PERSPECTIVES
DE CROISSANCE EN R.D.C 60
Section 1. Problème du financement de la croissance en
R.D.C 60
I.1.Le poids de l'histoire 60
Section 2. L'admission de la R.D.C.à l'Initiative PPTE
65
2.1 .Description de l'initiative PPTE renforcée
65
2.2.Classification des pays pris en compte dans l'Initiative
67
2.3.Politiques de soutien 68
2.4.Accès de la RDC à l'initiative PPTE
renforcée 70
Section 3. L'Initiative PPTE et les perspectives de croissance
73
3.1. Allégement de la dette et réduction de la
pauvreté en RDC 73
3.2. La bonne gouvernance et résolution du
problème de la dette 77
3.3. Réformes structurelles et relance économique
79
3.4. Ouverture extérieure 83
Conclusion 86
Sigles et acronymes 89
Bibliographie ...90
Annexes
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