6. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Conclusion
Au terme de cette analyse portant sur la microfinance en R. D.
Congo il convient de faire ressortir les observations suivantes :
Le présent travail a présenté la situation
de la microfinance en R. D. Congo, il ressort
de cette analyse que la microfinance a une histoire de longue
date au Congo. L`évolution actuelle semble être
essentiellement dominée par la mise en place d`un cadre
légal et réglementaire devant gérer le fonctionnement des
Institutions de Microfinance.
Malgré le nombre de plus en plus croissant des IMF, ces
évolutions récentes, avec un intérêt de plus en plus
croissant des autorités politiques, l`on note toutefois que l`offre des
services financiers est encore insuffisante compte tenu des besoins.
L`analyse SWOT effectuée sur le secteur de la
microfinance en RDC dégage de nombreuses opportunités (la
dynamique locale, la forte demande, la volonté politique, etc.) sont
des acquis du secteur et qu`il faut savoir valoriser. Toutefois, les
efforts à faire sont encore importants mais réalisables avec
la volonté politique. Les difficultés qui existent se trouvent
principalement aux niveaux macroéconomique, législatif et
organisationnel.
La présente étude a été
complétée dans son chapitre cinq par une étude de cas sur
le microcrédit chez les maraîchers du site de N`djili/CECOMAF
à Kinshasa. Les résultats de l`enquête menée sur ce
site maraîcher révèlent quelques faits qui méritent
d`être soulignés.
En ce qui concerne le profil de bénéficiaires :
Près de 69% des bénéficiaires de crédit sont des
hommes et que les personnes de plus de 46 ans constituent 70% d`entre eux.
Les microcrédits accordés à ces
maraîchers sont corrélés à certaines conditions
suivantes : le demandeur doit être membre de la coopérative, avoir
une caution (épargne dans l`IMF), être propriétaire d'un
terrain, faire partie d'un groupe solidaire, être bon producteur et avoir
une ancienneté de 6 mois. Ces conditions constituent un filtre qui
exclut déjà une frange non négligeable des demandeurs
potentiels.
La valeur moyenne de microcrédit octroyé est de
100 Dollars US. Ce montant est loin d`être suffisant pour couvrir tous
les besoins d`investissement des maraîchers (Main d`OEuvre, semences,
engrais, etc.), comme d`ailleurs les maraîchers eux-mêmes le
déclarent.
En ce qui concerne l`affectation du microcrédit
reçu, les résultats de l`enquête nous renseignent que dans
59 % des cas le microcrédit reçu a été au moins une
fois affecté à une autre activité que le
maraîchage. On retrouve ici le phénomène de «
fongibilité » du microcrédit. En effet, comme les
résultats l`ont montré, la consommation du microcrédit se
répercute et se dilue dans divers postes d`activités productives
et de consommation, à tel point qu`on ne parvient plus à
identifier sa destination finale. L`absence de délimitation claire entre
l`exploitation agricole et les besoins familiaux renforce cet effet de
dilution. De même, pour
le remboursement diverses sources sont utilisées, en
effet, 45,7% des maraîchers ont déclaré utiliser aussi
d`autres activités que le maraîchage, pour rembourser le
microcrédit contracté.
En ce qui concerne l`appréciation des
bénéficiaires, on relève globalement une opinion assez
négative, en effet, environ 87% des bénéficiaires ne sont
pas satisfait de la manière dont
le système de microfinancement a fonctionné
jusqu`ici sur leur site. Les deux raisons les plus évoquées pour
justifier leur position sont la petitesse du montant octroyé (dans 58%
des cas)
et l`échéance de remboursement qui est jugée
trop courte. En effet, malgré la petitesse des crédits, environ
53% des maraîchers enquêtés déclarent ne pas toujours
respecter l`échéance
de remboursement. Les aléas climatiques (53% des cas)
constituent la raison la plus évoquée par les
bénéficiaires pour justifier cette situation.
La microfinance ne constitue pas l`unique source de
financement des activités maraîchères, le petit commerce
constitue la première source (49% des cas), suivi du transfert (35% des
cas) et de l`artisanat (16% des cas). Ces multiples sources de financement
rendent difficile la mesure de l`impact de microcrédit sur
l`activité maraîchère financée.
Un dernier élément important à relever ici,
c`est l`évolution du mode d`épargne des maraîchers avec
l`arrivée du microcrédit. Il ressort de l`enquête
menée que le mode d`épargne
le plus utilisé par les bénéficiaires
avant l`octroi de microcrédit était la tontine (dans 77% des
cas). Après le bénéfice du microcrédit, les
bénéficiaires ont commencé à effectuer leurs
épargnes dans les Coopératives d`Epargne et de Crédit
(COOPEC) et ceci dans 79 % des cas. Cette évolution radicale s`explique
notamment par les conditions d`octroi de microcrédit qui,
généralement, exigent au demandeur de disposer d`abord d`une
épargne avant de prétendre à
un crédit.
Le secteur microfinancier congolais mérite
qu`on lui accorde une attention particulière, en raison de
son potentiel de développement remarquable. L`ampleur du
phénomène est telle qu`on ne peut plus se permettre de continuer
à l`ignorer notamment dans
la formulation des politiques économiques.
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